I just wanna stay in that lavender haze
Megan Williams & @Damon Williams

Sans Bali, Damon m’aurait-il incluse dans le programme qu’il a concocté pour l’anniversaire de son frère-cousin ? Je serais bien incapable de répondre à cette question si on me la posait mais, ce que je suis capable d’affirmer, c’est que ça n’a pas la moindre importance à mes yeux. Parfois, je me pose trop de questions mais, la majorité du temps, je fais partie de ceux qui foncent sans s’interroger. Et lorsque mon époux m’a proposé de les accompagner lui et Sloan au parc aquatique, je ne l’ai pas fait avant d’accepter. Damon me donne l’impression de tenter de ravir la place de préféré dans le cœur de son petit frère - puisque c’est ce qu’il est - alors qu’il n’a guère besoin de le faire. Les rares fois où j’ai passé du temps en compagnie de l’Italien et du petit garçon, ce dernier m’a donné l’impression d’observer son aîné avec des yeux ébahis. Bien sûr, il grandira certainement en ignorant le réel lien qui les lie tous les deux. Mais ce genre de chose n’a pas d’importance aux yeux des tout petits, si ?

Naturellement, j’ai proposé au blondinet d’aller acheter le nécessaire - de la crème solaire pour enfants et de quoi faire goûter Sloan - pour éviter d’avoir à avouer que je préférais éviter d’aller chercher l’enfant chez son père avec Damon. Depuis que je connais la vérité, que je sais réellement qui il est pour le jeune homme, je crains que cela soit écrit sur mon visage dès que je les observe tous les deux. Tant de choses font sens, ils ont l’air d’avoir bien plus de points communs que Damon n’en aura jamais avec Saül, et je n’ai pas envie de trahir Damon, d’être celle qui le forcera à avouer qu’il m’a dit la vérité.  

J’ai pianoté un message à Damon l’informant que je l’attendais en bas de l’appartement et, en montant dans la voiture, j’ai déposé un baiser sur ses lèvres. Avant de me tourner vers le petit garçon sagement installé dans son siège auto. L’avantage de grandir entre le foyer et différentes familles d’accueil, c’est que l’on apprend à veiller les uns sur les autres et à s’occuper d'enfants plus jeunes bien rapidement. Je suis à l’aise avec les bambins et, de toute façon, deux ans étant l’âge où ils commencent à être intarissable et à ne plus savoir s’arrêter de parler, Sloan a fait l’animation pratiquement tout seul pendant la totalité du trajet jusqu’au parc aquatique.

« Pas si vite bonhomme, il faut mettre la crème solaire avant. » A peine arrivés, Sloan s’imaginait déjà certainement sur les togogans mais, m’agenouillant à son niveau, je l’attrape doucement par la main. J’adresse un sourire au bambin, un sourire qui ne s’efface pas lorsque je tourne les yeux vers Damon. « Tu voulais le faire ou je m’en occupe ? » Je n’ai pas envie de prendre une place qui ne m'appartient pas : loin de moi l’envie de me mettre entre l’Italien et son petit frère, puisqu’il a proposé à Auden de le prendre avant tout pour passer du temps avec lui. « Moi une glace ! » Ce que je traduis sans mal par je veux une glace et je n’imagine pas mon mari refuser quoi que ce soit au petit garçon. « Tu veux que Damon aille te chercher une glace ? » Bien sûr, le bonhomme hoche vigoureusement la tête et, si je me débarrasse de mon t-shirt et de mon short pour les glisser dans le tote-bag que j’ai apporté avec moi et ainsi que retrouver en maillot de bain, je le fais sans quitter le petit garçon des yeux. Sans lâcher la main de Sloan, je me tourne vers Damon avec un sourire sur les lèvres. « Je crois que t’es obligé d’aller lui chercher une glace maintenant. On peut t’attendre ici, nous. » Sur le petit coin d’herbe à l’ombre où nous nous sommes pour l’instant installés, tentant de réprimer les ardeurs du garçon qui s’imagine déjà dans la piscine.
 

Damon avait su dès l’instant où il avait proposé ce programme à toutes les personnes impliquées que c’était une bonne idée. Autant pour Sloan, que pour lui, que pour Megan, que pour les duos qui se formaient à travers ce trio - et puis, même pour Auden, cela devait être agréable de voir son plus grand fils créer des occasions de passer du temps avec le plus jeune des deux. Ils y étaient tous gagnants, et tous comptaient profiter comme il se devait de cette escapade presque improvisée - ou tout du moins, organisée un peu à la dernière minute. Heureusement pour lui, aussi, Megan était débrouillarde et surtout prévoyante, si bien qu’elle s’était occupée de rassembler les éléments essentiels pour qu’un enfant de deux ans passe une belle journée au parc aquatique - ce que Damon n’avouerait pas, c’était qu’il y avait de fortes chances qu’il mange la moitié du gouter de Sloan à la place de ce dernier.

« Pas si vite bonhomme, il faut mettre la crème solaire avant. » Sloan fut coupé dans son élan par un Megan responsable et bienveillante, alors qu’il s’empressait déjà de partir à la recherche des toboggans. Ce fut presque avec un soupire de soulagement que l’italien ralentit le pas également, se concentrant d’hocher vigoureusement la tête aux dires de sa femme lorsque le petit bonhomme releva un regard presque attristé dans sa direction. » Tu voulais le faire ou je m’en occupe ? » Son regard passa du petit à la blonde, fronçant un brin les sourcils, secouant la tête la seconde suivante. « Non non vas-y, je t’en prie. » Il esquissa à la suite de ses mots un fin sourire. Il avait lu dans le regard de Megan cette envie de ne pas s’imposer là où elle n’était pas prévue à la base, mais cela ne dérangeait vraiment pas Damon qu’elle prenne ce type d’initiative; et puis sans elle, le gamin serait parti à l’eau sans crème et le jeune homme se serait surement fait appeler Arthur dès le lendemain en ramenant Sloan chez Auden.

« Moi une glace ! » - « Tu veux que Damon aille te chercher une glace ? » Bien sur qu’il voulait que Damon aille lui chercher une glace, et ce à peine une poignée de minutes après leur arrivée sur place - il était dix heures du matin, ça promettait pour le reste de la journée. Le problème dans tout ça, c’était que le Damon en question était bien incapable de donner quelconque réponse négative au petit bonhomme à ce type de requête. Il se savait fichu d’avance - mais n’était pas d’avance désolé pour autant. Et si ça n’avait pas été pour la distraction Megan le temps d’un instant, il serait déjà en chemin pour aller chercher une glace pour Sloan. « Je crois que t’es obligé d’aller lui chercher une glace maintenant. On peut t’attendre ici, nous. » - « Hm ? » Il haussa un sourcil, recarda son regard qui s’était concentré un instant sur des courbes qu’il apprenait à apprécier chaque jour un peu plus pour se concentrer désormais sur la situation dans son entièreté. « Ah oui, la glace. J’y vais. Je t’en prends une aussi ? » Le sourire qu’il esquissa en premier lui, accompagné d’un petit clin d’oeil, fut pour Sloan; le regard interrogateur à la suite fut pour la jeune femme. Il récupéra son téléphone qu’il avait glissé dans le sac de Megan avant de partir en quête de rafraichissements sur bâtonnets.

Il revint au bout d’une quinzaine de minutes, des verres de jus d’orange frais en plus des glaces tant attendues. Il déposa le tout sur le sol aux côtés de leur campement, et attrapa Sloan au passage alors qu’il courrait autour de lui pour l’asseoir sur ses genoux le temps qu’il mange sa glace. « Tiens, gamin. Et t’en mets pas partout hein ! On ira aux toboggans après. » Ouvrant le sachet plastique de la gourmandise sucrée - il avait pris pour Sloan une glace à l’eau qui ferait largement l’affaire -, il releva son regard en direction de Megan par la suite, son bras passé autour du gamin pour ne pas qu’il lui fasse faux bond et l’autre main attrapant son jus d’orange. « Il a pas été trop embêtant pendant que j’étais parti, ça va ? » - « Non ‘suis sage ! » - « Mange ta glace toi. » Il n’y avait aucune sévérité dans la voix de Damon, emplie au contraire de tendresse et d’amusement. « J’étais jamais venu ici, ça a l’air chouette en vrai. » Si on mettait de côté les toboggans d’une taille qui impressionnait d’avance l’italien.

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Megan Williams & @Damon Williams

« Non non vas-y, je t’en prie. » Je suis à l’aise avec Damon. Envolée la sensation de marcher sur des œufs avec l’homme que j’ai épousé, même si nous ne sommes pas encore un mariage réellement traditionnel. Ce n’est pas de ça qu’il était question, mais bien de mon envie de laisser Damon prendre la place qui lui fait envie de celui qui est en réalité son petit frère et pour lequel je devine qu’il ressent beaucoup de tendresse. Damon est un garçon doux, mais je ne l’ai jamais vu s’extasier sur les enfants comme font ceux qui aiment les tout-petits, tous les tout-petits. Sloan a une place privilégiée dans son cœur, je pourrais y mettre ma main au feu et, si pour qu’il se sente comme le grand-frère qu’il a envie d’être, il a besoin que je me retire de l’équation, je le ferai de bon gré. Je n’en suis que plus touchée qu’il me laisse la main et qu’il me laisse par la même occasion s’occuper du petit garçon. Moi, je suis une naturelle. Je ne me suis jamais demandé si cela signifiait pour autant que je possédais une forte fibre maternelle. Je suppose qu’un jour, la question se posera, mais pour l’instant je me contente de retourner ses sourires espiègles à Sloan avec douceur et tendresse, en espérant ainsi que le petit garçon sera docile et conciliant lors de l’étape crème solaire.

« Hm ? » Damon ne m’écoute pas tout à fait et, puisque ce n’est pas réellement son genre - il ne ressemble pas à ces hommes qui hochent la tête en se moquant bien de ce que racontent les gonzesses - je ne suis pas étonnée de surprendre son regard se balader sur mes courbes dans un maillot de bain qui ne laisse plus réellement de place à l’imagination. Je ne rougis pas - plus - mais cela n’empêche pas un immense sourire de se dessiner sur mon visage. « Ah oui, la glace. J’y vais. Je t’en prends une aussi ? » - « Ah, tes oreilles fonctionnent aussi bien que tes yeux, du coup. » Ma remarque est loin d’être un reproche ou une moquerie, en témoigne mon ton espiègle et la lueur amusée au fond de mes yeux. Sans lâcher la main du petit garçon, je dépose un sage baiser sur les lèvres du jeune homme. « Je veux bien. Quelque chose avec du chocolat. » Un cône de glace est la clé de mon cœur : n’avons-nous pas plaisanté de ça peu après notre rencontre, au point que l’emoji crème glacée soit devenu celui accolé à mon prénom dans le répertoire de l’Italien.  

Désireuse de remplir la mission qui m’a été confiée à bien, j’étale consciencieusement de l’écran total à Sloan qui, heureusement, préfère me fixer avec ses grands yeux plutôt que de songer à se débattre. Cette fois, c’est sur sa joue à lui que je plante un baiser, avant de sortir du sac de l’enfant la paire de brassards que son père a glissé là, de les lui enfiler et de terminer de les gonfler. Le plus dur dans tout ça, c’est peut-être de tenir Sloan tranquille en attendant que son “frère” revienne avec ce qu’il nous a demandé, mais semble déjà avoir oublié au profit des toboggans et autres activités aquatiques.

« Tiens, gamin. Et t’en mets pas partout hein ! On ira aux toboggans après. » Sloan, déjà prêt à se précipiter à l’eau, est tempéré dans ses ardeurs par un Damon qui l’attrape pour l’attirer contre lui et l’installer sur ses genoux. « Si t’arrives à faire tenir en place un gamin de deux ans, c’est un sacré exploit. » Le petit garçon gigote sur les genoux de son frère qui le maintient en place en passant un bras autour de ses épaules. « Il a pas été trop embêtant pendant que j’étais parti, ça va ? » Sloan ne me laisse aucunement l’occasion de répondre. « Non ‘suis sage ! » - « Mange ta glace toi. » Amusée - et assez attendrie pour ne pas vouloir l’admettre - je secoue la tête en souriant. « J’aurais pas dit mieux. » Même s’il est difficile d’imaginer comment Auden, l’enfant terrible, le mouton noir de la famille Williams, a pu élever un garçon aussi sage, je suis obligée d’admettre que l’enfant a tout d’un ange. En tout cas pour l’instant.

