@EZRA BEAUREGARD & FINNLEY COVERDALE ⊹⊹⊹ it's the terror of knowing what this world is about, watching some good friends screaming, "Let me out!". pray tomorrow gets me higher, pressure on people, people on streets.

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Ce n’est pas dans ses habitudes d’annoncer au préalable sa visite à Ezra, le vendredi étant devenu le jour où Finn a pris l’habitude de se pointer, à intervalles réguliers, au garage. Sur la pause de midi, son passage est toujours furtif, mais lorsqu’il s’amène sur la fin de journée, l’on peut prévoir que ses préoccupations sont telles qu’elles nécessitent une longue discussion qui ne saurait être interrompue. Il est un peu plus de dix-huit heures ; cela indique déjà son état d’esprit et la raison pour laquelle il passe dans le coin, qui ne vise pas uniquement à saluer son plus vieil ami. Finn a besoin de parler. C’est suffisamment rare pour être souligné, lui pour qui les oreilles attentives ne sont pas légion, composées, tristement, d’une sœur à l’apogée de sa carrière qui vit à l’autre bout du monde et d’une amie qui a elle-aussi quitté la ville pour vivre ses rêves de famille parfaite auprès de son mari et de leurs enfants. Autant dire que, depuis la récente sortie de prison de sa génitrice, Finnley réalise qu’il n’a que peu d’entourage auprès duquel il se sentirait libre d’en parler – pour ne pas dire personne. À l’exception d’Ezra, donc, celui vers lequel il s’est toujours tourné d’aussi loin qu’il s’en souvienne, celui qui n’a jamais hésité à lui secouer les puces quand il le fallait et à le soutenir quand il en avait besoin. Aujourd’hui, Finnley ne sait pas exactement dans quelle optique il se trouve exactement, perdu entre une libération qu’il n’espérait pas et des attentes à l’égard de sa mère qui n’ont jamais totalement disparu malgré les nombreuses déceptions. Il a besoin de faire le point, en d’autres termes, et s’il pouvait être en mesure de le faire lui-même, il serait capable de réaliser qu'il manque clairement de rationalité sur le sujet. Ça le touche directement, évidemment, et cela l’empêche d’être en mesure de peser pleinement le pour et le contre de la réponse à donner à sa mère, elle qui essaye de se refaire une place dans sa vie. Doit-il accepter ou non ? Il sait qu’Ezra n’a pas plus la réponse que lui, mais il espère qu’échanger sur le sujet saura l’aiguiller. Car elle lui semblait évidente, la marche à suivre, et c’est celle qu’il opère à l’heure actuelle, fuyant volontairement Danielle malgré ses tentatives de le contacter. Pourtant, il y a cette petite voix dans sa tête qui lui rappelle qu’elle est sortie il y a bientôt trois mois, et qu’elle persiste à tenter de le joindre, une persévérance qu’il ne lui connaissait pas. Au contraire, elle a toujours pris soin de le garder à distance, se rapprochant de ses sœurs, mais jamais de lui, cet enfant qui n’avait pas suffisamment de charisme pour servir ses rêves de gloire et de richesse, projetés alors sur ses deux filles. Aujourd’hui, il ne comprend pas bien la raison pour laquelle elle s’obstine auprès de lui, alors qu’il n’a rien à lui offrir. Son quotidien est presque aussi misérable qu’elle en avait eu un aperçu la dernière fois qu’ils se sont vus, il y a près de six ans. Depuis, Finn ne l’a pas tenue au courant de tenants et aboutissants de son existence, et il doute que ses sœurs s’en soient rendues coupables – il l’espère du moins, car il s’agirait-là d’une énième trahison de leur part qu’il ne serait pas prêt à pardonner.

Il a donc besoin de parler et qui mieux qu’Ezra pour l’écouter, lui qui le connait depuis presque deux décennies et qui a eu un aperçu assez détaillé des épreuves par lesquelles il est passé ? La réciproque s’applique également, et c’est parce qu’il sait que son ami connait aujourd’hui le ciel bleu d’une relation sans nuages qu’il s’abstient de venir frapper à sa porte pour s’épancher sur ses problèmes, ne voulant pas déranger sa copine autant que ses enfants. De la situation, Finnley en a discuté avec quelques personnes ; à commencer par sa patronne au Paradise quand il s’est absenté sans crier gare, mais également sa colocataire pour justifier des différents appels et autres recommandés reçus au cours des derniers mois, et bien sûr Corey, ce frère par alliance qui semble bien plus compatissant qu’il ne faudrait l’être à l’égard de Danielle Coverdale. Il en a discuté, oui, mais il n’en a pas parlé, et personne ne s’est vraiment intéressé à ce qu’il a à dire sur le sujet. Il peut comprendre ; il a la trentaine passée, il n’est pas supposé être perturbé par des mommy issues qui ne seront sans doute jamais résolues, et il est assez grand pour prendre ses propres décisions et ainsi tenir sa mère à distance si c’est ce qu’il veut. Le problème, c’est qu’il ne sait pas ce qu’il veut, Finn, à l’exception d’un verre – et c’est là un tout autre sujet qu’il repousse avec plus ou moins de succès jusqu’ici. Ce seul constat l’amène à mettre sa fierté de côté, celle qui lui a trop longtemps dicté qu’il pouvait résoudre ses problèmes tout seul, pour chercher de l’aide là où il peut en obtenir ; auprès d’Ezra, donc, qui est bien la seule personne qu’il ne s’excusera jamais de déranger parce qu’il n’y a plus de ça entre eux, et que cela fait bien longtemps qu’il a passé le stade de l’appréhension avec le garagiste. « La journée est finie, pas d’excuses. » Il annonce lorsqu’il débarque dans le garage, déjà vidé de ses employés à l’exception du patron. « J’ai des lamingtons à ne plus savoir qu’en faire. » Il ajoute en levant son bras pour secouer doucement le sachet en papier qu’il tient dans sa main, un regard amusé en direction d’Ezra, dont la gourmandise n’est plus à prouver.

