Nino revenait d’une petite semaine de congés que James lui avait accordé lors de son dernier passage par l’association. Son boss n’était plus dans les parages depuis quelques mois et Nino était partagé entre le fait d’être soulager et d’être content que le frère de la mère de sa fille ne soit plus dans le coin. Par contre, ce qui embête surtout l’italien c’est que sa nouvelle bosse soit une nana. Il avait rien contre la Jacobs en particulier, elle était pas casse couille mais c’était juste une femme et merde, à part sa mère, jamais aucune femme lui avait jamais donné d’ordre ! (On pouvait pas compter Katherine, c’était encore bien différent…) L’italien faisait parfois la sourde oreille ou n’en faisait qu’à sa tête sur les tâches qu’il estimait être importante ou non, ce qui n’était pas toujours du même avis pour Noa Jacobs. Pour l’instant, ca passait, elle n’y faisait pas trop attention visiblement, et elle semblait être occupée à d’autres tâches. Tant que l’association ne tombait pas en ruine, Nino devait pouvoir être tranquille encore un moment.
Un gosse était venue le chercher en courant à travers les couloirs pour lui demander de venir dans la salle de jeu. Une tringle à rideau avait manqué d’assommer deux enfants en tombant juste à côté d’eux. L’italien arriva alors avec sa caisse à outils et son escabeau, prêt à réparer la tringle. « Reculez les enfants, si c’est moi qui vous tombe dessus, ça fera bien plus mal que ça… » fit-il en montrant l’objet qui était tombé. Les mômes firent tous quelques pas en arrière pour laisser travailler l’italien. C’était l’affaire de dix minutes, à peine et le tour était joué. « Merci Nino ! » lui lancèrent deux ou trois gamins en chœur. Y a pas à dire, c’est sans doute un des meilleur taf qu’il avait pu trouver de toute sa vie. Il s’y sentait bien et au moins, il venait pas en faisant la gueule. Seule ombre au tableau : la famille qui tien les rennes. Nino ignore s’ils sont déjà au courant ou non qu’il est le père de Lucia et donc, qu’il est celui qui a osé mettre Katherine enceinte. Il se disait que si c’était le cas, de un, il serait plus ici et de deux, on lui serait déjà tombé dessus depuis un moment…
D’ailleurs, quand on parle du loup, lorsque Nino retourne à la réserve pour ranger son materiel, il croise un des frère Beauregard. Ezra, qui n’avait pas vu par ici depuis un moment, bien avant que Katherine ne tombe enceinte d’ailleurs… Peut être qu’il venait plus souvent, mais Nino ne le voyait pas. En tout cas, depuis que James n’était plus dans le coin, les Beauregard se faisaient plus discrets aussi par ici… Nino baissa tout de même la tête, avec toujours une crainte de se faire casser la gueule… sait-on jamais.

Ezra avait l’impression que ça faisait des semaines, voire même des mois qu’il n’avait pas mis un pied à l’association. Pas qu’il n’y portait pas d’importance, mais il était vrai qu’avec James aux commandes, il la savait entre de bonnes mains. Alors à part un coup d’oeil curieux de temps en temps, il était vrai que ce n’était pas sa priorité. Cependant, dernièrement, son frère avait ému le souhait de se diriger vers d’autres aventures, autant personnelles que professionnelles. David, le père Beauregard, ne pouvait pas gérer les deux antennes à la fois - autant bien celle de Sydney que celle de Brisbane -, simultanément, alors Ezra avait compris qu’y mettre un pied un peu plus souvent ne lui ferait pas de mal. De plus, depuis que Noah allait mieux, son emploi du temps s’était légèrement allégé et il pouvait se permettre de se dégager un ou deux créneaux de temps à autres pour passer par les locaux. Aujourd’hui par exemple, il avait promis à Noa de passer voir la réserve. C’était peut-être la pièce qu’il connaissait le mieux du bâtiment, car c’était également celle qu’il utilisait le plus. Il n’était pas fort en conseils, et n’avait aucun connaissances médicales ou autres qui pourraient aider les personnes venant chercher une oreille attentive et des réponses à leurs questions. Mais il pouvait donner un coup de main de temps à autres dans d’autres domaines. Il avait eu vent que James avait employé quelqu’un pour tout ce qui était travaux manuels des locaux, et c’était une bonne chose. Cela permettait de garder toujours les locaux à niveau, et bien entretenus. Il lui fallait cependant du matériel, et c’était donc stylo et carnet en mains qu’Ezra se trouvait dans la réserve. Il notait au fur et à mesure le matériel qui pourrait être nécessaire si de réparations venaient à pointer le bout de leur nez. Pas besoin de choses extraordinaires, parfois simplement quelques vis et un peu de colle à bois suffisait. Un bruit venant de l’entrée de la pièce finit par le sortir de ses pensées, et Ezra leva son regard en direction de ce qui venait de le déranger. Un jeune homme entrait à son tour, le regard dirigé vers le sol, n’ayant pas vu que quelqu’un se trouvait déjà ici. « Hey ! » Venant poser son style sur le dessus de son oreille et rangeant son carnet dans la poche arrière de son jeans, Ezra se dirigea tout sourire vers le jeune homme. « Je suis pas sûr qu’on se soit déjà croisés ici, non ? » En tous cas, le peu d’éléments qui lui étaient présentés - c’est-à-dire une silhouette et des mèches de cheveux - ne faisaient écho à aucun souvenir dans la tête d’Ezra. Pas qu’il connaissait tout le monde dans le coin, mais même si l’association grandissait, il n’y avait pas un million d’employés dans le coin. Il était donc facile, même pour Ezra, de se souvenir des noms de toutes ces personnes. Et puis, il savait qu’il serait le premier à ne pas apprécier que quelqu’un ne fasse pas d’efforts de retenir le nom de ses employés en côtoyant souvent son garage, alors il ne souhaitait pas reproduire ce schéma ici. « Je suis Ezra, un des frères de James. Son seul petit frère d’ailleurs. » cette petite remarque le fit avoir un petit rire, tout seul. Ce qui était bien avec Ezra, c’était qu’il était bon public et qu’il n’en fallait pas beaucoup pour lui arracher un petit rire en règle générale. L’humour était d’ailleurs un élément plutôt présent dans la famille Beauregard - en dehors des moments où les drames familiaux venaient s’immiscer, ce qui devenait apparemment de plus en plus régulier ces derniers temps et ce qui ne plaisait pas grandement au jeune homme.

