« Rappelle toi, t'es un artiste. » Murphy ajoute une dernière touche de khôl à son regard déjà chargé. Nerveusement, elle a enfilé une tenue tapageuse qu'elle a achetée; oui oui, achetée - avec l'argent des cambriolages, mais achetée quand même. Pour une fois, elle est rentrée dans une boutique et n'a ressentie l'irrépressible envie de glisser des articles aux anti-vols arrachés sous ses propres vêtements. Au moins, elle ne passera pas inaperçue.

Tournée vers Seth, elle essaie de lire dans les yeux du brun l'effet qu'elle renvoie. Il dira certainement qu'elle a l'air du prostituée, mais tant pis. C'est avec cette prostituée que ce soir, il est de sortie.

Main dans la main, les deux amants - les faux amoureux - se dirigent vers le restaurant choisi par Murphy. Pas trop clinquant pour ne pas qu'elle s'y sente comme une intruse. Dans son quartier, pour avoir la sensation d'être chez elle. Et puis, la liste s'amenuise aussi à force qu'elle en enlève tous les coins d'où elle et Seth se sont barrés en fauchant une bouteille ou deux. Ce petit manège aura bientôt atteint sa date de péremption : pour sa propre sécurité, la jeune femme estime qu'elle ne doit plus profiter de tels subterfuge. La grande vie oui, mais pas au détriment de sa liberté.

Ce soir, elle a attribué à Seth un grand rôle. Il est quelque chose... d'artistique. Un acteur ? Non, trop facile à vérifier. Un chanteur ? Pareil. Un mannequin ? Trop dangereux, depuis que Megan a fait sa campagne - "gnagnagna, tout le monde peut le faire, il suffit d'avoir des seins", selon Murphy. Cette dernière a laissé le choix à son amoureux de la discipline dans laquelle il souhaite exceller. Elle sait mentir mieux qu'elle ne sait nager, le suivre dans ses inepties ne devrait pas être si compliqué. De toute façon, ce prétentieux de Damon monopolisera peut-être la parole, à moins qu'il ne soit désormais trop émasculé pour l'ouvrir. De toute façon, à la moindre remarque, elle a prévu de balancer qu'elle était là lorsque celui qu'elle croit être l'amant du jeune homme s'est pointé chez les jeunes mariés - appartement qu'elle squattait alors éhontément. Alors, rira bien qui rira le dernier.

Sur le trottoir, elle aperçoit sa sœur, très chic. Gnagnagna, tout le monde peut le faire, il suffit d'avoir des seins. On s'en souviendra. D'un grand mouvement de la main, Murphy interpelle sa jumelle et écrase les doigts de Seth de l'autre. Ce soir, ils doivent jouer une comédie qu'ils ont répétée un nombre incalculable de fois : celle des amoureux. C'est qu'il est presque élégant, Seth. Presque. « J'avais peur que vous trouviez pas. C'est pas dans vos habitudes de bourgeois de vous aventurer ici, hein ? » Elle embrasse sa sœur avant que celle-ci ne proteste et accorde un regard de pied en cap à son époux. « Je vous présente Seth. » La blonde le désigne fièrement comme s'il était une sorte de trophée. C'est pourtant elle qui porte les diamants qu'il lui a offerts - des diamants qui viennent d'un endroit que les jeunes mariés connaissent très bien.

@seth moriarty @damon williams @megan williams
y'a pas d'ordre de réponse établi, faites comme chez vous.

Murphy t'a fait un débriefing que t'as déjà presque oublié entièrement. « Rappelle toi, t'es un artiste. » Putain, c'est trop de chose à se souvenir. Damon et Megan. C'est les deux prénoms que tu répètes à répétitions depuis le début du trajet après avoir redemandé trois fois à Murphy de te les remémorer. Tu veux pas merder. Pour une fois dans ta vie tu veux pas merder et faut évidemment que ce soit sur un truc aussi débile que de mentir à la famille de Murphy. « Tu m'déconcentres dans cette robe. » Cette robe qui lui va comme un gant, qui moule parfaitement ses courbes. Cette robe qui, si elle avait mesuré deux centimètres de moins, t'aurais sans doute laissé la chance d'apercevoir la couleur de son sous-vêtement. À moins qu'elle n'en porte pas ? Cette simple pensée arrive à te déconcentrer encore plus. T'as beau t'enfiler ta troisième clope de suite, tu ne te sens pas vraiment plus calme. Une ligne de plus t'ferait sûrement du bien - on sait tous à quel point la coke calme (non). Murphy a sûrement ce qu'il faut sur elle. Mais avant même que tu ne lui demandes quoi que ce soit, elle écrase ta main dans la sienne avant d'agiter son autre main vers…. ? Ah oui, Megan et Damon. Aucune chance que tu t'en souviennes jusqu'à la fin de la soirée. Tu laisses ta clope retrouver le sol alors que tu n'as d'autres choix que de suivre Murphy qui te tire jusqu'à eux. « J'avais peur que vous trouviez pas. C'est pas dans vos habitudes de bourgeois de vous aventurer ici, hein ? » Quelle connasse cette Murphy. Elle te ferait rouler les yeux au ciel s'il n'y avait pas un public devant vous. D'ailleurs… parlant du public, très chic, très chic, ouais. Parfait connard bourgeois comme elle t'avait prévenu. Elle a omis de dire que sa soeur était d'une beauté parfaite. Du genre qu'on peut voir dans les magazines. Murphy aurait peut-être la même allure qu'elle si la drogue n'avait pas fait de dommage sur son corps - ou dans sa tête plutôt. Ça va, la frangine n'a aucune chance. Elle est bien trop saine d'esprit. Ça veut pas dire que tu vas pas relooker hen. « Je vous présente Seth. » En parfait gentleman que tu n'es pas, tu viens prendre la main de Megan, encore plus douce que tu n'aurais pu te l'imaginer - bien hydrater à la crème à six cent piges minimum - pour venir y déposer un baiser. Murphy oserait te gifler devant elle ? Nahhhhh, pas de chance. Pour Damon ? Il n'a droit qu'à une poignée de main qui manque clairement d'intérêt. « Enchanté. Murphy m'a beaucoup parlé de vous deux. » Bof, pas tant. T'es pas vraiment intéressé à ce qu'elle le fasse. Tout comme elle n'est pas intéressée à ce que tu lui parles de ta soeur et le connard qui lui sert de petit-ami, mais bon, c'est le genre de discussion qu'un couple modèle aurait. « On entre ? » que tu demandes en faisant signe d'un bras à Megan et Damon de passer les premiers. Technique pour vérifier de quoi a l'air Megan de dos ? Pffff, non - oui absolument. Ta main vient ensuite se loger dans le dos de ta douce moitié le temps d'une soirée - parce que ça manquerait de classe de la mettre directement sur son cul.

Combien de minutes avant que votre couple ne soit démasqué ?

sweet and sour
Megan Monroe & @"Murphy Rowe" & @Damon Williams & @"Seth Moriarty"

« On est vraiment obligés d’y aller ? » Oui, c’est de ma sœur - jumelle qui plus est - qu’il s’agit. Oui, l’invitation est passée par moi avant d’être étendue à Damon et je l’ai convaincu plutôt que l’inverse mais, à présent qu’il est l’heure d’aller retrouver Murphy et l’homme qu’elle veut nous présenter, je ne manque pas d’envie de me défiler. J’ai enfilé une robe digne d’un plateau télévision et certainement peu adaptée à l’endroit où nous nous rendons. J’en suis consciente mais Murphy réveille mon sens de la compétition de la plus désagréable des façons. Puisqu’elle a été la première à critiquer mon nouveau mode de vie, je ressens le besoin de lui en mettre plein la vue, de lui prouver qu’elle à tort et de lui prouver que je mène la vie que tout le monde voudrait mener. Les bijoux que je porte sont ceux de la collection dont je suis l’effigie - pour lui rappeler ma réussite - et mes chaussures révèlent l’iconique semelle rouge de ceux qui ont les moyens.

Je suis plus nerveuse que je ne veux l’admettre mais qui pourrait m’en vouloir ? Depuis que je l’ai chassée de chez nous, mes relations avec la (fausse) blonde ne sont pas au beau fixe. J’ai tenté maladroitement de revenir vers elle, mais je me suis jusqu’à récemment heurtée à un mur. Qu’elle ambitionne de nous présenter celui qu’elle a présenté comme le nouvel homme de sa vie est surprenant. Pourtant, je ne flaire pas le piège : mes attentes et mes espoirs sont toujours bien trop hauts, lorsqu’il est question de famille.