« Merci. » Pour ma glace, jusque-là posée sur le plateau, que j’attrape, j’ouvre, et déguste moi aussi avec mon âme d’enfant. Ce faisant, je surprends l’Italien en pleine réflexion, contemplation, ou perdu dans ses pensées. « J’étais jamais venu ici, ça a l’air chouette en vrai. » - « Moi non plus. » Mais il doit s’en douter ou, en tout cas, c’est assez facile à deviner lorsqu’on sait de quel milieu je viens, lorsqu’on connaît le peu d’intérêt que je représentais aux yeux de ma mère ou, en tout cas, face à l’alcool et aux drogues dures. « Mais j’en entendais parler à l’école, tous les enfants de son âge et les plus grands, avaient l’air de penser que c’était le plus bel endroit au monde. » La petite fille que j’étais à l’époque écoutait ça avec envie et tristesse, mais, si je suis loin d’avoir fait la paix avec mon passé, je n’ai pas l’intention de laisser ce genre de choses gâcher cette belle journée. « Y’avait pas ce genre d’endroit en Italie ? » Je suis certaine que si, mais que Saül ne devait pas avoir grand chose à faire d’y emmener son fils unique. Il devait considérer ce genre d’endroits comme futiles et une vraie perte de temps. Je sais de lui qu’il a pratiqué l’escrime, un sport qui me semble peu amusant pour un si petit enfant. « Attends, tu t’en es mis là. » Ce n’est pas au petit garçon que je parle, c’est bien sur le menton de Damon que de la glace coule, et que je l’essuie du bout des doigts.    

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« Ah, tes oreilles fonctionnent aussi bien que tes yeux, du coup. » Tel l’adulte qu’il était - non -, Damon tira la langue à Megan à la suite de sa remarque; comme s’il était vraiment vexé qu’une quelconque façon. Il était plutôt vexé d’avoir été pris la main dans le sac, surtout. « Je veux bien. Quelque chose avec du chocolat. » - Il lui rendit son baiser. « J’aurais pu m’en douter en fait. » Disons que s’il n’avait pas été autant occupé à profiter du paysage, il aurait eu les réponses à ses questions avant même d’avoir posé ces dernières.

Les mains chargées de glaces et de jus, l’italien retrouva le confort de leur petit coin d’ombre une poignée de minutes plus tard; il put s’apercevoir pendant ce temps là que Megan avait mené à bien de son côté sa mission de préparer Sloan à la suite du programme de l’après-midi. Attrapant le petit garçon pour l’asseoir sur ses genoux le temps qu’il déguste sa glace, Damon eut du mal à ne pas partir à la renverse et à attraper son jus sans le renverser par la suite. « Si t’arrives à faire tenir en place un gamin de deux ans, c’est un sacré exploit. » - « Y’a pas de raison. » Il ébouriffa d’une main les cheveux de son petit frère, avant de passer cette dernière autour de lui afin d’éviter qu’il ne se mette à courir partout avec son bâtonnet glacé à la main; non seulement il allait en mettre partout, mais il risquait de se faire mal par la même occasion et le but était de le ramener en un seul morceau sans passer par la case urgences avant demain. « J’aurais pas dit mieux. » La jeune femme appuyait ses propos, qui plus était, donc le gamin n’avait plus vraiment son mot à dire - il lui adressa un petit sourire amusé et complice.

« Merci. » Il hocha la tête distraitement aux remerciements de la jeune femme - ce n’était vraiment pas grand chose. « Moi non plus. » Qu’elle renchérit finalement lorsqu’il constata ne jamais avoir mis les pieds dans cet endroit. De l’Australie, cette terre d’accueil et d’asile, Damon ne connaissait finalement pas grand chose alors qu’il y avait surement bien plus à découvrir que l’intérieur d’un bâtiment vitré de quarante-deux étages et celui d’un appartement bien trop luxueux surement pour quelqu’un de son âge.  Peut-être pas que des parcs aquatiques non plus, mais c’était un début sur la liste des découvertes qui lui restaient à faire. « Mais j’en entendais parler à l’école, tous les enfants de son âge et les plus grands, avaient l’air de penser que c’était le plus bel endroit au monde. » Il étira un petit sourire un brin attendri. « Quand on est enfants, les toboggans aquatiques sont toujours le plus bel endroit du monde. » Au mot toboggan, Sloan se mit de nouveau à s’agiter sur ses genoux - Damon le replaça correctement pour qu’il puisse terminer son gouter de début de journée tranquillement. Il en profita pour attraper sa propre glace dans la foulée, n’ayant pas fait très original et ayant pris une glace à l’eau comme pour son frère. « Y’avait pas ce genre d’endroit en Italie ? » Il tourna son regard vers Megan, croquant dans le bâtonnet coloré, hochant légèrement la tête. « Oh, y’en a si. » Il déglutit, brulant son oesophage avec le froid au passage. « J’y suis allé une fois ou deux je crois avec l’école justement. Mais autant te dire que c’était pas le genre d’endroit qu’on côtoyait en… dehors de l’école. » Il allait dire en famille, mais Sloan était à l’âge où reporter les choses qu’il entendait pouvait devenir habitude et malgré tout, Damon ne désirait pas qu’il colporte des paroles négatives que lui aurait pu dire.

« Attends, tu t’en es mis là. » Jusqu’au moment où son regard se posa sur son menton à lui et que sa main monta jusqu’à ce dernier, Damon pensait qu’elle s’adressait à Sloan - si bien que ce fut un rire franc qui s’échappa de ses lèvres ensuite lorsqu’il comprit et vit que c’était à lui qu’elle parlait. « En fait, t’es venue avec deux enfants aujourd’hui. » Parce-que le jeune italien avait beau être considéré comme un adulte dans le monde, il n’en était en rien un et ses habitudes correspondaient plus à un jeune homme encore en pleine croisante et apprentissage parfois. Il reposa son regard sur le visage de Megan, un air amusé accroché à ce dernier. « Toi bien sur que t’arrives à pas t’en mettre partout. » Pour être sur de ne pas avoir idiot plus longtemps, ou plutôt tout seul, il appuya le bout de sa propre glace sur le nez de Megan afin qu’elle ait une trace de sucre sur ce dernier à son tour. « Quel dommage, maintenant on est trois à être barbouillés ! » Un très grand enfant. Lâchant un instant Sloan, ce dernier étant de toutes façons complètement absorbé par l’idée de terminer sa glace le plus rapidement possible - bientôt, il se mettrait à courir partout et le temps de répit des deux jeunes gens serait terminé -, Damon attrapa délicatement le menton de Megan afin d’attirer son visage vers le sien; mimant de lui manger le bout du nez pour retirer la glace qu’il avait lui-même mis l’instant d’avant. Posant ses lèvres sur les siens un instant par la suite. Un sourire amusé tranchait les traits de son visage, à l’italien. « Faudrait apprendre à manger correctement, madame. »

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« Y’a pas de raison. » J’observe le duo de jeunes frères avec un sourire attendri sur les lèvres, avant de hausser un sourcil et de remettre en question les expériences de Damon en termes de gardiennage d’enfant, surtout d’enfants de cet âge là. Après tout, l’Italien est fils unique, et je doute qu’il ait eu dans son enfance besoin d’argent de poche et d’accepter des petits boulots pour en obtenir. Quand on s’appelle Damon Williams, il n’y a pas besoin de faire du baby sitting ou de bosser dans un café pour arrondir les fins de mois : il suffit de piocher dans son compte épargne qui est certainement bien fourni depuis le jour de sa naissance. Je n’ai jamais jugé le jeune homme en me basant sur le milieu dont il vient et les privilèges dont il a toujours joui : je sais qu’il ne faut pas se fier aux apparences, et que c’est loin d’être synonyme d’enfance heureuse et épanouie pour autant. « ”Y’a pas de raison” ? Combien d'enfants de deux ans t’as déjà gardé dans ta vie, dis moi ? » Je ne me moque pas ou à peine : je le houspille avec un charmant sourire sur les lèvres. La vérité, c’est que je les trouve parfaitement adorables, lui et Sloan. Et j’ignore si je suis biaisée parce que je connais la vérité, mais je trouve déjà au petit garçon des ressemblances physiques avec son grand-frère. L’un est blond comme l’est blés quand l’autre est brun, mais il y a quelque chose dans la forme de leur visage à tous les deux. « Suffit de cligner des yeux pour que ça parte en courant, à cet âge. Hein crapule ? » Je chatouille gentiment les côtes du garçonnet, qui se tortille et menace de coller sa glace un peu partout. Je la rattrape in extrémis pour la lui remettre dans les mains d’un Sloan toujours sur les genoux de son demi-frère.

« Quand on est enfants, les toboggans aquatiques sont toujours le plus bel endroit du monde. » Un voile de tristesse passe devant mon regard, et je tente de le chasser en battant des cils et en glissant mon regard sur les attractions aquatiques qui nous entourent. « Le truc de ma mère, c’était de promettre qu’elle m’emmènerait voir les baleines la prochaine fois. » Sloan répète plusieurs fois le mot baleine en m’entendant, et je lui passe une main dans les cheveux. « T’aimerais y aller un jour mon grand ? » Visiblement oui, mais il se contente d'opiner du chef vivement et à répétition, de nouveau bien trop concentré sur sa glace pour prendre la peine de me répondre à voix haute. « On y est jamais allées, tu t’en doute. J’ai juste eu le droit à une peluche en baleine qu’elle avait certainement v-o-l-é-e. » Ce dernier mot, je l’épèle plutôt que de le prononcer, ne sachant pas trop ce que le petit garçon est en âge de comprendre ou pas, et ce qui pourrait le marquer ou le choquer. « C’est l’un des premiers trucs que j’ai fait quand j’ai commencé à gagner un peu d’argent. C’était chouette, mais rien à voir avec l’idée que je m’en faisais. Y’a beaucoup de choses qui paraissent bien plus géniales qu’elles le sont réellement quand on est gamins, je pense. » Ou peut-être avais-je placé en cette sortie tellement d’attentes qu’elle a pris des couleurs de mythe inatteignable pour moi et que, dans tous les cas, la réalité n’aurait jamais pu s’élever au niveau de mes fantasmes d’enfants. Peut-être aussi que c’était simplement l’idée de le faire avec ma maman, qui me faisait briller les yeux. Toutefois, ce n’est pas le genre de pensées parasites que j’ai envie de nourrir aujourd’hui. J’entends bien profiter de cette bulle de douceur, et je chasse bien vite tout sentiment négatif. « Oh, y’en a si. J’y suis allé une fois ou deux je crois avec l’école justement. Mais autant te dire que c’était pas le genre d’endroit qu’on côtoyait en… dehors de l’école. » - « Ça veut dire que c’était un signe, que ça devait être ça notre premier date ? » Certains vont au restaurant ou au cinéma. Au moins, nous n’en finissons jamais d’être originaux, nous et notre relation. J’éclate de rire, en pensant à toutes ces choses que nous pouvons faire ensemble : nous n’avons plus de limite ou barrière, et n’en connaissons pas de financière.

« En fait, t’es venue avec deux enfants aujourd’hui. » - « Je dois t’avouer quelque chose : je m’y étais un peu préparée. » Il n’y a qu’à voir Damon lorsque je lui place une console entre les mains. Nous sommes jeunes tous les deux : il n’y a rien de surprenant à ce que nous ayons - dans certaines circonstances - conservé une âme d’enfant. Lui un peu plus que moi, de toute évidence. Un sourire amusé sur les lèvres, je mets mon doigt dans ma bouche après avoir essuyé le menton de mon mari. La glace a un bon goût sucré. « Toi bien sûr que t’arrives à pas t’en mettre partout. » - « C’est fou hein d’avoir appris à faire ça ? » Je le cherche bien innocemment et, sans grande surprise, le blond rentre dans mon jeu. Sa glace s’écrase sur mon nez avec une délicatesse qui est propre à l’Italien, et j’éclate de rire en basculant ma tête en arrière. C’était prévisible, mais l’instant n’en est pas moins léger est délicieux. « Quel dommage, maintenant on est trois à être barbouillés ! » En bonne actrice, j’entrouvre les lèvres et prends mon plus bel air choqué. Ses lèvres s’approchent de mon nez, ses dents se ferment sur de l’air à quelques centimètres de ce dernier, comme s’il s’apprêtait à effacer ses bêtises enfantine de la plus adorable des façons mais il arrête son geste au dernier moment. Finalement, ce sont mes lèvres que viennent trouver les siennes, et c’est un baiser tout sauf enfantin que nous échangeons. « Faudrait apprendre à manger correctement, madame. » - « T’es même pas allé au bout de ta connerie. » Je ne me serais pas indignée qu’il efface la trace de sucre et de crème sur ma peau avec ses lèvres ou sa langue. Je glisse une main dans sa nuque, avant de hausser mes deux sourcils. « Tu pourrais quand même. Faire un effort. » Je l’embrasse à nouveau, et le ballet de nos deux langues n’est interrompu que par un mouvement entre nous, puis à quelques centimètres. Le petit démon - celui de deux ans, pas celui de vingt-deux - s’échappe avec une discussion relative et, entre deux éclats de rire, je me redresse d’un bon pour lui courir après, suivie de près par Damon. Lorsque j’atteins le petit garçon - il n’est pas allé loin - je le soulève de terre pour le prendre dans mes bras, incapable de m’arrêter de rire. Sa glace s’est - évidemment écrasée par terre, preuve que les enfants ne restent pas concentrés sur la même chose bien longtemps. « Y’a pas de raison, c’est ce que tu disais hein ? » Je replace le gamin entre mes bras, puisqu’il s’appliquait à s’enfuir à la façon d’une anguille. « T’es pressé d’aller aux toboggans toi hein ? Damon est même pas encore en maillot de bain ! » Et surtout, il suppliait pour une glace il y a cinq minutes à peine. (Sloan, pas Damon, puisque la confusion est possible.) « Tu veux commencer par lesquels ? » Le petit garçon - la bouche pleine de sucre - marmonne quelque chose qui ressemble à « Les plus grands ! » et je lève à nouveau mon regard vers monsieur Williams. « Les plus grands qu’il a le droit de faire, ça devrait aller. » Parce que quand on est haut comme trois pommes, on a malheureusement pas le droit aux sensations les plus fortes des parcs de ce genre.
 