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***
Peut-être que si les dernières discussions avec Lily s’étaient un peu mieux passées, il ne serait pas encore à trainer au garage à l’heure qu’il était. Peut-être avait-il un penchant ces derniers pour l’idée de passer plus de temps les mains dans le cambouis qu’il n’avait pris l’habitude de le faire depuis son accident et par la suite la naissance d’Alice. Il passait beaucoup de temps chez eux, à s’occuper de la petite dès qu’il le pouvait et à relayer ses tâches liées au travail un peu de côté. Il faisait toujours en sorte que boutique tourne comme il le fallait, mais il était vrai qu’Ezra n’était plus autant impliqué ni actif au sein de cette dernière comme il avait pu le faire pendant des années. Ca le peinait, bien sur, mais il savait surtout que ses priorités avaient changé et s’apprêtaient à d’autant plus changer dans les mois à venir lorsque les jumeaux pointeraient le bout de leur nez. Mais le garage restait tout de même l’endroit où il appréciait se réfugier lorsqu’il ne savait mettre le doigt sur les solutions à apporter à la maison - et surtout comment faire en sorte que ces derniers soient approuvées par la maitresse des lieux -, lorsqu’il ne comprenait pas forcément ce qui ne tournait pas rond; au moins, les voitures n’avaient pas de secrets pour lui et il arrivait toujours par les réparer à la fin. Alors il remettait de l’huile ici, il nettoyait une carrosserie là, et il trainait un peu de la patte à l’idée de rentrer - ce qui n’était pas dans ses habitudes, il le savait et s’en rendait compte.

Peut-être aussi que la voix qui s’éleva dans son dos, alors qu’il était tête sous le capot, fut un e bénédiction à ses yeux. « La journée est finie, pas d’excuses. » Se redressant, un sourcil se haussa sur son visage alors que son regard prenait une teinte amusée - tous deux dirigés en direction de Finnley. Ezra attrapa un chiffon qui trainait sur le côté dans la foulée pour essuyer ses mains sur ce dernier. « Oh non, quel dommage. » C’était ironique, bien sur: il adorait travailler, mais était plus qu’heureux de voir son ami débarquer presque à l’improviste comme cela était devenu son habitude avec le temps et les années. « J’ai des lamingtons à ne plus savoir qu’en faire. » Bien sur que désormais, l’homme face à lui avait son attention complète et entière pour lui, alors que le regard de Beauregard se raccrochait au sachet haussé à la hauteur de son regard. « Oh, toi t’es dangereux. » Il ajouta un petit rire dans la foulée. « Tu  sais trop facilement comment m’acheter. » La gourmandise d’Ezra n’était depuis longtemps plus à prouver - quoi que cette dernière était davantage sous contrôle depuis que c’était Lily qui gérait l’organisation des repas à la maison et qu’il existait beaucoup moins de sucreries à grignoter dans les placards. D’un geste du menton, Ezra fit finalement signe à son ami de le suivre, se mettant doucement à traverser le garage. « Viens on va s’installer à l’arrière sur les tables extérieures. Je passe juste retiré le cambouis de mes mains. » Parce-que si de la nourriture était impliquée, hors de question de la manger avec les mains salies de la sorte.

Après être passé par le lavabo et avoir posé son postérieur sur l’une des chaises en plastique disponibles, Ezra sortit de la poche de son bleu de travers son paquet de cigarette pour en tirer une et l’accrocher à ses lèvres. Il fit glisser le paquet en direction de Finn dans la foulée. « Si t’en veux une. » Officiellement, Ezra était supposé être plus ou moins en train d’arrêter; autant parce-qu’il savait que c’était mauvais pour la santé bien sur que parce-que ça l’était d’autant plus pour celle des enfants. Autant également parce-que ce n’était pas pour ce défaut là que Lily était tombée dans ses bras et que cette dernière lui rabâchait assez régulièrement qu’il devrait bientôt arrêter - comprendre ici qu’il avait plutôt intérêt à se pencher rapidement sur la question. « Que me vaut un tel honneur, dis moi ? » Il recracha le nuage de fumée blanche. « Pas de ta présence, ça c’est pas un honneur non. » Sa mine était rieuse, son regard un peu moqueur sur les bords. « Mais de la bouffe surtout, hein. » Comme il le disait souvent: il était idiot mais pas complètement demeuré; et puis Finnley et lui étaient amis depuis des années maintenant, il savait reconnaître quand cela était juste une visite pour passer le temps d’un autre type de visite - c’était cette catégorie là aujourd’hui.

Finnley a grandi avec l’idée que ses problèmes n’importent pas ; et par conséquent, il a très tôt appris à les garder précieusement pour lui, conscient qu’il serait mal venu d’embêter les autres avec des préoccupations inutiles à leurs yeux. En ce sens, Ezra n’a pas eu le nez fin en sympathisant avec le rouquin, alors que le garagiste est devenu son thérapeute tout désigné, d’autant plus considérant le fait qu’il n’a pas un entourage très riche et surtout, auprès duquel il est suffisamment en confiance pour s'épancher sur ses problèmes. Oh bien sûr, il serait alors plus légitime de faire appel aux services d’un vrai professionnel, mais Finn n’a ni les moyens, ni l’envie de se lancer dans une introspection qui ferait sans doute plus de mal que de bien – sans parler des discours de vie équivalents à ceux d’un coach formé sur internet, merci, mais non merci. Alors Ezra prend, bien malgré lui, le rôle de l’oreille attentive auprès de laquelle il déblatère ses problèmes quand ceux-ci deviennent trop insupportables pour qu’il les garde pour lui-même. La réciproque s’applique évidemment, mais il se doute bien qu’il est celui qui se plaint constamment, peu aidé par une attitude légèrement pessimiste qu’il se coltine en plus de tout le reste. « Oh non, quel dommage. » La bonhomie de son ami a au moins le mérite de le déculpabiliser quant à son arrivée fracassante, bien qu’il use de son dernier – et seul, en réalité – argument pour définitivement s’assurer de sa compagnie, soulevant ce sachet de lamingtons qui n’attend que d’être dévoré. Il sait pertinemment qu’Ezra ne saura lutter contre son habituelle gourmandise qui, plus que d’être reconnue, est surtout devenue une vraie arme utilisée contre lui. « Oh, toi t’es dangereux. » Haussant les épaules avec un air victorieux sur le visage, Finnley ne s’en plaint pas. « Tu  sais trop facilement comment m’acheter. » - « Sois plus difficile à l’être, dans ce cas. » Il corrige, car dans le fond, c’est la stricte vérité. Il pourrait revoir ses critères à la hausse, Ezra, mais non, il se contente d’une pâtisserie et ça le rend bien trop facilement acquis à n’importe quelle cause – bien que Finnley ne soit pas habilité à s’en plaindre. « Viens on va s’installer à l’arrière sur les tables extérieures. Je passe juste retiré le cambouis de mes mains. » - « Je vais déjà m’installer. » Suivant le Beauregard, il poursuit son chemin jusqu’aux dites tables, qu’il connaît suffisamment bien pour se permettre de faire comme chez lui.

