« Decidí vivir sin importar qué digan  »    jonah fletcher & @Cami Hasting.

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Pour la première fois, leurs pas allaient avancer en dehors du rythme bien rodé de leurs rencontres matinales. Comme promis, lorsque Cami revint des Etats-Unis, Jonah et elle trouvèrent un soir pour tester le fameux restaurant mexicain qui avait émergé dans leur quartier et qui avait suscité leur curiosité gourmande. C’était peu dire que d’affirmer que le jeune homme était aussi excité que nerveux. Sortir de ses habitudes bien ancrées était un petit défi, et il craignait que cet à côté ait le potentiel de ruiner la routine qu’il avait avec Cami, de donner à leur relation un virage qu’il regretterait. Il aimait avoir sa confidente du matin, sa camarade de café, quelqu’un qui le connaissait sans trop en savoir, une personne à qui il révélait certaines de ses pensées sans craindre les répercussions sur le reste de son entourage. Il réfléchissait trop, n’est-ce pas ? Comme toujours lorsqu’il était question de relations humaines. Chez Jonah, les actions étaient spontanées, les plaisanteries manquaient de prudence, les mots pouvaient s’échapper et les gestes maladroits, mais cela ne l’empêchait pas de construire ses amitiés avec délicatesse et traiter ses proches avec un trop-plein de considération.

Le soleil était déjà en train de se coucher lorsque Jonah rejoignit le point de rendez-vous. Les restos, c’était un peu de soir, hein ? Néanmoins, cela donnait à l’occasion un aspect trop proche du date, ce qui mettait le jeune homme mal à l’aise. Pour contrecarrer cet effet, il s’était armé de sa nonchalance naturelle, son allure désinvolte ; boucles brunes en bataille, t-shirt Final Fantasy qui hurlait “geek en approche”, jean froissé, car il avait une véritable allergie au repassage. Cami était là, souriante et rayonnante, sa silhouette se détachant contre le ciel orangé. Il lui tint la porte et la laissa pénétrer en premier dans l’établissement.

Le restaurant les accueillit avec des couleurs vives et une ambiance chaleureuse. Les murs étaient ornés de décorations traditionnelles, des guirlandes de piments séchés aux sombreros suspendus. Un peu cliché, d’après lui, mais il n’avait jamais été au Mexique pour pouvoir en juger. En tout cas, c’était esthétique. L'odeur alléchante des épices flottait dans l'air, chatouillant ses narines et stimulant ses papilles. Jonah laissa échapper un sifflement admiratif. « Pas mal du tout », dit-il, un sourire étirant ses lèvres. En voyant le monde présent, le Fletcher se fit la remarque qu’il avait bien fait de laisser Cami réserver une table plutôt que de venir à l’improviste et prier d’avoir une place comme lui l’aurait habituellement fait. Qui disait nouveauté disait curiosité du quartier, et l’établissement attirait visiblement beaucoup de monde pour ses premières semaines d’activité. Ils furent conduits à leur table, un coin confortable près de la fenêtre, offrant une vue sur la rue animée. Les menus colorés furent posés devant eux. “Ok, petit jeu : on ne doit choisir que des plats avec un nom compliqué à prononcer et dont on a pas la moindre idée de ce dont il s’agit. Interdiction de chercher sur Google.” Après tout, à quoi bon se rendre dans un restaurant spécialisé dans une cuisine typique d’ailleurs si c’était pour se réfugier dans le connu, le déjà-vu ? Les noms des plats étaient écrits en espagnol, et Jonah n’en parlait pas un mot. Leur composition était détaillée, mais cela donnait difficilement une idée de la consistance de la chose. C’était une occasion parfaite de plonger dans l’inconnu. Il laissa son doigt glisser sur les lignes au hasard et tomba sur un titre qui lui parla ; Pollo Con Mole Poblano. Vendu.

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Jonah hocha la tête d'approbation, souriant devant le décor coloré de l’établissement. La vue des clients débordant d'enthousiasme pour ce nouveau lieu renforça son sentiment qu’ils ne seraient pas déçus de leur soirée.Il appréciait l'idée de se plonger dans l'inconnu gustativement parlant, de laisser derrière lui la familiarité du quotidien, des pizzas, burgers, tacos et ramen dont il avait l’habitude de se nourrir comme un éternel étudiant dénué d’hygiène de vie.

Cami se prêta au jeu. « Tostadas de Carne Molido. Et toi ? » Elle avait l'air relativement convaincue (plus par le plat que par sa tentative d’accent espagnol). En tout cas, elle relevait le défi. “Le tien sonne bien ! Moi je vais tenter le Pollo Con Mo…” débuta Jonah, les lettres s’emmêlant sur la carte aux petits caractères qui challengeaient sa lecture naturellement lente. Il n’essaya même pas de feindre un accent ou de rouler le moindre R. “Un truc avec du poulet et du cacao, ça a l’air drôle.” il résuma finalement en haussant les épaules. Cela avait autant de chances d’être un délice, une révélation, ou une étrangeté sucré-salé qui feraient grimacer ses papilles. Il s’inspira de la commande de Cami en termes de boissons et prit également une Margarita pour accompagner le repas. Autant faire typique jusqu’au bout.