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« ”Y’a pas de raison” ? Combien d'enfants de deux ans t’as déjà gardé dans ta vie, dis moi ? » Il fronça le bout du nez; et s’il n’y avait pas eu une part si grande de vérité dans ce que disait Megan, il aurait surement pris la mouche d’être un imposteur de la sorte. Le but de la jeune femme n’était pas de se moquer de lui - ou alors avec une gentillesse qui faisait passer la pilule plus facilement. « J’ai gardé Abel plusieurs fois, ça compte ? » Mais Abel n’était pas Sloan: bien que tous les deux adorables, le fils de Saül était une réplique de ce qu’avait pu être Damon à l’époque, c’est-à-dire un enfant bien trop sage par rapport à la personne qui l’aidait à grandir. « Suffit de cligner des yeux pour que ça parte en courant, à cet âge. Hein crapule ? » Il y en avait un que la situation faisait beaucoup rire, en tous cas.

« Le truc de ma mère, c’était de promettre qu’elle m’emmènerait voir les baleines la prochaine fois. » Différentes circonstances, raisons presque similaires: dans tous les cas, les enfants qui étaient au centre de ces situations s’étaient retrouvés déçus par leur parent. Lorsque l’on est enfant, cependant, c’était là le type de paroles auxquelles il était facile de croire, et à partir desquelles il était tout aussi simple de se mettre à rêver - il n’y avait qu’à voir la facilité avec laquelle Sloan s’était mis à répéter le mot baleine sans aucune raison, comme s’il découvrait la nouvelle merveille du monde. « T’aimerais y aller un jour mon grand ? » L’émerveillement serait de mise, il n’y avait même pas besoin de parier pour le savoir d’avance. « On y est jamais allées, tu t’en doute. J’ai juste eu le droit à une peluche en baleine qu’elle avait certainement v-o-l-é-e. » Malgré tout, ce fut avec un petit sourire qu’il écouta Megan épeler le dernier mot, agissant ainsi il avait parfaitement compris pour préserver Sloan. Effectivement, elle avait de biens meilleurs réflexes que lui lorsqu’il s’agissait des enfants. « C’est l’un des premiers trucs que j’ai fait quand j’ai commencé à gagner un peu d’argent. C’était chouette, mais rien à voir avec l’idée que je m’en faisais. Y’a beaucoup de choses qui paraissent bien plus géniales qu’elles le sont réellement quand on est gamins, je pense. » Il esquissa une petite moue désolée. « Surement oui. Et puis, tu y allais surement avec tes attentes de gamine. » Autrement dit ici: elle allait sur place avec des faux souvenirs déjà forgés à travers des espoirs avortés. La chute était d’autant plus rude, dans ces moments là. L’avantage qu’avait la vie d’adulte sur celle d’enfant, c’était de pouvoir apprendre à corriger les erreurs qui avaient été faites dans le passé pour se forger d’autres souvenirs plus doux, plus agréables. « Ça veut dire que c’était un signe, que ça devait être ça notre premier date ? » Le rire de Damon rejoignit rapidement celui de la blonde. « Peut-être, oui. Si jamais: je suis jamais allé voir les baleines. » Ca pourrait constituer une nouvelle idée de rendez-vous insolite et qui pourrait permettre de construire des souvenirs plus agréables à se remémorer.

« Je dois t’avouer quelque chose : je m’y étais un peu préparée. » Le jeune italien feint une surprise qui n’en était rien, en réalité. Bien sur qu’elle s’était préparée à passer la journée avec deux enfants: l’un ayant tous les droits d’agir comme tel puisqu’en était vraiment un, l’autre ayant oublié qu’il était le responsable du premier cité et qu’il ne pouvait se permettre d’agir comme tel, justement. Alors, afin de continuer à jouer le jeu, afin d’ajouter une couche d’innocence qui n’était même pas nécessaire en réalité, il continuerait de taquiner Megan jusqu’à temps qu’elle décide en avoir marre de lui. « C’est fou hein d’avoir appris à faire ça ? » - « Incroyable, même. » Tellement qu’il allait lui-même s’assurer que cela ne reste pas le cas bien longtemps, appuyant sa propre glace contre le nez de la jeune femme, la faisant rire au passage. Alors, bien sur qu’il était d’autant plus fier de lui si elle régissait comme ça. Et s’il avait voulu, vraiment voulu, il aurait pu aller plus loin dans les idioties mais se retint au dernier moment, se contenta de partager un baiser avec Megan. « T’es même pas allé au bout de ta connerie. » - « Bêtise. Au bout de ma bêtise. » Il feinta faire les gros yeux à sa femme, lui rappelant d’un mouvement de menton que petit Sloan était toujours là pour écouter aux portes. « Tu pourrais quand même. Faire un effort. » Il haussa un sourcil à son tour. « Je sais me tenir en public, madame voyons. » Ces paroles étaient vraies, et il aurait voulu y croire plus longtemps si ce n’était pour le baiser qu’ils partagèrent par la suite qui n’entrait que très moyennement dans la catégorie de savoir parfaitement se tenir en public. Assez en tous cas pour qu’une des mains de Damon se glisse autour de la taille de la blonde pour l’attirer un peu plus vers lui.

Et il se serait finalement bien plu à explorer cette possibilité là plus longtemps, si ça n’avait pas été pour Sloan qui en profita à ce moment là pour échapper à la vigilance des deux jeune gens en se mettant à courir un peu dans tous les sens mais surtout en direction des piscines et toboggans, sa glace relativement terminée toujours à la main. Megan fut, bien sur, la première à réagir, déjà debout à se mettre à courir après le bambin dans un éclat de rire là où Damon mit un instant de plus avant de se lever à son tour et de les suivre. Le temps d’arriver à leurs côtés, la glace avait déjà trouvé le sol et Megan avait Sloan dans ses bras. « Y’a pas de raison, c’est ce que tu disais hein ? » - « Eh ! Si j'avais pas été distrait aussi, je l’aurais vu venir. » Il haussa un sourcil dans sa direction, l’accusant ouvertement sans même s’en cacher. Après tout, avant qu’elle ne détourne son attention d’un baiser qui se voulait envoutant, il était parfaitement à même de veiller sur Sloan du coin de l’oeil. « T’es pressé d’aller aux toboggans toi hein ? Damon est même pas encore en maillot de bain ! Tu veux commencer par lesquels ? » Effectivement, il était passé outre ce détail mais il n’avait pas encore enfilé son maillot de bain dans cette histoire. « Les plus grands ! » - « Les plus grands qu’il a le droit de faire, ça devrait aller. » - « Je vois que la situation est sous contrôle, je vais me changer rapidement je reviens. »

***
« Vite, viiiiiite ! » Damon peinait à garder la main du petit garçon dans la sienne, alors qu’il tirait sur son bras comme si sa vie en dépendant. L’avantage d’aller à la piscine avec un garçon de deux ans, c’était que les toboggans n’étaient pas si grands que cela. Le désavantage d’aller à la piscine avec un garçon de deux ans, c’était qu’il n’avait aucune notion du danger et que bien sur il voulait faire des glissades toujours plus hautes et toujours plus grandes. Si pour une partie des attractions, Sloan pouvait descendre seul sans soucis, ce n’était pas cette portion là qui posait soucis: pour une bonne majorité, il devait être accompagné d’un adulte. Sauf que l’adulte en question ici, c’était Damon et que lui avait peur dans les toboggans - bien qu’il était supposé être en âge où ce n’était pas le cas. « Oui bah, vite vite on a pas le droit de courir autour des piscines Sloan. » Et surtout qu’il était à deux doigts de faire demi-tour… Sauf qu’il avait promis au gamin qu’il ferait avec lui toutes les toboggans qu’il voulait: sa bonté le perdrait un jour. « Vite le togoggan ! » De toutes façons, c’était à leur tour. Alors, déglutissant avec peine et adressant un petit sourire coincé au maitre nageur qui lui riait bien derrière sa main portée à son visage, Damon glissa vite le long du toboggan pour rejoindre la piscine en contre-bas. Sloan riait aux éclats, lui était bien moins rassuré. Il se contenta par la suite de sortir de l’eau pour se diriger vers Megan. « T’as pas envie de faire des glissades par hasard, hein ? » Il irait bien fumer une clope, lui, par exemple.

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Bien sûr que ça compte. Abel est autant son petit frère que Sloan l’est, aussi difficile soit la situation et même si Damon n’est pas encore prêt pour tout ça. Accepter le petit garçon dans sa vie ce n’est pas pardonner Saül pour autant, mais je crois qu’il est encore trop tôt pour brusquer le jeune Italien à ce sujet-là alors je ne me permets aucune remarque. Je me contente de hocher la tête et de lui adresser un sourire, sans pouvoir m’empêcher de sentir une pointe de tristesse en pensant à ce petit garçon qui grandira peut-être en pensant que Damon est son demi-frère biologique mais qu’il ne veut pas avoir grand-chose à faire avec lui. Grandir avec Saül est déjà assez compliqué comme ça, cet enfant aura besoin de tout le soutien qu’il peut trouver.

« Surement oui. Et puis, tu y allais surement avec tes attentes de gamine. » J’esquisse un sourire puisque Damon vise juste et qu’il a entièrement raison. Je suis allée là-bas à dix-neuf ans après avoir économisé les cinquante euros que coûte la mini croisière, mais avec les attente d’une enfant de dix ans s’attendant à être émerveillée. Et j’y suis allée seule, c’est peut-être aussi là que réside le problème : ce que j’attendais avec tant d’entrain c’était certainement en grande partie de pouvoir passer un moment privilégié avec ma maman, pas tant de pouvoir apercevoir ces animaux majestueux. « Peut-être, oui. Si jamais: je suis jamais allé voir les baleines. » J’écarquille les yeux, et réponds avec un naturel impossible à feindre. « Comment c’est possible après autant de temps en Australie ? Jamais au Canada non plus ? » Comment peut-il avoir vécu autant d’années dans des pays qui proposent ce genre d’attraction sans jamais en profiter ? Quel est l’intérêt d’avoir autant d’argent si on ne vit rien ? Je lui glisse un sourire amusé, un amusement perceptible également dans mon ton dès que je lui réponds. « T’as envie d’aller découvrir les baleines, Damon ? » Nous devrons attendre, puisqu’il est impossible d’en apercevoir en plein été et une bonne partie de l’automne, mais nous avons des tas de choses à faire ensemble et tout le temps pour les faire, j’ai envie d’y croire. « Le bateau secoue, je préfère te prévenir. On peut pas les voir depuis un yatch. » Je le houspille gentiment, sans chercher à me moquer de lui, pas le moins du monde.

