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"Je ne sais pas." lui répondit-elle, songeuse, tout en le regardant manger encore une nouvelle crêpe. "Il y a tant de choses possibles, tant de mécanismes qui peuvent s'activer sans raison. Je suis incapable de dire, même de ressentir s'il y avait eu une autre histoire entre eux et nous." Joanne regarda un peu ailleurs, un peu frustrée de ne pas avoir d'indices d'autres personnes comme eux, ayant vécu dans un autre âge. "Avec un peu de chance, nous tomberas peut-être sur des indices qui nous en diront plus sur tout ça." Ils adoraient tous les deux les vieux documents, l'odeur du vieux papier, et étaient tous les deux des personnes très curieuses, bien que c'était de bien différentes manières. Ce point commun les avait toujours assemblait, d'une manière ou d'une autre. Elle se doutait bien que ces histoires relevant presque de l'imaginaire obsédait Jamie, il devait être bien perturbé par toutes ces similitudes et ces coïncidences, alors qu'il était quelqu'un de très cartésien. Leur conversation fut interrompue par Dan, qui n'avait plus rien dans le ventre. Joanne fit l'aller-retour assez rapidement. A peine installée, Jamie partageait sa fascination à être parents, se posant déjà des tas de questions sur leur petit bout de chou. "Et lorsque nous saurons tout cela, nous nous rendrons compte à quel point le temps passe trop vite." dit-elle alors, avec un sourire tendre. "Difficile de croire que j'ai accouché la semaine dernière." Déjà une semaine. Elle se dira certainement la même chose au premier, comme tous les suivants. Joanne se demandait alors s'il y allait avoir d'autres enfants. Elle y pensait sans vraiment trop y penser car elle ne se voyait absolument pas retomber enceinte dans la foulée. Mais elle se posait la question. En serait-elle capable ? Pouvait-elle leur offrir à nouveau un tel bonheur ? Elle en doutait déjà. La fatigue jouait certainement aussi, et le fait que l'accouchement soit encore tout récent. "Il sera parfait dans tous les cas." dit-elle alors, un peu rêveuse. Joanne l'aimait déjà tellement, elle ne voyait pas pourquoi cela changerait selon sa personnalité ou ses goûts. C'était quelque chose qui lui était propre et qu'il devait de développer. Elle interviendra que s'il met sa vie en danger d'une façon ou d'une autre. Le bel homme pensait qu'il était peut-être temps de chercher la maison de campagne dont ils avaient parlé. Cela en faisait, des nouveautés, en peu de temps. Entre Daniel, le remaniement total d'une grande partie de la maison. Jamie semblait se plaire sur cet élan, et continuer sur cette voie-là. Elle fut tout de même touchée, et avait bien du mal à le cacher, qu'il se souvenait également de ce détail. Doucement, il se rapprocha d'elle. Joanne sentit son coeur se serrer et l'observait, sans bouger d'un pouce, ne devinant pas ce qu'il comptait faire. Statique, elle répondit avec autant d'amour à son baiser, et elle sentit son coeur exploser lorsqu'il se mit à parler du mariage. La dernière fois remontait à Sydney. Il y avait cette énorme période de vide depuis, Joanne en avait presque oublié qu'elle était effectivement fiancée et que cela signifiait qu'elle allait se marier. Joanne sentit ses joues rosir légèrement, bien incapable de se défaire du regard de Jamie. Elle adorait sentir ses doigts sur sa joue et restait alors immobile. "Le mariage ?" répéta-t-elle faiblement, la voix tremblante, réalisant qu'ils avaient envisagé de songer au projet après l'accouchement. "Pour de vrai ?" Tout ceci lui semblait si irréel et soudain, elle était à la fois heureuse et un peu perdue. Elle bafouilla, se sentant bien ridicule d'être incapable d'aligner deux mots. C'était un peu comme si c'était sorti de nulle part. "Il faut que je perde un peu pour... pour pouvoir entrer dans une robe." parvint-elle à bégayer. L'événement lui semblait si imminent bien qu'elle se doutait que cela n'allait pas se fait avant de nombreux mois de préparations, et de laisser un peu le temps à Daniel de grandir sereinement. Son coeur battait à tout à l'allure et elle ne savait plus vraiment où en donner de la tête. "Ca fait beaucoup de choses à penser." finit par dire. "Beaucoup de nouveautés." ajouta-t-elle avec un sourire bien plus franc. "Je suis désolée si tout ce que je dis n'a aucun sens." finit-elle par dire après quelques secondes de silence. "Jusqu'ici, ça me semblait si peu probable, à cause des dernières semaines, et tellement lointain en me disant que ce serait après l 'accouchement. C'était à la fois très vite, mais aussi d'une extrêmement lenteur. Lorsque tu l'as de nouveau mentionné, je me suis presque sentie prise de court." expliqua-t-elle avec hésitation. "Pourtant, ça fait des semaines que je me dis qu'il faudra trouver une alliance qui puisse aller avec la bague de fiançailles parce que j'aimerais vraiment continuer à la garder sur moi." dit-elle, en regardant pensivement le bijou en question. Joanne se perdait facilement dans son flot de pensées, paradoxal au possible. Mais son coeur, quant à lui, n'arrivait pas à exprimer pareil bonheur que de penser et enfin concrétiser ce fameux mariage.

