got a new hero in town

   @Dahlia Jakande
gif par yarn

noel solidaire. Molly est la nouvelle super héroïne de Brisbane, voire d’Australie. Il serait peut-être temps de la mettre à la une des journaux. Elle le mérite. Enfin, du moins, c’est ce qu’elle pense quand elle se laisse convaincre par une personne rencontrée au cours de ces différentes actions au sein de la ville. Donner son sang. Paraît que ce serait pas mal et qu’il y a beaucoup de demande. Du sang de Molly ? Elle est clean depuis suffisamment longtemps pour que ce soit possible … Un soupir. La jeune femme s’installe confortablement, esquisse un bref sourire à destination de l’infirmière qui se permet une petite blague … pourquoi ? pour quoi ? Détendre l’atmosphère ? Pas certaine que ça fonctionne car Molly affiche un faux sourire bien forcé tout en détournant le regard. Elle est courageuse mais elle n’aime pas les piqûres ! Ouais, vous les mauvaises langues qui s’imaginiez Molly en train de se piquer dans des squats … moyen. Ce n’est pas vraiment son truc. Elle trouve ça juste barbare. Serrant les doigts, elle obéit néanmoins quand on lui demande de décroiser ses jambes … pour éviter de nous faire un malaise. Ah parce qu’il y a un risque en plus ? « Si vous avez besoin de quoi… » « Une clope et un soda » réplique-t-elle en lui coupant la parole, un sourire idiot aux lèvres. Secouant la main libre, elle ajoute : « non, je plaisante, bien sûr … enfin, hormis pour le soda.  J’dirais pas non contre un soda. Vraiment. Si c’est possible. » Nouveau sourire forcé mais moins effrayant. L’infirmière acquiesce. Molly se tourne vers sa voisine de droite. « J’aurais pas dit non à la clope non plus mais le service est pas vraiment des plus ouverts d’esprit ici …. » Elle se croit drôle, l’abrutie de service.

Et, parce qu’elle est une gamine dans le corps d’une jeune femme, elle essaie de s’installer un peu plus confortablement, croisant les pieds et jetant un coup d’œil à la petite poche de sang qui se remplissait doucement. OK. Elle va se faire chier pendant trop longtemps. Ça va durer trop longtemps cette connerie. Molly repose son attention sur sa voisine. « Ca va ? Tu vas pas faire un malaise parce que pas que ça serait pas distrayant mais ça serait moyen comme publicité à motiver les autres à venir donner leur sang … » Elle esquisse un sourire amusé qui se veut sans doute complice. Après tout, elle est coincée pour quelques minutes … de longues minutes … alors autant s’occuper, surtout que son téléphone a juste 10% de batterie alors aux oubliettes le tetris version arcade dont elle déglingue des records monstrueux qui la rendrait sans doute célèbre … dans un autre monde.

Got a new hero in town
Dahlia Jakande & @Molly Biggs

Lorsque ses doigts manucurés poussèrent la porte du centre de collecte d’hémoglobine, l’israélienne fut prise d’une légère appréhension. Le contraste ostensible entre l'effervescence du monde extérieur, débordant de vitalité malgré les ravages d’Olga, et les couloirs aux effluves stériles de l'établissement la plongeaient dans un malaise palpable. Elle n’avait jamais consenti à laisser couler l’essence de ses artères dans une poche destinée à sauver des millions de vies, trop préoccupée par la sensation de l'aiguille pénétrant son épiderme. C’était comme convier un abstème à franchir les portes damnées d’un bar ; sans résultat. Néanmoins le désir intrinsèque d’aider sa communauté, ébranlée par les vestiges de la tempête et son attachement pour les terres subtropicales de Brisbane, avaient joué le rôle de catalyseurs décisifs.

Les regards bienveillants du personnel médical, habitué à accueillir des donneurs de tous horizons, se posèrent sur sa silhouette avec bienveillance. Leurs sourires encourageants semblaient comme une invitation à franchir ce cap qui, une heure plus tôt encore, n’était pas prévu au programme. Un infirmier l’invita rapidement à remplir les formalités nécessaires, lui expliquant le processus de don. En retour, Dahlia se contenta de lui offrir le sourire de la jeune citoyenne modèle et débordante de magnanimité qu’on attendait qu’elle soit, puis rejoint la zone de prélèvement. À travers le couloir aux murs blancs et impersonnels qu’elle traversa, l’israélienne observait déjà le ballet coordonné des blouses écrues allant et venant entre les brancards. Elle s’installa sur l’un des lits, jetant une œillade à la jeune femme d’à côté qui quémandait ouvertement une canette de soda en plus d’une lente noyade au goudron qu’elle jugea finalement superflue. Sacré personnage.