« Hey ! » pas l'choix Nino, t’es repéré mais il a pas l’air de trop t'en vouloir de quoi que ce soit. L’Italien encore tendu il s'approche pour serrer la main à celui qui est le frère de son boss, le fils de son big Boss et surtout l'oncle de sa fille. Mais si seulement ce détail pouvait rester dans un tiroir fermé à clé. « Je suis pas sûr qu’on se soit déjà croisés ici, non ? » l'italien Hoche la tête. « une ou deux fois… » Mais ils ont pas eu l'occasion de vraiment être présenté. « vous étiez à chaque fois occupé… » dans le Bureau de son frère surtout. La ou Nino s’aventurait uniquement en cas d’urgence et de nécessité. Il avait tendance à fuir sa hiérarchie avec toujours une tête de coupable même quand il faisait rien de mal. Sans doute par habitude. Il agissait pareil quand il croisait une voiture de flic à Scampia. Sa tête portait toujours le mot coupable alors qu’il marchait dans la rue sans rien demander à personne. Au taf c’était pareil, il avait toujours peur qu’on l'emmerde parce qu’il aurait mal fait ci ou ça alors que jusqu’à présent, chacun était plutôt satisfait de son travail. « Je suis Ezra, un des frères de James. Son seul petit frère d’ailleurs. » et Nino le regarda se marrer seul sans trop comprendre où était la blague mais au moins il se detendait presque. « Je sais qui vous êtes… » Il hoche à nouveau la tete et sait pas bien s’il doit se présenter réellement à nouveau mais puisqu’il porte un badge avec son nom et prénom dessus c’est foutu. « Nino… l'homme d’entretien. J'suis aussi l'dernier de ma fratterie. Mais j’ai pas d’sœur ! » t'es genre obligé de donner ce détail ? À quel moment c’est pas louche de dire ça ? « J'vais pas vous déranger, j'ai du boulot.. » c’est ça Nino, prend la fuite !

« Une ou deux fois… » La réponse surprit un instant Ezra, puis il se rappela à la suite assez vite qu’il ne passait pas plus de temps que ça ici, jusque récemment. « Vous étiez à chaque fois occupé… » C’était aussi une bonne réponse. Le peu de fois où Ezra passait par ici, avant de réussir à se dégager assez de temps pour avoir une véritable présence, c’était pour venir voir James. Au début, voir avec lui comment le départ de leur père des bureaux de cette antenne là se passait. Puis comment il gérait son nouveau job - pas qu’il l’espionnait par dessus son épaule, loin de là, mais Ezra avait toujours veillé à s’assurer que tout aille bien pour James; et puis, étant lui-même patron de sa propre entreprise, il avait réussi de temps à autres à lui donner un tuyau ou deux pour gérer au mieux ce que son père appelait son petit bijou. Mais Ezra n’avait pas perdu ses bonnes manières dans tout ce processus, et il se présenta donc au jeune homme. Même si, apparemment, c’était une nouvelle rencontre à sens unique. « Je sais qui vous êtes… » « Oh… » Il se sentait idiot, de ne pas réussir à reconnaître encore toutes les personnes travaillant au sein de l’association. Il s’était dit qu’il devait faire des efforts, mais ce genre de réponse en direct lui prouvant qu’il devait se dépêcher de les faire apparemment. « Désolé. » Le jeune homme ne sembla pas lui en tenir compte longtemps puisqu’il reprit la parole pour se présenter à son tour. « Nino… l'homme d’entretien. J'suis aussi l'dernier de ma fratrie. Mais j’ai pas d’sœur ! » Petite blague en retour à celle qu’Ezra s’était plus ou moins fait tout seul sur le fait d’être le seul petit frère de James. Etrange façon de se présenter, mais pourquoi pas. « Oh, j’ai une petite soeur vous savez, et parfois… » Il eut de nouveau un petit rire, haussant les épaules, espérant que Kate n’ait pas les oreilles qui sifflent après tout ça. « Souvent, même, c’est une petite peste avec moi. Au moins, vous êtes tranquille de ce côté là, si vous n’avez pas une soeur comme la mienne ! » Ses dernières paroles étaient désormais un peu plus distraites, comme dit alors que les pensées étaient déjà parties voir ailleurs. Et c’était le cas. Ezra était en train de s’égarer un instant, alors que le jeune homme prenait de nouveau la parole. « J'vais pas vous déranger, j'ai du boulot.. » Il releva le regard vers le jeune homme, s’attardant peut-être un instant de trop. Mais ses pensées accéléraient et il ne savait trop que en faire à part les exprimer. Quelque-chose le chiffonnait, il n’arrivait juste pas à mettre le doigt dessus. « Nino… C’est italien ça non ? » Oh, le fait de penser à Kate le rendait plutôt joyeux, en tant normal. Surtout ces derniers