When all has been said and all has been done (Raeleah#2)

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When all has been said and all has been done .

Leah avait passé la journée à faire les magasins, y trouvant là la seule manière de combattre son besoin irrépressible de courir au cabinet de Stephen afin de rompre le silence qui pesait entre eux depuis qu'il lui avait dit qu'il désirait la quitter. Leur cohabitation était devenue oppressante et malaisante au possible lorsqu'ils se croisaient par mégarde. Le brun faisait tout pour éviter d'être à l'appartement en même temps qu'elle, et la jeune femme vivait très mal toute cette situation. Elle-même avait bien du mal à conserver une attitude calme et froide en apparence, alors que tout ce dont elle avait envie était de s'effondrer en larmes face à lui; mais autant conserver sa dignité, non? Si depuis quelques jours Leah restait enfermée chez elle, aujourd'hui elle avait voulu sortir un peu pour se changer les idées. Elle évitait de faire trop de sport - par acquis de conscience - même s'ils avaient décidé d'un commun accord de ne pas garder le bébé. Cependant, elle avait envie de bouger et l'idée de faire les magasins puis les courses pour remplir leur frigo s'était imposée à elle comme une évidence. Puis l'envie de s'enfiler une Ben&Jerry devant des films à l'ancienne ne lui semblait pas être un mauvais programme une fois rentrée chez elle. En effet, la brunette savait parfaitement qu'elle passerait encore une fois cette soirée seule, comme pratiquement tous les soirs. De toute façon, même quand il était là, Stephen mettait un point d'honneur à l'éviter en s'enfermant dans sa chambre, la limite entre eux étant tracée aussi nettement qu'une frontière érigée comme le mur de Berlin avait pu l'être. C'est ainsi qu'elle passa le plus clair de son après midi à flâner dans les ruelles, s'efforçant de mettre du coeur à la tâche, même si son esprit était clairement ailleurs. Elle eut une pointe au coeur en passant devant un magasin d'accessoires pour bébés, hésitant quelques secondes à s'y arrêter. Elle traça toutefois sa route, pas non plus masochiste au point d'admirer des bodys lapinous alors qu'elle devait prendre rendez-vous pour une IVG. La mort dans l'âme, elle décida de continuer sa route avant de lever les yeux vers le ciel qui noircissait à vue d'oeil, annonciateur d'une tempête dont les radios avaient commencé à parler déjà la veille. Leah adorait les orages, mais de l'intérieur. Pas vraiment emballée à l'idée de continuer son shopping sous une pluie abondante, la jeune femme prit le chemin de sa voiture, déposant tous ses sacs dans le coffre avant de prendre la route vers le supermarché. Ses emplettes furent pliées en une quinzaine de minutes, et la brunette s'empressa de courir vers son véhicule, trempée par les trombes d'eau en à peine quelques secondes. Soupirant, elle reprit la direction de l'appartement, observant les éclairs qui éclairaient le ciel aux lueurs gris foncés, blasée de s'être fait ainsi surprendre par la pluie. A sa décharge, les infos avaient annoncé cet orage pour la toute fin de soirée, et non à son début. Soit. La météo n'avait jamais été une science très exacte. Elle trouva une place pas trop loin de l'entrée de l'immeuble - dieu merci- et se mit à nouveau à courir, chargée comme un âne tant elle ne voulait pas avoir à faire le trajet deux fois sous la pluie battante. Au vu de tous ses sacs, elle décida de se la jouer paresseuse et d'emprunter l'ascenseur, quand bien même elle habitait au premier. Laissant tomber ses courses autour d'elle, elle essora ses cheveux dans un nouveau soupir avant de s'adosser contre la paroi de l'engin qu'elle détestait prendre, et pour cause; ce truc devait dater de l'avant-guerre. Au moment même où les portes se refermaient, une main aux longs doigts manucurés s'inséra entre les portes pour entrer à son tour dans l'ascenseur. Leah n'y prêta pas vraiment attention, jusqu'à ce que le visage de l'inconnue aux longs cheveux blonds ne fasse son apparition dans son champ de vision. Raelyn?! Les yeux ronds, la brune bloqua quelques secondes, n'ayant pas le temps de réagir avant que les portes ne se referment sur cette femme qu'elle s'était juré de ne jamais revoir. "Qu'est ce q..." Furent ses premières paroles, mais un soubresaut de l'ascenseur l'empêcha de terminer sa phrase. Perdant l'équilibre au milieu de ses sacs, la brune se rattrapa in extremis à une rampe avant de voir Raelyn disparaître dans le noir, les lumières de cet appareil venu de l'enfer s'étant éteintes. Elles l'ignoraient, mais l'orage avait fait sauté une bonne partie du réseau électrique de Redcliffe, plongeant pratiquement tout le quartier dans l'obscurité. De quoi occuper les techniciens qui s'amuseraient à rétablir l'électricité pendant un bon moment. Heureusement, un générateur prit le relais et éclaira d'une lueur blanchâtre l'ascenseur dans lequel les deux jeunes femmes se trouvaient. L'air mauvais, Leah observa Raelyn; celle-ci n'avait pratiquement pas changé depuis toutes ces années. L'ignorant superbement, elle s'appliqua à appuyer à plusieurs reprises sur le gros bouton rouge "Help", celui qui ne servait jamais à rien dans les films et qui prouverait encore une fois son inutilité aujourd'hui. "On est coincée." Lança finalement la brune en haussant les épaules, prétendant que tout allait bien alors qu'elle commençait déjà à être en proie à la panique; elle était claustrophobe et détestait les ascenseurs pour une bonne raison... Celle-ci.

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When all has been said and all has been done
Raelyn Blackwell & @Leah Baumann

Redcliffe, quartier où habituellement je ne foutais jamais les pieds lorsque je pouvais l’éviter. Trop dense, trop éloigné du centre-ville, trop bruyant et aux appartements trop étriqués, trop différent du luxueux quartiers où j’avais mes appartements. Ce soir encore j’aurais mieux fait de m’abstenir mais devant l’appel d’un homme que je fréquentais régulièrement et qui avait beaucoup plus de qualités que le quartier dans lequel il vivait je n’avais pas résisté : mon attrait bien trop marqué pour la chaleur d’une peau masculine contre la mienne finirait par me perdre. Mais j’avais passé une semaine compliquée et l’occasion de la laisser dernière moi grâce à une soirée charnelle avait été beaucoup trop forte. Ma surconsommation d’alcool et autres stupéfiants également, mais à cette heure de la soirée je n’avais pour l’instant que bu quelques verres, provoquant chez moi au maximum un léger étourdissement, rien de plus. Le jeune homme et moi ne nous voyions que rarement, toujours dans le même but : pas celui de partager nos secrets les plus sombres et doutes concernant notre avenir. Le ton de la soirée avait donc été rapidement donné alors qu’il m’avait attirée à lui après deux verres de vin pour entreprendre de me débarrasser des couches de vêtements qui semblaient superflues à ses yeux, mais dans une volonté de temporiser autant que de le rendre fou, j’avais décidé de m’allumer une cigarette…. Avant de tomber sur un paquet vide au fond de mon sac. Monsieur prêchant l’esprit sain dans un corps sain n’avait pas pu me dépanner, et à l’idée de le laisser en plan patienter de longues minutes un sourire s’était dessiné sur mon visage. Il avait eu beau essayer de me convaincre que cela pouvait attendre, laissant ses mains se balader sur mon corps, pensant certainement qu’il pouvait ainsi me ramener à lui. C’était bien mal me connaître : quand j’avais décidé de jouer, je jouais sans compter. L’idée de le faire languir me plaisait, et même si je n’étais pas du genre allumeuse il pouvait bien attendre quelques minutes.

Voilà comment je me retrouve en bas d’un immeuble des années 80, mes escarpins aux pieds et un simple t-shirt d’homme pour couvrir mon corps, en train de fumer une cigarette achetée au tabac du coin. Considérant ma taille et mon gabarit le vêtement couvre suffisamment mes formes pour que l’ensemble ne soit pas indécent, mais pas assez pour ne pas avoir l’air provocatrice. Profitant de la douceur de la soirée d’hiver j’entame à peine ma cigarette sur le chemin du retour lorsque l’orage éclate, et que la pluie me surprend, me détrempant largement au passage. Je laisse échapper un juron avant de me diriger rapidement vers l’immeuble, pestant une fois de plus contre mon amant du soir un peu long à ouvrir à l’interphone, avant de m’engouffrer dans le hall d’entrée retenant l’ascenseur au dernier moment. C’est la surprise sur le visage de l’occupante de la cabine qui me fait la reconnaître, puisqu’elle semble m’identifier dès que ses yeux se posent sur mon visage, encadré par mes cheveux trempés. « Qu'est ce q... » Leah Baumann en personne. Je suis un peu surprise de la croiser ici, je dois bien l’admettre. Je suppose que la surprise est plus désagréable pour elle que pour moi, étant donné les circonstances dans lesquelles nous nous sommes quittées et les derniers mots qu’elle m’ait adressés. Folle, tarée, malade, je ne sais plus exactement de quoi cela relevait, mais dans mes souvenirs il s’agissait d’un joli nom d’oiseau remettant en question ma santé mentale. Pathétique jeune femme fragile. Elle avait voulu joué, elle s’était brûlé les ailes, et ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. Je n’avais pas enfoncé la drogue dans la gorge de son presque petit ami de l’époque avec mes ongles, il s’était fait ça tout seul comme un grand.

J’allais lui répondre quand un soubresaut secoue l’ascenseur et que nous nous retrouvons plongées dans le noir. Je me rattrape à la rampe manquant de perdre l’équilibre, puis la lumière blanchâtre éclaire à nouveau son visage. Son visage mauvais. Dommage, je pensais qu’il y avait prescription et que nous allions tomber dans les bras l’une de l’autre, mais passons. La vérité c’est que les années qui ont passées m’ont rendue plus froide encore, et que la douche que je viens de prendre dans ce quartier de misère ne m’a pas mise dans les meilleures dispositions non plus. L’observant s’acharner sur le bouton d’appel d’urgence de l’ascenseur, j’attrape mes cheveux pour les essorer, un sourire à peine dissimulé sur le visage. « On est coincée. » Ok, à présent je ne cherche même plus à dissimuler mon sourire, parce que je sais qu’elle est en train de passer un plus mauvais moment que moi. Elle a appris à me détester après les événements de cette nuit, ça se voit dans le dédain qui déforme son visage. « Effectivement Einstein. » Effectivement Einstein, il est mort. J’emploie volontairement les mêmes mots qu’à l’époque, parce que je suis une éternelle provocatrice et que lorsque je vois un ours énervé, j’ai envie de le piquer d’une aiguille pour m’amuser. Baissant les yeux vers ma cigarette je m’aperçois qu’elle est éteinte et trempée, alors j’en tire une autre de mon paquet neuf avant de l’allumer et de tirer une première bouffée. J’ai l’impression qu’on est là pour un moment, autant s’installer confortablement. « T’as pas tant changé que ça. La lumière te donne l’air malade, mais rien qu’un bon fond de teint puisse rattraper. » Tirant une nouvelle bouffée sur ma cigarette, je lui adresse mon plus beau sourire, penche la tête et continue. « Je t’ai manqué Baumann ? » Poussez-vous, l’oscar de la meilleure actrice est pour moi.