« J’aurais pas dit non à la clope non plus mais le service est pas vraiment des plus ouverts d’esprit ici … » Dahlia esquissa une grimace, à défaut de pouvoir la corriger. « Pas sûre que ça fasse partie de la carte. » Il était communément admis que les distributeurs des hôpitaux ne regorgeaient pas de trésors en tout genre. « Ce qui est dommage, parce que j’aurais bien pris une gorgée de vodka. » déclara-t-elle en évitant soigneusement les prunelles de la blonde, tout comme celles de l’infirmière qui réalisait un garrot autour de son bras. « Ou quelque chose de fort pour ne pas avoir à sentir l’aiguille. » Parce que ce serait bien plus simple, sous l’effet de l’anesthésie. « Ça va ? Tu vas pas faire un malaise parce que pas que ça serait pas distrayant mais ça serait moyen comme publicité à motiver les autres à venir donner leur sang … » Les pupilles de Dahlia tâtonnèrent jusqu’à celles de la blonde, s’y arrimèrent quelques instants avant de dériver brutalement. Son visage n’exprimait rien ; ni joie, ni douleur, ni peur, mais la sensation de l’aiguille perçant sa chair menaçait de la faire tourner de l’œil à chaque seconde. « Ça va. » souffla-t-elle comme si elle avait déserté ce corps pour un ailleurs plus confortable. « T’as eu ton soda ? » L’israélienne esquissa un maigre sourire qu’elle ne parvint cependant pas à maintenir. « Parce que je crois que je vais en avoir besoin. »

got a new hero in town

   @Dahlia Jakande
gif par yarn

noel solidaire. « Pas sûre que ça fasse partie de la carte. Ce qui est dommage, parce que j’aurais bien pris une gorgée de vodka. » Molly ricane, amusée, avant de poser toute son attention sur le bras de la brune. Intéressant. Elle plisse même les yeux, se redresse un peu pour pouvoir observer l’action de l’infirmière. « Ou quelque chose de fort pour ne pas avoir à sentir l’aiguille. » Nouveau ricanement. Pas moqueur. Une première. Elle comprend. Elle fait la maline maintenant que tout est terminé mais c’était un peu différent les minutes avant que l’aiguille ne pénètre dans sa veine.

« Ça va. » « Je vois ça, ouais. T’as l’air de péter la forme … », qu’elle commente avec un petit sourire qui se veut rassurant et réconfortant. « Ça va. T’as eu ton soda ? » Le bras libre de Molly s’étire jusqu’au soda et elle l’agite légèrement dans les airs. « Parce que je crois que je vais en avoir besoin. » « Tiens, vas-y … fais toi plaisir et évite de tourner de l’oeil », dit-elle avec un large sourire tout en lui tendant son soda pour qu’elle le prenne entre ses mains. Partager, c’est une bonne chose, non ? après tout, on est dans le monde des bisounours où tout le monde se donne un coup de main et où on donne même de son sang. C’est pour dire. « Ça se voit que t’es pas dans ton élément … et pourtant t’es venue, t’es là et … tout va bien. » Est-ce qu’elle est en train de la rassurer ? Molly et son penchant pour la gente féminine. « Courageux. Bon on est coincés comme deux débiles ici pour les prochaines minutes », un large sourire aux lèvres, « j’ai pas de bouquin et 5% de batterie, y’a moyen qu’on s’occupe … qu’on se raconte des histoires débiles en attendant, histoire de faire passer le temps. » Nouveau sourire angélique.

Got a new hero in town
Dahlia Jakande & @Molly Biggs

« Je vois ça, ouais. T’as l’air de péter la forme. » Éviter de perdre connaissance dans un moment comme celui-là demandait une certaine expérience en plus d'une parfaite maîtrise de soi. Même après des années, Dahlia ne parvenait toujours pas à s'y habituer. Tout commençait par la sensation de s’éloigner progressivement de son corps avant de finir par le quitter réellement ; des secondes, des minutes, des heures. Fort heureusement, dans le cas de l’israélienne, ça n’avait jamais duré si longtemps. Les mois précédant la naissance d'Alma avaient été les plus longs et les plus difficiles. Les prises de sang mensuelles l'avaient sérieusement mise à l'épreuve, et jamais elle n'avait pensé revivre cette expérience avant aujourd’hui. « Tiens, vas-y … fais toi plaisir et évite de tourner de l’œil. » — « Merci. » Ses doigts s'enroulèrent autour de la canette aux couleurs vives qu'elle porta rapidement à ses lèvres. Le liquide acidulé réveilla ses papilles, la distrayant juste assez pour qu'elle recouvre un peu de vivacité mentale. « Ça se voit que t’es pas dans ton élément … et pourtant t’es venue, t’es là et … tout va bien. » Une nouvelle grimace se forma sur son minois délicat, ses orteils s'activant promptement, comme s'ils constituaient le dernier rempart avant la perte de conscience. « Ça se voit tant que ça ? » La question était purement rhétorique. Dahlia savait pertinemment qu'elle semblait ridicule à remuer les pieds comme un asticot sortant de terre. « C’est encore long ? » s’enquit-elle pour rendre l'instant moins pénible et éviter de jeter un œil sur la poche qui se remplissait d'hémoglobine.

