Meryl jonglait entre sa vie étudiante et les longues heures passées derrière le comptoir du café, jonglant entre ses livres de cours et les commandes de caféine pressées. Son examen final approchant, l’américaine sait qu’elle entre dans la dernière ligne droite et elle a hâte. Hâte de mettre un terme à cette double vie et enfin pouvoir se trouver un poste. Ca n’est pas qu’elle n’apprécie pas de bosser ici, l’ambiance y est plutôt sympa et les clients le sont tout autant - pour la plupart en tout cas, on fera l’omission sur certain gars trop peu fréquentable à son goût - c’est surtout qu’elle commence à tirer sur la corde avec le rythme qu’elle tient, même si la patronne est assez conciliante concernant les plannings depuis qu’elle a repris la fac. C’est pour ça qu’elle est ici en soirée ces derniers jours, elle a demandé à faire la fermeture pour pouvoir bénéficier de sa journée pour réviser et s’attarder sur les devoirs qu’elle a encore à rendre et sur lesquels elle a pris un peu de retard.

« Tu as revu le musicien de l’autre jour ? Ca avait l’air si électrique entre vous ! » Elle lève les mains et les yeux au ciel dans un sourire mi agacé, mi amusé. « Laisse tomber Louise, t’auras zéro information et crois-moi c’est pour ton bien que je dis ça... Ce type c’est un nid à problème et s’il te fait les yeux doux, tu fuis en oubliant pas de lui glisser un supplément sel dans son double expresso. » Le fait qu’elle sache qu’il prend régulièrement un double expresso lui fait déjà dire qu’elle l’a trop vu dans le secteur. Elle repense encore au tatouage qu’il lui a fait et rien qu’au souvenir de leur séjour dans l’ascenseur, la blonde s’agace ! Occupée à ranger la vaisselle propre, elle porte son attention sur la nouvelle arrivante, la brune ne lui est pas inconnue, et elle ne peut s’empêcher de lui adresser un sourire en l’accueillant tout en la saluant. « Je te sers comme d’habitude ?! » Elle est pourtant étonnée l’américaine, la brune est plutôt du genre matinale en temps normal et elles sont rares les fois où elle la croise lorsqu’elle travaille en soirée. La préparation en cours, elle l’observe sans pour autant la fixer de façon inconfortable, elle semble contrariée, et ça interroge un peu Meryl. « Dure journée ? C’est rare de te voir par ici en fin de journée. » Elle vient déposer la tasse fumante sur le comptoir et s’empresse de rajouter une pâtisserie. « Cadeau de la maison ! Un peu de sucre ça redonne toujours le sourire. » Elle prendrait sur ses pourboires pour régler la pâtisserie, elle l’avait déjà fait et ça n’avait jamais posé de souci jusqu’ici.

Things we lost in the fire
Dahlia Jakande & @Meryl Strange

Ses doigts fins se replièrent sur la poignée aux reflets métalliques du Death Before Decaf ; les effluves aux notes florales des grains savamment torréfiés effleurant délicieusement ses narines. Brisbane avait pris une allure de cité étrangère, en six années d’absence, si bien qu’elle avait eu la sensation de s’être changée en une parfaite anachorète. Les enseignes, les jardins, les artères asphaltées de la capitale du Queensland ne lui semblaient plus si familières, y compris cette rue qu’elle avait si souvent foulée et qui, depuis presque trente jours, focalisait toutes ses pensées. Les iris de l’israélienne brillaient comme si la sylphide était sur le point d’éclater en sanglots, mais Dahlia n’en fit rien. Elle reprit d’ailleurs rapidement contenance pour ne pas laisser la peine assombrir ses prunelles. C’était ce que Maddie lui avait appris ; ne jamais montrer sa souffrance pour ne pas paraître démunie, mais étirer ses lèvres en de jolis sourires factices qu’importe la puissance des maux ou de la douleur. À force d’apprentissage, cette leçon s’était ancrée en elle comme une seconde nature. « Je te sers comme d’habitude ?! » — « Avec plaisir. » répondit-elle en fixant du regard le dossier d’une chaise ; celle qu’elle choisissait immanquablement lorsqu’elle décidait de prendre son petit-déjeuner sur place.