La jeune femme se pencha et récupéra quelque chose dans son sac ; Jonah avait presque oublié qu’elle s’était engagée à lui ramener un chapeau de Nashville et ne s’était même pas attendu à ce qu’elle y pense réellement pendant ce voyage où le mariage de son amie était l’événement phare. Il se sentit donc à la fois flatté que Cami ait bel et bien pensé à lui, et excité de toucher et essayer le fameux chapeau qu’elle lui tendait. « Pour mon apprenti cowboy. » Bien sûr, sans attendre, il le mit sur sa tête et nota qu’il était bien plus confortable que ce à qui il s’attendait. Il se tourna vers la vitre à côté d’eux, l’obscurité extérieure lui permettant de se deviner un reflet afin de constater son allure. "Tu l'as vraiment fait ? Merci," dit-il avec un sourire sincère. “Il est génial.” Tandis qu’il s’essayait à différentes expressions du visage cliché et comiques inspirées des westerns, les passants, de l’autre côté, lui jetaient des regards étonnés et amusés qu’il ne remarquait même pas. La seule chose qui lui traversait l’esprit, c’était que le succès du film Barbie allait peut-être lui permettre de mettre le couvre-chef dans la rue sans être regardé de travers. Si Ken pouvait le faire et avoir l’air cool, lui aussi. Même s’il n’avait rien d’un Ryan Gosling.

Il fut interrompu dans sa divagation par le serveur, revenant avec les boissons. Jonah leva son verre pour trinquer avec Cami. “Comment c’était, Nashville et la grande célébration de l’amour ?” il demanda après une fine gorgée de Margarita. La bordure salée du verre lui arracha une grimace momentanée.

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Bien sûr qu’il adorait le chapeau, et bien sûr qu’il lui allait parfaitement. Cami était quelqu’un de bon goût, Jonah l’avait remarqué depuis le début. Elle avait une classe et une élégance dont il était dénué -et qu’il ne cherchait pas à atteindre, chacun son truc. « Ta formation pour devenir un cowboy est presque terminée, il te manque juste le rodéo, la country, le lasso.. - Et l’harmonica ! » Tous les cowboys savaient jouer de l’harmonica s’il en croyait les westerns. Ca ou des cuillères, et il n’avait absolument pas la coordination nécessaire pour maîtriser cela. Jonah se sentait un peu comme un enfant jouant à se déguiser, mais il ne pouvait nier à quel point le geste de Cami lui avait fait chaud au cœur.

Le souvenir du récent mariage de sa meilleure amie amenait une discrète lueur d’émotion dans le regard de Cami. Jonah pouvait aisément imaginer le tableau joyeux que la cérémonie avait été. Il avait lui-même assisté à un certain nombre de mariages, en tant qu’invité ou garçon d’honneur. Ses préférés restaient ceux qui proposaient un open bar. « C’était parfait, très beau. Mais j’adore les mariages, donc je ne sais pas si je suis vraiment la meilleure personne pour juger. Oh et j’ai attrapé le bouquet. J’ai écouté ton conseil, on verra bien si quelqu’un me demandera en mariage bientôt. » Jonah lâcha un rire. Lui comme elle savait que cela était peu probable si elle ne voyait personne en ce moment -ce qui ne semblait pas être le cas d'après ses paroles. Les coups de foudre qui précipitaient une demande dans les six mois, c’était bon pour les films à l’eau de rose. Dans leur monde contemporain, de moins en moins de personnes croyaient au mariage, malheureusement. Les gens préféraient l’option de pouvoir fuir à tout moment, comme ils avaient l’habitude de ghoster sans considération pour les émotions des autres. “Si dans un an, jour pour jour, personne ne le fait, j’me dévouerais.” déclara le jeune homme pour plaisanter. Cela sonnait étrangement romantique et désespéré à la fois. “En plus, d’ici là j’ai le temps pour apprendre le rodéo, la country et le lasso.” Et devenir le gendre idéal selon les standards de Nashville.

« Alors, tu as trouvé des nouveaux lieux à visiter ? » interrogea Cami qui n’avait pas oublié leur précédente conversation. Jonah reprit une gorgée de Margarita, fit une nouvelle grimace. Allait-il s’habituer à l’acidité du sel d’ici la fin de son verre ? "Eh bien, j'ai fait quelques découvertes intéressantes récemment. J’ai reçu les autorisations pour explorer une ancienne prison aujourd’hui abandonnée, et peut-être hantée. J'ai trouvé un ancien entrepôt désaffecté non loin d'ici, qui a l'air d'avoir une histoire fascinante. L’entreprise aurait appartenu à un magnat du BTP, et quand il est décédé, les héritiers ont tellement passé leur vie à se tirer dans les pattes que personne n’en a profité, le lieu est tombé en décrépitude et maintenant les petits-enfants n’en veulent pas.” Et il parlait beaucoup trop sans s’en rendre compte, tellement emballé par chacun de ces endroits qu’il ne réalisa qu’il monologuait que lorsque les plats furent déposés devant eux par le serveur. “Comme quoi, il reste quelques trésors cachés dans les coins sombres de la ville. Enfin, ma définition de “trésors”, disons.” Le jeune homme se pinça les lèvres. Cami, comme beaucoup de personnes, devait le trouver étrange de s’enthousiasmer pour des histoires pareilles. Pour elle, il était simplement agent immobilier. Il n’avait même pas détaillé le genre de biens dans lequel il était spécialisé pour s’épargner le regard en coin que les filles de la classe de Cami jetaient généralement. Ses yeux se posèrent sur son plat ; le fameux poulet en sauce sentait bel et bien le cacao chaud et était accompagné de haricots. Le choix de Cami paraissait également délicieux. L’odeur était appétissante et la présentation, rustique, donnait l’impression de manger un plat fait maison chez un habitant de Mexico. “Désolé, c’est pas forcément des trucs qu’on veut entendre quand on s'apprête à manger. On dirait que tu as fait un excellent choix !”