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Leah n'en croyait pas ses yeux. Sept ans, c'était le nombre d'années qui séparait la fille qui avait vécu cette soirée tragique et la jeune femme qu'elle était devenue aujourd'hui. Autant dire une éternité. Lorsque son regard se posa sur Raelyn, elle ne mit pas bien longtemps à reconnaître qui elle avait en face d'elle. La blonde avait laissé tomber la frange, mais avait conservé son attitude provocatrice et son genre hautain. Même avec ses cheveux détrempés, elle gardait un port de tête altier qui dénotait clairement avec l'accoutrement qu'elle arborait pour une sortie dans le quartier; un t-shirt d'homme qui couvrait à peine ses fesses. Autant dire que certaines habitudes avaient la vie dure. Mais alors que la brune restait bouche bée face à cette apparition pour le moins inattendue, l'orage qui grondait au dessus de Brisbane frappa la ville, faisant sauter le réseau électrique de certains quartiers, donc Redcliffe. Leurs regards surpris se perdirent dans l'obscurité, le temps que le générateur de secours présent dans l'immeuble ne fasse réapparaitre une lumière pas très intense, mais suffisante pour qu'elles voient ce qu'elles faisaient. De toutes les personnes avec qui elle aurait pu se retrouver coincée dans un ascenseur, il avait fallu que ça tombe sur Raelyn Blackwell. Leah n'avait jamais répondu au moindre appel ni au moindre message après ce fameux soir. La blonde n'avait même pas prit la peine de se rendre à l'enterrement de Tobias lorsque ses parents s'étaient - enfin - rendus compte de la disparition de leur fils. Leah avait tenu à être présente. Shawn était là aussi. Mais pas de Rae à l'horizon. La brune avait été profondément choquée de l'attitude et surtout des réactions de son amie, se demandant à qui elle avait réellement eu affaire tout au long de leurs sorties. Elle avait coupé net toute relation avec la jeune femme, décidant de poursuivre ses activités d'oiseau de nuit en gravitant autour des gens simples et sans histoires, comme elle. Alors, la revoir ici, dans ces circonstances après autant d'années... C'était surprenant. Alors que Leah s'excitait sur le bouton soi-disant "d'aide" de l'ascenseur, regrettant déjà ce qui allait suivre, elle sentait le regard de Raelyn se fixer sur elle, un sourire sur les lèvres. Soupirant, elle déclara forfait en s'éloignant du boîtier de l'ascenseur, prononçant avec fatalité le triste sort qui leur était tombé dessus; elles étaient coincées. « Effectivement Einstein. » Un frisson parcouru l'échine de la brune alors qu'elle se voyait projetée de force à cette nuit-là, la vision du corps sans vie de Tobias dansant devant ses prunelles. Elle toisa la blonde, l'air fermé. "T'es fière de toi?" Leah n'était plus la jeune fille impressionnable d'il y a sept ans, loin de là. Elle avait traversé suffisamment d'épreuves que pour s'être forgée une carapace et un caractère au moins aussi fort que celui de Rae. La blonde l'observait toujours avec la même provocation sur le visage, et si la brunette essayait de ne pas entrer dans son jeu en s'énervant, il lui était difficile de se montrer impassible. La mort de son ami l'avait secouée, tout comme le manque de compassion flagrant dont avait fait preuve Rae à l'époque. Elle avait mit tout ça derrière elle, fermant définitivement le livre sur cette histoire qui l'avait bien trop marquée. Revoir Raelyn ici laissait la porte ouverte au flot d'émotions qu'elle avait retenu depuis cette nuit là, car elle n'en avait jamais parlé à personne. « T’as pas tant changé que ça. La lumière te donne l’air malade, mais rien qu’un bon fond de teint puisse rattraper. » La blonde s'alluma une cigarette, exaspérant encore un peu plus la brunette. "Très drôle. Tes compliments n'ont pas changé eux non plus." Elle haussa les épaules avant de la fixer, un éclat brillant dans ses yeux. "Eteins-ça. On sait pas combien de temps on va rester coincée, j'ai pas envie de manquer d'oxygène parce que t'as pas pu te retenir de t'allumer une clope." Ca, c'était la version officielle. Elle n'avait pas vraiment envie de discuter bébé et doudou avec Raelyn en lui expliquant qu'elle était enceinte et que sa fumée empoisonnait son petit pois. Elle fixait la blonde, prête à la lui faire éteindre d'elle-même s'il le fallait. Avec un peu de chance, Rae réaliserait à quel point il était stupide de faire ça, et elle n'aurait pas besoin de s'énerver davantage. « Je t’ai manqué Baumann ? » Leah leva les yeux au ciel, exaspérée. "Pas du tout, non. A vrai dire, j'avais même oublié que t'existais. Merci de venir me faire coucou pour me le rappeler." Son regard se perdit vers le plafond, se demandant si une quelconque issue existait afin qu'elle se sorte de ce guet apens. Elle était même prête à escalader cet ascenseur si ça pouvait l'empêcher de taper la conversation avec Raelyn Blackwell. S'avouant vaincue et réalisant peu à peu qu'elle était vraiment coincée avec elle, elle reporta son attention vers Rae en penchant la tête sur le côté. "Tu sais que passé un certain âge, il est temps d'apprendre à porter un pantalon?" Un sourire en coin se posa sur ses lèvres. L'attaque était gratuite, à la mesure de la rancoeur qu'elle portait à l'égard de la petite blonde.

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Raelyn Blackwell & @Leah Baumann

Quand la lumière se rallume et que la conversation s’engage, je me rends compte, particulièrement satisfaite, que je me suis trompée. Baumann a changé, elle ressemble toujours à une adolescente à peine sortie de l’enfance à laquelle on a envie de pincer les joues, mais il semblerait qu’elle se soit achetée un caractère depuis la dernière fois que nous nous sommes croisées. Un caractère à prix cassé, mais un caractère tout de même. J’ai toujours su qu’elle avait quelque chose dans le ventre la brune, même à l’époque où elle mourrait d’envie de me plaire et était prête à se plier en quatre pour y parvenir, elle le faisait avec bien plus de panache et de personnalité que d’autre. Elle n’était pas idiote, je l’avais toujours su, et ça aidait. Bon pas assez pour se construire une vie digne de ce nom, si j’en crois le quartier dans lequel elle vivait aujourd’hui à presque trente ans. « T'es fière de toi ? » Son regard déjà fermé se durcit, et je lui renvoie en guise de réponse un sourire insolent. J’en envie de la titiller Leah, de l’emmerde. En partie – et je ne l’avouerais jamais à voix haute – parce qu’elle a coupé les ponts et cessé de donner des nouvelles. Je m’en doutais ce jour-là lorsqu’elle a quitté mon appartement, je savais que notre "amitié" venait de prendre un sacré plomb dans l’aile. Mais on ne coupait pas les ponts avec moi. J’étais celle qui décidait quand la partie se terminait, et avec Leah, je n’avais jamais pris cette décision. Le destin avait un certain sens de l’humour de la coincer avec moi sept années après notre dernier échange. Très bien, je n’avais jamais sonné le gong et mis fin à la partie, alors jouons. « Si tu pouvais voir la tête que tu tires, je penses que même toi tu serais fière. » Comment était-il possible de parler de la mort d’un ami ou du moindre être humain avec autant de légèreté ? De faire une blague des paroles que nous avions échangé ce matin-là ? Il fallait certainement s’appeler Raelyn Blackwell. J’avais de toute façon toujours estimé que mon humour était incompris dans ce bas monde. La joute verbale pouvait s’éterniser des heures, je savais que j’en terminerais dans tous les cas victorieuse. Pour une raison très simple en fait : parce que je toute cette histoire ne me touchait pas.

Elle semblait avoir trouvé des dizaines de raison de m’en vouloir avec le temps, si on en croit les regards foudroyants qu’elle me lançait. Mais elle ne dupait personne, en tout cas elle ne me dupait pas. A travers moi, c’était elle qu’elle détestait. Celle qu’elle était devenue à mes côté. « Très drôle. Tes compliments n'ont pas changé eux non plus. » Je fis l’impasse sur une réponse à cette phrase. Nous savions l’une comme l’autre qu’à une époque elle se serait damnée pour un compliment de ma part. Elle était comme toutes les autres au fond, elle m’avait utilisée pour briller, pour se sentir importante. Alors ce n’était pas la peine de venir me faire la morale, sept ans après. Elle montre ma cigarette du menton et lance une injection, qui me fait sourire. « Eteins-ça. On sait pas combien de temps on va rester coincée, je n’ai pas envie de manquer d'oxygène parce que t'as pas pu te retenir de t'allumer une clope. » Je la toise quelques secondes, poussant même le vice jusqu’à porter ma cigarette à mes lèvre avant d’inspirer et d’expirer une fumée grise de mes poumons. « Et sinon tu vas faire quoi ? » Oui je vous vois venir, elle a raison. Mais je crois que j’aime assez jouer pour être prête à mourir asphyxiée simplement pour mourir avec le plaisir d’avoir fait chier Leah. Presque. Je tire une bouffée supplémentaire, crachant ma fumée dans sa direction cette fois ci avant d’écraser la cigarette contre le mur de l’ascenseur. « Relax Baumann. Je ne te savais pas claustrophobe. Tu me pardonneras, je vais pas te prendre dans mes bras pour te rassurer, mais l’envie y est. » J’ouvre mon sac pour y ranger la cigarette à peine entamée, avant de relever les yeux vers elle. « Pas du tout, non. A vrai dire, j'avais même oublié que t'existais. Merci de venir me faire coucou pour me le rappeler. » Bon, je m’attendais pas à une déclaration d’amour mais c’est un peu dur non ? J’ai des sentiments moi aussi, elle y pense Baumann ? Non, je suis sûre que non, qu’elle n’a que faire de piétiner ma sensibilité imaginaire. Je plonge mon regard dans le sien, une lueur de défi dans les yeux. « On sait toutes les deux que c’est faux non ? » Bien sûr qu’elle ne m’a pas oubliée. Pas après ce qu’il était arrivé à Tobias, pas après cette nuit qui l’avait certainement profondément chamboulée. Je jubilais, parce que je savais que j’aurais toujours ce pouvoir sur elle. Je savais. Et mon visage lui rappellerait toujours la vision du corps inanimé de Tobias. Je précise ma pensée, comme s’il était nécessaire d’enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie. « Je pense pas que tu m’aies oubliée. »

Elle sort les griffes Leah, et je dois bien admettre une chose : ça me plait. J’aurais détester me retrouver coincée avec une pleurnicheuse dans cet ascenseur. Quoi que ne nous avançons pas, on est pas à l’abris de devoir sortir les mouchoirs. « Tu sais que passé un certain âge, il est temps d'apprendre à porter un pantalon ? » Dans un réflexe je baisse les yeux sur ma tenue, avant de m’appuyer contre le mur de l’ascenseur de de répondre sur un ton parfaitement similaire au sien. « Tu sais que passé un certain âge il est temps de se décoincer ? » Je lui adresse un sourire insolent une fois de plus, levant les mains en signe d’innocence et enchaîne sans lui laisser le temps de répondre. « Ok, facile. Mais tu m’as privée de ma cigarette. » Un faux – évidement – sourire angélique se dessine sur mon visage, avant que je ne lève les yeux ciel, et continue sur ma lancée. « Mais ne t’en fais pas va. Je suis sure que tu as trouvé l’homme de ta vie, qu’aujourd’hui vous avez trois gosses et un golden retriever et que ta vie est merveilleuse. » Sous entendu, ne t'inquiète pas la méchante Raelyn en sortira aussi vite qu'elle vient d'y rentrer. J’ai toujours été persuadée qu’elle était bien moins rebelle et beaucoup plus fleur bleue qu’elle ne voulait me le faire croire à l’époque. Je suppose donc qu’elle vit aujourd’hui la fabuleuse vie dont elle rêvait et qui me fait vomir rien que d’y penser. Quoi que, en habitant dans un appartement à Redcliffe c’est mal barré. Oups, quelle maladroite.

