I'm holding on for dear life

finn & cora

Les jours avaient passés, et avec eux, l’engouement qui avait résulté de la condamnation de sa mère. Cora avait célébré. Elle avait réveillé le tout Brisbane pour faire savoir qu’elle était désormais une femme sans démon, prête à vivre une vie qu’elle aura décidée et qui ne se laissera plus jamais marcher sur les pieds. Cora voulait fêter sa force, cet avenir qui lui tend les bras et célébrer toutes les personnes qui avaient soutenu sa démarche des derniers mois. Elle avait comme qui dirait retrouvé ses vingt ans, la gueule de bois qui va avec et la légèreté d’une gamine qui sent qu’elle a la vie devant elle, bien que certains se plairait à souligner que ce n’est pas totalement le cas mais l’état d’esprit de la star avait rajeuni, elle allait pouvoir travailler à l’élaboration d’un nouveau elle et chaque matin semblait plein d’une nouvelle promesse. Jusqu’à ce que le retour sur Terre se produise.

Quelques jours étaient passés depuis que la nouvelle annonçant l’accident de Benjamin lui avait été annoncée et dès lors, une ride causée par le sentiment d’inquiétude et d’impuissance réunie avait trouvé le moyen de se creuser sur son front. Ce n’est rien en comparaison de celle qui est apparu sur le visage de Dean, depuis qu’il tente tout perdu qu’il était déjà de gérer la situation au mieux avec la place qu’on lui accorde, mais ce changement sur son beau visage jure terriblement avec le sourire qui n’avait quitté ses lèvres juste avant l’évènement. Désormais, elle est comme dans le flou à tenter de se blinder pour l’avenir qui ne lui parait plus aussi glorieux maintenant et à chercher la façon dont elle pourrait user au mieux de son temps afin de soutenir cette entourage qui a été tout autant secouée qu’elle.

Afin de se changer les idées, et parce qu’avant que Vin Diesel se décide à réduire la colonne vertébrale de Ben en miette, elle avait fixé qu’elle irait voir son frère pour profiter des restes d’allégresse qui ont suivi leur grandes nouvelles à eux. Celle qu’ils n’avaient pas célébré parce qu’aussitôt l’audience terminée, ils n’avaient pas pu quitter le palais de justice ensemble. Ce n’est pas avec le moral au beau fixe qu’elle monte les escaliers vers l’appartement de son jumeau, mais c’est au moins avec la consolation que leurs rapports s’est nettement amélioré et qu’elle peut, pour une fois, se passer de la boule au ventre qui prédit que la conversation sera tout sauf cordiale. C’est une évolution. Un point positif qui mérite d’être souligné bien qu’elle ait conscience qu’à la vue des dernières révélations venant de Vitto, qu’elle avait tu le temps du procès, la cordialité ne va rester longtemps de mise chez les Coverdale. Un fait dont elle a pleinement confiance et qui la pousse à hésiter à de nombreuse reprise avant de frapper à la porte, à savoir si elle se la joue avec des œillères ou si elle encaisse la possibilité que son frère ait un réel problème dont ils doivent discuter. On sentirait presque la ride sur son front se creuser alors que son corps se décide et toque à la porte qui laisse apparaître Finnley dans l’ouverture. Autant ne pas attaquer le sujet de front, alors elle se contente de lâcher en souriant « Hey, je ne t’ai pas vu depuis le procès. Je me suis dit que, ce serait bien qu’on papote. J’ai eu Bryn et voulait faire un facetime avec nous deux. » Bon, la benjamine avait malgré tout évoqué la possibilité d’un refus de la part de l’aîné mais maintenant la fratrie est libérée et peut-être qu’il pourrait subsister une possibilité de relation normale. « J’ai pensé à t’inviter à manger aussi, selon si tu as le temps avant d’aller travailler. Je dois passer à l’hôpital après donc, on pourra partager un uber. » Simple proposition plutôt sympathique, ergonomique même.

CORA & FINNLEY ⊹⊹⊹ Tell me who to call Tell me when I’m down Tell me when I’m out Tell me if I fall Tell me if I scream and shout, Will you listen, will you listen ?

Les reproches de Jude à ses oreilles, le monde qui tangue autour de lui, la sensation du souffle coupé et puis plus rien ; les souvenirs de cette soirée demeurent toujours abstraits, bien qu’ils le frappent de manière concrète. « C’était un chien errant » assure la voix de son collègue une nouvelle fois, alors que Finn se penche en avant, ne détecte qu’une mare de sang sans parvenir à trouver le point d’origine de celle-ci, ouvre la porte avec précaution ; c’est avec le pas titubant qu’il fait le tour de la voiture, c’est avec effroi qu’il découvre le spectacle dont il a été le metteur en scène. L’enchevêtrement de la carrosserie et de la silhouette ne permet pas de distinguer qui est réellement venu à la rencontre de l’autre le premier, toujours est-il que le résultat est le même, et cette mare de sang ne cesse de s’étendre, grignote du terrain, rougit ses chaussures, l’enveloppe bientôt comme s’il s’y noyait. Et le regard de Jude croise le sien, le moteur vrombit à nouveau et d’une victime étendue sur le goudron le bilan se monte à deux. Le souffle coupé d’autrefois semble presque synonyme d’apaisement tandis que l’entier de son corps se tord dans la douleur et que son crâne semble être compressé sous la tonne de métal qui s’abat sur lui, au point de le lier à l’asphalte ; et bientôt il n’y a plus la moindre trace de sang, la moindre silhouette qui empêche Jude de poursuivre sa route. Et comme ce dernier le souhaite tant, personne ne se dresse sur son chemin, tout est effacé, jusqu’à l’existence même du rouquin.