Désormais posé sur la chaise en face de celle qu’Ezra vient occuper, il secoue la tête par la négative quand celui-ci lui glisse son paquet de cigarettes. « Si t’en veux une. » - « Tu dois toujours te cacher de Lily, je vois. » Qu’il s’amuse en désignant le bâton entre ses doigts. Connaissant rapidement la jeune femme, il ne peut nier qu’elle n’est pas le genre de personnalité qu’il aurait imaginée aux côtés de son ami. Trop rigide et directive, il ne doute pas qu’elle a un avis très arrêté sur la question. Pour une fois, il ne peut pas vraiment critiquer – voir votre père être emporté par un cancer aide à réfléchir quant aux poisons du genre (sauf quand il s’agit d’alcool, faut croire, quelle ironie). « Que me vaut un tel honneur, dis moi ? » Il songe à la manière de présenter les choses, bientôt arrêté par Ezra qui reprend la parole : « Pas de ta présence, ça c’est pas un honneur non. » Portant sa main sur sa poitrine dans un élan de théâtralité, Finnley siffle entre ses dents : « l’accueil c’est plus ce que c’était, par ici. » Il en est terriblement blessé et il n’est pas certain de s’en remettre, c’est certain. « Mais de la bouffe surtout, hein. » Ouais, surtout, tiens. À ces mots, Finn se penche en avant pour s’emparer d’un lamington dans le sachet, en croquant une partie avant de répondre. « J’ai besoin de conseils qui ressemblent plus à un avis qu’autre chose, en fait. » Et pas juste un « tu veux faire quoi, toi ? » face à une situation qu’il prendrait le temps d’exposer. « Ma charmante génitrice est sortie de prison. » Ezra a suivi les déboires qui ont été les siens quand Cora et lui ont intenté un procès à leur propre mère quant à l’adoption illégale du fils de Cora et aux mauvais traitements qu’elle a pu leur faire subir par le passé. Il a aussi été là quand Finn a trouvé la peine trop légère et il est désormais là maintenant que ce chapitre semble se terminer. « Elle essaie de me contacter, à comprendre : elle me harcèle. » Et le mot est faible, en réalité. « Pas d’offense, mais je me disais que comme ta famille est aussi garnie que la mienne, tu saurais me dire que je suis pas un sale gamin à l’idée de camper sur mes positions et de continuer à ignorer son existence. » Sauf que ce n’est pas exactement ce qu’il veut. Et ça aussi, il aimerait qu’Ezra lui le dise.

@Ezra Beauregard

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« Sois plus difficile à l’être, dans ce cas. » Ce fut avec un sourire tout autant amusé que le rire qui se fit entendre qu’Ezra répondit dans un premier temps, secouant quelque peu son visage. « Tu perds l’avantage à me donner des conseils comme ça, tu t’en rends compte ? » Comme si Finnley avait réellement besoin d’un réel avantage: bien sûr qu’il disait cela sur le ton de la plaisanterie, avec un humour non-négligeable. Son ami faisait partie des rares personnes à ne pas avoir besoin d’un Ava the - il était son ami, et pour ces derniers il n’existait aucune excuse recevable pour ne pas se montrer présent aux yeux de Beauregard. D’autres pourraient effectivement avoir besoin de ce type de tuyaux pour avoir un passe-droit - quoi qu’il était plutôt du genre à être amical et à se montrer ouvert même avec les inconnus -, mais l’homme face à lui ne faisait pas partie de cette catégorie. Avec les années et le temps, il avait fini par le comprendre, débarquant avec ces quelques sucreries directement à son garage simplement pour lui faire plaisir et souligner la plaisanterie. Lui indiquant qu’il prenait simplement un instant pour se laver les mains, il laissa Finnley prendre place sur les tables en extérieur. « Je vais déjà m’installer. » - « Je te rejoins j’en ai vraiment pas pour longtemps. »

Finnley fit un signe de refus de la tête lorsqu’Ezra lui proposa une cigarette. « Tu dois toujours te cacher de Lily, je vois. » Ce fut dans un petit rire qu’il expira sa fumée dans la foulée. « Disons que fumer au garage est une bonne solution. » Bien sur que Lily avait son mot et son commentaire à ajouter sur la mauvaise habitude de son mari; ce n’était pas pour autant que ce dernier, pour une fois, s’était plié à ses exigences. Ce n’était plus tant que pour cette unique raison que son paquet quittait que rarement le périmètre du garage, cependant: « Et puis avec la petite, ça m’assure qu’elle soit pas envahie par la fumée aussi. Et puis même, avec la grossesse Lily est pas supposée être exposée à ce genre de truc. » Il y avait là une liste peut-être courte mais composée d’excuses importantes pour qu’Ezra fasse attention à ses lieux et sa quantité de consommation.

Ce n’était cependant pas pour discuter de la consommation de nicotine de son ami que Coverdale était venu en cette fin de journée jusqu’au garage - alors, sans grand détour, Ezra se permit d’engager déjà la conversation dans cette direction. A la façon Ezra, certes, mais tout de même. « L’accueil c’est plus ce que c’était, par ici. » Il faisait son comédien et Beauregard ne sût faire autrement que de lever allègrement les yeux au ciel. « Plains toi, vas y. » Comme s’il allait réellement accorder la moindre importance à ce type de détail. « J’ai besoin de conseils qui ressemblent plus à un avis qu’autre chose, en fait. » N’ayant pas encore en perspective l’entièreté de l’importance de la conversation qui allait suivre, bien sûr qu’il se permit une nouvelle touche d’humour. « Tant mieux, j’ai pas que des bons conseils. » Il attrapa une sucrerie qu’il glissa dans sa bouche. « Ma charmante génitrice est sortie de prison. » Il manqua de s’étouffer, toussa quelques fois pour que ce ne soit pas le cas. « Déjà ? » Toutes les personnes au courant de cette histoire savait que c’était la quelque-chose quoi allait un jour arriver, mais Ezra avait toujours eu l’impression que ce serait bien plus long que cela; il fallait croire que le temps passait bien plus rapidement qu’il ne s’en rendait compte. « Elle essaie de me contacter, à comprendre : elle me harcèle. » Il haussa un sourcil, pencha son visage sur le côté, pas véritablement étonné des informations que Finnley lui donnait là. « Pas d’offense, mais je me disais que comme ta famille est aussi garnie que la mienne, tu saurais me dire que je suis pas un sale gamin à l’idée de camper sur mes positions et de continuer à ignorer son existence. » Il esquissa un sourire amical. « Aucune prise. » Avoir une famille, nombreuse qui plus était, n’était pas qu’une bénédiction et effectivement bien sûr qu’Ezra en connaissait un rayon sur cela de son côté.