En arrivant au niveau du restaurant, je glisse mes doigts dans ceux de Damon sans que ça n’ait rien de calculé : j’ai besoin de ça pour me donner un peu de force avant ce soir. Je lui glisse un regard, puis un sourire, et j’ai à peine le temps de respirer qu’elle est sur nous, la pile électrique sortie du même utérus que moi. « J'avais peur que vous trouviez pas. C'est pas dans vos habitudes de bourgeois de vous aventurer ici, hein ? » Elle dépose un baiser sur ma joue et je suis surprise, il me faut quelques secondes avant de composer le radieux sourire qui est devenu ma marque de fabrique avec les années. « Je vivais à quelques pas d’ici avant d’emménager avec Damon, en fait. » J’ai longtemps arpenté les rues de Fortitude Valley, avant d’emménager dans un immeuble du haut duquel on peut toiser le reste de la ville. « T’as l’air en forme. » J’agrandis mon sourire avant de me tourner vers le jeune homme qui l’accompagne, tandis qu’elle fait les présentations. « Je vous présente Seth. » Damon est bien mieux. Je suis soulagée puisque, dans ma conception des choses, j’ai gagné la compétition à ce niveau là. Pourtant, à l’idée que ma sœur possède quelque chose que je n’ai pas - un homme fou amoureux d’elle - je suis rongée par la jalousie et l’envie. Mais seigneur, qui fait encore le baise main ? Et pourquoi son pouce s’attarde-t-il autant sur le dos de la mienne ? « Enchanté. Murphy m'a beaucoup parlé de vous deux. » Je me demande bien ce qu’elle pouvait avoir à dire à notre sujet. « Je suis ravie de te rencontrer, Seth. » S’aiment-t-il à en perdre la raison ? La traite-t-il comme s’il était la huitième merveille du monde ? Lui répète-t-il qu’il l’aime à chaque fois qu’ils se réveillent ensemble, peau contre peau ? Mon monstre - la jalousie, l’envie - me dévore de l’intérieur. « Du coup tu as entendu parler de Damon, mon mari. » Ma main toujours serrée dans celle du principal intéressé, je me tourne dans sa direction avec un sourire. « On entre ? » J’acquiesce d’un signe de la tête, avant de désigner une table au fond du restaurant. « On peut se mettre là-bas. On s’entendra parler au moins. » Si tant est que nous ayons quelque chose à nous dire. Assise, je vérifie d’un coup d'œil rapide que mes atouts sont toujours bien contenus dans mon décolleté, avant de faire un signe de la main au serveur et de m’intéresser au jeune couple. « Vous deux, ça fait longtemps ? Vous vous êtes rencontrés comment ? » Puisque, s’il a entendu parler de nous, j’ai de mon côté été surprise d’apprendre que Murphy voyait quelqu’un.

« On est vraiment obligés d’y aller ? » Damon releva le regard des boutons de sa chemise qu’il était en train d’accrocher. Il se permit d’hausser légèrement un sourcil, dans un premier temps. C’était Megan qui l’avait convaincu d’aller à ce diner, et non l’inverse - il ne se serait jamais fait un plaisir d’assister à une soirée à la demande de Murphy, puisqu’il avait décidé des mois plus tôt déjà qu’elle faisait partie de la maigre catégorie des personnes qu’il ne supportait pas. il se retrouvait donc plutôt contraint d’y aller avec elle, mais la blonde aurait pu décliner l’invitation de sa soeur si elle l’avait voulu, et ce depuis le début. Alors, qu’elle doute maintenant n’était pas vraiment dans les prévisions - ou tout du moins, dans la logique des choses. Mais Damon pouvait parfaitement comprendre pourquoi elle n’était plus autant sure d’elle désormais, alors il se contenta de soupirer légèrement, d’arrêter de contracter les traits de son visage et se concentra de nouveau sur les trois boutons qui attendaient leur tour. « Tu t’en voudras si on y va pas. » Les et si finiraient par la ronger de l’intérieur s’ils ne donnaient pas au moins une chance à Murphy de montrer qu’elle savait faire des efforts. « Et puis, on change pas les bonnes habitudes: dès que t’en as marre, tu commandes un taxi et je te suis sans broncher. » Ils n’en étaient pas à leur premier rodéo de soirées où ils étaient obligés de se montrer pour faire les choses bien - leur mariage en tête de liste -, et ils avaient survécu jusque maintenant: ce serait le cas pour ce soir aussi. Et puis, Damon serait à ses côtés quoi qu’il arrive puisqu’elle avait déjà agi de cette façon là avant pour lui. Il n’était pas question pour lui de ne pas lui rendre la pareille. Finalement, attrapant sa veste - en cuir, la veste de costume était de trop pour ce soir il le savait -, il fit quelques pas avant de s’arrêter aux côtés de Megan. Il ne se retint pas de la regarder de haut en bas avant d’esquire un maigre sourire. « T’es magnifique. » Il déposa un baiser sur sa joue et se dirigea vers la porte d’entrée, attendant après la blonde désormais afin de quitter l’appartement.

La main de Megan se glissa dans la sienne à peine avaient-ils mis un pied sur le trottoir. Les habitudes - bonnes ? vieilles ? - avaient déjà la peau dure, il fallait croire, mais il était vrai qu’ils avaient également le don pour se mettre dans des situations qui les rendaient particulièrement inconfortables. Les deux mariés eurent à peine le temps d’échanger un regard que déjà, Murphy signalait sa présence. « J'avais peur que vous trouviez pas. C'est pas dans vos habitudes de bourgeois de vous aventurer ici, hein ? » Déjà, Damon se retenait de lever les yeux au ciel - elle ne lui avait manifestement pas manqué. Si elle déposa un baisers sur la joue de sa soeur, elle se contenta de lancer un regard dédaigneux au jeune italien - qui lui retourna la pareille. « Je vivais à quelques pas d’ici avant d’emménager avec Damon, en fait. » Damon ne connait le quartier que pour y avoir passé quelques soirées, ici et là. « T’as l’air en forme. » Un peu trop, d’ailleurs. « Je vous présente Seth. » Il avait presque oublié qu’ils étaient là pour ça, à la base. Rencontrer le nouvel homme de la vie de Murphy. Damon se tourna alors vers le jeune homme qui accompagnait la jumelle de Megan, en tentant d’étirer un maigre sourire. Seth déposa un baise-main sur celle de sa femme, avant d’échanger avec lui une poignée de main tout ce qu’il y avait de plus classique. « Enchanté. Murphy m'a beaucoup parlé de vous deux.  » - « Je suis ravie de te rencontrer, Seth. » S’il y avait manifestement des tensions entre les deux femmes, et entre Damon et Murphy, Seth n’avait rien à voir dans toutes ces histoires et ne méritait pas de recevoir un traitement similaire. « Du coup tu as entendu parler de Damon, mon mari. » C’était toujours étrange d’entendre la blonde l’introduire au monde comme son mari, même après des mois écoulés désormais. « Enchanté aussi Seth. » - « On entre ? » Megan acquiesça, Damon en fit de même.

« On peut se mettre là-bas. On s’entendra parler au moins. » Après tout, ce diner avait été organisé pour qu’ils apprennent tous les quatre à se connaitre - et à mieux se connaitre pour d’autres. La suggestion de Megan était on ne pouvait plus pertinente et ce fut donc sans l’ombre d’une hésitation que Damon prit les devants pour se diriger vers l’endroit indiqué par la jeune femme. Et alors qu’ils marchaient tous vers l’intérieur du restaurant, Damon n’étant pas dupe, il se glissa entre Seth et Megan - le regard que le jeune homme avait commencé à lancer en direction de sa femme n’étiat pas passé inaperçu, même si le jeune homme y avait mis toute son ingéniosité. Il était un homme aussi, après tout, et savait parfaitement à quel point il avait de la chance d’être marié à Megan. Rapidement, les deux couples étaient assis autour de la table, et sans perdre de temps la jeune femme interpella le serveur; avant de diriger sa curiosité vers le nouveau couple face à eux. « Vous deux, ça fait longtemps ? Vous vous êtes rencontrés comment ? » Bon Dieu, que Damon avait pu détester toute cette phase là de la relation qu’il s’était vu construire avec Megan; les questions étaient la chose qui auraient pu les exposer le plus rapidement possible, mais ils avaient réussi à s’en sortir il ne sait trop comment d’ailleurs, maintenant l’illusion depuis plus d’une année désormais. Et s’il aurait pu ajouter là une remarque ou un commentaire, Damon se retint de dire quoi que ce soit et se préféra dans le rôle d’observateur, plutôt. Ainsi, son regard allait de Murphy à Seth, et reprenait le chemin inverse.

Damon fait petit minable pédant. Même s'il a essayé de s'habiller en conséquence, Murphy ne peut pas s'imaginer autre chose sur son front que l'inscription "fric". Tout son visage hurle "regardez moi, je suis méprisant" alors qu'il n'a pas encore ouvert la bouche. La blonde n'essaie même pas de lui faire la bise, préférant gratifier sa sœur de ce geste. Dans sa main, celle de Seth la rassure. Ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas un vrai couple que cela empêche Murphy de se sentir bien en sa présence. Le brun ne la juge jamais. Il peut l'affubler d'autant de noms d'oiseaux qu'il le souhaite, elle sait qu'il n'en pense rien. Ils finiront certainement la soirée torchés, assis sur le lit de Seth à se moquer du couple qu'ils ont rencontré quelques heures plus tôt. « Je vivais à quelques pas d’ici avant d’emménager avec Damon, en fait. » Murphy se retient de lever les yeux au ciel. Bouhou, moi aussi j'ai été maltraitée par la vie. A la place, elle opine du chef et jette un regard aux alentours. Cet endroit, elle le connaît comme sa poche, même après en être partie. Le quartier n'a pas beaucoup changé. « T’as l’air en forme. » Pourtant, elle n'a rien pris avant de venir, sobre depuis plus de vingt-quatre heures. "En forme", c'est peut-être un synonyme détourné pour complimenter sa robe. La jeune femme s'en souviendra. « Et toi t'as l'air... d'une miss météo. » Le commentaire, piquant, est pourtant prononcé d'une voix douce et guillerette. Si Murphy a l'air d'aller en boîte de nuit, elle préfère cet effet à celui de la robe de Megan, qu'elle trouve méprisant au possible. Ces gens ne sont de toute façon pas de son monde, elle l'a bien compris.