Songeuse, à mille lieues de la petite enseigne de West End, Dahlia contemplait l’éternelle danse des passants et celle des volutes du café latte religieusement servit par Meryl. Elle aurait aimé pouvoir s’envoler avec autant de légèreté que les voluptueuses spirales de fumée, mais l’israélienne restait bien palpable dans sa prison de chair. Elle était elle, très concrètement, dans cet espace, dans ce corps, avec cet esprit. Un elle en pleine mutation, un elle enfoui qui émergeait et qu’elle se devait d’apprivoiser ; avec son vécu, ses démons et aussi ses alliés. « Dure journée ? C’est rare de te voir par ici en fin de journée. » La jeune femme repoussa cette désagréable sensation qui s’accrochait, tenace, et s’imposait dans ses pensées où désormais passé et présent se télescopaient. « Une de celles qu’on aimerait bien pouvoir effacer. » lâcha-t-elle comme si c’était une possibilité, ou pour se donner l’illusion qu’elle maîtrisait encore quelque chose dans cette situation. « Qu’est-ce que c’est ? Un écureuil ? » Un rire s’échappa de sa gorge tandis que ses pupilles déchiffraient avec difficulté le motif esquissé en mousse de lait. « Je crois que je préfère tes pommes de pin. Elles sont plus réussies. » Ce qui était une boutade plus qu’une vérité. La bienveillance et les attentions quotidiennes de Meryl suffisaient en réalité à l’apaiser. C’était sans doute l’une des raisons pour lesquelles le Death Before Decaf représentait aujourd’hui l’arrêt indispensable de chacune de ses journées. « Cadeau de la maison ! Un peu de sucre ça redonne toujours le sourire. » — « T’es géniale. » Ses iris mordorées s’attardèrent sur le minois délicat de l’employée. « Tu termines ton service dans combien de temps ? » demanda-t-elle, fière de briser son armure, d’oser dépasser ses habitudes — certes avec pudeur —, mais avec la franchise qui la caractérisait. « Pour une fois, j’aimerais que ce soit moi qui t’offre quelque chose à boire. »

Elle n’a pas vocation à passer sa vie ici Meryl, pourtant au fil des mois qu’elle a passé ici, l’américaine a fini par s’attacher à certaines têtes qu’elle peut croiser quotidiennement. Certains lui sont plus qu’antipathiques (coucou @”cameron lewis”) et d’autres finissent par entrer dans ses petits papiers. Dahlia fait partie de la deuxième catégorie et même si elle ne la connait pas personnellement, la blonde a fini par connaitre ses petites habitudes et c’est avec un naturel qui lui est propre que Meryl anticipe la commande de la brune. Soucieuse, la jeune femme remarque le manque de sourire et elle pourrait presque lire le désarrois et le tracas qui l’habite, ça ne lui ressemble pas vraiment, alors elle se permet une petite question sans pour autant se montrer trop intrusive dans le cas où Dahlia n’aurait pas envie de s’étendre sur le sujet. Elles ne se connaissent pas après tout, alors elle pourrait très bien comprendre son envie de juste prendre un café sans avoir à s’étaler en long et en large sur les raisons de sa peine. « Une de celles qu’on aimerait bien pouvoir effacer. » A cette remarque, la jeune étudiante ne peut que grimacer, des jours sans, elle en a souvent, moins ses derniers temps, mais disons qu’elle n’a pas de mal à imaginer ce qu’elle peut ressentir. “ Je vois ! J’espère que ça n’est pas trop grave et que tu réussiras à trouver une solution à ce qui te tracasse. ” Elle est loin d’imaginer que ce qui la peine, c’est sa propre chair qu’elle a délaissée quelques années plus tôt.

« Qu’est-ce que c’est ? Un écureuil ? Je crois que je préfère tes pommes de pin. Elles sont plus réussies. » La tasse fumante déposée, elle observe la brune se moquer gentiment alors qu’une moue boudeuse rieuse apparait sur son minois pour toute réponse. Théâtralement, Meryl vient faire mine de réfléchir en observant. “ Hm… Je suis vexée, c’est un koala regarde là il y a sa petite tête et là c’est sa branche et là… là c’est… ” Elle-même cherche alors qu’en vérité ça n’est clairement pas sa meilleure création. “ Bon ok, je suis plus douée avec les fleurs, feuilles et coeur ! Je vais cesser de laisser libre court à mon imagination ! ” qu’elle dit en haussant les épaules d’un air amusé. Elle vient ajouter une petite pâtisserie en guise de réconfort. « T’es géniale. » La blonde lui adresse un clin d’oeil, pas toujours à l’aise avec les compliments, alors elle se cache derrière une touche d’humour. « Je sais je sais, il n’y en a pas deux comme moi. » Et c’est peut être mieux comme ça quand elle y pense, Meryl n’est pas forcément la fille la plus fréquentable qui soit, ni la plus stable, ni la plus à l’aise. Elle a une tonne de défauts, plus qu’elle n’a de qualités c’est certain, même si on essaie de lui faire entendre qu’elle mérite d’être aimée, elle peine encore à l’accepter.