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Leah la toisait, bien décidée à ne pas se laisser démonter par ses provocations. Le fait qu'elle se serve ainsi de la mort de Tobias pour la déstabiliser indiquait qu'elle avait affaire à la même jeune femme qu'il y a sept ans. Raelyn n'avait pas changé; ni physiquement, ni mentalement apparemment. On disait pourtant que la sagesse arrivait avec l'âge, il semblerait donc que cet adage ait fait exception pour la blonde. Un sourire narquois sur les lèvres, Rae l'observait avec une lueur amusée dans le regard. « Si tu pouvais voir la tête que tu tires, je penses que même toi tu serais fière. » Et il y avait de quoi. La brune pouvait sans problème sentir la haine et la colère monter en elle. Le peu de cas que faisait Raelyn du décès d'un de leurs amis la rendait folle, encore après tant d'années. C’est toujours interdit de pratiquer une autopsie sur quelqu’un de vivant ? La question posée par le Docteur House - dans un des derniers épisodes qu'elle avait pu voir - débordait de cynisme, mais en cet instant Leah se la posait elle aussi. Elle avait beau ne pas être capable de faire de mal à une mouche, la blonde faisait ressortir ce qu'il y avait de pire en elle. C'était déjà le cas à l'époque, et ça le serait sans doute encore maintenant si elle se laissait aller. "Tu ne me donnes pas exactement envie de sourire." Répondit-elle simplement en haussant les épaules, laissant son regard glisser à nouveau vers le boîtier manuel de l'ascenseur; comme si elle pourrait le déclencher à distance. Le concierge de l'immeuble ne faisait que des venues quadrimestrielles, autant dire que le bâtiment avait dix fois le temps de s'effondrer avant qu'il ne réalise qu'il y avait un soucis potentiel. Vivant difficilement le fait d'être ainsi coincée dans un espace clos, Leah commençait à avoir très chaud et elle regrettait de ne pas avoir son brumisateur d'eau avec elle, histoire de se rafraîchir. Son nez se fronça alors que la fumée de la cigarette de Raelyn venait à sa rencontre, et elle lui demanda sèchement de l'éteindre avant qu'elles ne meurent d'asphyxie. La demande était brute de décoffrage, mais pourquoi finasser lorsqu'on avait Raelyn Blackwell face à soi? La petite blonde ne faisait pas dans la finesse, elle non plus. Que du contraire même. Mère putative du sarcasme, Raelyn n'était pas facilement choquée ou impressionnée. Lentement, la jeune femme tira une ultime bouffée avant de lui souffler le tout au visage, faisant grimacer et tousser Leah même si elle aurait préféré rester de marbre. « Et sinon tu vas faire quoi ? » Alors là. La brunette fit quelques gestes destinés à faire s'évaporer - ou au moins se dissiper - la fumée à l'odeur âcre, avant de pencher la tête sur le côté. Qu'elle ne joue pas trop avec le diable non plus la Cruella d'Enfer en devenir. "Vaudrait mieux pour toi que tu ne connaisses pas la réponse à cette question." Souffla-t-elle simplement, sans la lâcher du regard ni cligner des yeux. Elles avaient le même gabarit, mais Leah était presque certaine de pouvoir se la faire. Plus d'un an de boxe intensive l'avait rendue particulièrement douée au combat. Cependant, elle pensa brièvement au petit pois qui avait élu domicile dans son ventre, et elle se calma presque instantanément. D'autant que la jeune femme écrasa presque aussitôt sa cigarette, déclenchant une vague de soulagement chez la brune qui ne tenait pas plus que ça à se battre avec elle. « Relax Baumann. Je ne te savais pas claustrophobe. Tu me pardonneras, je vais pas te prendre dans mes bras pour te rassurer, mais l’envie y est. » La brunette hocha brièvement la tête, roulant des yeux face à la compassion ironique de son interlocutrice. "C'est ça oui, à d'autres." Lâcha-t-elle, l'air mauvais. La vérité c'est qu'elle n'en menait pas large, et devoir donner le change en présence de Raelyn était encore plus difficile. Une rencontre sept ans plus tard était déjà suffisamment traumatique dans le genre, mais il avait fallu que ça tombe lors d'une panne d'ascenseur. Karma is a bitch. Toujours sur le ton de la plaisanterie et de la provocation, la blonde lui demanda si elle lui avait manqué. La brune lui aurait bien rit au nez, si les circonstances n'avait pas été aussi désastreuses. A la place, elle prétendit qu'elle ne se souvenait même plus de son existence, jusqu'à aujourd'hui. Un mensonge éhonté, puisqu'il lui avait été difficile de faire l'impasse sur ce qui était arrivé à Tobias quelques années auparavant. Et dès que ces souvenirs refaisaient surface, l'image de Raelyn réapparaissait elle aussi. « On sait toutes les deux que c’est faux non ? » La blonde n'était pas dupe, ça se voyait. Sans doute avait-elle l'habitude qu'on se souvienne d'elle, même si ça devait plutôt tenir du souvenir cuisant que du souvenir heureux. « Je pense pas que tu m’aies oubliée. » Leah haussa les épaules, bien décidée à ne pas entrer dans son jeu. La petite adolescente intimidée d'autre fois avait disparu, et les gamineries de bas étages étaient terminées, du moins pour elle. "Détrompes-toi. J'ai mis tout ça dernière moi depuis bien longtemps."A son tour, elle lui adressa un sourire de façade, destiné à lui faire croire qu'elle n'était en rien touchée par ce qui était entrain de se jouer là. Arriverait-elle à donner le change encore longtemps, telle était la question. Histoire de cesser de se retrouver dans le rôle de la victime, elle choisit d'attaquer Rae sur sa tenue (si l'on pouvait ainsi qualifier ce t-shirt à peine assez long pour couvrir ses fesses - pas sûr.) La blonde baissa les yeux histoire de contempler l'objet de la critique avant de s'appuyer contre l'une des parois de l'ascenseur, répondant sur le même ton: « Tu sais que passé un certain âge il est temps de se décoincer ?... Ok, facile. Mais tu m’as privée de ma cigarette. » Ajouta-t-elle après quelques secondes. Un léger ricanement s'échappa des lèvres de la brunette. "On n'a pas la même notion de "coincée" Raelyn, par contre tu devrais apprendre celle de "salope exhibitionniste." La blonde pouvait bien faire croire à qui elle voulait qu'elle se radoucissait, Leah ne prenait pas. Et nul doute qu'elle commencerait bientôt à montrer son vrai visage, elle ne tiendrait pas bien longtemps face aux attaques acérées de la jeune femme. Pourquoi agissait-elle ainsi? Son comportement était puéril, elle en était consciente, mais le fait était qu'elle n'avait jamais pu dire sa façon de penser à Rae, ni avant, ni après. A croire que la frustration accumulée avait décidé de faire un retour fracassant dès les premières minutes de leurs retrouvailles. « Mais ne t’en fais pas va. Je suis sure que tu as trouvé l’homme de ta vie, qu’aujourd’hui vous avez trois gosses et un golden retriever et que ta vie est merveilleuse. » Il y a quelques temps, Raelyn n'aurait pas été si éloignée de la vérité. Elle était heureuse avec Stephen et Anabel, proche de l'achat de la maison de leur rêve, et ça n'était pas un golden retriever qui les accompagnait mais bien un bouledogue du nom de Bruley. Mais les choses avaient dérapées, et elle se retrouverait bientôt à nouveau seule dans cet appartement qui avait vu naître leur relation. "Mais je ne m'en fais pas. C'est toujours mieux que de continuer à m'envoyer à l'air avec n'importe qui." Répondit-elle d'un ton tranchant, faisant référence encore une fois à la tenue de Rae qui ne laissait pas vraiment planer le doute sur ses activités de la soirée.

Spoiler:

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Raelyn Blackwell & @Leah Baumann

Quelqu’un comme moi n’était pas capable de comprendre réellement la rancune de Leah à mon égard. Elle faisait partie de ceux que j’houspillais quotidiennement en soirée à l’époque, mais avait le répondant nécessaire pour me rentrer dedans en retour et c’est pour ça que je l’appréciais de toute évidence. Nos échanges étaient généralement emprunts de tension, mais une tension qui de mon côté me plaisait, me prouvait que la jeune femme avait du répondant et n’était pas prête à totalement se laisser marcher sur les pieds par mon égo et mon gros caractère, même si elle cherchait mon approbation. Je l’avais droguée à son insu ? Elle avait avoué elle-même que la sensation n’était pas désagréable. Je lui avais lancé des défis débiles ? Ils ne lui avaient que permis de plus pouvoir se rapprocher de celui autour duquel elle tournait sans oser faire le premier pas, comme une jeune première. Tobias, c’était finalement lui la raison de cette rancœur. Mais je n’avais pas tué Tobias. J’étais capable de comprendre qu’elle ait pu être chamboulée, mais je n’étais pas responsable de son penchant pour la surconsommation de drogue et pas plus de son overdose, à mes yeux en tout cas. J’avais réagi de façon trop froide et détachée pour elle lorsque c’était arrivé ? Je considère surtout que je lui avais sauvé la mise. Avait-elle réellement envie d’être interrogée, questionnée et de voir sa vie foutue en l’air pour un fils à papa qui n’arrivait plus à planer sans ingérer des doses de cheval ? Elle aurait dû me remercier, elle aurait dû être à genoux. J’avais su gérer les choses alors qu’elle en était à l’époque bien incapable. Elle se cachait derrière sa haine pour moi pour arriver à se regarder dans le miroir, finalement. « Tu ne me donnes pas exactement envie de sourire. » Je laisse échapper un sourire. J’accepte avec plaisir de lui servir d’exutoire, mais pas sans me permettre de rentrer dans la partie et de rétorquer. « Du mal avec ce que je reflète ? » Ce que je reflète de toi. Ce que je reflète de la personne que tu étais. Je sais que je n’ai pas besoin de préciser le fond de ma pensée, Baumann n’a jamais stupide, et je suis presque sûre que j’ai touché juste.