L'heure est aux présentations et bientôt, les deux couples n'auront plus de raison de faire le pied de grue sur le trottoir. « Enchanté. Murphy m'a beaucoup parlé de vous deux. » « Je suis ravie de te rencontrer, Seth. » Oui, elle leur a beaucoup parlé d'eux pour prévenir son amant. Elle l'a briefé autant que possible, soucieuse de ne rien laisser au hasard. Elle lui a aussi montré des tas de photos de Megan, pour qu'il évite de baver de surprise devant son décolleté. Bon, ça, ça n'aura peut-être pas eu l'effet escompté. « Du coup tu as entendu parler de Damon, mon mari. » Mon mari, gnagnagna. Murphy ne se mariera jamais, rien que parce qu'il y a trop de paperasse à remplir. Peut-être qu'elle se laisserait séduire par l'idée si elle se trouvait quelqu'un d'assez fortuné pour accomplir son rêve de conduire une Bentley - et encore faut-il qu'elle passe son permis. « Enchanté aussi Seth. » - « On entre ? »

Elle remarque bien, Murphy, que Seth promène son regard partout - surtout sur Megan. En réalité, elle s'en fiche pas mal. La blonde est habituée aux yeux baladeurs de son amant. « On peut se mettre là-bas. On s’entendra parler au moins. » Les couples s'installent et Murphy interpelle tout de suite le serveur. Lorsqu'il a pris les commandes de tout le monde, la soirée peut commencer. Les véritables hostilités sont lancées et Murphy se prépare à parer à toutes les éventualités. « Vous deux, ça fait longtemps ? Vous vous êtes rencontrés comment ? » D'un geste évasif, Murphy cherche la réponse toute préparée qu'elle a en réserve. « Dans une galerie. J'étais invitée à un vernissage au bras d'un autre type et Seth présentait ses... pots. » Elle sonde l'effet de sa réponse, cherchant à savoir si son audience est dupe. « Et puis ça fait... je sais pas, quelques mois maintenant, hein mon cœur ? » Murphy roucoule, tourne un regard amoureux vers Seth. Comment dire à Megan qu'elle a rencontré le jeune homme alors qu'elle s'affairait à lui voler son portefeuille dans un bar ? Comment lui dire qu'ils se sont ensuite retrouvés en garde-à-vue ensemble, quelques temps plus tard ? Comment annoncer que s'ils ont poursuivi leur relation, ce n'est qu'à cause de Spencer et de ce foutu premier cambriolage ? Les yeux de Murphy se plantent ensuite dans ceux de Damon. D'une main distraite, elle égraine les diamants dont son cou est paré. « On va bientôt prendre un appartement ensemble, Seth m'aide beaucoup depuis... » Un regard triste plus tard, Murphy entend se servir d'un évènement de sa vie qui ne l'a pas vraiment marquée. La preuve, elle trimballe encore de la poudre dans son sac à main comme si ce n'était rien. Comme si elle ne s'était pas retrouvée au bord de la mort devant un club quelques mois plus tôt. « Depuis mon petit passage à l'hôpital. Rien de grave, mais Seth m'aide à rester sobre. » Son regard se fait enjôleur alors qu'elle le tourne vers son amoureux. Pitié, qu'il sache jouer la comédie.

C'est ensuite vers Megan qu'elle reporte toute son attention, la couvant d'un regard faussement intéressé. « Qu'est-ce que ça fait de poser pour des diamants, alors ? J'ai toujours rêvé de faire un truc pareil. » Ce que Megan ne sait pas, c'est qu'elle a devant elle la coupable de la fuite de ses photos de charme. Il n'a pas été très compliqué de les trouver sur le net, pas plus qu'il n'a été difficile de trouver une jolie liste de contacts chez Michael Hills. « Même si j'ai entendu qu'il y avait eu quelques petites, heu.. Galères. » N'est-ce pas le père de Damon qui est à la tête de toute cette machine ? Peut-être que le gamin n'est pas si ravi d'avoir vu sa femme dans son plus simple appareil, pas alors que cet état était dévoilé à tous. Mais après tout, chacun pouvait retrouver ces clichés en cherchant un peu. C'est derrière un regard faussement affligé que Murphy boit du petit lait - enfin, trempe plutôt ses lèvres dans son cocktail, se repaissant du malaise qu'elle voudrait voir naître dans les yeux de ceux qui lui font face.

« Je vivais à quelques pas d’ici avant d’emménager avec Damon, en fait. » Rien d'étonnant qu'elle ne vienne pas du même milieu que son mec vu l'allure de sa soeur, elle ne faisait clairement pas partie de l'élite. Quoique tu es bien la preuve vivante que même au sommet, on peut tomber très très bas. Murphy t'aurait bien plus aimé à l'époque où tu ressemblais à ce type là… ah oui Damon. « T’as l’air en forme. » - « Et toi t'as l'air... d'une miss météo. » C'est vrai que les miss météo sont réputées pour être très sexy. Sauf que t'as rarement vu une miss météo fringuée avec un robe de telle qualité - ni de décolleté aussi plongeant, mais bon, tu vas pas t'en plaindre hen. T'auras la belle vue tout au long du repas. D'ailleurs, elle compte faire quoi Murphy au moment où l'addition arrivera, hm ? Un problème pour plus tard sans doute. « Je suis ravie de te rencontrer, Seth. » Sûrement pas autant que tu peux l'être. Tu peux bien te sacrifier à accompagner Murphy à tous les repas de famille si Megan porte des robes laissant aussi peu place à l'imagination que celle-ci. « Du coup tu as entendu parler de Damon, mon mari. » Tu détournes le regard vers Damon, le mari, en lui adressant une poignée de main officielle, avec le plus grand manque d'intérêt. « Enchanté aussi Seth. » Il l'est pas vraiment, mais ça tombe bien parce que toi non plus. Vous voilà au moins d'accord sur quelque chose. « On peut se mettre là-bas. On s’entendra parler au moins. » que Megan propose suite à ta proposition d'entrer à l'intérieur. Les mariés passent devant. Un sourire étire tes lèvres en voyant le gamin protéger son territoire en s'interposant entre toi et la magnifique vue sur le cul de Megan. Tant pis, t'auras plein d'autres occasions de te rincer l'oeil.

« Vous deux, ça fait longtemps ? Vous vous êtes rencontrés comment ? » C'est Megan qui lance la discussion d'abord. Son regard passe entre vous deux. Aucune chance pour que tu répondes à quoique ce soit ce soir. Tu laisses les mensonges entre les mains de Murphy puisque les tiens ne seront jamais à la hauteur. Ton plan est d'avoir la bouche continuellement pleine pour laisser la parole à la blonde. « Dans une galerie. J'étais invitée à un vernissage au bras d'un autre type et Seth présentait ses... pots. » Ses pots ???? Quelle connasse. Tu portes ton verre à tes lèvres pour cacher ton agacement. Elle a intérêt à avoir de la répartie pour contrer leur intéressement envers ton art donc t'as pas envie de parler. T'aurais dû répondre à sa place finalement. « Et puis ça fait... je sais pas, quelques mois maintenant, hein mon cœur ? » - « Presque un an, ouais. » Depuis la première fois où Murphy a complètement chamboulé. Suffit d'une nana qui fasse les poches de pauvre con et te voilà sous le charme hen. Ton bras se glisse contre le dossier de la chaise de Murphy alors que le bout de tes doigts se glisse contre son bras à l'opposé de toi. « On va bientôt prendre un appartement ensemble, Seth m'aide beaucoup depuis... » Vous ne prendrez jamais d'appartement ensemble, parce que vous n'aurez jamais la maturité de le payer sans se faire mettre dehors en moins de deux semaines. À quelle moment Murphy va se réveiller et comprendre que tout ce qu'elle veut ne sera que des mensonges comme ce soir à tes côtés ? Espérons jamais. « Depuis mon petit passage à l'hôpital. Rien de grave, mais Seth m'aide à rester sobre. » Ah Murphy, elle va trop loin. Elle ment encore ? Enfin, sur la partie qu'elle soit sobre, oui, c'est un gros mensonge. Mais pour le reste ? Tu gardes tes questions pour plus tard, mais, ouais, p't'être bien que t'es un peu inquiet pour elle. Juste un peu. Ce serait con de la retrouver morte dans une ruelle d'une overdose. C'est ce qu'elle sous-entend, non ? « Qu'est-ce que ça fait de poser pour des diamants, alors ? J'ai toujours rêvé de faire un truc pareil. » C'est presque un soulagement qu'elle détourne le sujet vers autre chose. Vers Megan surtout. Le collier de Murphy a presque l'air minable comparativement au bijoux qu'elle porte. Enfin, non, ils s'équivalent, mais ceux de Megan sont bien plus nombreux. « Même si j'ai entendu qu'il y avait eu quelques petites, heu.. Galères. » Quand Murphy fait un débriefing sur le plan d'attaque, elle devrait le faire correctement, parce que t'as aucune foutue idée de ce qu'elle raconte. Si elle parle des galères du collier qu'elle porte autour du cou, c'est qu'elle est encore plus idiote que tu ne le pensais. Mais non, elle semble surtout s'attaquer au couple en face de vous. « Pour quelle compagnie ? » que tu demandes plus pour faire semblant d'être intéressé qu'autre chose. C'est pas comme si tu connaissais des tonnes de joailleries en ville. Ni que la réponse changeait quoi que ce soit. « L'mec de ma soeur il bosse pour… comment ça s'appelle déjà ? » que tu questionnes vers Murphy qui ne connaît ni ta soeur et encore moins son mec. Ah Seth l'idiot incapable de se souvenir de la plus grosse bijouterie de la ville. Tu devrais surtout fermer ta gueule ouais. « Peu importe, c'est l'gros building de frais-chié avec quarante-deux étages de haut au centre-ville. Dure de le manquer. » que tu balances, trop con pour simplement imaginer que tu viens d'insulter le futur héritage du gosse en face de toi. Boarf, c'est Angus qui est visé dans tes attaques de toute manière.