Tirant sur sa cigarette, il garda le silence encore un instant, évacuant le nuage de fumée dans une réflexion, avant de reporter son regard vers Finnley. « T’es pas un sale gosse, Finn. » Bien sur qu'il y avait une part d’hôpital se fichant de la charité en cet instant, Ezra n’étant pas le meilleur exemple dans le domaine; il pardonnait sûrement de trop à son père alors que ce dernier n’avait pas toujours le comportement ou les réactions qui incombaient correctement dans toutes les situations. « Enfin, t’es un sale gosse de façon générale mais pour avec ta mère là, tu l’es pas. Parce-qu’elle méritait de rester plus longtemps derrière les barreaux sans que tu t’inquiètes pour elle plus que tu l’as déjà fait. » Bien sûr qu’il n’avait su rester impartial lorsqu’il avait entendu parler de l’adoption du neveu de Finn; c’était un sujet qui le touchait particulièrement, lorsque c’était les enfants et la façon dont était gérée leur affiliation dans ce monde. Il haussa les épaules. « Tu demandes mon avis hein. » Parce-que peut être que ses conseils ne seraient pas du même à ça si, mais son avis était déjà tranché depuis quelques temps désormais. « T’as pas besoin de changer ton positionnement, elle t’apportera que des problèmes. » Il fit une petite moue d’excuses à l’attention de son ami. « Tu te sens comment à cette nouvelle ? » Haussant un sourcil, il écrasa sa cigarette dans le cendrier déjà trop plein pour que ce soit raisonnable. « Tu m’en parles donc j’en déduis que ça craint ? »

« Tu perds l’avantage à me donner des conseils comme ça, tu t’en rends compte ? » - « J’ai absolument aucune foi en ta volonté. » Finnley rétorque, haussant doucement les épaules. Et c’est vrai ; le point faible d’Ezra lui a toujours servi, et ce depuis de nombreuses années. Suffisamment pour que Finnley ne remette pas en question leur arrangement tacite, qui vise à débarquer ici à tout moment avec pour seul motif d’excuse un panier de viennoiserie. Dans le fond, ça le sert autant qu’à Ezra et puisque ce dernier ne s’est jamais plein de cela, Finn n’a jamais envisagé de procéder d’une manière différente, quand bien même il est parfaitement conscient qu’il pourrait très bien se contenter d’un sms ou de la stricte vérité : il a envie de le voir, ou il a besoin de lui parler, à choix. Prenant ses aises à l’arrière du garage, le rouquin attend son ami, qui ne tarde pas à le rejoindre, profitant de ne pas avoir à rentrer tout de suite pour s’en griller une. « Disons que fumer au garage est une bonne solution. » Pinçant les lèvres en une grimace peu convaincue par cette reformulation, Finnley ne laisse aucun doute quant à son interprétation personnelle : Lily le surveille toujours et Lily n’aime pas la cigarette. Et, surtout, Lily décide. Si c’est une façon de faire qui convient à Ezra, grand bien lui fasse – après tout, c’est bien ce dernier qui a une vie de famille épanouie, c’est que cela doit fonctionner. « Et puis avec la petite, ça m’assure qu’elle soit pas envahie par la fumée aussi. Et puis même, avec la grossesse Lily est pas supposée être exposée à ce genre de truc. » Ah, argument parfaitement recevable, en effet. Bien plus que celui de l’épouse contrariée. « Au-delà de ça, ça se passe bien, la grossesse ? » Il demande, sincèrement intéressé, alors qu’il ajoute : « Et avec Alice ? » La petite n’a pas encore un an, mais à vrai dire, il serait curieux de savoir si les bébés ressentent réellement les changements, et qu’en ce sens elle continue de leur mener la vie dure – il a cru comprendre que tout n’était pas toujours facile.

Si Ezra peut se vanter d’une vie familiale qui coche toutes les cases de la réussite, Finnley ne peut pas en dire autant ; et c’est d’ailleurs la raison qui l’a amené jusqu’ici aujourd’hui. Il a bien conscience que sa situation ne peut pas être exposée à n’importe qui, car avoir une mère en prison ne fait pas vraiment partie des choses dont on peut se féliciter. De toute manière, rares sont ceux, dans son entourage, à connaître le sort de sa mère, Finnley simplifiant bien souvent les choses par un laconique « elle est morte » qui se veut résolument efficace. Et s’il est là aujourd’hui, c’est autant pour se plaindre que pour demander des conseils – ou plutôt, un avis sincère. « Tant mieux, j’ai pas que des bons conseils. » La réflexion d’Ezra a le don de le détendre durant un instant avant qu’il n’avoue la source de ses préoccupations, et cette libération imminente de celle qui mériterait pourtant de croupir en prison encore quelques années – pour ne pas dire jusqu’à sa mort. « Déjà ? » Oui, malheureusement. « Bonne conduite. » Il justifie, avant de préciser : « Faut croire qu’être enfermée dans 10m² pendant quelques années lui a permis d’aiguiser ses dons de foutue manipulatrice. » Il ajoute en haussant les épaules, reprenant rapidement : « Il parait que ses efforts sont sincères, et qu’elle a vraiment à cœur d’avoir une nouvelle chance et de faire les choses correctement. » Il appuie volontairement sur tous les mots qui lui paraissent ironiques et qui ne s’adaptent certainement pas à la situation de sa mère, cette créature qui n’a jamais été dotée du moindre instinct maternel et qui n’a jamais vu plus loin que ses propres intérêts. Et si elle s’évertue autant à le contacter, c’est sûrement pour faire bonne figure auprès de son agent de probation, et non pas parce qu’elle a réellement l’intention de renouer avec lui. « Aucune prise. » Il est au moins rassuré de ne pas avoir vexé Ezra – bien qu’il le connaît assez pour savoir que la réflexion n’aurait pas été la source d’un conflit entre eux.