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Joanne ne doutait pas un seul instant qu'elle voulait se marier avec lui, cela restait son désir le plus cher, en plus d'avoir eu un enfant. Malgré cette énorme période de vide, ces semaines où elle avait si malheureuse et où il était quasi insupportable d'être dans la même pièces que lui. Elle l'aimait énormément et en parfaite démesure. Peut-être qu'elle aussi, commençait à avoir du mal à exprimer son amour pour lui, se demandant ce qui pouvait lui être autorisé ou non. Elle était encore un peu perdue, bien que l'ambiance s'inspirait bien plus du bonheur et de la légèreté. Qu'il confirme que le mariage était toujours bien d'actualité et qu'il ne comptait pas s'en détournait la soulageait beaucoup. Bien qu'il avait accepté sa bague de fiançailles, ces dernières semaines avaient été particulièrement difficiles et elle s'était mise à douter de beaucoup de choses. Joanne avait largement le temps de faire marcher son imagination. Pendant longtemps, elle s'était même demandée s'il n'était pas allé voir ailleurs, comme par exemple chez Nyx. Jamie avait toujours cette dévotion pour Joanne que cette dernière avait bien du mal à concevoir. "Non non non non..." se mit-elle à paniquer lorsqu'il dit qu'il avait cru un moment qu'elle ne voulait plus de ce mariage. "Je ne veux que ça." dit-elle en le regardant, se rattrapant comme elle le pouvait. "Etre ta femme." Elle préférait préciser. Et le dire reconcrétisait un peu plus leurs fiançailles qui lui avaient semblé bien lointaines depuis longtemps. "C'est ce que je souhaite le plus au monde, avec l'envie d'avoir un enfant avec toi." Joanne lui sourit timidement, comme s'il s'agissait d'aveux. Le bel homme préférait tout de même demander auprès de sa belle si ce mariage était toujours ce dont elle avait souhaité. Rien que le fait qu'il prononce ce mot emballa son coeur qui fit accélérer son rythme. Le regard plus qu'amoureux, elle lui sourit tendrement et répondit tout bas. "Oui, bien sûr." Ils étaient restés proches l'un de l'autres après que Jamie l'ait embrassé. L'avoir si près d'elle, avec ce regard bourré d'excitation à l'idée de se marier la perturbait, la faisait rougir. Il voulait se montrer compréhensif en disant que si elle voulait attendre que leur enfant soit plus grand pour se marier, il serait d'accord. Elle lui sourit tendrement, et laissa flotter quelques secondes avant de répondre. "Disons que j'aimerais qu'il soit suffisamment grand pour qu'il puisse être gardé en toute sérénité pour notre voyage de noces, qui devrait durer plus d'une semaine." Parce qu'une semaine de vacances était définitivement trop court, surtout s'ils comptaient partir à l'étranger. "Je sais que tu n'aurais pas pu attendre un ou deux ans pour concrétiser ce que nous sommes déjà." ajouta-t-elle tout bas, avec des yeux pétillants. "Je suis et je resterai à jamais Joanne Keynes. Ta Joanne ." Son coeur, son corps et son âme lui appartenaient entièrement, depuis qu'ils se connaissaient. Hors de question qu'un autre homme ne mette la main sur elle comme Jamie peut le faire. Elle avait encore l'impression de sentir les mains du père Keynes sur elle de temps en temps, et ça la répugnait. Des images bien difficiles à oublier. "Je..." Elle hésita à commencer sa phrase. "Je ne savais plus vraiment me comporter avec toi, ces derniers temps. Ni comment te dire à quel point je t'aime mis à part porter Daniel et prendre soin de lui jusqu'à l'accouchement. Ni quelle