sweet and sour
Megan Monroe & @Murphy Rowe

Bien sûr que je le regretterai. Bien sûr que Damon a raison et que, quelque part, je souffre d’avoir perdu une famille que je venais de découvrir. Sauf que Murphy est faite dans le même bois que ma mère et qu’étant donné mon expérience, je ne suis pas certaine de réussir à lui faire un jour confiance. « Et puis, on change pas les bonnes habitudes: dès que t’en as marre, tu commandes un taxi et je te suis sans broncher. » En une seule phrase Damon me gagne à sa cause et il est adorable. Sauf qu’il faut que nous arrêtions de nous éclipser au beau milieu d’événements du genre. Le dernier en date remonte déjà à il y a quelques mois - il s’agissait de mon repas d’anniversaire, et avant ça il y a eu notre fête de fiançailles - et je n’ai pas envie que chaque souvenir soit entaché par une dispute, qu’elle soit entre nous où avec ma jumelle. Finalement, même notre mariage a été avorté, certes, par une tentative de meurtre, mais il l’a été tout de même. « T’es magnifique. » Il dépose un baiser sur ma joue et je lui adresse un sourire ravissant. « Elle va détester. Il n’y a rien qui lui plaît de toute façon. » Si Murphy n’était pas ma sœur, je l’aurais traitée de la même façon qu’on traite un cancer : on extrait la tumeur et on la bazarde.
 
Quelques minutes plus tard, mes suppositions se concrétisent, mais je m’y suis préparée. « Et toi t'as l'air... D'une miss météo. » Plutôt que de mal vivre la chose et de m’emporter, j’éclate d’un rire lumineux, cristallin, comme si  la chose m’amusait véritablement. Je préfère passer pour une jeune fille candide que lui donner la satisfaction de m’avoir touchée, plutôt que de lui donner l’impression que son avis compte pour moi. Ma tenue n’a pas l’air de déplaire à son cavalier en tout cas, et j’espère que ça la fera profondément chier.

La vérité, c’est que le dénommé Seth ne m’intéresse pas. Si je suis là, c’est parce que j’entretiens encore au fond l’espoir de construire quelque chose avec ma sœur alors que je devrais admettre que c’est peine perdue. Sauf que je suis le genre de personne qui laissera toujours une infinité de secondes chances : elle pourrait me présenter tous les looser de la ville si elle le souhaite sans que je ne cesse d’espérer qu’un jour nous nous trouverons des points communs, elle et moi. « Dans une galerie. J'étais invitée à un vernissage au bras d'un autre type et Seth présentait ses... pots. Et puis ça fait... je sais pas, quelques mois maintenant, hein mon cœur ? » Le petit-ami confirme, presque un an d’après ses dires et je me demande ce qu’elle est venue foutre chez nous en fin d’année dernière, Murphy. Si elle avait déjà un compagnon, pourquoi ne s’est-elle pas installée chez lui plutôt que de se prétendre seule au monde pour pouvoir envahir mon appartement ? « Tu aurais dû nous le dire, on l’aurait invité au mariage. » Tu aurais dû nous le dire, je t’aurais demandé d’aller vivre chez lui, plutôt que chez nous, un couple de jeunes mariés qui aurait pû avoir besoin d’un peu d’intimité. « On va bientôt prendre un appartement ensemble, Seth m'aide beaucoup depuis… Depuis mon petit passage à l'hôpital. Rien de grave, mais Seth m'aide à rester sobre. » Interpellée, je fronce les sourcils. Elle parle de sobriété, de passage à l’hôpital, et je ne peux m’empêcher d’être inquiète. Pour cause : j’ai grandi avec une toxicomane. Lorsque Billie était admise en milieu hospitalier, c’était rarement pour une simple fracture. « L’hôpital ? Il t’es arrivé quelque chose ? » Après avoir découvert qu’elle consommait de la cocaïne, j’ai souhaité qu’elle en crève. Sauf que dans les faits, ça m’aurait dévastée. « Tu es sobre depuis combien de temps ? » Je m’exprime avec douceur, délicatesse, conscient que le sujet a été notre dernière source de discorde en date. Qu’elle soit partie avec certains de mes bijoux et vêtements n’a pas la moindre espèce d’importance, en comparaison.

« Qu'est-ce que ça fait de poser pour des diamants, alors ? J'ai toujours rêvé de faire un truc pareil. » Bien sûr, je suis fière. Le fait que j’ai récolté quelques bleus après la campagne publicitaire ne change rien au fait que j’estime avoir le droit de m'enorgueillir d’avoir mon minois en grand sur les abribus. « C’était une expérience formidable. » C’est la réponse politique. La seule que je sois en droit de donner. « Même si j'ai entendu qu'il y avait eu quelques petites, heu.. Galères. » Je doute que Murphy fasse référence à autres choses qu’aux photos de charme qui sont sorties après coup. Les a-t-elles vues ? Lui poser la question, ce serait lui donner la satisfaction de m’avoir destabilisée, alors je garde mon sourire accroché sur mes lèvres, je tente de me montrer imperturbable. « J’ai gagné en visibilité : toutes les marques ont pas froid aux yeux. » Et j’ai déjà plusieurs propositions pour des campagnes publicitaires de lingerie. « J’ai été contactée par Alice McCall. » Un référence australienne de prêt à porter. « Et d’autres marques mais, pour l’instant, je dois tenir ma langue. » Qu’elle jubile Murphy : au moins, on parle de moi.

« Pour quelle compagnie ? » Il parle donc, son cavalier. « Celle de mon beau-père. » Mes muscles se contractent, mon visage se fige et j’ai besoin de prendre une grande respiration afin de ne pas perdre mon calme à la mention de Saül Williams. Je n’ai pas envie de montrer la moindre marque de reconnaissance envers lui en public, il ne la mérite pas. « L'mec de ma sœur il bosse pour… Comment ça s'appelle déjà ? » Tout le monde s’en moque, Seth. « Peu importe, c'est l'gros building de frais-chié avec quarante-deux étages de haut au centre-ville. Dur de le manquer.  » - « Peu importe, tu as raison. » Mon sourire a beau rester resplendissant, je retrouve vite mes habitudes de peste. Je n’ai pas envie de parler de Michaël Hills, je n’ai pas non plus envie de parler du shooting, des photos de nu ou de leurs conséquences. Alors, balaye la remarque de Seth qui n’intéresse certainement personne. « Tu es un artiste alors Seth ? » Ca non plus, ça ne m’intéresse pas. Je ne savais simplement pas que Murphy montrait le moindre signe d’intérêt pour quoi que ce soit. « Tu en vis ? Depuis combien de temps tu fais ça ? »

« Tu aurais dû nous le dire, on l’aurait invité au mariage. » Murphy hausse un sourcil. Non, ils ne l'auraient pas invité au mariage. Elle a elle-même à peine trouvé sa place dans cet évènement qui lui a donné le tournis. C'était une sorte de rendez-vous de toute la bourgeoisie à laquelle Megan appartient désormais. Heureusement, Otto était là pour mettre un peu l'ambiance - haha, Auden ne pourrait pas dire un truc pareil - et même s'il a poussé Murphy dans un placard, la blonde ne lui en veut pas. Pas trop. Bon, si, d'accord, elle lui en veut à mort, mais toujours moins qu'aux vieux pervers qui ne faisaient que reluquer son décolleté. Bon, d'accord, là aussi, ce n'est pas tout à fait vrai. Elle a beaucoup, beaucoup apprécié la présence de certains hommes éméchés qui, dans les recoins du domaine viticole, ont perdu montres et portefeuilles. « Seth ? Non. On est pas ce genre de couple. » Quel genre de couple, Murphy ? Ceux qui font des choses ensemble, comme de vrais amoureux ? La blonde jette un regard à son amant qu'elle jauge des pieds en cap. « Il aurait été capable de s'envoyer en l'air avec tes demoiselles d'honneur. » Un éclat de vérité transparaît dans ses mots en même temps que dans son regard alors qu'elle sourit, séduite par l'idée d'un Seth tout engoncé dans un costume. Murphy ne plaisante qu'à moitié, après tout. Elle sait très bien qu'elle et Seth ne sont pas exclusifs. Alors, ce n'est pas grave. Ce n'est pas important, les regards qu'il jette à Megan. De toute façon, c'est Murphy qu'il ramènera chez lui, pour le meilleur et pour le pire.