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Bien qu’ils n’étaient pas dans leur café habituel, il y avait une atmosphère familière dans cette soirée, ce tête-à-tête dans un cadre différent, mais réunissant toujours les mêmes protagonistes. Comme quoi, au bout d’un certain temps, ce n’était plus le lieu qui faisait les affinités. Entre eux, leurs rires et leur conversation légère créaient une ambiance agréable qui, doucement, faisait oublier à Jonah la nervosité qu’il ressentait encore lorsqu’il était entré dans le restaurant. La seule différence qu’il voyait entre leurs échanges matinaux et cette soirée, c’était qu’une margarita avait pris la place du café dans sa main. "L'harmonica dépassé ?!" s’exclama-t-il. Jonah leva les sourcils, feignant un air offensé. "Je vais te prouver le contraire, Cami. Pour la peine, je vais apprendre les deux : la guitare ET l’harmonica. Et personne, je dis bien personne, ne pourra résister à la sexitude de ce véritable cowboy !" Il leva son verre sans un élan de théâtralité et trinqua dans l’air avec les fantômes de Ford et Wayne. Mais pour parfaire l’attirail et pouvoir prétendre à la main de Cami dans le scénario hypothétique et un brin niaiseux qu’il lui proposait, d’autres talents étaient à ajouter à sa liste d’apprentissages, dont le lasso. Les paroles de Cami avaient un charme innocent qui le fit sourire. "Je pourrais bien te surprendre," plaisanta-t-il. Car Jonah avait la dextérité d’un poulpe et la coordination d’un panda, ce jour n’arriverait sans doute jamais. Il devait s’en tenir à son domaine de prédilection ; les histoires de fantômes et les lieux abandonnés qui faisaient fuir les belles demoiselles à toutes jambes. Du moins, il crut comprendre que tout cela n’était pas la tasse de thé de Cami à son silence, et eut soudainement l’impression d’avoir mis les pieds dans le plat.

Parlant de plat, les leurs arrivèrent, dégageant des arômes succulents. Le Fletcher observa le sien avec un sourire approbateur. "Ça a l'air délicieux," confirma-t-il, pas peu content du choix que le hasard avait fait pour lui. Et puis, il n’avait jamais été déçu par la cuisine mexicaine, postulat qui se confirma par une première bouchée aussi surprenante que goûteuse. Ce pollo n’aura pas été transformé en ragoût pour rien, et ce restaurant n’avait pas intérêt à mettre la clé sous la porte de si tôt.  « Et sinon, du nouveau pour toi? » demanda Cami, laissant Jonah silencieux un court instant. La question était si large qu’il ne saurait par quoi commencer, alors il songea à sa dernière anecdote en date, la plus distrayante. “J’ai tapé l’incruste sur un yacht où il y avait une soirée pleine de gros bonnets. La propriétaire, Cristina, a cru que j’étais un employé et m’a sommé de monter à bord pour aider, alors je me suis dit pourquoi pas ? et je l’ai fait.” Puis il s’était fait attraper, légèrement remonté les bretelles, mais il était là pour raconter l’histoire alors l’affaire se terminait bien. “La Cristina était totalement une Lex Luthor en puissance. Les cheveux en plus. Richissime, un charisme de dingue.” Et il s’était convaincu qu’elle l’aimait bien. Assez pour ne pas le jeter par-dessus bord. Bref, c’était sa récente aventure. “Et toi ? Des projets passionnants en vue ?"

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« J’ai regardé l’une de tes vidéos. » Instantanément, Jonah planqua sa bouche derrière sa serviette. Surpris, il avait été à deux doigts de, d’abord, s’étouffer avec une bouchée de son plat, puis, de la recracher en toussotant pour reprendre son souffle. En somme, rien de glamour qu’on ne veuille voir à table, et il avait eu le bon réflexe d’épargner cela à Cami. Ne restait de ses émotions que ses grands yeux bleus ouverts en rond comme deux assiettes. « Je ne savais pas que tu avais autant d’abonnés. Mais à vrai dire, je ne suis pas étonnée, tes vidéos sont géniales. Il y a un véritable travail derrière, tu peux être fier. » Il se servit un verre d’eau et l'engloutit. Le jeune homme avait toujours craint l’opinion de Cami sur le domaine qu’il explorait à travers ses vidéos. Il avait visiblement fait une montagne d’une taupinière. “Oh, euh, ouais… Merci.” Un sourire timide de gratitude se dessina sur son visage malgré sa nervosité palpable. “J’suis content si t’as trouvé ça chouette.” Chouette ? T’as un vocabulaire d’enfant de dix ans, Fletcher. “C’est pas forcément la tasse de thé de tout le monde.” Il était fier de son travail sur sa chaîne, bien sûr. C’était une passion, un travail fait avec tout son cœur et son savoir-faire. Mais il était aussi conscient que ses vidéos étaient destinées à provoquer des frissons, de la peur, parfois un sentiment de paranoïa chez les spectateurs. C'était le genre de contenu qui attirait beaucoup d'abonnés, certes, et qui révulsait au moins autant de monde. Et même si juger sur les apparences n’était pas terrible de sa part, Cami n’avait pas l’allure de son public cible ; il se doutait que si elle n’était pas allée au-delà d’une seule vidéo, c’est parce qu’elle avait eu sa dose. Ce qu'il se demandait désormais, c'était si elle croyait bel et bien en ces histoires de fantômes, les communications avec les esprits qu'il mettait en scène et la médiumnité qu'il prétendait posséder, ou si elle était demeurée incrédule.