temps, depuis qu’il pouvait avoir la chance de se proclamer tonton une nouvelle fois. Sa petite soeur, son petit trésor, avait donné naissance à une petite fille en début d’année. La plus belle Beauregard - ou presque, en tous cas il ne fallait pas dire à Thomas que c’était la fille de Katherine et non la sienne qu’il surnommait de la sorte. Mais le fait de penser à Kate lui rappelait aussi que le père de sa nièce était italien. Il n’arrivait pas à se rappeler du prénom qu’il portait, et puis des italiens ils devaient y en avoir quelques uns à Brisbane. C’était une grande ville, après tout. Il s’attardait surement trop longtemps sur un point pour rien. Il secoua la tête. « Pardonnez moi, laissez tomber ce que je dis, je divague. Vous disiez ? »

Qu’Ezra parle de sa sœur comme une peste fit sourire Nino. Il n’avait aucune difficulté à le croire sur parole. Katherine avait un sale caractère et elle avait su le demontrer à plusieurs reprises auprès de l’italien. Rien que leur première altercation avait été étincelante et la suivante aussi… finalement chacune des interactions que Nino avait eu avec Katherine était rythmé par des piques, des reproches, de l'electricite. Une électricité excitante puisqu’ils avaient fini par coucher ensemble il y a plus d'un an. Au plus grand regret de Nino, s’il avait bien sûr passé un bon moment, il regrettait les conséquences. Aujourd’hui il avait une fille dont il n'avait pas voulu et pourtant qu’il aimait déjà tant. Il était rassuré de la savoir entre de bonnes mains, même si Katherine était cette peste décrire par Ezra, elle avait aussi fait preuve de pédagogie avec Nino en lui apprenant les bons gestes pour savoir s'occuper de leur fille. Elle faisait preuve de bonne foi en ne l’ecartant pas totalement. Mais elle gardait les cartes en mains, c’est elle qui menait la danse et Nino n’avait qu’a s’y plier. C’était pas plus mal, ça lui permettait de pas faire trop de connerie et de faire ses preuves. Il faisait son possible. « J'veux bien vous croire… » Qu’il lacha sans trop réfléchir. Puis se décida à s'ecplipser en trouvant l’excuse du taf. Même s'il n'y avait plus rien à réparer pour le moment, ça je saurait tarder. Il y a toujours un gamin pour faire tomber quelques chose, casser un objet ou une ampoule pour éclater. « Nino… C’est italien ça non ? » il hocha la tete et passa juste devant Ezra pour sortir de la reserve.. Il a l'air pensif le Beauregard, c'était peut être le moment de le laisser pour de bon. « Pardonnez moi, laissez tomber ce que je dis, je divague. Vous disiez ? » « Que j'ai du boulot… » Et Nino attrapé une sacoches remplie de tournevis. « une ampoule à changer… » Mais il s’etait visiblement mal équipé. « Mauvaise ppioche » C'est qu’il était nerveux l’Italien. Il pris une boîte avec une ampoule neuve qui traînait sous ses yeux. « À bientôt alors ! »

« J'veux bien vous croire… » Ezra était bien trop perdu dans ses pensées, à divaguer, pour entendre et comprendre surtout les quelques mots que Nino venait de prononcer. Heureusement, sûrement. Déjà qu’il n’était pas tout à fait à l’aise, qu’il avait l’impression que quelque-chose lui échappait, c’était peut-être mieux pour Nino qu’Ezra ne reçoive pas toutes ces paroles. Il s’en excusa d’ailleurs, comprenant qu’il avait un instant décroché de la réalité. Mais c’était déroutant d’avoir le doigt sur quelque-chose, les pensées et les souvenirs focalisés sur cette même chose, sans jamais savoir exactement pourquoi notre cerveau avait décidé de s’attarder sur ces détails en particulier. « Que j'ai du boulot… » Il avait demandé au jeune homme de répéter ce qu’il venait de dire, ce qu’il lui avait échappé. « Une ampoule à changer… » Et d’un simple coup, il se mit à s’activer. A attraper ici une sacoche remplie d’outils diverses. Ezra fronça un instant les sourcils, détaillant les objets dans cette dite sacoche. Rien de tout ce que Nino tenait entre ses mains ne lui permettrait de changer une ampoule - Ezra était assez débrouillard en la matière pour savoir ça, c’était d’ailleurs souvent lui que sa soeur appelait lorsqu’elle avait un soucis avec à peu près n’importe quoi. « Mauvaise pioche » Il eut un petit rire, ses sourcils qui se détendirent sur son visage. Il s’en était aperçu également. Il fallait dire que la réserve n’était pas forcément l’endroit le mieux éclairé du bâtiment - c’était peut-être cette même pièce qui nécessitait des changements d’ampoules. « Ca aidera un