La petite remarque de Murphy au sujet de l'hôpital fait mouche. L'effet escompté, voilà ce qu'elle voit venir de loin. Un sourire à Seth plus tard, la blonde jette un regard à sa sœur jumelle, qui la gratifie d'une mine intéressée. « L’hôpital ? Il t’es arrivé quelque chose ? » « J'ai fait une overdose. J'ai pris conscience de mes excès à ce moment là, quand les choses sont devenues... macabres. » Murphy n'a pas fait de théâtre pour rien. Ses yeux se perdent dans le vague et semblent soudain chercher un point d'ancrage, retrouvé dans le regard de Seth. Que c'est beau, l'amour. « Tu es sobre depuis combien de temps ? » La voilà qui fait mine de compter, alors qu'elle rêve d'un rail ou deux. D'ici quelques heures, tout sera terminé et elle pourra s'enfiler autant de poudre qu'il en reste planqué sous son lit, derrière une prise défectueuse. « Quelques mois. Enfin, j'ai réduit depuis quelques mois et je suis complètement sobres depuis quelques semaines. » L'idiote aurait dû amener une médaille de sobriété pour prouver ses dires, mais un regard fier lancé à Seth fera probablement l'affaire. Oh, il mérite amplement le baiser qu'elle lui offre. On croirait que les deux imposteurs viennent d'annoncer leurs fiançailles.

Fort heureusement, le sujet change et Murphy cale sa tête contre l'épaule de Seth. Son envie de contact ne choquera pas et elle est sincère, contrairement à tout le reste de ce cirque. Contre le brun, au moins, Murphy a l'impression d'être un peu plus en sécurité. « C’était une expérience formidable. » La blonde opine du chef et accueille sa boisson dans un grand sourire, se dépêchant d'en boire une grande quantité. Il lui faudra peut-être trois fois cette dose avant d'être prête à affronter la suite. « J’ai gagné en visibilité : toutes les marques ont pas froid aux yeux. » Murphy hausse les épaules. Alors, c'est gagnant-gagnant. Tous les vieux pervers chez Michael Hills auront vu les seins de la fiancée de Damon et Megan aura gagné en popularité. Murphy n'est satisfaite que de la première partie du deal qu'elle a conclu avec elle-même. « J’ai été contactée par Alice McCall. » « Dingue. » Une marque que Murphy ne connaît que pour ses robes aux magnifiques corsets féériques, très Fleetwood Mac. « Et d’autres marques mais, pour l’instant, je dois tenir ma langue. » « Tu me fais penser que je devais te dire pour Weatherton ! » Voilà quelques mois qu'elle est dans les petits papiers de James, portant occasionnellement des modèles sur lesquels il travaille. Si leurs entrevues se font généralement dans une explosion de paillettes et durant des sorties mondaines, Murphy est très fière de pouvoir se targuer d'avoir son numéro dans son cellulaire. Oh, elle ne tiendra pas sa langue à ce sujet. Si elle n'est pas assise aux défilés, elle peut au moins se vanter de n'avoir rien à prouver pour rentrer dans les coulisses, à la manière d'une amie des arts. « C'est pas comme toi, je pose pas, je joue les muses de James et je vois du beau monde. » Muse, c'est une fonction qui lui fait tourner la tête et pour une fois dans la soirée, l'éclat de joie dans les yeux de Murphy est bien réel. Combien de temps cette petite association durera-t-elle ? Peut-être pas éternellement. Pour l'heure, la blonde profite de ne plus avoir à voler dans les magasins.

On en revient aux photos et Seth prend enfin la parole, intrigué par le mystère "Megan Williams". « Pour quelle compagnie ? » « Celle de mon beau-père. » Visiblement, le sujet est tabou. Murphy termine son verre et lève la main pour en commander un autre, ravie d'avoir déversé son poison dans les mails des associés du père de Damon. « L'mec de ma sœur il bosse pour… Comment ça s'appelle déjà ? » Murphy fronce les sourcils, se rendant compte qu'elle et Seth n'ont jamais parlé de sa famille. Murphy lui a fait la leçon au sujet de Megan et de Damon, mais elle ne sait rien de la sœur de Seth, sinon son prénom. Alors qu'elle se sent soudain stupide, le serveur vient reprendre sa commande. « Peu importe, c'est l'gros building de frais-chié avec quarante-deux étages de haut au centre-ville. Dur de le manquer. » « Peu importe, tu as raison. » Ouh, le sujet est définitivement tabou. Murphy est à nouveau piquée par l'intérêt et attrape le verre de Seth en attendant le sien. « Tu es un artiste alors Seth ? » Ah. Voilà que les choses sérieuses commencent pour de vrai. Après un faux départ, une incartade, un tour dans le fossé et un dérapage contrôlé, c'est Seth qui est à nouveau mis à la question. « Tu en vis ? Depuis combien de temps tu fais ça ? » « Non, attend, je crois que j'ai déjà vu le mec dont tu parles sur instagram, Seth. » Laissant au brun le loisir de répondre à Megan, Murphy cherche ce qu'elle est venue trouver. Non, elle ne l'a pas vu sur instagram. C'est chez Damon qu'elle l'a rencontré pour la première fois. Après une petite enquête, elle s'est rendue compte que tout ce beau monde se suivait sur instagram. Les réseaux sociaux lui ont permis de voir pour la première - et seule - fois une photo de la sœur de Seth et bingo, elle est aussi suivie par Angus.

Un grand sourire grimpe jusqu'aux yeux de Murphy alors qu'elle fait glisser son téléphone dans la direction de Damon. « C'est lui, non ? » Innocemment, la blonde guette la réaction du Williams, espérant déclencher chez lui quelque chose qui vérifiera ce qu'elle sait déjà. Après tout, n'est-ce pas Megan qui, à l'époque, lui avait dit pour Damon et Angus ? La fouineuse s'interroge justement sur la poursuite de leur relation malgré la présence de Megan. Après tout, elle ignore tout de l'arrangement du mariage. Tout ce qu'elle peut espérer, c'est semer la discorde au sein du couple qui lui fait face en jetant des regards à Megan et à Damon. « Il est venu une fois, quand j'habitais encore chez vous, juste avant le mariage. Tu crois qu'il est venu te reconquérir ? » Les yeux brillants, Murphy sirote à nouveau son cocktail. Elle n'était pas supposée divulguer ni être en possession de cette information ? Ah, oops.

« Elle va détester. Il n’y a rien qui lui plaît de toute façon. » Tout ce qui pouvait agacer Murphy faisait sourire d’avance Damon.

« Et toi t'as l'air... D'une miss météo. » Et aucun des deux Williams ne s’était trompé, quant à la façon dont la jumelle répondrait à la façon dont Megan était habillée. Presque, ils auraient du tenir les paris - du type combien de temps Murphy va mettre pour faire un commentaire, histoire de mettre un peu de piment.

Rapidement, quelqu’un les place autour d’une table et prit leur commande pour les boissons. Très rapidement également - trop pour que ce ne soit pas poussé par le fait que la présence de Murphy n’était guère un point positif à cette soirée -, Damon ne prêtait qu’une oreille distraite à ce qu’il se disait. Les deux jeunes femmes semblaient rattraper le temps perdu entre elles, alors que Megan faisait passer une sorte d’interrogatoire à sa soeur et que cette dernière y répondait sans trop broncher; ce n’étaient pas des efforts mais pas loin, et l’italien le nota dans un coin de son esprit. Ce ne fut que lorsque la discussion se tourna vers Megan et ses dernières prouesses en tant que mannequin pour plusieurs publicités qu’il appuya son attention, faisait lui un effort de concentration. « C’était une expérience formidable. » - « Même si j'ai entendu qu'il y avait eu quelques petites, heu.. Galères. » Il fronça très légèrement les sourcils, d’une façon qui fut à peine perceptible pour les autres convives. Elle avait entendu parler de quelques galères, comme elle les nommait. Intéressant. « J’ai gagné en visibilité : toutes les marques ont pas froid aux yeux. J’ai été contactée par Alice McCall. Et d’autres marques mais, pour l’instant, je dois tenir ma langue. » Elle avait réussi à trouver un quelque-chose qui l’amusait assez pour qu’elle y prête une réelle attention. Damon ne connaissait pas tous les tenants et aboutissants que Saül et la jeune femme avaient pu inclure dans leur deal, mais rester derrière l’objectif pour Megan ne semblait pas avoir été sélectionné. Enfin, elle lui en avait parlé, mais ces derniers temps il avait remis beaucoup de choses en questions, si bien que beaucoup d’affirmations plus tôt apprises étaient à revoir - donc celle de la profession de Megan. Ils verraient ça plus tard, lorsque la rancoeur de Damon se serait totalement apaisée surement.