« Bêtise. Au bout de ma bêtise. » Je replie mes lèvres sur elles-mêmes et écarquille les yeux, prenant la réprimande avec humour. Cet enfant est élevé par Auden Williams, pourtant, nous continuons à nous conduire comme s’il fallait lui éviter toute parole choquante. « Je sais me tenir en public, madame voyons. » Le baiser que nous échangeons a pourtant tendance à indiquer le contraire, il est tout juste adapté à un endroit comme celui où nous nous trouvons, fréquenté par des familles avec des enfants de tous les âges. Pourtant, je m’en moque. Je profite encore de cette immunité communément accordée aux jeunes couples – surtout aux jeunes couples mariés et finalement, nous en sommes encore un – pour agir comme si personne ne nous regardait. Et également comme si un bambin de deux ans n’était pas en train de nous filer entre les doigts. Je réagis avant Damon, certainement parce que je m’attendais presque à ce que le garçonnet s’enfuie. C’est courant, à cet âge-là. Surtout quand on leur a promis une journée au parc aquatique et que les adultes semblent plus occupés à se dévorer du regard – et pas uniquement. Le petit garçon à nouveau dans les bras – il se débat en riant avec moi, signe qu’il m’a visiblement acceptée – je pousse presque un soupir de soulagement, rattrapée bien rapidement par Damon. « Eh ! Si j'avais pas été distrait aussi, je l’aurais vu venir. » - « Quelle idée aussi d’être distrait. Concentre-toi Damon. » Je lui adresse un clin d’œil avant de me mordre la lèvre. Finalement, je m’applique à moi-même le même conseil : je me concentre, dépose le petit garçon au sol et attrape sa main. « Je vois que la situation est sous contrôle, je vais me changer rapidement je reviens. » Je hoche la tête et, ma main dans celle de Sloan, j’observe le jeune homme s’éloigner en me faisant la remarque que cela ne m’aurait pas gênée qu’il se change sous mes yeux.

***

C’est à Damon de tenir la main du petit garçon, à lui de le surveiller et d’être responsable et à mon tour de le reluquer lui sans la moindre gêne ou pudeur. Mon regard sur promène sur ses abdos dessinés de l’Italien, spectacle bien plus intéressant que les curieux et familles qui glissent le long du toboggan. Damon et son petit-frère sont tous les deux dans la queue et, plutôt que de les accompagner, je les attends en bas, riant sans retenue à chaque fois que je croise le regard de Damon pour constater qu’il n’est pas rassuré. La pente n’est pas bien importante, pourtant. C’est attendrissant, de le voir sacrifier son confort au profit de l’amusement du petit-garçon qui n’aurait pas pu monter sur l’attraction sans être accompagné d’un adulte. Cela lui ressemble bien, d’être effrayé et de malgré tout prendre sur lui parce que le bonheur de Sloan est plus important à ses yeux que le reste. Et en effet, les deux blonds arrivent en bas ébouriffés, et celui qui a l’air effrayé n’est pourtant pas le petit garçon. « T’as pas envie de faire des glissades par hasard, hein ? » J’éclate de rire, et c’est à Sloan que je réponds. « Damon a la trouille, t’as pas l’impression Sloan ? » J’adresse un clin d’œil complice et exagéré au petit garçon, et je tire la langue à mon époux. « T’as envie d’aller faire du toboggan avec moi mon grand ? Promis, je crierai pas comme une fille. » Pour prouver à Damon que la moquerie est bien gentille, je lui tends la main pour l’aider à quitter la piscine et, une fois qu’il a retrouvé la terre ferme, je dépose un baiser sur ses lèvres. « Je prends le relai pour le prochain, t’en fais pas. » Je glisse ma seconde main dans celle du petit garçon, et coule un regard en direction du jeune homme. « On le garde ce soir, c’est ça ? » J’attends la réponse de Damon, avant de m’adresser au plus jeune. « Tu veux manger quelque chose en particulier ? » Evidemment, pourquoi est-ce que je pose simplement la question. « Des cookies ! » Du sucre, j’aurais dû m’en douter. Mais après tout, nous fêtons l’anniversaire du petit garçon, n’est-il pas supposé pouvoir obtenir tout ce qu’il désire ? « Et tu veux que ce soit Damon qui cuisine ou moi ? » Timidement, Sloan tire sur la main de Damon et j’explose de rire, avant de me pencher vers Damon pour murmurer à son oreille. « Je t’aiderai. Faudrait pas qu’il fasse une intoxication alimentaire pour son anniversaire. » Et la première fois qu’Auden nous le confie sur une journée, en plus.
   

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***
La surprise sur les traits de la jeune femme fut de mise, et en réalité, Damon ne fut de son côté pas tant étonné que ça de la voir réagir de la sorte. « Comment c’est possible après autant de temps en Australie ? Jamais au Canada non plus ? » Avec un petit rire, il secoua légèrement la tête. « Jamais au Canada non plus. Et je te rappelle que ça fait pas si longtemps que ça que je suis en Australie et que ça a clairement pas été ma priorité. » Pas si longtemps que ça qu’il était en Australie, contre le double d’années passées au Canada en revanche. Mais il n’y avait qu’à analyser juste un instant le schéma familial du jeune homme pour comprendre que finalement, qu’il n’ait pas été voir les baleines en Amérique n’avait rien de surprenant. Ce n’était pas Saül toujours absent qui allait l’y emmener, et Elise était malheureusement trop coincée pour ce type d’aventures. « T’as envie d’aller découvrir les baleines, Damon ? Le bateau secoue, je préfère te prévenir. On peut pas les voir depuis un yatch. » Le ton de Megan était autant amusé que taquin, à travers ses paroles. « Ah-ah, moque toi. » Damon lui tira la langue un instant, cachant son geste de sa main pour pas que Sloan le voit faire. « J’irais bien voir les baleines pour de vrai, par contre. » Parce-que s’il y avait un fond d’humour dans leur conversation, c’était là une activité qui intéressait l’italien. La jeune femme soulignait un point qui effectivement pourrait être problématique - il n’était pas sur de ne pas avoir le vrai mal de mer -, mais il était prêt à essayer en tous cas. » Tu voudras m’accompagner, Megan ? » Un date un peu hors du commun mais qui pourrait leur permettre de forger de précieux souvenirs tous les deux.

« Quelle idée aussi d’être distrait. Concentre-toi Damon. » Il pinça ses lèvres, retenant un soupire amusé mine de rien, alors qu’elle osait lui faire un clin d’oeil. « Quelle idée oui, tiens, on se demande à cause de qui. » De son côté, Sloan se laissait aller à des rires qui signifiaient que finalement, se laisser rattraper par les adultes n’était pas si pire que ça. Laissant les deux ensemble le temps d’aller se changer, l’italien vola tout de même un baiser à Megan avant de partir - comme s’il allait s’éloigner pendant trois jours, comme si c’était nécessaire en réalité autre que pour compléter un besoin et une satisfaction personnelle.

***
Bien sur, il aurait pu parier: la première réaction de Megan fut d’éclater de rire alors qu’il lui demandait si elle ne désirait pas faire des glissades le long des toboggans par hasard - pas comme s’il ne supportait que très peu cette activité de son côté, voyons, c’était à peine inscrit en énormes lettres sur son visage. « Damon a la trouille, t’as pas l’impression Sloan ? » Lorsqu’elle tira la langue, il fit une moue prononcée. Peut-être était-ce une partie de son maigre égo qui répondait en agissant ainsi, mais tout de même: il était assez vexé tout seul de ne pas réussir à faire de simples descentes avec son frère sans se trouver à moitié mort de trouille. « T’as envie d’aller faire du toboggan avec moi mon grand ? Promis, je crierai pas comme une fille. » Elle retourna son attention sur l’adulte des deux Williams ensuite, lui tendant la main pour l’aider à sortir de la piscine comme signe de paix. Un instant, il hésita à attraper sa main pour la tirer dans l’eau d’un coup sans préavis; mais Sloan se trouvait trop proche et risquait d’être amoché au passage s’il agissait ainsi, et il n’était pas question de lui faire mal même sans intention. Il se contenta donc d’attraper la main de Megan et de se hisser sur le bord de la piscine, s’asseyant sur la margelle. « Je prends le relai pour le prochain, t’en fais pas. » Il ne cacha pas le soupire de soulagement. « Merci. »

« On le garde ce soir, c’est ça ? » - « Yep, je le ramène demain matin. » Ce fut vers Sloan qu’elle tourna son intention ensuite. « Tu veux manger quelque chose en particulier ? » - « Des cookies ! » Bien sur qu’il voulait manger quelque-chose de sucré plutôt qu’un vrai repas: il avait deux ans et pas ses parents sur le dos pour lui dire non. « Et tu veux que ce soit Damon qui cuisine ou moi ? » Il sentit Sloan tirer doucement sur sa main et dut retenir un petit rire étranglé - Megan elle laissa libre court à son rire, et cela tira en supplément un petit sourire à l’italien. « Je t’aiderai. Faudrait pas qu’il fasse une intoxication alimentaire pour son anniversaire. » Il se pencha de la même façon près de son oreille à elle pour répondre. « C’est ce qui arrivera si tu m’aides pas de toutes façons. Alors je prends toute l’aide existante. » Pas qu’il était réellement mauvais derrière les fourneaux, mais disons qu’il n’était pas non plus particulièrement doué. Il se permit d’ajouter un mot ou deux pendant qu’il était proche de son oreille. « J’en profite pendant qu’il va être avec toi aux toboggans pour aller fumer une clope. Oui promis un jour j’arrêterai, et t’es sacrément mignonne dans ce maillot. » Il déposa un baiser le long de sa mâchoire, petit sourire aux lèvres témoignant qu’il était effectivement satisfait d’utiliser l’idée du compliment pour échapper à une remontrance, avant de se lever et d’effectivement s’éclipser une poignée de minutes tout au plus.

Ce fut avec son téléphone dans la main qu’il revint au bord de la piscine, prenant une vidéo de Megan et Sloan descendant le long de l’un des plus grands toboggans, sourires et rires de mise - autant du côté de ceux pratiquant les attractions que du côté de Damon, resté sur le bord. Finalement, s’occuper de document la sortie lui était suffisant. Il ouvrit en grand la serviette de vain lorsqu’ils s’approchèrent de lui pour envelopper le petit garçon dans cette dernière, ébouriffant ses cheveux au passage. « Alors, ça t’a plu ? » Hochant vigoureusement la tête, Sloan s’accrochait désormais au cou de Damon - il le souleva pour le prendre dans ses bras, toujours enroulé dans la serviette, sans aucun mal. Oh, les yeux commençaient à avoir du mal à rester ouverts. « Et toi, ça t’a plu ? » Cette fois-ci, sourire espiègle de mise, c’était à la blonde qu’il posait la question.

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Megan Williams & @Damon Williams

Je crois que, parfois, j’oublie que Damon a passé à peine deux ans dans le pays qui m’a vu naître et qu’il n’a rien d’un local. Avec son teint de peau doré et ses cheveux blonds, il passe sans grand mal pour un Australien, tant qu’il ne parle pas et ne trahit donc pas son accent que je ne saurais définir, largement cosmopolite. Il a tant de choses à découvrir de L’Australie, Damon, et l’idée me fait presque frémir de plaisir. C’est agréable, dans une relation, de servir de guide pour des choses si joyeuses. Moi aussi, j’ai mon lot de lacunes, liées au fait que je n’ai pas réellement eu d’enfance, et elles sont agréables, ces premières fois à deux. « Ah-ah, moque toi. » - « Ce sont de viles accusations. » J’éclate cependant de rire, essayant de me figurer le blond à l’avant d’un petit bateau fonçant à toute vitesse, comme celui que j’ai pris l’unique fois que je me suis offert ce genre d’excursion. « J’ai juste pas envie que tu me vomisses dessus. » Je hausse innocemment les épaules. « J’irais bien voir les baleines pour de vrai, par contre. » Je penche la tête, soudainement particulièrement attendrie. « Tu voudras m’accompagner, Megan ? » Mon sourire s’agrandit, doux et tendre, et je hoche la tête. « Bien sûr que je t’accompagnerai. Ce sera même certainement bien mieux à deux. » Quand je l’ai fait, je n’avais personne avec qui partager ce rêve de gosse. Je me suis sentie honteuse d’emmener la peluche offerte par ma mère dans mon sac à dos, tout comme je me sens honteuse de l’avoir conservée et de la garder cachée dans mon dressing.

« Quelle idée oui, tiens, on se demande à cause de qui. » J’éclate de rire sans lâche la main du petit garçon qui observe notre joute verbale innocente certainement sans la comprendre. « Si je trouve la réponse, je te le dirai. » J’ai à peine le temps de lui répondre, entre deux baisers.