C’est dans un sursaut que ce dernier se réveille, le souffle court qui ne tarde pas à s’accélérer, comme pour rattraper les multiples respirations qu’il aurait manquées durant ces longues minutes agitées avant qu’il ne parvienne enfin à s’extirper de son cauchemar. De longs instants lui sont nécessaires pour reprendre pleinement conscience et distinguer le rêve de la réalité, pour comprendre où il se trouve jusqu’à qui il est, avant de s’asseoir sur le rebord de son lit dans un effort qui lui paraît surhumain. Son corps traversé de frissons contraste avec la sueur qui perle sur son front et ses cheveux humides, et sa gorge sèche se rappelle à lui alors qu’il passe ses mains sur son visage. Le pas tout aussi titubant qu’il ne l’était dans l’illusion ayant tourmenté son sommeil, il se dirige jusqu’à la cuisine pour se servir un verre d’eau de sa main tremblante, suivi de nombreux autres, sans jamais avoir l’impression d’étancher sa soif. Probablement parce que ce n’est pas de ça dont son corps a besoin, et Finn, bercé par les mensonges qu’il se raconte quotidiennement pour se rassurer, met cette sensation de mal-être et de malaise sous le coup d’une grippe qu’il couve et de ce sommeil ainsi que cet appétit qui lui font cruellement défaut depuis plusieurs jours.

Des coups se font entendre contre la porte, et c’est un soupir qui s’échappe d’entre les lèvres de Finnley tandis qu’il passe rapidement en revue la pièce et lui-même ; c’est avec tout autant de difficulté qu’à l’aller qu’il retourne dans sa chambre pour revêtir un t-shirt qui ne serait pas trempé de sueur. Les quelques mètres qui le séparent de la porte d’entrée sont l’occasion de faire un brin de ménage, et si les emballages de pizzas ou de chips traînent toujours sur la table basse, une bougie est rapidement allumée et les verres vides disparaissent dans la poubelle prévue à cet effet. C’est plus présentable, c’est plus respectable ainsi, et c’est après ce qui lui semble une éternité qu’il daigne enfin ouvrir la porte – visiblement ce n’était qu’une impression puisque le visiteur impromptu n’a pas daigné bouger, pour son plus grand malheur lorsqu’il reconnaît la silhouette de Cora. Frère et sœur ne se sont pas vus, ni même parlés, depuis l’issue du procès qui a envoyé leur mère en prison ; et la condamnation proclamée est loin d’avoir satisfait le rouquin, il y songe une nouvelle fois alors que ses yeux se posent sur sa jumelle. À cette pensée, à cet instant, il voudrait être partout ailleurs ; chez Jill, dans un bar. Demeurant silencieux, ne prenant pas même la peine de saluer sa sœur, il se contente de laisser échapper un soupir à la réflexion sur Bryn. « Ah, parce qu’elle a le temps pour ça, maintenant ? » La réponse claque en guise de refus, tandis qu’il songe aux derniers appels ignorés par la benjamine – à moins que ce soit par lui, il ne sait plus vraiment, c’est le genre de détails auquel il ne prête plus attention dernièrement – surtout parce qu’ils lui échappent complètement. Toujours est-il qu’il ne compte pas poursuivre sur cette fausse entente familiale qui lui semblait bénéfique le temps du procès, mais qui perd de son sens maintenant que celui-ci est terminé et derrière eux, peu importe la rancune qu’il persiste à représenter pour le rouquin. Les rapports avec Cora s’étaient améliorés, mais il est temps que l’ordre naturel des choses se replace, et que Cora comprenne – si tant est qu’elle peut le comprendre – qu’entre eux, il n’y a pas la possibilité d’enterrer la hache de guerre. C’est ce dont Finnley est persuadé, du moins, bien que cela sonne faux à sa conscience ; ça l’est. Mais c’est le seul moyen pour que la distance s’immisce à nouveau entre eux, et cette fois-ci ça ne lui serait pas bénéfique à lui, mais surtout à elle, bien qu’elle ne soit pas en mesure de le comprendre. Ainsi, à son invitation, c’est par la négative qu’il répond, alors qu’il la tient toujours à l’extérieur de son appartement. « J’ai pas le temps pour ça, et j’ai déjà mangé. » Et il songe pour la première fois depuis son réveil à la possibilité d’être en retard au travail étant donné qu’il n’a pas daigné jeter un coup d’œil à l’heure, qu’il pourrait tout aussi bien être le milieu de la matinée comme le milieu de la nuit – pour distinguer l’un de l’autre il faudrait encore qu’il cesse de laisser ses rideaux tirés. « J’ai pas le temps tout court. » Il précise ensuite, des fois qu’elle envisageait l’étape inférieure ; un verre, un café, ou n’importe quoi qui lui permettrait d’imposer sa présence plus de cinq minutes comme il le craint. « Autre chose ? » Il demande par principe, automatisme, alors que de sa main tremblante il pousse déjà la porte dans l’espoir de la renfermer au plus vite.