« Tu termines ton service dans combien de temps ? Pour une fois, j’aimerais que ce soit moi qui t’offre quelque chose à boire. » La jeune femme regarde sa montre, avant de reporter son attention sur la brune. « Hm, en vérité j’ai fini depuis un bon quart d’heure déjà, mais j’avançais ma collègue pour la fermeture. Alors, j’imagine qu’elle ne verra pas d’inconvénients à ce que je la laisse gérer le reste. » La jeune femme va rendre son tablier, en profite pour se préparer un thé glacé fruité, non un petit sourire en songeant au visage de Cameron quand elle lui en avait balancé un au visage... Un pur moment de bonheur ! Elle retrouve la brune et s’installe. « Ca me fait bizarre d’être de ce côté, mais c’est pas forcément désagréable. Merci.  » Oh elle est déjà venu au DBD en tant que cliente, mais elle est quand même plus souvent derrière le comptoir que devant. « T’as peut-être pas envie de parler de cette journée pourrie, mais si jamais t’as envie d’évacuer. Ou pas ! Je t’ai même jamais demandé ce que tu faisais en dehors d’apprécier mes oeuvres d’art. »

Things we lost in the fire
Dahlia Jakande & @Meryl Strange

« Je vois ! J’espère que ça n’est pas trop grave et que tu réussiras à trouver une solution à ce qui te tracasse. » Meryl tentait sûrement de lui apporter un peu de réconfort, mais la roue de l'existence se montrait capricieuse. Depuis que l’israélienne était revenue sur les terres brûlantes de Brisbane, elle avait l’impression que l'univers lui rendait la lâcheté dont elle avait fait preuve sept ans auparavant. Elle avait sciemment sacrifié sa chair et son sang, elle devrait donc batailler pour la récupérer ; le serpent astral se mordait la queue en lui adressant un clin d’œil sarcastique au passage. L’espace de quelques secondes, un refrain se mit à tourner en boucle dans l’esprit de la sylphide ; celui de la chanson qui avait marqué sa première rencontre avec Maël, lors d'une fête. Elle se remémora ses cheveux bruns soigneusement coiffés en arrière, son allure à la fois élégante et mystérieuse. Elle se revoyait dans sa robe un peu courte, tandis qu'il la dévorait des yeux avec convoitise. Pour masquer son embarras, Dahlia s'était plongée dans un gobelet de sangria, ses joues aussi rouges que les cerises flottant dans le liquide. Le destin les avait réunis au moment précis où le chanteur des The Chainsmokers, avait lancé ce maudit refrain : "So baby pull me closer in the backseat of your Rover".