était ma place, ce que je pouvais faire ou ne pas faire." Joanne avait un besoin certains d'évacuer le mal-être qu'elle avait vécu à la première personne concernée. "Alors je me disais qu'il fallait juste que je me tienne à carreau, que je n'exige rien, que je ne me plaigne de rien pour ne pas t'énerver ou te froisser." Jamie devait certainement se douter qu'à côté de ça, son imagination allait bon train et que ça ne faisait que l'enfoncer dans ses idées noires. "Mais il n'y avait pas un seul instant où je n'ai cessé de t'aimer." Elle avait la voix qui tremblait un peu sous l'émotion, mais il y avait une détermination certaine. "Je t'aime, Jamie. J'ai toujours été à toi et je le serai toujours." Joanne passa timidement une main sur sa joue et s'approcha doucement de lui afin de pouvoir l'embrasser tendrement.

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Ils restaient en tout point le couple le plus improbable qui soit. Beaucoup se seraient séparés depuis bien longtemps s'ils avaient traversé ne serait-ce que la moitié de ce que Jamie et Joanne avaient pu vivre ensemble. Il n'y a qu'un pas entre l'amour et la haine, disait-on. Tout s'harmonisait alors qu'il y avait cet éternel paradoxe, impossible à résoudre. Il y avait sans cesse des obstacles, des embûches, comme si parfois le destin ne voulait pas qu'ils soient heureux ensemble. Joanne préférait alors se risquer très maladroitement à partager son ressenti de ses semaines vécues, en toute solitude, avant l'accouchement. Il avait certainement deviné à quel point il était parvenu à la rendre malheureuse, plus ou moins volontairement, à quel point elle se sentait être sur le fil et qu'une simple brise pouvait la faire tomber. Joanne ressentait encore quelque part ce malaise, son coeur lui semblait encore si lourd. Jamie l'écoutait jusqu'à la fin, sans jamais l'interrompre, mais ne manquait pas de lui répondre du même amour juste après l'avoir embrassé. Il admettait qu'il n'avait pas rendu la fin de sa grossesse facile. Il était vrai que cette dernière était loin d'être idéal, déjà que ses organes lui faisaient des misères, elle se réveillait le matin sans avoir envie de bouger de son lit et de faire quoi que ce soit d'elle et elle se rendormait souvent le soir en pleurant. Joanne haussa simplement les épaules à sa remarque, sans savoir quoi dire. C'était passé de toute façon, il n'y avait plus rien qui pouvait être changé. Mais Jamie continuait et expliquait son comportement. Il ne l'admettrait jamais, mais il s'agissait bien de la vengeance par opportunisme, sachant très bien comme sa supposée bien-aimée allait réagir. L'entendre l'expliciter était d'autant plus blessant. Joanne sentait une boule se former dans sa gorge qu'elle tentait de déglutir à maintes reprises, mais sans succès. Il y avait là une certaine forme de cruauté, c'était certain. Joanne n'avait pas souvenir d'avoir ainsi abusé de ses faiblesses et des divers facettes de sa personnalité pour le faire ainsi tourner à son avantage et s'en donner satisfaction. Elle n'en avait sûrement pas le droit. Joanne comprenait qu'il avait besoin de temps, qu'il l'avait utilisé d'une manière horrible pour que tout se tourne contre elle. Elle était blessée, mais elle n'allait pas le blâmer. Son coeur qui était décrit comme dessécher aurait bien du mal à se réhydrater après avoir explicitement entendu qu'il avait vicieusement abusé d'elle et de sa patience. Sans qu'elle ne s'en rende compte, ses doigts fins s'étaient à jouer entre