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C’est de la bonne humeur qui résonne dans tout le couloir dès le moment où Cora ouvre la bouche et propose son plan de journée. Chaque son aigue qu’elle émet ricoche sur les murs dans tous les sens jusqu’à former une mini-agression quand on réalise la mine endormie et pas du tout réceptive de Finn à tant de liesse. Mais aussi énergique que soit ses échos, ils ne trouvent visiblement pas leur cible en la personne de l’ainé Coverdale et s’évapore dans les airs jusqu’à se taire brusquement au moment où celui-ci ouvrira la bouche pour répondre à sa jumelle. Il ne lui proposera même pas de franchir le palier de sa porte. « Ah, parce qu’elle a le temps pour ça, maintenant ? » Sa question. Ou plutôt, sa pique. C’est un brusque retour en arrière pour Cora qui ne s’attendait à entendre ce ton accusateur de la bouche de son frère aujourd’hui. C’est comme si les dernières semaines avaient disparu. Pas de chance Cora, recule de dix cases et au moment où cette impression qu’il place dix millions d’année lumières entre eux prend forme en elle, elle jurerait le voir réellement s’éloigner. C’est la claque, la renaissance de cette boule au ventre, la fin des vacances, de la trêve, le retour à zéro et un poids dont elle se pensait libérée qui l’assaille. C’est le retour à la réalité. Evidemment, son sarcasme était destiné à Bryn. Peut-être ne devrait-elle pas généraliser aussi rapidement. Mais, Cora connait son jumeau, aussi surprenant que cela puisse paraître et elle ne s’y trompe pas : son tour va venir. Alors, autant serrer les dents, serrer les poings et fermer les yeux pour le moment l’éclaboussera de tout ce qu’il a réussi à renfermer encore de haine. « J’ai pas le temps pour ça, et j’ai déjà mangé. » Qu’il poursuit, réfutant son invitation avant d’anticiper sur une énième proposition en ajoutant. « J’ai pas le temps tout court. » C’est dur. Même pour elle qui a – tristement – l’habitude que leur conversation se termine ainsi, il n’est d’ordinaire pas aussi prompt à lui claquer la porte au nez. Du moins, jamais sans dire une méchanceté à son égard, ce dont elle est – pour le moment, et après trente seconde de vis-à-vis, un record – encore épargnée. « Autre chose ? » Sa main tremble sur la porte, à croire que ça le démange de la fermer. Mais, est-ce le cas ? Est-ce un signe de manque que Cora devrait décoder ? Une pré-rage quant au fait qu’elle soit là ? Qu’est-ce que ça veut dire Finn ? Parce que là, elle est bien trop prise au dépourvue pour saisir le moindre signe de ce qui se joue devant elle. Le réflexe veut qu’après quelques secondes de silence qu’il pourrait déchiffrer comme une réponse négative à sa question, sa main se pose sur le bois pour l’empêcher de claquer à son nez. Non, il n’y a rien d’autre. Elle espérait juste passer une journée normale, où elle pourrait se concentrer sur le positif de sa vie plutôt que de penser à tout ce qui ne va pas. Visiblement, elle n’a pas cherché la normalité au bon endroit. Toujours est-il qu’elle plaque sa force contre cette porte pour lui faire signe de ne pas la fermer. « Comment ça « autre chose » ? » Qu’elle demande, choquée par tant d’impolitesse alors que, les choses allaient bien il y’a encore quelques jours. « T’es en train de cacher un cadavre ou quoi ? Il y’a dix jours tu m’ouvrais naturellement, et là, t’es à deux doigts de me claquer la porte au nez. Je peux savoir ce que j’ai encore fait. » C’est presque du masochisme que de poser la question, parce que même si elle sait qu’elle n’a rien fait, il ne ratera pas l’occasion pour lui dire quelque chose qui lui déplaira mais si ça l’aide à comprendre ce qui se joue, autant foncer.