peu plus, effectivement. » Les mots d’Ezra n’avaient rien de moqueurs, ils venaient simplement tirer une constatation. Mais il avait l’impression que, qu’importe ce qu’il avait pu dire, ça aurait dérangé le jeune homme. Nino était dans la fuite, dans l’évitement, ça se voyait rien qu’à la façon dont son regard se détournait déjà vers la porte de la pièce. Comme s’il n’était déjà plus avec Ezra. Ce dernier ne lui en voulait pas réellement, même si comme il se disait quelques instants plus tôt, il se devait de faire plus d’efforts pour connaître les personnes travaillant ici - elles avaient effectivement du travail à réaliser et pas forcément le temps nécessaire pour bavasser comme il e souhaiterait. « À bientôt alors ! » Ezra lui tira un petit sourire poli. « Bon courage pour le reste de la journée alors ! » Et il le laissa partir. Même si ce quelque-chose trottait toujours dans un coin de sa tête et qu’il était impossible pour lui de faire taire cette petite voix qui lui disait qu’il loupait un élément crucial, là, sous ses yeux. Parce-qu’il ne pouvait pas empêcher le jeune homme d’aller travailler. Haussant les épaules, Ezra finit par retourner à sa feuille de matériel. Il avait le temps d’aller faire un saut ce soir au magasin,  ce n’était pas à son tour de faire la fermeture chez Mecanor - autant qu’il l’emporte avec lui et qu’il en profite. Il pourrait rapporter tout ça même d’ici à ce soir, et la réserve serait renouveau pleine quand Nino reviendrait le lendemain. Il n’oublia surtout pas de noter ampoules en différentes tailles en haut de la liste.

Refermant d’une main le coffre de sa voiture, Ezra jeta un coup d’oeil à sa montre. Il avait fait plus vite que prévu, et il lui restait un peu de temps libre sur les bras avant de repasser par l’Association et de ne pas rentrer trop tard chez lui ce soir. En traversant les rayons du magasin, il était tombé, dans le rayon décoration, sur ces petits cadres photo en bois qui lui avaient immédiatement arraché un petit sourire. Katherine en cherchait des similaires depuis plusieurs semaines, sans réussir à trouver son bonheur. Il s’était dit que ça lui ferait surement plaisir que de voir qu’il avait réussi à lui en trouver, si bien qu’il se mit en chemin pour passer par chez elle en premier temps. Il réussirait peut-être même à se faire payer un café, par la même occasion, et avec un beau sourire en prime. Sa petite soeur ne savait pas réellement lui refuser quoi que ce soit, de toutes façons - pouvait-il de son côté en faire autrement ? Il était bien là à traverser la ville à l’heure de la débauche pour aller apporter des petits objets à la jeune femme, alors que ça aurait pu attendre plusieurs jours de fixer un rendez-vous correct. D’ailleurs, il n’avait même pas pris le temps de lui envoyer un message pour la prévenir. Trop tard, il se rangeait déjà contre le trottoir de l’autre côté de la rue, juste à hauteur de chez sa soeur.

Nino s’éclipse et s'eloigne de la réserve pour ne plus avoir à croiser Ezra. Il se sent tellement d'avoir flippé comme ça puisque le frère de Kath n’a pas semblé savoir de qui il s'agissait vraiment. Tant mieux pour lui, il avait peut être encore de beau jour devant lui. Il n'aurait pas supporté une embrouille sur son lieu de travail mais sans doute que ce Ezra était plus intelligent que ça aussi. Peut être simplement qu’il n'avait aucun problème à causer à L’Italien même s’il savait qu’il était le père de sa nièce.
Il restait peu de temps avant que Nino n’ait fini sa journée de travail mais ayant fini son taf, il avait demandé à Noa s'il pouvait partir plus tôt aujourd’hui. Sans doute avait il besoin de se remettre de ses émotions injustifiées. Il était nerveux et ça pouvait se ressentir dans sa façon de parler à la fois à celle qui était sa nouvelle bosse mais le pire, c'était aux patients qui fréquentaient les lieux. Il aurait facilement à envoyer bouler l’un d'eux s’ils le sollicitaient pour n’importe quoi. Et jusqu’à présent Nino n'avait jamais eu aucun soucis de genre, c’était pas le moment. Il tenait à avoir une image clean de lui, sachant pour qui il bossait. C'était à la fois pour son image mais aussi celle de Kath et de sa fille. Il n’avait pas envie que tôt ou tard on dise que le père de Lucia Beauregard était un bon à rien et un raté. Il voulait pas de ça pour sa fille. Parlant de sa fille, il se décida à se rendre chez Kath puisque Noa avait accepté qu’il parte plus tôt du travail.