Des gouttes commencèrent à marteler la vitre du Death Before Decaf, plongeant l'intérieur du café dans une semi-obscurité. Bien que les températures amorçassent leur ascension après les mois plus frais de l’hiver, les averses demeuraient sporadiques. Des bruits indistincts de la rue, des pas pressés sur l’asphalte et des voix étouffées attirèrent son attention, ses yeux aux reflets mordorés se plissant légèrement, ses lèvres aux lignes harmonieuses formant une moue contrite. Des foules se regroupaient sous les auvents, attendant que la pluie cesse. Par la fenêtre, Dahlia observa les passants se hâter dans les rues de West End. Elle remarqua une minuscule femme entre deux âges, vêtue d’un cardigan rouge. Une médaille de baptême reposait sur sa poitrine proéminente et ses yeux semblaient disparaître derrière de larges lunettes fantaisistes ornées de perles de pluie scintillantes. Même le ciel semblait morose ce jour-là. Dahlia baissa les yeux vers la tasse fumante que lui tendit sa barista préférée, intriguée par la forme blanche qui émergeait au centre. « Hm… Je suis vexée, c’est un koala regarde là il y a sa petite tête et là c’est sa branche et là… là c’est… » Elle arqua un sourcil, dubitative quant à ce que Meryl espérait qu’elle distingue. Après tout, entre un écureuil et un koala, la frontière était mince, si l’on y réfléchissait bien. « T’es sûre que c’est un koala ? » demanda-t-elle, un sourire taquin aux lèvres. « Parce qu’il n’a pas l’air en très grande forme. » — « Bon ok, je suis plus douée avec les fleurs, feuilles et cœurs ! Je vais cesser de laisser libre court à mon imagination ! » Un rire spontané s’échappa de ses lèvres. Elle ne souhaitait pas que l’australienne freine son imagination ; découvrir les figures que la barista formait à la surface de son café latte restait un réel plaisir. Particulièrement lorsque Dahlia prenait sa boisson à emporter et qu'elle retirait le couvercle à peine sortie de l’enseigne pour découvrir ce que Meryl avait tenté de lui dessiner. « Hors de question ! Je serai prête à te laisser double pourboire rien que pour voir tes koalas malades. » Et pour éviter qu’elle ne se retrouve claquemurée derrière un comptoir sans aucune distraction. « Je sais je sais, il n’y en a pas deux comme moi. » C’était un euphémisme. En moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, Meryl était devenue son rayon de soleil, sa lueur rafraîchissante.

D'ailleurs, par cette journée terne, la jeune femme avait estimé qu'il était temps de lui rendre la pareille, par gratitude de toutes ces occasions où elle lui avait été reconnaissante en silence. « Hm, en vérité j’ai fini depuis un bon quart d’heure déjà, mais j’avançais ma collègue pour la fermeture. Alors, j’imagine qu’elle ne verra pas d’inconvénients à ce que je la laisse gérer le reste. » Les prunelles de l'israélienne quittèrent son visage pour se poser sur la collègue de Meryl, affairée derrière le comptoir. Ses cheveux étaient certainement maintenus en un chignon dissimulé sous une casquette portant, sans l'ombre d'un doute, le logo caractéristique du Death Before Decaf. De dos, Dahlia peinait à la reconnaître juste à sa silhouette. « Si c’est Sydney, je pense pas. C’est une vraie pile électrique. » Agréable, mais bien trop pressée à son goût. « Tu me manques quand c’est elle qui est derrière le comptoir. » La dernière fois qu'elle avait pris sa commande, elle avait eu l’impression de déranger. « On dirait qu’elle a toujours quelque chose à faire. C’est assez stressant en fait. » La sylphide observa l'australienne poser son tablier et se préparer une boisson froide ; du thé glacé fruité. « Ça me fait bizarre d’être de ce côté, mais c’est pas forcément désagréable. Merci. » Un sourire authentique éclaira son minois. « Ça fait du bien de te voir de ce côté. » Cette idée lui avait traversé l'esprit à plusieurs reprises, mais la crainte qu’elle ne refuse son invitation avait toujours été présente. Peut-être que Meryl n'avait pas pour objectif de se lier d'amitié avec les clients. « Et puisque tu as terminé ton service, tu ne risques pas de te faire taper sur les doigts parce que tu prends un peu plus de temps. » À la différence de Sydney qui les expédiait rapidement. « T’as peut-être pas envie de parler de cette journée pourrie, mais si jamais t’as envie d’évacuer. Ou pas ! Je t’ai même jamais demandé ce que tu faisais en dehors d’apprécier mes œuvres d’art. » Un faible soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'elle baissait la tête, attrapait la cuillère posée à côté de sa tasse, et la plongeait au cœur du Koala mal en point. « Dans la vie, tu veux dire ? » s’enquit-elle avant de prendre une gorgée du café latte. « Je travaille au Call Center depuis quelques semaines. » Un emploi alimentaire plus qu'une vocation. Rien n'avait jamais préparé Dahlia à travailler dans un centre d'appels d'urgence. « Je ne sais plus si j’ai eu l’occasion de te le dire mais je ne suis pas originaire de Brisbane. » En était-il de même pour Meryl ? « J’y ai simplement suivi mes études il y a quelque temps. Enfin, la plupart de mes études. »