Finnley n’a jamais eu de difficulté à démontrer de son désintérêt pour quelqu’un, Cora l’a expérimenté à de nombreuses reprises ces dernières années et si les dernières semaines ont eu un goût de trêve qui était loin d’être désagréable – le rouquin en est le premier surpris – sa jumelle s’apprête à faire à nouveau l’expérience du mépris naturel qui lui est réservé. Si d’ordinaire le détachement dont il fait preuve est à interpréter comme un mécanisme de défense de sa part pour se protéger, cette fois-ci il n’est pas question de lui, pas directement du moins, mais de Cora. Cet apaisement, ce presque rapprochement entre les jumeaux pouvait sembler bienvenu dans le contexte qui a mené Finn à mettre sa rancœur de côté pour faire tomber leur propre mère, mais celui-ci ne peut perdurer dans cette nouvelle situation qui amène le rouquin à se refermer, à n’adresser à Cora plus que des regards noirs que les sourires, timides mais présents, qu’il lui a adressé ces dernières semaines. L’ordre naturel des choses se doit d’être rétabli, et plus qu’une question d’envie, c’est une nécessité. Pour lui, mais surtout pour elle, pour ne pas l’impliquer dans ses tourments plus que leur lien du sang ne l’implique déjà, sans même qu’elle n’en ait conscience. Parce que c’est ainsi que les choses fonctionnent, qu’elles ont toujours fonctionné, les peines, les fardeaux, les décisions de l’un affectent inévitablement l’autre. Et ce qu’il s’est passé il y a quelques jours atteindra tôt ou tard Cora, Finn n’est pas suffisamment optimiste, ni utopiste, pour croire que la vérité ne finira pas par éclater un jour ou l’autre, seulement, il peut tenter de repousser ce moment du mieux qu’il peut – c’est bien le seul contrôle qu’il a sur cette situation. La stratégie à adopter n’est pas connue, n’a même pas été encore réfléchie d’autant plus qu’il doit encore lui-même procéder à une prise de conscience qui semble prendre son temps, mais face à Cora il n’est pas difficile d’avoir une attitude exécrable sans avoir besoin de songer à la manière de la tenir à l’écart. Même si leur relation s’était améliorée, ce n’est pas quelques semaines qui sont en mesure d’effacer de nombreuses années de rancune, de colère, voire de haine, et les réflexes ne s’oublient pas, reviennent naturellement. Une pique adressée à Bryn, gratuite, sans réel fondement, démontrant de ce ressentiment qui se rappelle peu à peu à lui, qui revient sur le devant de la scène après avoir été mis de côté bien trop longtemps. Et l’attention centrée sur Bryn ne permet qu’à Cora de bénéficier d’une demi-seconde de répit supplémentaire avant qu’il ne daigne lui prêter une attention qu’elle n’aurait probablement pas souhaitée, et que les charmantes politesses qu’ils avaient su maîtriser ces derniers mois laissent place à une impossibilité d’échanger quoi que ce soit devant le refus du rouquin de ne passer ne serait-ce que quelques minutes de plus face à cette sœur dont la bonne humeur aurait presque pu être communicative, pour une fois, si le contexte n’avait pas été celui qu’il est, si Finnley n’avait pas d’autres choses à gérer que la reconstruction de cette relation pour laquelle il a été enfin capable de faire des efforts. Les priorités ont changé, et Cora n’en est plus une. Le constat est sans appel, il n’a pas de temps à lui accorder, que ce soit aujourd’hui, demain, et tous les jours qui suivront. Et qu’elle ne tente pas, cette fois-ci, de jouer le rôle qu’elle maîtrise le mieux ; celui de la sœur un peu trop persévérante à son goût et qui tente une approche mensuelle, sans jamais s’en lasser malgré les refus de Finnley. Parce que cette fois-ci il n’aura pas la patience, et même si elle ne le comprendra probablement jamais, c’est mieux pour elle. Main sur la porte, il n’attend qu’une chose, qu’elle daigne tourner les talons, le regard la suppliant presque de ne pas l’obliger à se répéter. Mais sans surprise, Cora persiste ; et c’est un soupir naturel qui s’échappe des lèvres de Finn alors qu’elle bloque la porte, et qu’il se fait violence pour ne pas en faire preuve envers elle. « Bon sang, Cora, est-ce que tu pourrais cesser de croire deux secondes que le monde tourne exclusivement autour de ta petite personne ? » Une sensation de colère l’envahit à nouveau, sans même avoir l’impression de devoir forcer le trait pour se montrer convaincant. « Il y a rien d’autre à chercher hormis le fait que je n’ai pas le temps, ni l’envie, et que parfois, j’aimerais juste qu’on me foute la paix. » Parce que j’ai besoin de réfléchir, parce qu’il y a un mec à l’article de la mort et que je suis pas foutu de prendre mes responsabilités parce que j’ai trop peur de celles-ci. Cora reste statique, et si l’envie de la forcer à lâcher cette porte est séduisante, il ne peut se résoudre à lui faire mal ; pas par les gestes, mais il sait comment obtenir le même résultat seulement en ouvrant la bouche. « Peu importe ce qu’il a pu se passer ces dernières semaines, ce n’est pas représentatif de la réalité, mets-le-toi dans le crâne une bonne fois pour toutes. » Et à cet instant, le besoin de claquer la porte est remplacé par le besoin de lire dans les yeux de sa jumelle qu’elle a enfin compris le message qu’il répète depuis tant d’années, et que sur la longue liste de problèmes qui sont les siens ou qui s’apprêtent à le devenir, elle n’en sera plus un.