Il se dirigea alors chez Kath en transport en commun et l’avait prévenu par SMS en sortant pour qu’elle ne soit pas surprise de le voir. Comme d’habitude elle ne lui répondit pas tout de suite et Nino y alla quand même. Elle était souvent loin de son téléphone préférant s'occuper de Lucia, elle se plaignait parfois auprès de l’Italien de n’avoir que très peu de temps pour elle mais puisqu’elle s'entetait à vouloir gérer seule en femme indépendante, Nino se faisait toujours remballer quand il proposait de prendre Lucia chez lui de temps en temps.
Frappant à la porte, il attendu un instant avant que la porte ne s’ouvre et la L’Italien regrettait de ne pas avoir attendu une réponse de Kath, qui l'aurait sûrement prévenu que son frère Ezra était la et que c'était pas le moment pour lui de passer. «comme on se retrouve… » lâcha Nino hyper gêné de ce face à face auquel il ne pourrait plus échappé.

Descendant de la voiture, attrapant rapidement ses trouvailles de la journée pour sa soeur, il vint frapper trois petits coups secs sur le bois de la porte. Il fut accueilli par un grand sourire et une petite bouille qui le regardait les yeux grands ouverts. « Salut toi ! » Non, ses premiers mots ne furent pas à l’attention de sa soeur, mais de sa nièce, qu’il vint couvrir de bisous avant que Kate ait pu dire quoi que ce soit - et exprimer sa jalousie. Il vint quand même, finalement, claquer une bise sur la joue de sa soeur. « Toi aussi t’es mignonne, sois pas jalouse. » Elle lui tira la langue avant de le laisser entrer, l’interrogeant sur le motif de sa venue. « J’ai un petit cadeau pour toi, j’espère que j’arrive pas trop tard pour te l’offrir par contre. Enfin, que tu l’as pas trouvé toute seule plus tôt quoi. » Comme à leurs habitudes, Kate était déjà en train de préparer un café pour son frère sans qu’il n’ait eu besoin de mentionner le moindre nom de boisson. Depuis qu’il avait appris la future naissance d’un nouveau Beauregard, et surtout la venue d’un enfant de sa soeur, il passait bien plus de temps qu’avant ici. Les liens qui avaient pu s’effiler avec le temps entre Katherine et lui se reformaient tout naturellement. Alors, quand on vint frapper à la porte quelques minutes à peine après qu’il soit arrivé, Ezra n’hésita pas à un instant à aller répondre à la porte. Il s’en mordit presque littéralement les doigts. Il aurait peut-être dû, hésiter un instant, ne pas se les jouer chevalier servant, laissant sa soeur gérer sa maison et se contenter de prendre dans ses bras Lucia. « Comme on se retrouve… » Ezra ne comprit pas de suite la scène qui était en train de se passer. Devant lui, se tenait Nino, l’italien de l’Association qu’il avait croisé plus tôt dans la journée. Et comme il ne le connaissait pas d’avant ça, il ne pouvait pas le remettre ailleurs ni plus tôt que cette après-midi. Et donc, il ne comprenait pas ce qu’il venait faire à se pointer devant chez sa soeur. « Comme on se retrouve oui… » Les sourcils d’Ezra qui vinrent se froncer un instant, témoin physique de son incompréhension. Les mots qu’il avait prononcé n’étaient - pour le moment du moins - pas agressifs, juste confus. « Comment... » Il eut un petit rire - que Nino en profite autant qu’il pouvait -, presque gêné de la question qu’il allait poser ensuite. « Est-ce que vous m’avez suivi ? » Son ton était à la fois amusé et perdu, parce-qu’il ne comprenait pas comment l’italien avait pu trouver l’endroit où il se trouvait en ce moment même. Kate était toujours dans la cuisine, n’ayant pas encore haussé la voix pour demander pourquoi son frère prenait tant de temps à feindre à la porte. Ezra reporta son attention sur Nino, qui semblait de nouveau fuir la situation - rien que son regard, ce dernier ne savait rester un instant de trop sur Ezra. Le jeune homme finit par venir se racler rapidement la gorge, sourcils toujours froncés sur son visage, croisant les bras sur son torse. « Pour de vrai, je peux vous aider ? Qu’est-ce que vous faites ici ? » Il regretterait sûrement plus tard d’avoir posé la question.