« Courageux. Bon on est coincés comme deux débiles ici pour les prochaines minutes. » Si tant est qu’elle tienne le coup, ce qui était loin d’être gagné. « J’ai pas de bouquin et 5% de batterie, y’a moyen qu’on s’occupe … qu’on se raconte des histoires débiles en attendant, histoire de faire passer le temps. » C'était une excellente idée. Plus elle resterait concentrée sur les paroles de sa voisine de lit, moins elle aurait de chances de s'égarer dans la brume qui commençait à se former. « Pourquoi tu me parlerais pas de toi ? » À défaut de devoir parler d’elle. « J’suis pas sûre d’être en capacité de vraiment réfléchir. » C'était un euphémisme, à ce stade. L'israélienne prit une nouvelle gorgée de soda, déglutissant de manière audible. « Mais si t’as une histoire débile à me raconter, ça me va aussi. » Cela lui arracherait probablement un sourire, si ce n’est un rire, et pourrait peut-être prendre suffisamment de temps pour que la poche se remplisse complètement. « Je promets de t’offrir un nouveau soda - » lâcha-t-elle en désignant du regard la canette en aluminium. « - dès que je serai descendue de ce lit. »

got a new hero in town

   @Dahlia Jakande
gif par yarn

noel solidaire. « Ça se voit tant que ça ? » Molly sourit à la question rhétorique. « C’est encore long ? », qu’elle demande et le regard de Molly se pose sur la poche qui se balance de droite à gauche et qui semble se remplir comme il faut, comme on attend d’elle. « Ça a l’air de fonctionner et vu que tu es en super stress, ton cœur doit être en train de pomper le sang comme un malade, alors ça va aller vite … le plus dur est derrière toi. » La magie de Noel. Molly est en train de dire des trucs sympas, de faire preuve d’empathie. Soit, c’est la magie de Noel. Soit, c’est la fin du monde et personne ne sait vraiment ce qui serait/est préférable ou rassurant. Elle prend même la peine d’accompagner ses paroles d’un hochement de tête qui se veut rassurant et rassuré. Les dons du sang, elle connaît … elle a connu, elle avait dû arrêter quand elle s’est mise à consommer des choses pas très légales. Mais c’était bien le seul truc qu’elle ait fait dans sa vie sans avoir la moindre arrière-pensée.

« Pourquoi tu me parlerais pas de toi ? » Shit ! Elle s’est faire prendre à son propre piège. Elle ne voulait pas vraiment parler d’elle … « J’suis pas sûre d’être en capacité de vraiment réfléchir. Mais si t’as une histoire débile à me raconter, ça me va aussi. » Elle détourne la tête, fixe le plafond en réfléchissant à une anecdote bien débile à lui raconter. Normalement, elle en avait un paquet à raconter. « Je promets de t’offrir un nouveau soda – » le regard de Molly se pose sur son ancienne canette de soda, dont elle en avait déjà fait le deuil, en fait. « - dès que je serai descendue de ce lit. » « J’avais déjà fait le deuil de ce soda … pas de souci. Bon par contre, j’sais pas si j’ai vraiment d’histoire débile à te raconter, j’ai une vie plutôt emmerdante au possible … après j’pourrais peut-être te raconter les histoires chelous qui se passent au ciné dans lequel je bosse … parfois, je me dis que les connards qui passent au ciné oublient qui sont les personnes qui leur servent leur pop corn et conseil d’amis, ne jamais manquer de respect à quelqu’un qui finira par te donner de quoi boire ou manger … très mauvaise idée. »