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Par chance pour sa dignité, Cora ne s’enfonce pas dans son optimisme naturel et elle ne s’entête pas à penser que l’attitude de Finn n’est pas qu’un de mauvaise humeur à son égard mais bel et bien un retour en arrière qu’elle ne pensait pas voir arriver de si vite. Elle soupire avec un dépit qui laisse transcrire toute sa déception à l’idée que les choses n’avanceront jamais de leur côté et que si ces dernières semaines avaient été paisible et qu’elles avaient laissé entrevoir ce que leur relation aurait pu être, ce n’était visiblement pas assez pour que Finn laisse tomber toute sa rancœur et l’animosité qu’il ressent à son égard. A ce moment précis, la question qu’elle se pose est de savoir ce qu’elle pourrait faire de plus pour arranger les choses ? Et finalement, la réponse aussi triste que fataliste s’impose à elle : rien. Contrairement à d’habitude, ou soit elle insiste gentiment en gardant son sourire de gourgandine trop positive, soit elle se décide à le laisser en paix comme la gentille et obéissante fille qu’on lui a appris à être, cette fois-ci, elle se décide tout bonnement à demander ce qui ne va pas, où a-t-elle encore eu faux parce qu’elle n’avait pas eu le sentiment de faire des faux pas avant maintenant. Elle sait qu’elle n’aimera pas la réponse mais à un moment, mieux vaut connaître une vérité qui déplait que de continuer à l’ignorer. « Bon sang, Cora, est-ce que tu pourrais cesser de croire deux secondes que le monde tourne exclusivement autour de ta petite personne ? » Ce n’est pas de l’auto-centrisme que de se demander ce qu’il peut encore trouver à lui reprocher arrivé à un certain degré et là, elle en est plus à arrêter de faire l’autruche que de se placer au centre de tout. « Il y a rien d’autre à chercher hormis le fait que je n’ai pas le temps, ni l’envie, et que parfois, j’aimerais juste qu’on me foute la paix. » Peut-être. Mais elle le sait également que même si d’aventure, elle repassait un autre jour où il pourrait être plus enclin à la recevoir, elle recevrait le même discours. Parce que c’est terminé. Il ne le dit pas, mais elle le sait et elle doit admettre qu’elle est fatiguée de ce pattern qui revient à chaque fois. « Peu importe ce qu’il a pu se passer ces dernières semaines, ce n’est pas représentatif de la réalité, mets-le-toi dans le crâne une bonne fois pour toutes. » Et voilà, la confirmation. Cora déglutit, s’armant de la patience qu’elle a encore en magasin après ces derniers mois à essuyer déconvenue sur déconvenue, le regret que le seul point positif de l’année vient tout juste de partir à la poubelle s’installe. Seulement, elle ne serait pas elle si elle faisait tout comme il lui demande sans insister encore un peu, bien qu’à vrai dire, elle ne se voit plus passer l’après-midi tranquillement avec lui vu l’échange qui en découle. Elle en est à un point où elle ne sait plus où aller avec lui. Elle la voit : l’impasse droit devant elle. « Je veux savoir ce qui a changé ? » Qu’elle redemande, sans cette fois-ci se placer au centre de la question vu que ça l’irrite autant. « Parce que je ne te suis pas, tout allait très bien et maintenant tu décides de revenir à être mauvais et à m’envoyer chier dès que j’ai l’idée de venir te voir. Je ne te suis pas et je suis fatiguée … » De lui courir après ? De tenter en vain à chaque fois d’arranger les choses ? Elle ne termine pas sa phrase, elle en commence une nouvelle. « On a vu qu’on pouvait aller de l’avant, alors pourquoi tu te décides soudainement à faire marche arrière ? »