eux, les membres un peu tremblants. Elle baissa les yeux. "C'était tout ce que je méritais." dit-elle alors, haussant une nouvelle fois les épaules juste après. La jeune femme lui fit ensuite un sourire des plus forcés, mais elle ne voulait pas l'inquiéter - il n'allait certainement pas s'en vouloir. Ses yeux la trahissaient énormément et se mirent à briller un peu plus que d'habitude. Ils restaient tout de même baissés. Elle le savait désormais capable d'être violent de bien différentes manières, et pourtant, elle l'aimait toujours autant. Beaucoup de choses avaient été lésées et le resteront encore pendant longtemps, mais jamais l'amour qu'elle lui portait. Doucement, Jamie la força à redresser sa tête avec ses deux mains et il parvint à capter son regard et faire en sorte qu'il ne fuit pas. Il voulait prendre ce nouveau départ, maintenant que Daniel était là, il était suffisamment déterminé pour eux deux. Mais il espérait un peu trop en se disant qu'il ne fallait pas que cette histoire les ronge. Cela faisait des semaines entières que ça la dévorait petit à petit, il y avait des jours et des jours où elle était noyée dans sa solitude et où personne ne pouvait limiter les dégâts. C'était un peu utopique de parvenir à se reconstruire aussi rapidement, bien que leur bébé l'avait déjà beaucoup aidé. Elle ne voulait rien exiger de Jamie, elle ne pouvait pas le faire et ne se le permettrait pas de toute façon. Joanne ne put empêcher cette larme de couler le long de sa joue, c'était bien moindre comparé à tout ce qu'elle gardait en elle à ce moment précis. La respiration tremblante, elle le regardait approcher son visage du sien, comme s'il s'agissait d'une reconquête. Il l'aimait, et l'embrassait avec une ardeur qui avait été longuement oubliée. Joanne y répondit avec tout autant d'amour bien que son être ne ressemblait plus à grand chose, trop rongé et trop fissuré de partout, on ne savait même par où commencer pour espérer reconstruire quelque chose. Tout était si paradoxal en elle, plus rien ne concordant. La seule sphère intacte était celle de la maternité, mais le reste n'était prêt qu'à redevenir poussière. Elle était toujours aussi perdue. Elle savait qu'elle l'aimait, mais comment le montrer, comment le dire, elle avait un peu oublié ces méthodes qui lui étaient propres. Elle se sentait si fragile et si maladroite. Tout semblait être à réapprendre, encore une fois. Ce baiser avait parfois une apparence de torture. Etait-ce vraiment pardonné, définitivement ? Qu'avait-elle le droit de faire, désormais ? Il y avait encore toute une liste de questions dont elle n'avait pas la réponse, n'arrivant toujours pas à se situer dans son rôle, dans ses droits et ses devoirs. Lorsque leur baiser prit fit, elle ne savait pas quoi dire. Les yeux rougis et muette, elle baissa honteusement ces derniers avant de finir par l'enlacer. Pourquoi l'enlacer, elle ne savait pas vraiment. Son étreinte lui manquait certainement, mais c'était aussi un excellent moyen pour qu'il ne voit pas les expressions de son visage, à quel point elle se sentait perdue et qu'il y avait encore beaucoup de tristesse et d'émotions négatives à évacuer. Dans le fond, elle restait sa poupée, dont il savait parfaitement comment tirer les ficelles pour la faire tourner en son avantage, comme il le voulait, où il le voulait lorsqu'il le voulait. Il avait su l'utiliser pour elle tout comme il venait si bien de l'utiliser pour lui, et de faire d'elle un vulgaire bouc émissaire.