À observer ainsi Ezra s’attarder sur sa cigarette, il en vient à regretter de ne pas avoir accepter sa proposition, ce qui lui aurait permis de s’occuper les mains quelques instants au lieu de se retrouver à ne pas savoir qu’en faire. « T’es pas un sale gosse, Finn. » Mais encore ? « Enfin, t’es un sale gosse de façon générale mais pour avec ta mère là, tu l’es pas. Parce-qu’elle méritait de rester plus longtemps derrière les barreaux sans que tu t’inquiètes pour elle plus que tu l’as déjà fait. » La première partie de sa phrase lui étire un sourire bienvenu, avant qu’il ne redevienne sérieux à l’entendre de la suite. « Tu demandes mon avis hein. » Hochant la tête en guise de seule réponse, le rouquin demeure muet. « T’as pas besoin de changer ton positionnement, elle t’apportera que des problèmes. » Ils sont au moins d’accord là-dessus. Mais pourquoi est-ce qu’il n’arrive pas à en être totalement convaincu, alors même qu’il n’arrive pas à envisager d’autres scénarios ? « Tu te sens comment à cette nouvelle ? » Agacé. Surpris. En colère. Empli d’espoir. « J’étais persuadé d’en avoir rien à foutre, mais voilà que j’y pense tout le temps. Alors, je sais pas trop. » Il s’est toujours juré de ne plus accorder la moindre attention à sa mère, et pourtant elle occupe désormais son quotidien. « Tu m’en parles donc j’en déduis que ça craint ? » - « Ouais. » Il rétorque dans un premier temps, restant silencieux un instant tandis qu’il songe à la manière d’évoquer la chose. « Y’a son dernier mari qui essaie de me convaincre que c’est une bonne chose, et même le beau-fils s’y est mis. » Autant dire qu’il a l’impression de ne pas pouvoir échapper à la situation. « Et c’est clair, je sais qu’elle va effectivement m’apporter que des problèmes. J’en suis persuadé, je le sais. » C’est une évidence, une intuition qui ne le quitte pas – mais qui n’est pas aussi ferme qu’il le voudrait. « Mais, je me sens con, parce que je peux pas m’empêcher d’être curieux, et de me demander jusqu’où elle irait pour que ça serve ses intérêts. Combien de temps elle arriverait à jouer le jeu, surtout, alors que je sais qu’elle supporte pas mon existence. » Autant qu’il ne supporte pas la sienne, donc il ne peut pas vraiment lui en vouloir. « Mais, en même temps, si j’accepte ne serait-ce que de la rencontrer, elle gagne, comme toujours : elle aura obtenu ce qu’elle voulait, et c’est moi qui me retrouve à mettre ma fierté de côté et à continuer de me faire piétiner. » Ce qu’il n’a pas vraiment envie, mais il l’a dit, sa curiosité semble plus forte que sa raison. « Si ça se passe bien, j’arriverai pas à m’enlever de la tête que ce n’est pas normal. Et si ça se passe mal, je pourrais pas m’en plaindre parce que je le voyais venir. » En d’autres termes : il ne sera jamais serein. Et il sait que, quoi qu’il fasse, il s’en plaindra ; et qu’Ezra sera sûrement aux premières loges durant ces instants-là.

@Ezra Beauregard

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@finnley coverdale

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« J’ai absolument aucune foi en ta volonté. » Ezra eut un petit rire. « On est deux comme ça. » Parce-que lui non plus n’avait pas vraiment foi en sa propre volonté - il n’y avait qu’à voir la façon dont il se grillait si facilement une cigarette, pourtant tout à fait au courant de la nuisance de cette dernière sur sa santé. Il se permettait de le faire au garage comme ça, au moins, il ne participait pas à nuire à la santé de sa petite famille; c’était déjà un bon début. « Au-delà de ça, ça se passe bien, la grossesse ? Et avec Alice ? » Dodelinant quelque peu de la tête, il tira une nouvelle bouffée sur sa cigarette, expira lentement la fumée grisée avant de répondre à la question de son ami. « Ca va. » C’était un peu maigre, alors il reprit. « Lily est super fatiguée. Elle le dit pas parce-qu’elle veut être sur tous les fronts à la fois, mais malgré ce qu’elle pense surement je m’en aperçois. » Il n’était pas tout à fait tout le temps fin, mais il n’était pas non plus totalement idiot: il avait des yeux, ils habitaient sous le même toit et la voyait tous les jours; ce n’était pas compliqué de deviner que cette grossesse là était plus fatigante que la première - surtout parce-qu’elle intervenait si proche de cette dernière justement. « Je pense qu’elle a hâte que ça se termine. Concernant Alice…. » Ce fut un sourire attendri qui étira les lèvres d’Ezra, bien sur. « Elle est parfaite, tu sais. Un peu trop d’énergie en réserves pour ses pauvres parents, mais quand elle sourit t’oublies toute la fatigue du monde. » C’était peine perdue d’avance que d’obtenir une réponse objective de sa part lorsqu’il s’agissait de sa fille.

Si discuter de sa famille n’était qu’une introduction pour dévier vers celle de Finnley, il ne le prit en aucun mal, puisque la nouvelle qu’il avait à lui apporter n’était pas négligeable. Ezra avait l’impression que c’était hier que la mère du roux était mise derrière les barreaux, et surtout il ne s’était pas attendu à apprendre de si tôt sa libération. « Bonne conduite. » Il plissa le bout du nez: c’était le comble. « Faut croire qu’être enfermée dans 10m2 pendant quelques années lui a permis d’aiguiser ses dons de foutue manipulatrice. Il parait que ses efforts sont sincères, et qu’elle a vraiment à cœur d’avoir une nouvelle chance et de faire les choses correctement. » Il eut un petit rire railleur à l’explication que lui donnait Finn. « Conneries ouais. » Il avait suivi lorsque les faits s’étaient passés: ce n’était que du paraitre comme il le soulignait, de la manipulation.