Ça a le don de l’irriter, cette manière dont les visites s’enchaînent à son appartement sans jamais être annoncées au préalable. Si Finnley n’a jamais brillé par sa sociabilité, ce n’est pas pour autant qu’il est réfractaire à ouvrir sa porte, seulement, il apprécie d’en être informé par un simple sms, un court appel, n’importe quoi qui pourrait lui permettre de faire de l’ordre dans son appartement et, au besoin, de trouver une excuse pour s’éviter une rencontre aussi désagréable que celle d’aujourd’hui. Pourtant, Cora devrait le savoir, depuis le temps, que ses visites ne sont jamais source de plaisir, autant pour l’un que pour l’autre. Elle peut prétendre autant qu’elle le souhaite, sa persévérance ne traduit certainement pas d’une utopie dans laquelle elle se complaît, et la manière, ainsi que la raison, à laquelle elle s’accroche demeure un mystère qui reste entier pour le jeune homme. Toutefois, aujourd’hui il peut concevoir pourquoi lui rendre visite lui a semblé être une bonne idée, et c’est la raison pour laquelle il sera d’autant plus difficile de la faire déguerpir sans susciter un certain nombre de questionnements, tant le comportement de Finn – pourtant similaire à celui qu’il a eu à son encontre pendant des années – diffère de celui qui a été le sien lors des derniers mois. Et finalement, il a moins besoin de se forcer que ce qu’il pensait, lorsque Cora ramène la situation à elle – encore. Et si d’ordinaire il se contente d’être de mauvaise foi en minimisant le rôle de sa jumelle, aujourd’hui il est sincère ; elle n’y est pour rien. Il ne peut pas lui donner plus d’explications – pas qu’il l’aurait fait en temps normal, de toute évidence – mais elle n’a rien à se reprocher, et il lui faut trouver le moyen de le lui faire comprendre tout en lui faisant également comprendre qu’elle n’est pas la bienvenue, qu’elle n’est plus la bienvenue. C’est presque avec un certain soulagement qu’il réalise ne pas avoir réellement besoin de se forcer pour justifier sa réticence, la vérité est suffisante : il veut simplement qu’on lui foute la paix. Il ne cesse de le répéter depuis des jours à tous ceux qui s’aventurent jusqu’à son immeuble, et comme à chaque fois, cela ne semble pas faire écho en eux, ce qui provoque l’agacement de Finnley et ne lui demande aucun effort supplémentaire que d’être naturel pour être désagréable. Ce n’est pourtant pas si compliqué à comprendre, non ? Alors pourquoi cela semble si difficile à enregistrer ? Cora, Lou, et les autres n’ont jamais des moments où ils sont en guerre contre le reste du monde et leur seule envie réside dans le fait de ne pas voir personne, de maugréer ses pensées sans jamais être dérangés ? Finn ne devrait pas avoir d’autres explications à fournir pour qu’on respecte sa volonté et pourtant, la voilà qui insiste, encore, à vouloir comprendre quelque chose qu’il ne peut pas expliquer, qu’il ne veut pas expliquer. Et la contrariété qu’elle tend sérieusement à lui provoquer n’est même pas perçu comme l’avantage qu’il espérait au moment où il a ouvert la porte, afin qu’elle s’éloigne, mais comme un retour des tensions entre eux, à croire qu’il aura fallu forcer la chose pour qu’il se rende compte que ce n’est définitivement pas réparable entre eux, et qu’il en voudra toujours à sa sœur, peu importe le contexte, peu importe les raisons. « Tu as vu que tu pouvais aller de l’avant. » Il précise d’emblée, parce que finalement, ces derniers mois étaient plus pour elle que pour lui, et si le verdict du procès l’a également arrangé, il n’a jamais prétendu que la situation pouvait l’être également, bien au contraire. Cora s’est libérée des chaînes qui la maintenaient à sa mère et peut espérer avancer, de son côté ce n’est pas parce qu’il en est libéré que l’emprise a disparu. Sa vie en est la preuve, et ce n’est pas maintenant qu’il peut aspirer à autre chose. Surtout pas maintenant qu’il a eu la preuve que l’avenir bien radieux dont on rêve parfois ne pouvait décemment pas être pour lui. « Et je t’ai jamais demandé de me suivre, Cora, il esquisse un rire nerveux teinté d’une pointe de colère, bien au contraire, j’ai toujours tout fait pour t’en dissuader, alors ne viens pas t’en plaindre maintenant. » Il assène, d’un ton froid. Car c’est ce qui a toujours dicté leur relation ; il n’a jamais voulu que Cora puisse lire en lui, puisse le suivre, et après autant d’années, il est temps qu’elle le réalise. « Je suis fatigué, aussi, Cora. De ta persévérance, de ton besoin sans relâche de t’imposer dans ma vie, et pourtant, ça t’a jamais empêché de continuer toutes ces années. Alors, excuses-moi de trouver ton discours assez ironique. » Il ajoute, toujours un fin rire sur les lèvres. « Il y a rien à expliquer, juste que quelques mois ne peuvent pas effacer plusieurs années. » Et c’est bien le seul (demi-)mensonge qui se glisse dans son discours. Il a en réalité réalisé que oui, quelques mois peuvent effacer plusieurs années, mais il ne peut se permettre de l’admettre, ce serait donner à Cora une raison de plus de persister, de s’accrocher alors qu’ils doivent se détacher pour son bien à elle. « En ce qui me concerne, tout ceci m’a démontré que tu sois là ou non, ça change rien à ma vie. Je m’en porte presque mieux avec la seconde option. » Ce qui a dicté ses décisions durant de nombreuses années, d’ailleurs. « J’ai assez de choses à penser en ce moment pour ne pas faire d’une tentative bancale de reconstruire une relation une priorité et mettre toute mon énergie là-dedans, c’est juste pas le moment. » Il conclut, et si l’agacement naturel que lui a provoqué Cora il y a quelques instants a dicté le début de son discours, c’est le cœur serré et la gorge nouée qu’il l’achève, en réalisant qu’il vient sûrement d’anéantir définitivement leur seule réelle opportunité, leur dernière chance.