 Nino comprenait pas bien ce qu’il fallait de plus à Ezra pour rassembler toutes les pièces de son puzzles afin de comprendre qui il était. Parce que d’après les souvenirs que l’italien en avait, Katherine ava it déjà parlé de lui à ses frères, sans forcément donner son identité complète, mais l’italien père de sa fille qui se pointe chez elle à cette heure-ci… ça pourrait être qui à part Nino ? « Est-ce que vous m’avez suivi ? » et Nino grimaça. « Non, bien sûr que non ! » et il parlait pas trop fort parce qu’il devait bien se douter que Katherine trainait pas loin de là, vu que Lucia était dans les bras d’Ezra, elle s’éloignait pas, c’était pas possible autrement. Ou alors elle avait plus confiance en son frère qu’en Nino, ca s’était possible en fait… « Pour de vrai, je peux vous aider ? Qu’est-ce que vous faites ici ? » Du coup, ca veut dire que Nino a moins de trois secondes pour se barrer et feinter qu’il s’est bien planté d’appartement. Et il bug l’italien parce qu’il sait pas bien ce qu’il pourrait dire en réalité sans paraitre encore plus louche au yeux du frère de son boss qui était aussi l’oncle de sa fille. « Rien, j’crois que j’me suis trompé d’étage… » il fit mine de regarder le numéro et le nom sur la sonnette et de son grand jeu d’acteur, il confirma. «  C’est ca ! » et il tapa presque du pied pour en rajouter un peu trop. Non, Nino t’es pas fait pour le théatre. « C’est juste en dessous que j’voulais aller… » et l’italien entendit des pas qui arrivaient près de la porte, il avait chaud, très chaud. Il n’avait absolument pas envie d’affronter Ezra parce que même s’il était un peu plus petit que lui, il avait vite fait le calcul : il avait des mains bien plus larges que les siennes. « Bonne soirée ! » et il fit demi tour avant qu’il ne soit trop tard, mais il aurait du le faire bien avant, parce que même pas un mètre plus loin, il entendait déjà la voix de Katherine dans son dos. « qui-est-ce ? » deux mètres plus loin… « Nino ?! » et l’italien s’arrêta dans le couloir, n’osant même pas se retourner. Qu’est ce qu’il pouvait être con. Ezra lui-même savait qu’il s’appelait Nino puisqu’ils avaient fait les présentations quelques heures plus tôt dans la journée. « J’vais repasser, j’vais pas gâcher le goûter en famille… » il fit en se tournant à moitié. Prêt à dévaler les escaliers s’il le fallait. Katherine avait suffisamment mis la pression à Nino concernant ses frères pour qu’il flippe à ce point de ce Ezra. Et là il était pris en flagrant délit de foutage de gueule sans ménagement.

Il sentait que quelque-chose était en train de se passer, là, sur le porche de chez sa sœur. Il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus, ni à trouver les mots pour décrire les émotions qui se mettaient en place en son sein, il savait juste que ce n’était pas forcément bon. L’instinct qui venait frapper à la porte. Mais il s’osa quand même à demander si le jeune homme devant lui ne l’avait pas suivi, sûrement parce-que son cerveau refusait de connecter les différents points, les différences preuves qu’il avait sous les yeux. Parfois, mieux vaut nier l’évidence que de vivre avec les conséquences. « Non, bien sûr que non ! » Une tension qui vint s’apaiser en Ezra. C’était déjà un bon début, mais ça n’expliquait pas pourquoi le jeune homme qu’il avait croisé plus tôt dans la journée à l’association se retrouvait sur le perron de chez sa sœur. Alors, il attendait, demandait plus d’explications. « Rien, j’crois que j’me suis trompé d’étage… C’est ca ! C’est juste en dessous que j’voulais aller… » Si la situation ne lui semblait pas autant étrange et si mauvaise, Ezra aurait sûrement eu un petit rire. La blague était bonne, la tentative de fuite était ridicule, mais ça valait le coup d’avoir tenté. « On est au rez-de-chaussée, c’est une maison... » Mais il n’eut pas le temps de continuer sa phrase que le jeune homme reprenait déjà la parole. « Bonne soirée ! » Les sourcils d’Ezra n’auraient pu être plus froncés qu’en cet instant, alors qu’il voyait le jeune homme faire volte-face. L’étrangeté de la situation était à son comble… ou plutôt semblait l’être, juste avant que Katherine ne vienne ajouter son grain de sel. « Qui est-ce ? » La voix de la jeune femme qui vint résonner dans son dos, ses pas qui s’approchèrent de la porte d’entrée. Ezra s’apprêtait à lui dire qu’il connaissait, en effet, la personne qui venait de sonner chez elle, mais qu’il ne comprenait pas ses intentions dans un premier temps, que Kate avait déjà repris la parole. Et à entendre le ton qu’elle employait,  la suite de la discussion s’annonçait bien moins joviale. « Nino ?! » Les pensées se bousculaient dans le cerveau d’Ezra. « J’vais repasser, j’vais pas gâcher le goûter en famille… » La fuite dans son comportement était plus qu’évidente, alors que les yeux d’Ezra faisaient la navette entre Nino, Kate, et la petite dans les bras de sa soeur. « Attends, Nino… ? » Son regard était plongé dans celui de sa soeur, alors que ses pensées se rangeaient, bien à leur place, pour former une vérité qu’il avait réussi à maintenir à distance saine depuis leur rencontre plus tôt dans la journée. « Nino ?! » Bingo. Les pupilles d’Ezra exprimaient parfaitement l’étonnement qui lui parcourait l’esprit, alors qu’il détournait son regard de sa soeur pour retomber sur le jeune homme, qui tentait toujours de disparaitre comme par magie. « T’es LE Nino ? Et t’oses te pointer comme une fleur comme ça ? » Le vouvoiement ? C'était de l'histoire ancienne. Il tentait de garder le volume de sa voix correct et ses paroles raisonnables, car il ne voulait pas que la petite soit exposée à une scène dont il ne serait, qu’en partie, responsable. « Le goûter en famille est déjà gâché de toutes façons je pense, autant que tu restes. » Les bras qui se serraient davantage sur le torse d’Ezra, alors qu’il lançait un regard plein de défis à Nino. « Enfin, tu pourrais y assister, ça resterait en famille non ? » Qu’il ose répondre oui à cette question emplie de sarcasme.