Got a new hero in town
Dahlia Jakande & @Molly Biggs

« Ça a l’air de fonctionner et vu que tu es en super stress, ton cœur doit être en train de pomper le sang comme un malade, alors ça va aller vite … le plus dur est derrière toi.» Dahlia aurait volontiers fait l'impasse sur les détails, en particulier sur l'image abrupte de son muscle cardiaque palpitant à toute allure. « T’exagères. » mentit-elle en tournant vers elle ses yeux aux longs cils ourlés de mascara waterproof. « Je suis pas en super stress. » Une grimace naquit sur sa figure de cypris. « C’est juste que - » Si elle en avait eu la possibilité, l'israélienne aurait préféré se trouver dans sa chambre, avec l’astre solaire planqué derrière les épais rideaux bleus qu’elle gardait ouverts lorsqu’elle souhaitait que les premiers rayons du soleil et le clapotis de l’aube la tirent d’un sommeil erratique. « - je supporte pas ça. »

« J’avais déjà fait le deuil de ce soda … pas de souci. Bon par contre, j’sais pas si j’ai vraiment d’histoire débile à te raconter, j’ai une vie plutôt emmerdante au possible … après j’pourrais peut-être te raconter les histoires chelous qui se passent au ciné dans lequel je bosse … parfois, je me dis que les connards qui passent au ciné oublient qui sont les personnes qui leur servent leur pop corn et conseil d’amis, ne jamais manquer de respect à quelqu’un qui finira par te donner de quoi boire ou manger … très mauvaise idée.  » La jeune femme fronça les sourcils. « Tu travailles au Blue Room Cinebar ? » C'était l'une des enseignes les plus proches de l'appartement qu'elle louait, bien qu'elle ait une nette préférence pour se rendre au ’Schonell Theatre & Cinema’. « Du coup, j’ai quand même besoin de vérifier… T’es sûre que tu m’en veux pas d’avoir fini ton soda ? » Le coin de ses lèvres tressaillit légèrement, manquant de dévoiler le rictus qu’elle réfrénait. « Parce que je voudrais pas que tu craches dans mon pop-corn la prochaine fois que j’irai au cinéma. » Cette fois-ci, sa bouche s'étira considérablement. Elle trouvait du réconfort dans l'humour, ce qui lui permettait de surmonter les dernières minutes de la sensation désagréable de l'aiguille au creux de son bras. « Tant qu’on y est, raconte-moi l’anecdote la plus croustillante que t’as en réserve. »

got a new hero in town

   @Dahlia Jakande
gif par yarn

noel solidaire. « Je suis pas en super stress. C’est juste que - » « Que ? », qu’elle se permet de demander avec un sourire qui se veut taquin. « - je supporte pas ça. » Elle acquiesce d’un signe de tête, compréhensive. Pour une fois. « Je déconne pas quand je te dis que le plus dur est derrière toi. » Elle se veut rassurante. Une première. Faites une croix dans les calendriers. « Tu travailles au blue room cinebar ? Du coup, j’ai quand même besoin de vérifier… T’es sûre que tu m’en veux pas d’avoir fini ton soda ? » « Twelve happy spectators », réplique-t-elle aussitôt du tac au tac. « Parce que je voudrais pas que tu craches dans mon pop-corn la prochaine fois que j’irai au cinéma. » Les lèvres du petit démon s’étirent en un drôle de sourire. « Non, pas dans ton pop corn mais possible que je me venge dans ton soda. » Elle laisse échapper un éclat de rire. « Promis, je serais la meilleure des employées si jamais tu passes par le twelve, c’est une promesse. » Et, de son bras libre, elle lève la main en faisant le signe des scouts, du moins ce qu’elle pensait être le signe des scouts. Elle n’y connaissait rien et ne voulait pas en savoir plus sur ces morveux qui répandant la bonne humeur te les bonnes actions. A vomir.

« Tant qu’on y est, raconte-moi l’anecdote la plus croustillante que t’as en réserve. » « La plus croustillante ? Y’en a un paquet, ça dépend du domaine dans lequel on se déplace … mais tu sais, des salles obscures, des êtres humains, ces abrutis oublient qu’il y en a qui les voient --- d’en haut … », et elle lève les yeux au ciel. « Je peux te dire qu’il ne faut jamais se fier à un visage angélique, des bonnes manières en public … car ce sont parfois celles aux airs de sainte ni touche qui se révèlent être les plus avides du danger … et une petite tendance au voyeurisme … si tu savais ce qui se passait parfois sur ces siéges, je suis pas certaine que tu aies envie de retourner au cinéma pour mater un film … ouais, cradingue. » Et, elle laisse échapper un rire vraiment amusé, sincère.