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Pourrait-on affirmer qu’elle tombe de haut ? Non. La déception est bien là, comme une enfant à qui on l’annonce que les vacances sont terminés et qu’il va falloir retourner à l’école, Cora goûte le regret de se dire que si elle avait su que cette entente attente avec Finn avait une date de fin de validité, elle en aurait profité plus longtemps plutôt que de prendre leur avancée comme acquise, comme un nouveau départ. Quoique, si elle avait eu les pieds sur Terre, elle aurait aussi pu s’en douter … C’était à en croire que Finn avait fait exprès de lui donner assez de sa personne pour qu’elle ait confiance et pouvoir l’atteindre encore plus que jamais en lui retirant tous des mains. Elle se dit que les choses vont revenir à ce qu’elles ont toujours été, sauf que maintenant, ça ne lui va plus. Cora, elle démarre une nouvelle version d’elle et dans cette version, elle arrête de culpabiliser pour une absence qu’elle a eu alors qu’elle n’était même pas maitresse de ses décisions et surtout après douze années de tentative de réparer ce méfait. C’est juste plus possible pour elle que de continuer à encaisser tout cela pour montrer à Finn qu’elle est là maintenant. « Tu as vu que tu pouvais aller de l’avant. » Qu’il rétorque sèchement alors qu’elle en est encore à chercher la raison de ce changement de fusil d’épaule. C’était si pire que ça que de s’entendre pour une fois ? Que de pouvoir échanger autre chose que des reproches ? (Enfin, si on peut parler d’échange dans ce domaine-là.) « Et je t’ai jamais demandé de me suivre, Cora, bien au contraire, j’ai toujours tout fait pour t’en dissuader, alors ne viens pas t’en plaindre maintenant. » Donc, il n’y a rien à comprendre. C’est une réalisation qui lui tombe dessus soudainement alors qu’il poursuit. « Je suis fatigué, aussi, Cora. De ta persévérance, de ton besoin sans relâche de t’imposer dans ma vie, et pourtant, ça t’a jamais empêché de continuer toutes ces années. Alors, excuses-moi de trouver ton discours assez ironique. » Ce qu’elle trouve ironique, ce sont ses deux reproches antinomiques de ne jamais avoir été là pour lui mais d’avoir en même temps tenté de l’être pendant tout ce temps. Au final, Cora réalise que toute cette énergie a été gaspillée, placée en vain parce que Finn a décidé il y’a bien longtemps qu’elle serait fautive de tout et que peut-être importe ce qu’elle ferait, elle aurait toujours tort. Elle a compris qu’il se complaisait dans cette haine et que son optimisme idiot a vouloir arranger les choses ‘a fait que rendre la situation toxique. « Il y a rien à expliquer, juste que quelques mois ne peuvent pas effacer plusieurs années. » Un léger sourire nerveux se trace sur le visage de la rousse qui se prend à penser que visiblement, douze années à se faire traiter comme une merde ne rattraperont les quelques années où elle devait travailler, mettre toute enfance de côté pour faire vivre la famille. « En ce qui me concerne, tout ceci m’a démontré que tu sois là ou non, ça change rien à ma vie. Je m’en porte presque mieux avec la seconde option. » Et il continue, elle ne dit rien parce qu’après tout, pour une fois qu’il est si bavard, ce serait presque trop dommage que de le stopper dans son élan. Elle se contente de se pincer l’intérieur de la joue, espérant que ça l’aide encore un peu à garder de la contenance. « J’ai assez de choses à penser en ce moment pour ne pas faire d’une tentative bancale de reconstruire une relation une priorité et mettre toute mon énergie là-dedans, c’est juste pas le moment. » Et au final, elle acquiesce. Instinctivement, elle fait oui de la tête, presque comme si elle se moquait de lui parce qu’elle va lui rendre le seul service qu’elle peut apparemment leur rendre. « Tu sais, ce que je trouve ironique ? Le fait que tu sois capable de me reprocher mes absences quand on était petit, mais qu’en même temps, le fait que je viens de passer des années à faire tous les pas possible vers toi, tu sois aussi capable de me le foutre à la gueule. » Il pourra se satisfaire d’avoir réussi à l’ébranler parce que le ton de sa voix, l’expression de son visage, tout cela n’arrive pas être aussi dur qu’elle le voudrait. « Mais j’ai compris, t’aime ça être malheureux, t’aime ça quand tu peux le mettre sur le dos de quelqu’un d’autres et à l’évidence, je suis devenue la source de toute ce qui t’emmerde. Au final, t’as raison, j’en ai marre d’essayer de me racheter pour quelque chose qui t’a blessé mais qui n’a jamais été de mon fait, t’es pas le seul à avoir été malheureux et ça, tu le comprendras jamais. » Reprenant un peu de forme pour se mettre sur le départ, elle retire ses doigts de l’entrebâillement de la porte afin de ne plus l’empêcher de la lui claquer au nez. « J’ai compris et je m’en vais, je reviendrais plus. » Qu’elle conclut en prenant le chemin des escaliers avant d’ajouter. « Tu tâcheras de ne pas célébrer trop fort, j’ai pas envie qu’on vienne me trouver en m’disant que t’es plus capable de tenir debout parce que tu as trop bu. Sans compter que si tu dérapes, on t’associera à moi. Ce serait triste pour toi. »