« Pour quelle compagnie ? « - « Celle de mon beau-père. » Forcément que les muscles du corps de l’italien se tendirent un brin davantage en entendant que son père était sujet à conversations ici aussi. Un léger coup d’oeil dans la direction de sa femme montrait qu’il n’était pas le seul qui se serait bien passé de cette mention là. « L'mec de ma sœur il bosse pour… Comment ça s'appelle déjà ? Peu importe, c'est l'gros building de frais-chié avec quarante-deux étages de haut au centre-ville. Dur de le manquer. » Alors, un instant et il dut se forcer pour que cela ne dure qu’un instant, Damon ferma les yeux. Il retint également une injure en italien, ce qui n’était pourtant pas réellement son genre. « Peu importe, tu as raison. » Sauf qu’aux yeux du blond, peu importe n’entrait pas en compte ici puisque Seth face à eux parlait du bâtiment de la Michael Hills. Un immeuble de quarante-deux étages avec des fais-chié, comme il disait, il n’y en avait pas dix mille. Et effectivement, il était dur à manquer. « Tu es un artiste alors Seth ? Tu en vis ? Depuis combien de temps tu fais ça ? » Si Megan avait choisi de partir sur des questions plus personnelles pour Seth, Damon de son côté n’en avait que peu à faire de ce que le jeune homme pourrait répondre; il était bien trop occupé à l’observer, pour savoir comment il pouvait connaître quelqu’un bossait pour la MHI - quand la voix de Murphy le fit changer de cible. « Non, attend, je crois que j'ai déjà vu le mec dont tu parles sur instagram, Seth. » Oh, il était curieux de savoir de qui ils parlaient tous les deux désormais. Mais un quelque-chose dans la voix de la blonde face à lui semblait lui indiquer que ce n’était pas un amusement de galerie qu’elle s’apprêtait à mettre en place.

Il eut la confirmation au bout de quelques minutes lorsqu’un sourire étira ses lèvres - de ceux qui vous faisaient froid dans le dos. Il la détestait, c’était officiel alors qu’elle n’avait pas encore repris la parole. « C'est lui, non ? » L’écran du téléphone de la blonde finit par se placer sous les yeux de Damon alors que le coeur de ce dernier loupait un battement. Bien sur que le jeune homme dont ils parlaient c’était Angus, pourquoi s’était-il sérieusement posé la question ? Après tout, ça ne pouvait pas être plus dérangeant que si c’était lui. Ce qui voulait aussi dire que la demoiselle dont Samuel et lui parlaient la fois où Damon les avait croisé devant le bureau de Saül, et envers laquelle il n’avait su retenir une pointe de jalousie, était donc la soeur de Seth face à lui. Tout, était absolument, merveilleux. Les mâchoires de l’italien se serrèrent un instant alors, pour le moment. « Il est venu une fois, quand j'habitais encore chez vous, juste avant le mariage. Tu crois qu'il est venu te reconquérir ? » Les azurs de Williams tournaient orage, lorsqu’il releva ses yeux pour croiser le regard de Murphy. Oh, c’était la dernière fois qu’il faisait le moindre effort pour elle - parce-que ce n’était pas par envie qu’il était là ce soir. « Et en quoi ça te concerne, toi ? » Son ton était bien plus froid et sec que d’ordinaire, et il parlait les mâchoires encore un brin serrées. S’il voulait réagir comme si de rien n’était, c’était manqué; et à dire vrai, ça l’embêtait de réagir aussi facilement face à une attaque clairement puérile de Murphy. « Surtout que de mémoire, c’était quand tu squattais encore chez nous, non ? » Elle était un parasite; il le savait mais ce soir c’était carrément confirmé. Alors, il tourna cette fois-ci son regard vers Seth. « C’est chez toi qu’elle squatte, en ce moment ? Fais attention, si tu lui laisses trop prendre ses aises, ce sera plus difficile de la déloger lorsque tu pourras plus la voir en peinture. » Pour reprendre chemin inverse et s’arrêter sur Murphy. « Ce genre de vermine s’accroche souvent bien plus fortement que tout ce qu’on peut imaginer. »

« Celle de mon beau-père. » Évidemment, c'est pour ça que quelqu'un qui est sortie du même utérus de Murphy peut poser pour des diamants, parce que beau-papa est là pour lui offrir l'opportunité. Si ça se trouve, Megan et Murphy sont exactement les mêmes. C'est juste que Megan à réussi à hameçonner un meilleur prétendant que sa soeur. Elle est là pour le fric et Murphy est sans doute terriblement jalouse de sa soeur. Elle aussi, elle rêverait de jouer la comédie avec un petit con comme Damon pour vivre la vie de rêve. « Peu importe, tu as raison. » Megan balaie d'un coup de main l'information bien peu pertinente que tu as soulignée. Et ouais, peu importe, t'es aussi prêt à changer de sujet. C'est pas comme si ta passion dans la vie c'était de parler de Angus. Il se porte mieux quand t'oublies qu'il existe ce con. « Tu es un artiste alors Seth ? Tu en vis ? Depuis combien de temps tu fais ça ? » Et merde, tu veux bien revenir sur le sujet de Angus et son histoire d'amour dégueulasse avec ta soeur finalement. Tu réfléchis quelques instants, parce que tu cherches surtout à te souvenir ce que ta petite-amie d'un soir t'as ordonné de dire. Ce serait plutôt con que tes mensonges ne concordent pas avec ceux de Murphy. D'ailleurs, elle pourrait pas te sauver de ce genre de questions ? Elle est bavarde que quand ça lui chante. « Non, attend, je crois que j'ai déjà vu le mec dont tu parles sur instagram, Seth. » Okay, ça tu l'as pas vu venir comme moyen de changer de sujet de manière bien peu subtile. De quoi est-ce qu'elle parle ? Tu la vois sortir illico son portable pour aller ouvrir son application Instagram. C'est quoi cette connerie ? « T'espionne ma soeur sur Instagram ? » que tu lui demandes en oubliant certainement le fait que ce serait sûrement normal que ta soeur et ta petite-amie se suivent sur les réseaux sociaux. Quand on connaît la vérité, c'est juste flippant. Elle espionne quoi d'autre ? Elle te surveille c'est ça ? « C'est lui, non ? » Tu te penches vers l'écran qui affiche bel et bien une photo de Angus aka le beau-frère pas adoré. Sérieux, elle te perd de plus en plus et tu n'es pas trop certain d'apprécier ou elle veut en venir. « Angus ? Oui, c'est quoi le problème ? » qu'elle te réponde parce que tu ne comptes pas garder ton sang froid bien longtemps. Son portable glisse jusque de l'autre côté de la table pour que Damon puisse également voir de ses yeux le fameux Angus. Ton regard se plante bien sérieusement sur Murphy qui n'a plus aucun intérêt pour toi. Elle, c'est le blondinet qu'elle fixe. Tu connais ce regard n'annonce rien de bon. « Il est venu une fois, quand j'habitais encore chez vous, juste avant le mariage. Tu crois qu'il est venu te reconquérir ? » Tu sais pas trop ce qu'elle raconte, mais sa phrase a l'effet voulu sur sa proie qui la fusille du regard. C'est soudainement un rire semi-jaune, semi-nerveux qui s'échappe d'entre tes lèvres. Si t'as bien compris, le mec en face de toi s'est tapé le mec de ta soeur. T'as bien compris là ? C'était quand ce putain de mariage ??? « Arrête tes conneries Murphy, ça m'fait pas rire. » Elle peut attaquer qui elle veut, mais pas ta soeur. « Et en quoi ça te concerne, toi ? » Ah bah tiens, il sait parler celui-là. Et vu la manière dont il lui réponds et vu la manière dont sa femme veut disparaître, c'est pas des putains de conneries. Tu te cales dans ta chaise alors que ta main vient masser ton front. Angus est pas mieux que mort. « Surtout que de mémoire, c’était quand tu squattais encore chez nous, non ? » Ton regard passe de Damon à Murphy en alternance. Mieux vaut fermer ta gueule. Tu demanderas bien des détails à Murphy un coup sorti d'ici. « C’est chez toi qu’elle squatte, en ce moment ? Fais attention, si tu lui laisses trop prendre ses aises, ce sera plus difficile de la déloger lorsque tu pourras plus la voir en peinture. » Tu peux déjà plus la voir en peinture un jour sur deux. Vous survivez très bien ainsi. Et bien, ce dîner est bien plus intéressant que tu ne l'aurais pensé. « Ce genre de vermine s’accroche souvent bien plus fortement que tout ce qu’on peut imaginer. » Mais t'as fait une promesse à Murphy. Tu laisserais plus personne se foutre de sa gueule. Personne d'autre que toi n'a le droit de dénigrer Murphy. Peut-être que t'es un peu contrarié pour l'histoire de Angus aussi - même si tu ne sais qu'une bribe de l'histoire. Tu te lèves d'un bond de ta chaise pour venir agripper Damon par le collet de sa chemise parfaitement repassée qui vaut sûrement plus cher que l'immeuble où t'habites. « Répète c'que t'as dit. » Oh non t'es pas sourd. T'es juste tellement charitable que tu lui laisses la chance de reprendre ses paroles. Ce serait dommage de salir une si belle chemise. Encore un restaurant où t'auras plus le droit de mettre les pieds. Un de plus, un de moins, bof.

sweet and sour
Megan Monroe & @Damon Williams & @Murphy Rowe & @Seth Moriarty

« J'ai fait une overdose. J'ai pris conscience de mes excès à ce moment-là, quand les choses sont devenues... macabres. » Murphy a fait une overdose et elle annonce ça le plus calmement du monde entre l’apéritif et le plat principal. Mon verre de vin - de la piquette - à la main, je me fige sans la lâcher des yeux. Puis-je lui reprocher de ne pas m’avoir appelée ? Je lui ai moi-même souhaité de terminer comme notre mère, et d’en crever pendant qu’elle y était. Je l’ai fait parce que j’étais blessée, parce que j’ai cru voir en elle la chance d’avoir une famille de sang, avant de me rendre compte qu’elle était exactement comme tous les autres. Une toxicomane comme ma mère, une ratée comme son père. Moi au milieu, j’ai l’impression de ne pas appartenir à grand-chose. « Quelques mois. Enfin, j'ai réduit depuis quelques mois et je suis complètement sobre depuis quelques semaines. » Je déglutis puis, amère, je rajoute. « C’est bien si ça a pu te faire prendre conscience de certaines choses. » C’est une phrase téléphonée. C’est attendu mais je n’ai pas vraiment la force de traiter la chose avec toutes les émotions que je pourrais ressentir. J’ai eu mal au cœur quand elle a disparu, et je n’ai pas l’intention de la laisser me blesser une nouvelle fois.