Got a new hero in town
Dahlia Jakande & @Molly Biggs

« Que ? » Le sourire espiègle qu’elle lut sur le visage de la jeune femme revigora son corps vidé de son énergie et de sa sève. « Je déconne pas quand je te dis que le plus dur est derrière toi. » — « J’en doute pas. » Si Dahlia avait pris la peine de se renseigner avant de se présenter pour donner son sang spontanément, elle aurait appris que le prélèvement ne prenait généralement pas plus de dix minutes. Et si l’on faisait le décompte du temps qu’elle avait déjà passé, allongée sur ce brancard, l’aiguille fichée dans le bras, plus de la moitié du temps s’était écoulé. C’était fascinant de réaliser que ces quelques instants arrachés au sablier de l’existence, aussi pénibles qu'ils puissent être, avaient le potentiel de faire la différence en sauvant une vie. « Twelve Happy Spectators. » Un léger pli se forma sur le front de l'israélienne. Elle connaissait bien cet établissement, qui avait été son repaire durant ses années d'études sur les bancs prestigieux de la Gold Coast. Pourtant, elle n'y avait pas mis les pieds depuis qu’elle était revenue vivre sur les terres subtropicales de Brisbane. Un frisson parcourut son échine avant qu'elle ne confesse : « Je n’y ai pas été depuis au moins sept ans. Ça a dû tellement changer. Tu y travailles depuis longtemps ? » Une infirmière au visage austère s'approcha d'elles et récupéra la canette en aluminium que Dahlia avait involontairement écrasée. « Désolée. » souffla-t-elle à demi-mot. Ce qui ne réussit pas à arracher un sourire au personnel médical.

« Non, pas dans ton pop-corn mais possible que je me venge dans ton soda. » Le visage de la sylphide se figea dans une expression de surprise, ses lèvres s'écartant pour former la quinzième lettre de l'alphabet. Malgré le caractère taquin de sa comparse, elle remarquait tout de même dans sa voix une sorte d’avertissement sous-jacent, impliquant qu'il était préférable de ne pas se mettre en travers de son chemin. « Promis, je serais la meilleure des employées si jamais tu passes par le Twelve, c’est une promesse. » Ses iris aux nuances mordorées se figèrent dans les siens. « Cool ! J’aurais au moins gagné cette chance ! » Un sourire étira les commissures de ses lèvres. « D’ailleurs, pendant qu’on y est, je m’appelle Dahlia. » Elle se redressa contre le dossier du lit d'hôpital. « Si je suis amenée à te recroiser au Twelve, j’admets que je préfèrerais pouvoir t’appeler par ton prénom que de devoir en déchiffrer les lettres sur un badge. » L'idée était plus personnelle et nettement plus plaisante. Tout comme celle de mettre au jour les secrets les plus sombres ou les plus palpitants du Twelve. Tout était une question de perception. « La plus croustillante ? Y’en a un paquet, ça dépend du domaine dans lequel on se déplace … mais tu sais, des salles obscures, des êtres humains, ces abrutis oublient qu’il y en a qui les voient --- d’en haut … » Une salle apparut dans l’esprit de l’israélienne, où les bandes de vidéosurveillance tournaient en boucle sur de multiples écrans. « Je peux te dire qu’il ne faut jamais se fier à un visage angélique, des bonnes manières en public … car ce sont parfois celles aux airs de sainte ni touche qui se révèlent être les plus avides du danger … et une petite tendance au voyeurisme … si tu savais ce qui se passait parfois sur ces sièges, je suis pas certaine que tu aies envie de retourner au cinéma pour mater un film … ouais, cradingue. » — « Attends, t’es vraiment en train de me dire que l’anecdote la plus folle que tu as, ce sont les gens qui font crounch crounch au cinéma ? » Une moue d'inconfort se peignit sur le visage de Dahlia à mesure que l'infirmière retirait l'aiguille de son bras. La poche d'hémoglobine était enfin complètement remplie. « Je te crois pas. T’as forcément mieux que ça. » Avec gentillesse, le personnel médical les convia à quitter la pièce et à se rendre vers les paniers de collations placés un peu plus loin, insistant sur l'importance de ne pas sortir de l'hôpital le ventre vide. « Ça fait du bien de se retrouver sur ses deux jambes. » lâcha-t-elle en descendant du brancard.