Un observateur extérieur aurait trouvé la situation presque amusante ; cette façon qu’à Finnley de se montrer bavard uniquement lorsqu’il est question de s’agacer du comportement des autres plutôt que de remettre le sien en cause. Les mots s’enchaînent et pour autant, le rouquin voudrait parvenir à les contenir, autant qu’il les sait nécessaires pour dissuader Cora de s’accrocher à ce semblant de relation qu’il ne peut pas lui offrir dans une telle situation. Un instant, il est tenté d’opter pour une manière plus douce de faire passer le message, de simplement lui quémander une tranquillité bienvenue pendant quelques temps – ce qu’elle aurait certainement compris en vue du chapitre qu’ils viennent de clore – voire même d’essayer de lui expliquer cet événement qui occupe ses pensées depuis quelques jours, dans l’espoir de ne pas totalement réduire à néant des efforts qu’il a apprécié plus qu’il ne l’aurait pensé. Le constat n’est pas réjouissant, et pourrait presque prêter à rire tant cela confirme qu’un nuage noir planera toujours au-dessus de leurs deux têtes ; il a fallu que Finn soit obligé de mettre sa rancune de côté pour réaliser qu’il lui était possible de passer à autre chose, alors même qu’il s’était convaincu en être incapable, et ce n’est que lorsqu’il envisage enfin reconstruire cette relation brisée avec sa jumelle que les événements l’obligent à la repousser plus qu’il ne l’a jamais fait jusqu’ici. Peut-être qu’elle ne le comprendra pas, mais c’est pour son bien, réellement. Pour une fois, ce n’est pas un besoin malsain de la faire souffrir autant qu’il a souffert qui anime ses actes et ses paroles, si ceux-ci se veulent encore plus tranchants que d’ordinaire c’est uniquement pour la protéger – et encore une fois, la situation peut réellement prêter à rire tant elle est paradoxale. Dans d’autres circonstances, il aurait pu envisager de lui parler, d’enfin s’y essayer pour lui dévoiler ce qui est probablement son plus grand secret, si Cora n’avait pas d’autres choses à gérer, et si Cora n’était pas… Cora, tout simplement. Persécutée par des charognards prêts à décrocher la moindre information sur sa vie pour mieux pourrir celle-ci, si elle ne connaissait pas ce type coincé dans un lit d’hôpital, s’il n’avait pas l’assurance qu’elle ne le jugerait pas – alors que c’est bien la seule réaction normale dans un tel cas de figure, si elle ne venait pas à peine de sortir d’une bataille qui a demandé toutes ses forces, des forces qu’elle n’a plus pour se lancer dans un nouveau combat par la faute de son frère, parce qu’il n’est pas foutu de résister à la tentation d’un verre, parce qu’il n’a pas été foutu de se débrouiller seul ce soir-là. Il commence à peine à réaliser que le problème émane de lui et non des autres, pour autant lorsqu’elle se permet une réflexion sur son incapacité à tenir debout – parmi un flot de propos qu’elle lui assène et qu’il accepte en silence parce qu’il lui doit bien ça – les traits de Finn se durcissent, ses muscles se tendent et ses mains se serrent jusqu’à en devenir pâles. Il lui a tendu la main comme il le pouvait lorsqu’elle a été face à ses difficultés, à leur ennemie commune. Il ne lui a pas offert le soutien dont elle avait besoin et qu’elle voulait, mais il a été présent pour l’aider à punir la matriarche Coverdale, afin qu’elle parvienne à tourner la page – et lui aussi. Il a essayé, malgré sa rancune, malgré ses promesses faites à lui-même de ne plus jamais croiser le regard de Danielle. Il a pris sur lui, dans l’optique d’être un bon témoin à défaut d’un bon frère. Il n’a pas été parfait, mais il a fait de son mieux compte tenu des circonstances, pour qu’elle puisse faire face à ce combat. Et face au sien, elle se moque, elle le prend à la légère, elle l’utilise contre lui. On peut lui reprocher bien des choses à Finnley, mais jamais il n’a utilisé contre elle l’histoire d’Arthur. Et malgré cette petite voix dans sa tête qui lui assure qu’un tel traitement est amplement mérité, il ne décolère pas. Pas quand il lui semble enfin parvenir à assembler les morceaux d’un puzzle qu’il réfutait corps et âme jusqu’ici – et c’est encore le cas la majeure partie du temps. Pas quand elle utilise sa faiblesse contre lui de cette façon, pas quand elle s’en fout, qu’elle se moque de cette situation quand jamais il ne s’est permis une telle réaction face à la sienne. « Va te faire foutre, Cora. » Ce sont les seuls mots qui finissent par s’échapper de ses lèvres, et il ne saurait dire s’il les a hurlés ou non, s’ils se sont voulus aussi glacials qu’il l’a souhaité, il ne peut qu’admettre la sincérité avec laquelle il les prononce et la force avec laquelle il claque la porte une fois ses doigts ôtés – et peut-être qu’il ne se serait pas gêné même s’ils étaient restés à leur place initiale. Les tempes qui cognent, les veines qui bouillonnent, c’est vers la cuisine qu’il se dirige pour s’emparer de la bouteille de Gin qui traîne dans son frigo, celle qui saura calmer le corps et l’esprit, mis à mal par les propos de Cora. Et il lui donne raison et il s’en fout, parce que ce n’est pas sur ce sujet qu’il admet les propos de Cora, c’est sur le fait qu’elle soit la source de tout ce qui l’emmerde, c’est bien un point sur lequel ils seront probablement toujours d’accord.

- sujet terminé -