 Nino allait prendre la fuite, partir loin de là  et espérer pouvoir s’eclipser en toute tranquillité mais c’était sans compter sur la rapidité de Kath à intervenir et l’interpeller alors qu’il allait ouvrir le portail et s’enfuir. « Attends, Nino… ? » l’italien regardait l’oncle de sa fille qui semblait remettre petit à petit les cases à leurs places. Il avait déjà entendu parlé de lui, il avait déjà entendu son prénom et c’est sans doute pour cela qu’il semblait perdu lors de leurs rencontre dans la réserve de l’association. Nino avait profité de cet égarement pour prendre la fuite une première fois, prétextant avoir du travail mais cette fois, plus d’issue possible, il se retrouvait face à la vérité, face à la réalité qu’il devrait affronter. Mais peut être n’aurait-il pas tant peur si Kath ne l’avait pas mise en garde sur l’impulsivité de son frère, bien que gentil, il semblait avoir la réputation d’un boxeur amateur, prêt à en découdre à coups de poings mal placés si besoin. « T’es LE Nino ? Et t’oses te pointer comme une fleur comme ça ? » Nino fronça les sourcils, comment ça se pointer comme une fleur ? Comment ça oser ? Il fit un pas vers lui. « J’me pointe où j’veux et quand j’veux et encore plus quand il s’agit de venir voir ma fille. » et que ça plaise ou non à Katherine, à Ezra ou à n’importe quel autre Beauregard qui n’avait sans doute pas son mot à dire sur ce que venait faire Nino dans les parages. « Le goûter en famille est déjà gâché de toutes façons je pense, autant que tu restes. » L’italien se demandait pour qui pouvait bien se prendre ce gros bras qu’il avait en face de lui. Si certes, il était bien plus carré que lui, il n’en était pour autant pas forcément plus fort. Et si Nino voulait dans un premier temps fuir les embrouilles, maintenant que les présentations étaient faites, pourquoi en effet, ne pas rester. « Enfin, tu pourrais y assister, ça resterait en famille non ? » le ton employé par le frère de Kath déplaisait à l’italien. « Y a un problème qu’on a pas encore évoqué ? » puisqu’il sentait bien que sa présence était de trop, il avait bien l’intention de savoir ce qui ennuyait autant le Beauregard. Kath qui assistait à la scène sans trop intervenir, prise à son propre piège également, à vouloir à tout prix garder Nino à l’écart, qu’il ne soit pas trop présent, la voilà au pied du mur aussi. Et si on faisait le reproche à Nino de ne pas savoir être là pour sa fille, il renverrait la balle à l’envoyeur aussitôt.

Le ton avait clairement changé entre les deux jeunes hommes, et Ezra s’en voulait que ce genre de scène n’arrive alors que Kate était à ses côtés avec la petite dans ses bras. Cette scène, Ezra l’avait imaginé plusieurs fois alors que le ventre de sa soeur devenait de plus en plus imposant de jour en jour, et c’était toujours dit que ce jour n’arriverait peut-être jamais. Parce-que Katherine était légèrement frileuse à l’idée de les faire se rencontrer, et qu’elle n’était même pas sûre quand à l’implication de Nino dans la vie de leur fille jusque récemment. Ezra pouvait comprendre, que faire rencontrer la personne qui l’avait mise enceinte sans que ce soit prévu - et sans vraiment assumer, de ce qu’il avait compris - et ses frères n’était pas une idée de génie. Il pouvait le sentir à travers lui que quelque-chose avait changé à l’instant où il avait compris qui était réellement le jeune homme en face de lui. « J’me pointe où j’veux et quand j’veux et encore plus quand il s’agit de venir voir ma fille. » Un petit rire amer, se glissant à travers les lèvres pincées d’Ezra, se fit entendre. C’en était presque amusant. « Parce-que maintenant ça t’intéresse ? » Il inspira à la suite, se concentrant de nouveau, tentant de chasser les mauvaises ondes et les pensées de mâchoire cassée. Il devait se rappeler que sa soeur était surement assez grande pour gérer ses problèmes et qu’elle n’avait pas besoin qu’Ezra en devienne un à son tour. Mais c’était plus fort que lui, il lui fallu glisser une nouvelle remorque sarcastique. « Y a un problème qu’on a pas encore évoqué ? » Plutôt mille d’un, qu’il s’osa à penser plutôt qu’à faire un vrai calcul. Les problème d’Ezra envers Nino ne devaient pas être si nombreux, mais présentement il ressentait ça comme une montagne. « Est-ce qu’il y a vraiment besoin d’avouer quoi que ce soit ? » Sourcil qui vint se relever sur son front, sourire qui s’effaçait doucement. Après tout, c’était évident comme le nez au milieu de la figure. Comme le poing qu’Ezra se forçait de cacher, et qui pourtant se serrait. Katherine dut le voir, le sentir, le remarquer - n’importe quoi, car elle vint poser une main délicate sur l’avant bras de son frère. Et dire que c’était le moins sanguin de la famille, celui qui osait dire à qui voulait l’entendre que la violence ne résolvait rien. « Ezra… » Ton neutre, mais prénom prononcé de façon à ce qu’il comprenne tous les sous-entendus. Serrant davantage les mâchoires, il vint jeter un petit regard en coin à sa soeur. Ses yeux étaient expressifs, très parlants - assez pour qu’il comprenne au moins que cette conversation n’avait pas à avoir lieu comme ça, là. Ses pupilles qui glissèrent un instant sur Lucia, et il reprit une profonde inspiration. « Disons que le problème n’est plus réellement d’actualité, et qu’il s’est transformé en bénédiction. » Son regard vint se planter de nouveau dans celui de l’italien.