***

Je ne suis pas facilement impressionnable, et je ne crains ni les sensations fortes ni les hauteurs. Je prends donc évidemment la place de Damon sans me faire prier, sincèrement heureuse qu’il me fasse confiance pour prendre soin de son demi-frère. Il est prêt à le laisser partir avec moi les yeux fermés, et je suis ravie : j’ai l’impression de faire partie d’une famille de sa famille. « Yep, je le ramène demain matin. » Je hoche la tête et, à voix basse - simplement pour que le petit garçon n’entende pas ce que je m’apprête à dire - j’ajoute. « Il pourra dormir dans ma chambre. » Depuis Bali, je me réveille dans celle de Damon tous les matins, mais nous n’avons encore rien acté officiellement. Il y a toujours ma chambre, et la sienne, et pas la nôtre et la chambre d’amis. Les habitudes ont la vie dure, et ce n’est un rien un signe que nous gardons nos distances. Au contraire, c’est excitant de me glisser dans ses draps tous les soirs. La seule partie de mes quartiers que j’occupe encore sont mon dressing et ma salle de bain, j’ai bien trop d'affaires pour que nous puissions fusionner l’une ou l’autre de ces pièces. « Sauf si tu veux dormir avec lui. » Je comprendrais évidemment. Je sais que Damon ne passe pas autant de temps qu’il le voudrait avec le petit garçon. Difficile de savoir sur quel pied danser puisqu’officiellement, il est son cousin. « C’est ce qui arrivera si tu m’aides pas de toute façon. Alors je prends toute l’aide existante. » - « Tu verras, après ça, tu seras prêt pour participer à Masterchef. » Je suis certaine que Jo se fera un plaisir de lui parler de son aventure dans l’univers de la télé-réalité. Des cookies, c’est à la portée de tout le monde, l’anniversaire de Sloan ne peut pas être un échec. « J’en profite pendant qu’il va être avec toi aux toboggans pour aller fumer une clope. Oui promis un jour j’arrêterai, et t’es sacrément mignonne dans ce maillot. » Je ne suis pas dupe. Je sais que le compliment que m’adresse le blondinet est une façon d’éviter une remarque sur la cigarette qu’il part fumer. J’ai décidé de ne pas me battre contre cette mauvaise habitude, pourtant, tant qu’il ne fume pas à l’intérieur. S’il avait pénétré dans l’appartement que je partageais avec ma mère, il aurait compris mon dégoût pour l’odeur de clope froide. Si j’avais accepté qu’il le fasse.

Partager un moment de complicité avec Sloan est agréable. Profiter d’une journée dans laquelle il est permis de retomber en enfance également. Damon revient à temps pour la descente, et le voir filmer m’attendrit plus que je ne l’aurais pensé. Le petit garçon se dirige bien vite en courant vers son frère, qui l’enveloppe dans une serviette avec tendresse. Moi, j’essore mes cheveux en riant avant de m’approcher d’eux, juste à temps pour apercevoir le petit garçon poser sa tête contre le torse de Damon et fermer les yeux. « Oh, j’en connais un qui est fatigué. » A deux ans, le petit garçon fait certainement encore plusieurs siestes par jour, et il s’est bien dépensé ce matin. « Et toi, ça t’a plu ? » Je hoche la tête et lui adresse un grand sourire qui dévoile toutes mes dents. « C’était génial. Et Sloan est adorable. » Sloan, qui s’est mis en tête de me faire la conversation dans la queue. Bien sûr, tout n’était pas compréhensible, soit parce qu’il articule mal soit parce qu’il ne s’embarrasse pas encore avec des phrases complètes. Je jette un coup d'œil au petit garçon, pour vérifier qu’il s’est endormi contre Damon. « Il dort ? » Je récupère le sac tressé qui contient nos affaires des mains de mon jeune époux, pour le débarrasser. « Tu veux que je conduise au retour, pour que tu puisses rester derrière à côté de lui ? » Cela ne me dérange pas, et le trajet est plutôt court. Puisque l’enfant dort, j’en profite pour échanger quelques mots avec Damon sur les confessions du bambin. « Il m’a beaucoup parlé de sa maman, dans la queue. » Un voile de tristesse passe devant mes yeux, bien plus dû à ma propre histoire qu’à celle de la mère de Sloan, que je ne connais pas. De son histoire, certainement compliquée avec Auden, je ne sais rien. Mais je tire sur elle le même constat qu’en ce qui concerne Ariane. « Je comprends pas comment une mère peut se barrer à l’autre bout du pays ou du monde et laisser son gamin. Surtout un enfant de cet âge là. Je comprendrais jamais, je crois. » Mes blessures m'en empêcheront toujours.
   

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« Ce sont de viles accusations. » - « Ah oui ? » - « J’ai juste pas envie que tu me vomisses dessus. » Il ajouta aux paroles de la jeune femme un rire franc. « Je t’ai dit: je sais me tenir en public. » Le pire dans tout ça, c’était qu’elle risquait d’avoir raison mais il ne pouvait tout de même pas avouer que c’était le cas. Elle s’en rendrait compte lorsqu’ils iraient sur place - parce-qu’elle viendrait avec lui, pas vrai ? « Bien sûr que je t’accompagnerai. Ce sera même certainement bien mieux à deux. » Il hocha doucement la tête. Bien sur que ce serait d’autant mieux à deux. Tout était mieux accompagné, de toutes façons, aux yeux de Damon - il n’était pas vraiment du genre à aimer être seul et à découvrir les activités de son côté; pour lui, les souvenirs devaient être un maximum partagés, car c’était ainsi qu’il avait toujours connu les autres et qu’il avait toujours su les apprécier. Alors si un jour, il allait voir les baleines se serait accompagné - et si Megan voulait en profiter pour remettre des couleurs à ses propres souvenirs, il saisissait l’occasion. « Si je trouve la réponse, je te le dirai. » De celui responsable de l’égarement de l’italien, oui, qu’elle jouait bien le jeu. « C’est si aimable de ta part. »

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« Il pourra dormir dans ma chambre. » Ma chambre, puisqu’ils n’avaient pas discuté de l’idée de remanier les pièces de l’appartement pour le moment. Dès leur installation, Megan et Damon avaient chacun emménagé dans une chambre d’un coté du couloir et hormis lorsque Murphy avait squatté quelques semaines chez eux, ils s’étaient tenus à ce programme là. Depuis qu’ils étaient rentrés de Bali, les choses étaient différentes: si la jeune femme avait eu l’idée d’aller dormir dans un lit qui n’était pas le sien, Damon serait allé la chercher pour rectifier le tir. Ils avaient toujours chacun leur chambre, mais si elle dormait dans la sienne à lui, c’était quand même bien plus agréable. « Sauf si tu veux dormir avec lui. » Il plissa le bout du nez. « J’ai pas réfléchi à la question, et j’ai pas demandé à Auden comment il faisait chez lui. » Il haussa quelque peu les épaules. « Je pense qu’on pourra voir ça avec lui ce soir, ça presse pas. » Il n’avait aucune idée, l’italien, si les petits de cet âge là pouvaient dormir seul dans un grand lit, dans une grande chambre, sans que personne ne les surveille de près. Il n’avait pas pensé à demander à son père et honnêtement, il lui avait dit être capable de s’occuper de Sloan sans soucis et n’oserait donc pas lui demander par messages interposés ce qu’il en pensait. Le petit serait surement capable de répondre par lui-même s’il se sentait d’être seul ou s’il préférait dormir avec Damon - ou même coincé entre Megan et lui, s’il désirait, en réalité le jeune homme se plierait à la moindre demande de son petit frère sans broncher un seul instant. Même si cette dernière était de confectionner des cookies en guise de diner - discutable, mais aux yeux du gamin cela faisait sens apparemment. Seulement, ses compétences culinaires étaient très limitées et si Megan ne lui donnait effectivement pas de coup de main, ils finiraient aux urgences. « Tu verras, après ça, tu seras prêt pour participer à Masterchef. » Il osa un petit rire. « Au moins oui. » Jamais cela n’arriverait, jamais.

Megan avait pris le relai des toboggans, Damon avait pu s’éclipser un instant pour prendre l’air, Sloan était le plus heureux des petits garçons présents ici aujourd’hui: tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. « Oh, j’en connais un qui est fatigué. » Les yeux du petit s’étaient fermés à peine avait-il posé sa tête contre le torse de son frère, ce dernier ayant resserré doucement son étreinte autour de lui et déposé un baiser sur le dessus de son crâne. « Il s’est beaucoup dépensé aussi. » A partir du moment où ils avaient quitté la maison d’Auden, Sloan s’était montré tel une pile électrique, il n’était pas étonnant qu’il tombe en panne d’énergie à un moment donné. Il n’était pas le seul cependant à sembler s’être amusé, si bien que ce fut avec un petit sourire que le regard de l’italien glissa maintenant vers Megan. Le sourire de la jeune femme en dit long. « C’était génial. Et Sloan est adorable. » Un sourire tendre se glissa sur les lèvres de Damon. « C’est vrai qu’il est adorable. » Mais surtout: il était on ne pouvait plus content que Megan ait passé du bon temps avec son frère. C’était peut-être idiot comme détail à remarquer, et à prendre en compte de façon aussi importante, mais Damon avait à coeur de faire en sorte que sa relation avec ses frères et soeurs - même si cela était bien plus compliqué côté Saül - soit la meilleure possible; et si le contact pouvait être facile avec sa femme en prime, il était le plus heureux des hommes. « Il dort ? » Il décala son visage. « Je pense que oui, sa respiration est plus lente que tout à l’heure en plus. » Et puis il n’avait pas prononcé le moindre mot depuis au moins trois minutes, et n’avait pas réclamé de glace: il y avait de fortes chances pour qu’il dorme, effectivement. « Tu veux que je conduise au retour, pour que tu puisses rester derrière à côté de lui ? » Alors qu’ils se mettaient en route pour sortir de l’espace bassins, Damon hésita un instant. « Ca te dérange pas ? Je sais pas s’il va se réveiller d’ici là. Je dois le réveiller pour le changer peut-être ? Non ? On va pas le laisser en maillot jusque la maison ? » Il jouait les durs, il jouait l’adulte, mais en réalité Damon était encore un enfant aussi de son côté et il ignorait beaucoup de choses de la vie quotidienne d’une famille ordinaire - lui qui n’était jamais entré dans ce cadre là, à aucun moment.

« Il m’a beaucoup parlé de sa maman, dans la queue. » - « Ah oui ? » Damon releva son regard vers Megan juste à temps pour voir ce voile de tristesse se glisser devant ses yeux. Il fronça les yeux de son côté, un vent d’inquiétude se levant quant à voir la réaction de Megan et les paroles qu’elle y ajoutait. « Je comprends pas comment une mère peut se barrer à l’autre bout du pays ou du monde et laisser son gamin. Surtout un enfant de cet âge là. Je comprendrais jamais, je crois. » Ah, ça. A entendre les mots de la jeune femme, Damon se pinça la lèvre inférieur entre les dents, échappant son regard ailleurs par la même occasion. Il faillit rétorquer que c’était simplement la malédiction des enfants Williams, deuxième génération, que de voir leurs mères disparaitre du décor de leur quotidien mais il se retint juste à temps: ce n’était ni l’endroit, ni le moment pour ce genre de discussion, surtout que cela ne mènerait à rien en réalité. « Je pense qu’on peut pas savoir ce qu’il se passe dans la tête des gens lorsqu’ils prennent leur décision. » Il replaça doucement Sloan dans ses bras - le petit ne bougeait pas d’un iota, désormais dans un véritable sommeil malgré les bruits autour d’eux. « Et on sait pas comment ça se passe chez les gens derrière les portes closes. » Il hésita un instant avant d’ajouter. « On est bien placés pour savoir ça. » Parce-qu’ils avaient su jouer le petit couple parfait avant d’endosser leur rôle correctement, ils savaient ce que c’était de vivre une vie publique et une autre dans leur intimité. « Y’a surement des choses dont on est pas au courant. »

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Megan Williams & @Damon Williams

« J’ai pas réfléchi à la question, et j’ai pas demandé à Auden comment il faisait chez lui. » Est-ce que j’attendais qu’il relève l’emploi du déterminant possessif ? Est-ce que j’attendais qu’il marque un signe de surprise ou qu’il me corrige ? Pas vraiment. Damon et moi sommes dans cette période encore un peu floue où nos chambres respectives restent nos chambres, bien que je ne dorme plus que dans la sienne. Notre situation est un peu à part, il faut dire. La plupart des jeunes couples vivent cette situation à l’échelle de deux appartements avant d’emménager ensemble. Nous, nous vivons déjà ensemble depuis plus d’un an. Alors, nous n’avons pas réellement de modèle, parental, culturel ou de société auquel nous fier. « Je pense qu’on pourra voir ça avec lui ce soir, ça presse pas. » - « Oui, y’a pas d’urgence, on fera comme il le sent. » De nous trois, c’est le petit garçon de deux ans qui aura le dernier mot, il n’y a pas le moindre doute. « Je serai pas ravie de lui laisser ma place dans ton lit, mais pour cette bouille adorable, je peux faire un effort. » J’esquisse un sourire amusé. Retrouver mes draps me ferait bizarre, mais il n’est question que d’une nuit, pas de m’en priver plus longtemps. « Au moins oui. » Le programme de la soirée se dessine donc sans que l’un des protagonistes n’ait la moindre réserve à soulever. Damon deviendra un pro des cookies et moi, son premier soutient dans cette tâche sans que cela n’ait plus rien de surprenant. Dans cette famille de fou, il est presque miraculeux que Damon et moi soyons ce qui se rapproche le plus d’un foyer traditionnel. Les enfants Williams nouvelle génération – Sloan et Abel, ainsi que les deux sœurs de ce dernier – grandiront tous les quatre dans des familles désunies et j’ai mal au cœur pour eux : je sais ce que c’est.