L'anecdote qu'il partagea avec la jeune femme concernant sa dernière (més)aventure en date tordit les lèvres de Cami en un sourire amusé. « Il n’y a qu’à toi qu’il arrive ce genre de chose. Et tu t’en sors toujours bien. » Jonah rit doucement et fit mine d’arranger le col imaginaire de sa chemise inexistante. “Mon talent à me mettre dans des situations grotesques n’a égal que mon mon charme irrésistible pour en sortir.” Du calme, 007. La seule raison qui faisait que cette anecdote n’était pas un désastre total, c’était la magnanimité de Cristina. Et, comme pour pas mal de monde ayant affaire au Fletcher dans ces situations loufoques, ce sont des airs d’ahuri bienheureux qui l’avaient convaincue de ne pas le faire jeter par-dessus bord, bien plus que sa capacité à se croire dans un film d’espionnage. Il n’aimait même pas les Martinis.

Puis, Jonah voulut en savoir plus sur ce qui s'était passé pour Cami depuis son retour de Nashville quelques jours plus tôt. Elle lui apparaissait comme étant plutôt du genre à faire les choses plutôt qu’à les raconter, les résultats parlant pour elle. A moins qu’elle ne craigne de l’ennuyer avec des termes de business woman auxquels il ne comprendrait pas grand-chose. Elle gardait les détails pour elle, se contentant de mentionner qu'elle était déjà de retour au travail et qu'elle avait des rendez-vous à enchaîner. « J’ai rendez-vous avec une grosse franchise demain, souhaite-moi bonne chance. » Sur le point de porter sa fourchette à sa bouche, Jonah la reposa immédiatement et afficha un large sourire encourageant à Cami. “Bonne chance dans ce cas !” Son entreprise, comme elle le lui avait expliqué un jour, était véritablement son bébé. Elle travaillait énormément à son succès, et Jonah pouvait le comprendre ; lui aussi était un bourreau de travail, il n’était simplement pas du genre à l’assumer ni à le prendre au sérieux. “Ou est-ce que ça porte malheur en affaires aussi de dire ça et je devrais te dire “merde” plutôt ?” il ajouta avec un petit rire. Quoi qu’il en soit, il lui souhaitait sincèrement d’obtenir ce qu’elle espérait de ce rendez-vous.

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Jonah avait toujours su que sa chaine YouTube n'était pas destinée à plaire à tout le monde. Ses vidéos avaient un public bien particulier. La plupart de ses abonnés étaient des amateurs de frissons, de mystère, et de sensations fortes. Il était conscient que son contenu pouvait effrayer certains, mais il n'avait jamais imaginé que Cami prendrait l'initiative de regarder une de ses vidéos. Sa réactionne fut pas celle à laquelle il s'attendait. Elle semblait avoir été surprise et un peu effrayée, mais elle ne portait pas de jugement négatif. Au contraire, elle lui fit un compliment sincère sur la qualité de son travail. Jonah sentit un soulagement immense. Il avait craint qu'elle ne le trouve bizarre ou excentrique à cause de son contenu. « Je pense que tu as réussi ton but de m’effrayer, c’était... - Terrorisant ? Glauque ? Fascinant ? Stupéfiant ? Troublant ? » Tous les adjectifs qu’il appréciait (et espérait pour qualifier sa chaîne étaient là, Cami n’avait plus qu’à choisir le plus adéquat.

Leur conversation se poursuivit, oscillant entre des anecdotes amusantes sur les mésaventures de Jonah et les récents développements dans la vie professionnelle de Cami qui n’avait pas attendu une seconde après son retour de Nashville pour se plonger dans le business tête la première. Le jeune homme ne manqua pas de lui souhaiter bonne chance pour le rendez-vous qu’elle mentionnait. Cami rit doucement à sa remarque et répondit avec une pointe d'humour. "Je pense qu'on dit 'merde' pour le théâtre. Mais merci beaucoup pour les encouragements." Le Fletcher pinça l’extrémité de son chapeau de cow-boy tout neuf et inclina la tête vers l’avant, parce que c’était l’essence de la communication non verbale dans les westerns et Cami comprendrait forcément que ce geste signifiait “you’re welcome”.