Elle choisit de trouver un nouveau souffre-douleur : la cigarette qui pourtant pourrait calmer mes nerfs et dieu sait que cette discussion pourrait en profiter, mais tant pis pour elle. Je joue l’idiote quelques secondes, je la provoque, mais je ne suis plus une gamine. La connasse n’est jamais bien loin, mais elle reste un reflet, un souvenir. J’ai appris à me canaliser, j’ai appris à me calmer. « Vaudrait mieux pour toi que tu ne connaisses pas la réponse à cette question. » Ouh, j’ai peur. Je suis morte de trouille en fait. Leah fait une bonne dizaine de centimètre de plus que moi et semble avoir légèrement gagné en musculature, mais je n’ai pas l’intention de me battre avec elle, et si c’était le cas je serais certainement un peu plus coriace que ce à quoi elle peut s’attendre. Mais j’écrase ma cigarette, parce que si j’adore une bonne joute verbale, j’ai passé l’âge des enfantillages. « J’en meurs d’envie pourtant. » Elle n’a pas l’air à l’aise dans cet espace confiné, ou alors peut être que c’est simplement ma présence qui la met dans cet état-là. Finalement dans un sens ça me satisfait, je ne pensais pas lui faire cet effet-là après tant d’années. Alors, claustrophobe ou Raelynophobe ? Surement un peu des deux. « C'est ça oui, à d'autres. » Pourtant je mourrais réellement d’envie de la serrer dans mes bras. Bon peut être pour planter un couteau dans son dos, mais ça le principe reste le même. Je lève les yeux au ciel, feignant d’être profondément outrée par le fait qu’elle puisse mettre ma parole en doute. S’il y a une chose sur laquelle je ne suis pas dupe, c’est bien le souvenir tenace que je lui ai laissé. Que cette nuit lui a laissé. Elle a même certainement appris à me diaboliser avec le temps, si j’en crois son attitude défiante à mon égard. « Détrompes-toi. J'ai mis tout ça dernière moi depuis bien longtemps. » Je vrille mes yeux dans les siens et lui adresse un sourire. « Si c’était le cas on se serait tombées dans les bras non ? » Je n’attends pas forcément de réponse. Arrête de creuser ton trou, arrête de t’enfoncer Leah. Tes yeux qui me lancent des éclairs en disent long. Elle n’arrive pas à paraître détachée, elle n’arrive même pas à le feindre, alors que de mon côté, je m’amuse comme une petite folle.

Elle attaque Leah, comme un rottweiler dressé pour chasser les mauvais souvenirs, et empêcher à nouveau les mauvaises personnes d’entrer dans sa vie. Qu’elle se rassure, sa vie ne me fait pas envie. Si d’aventure on me surprend à me rendre dans le quartier de Redcliffe, ça sera les pieds en avant. « On n'a pas la même notion de "coincée" Raelyn, par contre tu devrais apprendre celle de "salope exhibitionniste. » Raelyn, elle emploie mon prénom en entier, et j’ai l’impression de me faire gronder par ma mère, c’est presque touchant cet instant famille. Par contre elle part directement en noms d’oiseaux, et frappe en dessous de la ceinture. Je l’ai connue un peu mois australopithèque comme demoiselle et un peu plus subtile, mais passons. Salope ça sera donc. Je vrille mes yeux dans les siens pendant quelques secondes de silence, avant d’éclater d’un rire franc. J’aime son caractère, elle m’avait presque manquée. Bon j’ai dit presque. « On tire à balles réelles maintenant à ce que je vois. Je t’ai connue un peu plus inspirée. Et moi qui pensait qu'on étaient amies à la vie à la mort. » Et bien quoi ? Quitte à passer aux insultes, j’aurais préféré qu’elle élève le niveau et me qualifie de coureuse de remparts, ou de gourgandine, là j’aurais tiré mon chapeau. Quand à ma remarque sur notre amitié, on est bien sur de l'ironie pure et dure pour le coup : je n'avais pas encore dégainé les bracelets de l'amitié concernant Leah. J'ai bien fait vraisemblablement, mon petit cœur aurait souffert autrement. « Mais je ne m'en fais pas. C'est toujours mieux que de continuer à m'envoyer à l'air avec n'importe qui. » Oh j’ai touché un point sensible peut être ? Sa jolie vie dans ce quartier miséreux n’est pas si idyllique qu’elle la rêvait ? Pour moi lorsqu’on attaque, c’est forcément un mécanisme de défense, et je me surprends à être curieuse, de quoi cherche-t-elle à se défendre ? Comment ça, le père de ses enfants ne m’attend donc pas à la sortie de l’ascenseur pour me faire regretter d’exister ? Je suis un peu déçue, j’aurais été ravie de le rencontrer, je sais que ça aurait emmerdé la brune. « Je te trouve pleine de préjugés. Qui te dit que je n’ai pas simplement cédé mon short à un sans domicile, sept ans c’est long, j’ai peut-être changé. » Bon pour le coup, j’ai beau avoir gagné un oscar quelques minutes auparavant, Leah me connait trop et j’aurais du mal à la convaincre d’avoir évolué à ce point. Evidement que je suis ici pour m’envoyer en l’air, mais quel mal à ça ? « Pour continuer encore faut-il déjà s’être envoyée en l’air chérie. Sans avoir besoin de faire passer un entretien d’embauche en six étapes au préalable, j’entends. » Je rajouterai pas qu’elle a même pas été capable de le faire avec Tobias qui pourtant louchait sur sa poitrine, mais le cœur y est. Inutile de jeter un bidon d’essence sur le feu tout de suite. Finalement je secoue la tête, un sourire amusé sur les lèvres, avant de replonger mon regard dans le sien. « Dis-moi je suis curieuse quand même. Qu’est-ce que tu me reproches ? Outre le fait de nous avoir tous sortis d’une sacrée merde ? » Je peux avoir l’air de la provoquer, et une partie de moi le fait clairement. Mais l’autre est finalement assez sincère, et c’est bien là la preuve de la majeure différence entre la plupart des individus et moi : mon incapacité à ressentir empathie et compassion. Je préfère me considérer comme rationnelle.

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When all has been said and all has been done .

Leah ne s’était jamais imaginé une seule seconde en sept ans qu’elle retomberait un jour sur Raelyn. Elle avait mit un point d’honneur à éviter tout endroit où elle aurait potentiellement pu tomber sur elle, comme les boîtes où elle avait l’habitude d’aller ou même le quartier où elle vivait. Le hasard avait voulu qu’elles se revoient dans cet ascenseur pourri qu’elle n’empruntait d’habitude jamais, dans cet immeuble qu’elle prévoyait de quitter dans peu de temps. Si la brune avait du s’imaginer comment ce serait passée cette rencontre, elle aurait sans doute répondu quelque chose dans le goût de ce qui était entrain de se dérouler ; de la rancœur et des piques acérées. La blonde était égale à elle-même, n’ayant pas changé d’un pouce son comportement provocateur ni ses sourires narquois. La brunette s’en voulait de jouer à son jeu malgré elle, mais son caractère impulsif n’arrangeait en rien la rancœur qu’elle avait à l’égard de son ancienne amie. « Du mal avec ce que je reflète ? » Le sous-entendu était évident. Raelyn avait beau être une sacrée merdeuse, elle n’en était pas moins intelligente et intuitive. Il était évident que la jeune femme avait beaucoup changé au contact de la blonde, et pas vraiment en bien. N’hésitant pas à critiquer ou à se moquer ouvertement, elle s’était peu à peu transformée en tout ce qu’elle détestait ; une fille superficielle qui abusait bien trop de l’alcool chaque soir. Elle n’avait touché qu’une seule fois à la drogue – contre son gré de surcroît – car cette seule soirée fut aussi la dernière passée en compagnie de Raelyn et ses bonbons magiques (une version moderne de Charlie et la Chocolaterie.) Mais si Leah devait être cent pour cent honnête avec elle-même, elle aurait probablement retenté l’expérience si la mort de Tobias n’avait pas mis fin à cette amitié de façon anticipée. « Pas du tout. » Répondit la brune avec toute la mauvaise foi dont elle était capable – c'est-à-dire beaucoup. Clairement, la blonde ravivait des souvenirs pas forcément du genre radieux, mais Leah ne le lui avouerait jamais. Laissant son regard dériver sur la cigarette que Rae lui soufflait au visage sans le moindre respect, elle lui demanda avec froideur de s’en débarrasser. La jeune femme se plia à sa volonté, restant toutefois dans la provocation en lui demandant ce qu’elle prévoyait de lui faire si elle n’abdiquait pas ; une question qu’il valait mieux laisser sans réponse. Si Leah se savait enceinte, elle n’hésiterait pourtant pas à lui rentrer dedans si elle continuait à jouer avec ses nerfs de cette façon. « J’en meurs d’envie pourtant. » Hein hein. La brunette ne prit même pas la peine de répondre, retirant son pied droit qui collait désagréablement sur le sol, et constata qu’un bonbon était entrain d’y fondre comme neige au soleil. Une espèce de boule noire style « dragibus » probablement laissée là par un des enfants du couple du deuxième. Son regard se perdit sur cette petite boule ronde dont le sucre s’affaissait tout autour à mesure que la température ambiante de la pièce augmentait. Elle pouvait presque apercevoir tout le processus de liquéfaction de ce corps solide au contact du sol chaud (en se concentrant très bien). Nul doute que ce truc dégueu allait laisser des marques plaquantes de partout dans l’ascenseur, et elle leva les yeux au ciel avant de reporter son attention sur Raelyn. La jeune femme semblait avoir compris que quelque chose n’allait pas chez elle, puisque Leah éprouvait beaucoup de difficulté à camoufler son stress à être enfermée de la sorte contre son gré. Prétendant vouloir la consoler, la brunette l’envoya balader en secouant la tête, déclenchant un air faussement outré chez Rae. Cette dernière restait persuadée d’avoir laissé un souvenir cuisant à la jeune Baumann, ce qui était absolument vrai. Mais la brune ne l’avouerait jamais, encore une fois. Hors de question de provoquer le moindre sentiment de satisfaction chez elle. A la place, elle choisi de prétendre avoir mis tout ça derrière elle depuis un long moment, ce qui était partiellement vrai cela dit. Elle ne passait clairement pas ses nuits à rêver du corps étendu de Tobias, ou encore de la froideur de Raelyn face à cette scène macabre, mais il lui arrivait d’y resonger quand quelque chose lui faisait y penser. Une musique, une phrase… Il suffisait parfois de peu. « Si c’était le cas on se serait tombées dans les bras non ? » « Arrête de prétendre qu’on a un jour été amies, s’il te plait. » Argua Leah en plongeant à son tour ses yeux dans les siens, en relevant le menton. Son jeu d’actrice devenait usant, et la brunette savait parfaitement que leur relation avait été à peu près aussi superficielle que le monde dans lequel évoluait la blonde. Retrouvant sa verve habituelle, la jeune femme ne tarda pas à attaquer Raelyn avec un peu plus de facilité que prévu. Utiliser sa tenue – bien que réellement trop courte – pour l’insulter était un coup bas, mais elle se retrouvait vulnérable à nouveau et elle n’appréciait pas. Raelyn lui avait sauvé la mise, elle en était consciente, et elle regrettait de lui devoir quelque chose. Il était tellement plus facile de la détester. « On tire à balles réelles maintenant à ce que je vois. Je t’ai connue un peu plus inspirée. Et moi qui pensait qu'on étaient amies à la vie à la mort. » Comme pour rebondir sur sa précédente remarque, Rae continuait d’ironiser sur leur prétendue amitié, laissant un sourire mauvais étirer les lèvres de la brune. « Je m’échauffe là. » Bon. Peut-être était-il temps de calmer un peu le jeu, mais ça devenait presque viscéral. Elle avait considéré Rae comme une amie, et avait été profondément choquée par son comportement et le peu de cas qu’elle faisait de ses soi-disant amis. Evidemment, elle avait joué à l’autruche pendant tout ce temps, car il était clair que Rae n’avait pas d’amis. Uniquement un petit groupe qui gravitait autour d’elle, cherchant son approbation à coup de compliments et autre. Leah avait fait partie de cette stratosphère, et elle le regrettait profondément. Mais bon, on ne pouvait plus changer le passé pas vrai ? « Je te trouve pleine de préjugés. Qui te dit que je n’ai pas simplement cédé mon short à un sans domicile, sept ans c’est long, j’ai peut-être changé. » Leah ne put s’empêcher de laisser un petit rire s’échapper de ses lèvres tant cette idée lui semblait improbable. « C’est vrai, excuse-moi. Tu m’en voudras pas, j’me suis toujours dis que t’aurais plutôt été du style à le voler ce short au sans domicile, mais bon… Les préjugés ont la vie dure. » Répondit à son tour la brune, sa voix teintée de sarcasme. « Pour continuer encore faut-il déjà s’être envoyée en l’air chérie. Sans avoir besoin de faire passer un entretien d’embauche en six étapes au préalable, j’entends. » Ahah. Si elle savait qu’elle parlait à une femme enceinte, elle ne tiendrait probablement pas le même discours. Quoique. L’attaque concernait directement Tobias, elle le savait. C’était bas et mesquin, même pour elle. « Au moins ça m’évite de faire ça avec n’importe qui ayant peut-être une saloperie, mais bon comme on dit, on tend à aller vers ceux qui nous ressemblent… » Lâcha-t-elle en fronçant le nez, sans quitter elle non plus son sourire de façade. Son sous-entendu à elle aussi était clair, et elle ne lâchait pas Raelyn des yeux. Elle aussi pouvait continuer longtemps à ce petit jeu si elle le désirait, elles n’avaient quand même que ça à faire. « Dis-moi je suis curieuse quand même. Qu’est-ce que tu me reproches ? Outre le fait de nous avoir tous sortis d’une sacrée merde ? » Était-ce le moment où elle était supposée s’étouffer ou… ? Haussant un sourcil, Leah retrouva un air un peu plus sérieux. On aurait dit que la blonde s’intéressait vraiment à cette réponse, que l’humour et l’ironie avaient enfin désertés la pièce. « Tu veux dire entre le moment où j’ai tiré la sonnette d’alarme en demandant si il avait pas trop forcé sur tes pilules ou celui où ton homme de main est venu fouiller son corps et nous inventer un alibi ? » Elle secoua la tête dans un petit rire sans joie. « Je suis pas débile, je sais bien qu’appeler les flics nous auraient mis dans la merde. Mais t’avais tellement l’air d’en avoir rien à foutre… T’as même pas pris la peine de te pointer à son enterrement. » Elle haussa les épaules. « J’avais plus envie d’avoir quoique ce soit à faire avec tout… ça. D’ailleurs t’es quoi exactement, une espèce de baronne de la drogue ? » La question subsistait dans son esprit depuis près de sept ans maintenant. « … Enfin laisse tomber. » Elle sortit son téléphone de son sac, vérifiant une énième fois si le réseau avait décidé de se rétablir. Evidemment que non.