Alors je me moque qu’à ma réussite, elle oppose son nouveau boulot qu’elle sera de toute façon incapable de garder longtemps. Je me contente de l’écouter parler en me demandant si, dans une autre vie, et si nous avions eu une autre histoire, de meilleures chances de réussite à la naissance, nous aurions pu être proches. Aurions nous tout fait ensemble, comme sont dépeint les relations gémellaires dans la pop culture ? Aurais-je ressenti ses émotions, sa peine lorsqu’elle en ressentait ou de la panique lorsqu’elle était en danger ? Je l’ignore mais je tire un triste constat : nous resterons certainement deux étrangères puisqu’elle a l’air de ne rien vouloir avoir à faire avec moi. Tout ce qu’elle cherche, c’est à entrer en compétition.

A partir de là, je ne prête plus grande attention à son petit ami. J’ai cru que cette invitation était une main tendue dans ma direction mais, si j’en crois les - déjà trop - nombreuses piques qu’elle m’a lancées depuis le début de la soirée, elle ne cherche qu’à me provoquer et à me montrer qu’elle aussi peut réussir. Sauf qu’elle n’a jamais été mon ennemie, pas même mon adversaire si bien que je lui souhaite tout le bonheur du monde, et que je comprends que nos chemins ne sont certainement pas voués à être parallèles l’un à l’autre. « Non, attends, je crois que j'ai déjà vu le mec dont tu parles sur instagram, Seth. » Tout mon corps son ton est empreint d’un enthousiasme surjoué. Je quitte mon rôle de figurante et d’observatrice de la conversation pour la regarder avec méfiance, attentive à chaque mot de chaque phrase. « C'est lui, non ? Il est venu une fois, quand j'habitais encore chez vous, juste avant le mariage. Tu crois qu'il est venu te reconquérir ? » Elle tourne l’appareil photo dans notre direction et ma mâchoire se contracte. « Arrête tes conneries Murphy, ça m'fait pas rire. » Que cherche-t-elle à faire exactement, à nous provoquer Damon et moi ? A m’humilier ? « Oui Murphy. Tu ne fais rire personne. » Pas même son boy-toy que, de toute évidence, elle n’a pas mis au parfum de ses machinations. Moi, elle m’a coupé l’appétit à l’instant ou elle a brandit la photo de l’ex de Damon avec suffisance.

« Et en quoi ça te concerne, toi ? » Plus étrangement, la réaction de Damon me fait plus mal au cœur que les bassesses de ma jumelle. Il lui donne la satisfaction d’être ouvertement touchée, et il ne pense guère à moi quand il s’emporte. Il recouvre les fêlures de son cœur meurtri, exposant à nos deux interlocuteurs la force de son affection pour le jeune homme. On ne s’énerve pas pour quelqu’un qui ne compte plus, non ? On ne s’énerve pas quand on est supposé être fou amoureux de la femme assise à côté de nous. Je repose mon verre plutôt que de le briser, et je pose un regard courroucé sur mon époux. « Surtout que de mémoire, c’était quand tu squattais encore chez nous, non ? » Je crois que je ne l’ai jamais vu aussi agressif. Il a été en colère contre Saül après mon agression, mais ce dernier n’était pas là. Je ne suis même pas certaine qu’il se soit rendu dans le bureau de son père pour défendre mon intégrité et mon image et, pour une simple mention de son ancien amant, il sort complètement de ses gonds. Je me dis que je ne compte pas beaucoup en comparaison, tout compte fait. « C’est chez toi qu’elle squatte, en ce moment ? Fais attention, si tu lui laisses trop prendre ses aises, ce sera plus difficile de la déloger lorsque tu pourras plus la voir en peinture. » Il n’y a personne contre qui je ne sois pas en colère, là tout de suite. « Ce genre de vermine s’accroche souvent bien plus fortement que tout ce qu’on peut imaginer. » Qu’il la traite de vermine, de salope ou de pute, je n’en ai plus rien à faire désormais puisqu’elle semble se délecter de ma peine et de celle de Damon. Elle est peut-être de mon sang, je suis peut-être en colère contre lui, mais il m’a traité comme si j’appartenais vraiment à sa famille bien plus de fois qu’elle ne l’a fait. A partir de ce postulat, choisir un camp n’est guère difficile et j’aurais fait le même choix si je n’avais pas en plus de ça désirer conserver les apparences.

Tout va trop vite. Le jeune homme se lève et attrape Damon par le col de sa veste et je me lève à mon tour. (Il va de soi que, dans notre couple, je suis les muscles et il est le cerveau.) « Répète c'que t'as dit. » - « Lâche le pauvre con. » Agacée, je me moque bien de mon niveau de langage. « LÂCHE LE T’ENTENDS ! » Alerté par le vacarme, c’est deux serveurs qui les séparent finalement, et moi je place mon bras en travers du torse de Damon, en signe de protection. « Vous m’avez tous coupé l’appétit. » Damon inclus. « Vous allez bien ensemble. Deux pauvres ratés, rien de surprenant à ce que vous vous soyez trouvés. » Je lâche le brun des yeux pour planter mes iris dans ceux de ma soeur. Elle ne l’est que de nom. « C’est très bien Murphy. Tu t’es trouvé quelqu’un qui te ressemble. Je suis ravie pour toi. » Qu’ils aillent vivre dans un squat et qu’ils aient pleins de petits toxicomanes ensemble. « Félicitations pour ta sobriété. » Si tant est que ce soit vrai. J’aurais aimé. Sobre ou pas, elle reste de toute façon mesquine et détestable. « On a plus rien à faire ici. » Cette phrase là, je l’adresse à Damon comme une supplication : partons.

« Arrête tes conneries Murphy, ça m'fait pas rire. » « Oui Murphy. Tu ne fais rire personne. » « Vous êtes mes parents ou quoi ? C'est pas à vous que je parle. » qu'elle siffle sans détourner les yeux de Damon. Le masque a fini de tomber. Elle n'est pas ici pour passer un bon moment, Murphy. D'un geste habile, elle retourne le couteau qu'on lui a donné dans la plaie qu'elle sait ouverte. Peu importe que Seth soit d'avis que les choses ne sont plus drôles. Il ne s'amuse plus ? Murphy, elle, s'amuse comme une petite folle. Ce n'était pas vraiment le but, mais autant prendre la joie où elle se trouve. Parfois, il ne faut pas chercher très loin pour la trouver. Le duo est facile à faire sortir de ses gonds et la blonde n'en perd pas une miette. D'un œil aiguisé, elle attend les réactions sur le visage de Damon. « Et en quoi ça te concerne, toi ? » C'est gagné. Murphy reprend son téléphone et s'adosse tranquillement à son siège. Elle feint l'indifférence, l'émotion à laquelle le jeune homme aurait dû coller. Alors, le sujet est encore brûlant. Murphy attrape son verre, le second de la soirée. Vite, se dépêcher de finir tout ça avant que le restaurant ne veuille plus d'eux. « Surtout que de mémoire, c’était quand tu squattais encore chez nous, non ? » Sans aucune honte, Murphy opine du chef. Oui, elle était dans ce magnifique appartement aux frais du couple. Maintenant, elle ne vit plus qu'au crochet d'un logeur douteux à qui elle donne une rente sporadique. Dès qu'elle aura assez d'argent de côté, Murphy s'en ira de ce nid si imparfait. Avec Seth, elle pourrait peut-être filer un coton pas si mauvais et sous les apparences d'un couple tout arrangé, s'enticher de lui. N'est-ce pas déjà fait, au final ?

« C’est chez toi qu’elle squatte, en ce moment ? Fais attention, si tu lui laisses trop prendre ses aises, ce sera plus difficile de la déloger lorsque tu pourras plus la voir en peinture. » La jeune femme repose son verre et lance un regard à Seth. Oh non, elle ne risque pas de venir squatter chez lui. D'abord parce qu'il y a sa colocataire, et ensuite parce qu'elle tuerait probablement Seth de façon tout à fait volontaire. En empoisonnant son café, en l'étouffant dans son sommeil ou en lui plantant un couteau dans la carotide : au choix. L'important est de reconnaître qu'elle n'est clairement pas pour cette vie là, qui considère le couple comme nécessairement "en partage des biens". Des biens, Murphy n'en a pas. Elle garde ses économies en haut d'un placard et sa cocaïne derrière des prises en hauteur, là où aucun chien policier de viendra la trouver. Elle a des sacs de vêtements volés à ne plus savoir qu'en faire. Elle a vaguement des petits objets de décoration, dérobés dans la cuisine de son père ou chez ses rares amis. Bref : Murphy n'a rien à emmener chez personne et ce n'est certainement pas chez Seth qu'elle commencera. « Ce genre de vermine s’accroche souvent bien plus fortement que tout ce qu’on peut imaginer. » « Dis ça à ton mec. » qu'elle lance par dessus là table, visiblement piquée au vif par l'emploi du mot "vermine". Le problème n'est pas qu'elle se prend pour ce qu'elle n'est pas. Le problème est en fait qu'un type qu'elle range comme "de la haute" vienne lui rappeler qu'elle ne changera jamais de classe sociale.