« J’étais persuadé d’en avoir rien à foutre, mais voilà que j’y pense tout le temps. Alors, je sais pas trop. » Il pencha quelque peu sa tête sur le côté. « C’est ta mère quand même. » Même si elle n’avait pas eu un comportement adapté et qu’elle avait fait plus de mal que de bien, elle restait sa mère et c’était normal que cela le touche d’une manière ou d’une autre. « Ouais. » Ca craignait, donc. « Y’a son dernier mari qui essaie de me convaincre que c’est une bonne chose, et même le beau-fils s’y est mis. Et c’est clair, je sais qu’elle va effectivement m’apporter que des problèmes. J’en suis persuadé, je le sais. » - « Mais ? » Il y avait forcément un mais qui arrivait. « Mais, je me sens con, parce que je peux pas m’empêcher d’être curieux, et de me demander jusqu’où elle irait pour que ça serve ses intérêts. […] Et si ça se passe mal, je pourrais pas m’en plaindre parce que je le voyais venir. » Ecrasant sa cigarette dans le cendrier qui trainait sur la table, il releva son regard vers son ami. Ezra n’était pas de ceux qui passaient par quatre chemins pour exprimer leur opinion de manière générale - il n’y avait qu’avec Lily qu’il tournait sa langue sept fois dans sa bouche parce-qu’il savait qu’il avait une chance sur deux de dire une idiotie -; il ne comptait pas prendre de pincettes aujourd’hui non plus alors que Finnley ne devait pas perdre de vue quelque-chose qui avait été une constante pourtant dans sa vie pendant des années. « Tu devrais continuer de la laisser pourri dans son coin même si elle est sortie, Finn. » Il prenait un sérieux autant dans sa voix que dans son regard, qui n’étaient pas ou peu habituels pour lui. « Elle t’a déjà assez pourri ton existence, la laisse pas continuer de le faire. Laisse la pourrir elle. » Il haussa les épaules: à ses yeux, cela pouvait être aussi évident que ça. « T’es pas allé la voir pendant qu’elle était en prison, non ? » Ou l’avait-il fait sans qu’il ne soit lui au courant ? « Continue de faire comme si elle existait pas, c’est ce qui est mieux pour toi. » Laissant son regard encore un instant appuyé sur les traits de son visage, il finit par détourner son attention pour attraper une nouvelle cigarette - aujourd’hui serait une exception sur le nombre limite par jour. « Je sais que t’as pas besoin qu’on te foute des claques derrière la tête plus que ça, mais t’as demandé mon avis et il est pas forcément très amical. » Il aurait préféré réussir à arrondir les angles là où il fallait, là où c’était nécessaire, mais ce n’était pas son style. « Elle saura jouer le jeu longtemps, Finn, et tu y laisseras des plumes avant elle je pense. »

« On est deux comme ça. » Au rire d’Ezra se joint désormais celui de Finn, avant qu’il ne reprenne son sérieux au moment de s’enquérir de la grossesse de Lily – on ne pourra pas lui dire qu’il ne fait pas d’efforts, hm. « Ca va. » Tournant la tête en direction de son ami, les sourcils froncés pour signifier qu’il est sceptique quant à cette réponse au manque d’enthousiasme évident, Ezra semble comprendre que ce n’est pas suffisant alors qu’il ajoute : « Lily est super fatiguée. Elle le dit pas parce-qu’elle veut être sur tous les fronts à la fois, mais malgré ce qu’elle pense surement je m’en aperçois. » De telles paroles ne rassurent pas particulièrement le rouquin dont l’inquiétude ne se dirige pas envers la fatigue annoncée de la jeune femme, mais envers la perspective que cette dernière considère sérieusement son conjoint comme étant suffisamment naïf pour ne pas voir l’évidence – c’est ce qu’il croit comprendre, du moins. Mais Finnley sait aussi que ses interprétations sont souvent erronées, raison pour laquelle il se garde bien de le verbaliser. « Je pense qu’elle a hâte que ça se termine. Concernant Alice…. » Restant silencieux pour offrir à Ezra la possibilité de vider son sac si besoin, il peut néanmoins apercevoir l’expression adoucie du Beauregard. « Elle est parfaite, tu sais. Un peu trop d’énergie en réserves pour ses pauvres parents, mais quand elle sourit t’oublies toute la fatigue du monde. » Et que ça pince, d’assister au bonheur des autres, ceux-là même qui réalisent ces rêves à lui. Mais parce que c’est Ezra, parce que c’est un ami cher pour lequel il a un grand respect, il se veut attendri à son tour. « Je devrais t’enregistrer et te ressortir ça quand elle aura seize ans. » Et que son énergie va réellement fatiguer ses parents, et qu’un seul sourire ne parviendra pas à leur faire oublier toute la fatigue que canaliser une ado exige. « Et pour Lily, j’imagine qu’elle aime toujours que les choses fonctionnent à sa façon ? Faut te montrer plus ingénieux. » Il se permet, estimant qu’il a pu cerner un peu la jeune femme avec le temps et son fonctionnement ; elle aime que les choses soient exécutées comme elle le désire, et en ce sens si Ezra veut pouvoir la soulager, de son point de vue extérieur Finnley n’envisage qu’une façon de faire : jouer sur le même terrain et se montrer aussi subtil quant au fait de ne pas vraiment lui laisser le choix de la décision. Mais celui qui arrivera à imposer un jour quelque chose à Lily n’est pas encore né, aussi ne peut-il qu’adresser un regard entendu à Ezra lui souhaitant bon courage. « Dans tous les cas, si un jour vous avez besoin de vous retrouver ou juste de vous reposer, tu sais que je garde volontiers la petite. » Mais il sait aussi que Lily ne lui fait sans doute pas confiance et qu’elle ne laissera jamais l’enfant sous sa surveillance – ce dont il ne peut même pas s’offusquer, en réalité.