À ambiance dépaysante, questions d’évasion. Face à la décoration typiquement mexicaine du restaurant, Cami demanda à Jonah s'il avait déjà visité ce pays. Il secoua la tête doucement ; l’Amérique du Sud, de manière générale, n’était pas cochée sur sa liste de pays à visiter.  Mais avant qu’il ne verbalise quoi que ce soit, la brune se corrigea ; « Si tu ne pouvais voyager pour une seule destination jusqu’à la fin de ta vie, où irais-tu ? » Après un court moment de réflexion, il répondit avec conviction . "Il y a tellement d'endroits magnifiques à explorer dans le monde, mais si je devais en choisir un... je dirais le Japon.” Zéro originalité de la part du grand nerd gamer ayant grandi dans l’âge d’or des animés. Mais il se fichait bien que sa réponse soit trop mainstream, et même de citer un pays où il s’était déjà rendu il y avait quelques années de cela. “Il y a une combinaison unique de traditions anciennes et de modernité, la bouffe est délicieuse, les paysages incroyables… Et puis, il y a tellement de mystères et de légendes à découvrir là-bas, le folklore horrifique est d’une richesse folle." De quoi nourrir sa chaîne pendant un long moment. Monsieur ne perdait pas le nord. Il imaginait déjà les vidéos qu'il pourrait réaliser dans ce pays, explorant des lieux hantés et découvrant des récits de fantômes japonais. Ainsi, la perspective de passer le reste de sa vie à explorer un endroit aussi riche en culture et en mystère était loin d’être une gageure. Un instant, il avait songé au Royaume-Uni. Il avait déjà tourné quelques vidéos en Écosse, châteaux sinistres et familles maudites oblige, c’était une étape obligatoire de son parcours de chasseur de fantômes. Mais il n’avait pas encore eu l’occasion de se rendre dans le nord de l’Angleterre, par exemple, dans le fin fond de la campagne irlandaise pleine de mysticisme, ou encore dans les vallées aux falaises escarpées du Pays de Galle. Ce petit pays regorgeait pourtant de mille légendes liées au roi Arthur et à la quête du Graal, ce qui s’éloignait du thème des esprits et démons, mais n’en était pas moins fascinant pour le grand enfant qu’il était. “Et toi ?” articula-t-il poliment afin de retourner la question, également curieux de la réponse de Cami. "Tu penses déjà à ta prochaine destination ?" il ajouta pour plaisanter, puisqu'elle rentrait tout juste de voyage. Mais les vacances étaient rarement au programme de la jeune femme.

Jonah été un aventurier, Cami n’en doutait pas une seule seconde, il avait déjà beaucoup voyagé grâce à ses vidéos mais la demoiselle, espérait en apprendre un peu plus sur lui et sur ses prochaines envies de voyage. La brune pensait qu’une destination de voyage pouvait vous décrire, décrire vos envies, votre personnalité. Lorsque Jonah évoquait le Japon, Cami penchait la tête légèrement d’un côté, elle pouvait comprendre, c’est un pays fascinant, pleins d’histoire, de mythe, de temple et de traditions. « A vrai dire, je pense que c’est un pays qui te correspond parfaitement. Et elle le pensait vraiment, elle souriait, tout en prenant une bouchée de son plat. Horrifique ? Vraiment ? Dis m’en plus.. Cami n’était pas vraiment certaine de vouloir savoir mais d’un côté, elle ne voulait tout de même, connaitre les histoires mais surtout connaitre un peu plus son partenaire pour ce soir. Elle avait tendance à croire que Jonah devenait plus qu’une connaissance, ils devenaient des amis. Tu as prévu d’y aller bientôt ? » Demandait-elle curieuse. Cami souriait lorsque Jonah lui retournait  la question, bien sur la réponse était plus ou moins simple : Nashville. Si elle ne pouvait voyager que faire un seul endroit pour le reste de sa vie, elle ferait en sorte de pouvoir rentrer chez elle dès qu’elle en aurait l’occasion, ne pas voir le monde pour voir les gens qu’elle aime le plus au monde, c’était le sacrifice qu’elle ferait. « Nashville, naturellement mais disons que si Nashville ne compte pas.. » Elle pris quelques instants pour réfléchir. Mais finalement, elle savait ou elle voulait aller, Cami à toujours été attiré par les pays nordique, être sur les traces des vikings. Elle espérait pouvoir marcher dans la neige, arpenté les chemins qu’ils prenaient autrefois, dormir dans des beaux de bêtes, suivre les traces de pas des ours, des loups. « Je crois que je choisirais, un pays nordique. La Norvège ou la Finlande, être sur les traces des Vikings, vivre comme à leur époque. » Elle était certaine que cela lui plairait et que Dorian apprécierait aussi. Elle s’imaginait maintenant des voyages avec lui et son cœur se réchauffait à cette idée. Elle regardait son amie et souriait grandement. « Attends, j’ai encore mieux. Je pense que finalement, j’irais en Laponie. Visiter la ville du père noel, faire du traineau, tirés par des loups. Voir la fabrique des jouets et me prélassé devant la cheminée le soir. » Les yeux de Cami brillaient d’impatience, on aurait dit une enfant lors du matin de noël, elle était un fan absolu de la fête de noël mais si maintenant, cela faisait des années qu’elle ne le fêtait plus. Pour cause, elle ne parlait plus avec ses parents et elle n’avait pas la possibilité de rentrer à Nashville à chaque fête de fin d’année. Cette année encore, elle le passerait dans son salon, en regardant des films romantiques et sirotant un verre de vin, ce qui n’est pas plus mal à vrai dire.