« Il s’est beaucoup dépensé aussi. »
« C’est vrai qu’il est adorable. »

C’est surprenant, de voir que Damon ressemble plus à celui qui n’est finalement pas son demi-frère qu’à Sloan. Contrairement à Abel, qui est blond comme les blés comme mon époux, ce sont des mèches brunes qui commencent à tomber dans les yeux du petit garçon qu’il porte dans ses bras. Le sujet est toutefois bien trop tabou pour que je me risque au moindre commentaire. « Tu ressemblais à quoi à son âge ? » Une comparaison qui n’a peut-être pas lieu d’être pour deux cousins, mais je sais parfaitement que ce n’est pas ce qu’ils sont, tous les deux. « Ton père et ton oncle - » Je ne précise pas lequel est lequel, il n’est guère nécessaire d’appuyer sur des blessures douloureuses. « Tu sais si ils font des choses avec les quatre petits ? » C’est important à cet âge d’évoluer avec des enfants de son âge. Damon est un enfant unique, j’ai été élevée comme telle, nous sommes tous les deux bien placés pour savoir que la solitude est pesante lorsqu’on est entouré d’adultes, surtout d’adultes aussi graves que les Williams. « Je pense que oui, sa respiration est plus lente que tout à l’heure en plus. » - « Les enfants de son âge font plusieurs siestes dans la journée. » Damon n’a pas demandé d’où me viennent mes connaissances en termes de petite enfance. Je pense qu’il a compris. J’observe le duo d’un air pensif. Je m’imagine même proposer de nous occuper des quatre cousins, Damon et moi, si personne ne leur offre l’opportunité de se réunir et de grandir ensemble. « Ça te dérange pas ? Je sais pas s’il va se réveiller d’ici là. Je dois le réveiller pour le changer peut-être ? Non ? On va pas le laisser en maillot jusque la maison ? » - « Non, et je vais même te dire un secret : j’ai mon permis de conduire. » Je lui adresse un sourire radieux, consciente que Damon n’est pas le genre de macho à se montrer réticent à ce qu’une femme conduise sa voiture. « Je pense que vu la température, il risque pas d’attraper froid. Mets-lui peut-être juste son t-shirt. » Pour que la boucle de la ceinture de sécurité de son siège auto ne le brûle pas. « A cet âge ils ont le sommeil lourd. » Sloan ne se réveillera peut-être même pas.

« Ah oui ? » Je hoche la tête et mon sourire se fait tout de suite un peu plus triste. « Oui. Il est pressé de la voir. Apparemment, elle le prend pour les fêtes. » Je coule un regard vers le petit garçon, avant de pincer les lèvres et d’ajouter. « Elle a l’air de beaucoup lui manquer. » Et elle ne devrait pas. Parce qu’elle devrait être avec lui, sa place n’est nulle part ailleurs. Les petits enfants ne sont pas bien difficile à comprendre : si Damon s’est raccroché à moi aujourd’hui, si j’ai eu le droit moi aussi à des marques d’affection de sa part alors qu’il ne me connaît pas beaucoup, c’est parce que je suis une femme, sans l’ombre d’un doute. « Je pense qu’on peut pas savoir ce qu’il se passe dans la tête des gens lorsqu’ils prennent leur décision. » Il s’agit du genre de décision que personne ne devrait avoir le droit de prendre, si on me pose la question. Ginny, Ariane, elles sont toutes les deux aussi égoïstes l’une que l’autre, si on me demande mon avis. Qui abandonne son enfant pour partir vivre la dolce vita en France ? « Et on sait pas comment ça se passe chez les gens derrière les portes closes. On est bien placés pour savoir ça. » - « Nous, c’est différent. » Je pose une main sur l’épaule de Damon. La mention de nos débuts n’est plus aussi douloureuse qu’à une époque, mais elle n’est pas indolore pour autant. « Y’a pas d’enfant au milieu. C’est différent, quand y’a des enfants. » Pour eux, on se doit d’être présent, de faire des sacrifices. Pour un enfant, un parent doit apprendre à ne plus écouter ses désirs égoïstes, apprendre à ne pas penser à soi, c’est ma vision des choses. Sloan est fragile. « L’absence de sa mère, c’est quelque chose qui le marquera. Qui va influencer la façon dont il se construira. » L’absence totale de mon père et la présence fantomatique de ma mère ont fait de moi une femme en manque d’affection et qui la cherche auprès des hommes, aussi toxiques soient-ils, il ne faut pas être psychiatre pour le deviner. « Y’a surement des choses dont on est pas au courant. » Je hausse les épaule et pousse un soupir. Certainement, mais aucune qui ne pourrait excuser les jeunes mères à mes yeux. « C’est chouette qu’il t’ai. On devrait le prendre plus souvent. »

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« Oui, y’a pas d’urgence, on fera comme il le sent. Je serai pas ravie de lui laisser ma place dans ton lit, mais pour cette bouille adorable, je peux faire un effort. » Ce fut avec un petit rire et un lever magnifique d’yeux au ciel que Damon accueillit les paroles de la jeune femme, ces dernières balayant d’un coup d’un seul ses inquiétudes. « C’est si aimable de ta part, de te sacrifier pour un enfant. » Il notait bien sur dans un coin de son esprit que l’idée d’être éloigné de lui pour une nuit n’était pas quelque-chose de plaisant à ses yeux. Ce n’était pas dit que Sloan ne préfère pas dormir dans un grand lit seul comme un grand garçon; mais il était vrai que la question était légitime et ne s’était pas imposée plus tôt au jeune homme car il n’était en rien habitué à gérer ce type de problématique, tout simplement. Megan était bien plus à l’aise, dans son élément, choisissait votre façon de voir les choses et heureusement qu’elle était à ses côtés en cet instant, en réalité: sans elle, il aurait surement déjà fait attraper un coup de soleil au petit garçon et n’aurait pas réussi à le suivre toute la journée dans les attractions aquatiques. Ses pensées revinrent un instant sur l’idée de ne pas partager le même lit que Megan le temps d’une soirée, et se penchant vers la jeune femme sans pour autant déranger Sloan d’une iota, il glissa les mots suivants au creux de son oreille. « Promis, on profitera de se retrouver la nuit d’après si on partage pas le même lit ce soir. » Dans la foulée, il déposa un baiser sur l’arête de sa mâchoire avant de se redresser et de reprendre le sérieux qui était présent en ses gestes et mots les instants d’avant.

« Tu ressemblais à quoi à son âge ? » Le regard de l’italien se posant un instant sur le visage de son frère, définitivement endormi contre lui désormais, avant d’esquisser un maigre sourire. « Beaucoup à lui, en vrai. » Bien sur, il n’avait aucun souvenir de cette période, mais sa mère lui en avait beaucoup parlé. Son père, aussi, parce-qu’à cette période là avoir un enfant semblait être encore une bonne idée à ses yeux - avant que ce dernier ne devienne l’héritier plus que le progéniture. « J’étais très sage, tu peux t’en douter, mais j’avais beaucoup d’énergie. Maman dit toujours qu’elle a jamais autant couru que lorsque j’ai appris à marcher. » Rapidement bien sur, il avait été recardé par Saül et il n’avait plus eu le droit d’exprimer cette vivacité caractéristique de sa tranche d’âge, mais pendant quelques temps il avait été le bambin qui se cachait encore dans la malice du regard du jeune adulte qu’il était devenu. « Ton père et ton oncle - tu sais si ils font des choses avec les quatre petits ? » Haussant doucement les épaules, Damon esquissa au passage une petite moue. « En vrai ? Aucune idée. J’espère, parce-que ce serait dommage qu’ils soient privés de créer des souvenirs ensemble. » Il n’avait pas de cousins ou de cousines de son âge et avait grandi au milieu des adultes et de leurs problèmes; mais en silence l’italien avait toujours jalousé ceux qui avait eu ce luxe là. A ses yeux, ce serait vraiment dommage que Auden et Saül n’arrivent pas à s’entendre un minimum pour que les petits puissent passer du temps ensemble. « Je passe pas assez de temps avec l’un ou l’autre pour savoir s’ils se voient régulièrement. » Il n’arrivait pas encore à parfaitement trouver sa place auprès de l’un pendant qu’il évitait celle qui avait été sienne pendant des années auprès de l’autre.

La respiration de Sloan indiquait qu’il dormait définitivement dans les bras de son frère désormais, ils pouvaient donc plier bagages et rentrer tranquillement. « Les enfants de son âge font plusieurs siestes dans la journée. » Il se contenta d’acquiescer d’un léger mouvement de tête, alors qu’il anticipait déjà suite aux paroles de la jeune femme la suite de l’après-midi; car ils n’allaient pas rester ici alors que le gamin avait pu profiter pleinement des attractions aquatiques et que la fatigue dont il faisait preuve indiquait clairement qu’un retour à domicile était une bonne idée. « Non, et je vais même te dire un secret : j’ai mon permis de conduire. » Il lui tira la langue: bien sur qu’il savait qu’elle avait le permis, là n’était même pas la question - et puis personnellement, qu’il soit celui derrière le volant ou qu’elle prenne la place, celé n’avait pas d’importance. Il voulait juste être sur que ca ne la dérangeait pas de prendre les commandes de la journée là où Sloan était son frère à lui. Finalement, mille questions se mirent à défiler par la suite dans l’esprit de Damon, qui les formulait au fil qu’elles se formaient, et rien qu’à voir l’air malicieux sur les traits de Megan il aurait pu se douter qu’il s’inquiétait surement pour rien. « Je pense que vu la température, il risque pas d’attraper froid. Mets-lui peut-être juste son t-shirt. A cet âge ils ont le sommeil lourd. » Il hocha la tête: il lui enfilerait alors son tee-shirt une fois qu’ils seraient de retour à la voiture.

« Oui. Il est pressé de la voir. Apparemment, elle le prend pour les fêtes. Elle a l’air de beaucoup lui manquer. » Si Damon savait d’avance que c’était une bonne idée de laisser Sloan aux soins de Megan, apparemment cela lui permettait également de permettre au petit garçon de discuter d’autres sujets qu’il n’avait pas abordé aux côtés de son aîné. Le jeune homme pinça quelque peu les lèvres, une petite moue accrochée au visage. « Je peux le comprendre. » Les places auraient été inversées, sa mère lui aurait manqué aussi. Lui qui avait toujours eu l’habitude de l’avoir à ses côtés et d’être chouchouté par cette dernière qui plus était, il aurait ressenti un grand vide dans son quotidien. « C’est rassurant de savoir qu’il va être avec elle pour les fêtes. » Pas qu’il ne serait pas bien auprès d’Auden, mais voir Ginny redonnerait sans qu’il ne s’en rende compte un côté magique à Noël. Damon n’avait pas la moindre idée des soucis que le couple pouvait avoir, et cela ne le regardait pas; il était simplement intimement persuadé que si les deux ne savaient plus partager un quotidien, c’était pour de bonnes raisons et de celles qu’ils ne désiraient pas montrer au public autour d’eux. Ils avaient leurs raisons, et ils n’étaient personne pour juger ces dernières qui plus était leur propre situation. « Nous, c’est différent. » Il fit une petite moue. C’était différent peut-être, mais cela ne restait pas moins un exemple qui rentrait parfaitement dans le cadre. Effectivement, Sloan avait besoin de ses deux parents, mais ce n’était pas parce-que ce qu’il était possible de voir semblait correct que les raisons de leur éloignement n’étaient pas justifiées. « Y’a pas d’enfant au milieu. C’est différent, quand y’a des enfants. » Effectivement, il pouvait le concéder à Megan sur ce point là en revanche, c’était différent pour eux. Leurs gestes et leurs décisions n’impactaient qu’eux deux, et ils se devaient des comptes uniquement à l’un et à personne d’autre. « L’absence de sa mère, c’est quelque chose qui le marquera. Qui va influencer la façon dont il se construira. » Il soupira légèrement: sur ce point là, elle était bien mieux placée pour savoir et comprendre. Si les parents de Damon n’avaient pas été le meilleur exemple, ils avaient au moins le mérite d’avoir existé dans son quotidien; souvent de façon maladroite mais ils avaient été là. La jeune femme avait presque connu l’absence des deux, à ce stade. « J’espère juste que ça va pas trop le marquer. » - « C’est chouette qu’il t’ait. On devrait le prendre plus souvent. » Relevant son regard vers Megan, il esquissa un petit sourire attendri. « C’est chouette que tu l’acceptes aussi facilement de ton côté. » Parce-qu’il n’existait pas d’autre réalité, aux yeux de Damon, où il n’étiat pas présent pour son frère. En revanche, sa femme n’était en rien obligée de l’être à ses côtés. « Merci. » Sincèrement. Il glissa l’une de ses mains dans le dos de la jeune femme pour l’attirer à lui un instant, doucement pour ne pas réveiller Sloan toujours endormi dans ses bras, et déposer un baiser chaste sur ses lèvres. « Merci. »