Soudain, Seth se lève et attrape le col de Damon. Megan suit rapidement le mouvement mais Murphy tient à terminer le verre de son amant. « Répète c'que t'as dit. » « Lâche le pauvre con. » Les conversations autour du quatuor s'arrêtent soudain. Tout le monde a l'air de trouver la scène tout à fait intéressante et peut-être que le personnel du restaurant devrait payer les quatre protagonistes pour leur sens du drame. « LÂCHE LE T’ENTENDS ! » Au tour de Murphy de se lever, le cœur pétri d'adrénaline. « Vous m’avez tous coupé l’appétit. » Ah, un point pour Megan, qui n'a pas oublié son mari dans ses prières. « Vous allez bien ensemble. Deux pauvres ratés, rien de surprenant à ce que vous vous soyez trouvés. » Murphy a attrapé le bras de Seth autour duquel elle enroule le sien, pour le retenir autant que pour s'accrocher à lui. « Vous visiblement c'est pas trop ça, avec le petit-ami de Damon encore dans le tableau. » qu'elle lâche, le ton exagérément empli de pitié. « C’est très bien Murphy. Tu t’es trouvé quelqu’un qui te ressemble. Je suis ravie pour toi. » L'équipe du restaurant se met en branle pour escorter tout le monde en dehors du restaurant. Murphy attrape la main de son amant. Non, elle ne compte pas payer l'addition. Il y a quelqu'un ici qui le fera merveilleusement à sa place. Et au pire, Damon a de l'argent, non ? « Félicitations pour ta sobriété. » « Félicitations pour ta carrière. Enfin tu l'as achetée en épousant monsieur parfait, je sais pas trop si on peut considérer que tout ça soit de ton fait, mais bon. » Bien sûr, elle n'a aucune idée de la facticité de tout ce couple, mais imaginer Megan en wannabe miss-parfaite épousant un Ken plein aux as lui plaît bien.

« On a plus rien à faire ici. » Les couples se séparent sans autre procès et c'est après avoir rejoint un coin de rue plus calme que Murphy pose enfin sa tête contre le bras de Seth. « Mieux qu'un rail. Je suis vannée. » Et en plus, elle a l'amère impression que plus rien ne peut s'arranger.

murphy out.

« Arrête tes conneries Murphy, ça m'fait pas rire. » - « Oui Murphy. Tu ne fais rire personne. » - « Vous êtes mes parents ou quoi ? C'est pas à vous que je parle. » Effectivement, ce n’était là ni à Seth, ni à Megan qu’elle s’adressait, son regard parfaitement planté dans celui de la personne qu’elle visait présentement avec de telles paroles. Damon soutenait ses yeux, mais malheureusement pour lui là était la seule résistance dont il était capable. C’était un peu son défaut, à l’italien: il avait un grand coeur mais lorsque ses émotions étaient touchées, il ne savait faire autrement que de les laisser s’exprimer. En l’occurence, ce n’était pas nécessaire et tout le monde s’en serait bien passé au sein de cette conversation, mais il ne sut faire autrement. Même si cela donnait satisfaction et raison à Murphy, il ne sut s’empêcher de réagir comme un idiot. Aucun des deux face à Megan et lui n’était au courant que toute cette histoire était un arrangement à bien des niveaux entre bien des partis. Peut-être des soupçons émergeraient dans l’esprit de la blonde face à eux par la suite et de toutes façons, alors que Damon la traitait de vermine, il était trop tard pour faire marche arrière. « Dis ça à ton mec. »

Qu’il aurait aimé avoir le temps de répliquer, d’avoir le dernier mot sur la jeune femme - mais avant qu’il ne comprenne réellement ce qui lui arrivait, Seth s’était levé pour l’empoigner par le col. « Répète c'que t'as dit. » Secoué sans avis au préalable, les genoux de Damon heurtèrent la table du restaurant et la moitié des verres présents dessus se renversèrent; bien sur il s’agissait de ceux de Megan et de l’italien, Murphy face à lui pouvait continuer de siroter son cocktail sans soucis. Il la détestait entre plus en cet instant - mais il n’avait pas le temps de se concentrer pleinement sur elle car Seth ne semblait pas décidé à le lâcher de lui-même, Megan intervenant déjà entre eux. Si l’autre gars ne savait pas se tenir alors que son intervention n’était pas demandé, Damon lui n’avait aucune honte à laisser sa femme se charger de la partie de l’histoire où il fallait montrer ses muscles. Il aurait perdu à ce jeu là, de toutes façons. « Lâche le pauvre con. » S’il n’étiat pas autant blessé de l’intérieur, si son coeur n’était pas en train de saigner d’avoir eu un couteau retourné dans une plaie toujours béante, Damon aurait eu un petit rire à entendre Seth se faire traiter de pauvre con par la jeune femme. Oh, lui savait parfaitement qu’il ne fallait pas se mettre Megan à dos. « LÂCHE LE T’ENTENDS ! » L’italien était cependant encore de trop dans un état second, ne réalisant toujours pas pleinement ce que Murphy avait osé faire alors qu’ils auraient réellement pu passer une bonne soirée, pour trouver la moindre trace d’ironie dans cette situation. A la place, et par réflexe d’habitude surtout et surement, il attrapa le poignet de Seth afin de tenter d’alléger la pression qu’il exerçait sur son col par appui prolongé sur la chair du jeune homme. « C’est quoi ton problème à toi ? » Il était calme, Damon; mais c’était en apparences et c’était un état qui durait seulement lorsque les personnes en face de lui en valait la peine. Plot twist: Murphy et Seth ne faisaient pas partie de cette liste là.

Damon se serait bien passé en revanche d’être séparé de l’autre idiot par les serveurs du restaurant. S’il y avait bien quelque-chose qu’il n’appréciait que très moyennement - et dont il n’avait pas besoin -, c’était de se donner en spectacle. Ils n’avaient pas besoin de se genre de publicité - peut-être que le couple leur faisant miroir, Murphy finalement debout aux côtés de Seth, pouvait se permettre d’agir de la sorte mais ce n’était pas le cas des Williams. Ce n’était jamais le cas des William. Megan avait reprit les choses en main avant même que Damon ait pu prononcer la moindre parole, essayant d’apaiser la situation autant que possible. Que les rôles soient inversés de cette sorte avait un effet étrange. « Vous m’avez tous coupé l’appétit. » Et il était inclus dans le tous, cette fois-ci. « Vous allez bien ensemble. Deux pauvres ratés, rien de surprenant à ce que vous vous soyez trouvés. » - « Vous visiblement c'est pas trop ça, avec le petit-ami de Damon encore dans le tableau. » S’il n’y avait pas eu le bras de Megan en travers de son torse, le retenant de faire une idiotie supplémentaire - et tous les regards du restaurant tournés vers eux -, peut-être qu’il aurait relancé les hostilités. Il se contenta de mordre très fort l’intérieur de sa joue pour éviter de faire le moindre commentaire. Murphy n’avait aucune idée de quoi que ce soit, elle n’avait pas le droit de se permettre de tels commentaires. « C’est très bien Murphy. Tu t’es trouvé quelqu’un qui te ressemble. Je suis ravie pour toi. » L’italien n’était ravi de rien du tout, lui qui ne lâchait toujours pas le couple face à eux de son regard assombri. « Félicitations pour ta sobriété. » - « Félicitations pour ta carrière. Enfin tu l'as achetée en épousant monsieur parfait, je sais pas trop si on peut considérer que tout ça soit de ton fait, mais bon. » - « Elle a quelque-chose pour elle au moins, elle, contrairement à d’autres. » Ses paroles avaient sifflé entre ses dents, directement dirigées vers Murphy et sans aucune honte pour une fois. Peut-être effectivement que la position au sein de la famille Williams de Megan l’avait aidé dans cette ascension professionnelle, mais elle méritait amplement ce qui lui arrivait, Damon ne doutait pas un seul instant de cette partie là de l’histoire.

« On a plus rien à faire ici. » Megan était tournée vers lui désormais, et son regard s’encra à ses yeux: oui, il était temps qu’ils s’en aillent - et ce fut sur la lignée de sa promesse, celle de partir au moindre signe de sa part, que Damon hocha sèchement la tête sans une once d’hésitation. « Effectivement. » Son regard balaya à la fois leurs compagnons de soirée, que le reste de la soirée et la table parsemée de différentes tâches de couleurs désormais. Ils auraient pourtant pu passer une si bonne soirée. En homme bien élevé qu’il était, Damon laissa une petite liasse de billet au serveur en passant devant l’accueil du restaurant - cela servirait à couvrir les frais de la soirée, les dégâts allant avec et surtout le dérangement. Avantage de payer en liquide: aucun nom ne serait officiellement laissé sur place et les frasques de la soirée ne pourraient pas remonter plus loin que le seuil de la porte du restaurant. Lorsqu’ils émergèrent de ce dernier, Murphy et Seth avaient déjà disparu et c’était tant mieux: Damon ne voulait plus croiser leur chemin, il avait eu son quota. Attrapant la main de Megan, la serrant dans la sienne doucement, il héla un taxi afin qu'ils puissent rentrer au plus vite.