Spoiler:

AVENGEDINCHAINS

When all has been said and all has been done
Raelyn Blackwell & @Leah Baumann

Je ne pensais pas retomber un jour sur Leah. En fait je ne pensais pas à Leah tout court, il faut dire. Pendant quelques jours, quelques semaines j’avais enragé de n’avoir aucun retour de sa part lorsque je la conviais à une soirée – agissant comme si rien de grave ne venait d’arriver – cela me faisait bouillir qu’elle ne prenne pas la peine de répondre aux appels téléphoniques que j’avais daigné passer, dans ma grande mansuétude. Pas parce que j’étais blessée, enfin si, ma fierté elle l’était mais pas mes sentiments, pas parce que je ressentais de la tristesse à voir mon amie s’éloigner de moi ni même parce que sa présence me manquait cruellement. Non, je n’étais pas ce genre de femme, et je sens dans son attitude vis-à-vis de moi aujourd’hui que Leah a compris, elle a mis le temps, mais elle a compris. Pourtant j’appréciais la jeune femme, elle m’amusait et je passais une bonne soirée en sa compagnie, comme j’aimais partager ces moments avec Shawn et Tobias et tous ceux qui les avaient précédés. Mais je n’étais pas du genre à me faire des amis, pas le genre de personne à créer une connexion profonde avec qui que ce soit. Non pas que les autres ne m’intéressaient pas, j’aimais au contraire apprendre à cerner un individu, comprendre ses motivations et ses désirs, mais m’en rapprocher au stade d’en devenir dépendante non. J’aimais trop jouer avec les gens pour me soucier de leur bien-être, de toute façon. « Pas du tout. » Elle bluffe Leah, et s’il y a quelque chose qui n’a pas changé chez elle c’est qu’elle ne sait pas mentir. Trop douce, trop honnête ou je ne sais quoi. Je sais ce qui l’a poussé à me tenir à l’écart, bien plus que mon attitude ce soir-là et mon insensibilité. Non, c’était ce que j’arrivais à faire d’elle qui lui faisait peur, je parie même qu’elle n’était plus capable de se regarder dans un miroir après tout ça. Je lui adresse un sourire et lève les yeux au ciel sans répondre, mais lui faisant pour autant comprendre que je ne suis pas dupe. Pas même une seconde à vrai dire. « Arrête de prétendre qu’on a un jour été amies, s’il te plait. » Ah la grande question. Avions-nous ou n’avions-nous pas été amies ? Nous l’étions, en tout cas pour moi nous l’étions, elle était certainement ce qui s’en rapprochait le plus en tout cas. Alors certes, je n’aurais pas levé le petit doigt pour la sortir de la merde si cela impliquait de me mettre mes propres intérêts en péril, mais est-ce que cela avait la moindre importance ? Pour elle surement, qui avait dû grandir dans un monde d’héroïne Disney et de beaux contes avec des gens prêts à tout donner pour les gens qu’ils aimaient.

Que cela soit clair, il n’y a qu’une seule personne sur cette planète pour laquelle je serais prête à tout, et Leah l’avait en face d’elle en ce moment même. Alors non, je n’en étais pas au stade des bracelets d’amitié, mais j’appréciais la jeune femme, à ma manière. Mais aujourd’hui, tout ça ne revêtait pas de la moindre importance à mes yeux. Loin des yeux loin du cœur comme on dit, et dans mon cas, Leah était ressortie aussi vite qu’elle était arrivée. Avec un peu plus de classe, je l’espérais tout du moins, que ces soirées passées en ma compagnie ne lui aient pas apporté que du négatif. « Tu me blesses profondément. » Bon en fait j’avoue tout, non. Mais le sourire narquois que je lui adresse en dit long à ce sujet. Et la phrase que je rajoute également. « Un claquement de doigts et tu me mangeais dans la main pourtant, dans l’espoir de t’attirer mon amitié. » J’en rajoute je le sais, mais il n’empêche que j’avais de Leah le souvenir de la jeune fille sympathique et sage qui irradiait de bonheur d’avoir le privilège d’appartenir à un groupe comme le mien. Je l’ai chauffée en tout cas la demoiselle, puisqu’elle décide sans préavis de me cracher son venin au visage, alors que je n’ai rien demandé à personne. « Je m’échauffe là. » J’espère, parce que j’attends quelque chose d’un peu plus original la prochaine fois. Qu’elle active son cerveau et me traite d’autre chose que salope puisque pour le coup pour celui-ci, elle a été devancée à plusieurs reprises. Les femmes entre elles, décidément si cruelles. « C’est vrai, excuse-moi. Tu m’en voudras pas, j’me suis toujours dis que t’aurais plutôt été du style à le voler ce short au sans domicile, mais bon… Les préjugés ont la vie dure. » Alors là, je suis outrée. Déjà parce qu’elle sait que j’ai beaucoup trop de classe pour faire ce genre de chose, et ensuite parce qu’elle connait mon goût pour le luxe et les belles choses. Je lui adresse un léger rire et ne réponds pas à la provocation. C’est gratuit, et pendant une seconde j’ai le sentiment qu’elle cherche à inverser les rôles. Te fatigues pas Leah, je pratiquais le sarcasme et la moquerie gratuite avant que tu ne perdes ta virginité. « Au moins ça m’évite de faire ça avec n’importe qui ayant peut-être une saloperie, mais bon comme on dit, on tend à aller vers ceux qui nous ressemblent… » Sachant qu’elle était allée vers Tobias, qu’est-ce que cela nous dit donc d’elle. Secouant la tête, un peu désabusée j’ouvre mon sac pour en tirer mon téléphone et regarder si je capte quoi que ce soit. Deux belles barres de réseaux, parfait, je pourrais nous sortir d’ici le moment voulu. Je suis tentée de le faire, pour abréger nos souffrances à toutes les deux, mais mue par une curiosité concernant la tournure que les choses peuvent prendre, je range mon téléphone dans mon sac en silence, avant de relever les yeux vers elle. « Tu veux dire entre le moment où j’ai tiré la sonnette d’alarme en demandant si il avait pas trop forcé sur tes pilules ou celui où ton homme de main est venu fouiller son corps et nous inventer un alibi ? » Je penche la tête, attentive et comme interloquée, et la laisse continuer, puisqu’elle semble être partie sur une bonne lancée. « Je suis pas débile, je sais bien qu’appeler les flics nous auraient mis dans la merde. Mais t’avais tellement l’air d’en avoir rien à foutre… T’as même pas pris la peine de te pointer à son enterrement. » Ce coup-ci je ne peux m’empêcher de laisser yeux se lever au ciel. C’est donc ça ? Elle est déçue que je ne me sois pas habillée de noir pour venir verser une petite larme pour son Tobias ? Je suis beaucoup de choses, mais pas hypocrite. « Qu’est-ce que tu veux que je te dise, le noir me va pas au teint. » Je me permet une petite remarque insolente – et injustifiée, je porte diablement bien le noir qu’on se le dise – avant de prendre l’air le plus sérieux du monde. « Tu penses qu’il m’en a voulu ? » Je préciserais bien le fond de ma pensée, du genre les funérailles sont pour les vivants, Tobias n’en avait plus rien à foutre de savoir si j’allais me pointer ou pas, mais c’est si cliché que je ne lui fait pas cet affront. Je redeviens finalement réellement plus sérieuse. « J’étais pas sa mère à Tobias. Shawn, lui et moi, nous étions tous des adultes responsables de notre propre consommation. » J’étais convaincue de ce que je disais, et en un sens surprise par ma soudaine pédagogie. « Tobias aurait pas versé la moindre larme si j’avais été à sa place et papa et maman auraient payé quelqu’un pour faire disparaître mon corps. Et je pense pas qu’il se soit formalisé de mon absence à ses funérailles. Mais félicitation à toi, d’avoir participé à la mascarade. Shawn était là ? J’espère que vous avez bu un verre à ma santé. » Parce que c'est ce que c'était, une mascarade. Leah comme Shawn savait très bien ce qu'il était arrivé à leur ami, et s'étaient quand même pointés là bas avec un air effaré sur le visage. Je sais très bien que Shawn y était, parce que les reproches qu’elle me faisait aujourd’hui quant à mon absence il me les avait fait il y a sept ans, avant que nos rapports ne se dégradent définitivement. Je savais que lui non plus n’avait plus la moindre nouvelle de Leah, il me l’avait confirmé avant que nos routes ne se séparent. Elle avait réellement décidé de nettoyer son carnet d’adresse, sans se soucier des dommages collatéraux. « J’avais plus envie d’avoir quoique ce soit à faire avec tout… ça. D’ailleurs t’es quoi exactement, une espèce de baronne de la drogue ? » J’esquisse un sourire amusé. Elle est pas loin de la vérité en fait, si seulement elle le savait. « … Enfin laisse tomber. » Dommage, j’aurais bien écouté les autres de ses théories. « Si je répondais à cette question je devrais me débarrasser de ton corps, et bon, comme j’ai compris que tu trouvais ça un peu insensible on va éviter. » Je croise les bras contre ma poitrine, et l’observe, toujours le même sourire amusé sur le visage. J’ai envie de voir jusqu’où je peux la pousser Leah, même sept ans après notre dernière partie du même jeu. Je jette un œil au panneau de l’ascenseur, probablement inchangé depuis les années 80, avant de relever les yeux vers Leah. « Bon et sinon quelqu’un t’attend chez toi et va se rendre compte de ta disparition où on est parties pour y rester la nuit ? La salope exhibitionniste aimerait bien vaquer à ses occupations. » Je mens, parce que je pourrais passer un coup de téléphone pour alerter quelqu’un, mais pour l’instant je profite sans vergogne de la situation.