Le rouquin est loin d’avoir une famille aussi stable et aimante que celle d’Ezra ; et c’est en partie parce qu’il continue de l’espérer qu’il se retrouve aussi démuni aujourd’hui, aussi perdu, face à une nouvelle qui n’a rien de légère. Sa mère s’apprête à sortir de prison et au-delà de ce choc, c’est la perspective d’avoir un rôle à jouer dans sa réinsertion qui travaille autant Finnley. Autant parce qu’il sait que c’est là une bien mauvaise idée, laquelle il ne peut pourtant s’empêcher de considérer. « Conneries ouais. » Le rire d’Ezra a le don de l’aider, sans réellement savoir pour quelle raison. Peut-être parce que ça humanise un peu sa propre ambiguïté, et parce qu’il est conforté quant à sa première impression : sa mère se joue de tout le monde, comme elle l’a déjà fait, et elle a trouvé des gens suffisamment crédules pour tomber dans le panneau. Finnley comprit, en réalité. « C’est ta mère quand même. » - « Mais je l’ai jamais considérée comme ça. » C’est sans doute ça, le plus ironique. Qu’il s’accroche autant à elle alors qu’il l’a toujours présentée comme sa génitrice, celle à cause (et non grâce) à laquelle il est sur cette terre ; et leur relation s’arrête à cela. Parce qu’il n’a guère d’espace où s’épancher sur tous les sentiments que cette libération lui procure, Ezra en fait les frais et loin d’être bavard d’ordinaire, Finn ne semble pas réussir à s’arrêter. « Mais ? » Évidemment qu’il y a un mais et celui-ci ne tarde pas à être explicité. Le problème, c’est que malgré son assurance, Finnley ne peut pas garantir sa certitude quant à l’attitude de sa mère. Le risque zéro n’existe pas qu’on dit, et cela s’applique aussi quant au comportement de Danielle Coverdale. Il prétend la connaître mieux que personne, pourtant il s’avère toujours le premier déçu quand elle va à l’encontre de ce qu’il anticipait la concernant. Et, malgré les déceptions, il y a toujours cet espoir qu’un jour, elle réussisse à le surprendre ; d’une façon bien différente de toutes les autres fois. « Tu devrais continuer de la laisser pourri dans son coin même si elle est sortie, Finn. » La fermeté dans les mots d’Ezra ne l’offusque pas, au contraire ; si Finnley n’a jamais eu de peine à prendre de décisions et à camper sur celles-ci, aujourd’hui il n’est pas contre l’idée que quelqu’un s’en charge pour lui. « Elle t’a déjà assez pourri ton existence, la laisse pas continuer de le faire. Laisse la pourrir elle. » Il hoche doucement la tête, conscient que c’est là une réponse bien plus raisonnable que celle qu’il voudrait donner. « T’es pas allé la voir pendant qu’elle était en prison, non ? » - « Jamais. » Il n’avait déjà plus de contacts avec elle au moment de son procès et n’a croisé son regard après dix ans que dans ce cas-là. « Continue de faire comme si elle n’existait pas, c’est ce qui est mieux pour toi. » Oui, sans doute. Pourquoi est-ce que malgré toute l’évidence derrière ce constat, Finnley n’arrive pas à se faire à cette idée ? « Je sais que t’as pas besoin qu’on te foute des claques derrière la tête plus que ça, mais t’as demandé mon avis et il est pas forcément très amical. » - « Et je demande pas à ce qu’il le soit. » Un soupir amusé s’échappe d’entre ses lèvres à cette réflexion, tandis qu’Ezra achève : « Elle saura jouer le jeu longtemps, Finn, et tu y laisseras des plumes avant elle je pense. » - « Je sais, ouais. » Après tout, n’est-ce pas lui qui en paie toujours les pots cassés ? Lui qui se laisse, encore et encore, atteindre par cette mère condamnée pour maltraitance ? « Ça a toujours été le cas et je pense que ça le sera toujours. » Il admet, même si le constat est loin d’être agréable. « Je crois que, dans un sens, c’est aussi pour ça que j’arrive pas à me décider quant à quoi faire. Parce que j’ai plus grand-chose à perdre, et que, je sais pas, à défaut d’avoir une vraie relation avec elle, j’aimerais qu’elle comprenne tout le mal qu’elle a fait. Ou au moins que je puisse le lui dire de vive voix. » Et non pas au travers d’un avocat, au travers d’un récit qui a été modifié, synthétisé, déformé, pour les besoins d’un certain résultat à un procès. Il s’imagine que ce serait une forme d’expiation qui pourrait l’aider – une qui pourrait aussi lui faire plus de mal. « Je me sens bien con d’être toujours aussi rancunier après autant d’années, et de ne pas avoir trouvé un moyen de passer à autre chose. » Mais Ezra l’a dit, c’est sa mère. Ce n’est pas n’importe qui, quand bien même il voudrait que ce soit effectivement le cas. « Et je sais pas, dans un sens je me dis que ça pourrait être un moyen d’y arriver. » De conclure un chapitre qui est toujours resté en suspens malgré tout. « J’attendais pas de toi que tu m’épargnes et je sais que tu as raison sur tous les points. » Mais. Bien sûr qu’il y a un mais. « S’il te plaît, tu m'éviteras le ‘’je te l’avais bien dit’’ si, malgré tout, je merde. » Parce qu’il merde, Finnley. Tout le temps, et que cette fois ne fera sans doute pas exception à la règle. « Oh, puis merde. » Il dit, en s’avançant pour se saisir du paquet de cigarettes qui trône sur la table, qui le nargue, s’en appropriant une, ainsi que le briquet, avant de l’allumer à ses lèvres. « Ça me regarde sûrement pas, mais comment... » Et il hésite, Finnley, conscient qu’il s’aventure sur un terrain sensible, qu’il devrait sans doute garder ses interrogations pour lui-même. « Comment t’as pardonné à Ginny et sa famille ? Est-ce que tu l’as vraiment fait ? » Il sait que la situation est différente ; que Ginny n’a pas cherché à lui vouloir du mal, mais il a été séparé de Noah pendant des années – comment a-t-il pu se raisonner, se convaincre que tout ceci méritait d’être surpassé, à défaut d’être oublié ?

@Ezra Beauregard

under pressure

@finnley coverdale

lieu: mecanor, toowong.
(c): autistic-solar-fandom (gif), luleaby (codage).