got a new hero in town

   @Dahlia Jakande
gif par yarn

noel solidaire. « Je n’y ai pas été depuis au moins sept ans. Ça a dû tellement changer. Tu y travailles depuis longtemps ? »» «Je peux pas t’dire si ça a changé, j’espère que ça a évolué depuis sept ans sinon ce serait vachement triste … J’y suis pas depuis super longtemps. Disons que j’y suis de passage. » Mais bien sûr Molly ! Faisons comme si tu avais ta vie en main et que tu allais finir par trouver un boulot, un vrai boulot qui t’épanouit et te rend fière. A d’autres ! Le regard de Molly quitte son interlocutrice pour se poser sur sa poche de sang qui se gonfle, se remplit … à sa plus grande satisfaction. Comme quoi être clean, ça a vraiment des avantages. « Cool ! J’aurais au moins gagné cette chance ! D’ailleurs, pendant qu’on y est, je m’appelle Dahlia. Si je suis amenée à te recroiser au Twelve, j’admets que je préfèrerais pouvoir t’appeler par ton prénom que de devoir en déchiffrer les lettres sur un badge. » «Surtout que je porte jamais mon badge mais que j’utilise ceux d’anciennes employées …. », c’était sa technique pour garder son anonymat ; comme si elle avait été une star. C’était surtout pour éviter de se faire calculer si jamais il y avait des plaintes au sujet d’une employée qui laisse à désirer. «Moi, c’est Molly », finit-elle par ajouter pour rendre la rencontre quasiment officielle.

« Attends, t’es vraiment en train de me dire que l’anecdote la plus folle que tu as, ce sont les gens qui font crounch crounch au cinéma ? Je te crois pas. T’as forcément mieux que ça. » Molly ne regarde pas son interlocutrice mais l’infirmière qui lui demande de poser son index sur le petit bout de coton le temps qu’elle lui fasse le fameux pansement. Elle la remercie d’un signe de tête et d’un sourire poli ; vraiment poli alors que Dahlia semblait ravie de voir qu’elle tenait toujours sur ses jambes. Une bonne nouvelle. Molly lui fit signe de la tête pour qu’elles se dirigent vers le coin collation. Elle se sert aussitôt un jus de fruits. «Je bosse dans un ciné’, je bosse pas sur un plateau de télé ou dans un commissariat, détends-toi …. », dit-elle d’une voix rieuse. «Entre voir des couples se tripoter, des mômes vomir dans les toilettes quand ils se sont trop goinfrés et se faire ignorer par des abrutis qui se croient mieux que toi parce qu’ils peuvent se payer un ticket de cinéma … nan … franchement, on se fait chier, vraiment chier. Tu bosses dans quoi ? », qu’elle demande désormais curieuse, portant son verre à ses lèvres.

Got a new hero in town
Dahlia Jakande & @Molly Biggs

« Je peux pas t’dire si ça a changé, j’espère que ça a évolué depuis sept ans sinon ce serait vachement triste … J’y suis pas depuis super longtemps. Disons que j’y suis de passage. » De passage. Ce terme lui arracha un sourire. Dahlia savait parfaitement ce que c'était de ne pas avoir d'autre choix que de se résigner à un travail alimentaire, loin de ses aspirations académiques ou de ses rêves. « C’était pas ton premier choix, c’est ça ? » Elle-même avait fait cette concession quelques semaines plus tôt, optant pour un contrat qui ne nécessitait aucune compétence particulière, juste pour s'assurer de payer ses factures. « Qu’est-ce que tu aurais fait si tu n’avais pas travaillé au Twelve ? » Elle songea à toutes ces jeunes filles qui naîtraient pendant qu’elles discutaient, qui entreraient dans cette époque chaotique où elles pourraient être confrontées à des défis encore plus grands que ceux des siècles passés. Mais qui auraient peut-être la possibilité de reconstruire le monde à leur façon si elles le souhaitaient. « J’imagine que ton rêve c’était pas de servir du popcorn et des boissons gazeuses aux habitants de Brisbane. » Tout comme elle n’avait jamais envisagé de passer ses journées à répondre au téléphone. Par moments — et même souvent — la sylphide regrettait d'avoir mis un terme si abrupt à ses études. Si elle n'avait pas quitté la Gold Coast si précipitamment il y a six ans, elle aurait peut-être atteint les sommets au sein du barreau. À défaut, elle se présenta à sa voisine de lit et lui demanda son prénom en retour. « Surtout que je porte jamais mon badge mais que j’utilise ceux d’anciennes employées… » Un rire pétillant éclata entre les lèvres de l’israélienne. « Pourquoi tu fais ça ? » Plus elle discutait avec la jeune femme, plus elle percevait la singularité de sa personnalité. Sa capacité à injecter des remarques drolatiques dans des conversations sérieuses était véritablement rafraîchissante. « Moi, c’est Molly. » — « Contente de te connaître. » répondit-elle.