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When all has been said and all has been done .

Ces retrouvailles impromptues commençaient vraiment à jouer sur les nerfs de la brune. Cet environnement était clairement le pire endroit possible pour une conversation avec Raelyn Blackwell. Leah était claustrophobe, enceinte et pas vraiment dans les meilleures conditions morales puisqu'elle venait de rompre avec le père de son enfant. Autant dire qu'elle aurait préféré être à cent milles lieues d'ici en cet instant, mais ça aurait sans doute été le cas même si elles n'étaient pas coincées dans un ascenseur en plein orage. Ce fameux soir, elle s'était juré de ne plus jamais refaire face à Rae, tant ce qu'il s'était passé l'avait traumatisée. Elle y repensait encore aujourd'hui même si elle n'avais jamais raconté à personne ce qu'il s'était passé. La blonde faisait vraiment office de fantôme du passé, revenue la hanter avec des souvenirs qu'elle s'efforçait d'oublier alors que sept longues années s'étaient pourtant écoulées. Le destin ou le karma avaient une drôle de façon de lui faire comprendre qu'elle avait merdé ce soir là. L'air mauvais, elle ne désirait accorder aucune attention à la jeune femme, mais c'était plus facile à dire qu'à faire lorsqu'on était coincé dans une si petite pièce. Et si Leah n'appréciait absolument pas ces retrouvailles, ça n'était pas le cas de Raelyn qui elle semblait beaucoup s'en amuser. Elle n'avait pas changé d'un pouce, toujours enfermée dans ses jeux malsains et dans sa provocation gratuite. La brunette savait pertinemment qu'entrer dans son jeu serait exactement ce qui lui procurerait satisfaction, elle s'efforçait donc de ne pas se laisser aller mais c'était... Compliqué. Leah n'était pas exactement maître de ses émotions ces derniers temps, et sans doute qu'on pouvait mettre ça sur le compte des hormones ou quelque chose du genre. Ou de sa rupture. Ou du fait que la personne qu'elle haïssait le plus en cette terre se retrouvait coincée avec elle dans un ascenseur. Allez savoir. La blonde s'amusait d'elle, prétendant qu'elle avait du mal avec le reflet qu'elle lui renvoyait, ce que la jeune femme choisi de nier en bloc. Même si une part de vrai subsistait sans doute. A l'époque, elle était méconnaissable; influençable, prête à tout pour briller. Une époque lointaine, qui lui revenait pourtant en pleine figure aujourd'hui. « Tu me blesses profondément. » Rétorqua Raelyn sur un ton qui sous-entendait qu'elle était touchée par les propos de Leah, à savoir qu'elles n'avaient jamais été amies. Encore une fois, c'était une façade, comme l'indiquait ensuite son sourire moqueur. « Un claquement de doigts et tu me mangeais dans la main pourtant, dans l’espoir de t’attirer mon amitié. » Loin de se laisser désarçonner, la brunette haussa les épaules en s'adossant à l'une des parois de l'ascenseur. "On appelle ça une erreur de jeunesse." La jeune femme avait bien du mal à conserver son calme, d'autant qu'elle commençait vraiment à avoir chaud. Et c'est après quelques piques savamment lancées par la brunette qu'elles observèrent à nouveau l'écran de leur téléphone respectif dans l'espoir d'y apercevoir des barres de réseau. Leah ne captait strictement rien, et apparement la blonde non plus puisqu'elle rangea elle aussi son portable dans son sac. Elles étaient tributaires des secours, autant dire que ça allait prendre une éternité. Après quelques secondes de silence salvateur, Raelyn reprit sur un ton plus calme, moins agressif et surtout, teinté de curiosité. Elle voulait connaître la raison de toute cette rancoeur, et Leah se fit un plaisir de le lui expliquer. Entre ce qu'ils avaient fait du corps de Tobias et le fait qu'elle ne s'était même pas pointée à l'enterrement de son ami, les laissant Shawn et elle gérer seuls le flot d'émotions qui les tenaillait à l'époque, Leah avait de quoi lui en vouloir. « Qu’est-ce que tu veux que je te dise, le noir me va pas au teint. » Un rire froid s'échappa des lèvres de la brunette face à l'insensibilité dont Rae faisait une nouvelle fois preuve. Etait-elle étonnée? Pas vraiment. A quoi s'attendait-elle après tout? A des remords? La bonne blague. « Tu penses qu’il m’en a voulu ? » Leah secoua ses boucles brunes pour toute réponse, blasée de cette conversation qui tournait en rond à ses yeux. L'ironie était flagrante, les morts ne parlaient pas. Peu importe, c'était pour ceux qui restaient qu'il fallait être présent, un concept qu'elle ne comprendrait sans doute jamais. « J’étais pas sa mère à Tobias. Shawn, lui et moi, nous étions tous des adultes responsables de notre propre consommation. Tobias aurait pas versé la moindre larme si j’avais été à sa place et papa et maman auraient payé quelqu’un pour faire disparaître mon corps. Et je pense pas qu’il se soit formalisé de mon absence à ses funérailles. Mais félicitation à toi, d’avoir participé à la mascarade. Shawn était là ? J’espère que vous avez bu un verre à ma santé. » Les propos de Raelyn n'étaient pas dénués de sens, mais son insensibilité venait gâcher la moindre parcelle de lucidité qui teintait ses paroles. "De toute façon ça ne sert à rien de revenir sur le passé, ce qui est fait est fait. Tant mieux pour toi si t'arrives à vivre sans problème avec ça sur la conscience Raelyn. Excuse-nous si on a pas tous un trou béant à la place du coeur." Lança-t-elle en relevant le menton dans sa direction, avant de secouer à nouveau la tête. Pressée d'éluder le sujet Tobias, elle s'avança en demandant à la blonde dans quoi elle trempait exactement, l'imaginant sans peine dans un épisode de Narcos version Brisbanienne. « Si je répondais à cette question je devrais me débarrasser de ton corps, et bon, comme j’ai compris que tu trouvais ça un peu insensible on va éviter. » "A ce stade, je saurais même plus dire si tu plaisantes ou pas."Soupira la brunette en se laissant glisser le long de la paroi métallique, jusqu'à arriver au sol où elle prit place, entourant ses genoux de ses bras. Elle n'avait pratiquement rien mangé depuis des jours, la gorge serrée par la dispute qui avait sonné le glas de la fin de son histoire avec Stephen. Sa respiration devenait légèrement plus saccadée, la panique prenant peu à peu le contrôle. Être enfermée aussi longtemps la mettait dans un état de détresse qu'elle contrôlait difficilement. « Bon et sinon quelqu’un t’attend chez toi et va se rendre compte de ta disparition où on est parties pour y rester la nuit ? La salope exhibitionniste aimerait bien vaquer à ses occupations. » Un mince sourire étira les lèvres de Leah alors que Rae s'appelait elle-même salope exhibitionniste. Elle avait toujours le même second degré, on ne pourrait pas lui enlever ça. "Non, personne ne m'attend ce soir. On devra compter sur ton plan cul de la soirée pour nous sortir de là. Sauf si il t'a déjà oubliée." Lâcha-t-elle en haussant les épaules, faisant mine d'observer ses mains en ignorant royalement Raelyn. Une vaine tentative de camoufler son état de panique croissant.

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Leah semble avoir nourri une rancune indéniable envers moi avec le temps, sans que je ne sois trop capable d’en comprendre l’origine. Oui, me côtoyer est une épreuve exigeante, surtout dans mes jeunes années, tant je pratiquais le sarcasme comme une langue maternelle et si on prenait en compte ma propension à tester les limites en allant, non pas titiller mes amis, mais bel et bien appuyer là où la douleur était la plus vive. Je ne suis pas de celles qui ménageaient, celles qui mentent pour épargner leur interlocuteur, ni de celles qui frottent le dos où prêtaient une oreille attentive lorsqu’il s’agissait de réconforter. Mes pseudo amitiés de l’époque étaient globalement toutes gérées sur le même mode : pas de prise de tête, beaucoup de piques lancées, et un intérêt qui de mon côté ne perdurait que si la personne en face avait le répondant nécessaire pour que je ne l’écrase pas d’un coup de talon. J’avais cru voir ça en Leah, mais vraisemblablement je m’étais trompée. C’était à mes yeux la seule explication possible. Après l’événement regrettable elle s’était complètement coupée de moi, comme si la chose l’avait choquée ou lui avait révélé qui j’étais réellement. Je ne m’en étais pourtant jamais cachée, n’avait jamais tenté de me faire passer pour une autre, et je ne sais pas si elle avait été trop aveuglée pour ne pas s’en rendre compte ou si au contraire elle m’avait diabolisée après cette soirée, mais le résultat était le même : elle s’était effondrée, et avait décidé que de couper tout contact avec chacun d’entre nous. Mais je la connais assez pour savoir que la haine qu’elle avait développée m’était réservée. Tant mieux, j’ai toujours préféré ça à l’indifférence, et ce soir en me méprisant si ouvertement, elle notifie au moins que j’ai eu un impact sur sa vie, même si elle semble vouloir me faire croire le contraire. « On appelle ça une erreur de jeunesse. » On appelle ça comme tu veux, tant que je lis dans tes yeux ce que j’y lis à présent. Du mépris, mais des regrets également. De la honte, puisqu’à travers moi c’était bien celle qu’elle était il y a sept ans qu’elle hait profondément, je n’étais que le reflet de tout ça. Un reflet bien vivant et déterminé à se rappeler à elle. « Merci du compliment. » Alors que je lui répond en lui adressant un sourire provocateur, je ne pourrais pas être plus égale à moi-même. A celle que je suis autant qu’à celle que j’étais à l’époque.