« Alors, tu as prévu quelque chose pour Halloween ? Cami souriait en voyant le chapeau de cowboy toujours sur sa tête et elle le montrant de la main, elle reprenait. Tu peux toujours te déguiser en cowboy. » Bien que Cami se doutait que Jonah avait quelque chose de bien plus horrifique en tête. Dans sa poche, Cami sentit son téléphone, elle s’excusa un instant et souriait en voyant un message de Dorian. Depuis leur retour, ils ne s’étaient pas encore revu, bon d’accord, cela ne faisait que deux jours mais elle appréciait de recevoir un simple message de bonne nuit de sa part. Elle répondit rapidement, et posait son téléphone sur la table, écran retourné vers celle-ci, un sourire toujours présent sur son visage. Il avait vraiment un effet sur elle. « Désolé, alors de quoi parlions-nous ? »

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“Horrifique ? Vraiment ? Dis m’en plus…”
“Vraiment ? Parce que c’est, euh…”
Il se voyait commencer à bafouiller, la nervosité le gagner, ne pas oser et finalement se taire de crainte de trop en dire, d’être inintéressant, d’avoir l’air bizarre ; tous les doutes et la conscience de soi qui lui mettaient si souvent des bâtons dans les roues lorsqu’il décrochait un date avec une fille. Sauf que ce n’était pas un date, qu’ils étaient là pour aller au-delà des banalités entre deux cafés du matin, et c’était donc le moment ou jamais d’ouvrir son univers à la jeune femme. “Ok, bon, y’a plusieurs types de yôkai dans la culture japonaise. Un yokai, c’est un esprit malveillant, un démon, un truc pas cool. Enfin, si, c’est cool, mais pas sympa. Faut pas confondre un yokai et un yurei, un yurei est un genre de yokai, mais pas l’inverse. Du coup, y’a…” Et le voilà parti dans l’énumération d’une bonne dizaine de fantômes issus des légendes urbaines anciennes et contemporaines de l’archipel complet à la vitesse d’un bullet train. Il mentionna Akaname, démon des toilettes ; Rokurokubi, la créature au cou de serpent ; Kuchisake Onna, l’esprit de la femme à la bouche fendue ; ou encore la tristement célèbre forêt d’Aokigahara, surnommée la forêt des suicides. Un peu trop à l’aise face à des sujets aussi glauques, le jeune homme avait un sourire d’oreille à oreille en racontant ces légendes, sans plus se préoccuper d’à quel point il mettait Cami potentiellement mal à l’aise ou lui coupait l’appétit. Pour lui, c’était ce genre de conversations à propos de ce qui les passionnait l’un et l’autre qui permettait  de transcender la frontière qui séparait habituellement les connaissances occasionnelles des amis en devenir. “Tu as prévu d’y aller bientôt ? elle demanda lorsqu’il eut enfin terminé. - Peut-être l’année prochaine, j’y retournerais bien pour filmer quelques nouvelles vidéos. C’est pas les lieux maudits qui manquent.” C’était l’avantage de sa chaîne ; voyager à l’étranger pour faire du contenu était un tel plaisir que c’était un peu comme des vacances malgré tout. A son tour, la brune songea à sa destination idéale et le nom de Nashville apparut sans surprise. « …mais disons que si Nashville ne compte pas. Je crois que je choisirais un pays nordique. La Norvège ou la Finlande, être sur les traces des Vikings, vivre comme à leur époque. » Approuvant d’un signe de tête, le Fletcher montrait un vif intérêt pour le choix de Cami. Il pourrait, là aussi, lui citer de tête quelques mauvais esprits provenant du folklore scandinave, mais il songea qu’il s’était assez étalé sur le sujet et se tut. « Attends, j’ai encore mieux. Je pense que finalement, j’irais en Laponie. Visiter la ville du père noel, faire du traîneau, tirés par des loups. Voir la fabrique des jouets et me prélasser devant la cheminée le soir. » Sa passion pour Noël était évidente dans ses yeux brillants, et Jonah ne put s'empêcher de sourire en retour. “J’espère que tu ne t’attends pas à croiser des lutins là-bas parce que j’ai débunké le truc dès le plus jeune âge, c’était ma première enquête, et je peux te dire que…” Il se pencha vers elle, comme pour lui murmurer un secret. “Ils n’existent pas.” Choc général.

Lorsque Cami aborda le sujet d'Halloween, Jonah se rappela que la fête était imminente. Il avait déjà quelques idées pour des vidéos spéciales à cette occasion, mais il n'avait pas encore décidé de son propre costume. Il toucha son chapeau de cow-boy en souriant. "Cowboy, hein ? Ça pourrait être une option facile," admit-il. "Mais j'ai quelque chose de plus... effrayant en tête. J'aime bien jouer le jeu à fond à Halloween, tu sais. J’ai une amie avec qui on organise les meilleures soirées à thème d'ailleurs, et Halloween, c’est sacré." Jonah avait une réputation à tenir à ce propos, il ne pouvait donc pas se permettre un déguisement léger. “Je pense que tu viens de m’inspirer… un costume de Père Noël de centre-commercial qui a été un plomb après qu’un énième gosse lui a tiré la barbe et qui s’est mis à buter tout le monde.” Par la même occasion, il ferait un pied de nez aux rayons décoration qui arboraient les ornements de fin d’année avant qu’Halloween ne soit passé. Il allait se servir dans les allées de Noël, oui… pour mieux imbiber ce cher Saint-Nicholas d’hémoglobine.