C’est vrai que lorsque Nino avait appris que Katherine était enceinte, sa réaction n’avait pas été des plus gentleman et bienveillante. Il avait été blessant et s’était emporté, sans doute car c’était sa meilleure façon de réagir et de se protéger face à l’inconnu. Nino avait flippé, il avait enchainé les insomnies à l’idée que Katherine ne garde pas le bébé mais c’était un sentiment si partagé car il ne se sentait pas du tout l’âme d’un père. Il avait laissé la jeune femme gérer sa grossesse car il n’y connaissait absolument rien et se répétait qu’il n’avait pas besoin d’être là pour ça, se disant que ça ne regardait que la mère, que la femme qui portait l’enfant. Il n’avait aucune notion de ce que pouvait être un bon père, un bon parent. L’exemple des siens n’était pas à suivre et c’était la seule chose qu’il savait. Il avait fini par dire à Katherine qu’il voudrait assumer son rôle et faire en sorte d’être un bon père, dans les limites de ses capacités, on entend bien… Nino ne voulait pas être comme son père, abonné absent qui vient te chercher deux fois par ans pour ton anniversaire et pour décharger sa culpabilité, si jamais il en avait une. Le soucis était que Katherine voulait à la fois l’impliquer mais tout en gardant des distances. Elle lui accordait comme des droits de visite, le laissait changer sa fille sans jamais être très loin, avoir quelques moments privilégiés avec elle mais elle ne lui accordait aucune confiance. C’était sans doute plus fort qu’elle mais ça étouffait l’italien qui se sentait épié et bloqué. Il aimerait aussi pouvoir garder quelques jours par ci par là sa fille mais c’était impossible puisque Katherine allaitait et que si elle n’était pas dans le coin, elle ne pouvait donc pas la nourrir. Alors il était bien possible que l’italien prenne un peu de distance aussi, c’était la position qu’il avait l’impression qu’on lui donnait. Être là ok, mais pas trop.
« Parce-que maintenant ça t’intéresse ? » Le sang de Nino ne fit qu’un tour, bouillant dans ton son corps, il regarda Kath derrière eux, avec Lucia dans ses bras et c’était sans doute ce qui l’empêchait de sauter sur l’oncle de sa fille. Depuis quand il peut bien savoir ce qui l’intéresse ou non. « Y a le discours des uns et la réalité des autres. » petit pique envoyé à Katherine en même temps, elle pouvait bien raconter ce qu’elle voulait à ses frères pour se faire passer pour une victime dans l’histoire si elle voulait. Alors qu’on pouvait ressentir une tension dans l’atmosphère, Katherine, peut être pris de remords ou de culpabilité, intervint auprès de son frère. « Ezra… » ouais, Ezra, calme toi, pensa l’italien, si non, il serait fort possible qu’un des deux soit vraiment de trop dans le coin. « Disons que le problème n’est plus réellement d’actualité, et qu’il s’est transformé en bénédiction. » bénédiction de quoi et de qui ? Avait-il besoin d’une bénédiction pour approcher sa fille et se faire accepter d’inconnus ? Nino se foutait pas mal de la famille de Katherine et de se savoir faire parti de celle-ci. Car même si Lucia les unissait tous, jamais Nino ne prétendrait ou ne voudrait être de ces Beauregard. Entendre leur nom chaque jour à l’association lui suffisait amplement. Être leur larbin, c’était peut-être ça leur vengeance. « Je repasserai, quand j’aurai pas l’impression d’être celui de trop dans l’coin. » qu’il dit, passant son regard sur l’épaule d’Ezra pour signifier son inconfort à Katherine. « Ca vaut mieux pour tout le monde. » parce qu’il sentait qu’une phrase de trop suffirait pour le faire vriller.