Elle dit me reprocher mon attitude après le drame, mon indifférence, la façon froide dont j’ai géré les choses. Pourtant je sens qu’au-delà de ça c’est toute notre amitié qu’elle a remise en question. Mon attitude envers mes prétendu « amis », ma consommation excessive et ma propension à pousser à la consommation, celle que j’étais et qu’elle semblait pourtant avoir apprécié. Le drame lui avait certainement ouvert les yeux, puisque tout ça je ne m’en étais jamais cachée. Je suis beaucoup de chose, mais pas une habituée aux faux semblants. « De toute façon ça ne sert à rien de revenir sur le passé, ce qui est fait est fait. Tant mieux pour toi si t'arrives à vivre sans problème avec ça sur la conscience Raelyn. Excuse-nous si on a pas tous un trou béant à la place du cœur. » Pourquoi cet empressement à balayer le sujet, la mettrait-il mal à l’aise ? Un trou béant à la place du cœur, c’est donc comme ça qu’elle me voit. Je ne peux pas le lui reprocher, pas en étant honnête avec moi-même. Je suis cartésienne à un point qui en devient choquant pour la plupart des gens, j’arrive à tout rationnaliser mais n’ai jamais pensé qu’il soit mal de penser ainsi. A mes yeux, cela me rend simplement plus intelligente, ou en tout cas plus forte que tous les autres qui se laissent dicter par leurs sentiments. J’ai détesté cette impression de sombrer, quand après m’être autorisée à aimer vraiment pour la première fois on m’avait arraché le cœur. Alors oui, j’ai un cœur, mais il s’est ratatiné sur lui-même avec le temps, devenant sec et froid, ce qui rend aujourd’hui à mes yeux d’autant plus précieux les individus capables de me toucher et m’atteindre. Mais Leah a raison sur un point : elle n’en a jamais fait partie. Elle a atteint ma fierté et mon amour propre, mais elle n’est pas de ceux capable de me frapper en plein cœur. « Ça ne sert à rien de revenir sur le passé, pourtant la haine que tu sembles nourrir pour moi me semble belle et bien d’actualité. » C’est un constat, plus qu’une plainte ou un reproche. Les années ont passées et nous avons évolué, il est impossible de revenir en arrière et même si j’en avais eu envie je ne m’y serais pas évertuée. « Et t’en fais pas pour ma conscience, elle supporte bien plus que ce genre de broutille, et je dors sur mes deux oreilles la nuit. » Ce n’est pas tout à fait vrai. Je ne fais aucun cas de conscience de tout ce que j’ai fait et de tout ce dont j’ai été témoin, mais je n’ai pas assez côtoyé la mort pour que celle de Tobias ne soit qu’une banalité à mes yeux. Pas directement en tout cas, puisque je ne cille jamais en apprenant ou comprenant que Mitchell l’a donnée, mais dans la mesure du possible il évite de le faire sous mes yeux. « A ce stade, je saurais même plus dire si tu plaisantes ou pas. » Je lui adresse un regard assez indéchiffrable avant de lui répondre. « Je n’ai jamais été plus sérieuse. » Mensonge encore. Ou plutôt semi mensonge une fois de plus. Bien sûr que je ne vais pas la tuer parce qu’elle soupçonne mes activités. Tant qu’elle ne se met pas à creuser où à fouiller, elle est globalement en sécurité. Mais le Club n’aime pas les fouines ou les balances, elle s’est tenue à distance de moi toutes ces années et a raison de continuer à le faire aujourd’hui. Elle se laisse glisser au sol, et je baisse les yeux vers elle, ne souhaitant pas la lâcher du regard, comme si d’une façon ou d’une autre cela augmentait l’emprise que je peux avoir sur elle dans cette situation qui semble tant source de stress pour elle.

Mue par une certaine curiosité, j’utilise le prétexte d’un potentiel secours pour tenter d’en apprendre plus sur la femme qu’elle est devenue. Parce que j’ai beau tenter de ranimer les vieilles blessures du passé, je sais que je ne connais pas la Leah que j’ai en face de moi. Pas entièrement en tout cas, puisqu’on ne change pas, pas totalement j’en suis persuadée, mais il suffit d’un regard sur la brune pour savoir qu’elle a évolué. « Non, personne ne m'attend ce soir. On devra compter sur ton plan cul de la soirée pour nous sortir de là. Sauf si il t'a déjà oubliée. » Oh, donc madame parfaite et irréprochable n’a pas trouvé de monsieur parfait ? J’ai envie d’enfoncer le clou dans la blessure, mais je me retiens parce que… Oh non, oups, en fait je ne me retiens pas. « Cendrillon n’a donc pas trouvé son prince charmant ? Je verserais presque une larme, enfin tu sais, si je n’avais pas un trou béant à la place du cœur. » J’essuie une larme imaginaire qui aurait roulé au coin de mon œil dans un geste théâtral, avant de continuer sans lui laisser le temps de m’interrompre, mes yeux toujours baissés sur elle. « C’est ça qui te met dans cet état ? Faut pas, j’ai toujours pensé que t’étais plus faite pour finir tes jours derrière ton bar miteux que pour fonder une famille. Alors souris un peu ma douce, félicitations, tu m’as donné raison. » Drôle de raison pour féliciter quelqu’un, cela va de soi. Ce n’était même pas vrai en plus, juste… gratuit. Du grand Raelyn. « Et personne ne m’oublie, t’en fais pas pour moi. Mais avec le début de soirée que je viens de lui faire passer, il va lui falloir un peu de temps pour s’en remettre. » Bon ok, on n’était pas encore passés aux festivité. Mais j’étais une femme bien trop indépendante pour qu’on se fasse du souci à mon sujet au bout de dix minutes. « Charmant ton voisinage en tout cas. Je te donnerai son nom pour, tu sais. Enfin au cas où quoi. » Je lui adresse un sourire, décroisant mes bras pour appuyer mes coudes contre la barre en fer qui court sur tous les murs de l’ascenseur.

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Leah avait beau lui dire ce qu'elle pensait, cracher son venin à son égard, ses paroles semblaient rebondir sur Raelyn qui n'en avait cure de ce qu'elle disait. Pire, elle semblait apprécier. Quelle personne normalement constituée parvenait à prendre des insultes pour des compliments? Une sociopathe, sans doute. Pourtant, la jeune femme avait du mal à voir la blonde sous cet angle. Elle avait beau l'avoir démonisé durant toutes ces années, elles avaient tout de même vécu de bonnes soirées avant que tout ne s'effondre cette nuit-là. Elle avait sûrement apprécié la côtoyer car elle n'avait jamais vraiment fait les frais de la méchanceté gratuite dont Rae pouvait parfois - souvent - faire preuve quand une personne l'ennuyait ou ne se comportait pas exactement comme elle en avait envie. « Merci du compliment. » Et voilà. Elle la qualifiait d'erreur, et elle trouvait le moyen d'aimer ça. Leah comprenait son petit jeu, voyait clair en elle. C'était sa façon à elle de la faire tourner en bourrique, de lui mettre les nerfs, encore plus qu'elle ne les avait déjà à l'idée de devoir tenir une conversation avec elle alors qu'elles étaient coincées dans ce stupide ascenseur. La provocation se lisait encore une fois dans son sourire, et Leah leva les yeux au ciel en évitant de rentrer une nouvelle fois dans son jeu. Si les choses n'étaient pas si différentes à l'heure actuelle, elle aurait pu confondre cet instant avec ceux qu'elles partageaient autrefois, même si le ton était tout de même plus amical qu'en cet instant. Leah estimait avoir changé depuis lors, pourtant Raelyn avait le don de la reprojeter tout droit à cette époque où elle était encore un adolescente naïve et ayant désespérément envie de plaire et de briller. Secouant la tête, elle choisi de se dérober en lui expliquant que ressasser le passé ne servait plus à rien à ce stade. Mais la blonde ne semblait pas du même avis, comme elle ne tarda pas à le lui faire remarquer. « Ça ne sert à rien de revenir sur le passé, pourtant la haine que tu sembles nourrir pour moi me semble belle et bien d’actualité. » Elle n'avait pas tord. Utiliser le mot haine semblait un peu fort après coup, mais la brunette avait été réellement déçue par le comportement réfrigérant de Raelyn ce soir là. Et par tout ce qui avait suivi. Elle avait peu à peu déchanté et elle avait préféré fuir ce monde qui l'aurait dévorée toute crue si elle s'était acharné à y rester. Leah soupira un peu, se disant qu'une vraie conversation exempte de piques pourrait peut-être l'apaiser, elle aussi. Elle n'arriverait jamais à être en paix avec ce qu'il s'était passé ce soir là, mais aller au bout des choses avec Raelyn était peut-être un passage nécessaire pour qu'elle puisse avancer et faire le deuil de tout ça. Ou alors le destin se foutait clairement de sa gueule, et elles allaient finir par s'étriper. C'était l'un ou l'autre. "T'as bu un café comme si de rien était alors qu'il se tenait mort à quelques mètres de toi. T'as agis comme si il ne représentait rien, comme si c'était une vulgaire poupée de chiffon dont il fallait disposer pour pas se faire coincer." Le manque de compassion et d'humanité de Rae la révoltait, même si elle savait que ça avait été nécessaire pour qu'ils ne finissent pas tous en tôle ce soir là. "J'imagine que j'avais cru voir quelque chose en toi qui a disparu au moment même où tu t'es transformée en reine des glaces en voyant son corps." Elle haussa les épaules, prête à subir les railleries de la blonde en entendant ses paroles. Elle allait la qualifier de Blanche-Neige naïve ou d'autres comparaisons du genre, mais soit. Au moins, elle n'était plus aussi vite touchée qu'elle aurait pu l'être à l'époque, un mur solide s'était installé autour d'elle aussi. « Et t’en fais pas pour ma conscience, elle supporte bien plus que ce genre de broutille, et je dors sur mes deux oreilles la nuit. » Ce genre de broutille? Un rire s'échappa des lèvres de la brune. "Tu vois Raelyn, tu qualifies la mort de quelqu'un avec qui tu passais tes soirées de "broutilles". Et après tu t'étonnes vraiment que je réagisse comme ça? Je sais pas ce qu'il t'es arrivé dans la vie pour que tu sois aussi dénué de conscience, mais ça me fait de la peine pour toi." Même si elle au moins dormait sur ses deux oreilles, comme elle le disait si bien. Cherchant à savoir vaguement dans quoi trempait Raelyn, cette dernière lui signifia que si elle l'apprenait elle devrait mettre fin à ses jours. Ce à quoi la brune rétorqua qu'elle ne savait même plus ce qu'elle devait prendre pour une plaisanterie, à ce stade tout était possible avec elle. « Je n’ai jamais été plus sérieuse. » A nouveau, la brunette ricana avant de se laisser glisser le long de la paroi de l'ascenseur. Si elle restait sur ses jambes, elle n'allait pas tarder à vaciller. Son souffle était court et elle avait du mal à ne pas céder à la panique. "Tu essaies de me faire peur là? Non parce que c'est pas trop ça là." Répliqua-t-elle sans sourciller, sans se laisser démonter par le regard perçant de Raelyn. Celle-ci lui demanda si quelqu'un viendrait bientôt la secourir, ce à quoi elle répondit - sans doute pour le plus grand plaisir de Rae - que personne ne l'attendait. Ses pensées allèrent tout droit vers Stephen et un pincement au coeur se fit ressentir. « Cendrillon n’a donc pas trouvé son prince charmant ? Je verserais presque une larme, enfin tu sais, si je n’avais pas un trou béant à la place du cœur. » La jeune femme fit mine de s'essuyer une larme, tirant un sourire à une Leah qui ne se sentait même plus atteinte par les piques de la blonde tant la sensation d'oppression de sa claustrophobie prenait le pas sur le reste. « C’est ça qui te met dans cet état ? Faut pas, j’ai toujours pensé que t’étais plus faite pour finir tes jours derrière ton bar miteux que pour fonder une famille. Alors souris un peu ma douce, félicitations, tu m’as donné raison. » Leah haussa un sourcil amusé, et ne put résister au plaisir de lui donner tord même si dans les faits la future famille avait volé en éclat avant même d'exister. "En fait je suis claustrophobe. C'est ça qui me met dans tous mes états. Ah et je suis enceinte aussi, donc tu vois... Et puis j'ai arrêté de travailler à ce bar miteux... T'es plutôt nulle comme voyante Raelyn, j'suis déçue." Elle ne se démontait pas et savait pertinemment qu'elle donnait d'autres armes à la blonde pour se moquer d'elle, mais elle s'en fichait. Cette conversation représentait sa seule distraction pour ne pas sombrer dans une crise de nerfs sans précédent et se mettre en position latérale de sécurité en pleurant jusqu'à ce que quelqu'un ne viennent les secourir pour de bon. « Et personne ne m’oublie, t’en fais pas pour moi. Mais avec le début de soirée que je viens de lui faire passer, il va lui falloir un peu de temps pour s’en remettre. » Un nouveau sourire vint étirer les lèvres de la brunette. "Je vois que prendre de l'âge ne t'empêche pas de garder le niveau, c'est bien pour toi." Lança-t-elle en hochant la tête avec une sincérité feinte, laissant sa spontanéité renvoyer la balle à Rae avec un naturel exaspérant. « Charmant ton voisinage en tout cas. Je te donnerai son nom pour, tu sais. Enfin au cas où quoi. » Leah s'étira quelque peu avant de pencher la tête sur le côté. "Merci, mais j'évite les restes, tu m'en voudras pas." Une lueur amusée brillait dans ses yeux tandis qu'elle soutenait le regard de Raelyn.