Pendant que Cami vérifiait un message sur son téléphone, Jonah était absorbé par le récit, le scénario très précis qu’il construisait autant d’un simple déguisement. La brune revint à la conversation après avoir répondu à son message. Jonah ne put s'empêcher de remarquer le sourire qui s’était affiché sur son visage. "Halloween. Papa Noël ensanglanté, hotte de tripes et boyaux. Une ambiance bonne enfant comme une autre pour finir son assiette tranquillement." Enfin, cela pouvait couper l'appétit à d’autres, certainement pas à lui. “Quelque chose me dit que c’était pas le boulot.” il ajouta, indiquant le téléphone d’un signe de tête en référence au texto auquel elle venait de répondre. Une remarque plus indiscrète que ce dont il avait l’habitude, lui qui, ironiquement vu ses qualités d’enquêteur dans le domaine du paranormal, préférait ne pas mettre son nez dans les affaires des autres sans y avoir été invité avant.

Il est rare de trouvait quelqu’un qui soit autant passionnée par quelque chose que Jonah pour les mythes horrifiques. Elle était heureuse de voir que son ami avait trouvé quelque chose qui l’anime. Il était rare de nos jours de trouvait un sujet qui même des années après nous rendait tout aussi béat quand on en parlait.  Elle écoutait attentivement tout ce qui lui disait, elle essayait de comprendre, même si c’était assez compliqué pour elle. Elle ne croyait pas en toutes ses histoires d’esprits, de démons, de fantômes mais ce n’est pas pour autant qu’elle jugeait les personnes qui y croyaient et qui aimer ce genre d’histoires et de mythe. Elle se surpris elle-même à poser des questions à Jonah sur ses projets de découvertes du Japon, et des mythes qu’il ne connaissait pas encore – si ça existait. Ça elle n’en était pas certaine-. « J’espère que tu pourras réaliser ton projet. Elle souriait sincèrement avant de reprendre. Qu’est-ce que tu pourrais me ramener comme souvenir du Japon ? » Elle souriait. Maintenant, elle avait lancer une tradition non ? A chaque voyage, elle lui ramènera un souvenir et elle espère en avoir un du Japon. Elle ne pense pas y aller un jour, ce n’est pas un pays qui l’attire principalement. Elle rêve tellement de découvrir d’autre pays avant le Japon. Quoi que, si on lui propose, elle ne dirait pas non. Elle visiterait surement des lieux très différents de ceux de Jonah mais, c’était une expérience. Jonah ne fut pas surpris quand Cami évoquait Nashville mais qui serait surpris ? C’était son chez elle, son havre de paix, ses meilleurs souvenirs et depuis quelques temps, Nashville avait encore pris une place plus importante dans son cœur. Depuis que Dorian lui avait avoué ses sentiments là-bas, elle aimait la ville encore plus. La laponie était son second choix, elle rêverait d’y aller au mois de décembre. Visiter la ville du Père Noël, les petits lutins, l’atelier de fabrications des jouets, les balades en chien de traineaux mais surtout les aurores boréales. Et quand elle s’imagine ce voyage, son regard vers le ciel étoilé, la personne qu’elle voit à ses côtés n’est autre que Dorian. Lorsqu’elle vit Jonah se pencher vers elle, elle fit de même, impatiente d’entendre ce qu’il avait à lui dire. Elle qui pensait avoir une vérité mythique sur la laponie fut surprise en l’entendant. Elle se mit à rire, éclatant même de rire. Son rire communicatif. Elle se rendit compte qu’elle riait un peu fort lorsque le regard d’une vieille dame se posait sur elle. La brune posait sa main sur sa bouche et réprimait son rire. « Oh mon dieu Jonah Fletcher. Tu viens de briser mon rêve. » Dit-elle un sourire aux lèvres.