***
« C’est d’abord le bain et après les cookies. » - « Non les cookies ! » Il était en réalité compliqué de ne pas fondre devant la moue boudeuse et les sourcils froncés du petit garçon. Ce dernier s’était réveillé de mauvais poils après la sieste dans la voiture, et Damon avait déjà du user d’une patience dont il ne se savait pas capable pour qu’il accepte de se laisser porter jusqu’à l’appartement. « T’as été dans la piscine, faut passer dans le bain avant. Tu vas pas manger les cookies alors que t’es pas propre. » Sloan avait décidé de ne pas écouter et s’était mis dans le canapé du salon, la tête dans l’un des coussins de ce dernier. L’italien soupira légèrement, en silence: clairement, ce genre de scène ne lui donnait pas de fièvre parentale. « Tu pourras manger les cookies devant la télé si tu veux, mais d’abord le bain. » Apparemment, l’argument n’était pas mauvais car les pieds du petit avait arrêté de marteler le canapé, et sa petite bouille se fit de nouveau visible - le froncement de sourcils en moins. « Avec la mousse ? » Damon leva les yeux au ciel dans un petit rire. « Oui, aller hop viens avec moi. » Il se tourna un instant vers Megan, à leurs côtés. « Je t’emprunte ta salle de bain, parce-que j’ai ni baignoire ni bain moussant dans la mienne. » Sa salle de bain tout comme cette dernière était attenante à sa chambre - mais là étaient des détails qui n’importaient pas à Sloan qui s’était mis à courir et à ouvrir toutes les portes pour trouver la baignoire maintenant.

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Damon profite du léger endormissement de son petit frère pour me glisser quelques mots pleins de promesses à l'oreille, et il parvient à me soutirer un coup d'oeil appuyé et un sourire complice. « Promis, on profitera de se retrouver la nuit d’après si on partage pas le même lit ce soir. » - « Je peux me tenir et garder mes mains loin de toi une nuit. » Un clin d'oeil, et j'ajoute. « Toi, tu peux ? » Certainement, il est loin d'être un sauvage prisonnier de ses pulsions triviales, mais j'aime autant jouer que le houspiller.

« Beaucoup à lui, en vrai. » Un coup d'oeil au garçon, et je tente de changer sa couleur de cheveux pour l'imaginer en petit blondinet haut comme trois pommes. « J’étais très sage, tu peux t’en douter, mais j’avais beaucoup d’énergie. Maman dit toujours qu’elle a jamais autant couru que lorsque j’ai appris à marcher. » - « Étrangement, oui, je t'imagine pas turbulent. » Je l'imagine sage comme un cœur, observer le monde avec ses iris bleus et de grands yeux curieux. Il n'était peut-être pas autant entouré d'amour qu'un petit garçon de son âge aurait dû l'être, mais il a eu Elise, et ma belle-mère a des défauts mais pas celui de ne pas aimer son fils. Il a aussi grandi avec, certainement, la sensation d'avoir le monde à ses pieds. « En vrai ? Aucune idée. J’espère, parce-que ce serait dommage qu’ils soient privés de créer des souvenirs ensemble. » - « Surtout Sloan. Abel aura ses petites soeurs qu'il aimera autant qu'il détestera, mais quand on est un enfant unique, on se sent seul parfois. » Je parle en connaissance de cause. Je ne le suis pas au sens biologique du terme, mais tout comme : Murphy n'a pas fait partie du décor pendant les vingt-trois premières années de ma vie, et elle n'en fera pas plus partie pour la suite, à partir de maintenant. Alors, si nous sommes la preuve qu'un lien du sang ne fait pas tout, Abel et Sloan ont presque le même âge, il sera dommage de les priver de l'opportunités de se créer des souvenirs à deux. « Je passe pas assez de temps avec l’un ou l’autre pour savoir s’ils se voient régulièrement. » Il est bien plus distant avec Abel qu'avec le petit garçon qu'il tient dans ses bras. Je n'ai pas pu m'empêcher de le remarquer, mais je me garde bien de faire la moindre remarque à ce sujet. Je sais tout ce qui le retient de nouer un lien profond avec ce petit frère. Je sais que cela a autant à voir avec la relation qu'il entretient avec Saül que le lourd secret dont il est porteur concernant l'identité de son géniteur. C'est compliqué, et je comprends largement.

« Je peux le comprendre. » Oui. Les enfants ont besoin de leurs deux parents, mais je suis intimement persuadée qu'un enfant de cet âge là ressent bien plus cruellement le manque d'une mère que d'un père. Pendant neuf mois, elle a porté ce petit être. Comment peut-elle avoir décidé de le laisser derrière elle ? « C’est rassurant de savoir qu’il va être avec elle pour les fêtes. » - « Oui, ça va lui faire du bien. » Mais ce sera trop court, nous le savons déjà tous les deux. La preuve en est : Damon reconnaît ses craintes concernant l'impact de cette absence dans sa construction. « J’espère juste que ça va pas trop le marquer. » - « J'espère aussi. On peut se construire sans parents... » J'en sais quelque chose. « Mais personne devrait avoir à le faire. Au moins, il a Auden. » J'ignore s'il est un bon père, mais il ne peut être que meilleur dans ce rôle-là que son frère ainé. « C’est chouette que tu l’acceptes aussi facilement de ton côté. » - « Il est adorable, je vois pas pourquoi je le ferai pas. » Je couve le petit garçon d'un regard tendre. « J'ai toujours eu un truc aves les enfants de toute façon. Ils m'aiment sans que j'ai à faire d'effort. » Et moi, je n'ai pas tiré de mon enfance chaotique un rejet pour tout ce qui a trait aux bambins. Au contraire, je ressens le cruel et incontrôlable besoin de les protéger. « Merci. » Je lève un sourcil et secoue la tête. « T'as pas à me remercier. » Pourtant, il le fais à nouveau. Il joint même à son remerciement un baiser et, de mon coté, je glisse ma main dans son cou et j'y pose ma paume à plat pour partager un peu de chaleur.

***

« C’est d’abord le bain et après les cookies. » - « Non les cookies ! » Le débat animé qui se tient entre Damon et son petit frère me fait sourire. Je les écoute de loin et me garde bien d'intervenir, désireuse de ne pas venir troubler ce moment de complicité. Pendant que l'Italien tente de convaincre le petit garçon qu'il doit se laver avant de pouvoir entamer les réjouissances de l'après-midi - à savoir la confection de cookies - j'ouvre le frigo et les placards pour vérifier que nous avons tout ce qu'il faut pour ça. « Je t’emprunte ta salle de bain, parce-que j’ai ni baignoire ni bain moussant dans la mienne. » Alors que mon époux soulève Sloan pour le charge sur son épaule, je hoche la tête et attrape mon portefeuille pour le glisser dans un tote-bag que je charge sur la mienne, d'épaule. « On a plus de levure et de pépite de chocolat, je vais profiter que tu le baignes pour faire un saut à l'épicerie. » S'élever seule, c'est prendre l'habitude de penser aux aspects pratique, plutôt que de découvrir qu'il manque la moitié des ingrédients après avoir commencé à cuisiner. « Je prendrais une douche rapide dans la tienne en remontant. » Je m'approche pour voler un baiser à Damon, avant de passer une main dans mes cheveux pour les discipliner - ils ont séchés seuls et pleins de chlore - et de me mettre en route.

Il me faut moins de dix minutes pour faire mes emplêtes, quinze de plus pour me doucher et me laver les cheveux et, après m'être dirigée vers mon dressing pour me rhabiller, je toque à la porte de la salle de bain attenante et je l'entrouvre. J'y trouve Damon accompagné d'un Sloan enroulé dans une serviette de bain qui fait deux fois sa taille. « Devine ce que j'ai acheté. » C'est au petit garçon que je m'adresse, pas à Damon qui, je n'en doute pas, en profitera pourtant tout autant. De derrière mon dos, je sors une boîte de six Kinder Surprise et la présente au petit garçon dont les lèvres étirent un "O" avant qu'il ne sautille sur place. A Damon, j'adresse un regard innocent en haussant les épaules. « On a pas dit que j'avais pas le droit d'acheter son affection, si ? » Je laisse échapper un rire, avant de le rassurer si toutefois il s'inquiétais pour l'alimentation saine de son frère. « Tant que c'est exceptionnel, il peut manger un peu de chocolat. » Et de toute façon, aujourd'hui est un jour de fête pour Damon et Sloan, non ?

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« Je peux me tenir et garder mes mains loin de toi une nuit. Toi, tu peux ? » Il plissa le bout du nez, accentuant un brin le trait pour souligner l’exagération des mots qu’il prononça ensuite. « Je suis pas sur non. » Bien sur qu’il en était capable, mais s’amuser du contraire était bien plus tentant.

« Étrangement, oui, je t'imagine pas turbulent. » Un petit sourire amusé étira un instant les lèvres de Damon. Bien sur que non, personne ne pourrait l’imaginer en petit garçon turbulent; il ne l’avait jamais été. Autant parce-que ce n’était pas réellement dans son caractère et que toutes les fois où il s’est trouvé à se rebeller quelque-peu n’était pas toutes de son propre chef, autant que parce-qu’il n’avait de toutes façons rapidement pas eu le droit de le faire. Saül avait façonné la façon dont il verrait le monde et interagirait avec ce dernier assez rapidement, et être turbulent ne faisait pas partie des possibilités. Etre un bon garçon, être gentil et obéissant, en revanche - toutes ces qualités là avaient été mises en prioritaires sur la liste, bien sur. Parfois, le jeune italien s’imaginait à se demander s’il agissait de la même façon avec ses nouveaux enfants, ou si ces derniers avaient réellement plus de chances, plus de libertés. Déjà, son père se retrouvait en infériorité numérique face à eux, peut-être que cela leur donnait l’avantage et qu’il avait moins le temps et l’espace d’imposer sa façon de voir la vie. « Surtout Sloan. Abel aura ses petites soeurs qu'il aimera autant qu'il détestera, mais quand on est un enfant unique, on se sent seul parfois. » Les mots de Megan complétèrent finalement ses pensées; il hocha doucement la tête. « Surtout qu’ils ont le même âge, tous les quatre, presque. Je sais que Sloan a un autre demi-frère, mais il est plus âgé. Moins que moi, mais plus âgé. » Lorsqu’il n’y avait aucune oreille indiscrète à portée de paroles, et Sloan étant endormi dans ses bras, Damon ne s’embrassait pas à cacher sa réelle affiliation avec le petit garçon et le reste de la famille. La blonde était au courant, pas besoin de faire semblant. « Il a plus de chances de tisser des liens avec Abel et les filles. » Et il espérait que ce soit effectivement le cas. La famille Williams avait ses problèmes et ses soucis, c’était indéniable; mais le mot famille à travers tout ça voulait réellement dire quelque-chose, et il serait dommage que la nouvelle flopée de gamins ne puisse pas le comprendre à leur tour.