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Une certaine tension était palpable. Ils avaient commencé à crever l'abcès, et ils savaient tous les deux que c'était loin d'être gagné. Ils cherchaient tous les deux un mieux dans leur relation, à faire en sorte qu'ils forment à nouveau ce couple fusionnel, si proche de la perfection. Mais les temps étaient, les remords et les rancoeurs encore bien présents. Elle sentit Jamie serrer son étreinte, mais ce n'était certainement pas par affection. Il avait cette dure fermeté qui manipulait ses doigts et qui ne le rendait pas aussi tendre qu'il n'aurait pu l'être. Inquiète, elle restait pétrifiée en se demandant la suite des événements, quelque peu paniquée. Jamie mit fin à l'étreinte, assez froidement, en prenant les poignets de la jeune femme pour qu'elle cesse. Une bien mauvaise manière de la tenir car cela lui rappelait des souvenirs plus que douloureux. Avant qu'elle ne panique, il la libéra de ses doigts, mais son regard maintenait désormais ses yeux prisonniers. Il posait une question, et il voulait une réponse. Il avait toujours un regard particulièrement dur pendant ce genre de situation, impassible, presque glacial. Un regard difficile à supporter mais l'emprise qu'il avait sur elle était incassable. Joanne hoqueta, ne sachant vraiment que dire, ni où par commencer, véritablement. "Je veux ce renouveau autant que toi."Elle avait toute petite voix, et bégayait régulièrement, le temps de trouver ses mots. "J'aimerais tellement que nous vivions à nouveau une période où nous nous aimons en se fichant bien des normes, de ce que les autres pensent." Elle marquait également des pauses régulières, de peur que son discours n'ait ni queue ni tête et que cela devienne incompréhensible pour son fiancé. "Mais je ne comprends pas pourquoi le fait que j'ai pu mettre notre fils au monde me permette d'être pardonnée. Et je ne sais pas comment faire pour tout oublier et repartir d'un bon pied. Faire comme si ces dernières semaines n'avaient jamais existé. La punition, la vengeance, ce ne sont jamais des choses faciles à effacer de la mémoire, et dieu sait à quel point j'aimerais que ce soit le cas. Parce que c'est une torture, de se souvenir de ça." Même si c'était pardonné, même si c'était passé. Cette situation là ne s'était terminée qu'il y a une semaine de ça. "Et t'entendre dire que tu voulais de tout ça, que tu admettais absolument, c'est tout aussi blessant que ces dernières semaines. Les mots sont parfois bien plus douloureux que le reste. Je sais que ce n'est qu'une maigre revanche comparé à ce que j'ai fait, et je sais que c'est tout ce que je mérite." Joanne avait encore beaucoup de choses à dire, mais les mots lui manquaient. "Et je n'ai plus personne à qui en parler. Quand on y pense, toutes les personnes que l'on pourrait de proches, je ne les connais que par toi. Je leur aurais dit quoi que ce soit, ils seraient venus vers toi, et je ne savais pas quelles en seraient les répercussions. Alors je gardais tout pour moi." Elle haussa les épaules. Joanne connaissait merveilleusement bien la solitude et depuis qu'elle avait rendu sa bague, c'était comme si elle retrouvait une vieille amie, qui était bien plus cruelle que la dernière fois qu'elle l'avait vu. Son discours n'était qu'une preuve supplémentaire de l'influence que Jamie avait sur la vie de Joanne. Il encadrait de partout, il avait la main mise sur une très grande majorité des éléments, qu'il pouvait contrôler à son aise s'il le voulait. "Daniel est le plus grand tournant de notre vie. Il est le fruit de notre amour, une preuve concrète de ce que nous sommes capable d'accomplir ensemble. Ca ne donne qu'envie de continuer sur cette voie-là, d'espérer même d'en avoir plus. Et j'ai l'impression que tu suis à la perfection ce virage avec lui, mais que moi, je fonce droit dans de le mur. Parce que je ne sais pas ce que je peux ou ne peux pas faire avec toi, ou si je dois juste continuer à suivre le mouvement seulement lorsque tu en as envie tout en m'occupant de Daniel. Ou si je peux faire plus. Si je peux de nouveau parler avec toi, t'aimer, demander de l'attention, ou tout simplement me rapprocher de toi sans que je ne te répugne et que tu fasses un pas en arrière." Parce qu'il l'avait déjà fait. Joanne était la plus perdue des deux désormais. "Je ne sais pas où sont les limites que tu veuilles poser." Elle ne savait pas s'il y avait des choses encore à éviter, qui serait encore un peu bancale. "Je ne demande qu'à reforger notre bulle, avec Daniel, et qu'elle soit incassable, par personne. Je ne laisserai personne vous atteindre. J'aimerais tellement que l'on fasse cette vie de famille qui sera sans doute merveilleuse, que nous formions à nouveau ce couple et que personne ne puisse nous séparer désormais. Je ne veux que ça, Jamie, de cette vie parfaite qui se dessine juste devant nous trois. Et je sais qu'il y a énormément de choses à construire, ou à en fortifier d'autres. Dis-moi juste où nous en sommes, ce que je dois faire pour commencer. Le reste suivra."