Heureuse de ne plus être reliée à un fil en plastique et une poche remplie d'hémoglobine, Dahlia observait avec intérêt les délicatesses offertes par l'hôpital. Elle ne mit pas longtemps à imiter Molly en se servant également un verre de jus de fruit. « Je bosse dans un ciné’, je bosse pas sur un plateau de télé ou dans un commissariat, détends-toi… » Un nouvel éclat de rire secoua ses épaules. « T’aurais pu. » commença-t-elle. « Sans vouloir te vexer, t’as l’air d’être assez culottée comme nana. » Et dotée d’une franchise qui en étonnerait probablement plus d'un. « Entre voir des couples se tripoter, des mômes vomir dans les toilettes quand ils se sont trop goinfrés et se faire ignorer par des abrutis qui se croient mieux que toi parce qu’ils peuvent se payer un ticket de cinéma … nan … franchement, on se fait chier, vraiment chier. Tu bosses dans quoi ? » Les sourcils de l'israélienne s’étaient froncés peu à peu. Molly avait une approche bien particulière pour narrer ses journées et ses anecdotes au Twelve Happy Spectators. « Je suis opératrice téléphonique pour un centre d’appels d’urgence. » Son regard se posa sur une petite madeleine dans un sachet en plastique qu'elle déchira aussitôt. La sylphide devait retrouver des forces, non seulement pour parler de son activité qu'elle avait commencée à contrecœur, mais aussi pour se remettre des litres de sang qu'elle avait donnés — du moins, c'était l'impression qu'elle avait —. « C’est essentiellement un job alimentaire, j’espère pouvoir en changer rapidement. » Dès que la situation le permettrait. « D’ailleurs, je prends mon service dans pas longtemps. »

got a new hero in town

   @Dahlia Jakande
gif par yarn

noel solidaire. « C’était pas ton premier choix, c’est ça ? » « Ni le second … ni le troisième, je crois qu’il ne fait pas partie du top 10. » Elle dit ça sans arrogance, avec amusement même mais c’est plutôt triste de se dire qu’elle y ait coincé dans ce cinéma, dans ce boulot qui ne lui correspond pas, qui est même en soi une petite prison dorée. Dorée car c’est grâce à ce boulot qu’elle peut payer ses factures. Elle devrait s’estimer heureuse – elle le sait. «Qu’est-ce que tu aurais fait si tu n’avais pas travaillé au Twelve ? J’imagine que ton rêve c’était pas de servir du popcorn et des boissons gazeuses aux habitants de Brisbane. » La question, on la lui pose un peu trop et elle n’aime pas cette question. Cette question lui rappelle combien sa vie est pourrie, combien elle est perdue. Être une ratée – voilà ce que cette question sans réponse lui prouve et démontre. «J’en sais rien. Est-ce que c’est si grave ? » La question est rhétorique … ou pas … elle se moque de la réponse et le positionnement de son interlocutrice concernant cette question. «Je pense que ça aurait été la même chose … je me serais trouvée un boulot pour payer mes factures et pas crever de faim dehors … un chat retombe toujours sur ses pattes. » Elle hausse même les épaules car à ses yeux, c’est une qualité. Elle surfe sur la vague de la vie. Peu importe l’univers dans lequel elle se trouve, elle retombe sur ses pattes.

« Pourquoi tu fais ça ? » «Pourquoi pas ? Qu’est-ce que ça leur apporte de savoir que je m’appelle Molly et pas Mandy ? Je crois que c’est un peu surcôté l’idée d’être proche de l’employé qui vous sert votre pop corn … ridicule … » et elle roule des yeux, passant sous silence le fait que ça lui permet de faire des conneries incognito … aussi.

« T’aurais pu. Sans vouloir te vexer, t’as l’air d’être assez culottée comme nana. » Le regard pétillant de biggs se pose sur la demoiselle à ses côtés et elle est pas peu fière la Biggs. Elle affiche même un sourire ravi tout en faisant une petite révérence … en guise de merci, car elle prend ça pour un compliment. « Merci du compliment. »


« Je suis opératrice téléphonique pour un centre d’appels d’urgence. C’est essentiellement un job alimentaire, j’espère pouvoir en changer rapidement. D’ailleurs, je prends mon service dans pas longtemps » « Woh ! Tu vois là, c’est toi qui m’impressionne ... » et elle la désigne de l’index en l’agitant alors qu’elle tient entre son majeur et son pouce un morceau de gâteau qu’elle s’engouffre aussitôt. « A un moment donné … j’avais cru devoir me supporter une « nunuche un peu cruche » mais tu m’as l’air d’avoir pas mal de facettes … je suis certaine qu’il faut un sacré paquet de courage pour se taper ces appels à répétition. » Ouais, elle est impressionnée. Molly n’aurait jamais la patience d’écouter les pleurnichements de quelqu’un qui est dépassée par une situation et a besoin d’un coup de main … aider son prochain, ça sonne surtout emmerdant.

« Je sers du pop corn et tu participes à sauver des vies – il faut de tout sur ce monde. » conclut-elle dans un éclat de rire.