« Oui, ça va lui faire du bien. » Il hocha la tête, confirmant les mots de la jeune femme par la même occasion. Effectivement, cela allait faire du bien au petit garçon de voir sa mère pour les fêtes, lui qui ne la voyait pas au quotidien. « J'espère aussi. On peut se construire sans parents... Mais personne devrait avoir à le faire. Au moins, il a Auden. » Damon pinça les lèvres, n’ajouta mot ou commentaire. Il était celui ayant grandi malgré tout avec un couple de parents presque aimant, et sans le savoir avec une seconde paire dans ce monde également. Il n’était pas le mieux placé pour comprendre comment se construire sans ces repères là. Si un jour éventuellement - et il ne le souhaitait pas -, Sloan se retrouvait à être en conflit avec son père, là il pourrait se rendre utile mais c’était peut-être le seul domaine qu’il maitrisait. « Il est adorable, je vois pas pourquoi je le ferai pas. J'ai toujours eu un truc aves les enfants de toute façon. Ils m'aiment sans que j'ai à faire d’effort. » Il esquissa un petit sourire. « C’est vrai qu’il est adorable. » Et il le pensait vraiment, sans effort. Des mots de Megan, inconsciemment, Damon nota le reste dans un coin de son esprit mais ne releva pas la moindre parole, préférant à la place surtout la remercier d’agir de la sorte car c’était ce qui importait à ses yeux en cet instant. Elle aurait pu ne pas envisager trouver sa place dans cet équilibre plus que précaire qu’étaient les relations entre les différentes Williams, entre Damon et sa ribambelle de frères et soeurs, et pourtant elle savait parfaitement où se glisser pour être à sa place. « T'as pas à me remercier. » - « Merci quand même. » Il n’en avait rien à faire qu’elle n’ait pas besoin de l’entendre, il avait besoin lui de le dire.

***
Bien sur qu’il gagna la bataille contre Sloan, voyons: le gamin avait deux ans, il n’était pas question que ce soit lui qui daigne donner les ordres ici - en réalité, il avait été à deux doigts de se laisser avoir et de lui autoriser à faire les cookies avant de prendre le bain. Mais le bambin s’était rangé aux arguments sans aucune valeur de son aîné, et déjà Damon l’attrapait pour le mettre sur son épaule, afin d’être sûr qu’il ne s’enfuit pas. Le petit riait aux éclats, ce qui lui arracha un petit sourire, alors qu’il se tournait vers Megan pour lui indiquer emprunter sa salle de bain. « On a plus de levure et de pépite de chocolat, je vais profiter que tu le baignes pour faire un saut à l’épicerie. Je prendrais une douche rapide dans la tienne en remontant. » - « Ca marche, merci. » Elle lui vola un baiser, il lui en vola un second et après qu’elle eut disparu du champ de vision, il reporta son attention sur Sloan qui tentait toujours tout de même de se débattre pour descendre du perchoir sur lequel Damon l’avait installé. « Aller, hop, au bain bonhomme ! » Ils investirent la salle de bain de Megan la minute suivante et bon Dieu qu’il y aurait peut-être un ou deux dégâts des eaux à éponger à la fin du bain.

Ce fut le bruit de Megan toquant à la porte de la salle de bain qui fit relever le regard de l’italien vers cette dernière, alors qu’il tenait Sloan dans une serviette afin de l’essuyer après un bain qui avait plus ressemblé à une nouvelle baignade en piscine qu’autre chose. « Devine ce que j'ai acheté. » Damon fronça les sourcils, avant de se rendre compte qu’en réalité, elle ne s’adressait pas à lui - son regard alla alors de al jeune femme au gamin, pour revenir sur cette dernière. Donc maintenant, il ne faisait même plus office d’excuse intermédiaire, de mieux en mieux. Attendant qu’elle daigne leur exposer la suite à cette entrée en fanfare, ce fut en écarquillant les yeux que Damon se releva en voyant les Kinder dans la main de la blonde. Il ne le voyait pas, mais la surprise étant autant de mise sur les traits de Sloan. « On a pas dit que j'avais pas le droit d'acheter son affection, si ? Tant que c'est exceptionnel, il peut manger un peu de chocolat. » En réalité, la réaction du blond était de mise parce-qu’il était presque jaloux que les chocolats ne soient pas pour lui. « J’espère que t’en as pris assez pour trois. » Et même si cela pouvait être pris pour de l’humour, et même si dans le fond s’en était, une partie des paroles de Damon était véritable: lui aussi voulait manger des Kinder Surprise en plus des cookies voyons. Il n’eut cependant pas le temps de se concentrer sur cette partie là de la conversation plus longtemps que le gamin échappait encore à sa vigilance, se mettait à courir hors de la salle de bain pour aller s’habiller, perdant sa serviette sur le chemin - il savait que plus rapidement il était prêt, plus rapidement il pourrait manger. « Eh, Sloan ! »

Ce fut de nouveau habillé et désormais propre que Damon rejoint, après être passé à son tour rapidement sous la douche, Megan et Sloan dans la cuisine. « Bon, c’est parti pour la leçon de cuisine ? » Il s’adressait autant à l’un qu’à l’autre, pas pour les mêmes raisons bien sur. La phrase suivante, il le prononça à l’intention de la jeune femme. « J’espère que t’es prête faire face à deux enfants. » Il avait un air amusé et malicieux accroché au visage, l’italien. Parce-que si Sloan en était vraiment un - même s’il clamait le contraire en arrière plan -, ce n’était pas le cas du jeune homme mais il allait s’y apparenter pendant le cours cuisine. Le gamin cherchait surtout à manger les biscuits une fois qu’ils seraient cuits autant que la pâte de ces derniers en cours de confection; Damon lui comptait juste s’amuser pendant cet instant de partage, quitte à embêter Megan de bout en bout. « On vous écoute, chef. » Il se mit au garde-à-vous, ce qui fit rire Sloan qui avait déjà du chocolat autour de la bouche - comment était-ce possible ?

I just wanna stay in that lavender haze
Megan Williams & @Damon Williams

Nous pouvons discuter de la situation familiale de Sloan et d’Abel, nous n’avons pas le pouvoir de la changer. J’ignore si Damon aurait de toute façon eu envie d’agir : ses relations familiales sont déjà bien assez compliquées comme ça. Moi, je réalise petit à petit que j’aimerais assez pouvoir trouver une façon d’aider ceux qui se trouvent dans la même situation que moi lorsque j’étais gamine, ou dans une situation similaire, ou encore différente mais tout autant douloureuse et difficile à vivre pour un enfant. J’ignore quelle forme cela pourrait prendre : l’idée n’a même pas encore réellement germé dans mon esprit. « Surtout qu’ils ont le même âge, tous les quatre, presque. Je sais que Sloan a un autre demi-frère, mais il est plus âgé. Moins que moi, mais plus âgé. » Je note l’information sans savoir réellement quoi en faire. Damon ne m’a jamais parlé d’un autre demi-frère, cousin, ou quelle que soit la façon dont il l’aurait appelé s’il avait partagé son sang. J’en déduis donc que si demi-frère il y a pour Sloan, c’est de côté de sa mère. L’a-t-elle laissé aussi cet enfant-là ? Quel âge a-t-il ? Où vit-il ? Mon coeur se serre pour un enfant perdu de plus, comme si ce n’était pas déjà assez avec ceux que « Il a plus de chances de tisser des liens avec Abel et les filles. » - « Et il y arrivera. » Si les adultes rendent la chose possible. C’est déjà assez déprimant de le penser, alors je ne l’exprime pas à voix haute. « C’est vrai qu’il est adorable. » Il l’est, et j’acquiesce simplement d’un hochement de tête. « Merci quand même. » Il se répète, mais c’est loin de me déranger. Au contraire, j’enroule mes doigts autour de son bras et je dépose ma tête sur son épaule, juste le temps d’atteindre la voiture.

***

Je me moque d’avoir pour mission d’être adulte pour deux. En compagnie de Sloan, Damon peut redevenir un enfant et cela ne me gène absolument pas. Je n’ai pas l’impression de porter un fardeau comme celui qu’était ma mère : au contraire, je le fais parce que je n’ai jamais connu le confort de l’innocence sous mon toit. Et celle de Sloan, entraînant un regain chez Damon aussi, me fait plaisir à voir. Alors, après avoir récolté baiser et m’être dirigée en direction de la superette du coin, je m’attarque quelques minutes dans les rayons de bêtises. Je réfléchis à ce qui pourra le plus faire plaisir à Sloan et, je n’en doute pas, à son double de vingt ans de plus. Je me demande pour ça ce qui m’aurait fait plaisir à moi à son âge, et je me retrouve à glisser dans mon sac toutes ces choses que je voyais dans celui des autres lors de la récréation et que j’observais de loin avec envie. Les rires me parviennent à nouveau à peine la porte de l’appartement refermés, et je dois admettre que leur allégresse a quelque chose de contagieux. J’hésite un instant à troubler leur moment à deux, mais puisque les sons qui me parviennent me donne l’impression que le bain est fini et qu’il est l’heure du séchage, je finis par me décider à toquer doucement à la porte de ma salle de bain, avant de la pousser pour découvrir les deux garçons. « J’espère que t’en as pris assez pour trois. » Je laisse échapper un rire, avant de pincer les lèvres, amusée. « C’est gentil de t’inquiéter pour moi. » Et de m’inclure. Pour ça, je lui suis réellement infiniment reconnaissante : je ne me sens pas comme un étrangère, même si le petit garçon est sa famille. « Y’en a assez pour que tu en aies, je sais que c’était ça la vraie question. » Pour amuser le petit garçon, je tire la langue à mon époux. Sauf que le chenapan, plutôt que de rester calme, profite de notre discussion qu’il perçoit comme une source de distraction pour Damon pour s’échapper, partir en courant en laissant tomber sa serviette derrière lui. « Eh, Sloan ! » Moi, je ne parviens pas à faire autre chose qu’éclater de rire, alors que l’Italien se précipite pour rattraper son petit frère et le ramener dans la salle de bain pour finir de le préparer. Un fois Sloan en pyjama, je lui tends la main pour l’emmener avec moi afin que Damon ait quelques minutes à lui. « Tu veux venir avec moi Sloan ? On va aller manger le chocolat. » Je crois que j’aurais pu être effrayante, bossue, difforme et avec un nez crochu, il m’aurait tout de même suivie, puisque j’offre du chocolat. Il glisse sa petite main dans la mienne, et j’adresse un sourire à Damon avant d’eppeler en silence que ”je gère”.

Le temp que le jeune homme passe à son tour sous la douche, j’installe Sloan sur l’un des tabouret autour de l’ilot central de la cuisine, celui qui sert aussi de table à manger. Précautionneusement, je lui donne un oeuf en chocolat et, lorsque Damon nous rejoint, le bambin et moi sommes en plein construction du jouet qui se trouve à l’intérieur. « Bon, c’est parti pour la leçon de cuisine ? » Je relève la tête en direction du blond et, un sourire espiègle sur les lèvres, j’attrape un kinder surprise pour le lancer dans sa direction. Le lancer fait éclater de rire Sloan, jusqu’ici occupé à faire rouler la petite moto en plastique à présente entièrement montée qui se trouvait dans son oeuf en plastique. « T’as de la chance, on t’en a gardé un. » Je désigne la boite du menton. « Il en restera même plusieurs. Tu pourras les glisser dans ton sac pour ton goûter au bureau. » Nul doute que les moqueries de rigueur et, même moi, j’ai envie de rire à l’idée d’imaginer Damon installé sur son fauteuil d’homme d’affaire en train de construire un jouet Kinder Surprise. « Si t’as besoin d’aide pour construire le jouet, tu pourras même m’appeler entre midi et deux. » Je lui adresse un clin d’oeil, prête à recevoir ses - prétendues - foudres. Finalement, je caresse une dernière fois le dos de Sloan avant de me redresser, et d’attraper un tablier que j’enfile par la tête avant de le nouer dans mon dos. J’en attrape un second, que je passe moi même autour du cou de Damon. Je me glisse dans son dos, pour faire le noeud à sa place et j’en profite pour glisser quelques mots à son oreille. « T’as de la chance que y’ai un petit garçon avec nous dans la pièce. Je crois que j’aurais profité de la situation sinon. » Si elle ne prend pas des allures de séduction, nul doute que la séance cuisine finira de toute façon en bataille d’une façon ou d’une autre. Retomber en enfance semble avoir réveillé l’esprit taquin de mon petit ami.

« J’espère que t’es prête faire face à deux enfants. » Je suis prête, et, déjà, je commence à sortir les différents ingrédients du frigo et des placards. « On vous écoute, chef. » Damon se met au garde à vous, et mon rire se joint à celui de Sloan. « Tu veux bien peser les différents ingrédients ? 250 grammes de farine, 100 de sucre. » Mes doigts glissent sur mon téléphone pour parcourir la recette. Je n’ai rien d’un chef : je me débrouille mais ne connais pas les recettes par coeur. « Tu sais, la farine, le truc blanc qu’on garde dans le placard au dessus de la hotte. » J’exagère, mais me moquer de Damon qui n’est pas réellement ce qu’on peut qualifier d’as de la cuisine m’amuse. « Sloan, tu veux casser les oeufs avec moi ? »