Elle n’a jamais eu vocation à travailler toute sa vie dans un café. Meryl a longtemps eu l’ambition de s’en sortir dans la vie et de briller comme sa sœur. Elle l’a toujours admirée Gabrielle. Partie de rien, elle a su se construire une vie, une réputation et l’américaine aimerait pouvoir en dire autant. C’est sûrement pour ça qu’elle souhaite garder ce job quand elle pourrait simplement s’appuyer sur l’aide de son aînée, elle aime l’idée de réussir par elle-même, et cela même si ça réduit considérablement le temps qu’elle peut passer à éplucher ses notes de cours. Ce boulot elle l’apprécie surtout pour sa simplicité et son côté humain et les rencontres qu’elle a pu y faire. Comme Dahlia par exemple et qui semble aujourd’hui moins pétillante qu’à l’accoutumée. « T’es sûre que c’est un koala ? Parce qu’il n’a pas l’air en très grande forme. » Elle penche légèrement la tête, faisant toujours mine de se vexer en répondant à la brune. Elle n’est pas vexée Meryl, pour autant ça l’amuse follement de jouer sur le quiproquo et par la même occasion attraper un rire de la jeune femme. « Hors de question ! Je serai prête à te laisser double pourboire rien que pour voir tes koalas malades. » - « Très bien, alors soit prête à jouer aux devinettes très souvent, j’ai vu quelques images sur pinterest, je suis curieuse de révéler tout mon potentiel artistique ! Même si ça relève de l’art abstrait pour le moment ! » Elle se donne un air théâtral avant de rire à son tour, loin d’être une artiste dans l’âme sur le plan graphique, elle sait qu’elle a encore beaucoup de progrès à faire.

Sur l’invitation de la brune, Meryl quitte son poste, non sans un petit commentaire au passage. « Si c’est Sydney, je pense pas. C’est une vraie pile électrique. Tu me manques quand c’est elle qui est derrière le comptoir. On dirait qu’elle a toujours quelque chose à faire. C’est assez stressant en fait. » Elle rougit légèrement dissimulant mal le fait que les compliments la mettent toujours mal à l’aise du fait de ce manque frappant de confiance en elle. « C’est vrai qu’elle n’a pas l’habitude de bavasser, ses anciens patrons étaient un peu du genre pressant, je crois qu’elle a gardé ses habitudes. » La jeune femme vient prendre place à ses côtés, un peu à l’écart du passage pour plus de tranquillité. « Ça fait du bien de te voir de ce côté. Et puisque tu as terminé ton service, tu ne risques pas de te faire taper sur les doigts parce que tu prends un peu plus de temps. » - « En vrai, ça va on n’est pas maltraités ici, mais j’avoue que j’ai parfois tendance à trop parler. Sorry, but... not sorry ! » Qu’elle balance de tout son accent américain sans même chercher à le cacher d’un iota, le naturel revenant au grand galop.

« Dans la vie, tu veux dire ? Je travaille au Call Center depuis quelques semaines. » La jeune femme acquiesce, prenant une gorgée de thé glacé à son tour. « Tu dois tomber sur des appels un peu fous. J’ose pas imaginer ! » En réalité elle imagine très bien pour voir certains cas lors de ses stages aux urgences... « Je ne sais plus si j’ai eu l’occasion de te le dire mais je ne suis pas originaire de Brisbane. J’y ai simplement suivi mes études il y a quelque temps. Enfin, la plupart de mes études. » Alors comme ça, elle n’était pas de Brisbane, ça la fait sourire. « Ca nous fait un point commun, je ne suis pas d’ici non plus... mais j’imagine que tu l’as remarqué grâce à mon superbe accent. » Elle s’en amuse, le nombre de fois où on l’a cataloguée, pourtant elle trouve l’accent australien bien plus marqué que le sien. « Brisbane, c’est un peu mon nouveau départ. J’ai quitté les États-Unis il y a un peu moins de deux ans maintenant et Brisbane m’a adoptée. C’est plutôt agréable d’y vivre et les vagues sont pas mauvaises ! » Elle lui adresse un nouveau sourire, curieuse d’en savoir un peu plus sur elle sans pour autant vouloir se montrer trop intrusive. « Et j’ai fini par reprendre mes études ici. J’ai hâte d’en avoir fini, même si ça me stresse un peu. » Elle aime ce qu’elle fait, c’est juste les responsabilités qui l’effraient. Il y a un monde entre décider des dessiner des koalas et se retrouver à devoir gérer des patients.