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« Je devrais t’enregistrer et te ressortir ça quand elle aura seize ans. » Un petit rire échappa à Ezra avant même qu’il n’ait le temps de le retenir. « Non, s’il te plait, elle en profitera de trop si tu fais ça. » Il imaginait sa fille appuyer mot pour le mot le fait que son père ait décrété qu’elle était parfaite, et tourner cette information à son avantage - il se mit ensuite à penser au fait que sa fille aurait seize ans un jour, et cette pensée là était vertigineuse en revanche, il ne s’y attarda pas de trop pour ne pas se laisser happer. « Et pour Lily, j’imagine qu’elle aime toujours que les choses fonctionnent à sa façon ? Faut te montrer plus ingénieux. » Ecarquillant quelque peu les yeux, pinçant ses lèvres, il opina du chef. « Le problème c’est que ça fonctionne pas. Ou alors faut que j’apprenne à être plus subtil que ça. » Parce-qu’il avait beau essayer de contourner ce que Lily pouvait deviner sans le moindre effort, il n’arrivait pas à la duper d’une quelconque façon. Il manquait peut-être d’ingéniosité, en réalité. « Dans tous les cas, si un jour vous avez besoin de vous retrouver ou juste de vous reposer, tu sais que je garde volontiers la petite. » Leurs regards se croisèrent et ils savaient tous les deux les mot qui étaient vraiment dits à travers leurs paroles. « C’est gentil Finn, merci. » Lily ne considèrerait pas l’option, même si lui n’hésiterait pas à confier sa fille en garde à son ami.

« Mais je l’ai jamais considérée comme ça. » - « Elle a quand même cet effet là sur ta vie. » Même s’il le considérait pas comme telle, même s’il ne l’appelait pas comme telle. Elle avait une influence de celle qui correspondait à la description, malgré tout.

« Jamais. » C’était déjà un bon début, qu’il n’ait pas eu de contact avec elle tant qu’elle était derrière les barreaux - cette réponse fut approuvée d’un hochement de tête de la part d’Ezra. Il n’aurait pas réellement pu le juger si ça avait été le cas, mais au moins cela permettrait à sa mère d’avoir moins d’emprise sur lui s’ils ne s’étaient pas croisés depuis longtemps. Parce-que c’était ce qu’il se passait: malgré le temps écoulé, elle réussissait à garder ses griffes proches de lui. C’était peut-être une façon un peu brute de voir les choses, mais pour une fois Ezra savait qu’il n’était pas loin la vérité. « Et je demande pas à ce qu’il le soit. » Tant mieux, si Finnley n’était pas venu le voir pour que ce soit donc un avis amical sur la question mais plutôt un avis honnête. Parce-qu’il avait besoin d’entendre qu’il périrait à petit feu s’il se laissait envouter par sa propre mère une nouvelle fois. « Je sais, ouais. » Il opina de nouveau du chef. « Ça a toujours été le cas et je pense que ça le sera toujours. Je crois que, dans un sens, c’est aussi pour ça que j’arrive pas à me décider quant à quoi faire. Parce que j’ai plus grand-chose à perdre, et que, je sais pas, à défaut d’avoir une vraie relation avec elle, j’aimerais qu’elle comprenne tout le mal qu’elle a fait. Ou au moins que je puisse le lui dire de vive voix. Je me sens bien con d’être toujours aussi rancunier après autant d’années, et de ne pas avoir trouvé un moyen de passer à autre chose. » Penchant sa tête quelque peu sur le côté, il haussa un sourcil. « Alors qu’elle a toujours été dans l’abus avec toi ? Finn, t’as pas à te trouver con pour ça. » C’était là même la réaction la plus censée qu’il avait face à tout ça, que de continuer de s’accrocher à ce ressenti là. « Et je sais pas, dans un sens je me dis que ça pourrait être un moyen d’y arriver. » Pinçant ses lèvres, Ezra soupira quelque peu. « Ca peut te faire du bien, ouais, peut-être. » Lui n’était pas trop à l’aise dans les confrontations, donc ce n’était pas une des solutions qu’il envisageait en première instance. Mais cela pourrait peut-être effectivement permettre à Finnley de tirer un trait définitif sur toute cette partie là des choses qui le stressaient.

« ’attendais pas de toi que tu m’épargnes et je sais que tu as raison sur tous les points. S’il te plaît, tu m'éviteras le ‘’je te l’avais bien dit’’ si, malgré tout, je merde. » Il eut un petit rire. « Promis je le garderai pour moi. »

« Oh, puis merde. » Il finit par attraper une cigarette dans le paquet sur la table et peut-être qu’Ezra esquissa un petit sourire amusé à ce geste. « Ça me regarde sûrement pas, mais comment… » - « Hm ? » - « Comment t’as pardonné à Ginny et sa famille ? Est-ce que tu l’as vraiment fait ? » - « Je leur ai pas pardonné. » La réponse avait fusé bien plus rapidement qu’il ne l’aurait imaginé; il se devait d’ajouter quelques nuances à cette dernière, tant elle ne reflétait pas vraiment la réalité. « Enfin… » Il alluma une nouvelle cigarette de son côté, finalement; tira dessus pour laisser un épais nuage de fumée envahir son air. « A Ginny, quand j’ai compris qu’elle était pas responsable et qu’elle avait été autant bernée que moi, j’avais plus de rancoeur à avoir contre elle. » Cela lui faisait toujours étrange de parler d’elle alors qu’il savait que désormais, elle n’était plus de ce monde; heureusement qu’il ne lui en voulait plus au moment où elle était montée pour la dernière fois dans cette avion. « Les parents de Ginny ont eu ce qu’ils méritaient: l’un est mort et l’autre est internée je crois. C’est mieux comme ça. Eux, je leur ai jamais pardonné. C’étaient des putains de pourritures. » Si Finn le désirait, il pourrait faire une liste longue comme le bras et par ordre alphabétique de raisons qui le poussaient à en parler de la sorte. « Concernant Matt… » Faisant rouler ses lèvres l’une sur l’autre et la fumée dans sa bouche, il finit par soupirer lourdement. « Je crois juste qu’il m’a eu à l’usure. » Et s’il était définitivement triste, il y avait une pointe d’amusement dans le semblant de petit sourire qu’il esquissa. « C’était un putain fils de pute, et qu’il soit mort change pas mon discours. » Il y avait une affection particulière dans sa voix malgré ses mots. « Mais avec Noah et son état de santé, j’ai compris que la vie était courte et que parfois, ça se passe comme on veut. Il était là pour lui, pour nous malgré tout, et puis on était encore des gamins quand ses parents se sont servis de lui pour me priver de Ginny et de mon fils. » Les séquelles étaient toujours là, mais les excuses avaient fini par devenir des raisons de ne plus autant lui en vouloir. « Quand il est mort, j’ai compris que j’avais bien fait d lui pardonner, finalement, à lui. » Parce-qu’il n’avait pas ressenti de regrets à l’idée de savoir qu’il avait quitté ce monde alors qu’ils étaient encore en froid.