Got a new hero in town
Dahlia Jakande & @Molly Biggs

« Ni le second … ni le troisième, je crois qu’il ne fait pas partie du top 10. » Un sourire subtil se dessina sur son visage de cypris. Elle réalisait soudain qu'elle partageait peut-être plus de similitudes avec cette jeune femme au tempérament excentrique qu'elle ne l'avait envisagé. Si Dahlia avait achevé ses études de droit, elle serait maintenant une avocate de renom, et non une opératrice dans un centre d'appels d'urgence ; c'était une évidence. Il se pourrait qu'un jour, l'israélienne trouve le courage de reprendre ses études là où elle les avait interrompues. Ses compétences étaient indéniables, mais ses priorités, elles, étaient ailleurs. Les iris aux reflets mordorés de la brune rencontrèrent ceux de Molly, et, pendant un bref instant, elle se demanda ce que l'australienne aurait fait si elle n'avait pas exercé au Twelve. « J’en sais rien. Est-ce que c’est si grave ? » — « Non. » répondit-elle en affichant un sourire qui s'accentuait. Dahlia était convaincue que de nombreuses personnes se trouvaient dans la même situation. Si on lui avait ôté son dévouement pour la justice, l’israélienne serait probablement tout aussi perdue. « Je pense que ça aurait été la même chose … je me serais trouvée un boulot pour payer mes factures et pas crever de faim dehors … un chat retombe toujours sur ses pattes. » Elle ne se doutait pas à quel point elle avait raison. « Je comprends ce que tu veux dire. J’avais pas prévu de travailler au Call Center non plus. »

Ce qu'elle ne saisissait pas, en revanche, c'était la raison pour laquelle l’australienne cherchait tant à passer inaperçue. En empruntant les badges de ses collègues plutôt que le sien, elle donnait l'impression de vouloir dissimuler quelque chose, comme si elle tentait de se fondre dans l’ombre. « Pourquoi pas ? Qu’est-ce que ça leur apporte de savoir que je m’appelle Molly et pas Mandy ? Je crois que c’est un peu surcoté l’idée d’être proche de l’employé qui vous sert votre pop-corn … ridicule … » Dahlia aspirait à la proximité humaine, à l'affection, à l'amour. En contraste, Molly semblait bien plus impassible pour adopter une approche si détachée de la relation entre les clients et les employés. « Je sais pas. Je pense pas que tout le monde soit aussi catégorique que toi. » Mais elle devait lui accorder le mérite d'avoir du cran pour avancer des opinions aussi affirmées — sur n'importe quel sujet — en présence d'étrangers comme elle l'était. « Merci du compliment. » L'israélienne faillit s'étouffer avec son jus de fruit en la voyant faire une révérence. Il n'y avait aucun doute, Molly était une véritable énigme. À tel point qu’elle se demanda si sa prochaine réplique était teintée d'humour ou de sérieux. « Woh ! Tu vois là, c’est toi qui m’impressionnes... » Un léger pli se forma entre ses sourcils. « Comment ça ? » Elle doutait que sa personnalité puisse véritablement impressionner l'australienne. Sa moue se mua alors en un air de défi et de provocation. « À un moment donné … j’avais cru devoir me supporter une « nunuche un peu cruche » mais tu m’as l’air d’avoir pas mal de facettes … je suis certaine qu’il faut un sacré paquet de courage pour se taper ces appels à répétition. » Ses lèvres s'étirèrent pour former la quinzième lettre de l'alphabet, un "O" majuscule bien plus large qu’il ne devrait. « Une ‘nunuche un peu cruche’ ? » Puis Dahlia laissa échapper un rire sonore. « Je maintiens ce que je disais, t’es sacrément gonflée comme nana ! » Et empreinte de beaucoup d'humour, aussi. « Je sers du pop-corn et tu participes à sauver des vies – il faut de tout sur ce monde. » L’israélienne lui tourna le dos pour finir son verre d'un trait avant de se retourner et de la regarder comme si elle s’était mue en un serpent à sonnettes, prête à lui sauter dessus pour lui insuffler une nouvelle dose de sarcasme. Mais  avant qu'elle ne puisse répliquer, son téléphone se mit à vibrer dans la poche de son jean. Dahlia l'extirpa et ses yeux s'élargirent comme des soucoupes en découvrant l'heure qu'il était. « Je dois vraiment partir cette fois-ci. Mais sache que la ‘nunuche un peu cruche’ n’a pas dit son dernier mot. » Sa silhouette s'éloigna, dépassant celle de l'australienne ; néanmoins, avant de quitter définitivement les lieux, la sylphide lança : « À la prochaine, Molly. » en soulignant avec soin son prénom.

sujet terminé