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La conversation était compliquée. C'était le genre de sujet qui pouvait rapidement tourner au vinaigre et les faire ainsi crier l'un envers l'autre, parce qu'ils s'aimaient beaucoup trop, une fois de plus. Jamie était tout aussi perdu qu'elle, il ne parvenait pas à placer un seul mot suite au discours de sa fiancée. Il avait toujours du mal, lorsqu'il s'agissait de parler de sentiments, d'émotions, ce n'était pas quelque chose avec laquelle il était à l'aise. Joanne ne le savait que trop bien et elle ne lui en avait jamais tenue rigueur. Ce n'était pas prêt de changer. Jamie ne comprenait pas non plus. Il était tellement maladroit, sa voix était basse, quasi hésitante, certainement de peur de faire un pas de travers. Ce genre d'exercice était si difficile pour lui. La jeune femme restait silencieuse, lui laissant tout le temps dont il avait besoin pour s'exprimer. A ses derniers mots, elle sentit son coeur s'emballer, profondément touchée par ses paroles. Il avait pris avant délicatement ses mains, dont il caressait tendrement la peau. Une bien autre manière de prendre ses mains que la fois précédente, quelques minutes plus tôt. Jamie semblait dérouté d'être capable de s'exprimer ainsi, et ne parvint pas à terminer sa phrase. "Tu as vraiment vu tout ça, au moment de la naissance de Daniel ?" finit-elle par lui demander. Elle se souvenait que Jamie disait à quel point il était fier d'elle, de ce qu'elle avait su accomplir. D'un geste délicat, Joanne fit relever le visage de son fiancé afin de pouvoir intercepter son regard. Une fois fait, elle lui caressa tendrement la joue. "Tu as ta propre manière d'exprimer tes sentiments." commença-t-elle, d'une voix douce. "Mais ça n'a pas été trop possible ces derniers temps, à cause de plein de choses." La grossesse, la fatigue, la pudeur de Joanne, la tension qui régnait à chaque fois qu'ils étaient dans une même pièce. La liste était encore bien longue. "Tu t'y prends très bien, Jamie. J'aime ta manière de l'exprimer comme tu sais si bien le faire, tout comme ce que tu viens de me dire, bien que tu penses que ce soit quelque chose de maladroit. Je te trouve que c'est particulièrement attendrissant. Et je le sais, je le comprends." La jeune femme se rapprocha un peu plus de loin, sans enlever sa main sur son visage ni détacher son regard du sien. Elle passa son pouce sur ses lèvres, sentant le rythme de son coeur s'accélérer. "C'est comme ces premières fois..." dit-elle tout bas, en regardant quelques secondes la bouche qu'elle était en train d'effleurer. "C'est si compliqué de s'aimer beaucoup trop parfois. Nous ignorons les règles et les normes, se fichant bien du raisonnable, mais ça ne semble pas assez, ça va toujours au-delà de ce que l'on peut imaginer. Certaines personnes doivent penser que ça arrive à la limite du malsain, mais je ne le pense pas." Jamie savait qu'il y avait encore bien des étapes à franchir avant d'espérer l'aimer comme il savait si bien le faire. Il lui avait déjà fait comprendre que malgré les changement physiques provoqués par la grossesse, il l'aimait et l'acceptait toujours. Mais il y avait encore cette étape à franchir qui était de se montrer à lui. Le pari était loin d'être gagné, mais Jamie avait déjà surmonté cette épreuve une première fois, il y parviendrait non sans mal une deuxième fois. Au bord de ses lèvres, elle lui dit tout bas. "Je vous aime Jamie Keynes, plus que de raison." Joanne prit un certain temps avant que le contact avec ses lèvres soit total. Elle l'embrassait on ne peut plus amoureusement, gardant son visage entre ses mains. Voyant qu'il ne la repoussait, bien au contraire, elle se rapprocha encore plus de lui, désormais collée contre lui. A genoux, et légèrement redressée, elle était plus haute que lui de quelques centimètres. Le bout de ses doigts caressait sa peau ou ses cheveux pendant le baiser.

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