La conversation repartait vers halloween et Cami se demandait en quoi elle se déguiserait. Elle n’aimait pas les déguisements trop horrifiques, elle préférait les thèmes. L’année dernière, ses amies et elle, avaient décidé d’être les winx. Chacun une, et bien qu’elle soit brune, Cami avait opté pour sa favorite : Stella. Elle ne savait pas en quoi elle serait cette année, les filles avaient de nouveau parlé d’un déguisement de groupe, les spices girls avait été évoquer, ainsi que les personnages de la série les demoiselles du téléphone. Cami quant à elle, se demandait quel déguisement de couple elle pourrait envisager et surtout si ça serait le genre de Dorian ? Elle s’imaginait bien en Taylor Swift et lui en Travis Kelce, il avait la carrure pour. Elle pourrait aussi le voir en Johnny de Dirty Dancing, ça lui plaisait. Elle le trouverait beau de toutes les façons. Ecoutant Jonah sur son déguisement, elle répondait au texto qu’elle venait de recevoir. Dorian était chez sa mère, et il lui manquait beaucoup trop. Ils venaient à peine de rentrer mais, c’était étrange, cette sensation de manque. Comment pouvait-il lui manquer au bout de deux jours ? Elle ne voulait pas se l’avouer mais Cami avait enfoui ses sentiments pour Dorian. En réalité, sans qu’elle le remarque, elle avait déjà des sentiments pour lui avant, mais elle se mentait à elle-même. Bon dieu, que cela faisait du bien d’être libéré et amoureuse. « C’est un programme intéressant mais éclaire moi sur un point.. Elle laissait quelques secondes de silence avant de reprendre. Le Père Noël doit-il forcement être un Père Noël du centre commercial ? » Elle imaginait déjà le déguisement de Jonah et elle savait qu’il aurait fière allure. Il serait certainement le meilleur déguisement de la soirée qu’il organisait. Reposant son téléphone sur la table, Cami esquissait un sourire au jeune homme en face d’elle. Elle prit une gorgée de sa boisson et se mordait la lèvre gentiment en entendant Jonah. Elle haussait les épaules et le regardait. « En effet, ça ne l’était pas. C’était étrange. Jonah et elle n’avait jamais eu ce type de conversation, c’était toujours des banalités mais ce soir, c’était différents, ils se parlaient plus. Il s’était confié à elle sur sa vocation. Pouvait-elle faire de même. C’était mon petit-ami. » Les mots étaient sorti et c’est la première fois qu’elle le disait à voix haute. Il l’était, elle était fière que ce soit lui. Ses joues rougissaient, elle paraissait presque niaise avec ce sourire sur son visage. On pourrait presque y voir une adolescente. « Il est hors de la ville. Désole, ce n’est pas très polie de répondre au téléphone à table. »

 « Decidí vivir sin importar qué digan  »    jonah fletcher & @Cami Hasting.

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Le rire de Cami, contagieux, résonna dans le restaurant mexicain. Les regards curieux de quelques clients se tournèrent vers eux, mais la plupart esquissèrent des sourires complices, comprenant l'effet communicatif de la bonne humeur qui émanait de leur table. "Je chasse les mythes, c’est mon devoir," plaisanta Jonah, le sourire espiègle illuminant son visage. "Mais tu sais, la réalité peut parfois être tout aussi magique. Faute de lutins, tu peux voir des aurores boréales bien vraies en Laponie." Il fallait l’avouer, c’était un excellent argument en faveur du pays. Certes, pour un grand enfant tel que lui, le village du Père Noël pesait son poids dans la balance, mais l’enfant en lui qui dévorait les numéros de National Geographic entre deux comics le ramenait à son amour des phénomènes naturels. Ce qui était un peu ironique compte tenu qu’il gagnait sa vie grâce au surnaturel. Noël était encore à quelques mois d’eux et Halloween bien plus proche. L’idée de costume que le jeune homme eut, inspiré par leur conversation, était du Fletcher tout craché. « C’est un programme intéressant mais éclaire moi sur un point.. Le Père Noël doit-il forcément être un Père Noël du centre commercial ? » Jonah s’exclama immédiatement ; “Bien sûr ! C’est la version la plus glauque d’un Père Noël. Le vieil acteur dont la carrière n’a jamais décollé, sans famille, les rêves brisés, noyés dans l’alcool, et la résignation à accepter ce gig parce que faut bien gagner son pécule pour se payer du Jacks.” Si vous vous demandiez ce qu’était un costume “Fletcher tout craché”, c’était cela : trop recherché, tellement détaillé que le personnage se retrouvait avec un background entier que personne n’avait demandé, et une volonté jusqu’au-boutiste de jouer le jeu façon method acting. Il n’avait jamais su faire ce genre de choses à moitié.

La conversation se poursuivant, glissant naturellement entre sujets légers et révélations inattendues, Jonah avait terminé son assiette, sa boisson, et rêvait déjà d’un dessert à base de churros, sauce chocolat, et une montagne indécente de chantilly. Ce qui était un tantinet moins croustillant que de découvrir que Cami avait désormais un petit ami. Le jeune homme écarquilla légèrement les yeux, puis un sourire chaleureux se dessina sur son visage. "Eh bien, félicitations !" La brune s'excusa ensuite de répondre au téléphone à table, mais Jonah secoua la tête avec un sourire. "Pas de problème du tout. On dirait que tu es sur un petit nuage, et c'est tout à fait compréhensible. Profite bien de ces moments." Il pouvait deviner sans mal que la relation était toute fraîche et sentait bon le pain sorti du four. En tout cas, c’était comme ça qu’il imaginait l’odeur des débuts d’un nouvel amour. Quelque chose nous faisait se sentir confortable, apaisé, comme chez soi. D’autres pouvaient assimiler l’amour à la senteur des fleurs, mais n’oublions pas que Jonah réfléchissait en partie avec son estomac. “Me laisse pas avec un teaser, là, comme ça. T’as commencé, tu dois tout dire maintenant,” insista-t-il avec espièglerie. Parce qu’il adorait l’amour, les histoires de rencontres, les anecdotes adorables, entendre ce que l’un aimait chez l’autre, et les détails agaçants. C’était comme regarder un feuilleton, sans trop savoir quand allait tomber le nouvel épisode ou la nouvelle saison.