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Moi aussi je pensais avoir vu quelque chose en Leah a l'époque. Lorsque dans ce couloir mal éclairé j'avais croisé la demoiselle en sortant des toilettes de la boite de nuit, j'avais eu envie de lui laisser sa chance, de la laisser mettre un orteil dans mon monde. Tout en elle criait qu'elle était prête à tout pour en faire partie, pour toucher du doigt l'univers dans lequel j'évoluais, et ça m'avait plu. Dans ma quête de partenaires de soirées que je peux transformer en jouets, mais en jouets qui ont du répondant et ne font pas que s'écraser devant moi, ça m'avait plu, et pendant quelques semaines, quelques mois, j'avais adoré jouer avec Leah. Elle prenait la confiance parfois, dépassait les bornes – à mon sens – à certaines reprises, mais jamais elle n’avait commis l’impardonnable impair de m’ennuyer, et c’était ce qui importait le plus aux yeux de la jeune femme en quêtes de sensations, en quête de soirées lui permettant de se retourner la tête que j’étais. Oui, j’avais cru voir quelque chose chez elle, mais sa sortie précipitée de ma vie m’avait persuadée que je m’étais trompée. Qu’elle n’était rien de plus qu’une jeune fille avide de briller et d’être vue aux côtés de gens plus cool qu’elle, mais qui au fond aspirant à une vie calme, avec le petit ami parfait, la belle maison côtière et une grande famille. Tout ce qui me donnait envie de me faire exploser la cervelle. Aujourd’hui trop d’années avaient passé, nous avions trop changé pour être autre chose que des inconnues partageant une rancune commune, bien qu’un peu plus prononcée de son côté. Il n’y avait plus rien à sauver dans notre relation, et cela tombe bien, je n’avais rien envie de sauver. J’avais envie de provoquer, comme toujours en fait. « T'as bu un café comme si de rien était alors qu'il se tenait mort à quelques mètres de toi. T'as agis comme si il ne représentait rien, comme si c'était une vulgaire poupée de chiffon dont il fallait disposer pour pas se faire coincer. » Je lève les yeux au ciel, dans une parfaite imitation de la connasse insensible que je suis. Tant pis si je lui donne raison, tant mieux si ma façon de gérer les choses lui a déplu. « J'imagine que j'avais cru voir quelque chose en toi qui a disparu au moment même où tu t'es transformée en reine des glaces en voyant son corps. » Je secoue la tête, comme excédée par la discussion. « On t’a jamais dit que tout le monde avait une façon différente de faire son deuil ? » Encore une fois ce n’est rien de plus que de la provocation. La peine immense, l’incapacité de faire face après la perte de quelqu’un je l’ai déjà vécue. Mais pas pour Tobias, Tobias était une perte regrettable, mais qui ne m’a jamais secouée. « Je pense que tu te dis ça pour te rassurer, que t’as cru voir quelque chose en moi que je n’étais pas. Je pense qu’au fond t’as toujours su qui j’étais, mais que t’as préféré te voiler la face pour alléger ta conscience. » Du genre Oh grand dieu non je ne savais pas à qui j’avais affaire, si j’avais su jamais je ne me serais laissée attirer du côté obscur. Foutaise. « Mais si ça peut t’aider à dormir la nuit… » Je n’étais plus à ça près. « Tu vois Raelyn, tu qualifies la mort de quelqu'un avec qui tu passais tes soirées de "broutilles". Et après tu t'étonnes vraiment que je réagisse comme ça ? Je sais pas ce qu'il t'es arrivé dans la vie pour que tu sois aussi dénué de conscience, mais ça me fait de la peine pour toi. » Pour le coup mon sourire disparait de mon visage quelques secondes, avant de réapparaitre. Quelques secondes pendant lesquelles j’apparais certainement comme plus vulnérable, plus ébranlée, avant de me reprendre. « Si imaginer que j’ai vécu un traumatisme pour être celle que je suis aujourd’hui te permet de continuer à vivre dans ton conte de fées, fais donc. » Mais c’est vrai. J’ai toujours manqué de sensibilité, toujours eu peu d’empathie, mais c’est la mort d’Aaron qui a fini de me transformer en la reine des glaces comme elle le dit. Sauf que ça, ce ne sont pas ses oignons.

Elle fait la courageuse, après m’avoir prêté une vie semblable à celle du Parrain. Si elle m’a semblé plutôt lucide lorsqu’elle a fait sa supposition, la suite relève un peu plus de la provocation pure et simple. « Tu essaies de me faire peur là? Non parce que c'est pas trop ça là. » Je laisse échapper un sourire mais ne rebondit pas. Parce qu’elle a pas besoin de savoir à quel point elle n’est finalement pas si loin de la vérité en me prêtant une vie de mafieuse, et parce qu’au fond, ça me chagrinerait de la voir disparaitre Leah. Ouais, au moins trente secondes en tout cas. Il vaut mieux pour elle qu’elle reste dans l’ignorance et ne s’approche pas trop de moi, en fait. Qu’elle oublie cette rencontre fortuite, et finalement, j’ai peu de doute sur le fait que c’est ce qu’elle va faire. « En fait je suis claustrophobe. C'est ça qui me met dans tous mes états. Ah et je suis enceinte aussi, donc tu vois... Et puis j'ai arrêté de travailler à ce bar miteux... T'es plutôt nulle comme voyante Raelyn, j'suis déçue. » Ca donc, madame parfaite est enceinte. « Quelle drôle d’idée. » Cette dernière phrase m’échappe, sans que je n’ai le temps de la préméditer pour appuyer là où ça fait mal. C’est peut-être même la chose la plus honnête que je lui dit ce soir, tant la maternité est un concept que je ne sais pas, et ne saisirais certainement jamais. Je laisse ça aux romantiques, aux femmes qui ont besoin de remplir la vie d’encore plus de cet amour étouffant, quand j’aime me faire croire que des hommes de passages me suffisent, sans m’avoue que je n’ai pas réellement vibré depuis onze ans. « Je te fais peut être de la peine, mais je ne suis pas celle de nous deux qui va se retrouver à élever un enfant dans un appartement minable, et sans personne qui l’attend le soir quand elle rentre chez elle. » En fait, je n’élèverai jamais d’enfant du tout, mais ça c’est un détail. Pour le coup j’appuie volontairement là où je devine que cela fera mal. Si personne ne l’attend c’est que cet enfant, elle va l’élever seule ? Le père est-il un type de passage, ou bien quelqu’un qui n’est plus dans les parages ? Je n’en sais rien, mais dans le doute je choisis quand même l’option la plus blessante, question de principes. « En même temps, je pense que je me serais barrée aussi si j’étais condamnée à me réveiller à côté de toi pour le restant de mes jours. » Un sourire mauvais sur les lèvres, je n’ai pas su me retenir. Mais c’est elle après tout, qui a lancé les hostilités et noms d’oiseaux. Elle veut jouer à la connasse ? Tant pis pour elle, elle va perdre. « Merci, mais j'évite les restes, tu m'en voudras pas. » Sur le même ton et avec le même regard amusé, je lui répond du tac au tac. « Dommage pour toi, j’aurais pu lui apprendre deux ou trois trucs. » C’est officiel. Nous sommes deux gamines.

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Cette rencontre semblait être propice à une nostalgie plutôt malsaine des deux côtés. Après tout, leur relation avait toujours eu des bords assez flous et encore aujourd’hui Leah se demandait si elles avaient jamais été réellement amies. Pas de confidences, pas de moments passés toutes les deux à vraiment parler de tout et de rien… Simplement des sorties en boîtes à graviter dans la stratosphère de Raelyn Blackwell et de sa bande. Aujourd’hui, plus rien ne les reliait, si ce n’est ce stupide secret. Et quel secret… Camoufler la mort d’un ami et se taire sur les circonstances de celle-ci était plutôt intense, et si pour Leah le fardeau de cette nuit-là continuer de lui peser, la blonde quant à elle avait pratiquement l’air d’avoir déjà oublié, ou presque. Une nuit comme les autres dans la vie de Rae, après tout. C’est l’impression qu’elle donnait en tout cas. Et c’est précisément ce que la brunette lui reprochait, même si ses explications semblaient couler sur son interlocutrice. Elles l’amusaient, même. « On t’a jamais dit que tout le monde avait une façon différente de faire son deuil ? » L’air dépité, la jeune femme semblait une nouvelle fois lui faire la leçon, presque comme pour lui faire comprendre que c’est elle qui était dans l’erreur et que la façon de réagir de Rae frôlait la normalité, selon Freud ou quiconque ayant pondu la moindre thèse sur le deuil. Ben voyons. Leah se retint une nouvelle fois de lever les yeux au ciel, exaspérée par le détachement de la blonde. « Ah, tu faisais déjà ton deuil. Autant pour moi. » Elle secoua la tête, l’ironie de sa voix était palpable et elle releva le menton dans sa direction quand celle-ci reprit la parole. « Je pense que tu te dis ça pour te rassurer, que t’as cru voir quelque chose en moi que je n’étais pas. Je pense qu’au fond t’as toujours su qui j’étais, mais que t’as préféré te voiler la face pour alléger ta conscience… Mais si ça peut t’aider à dormir la nuit… » La brunette fronça les sourcils, plutôt interloquée par l’interprétation qu’avait Raelyn de toute cette histoire. Evidemment qu’elle se doutait qu’elle trempait dans des trucs pas nets… Passer sa vie à papillonner en soirée, connaître les patrons de tous les clubs, avoir un appartement comme le sien à son âge… Mais Leah pensait qu’elle dealait de la drogue ou quelque chose du genre. Elle en avait toujours à portée de main, et s’il est vrai que la brune avait décidé de fermer les yeux sur ses activités à l’époque, elle était tout de même loin de se douter que ça allait bien plus loin que ça. Du genre « J’ai le numéro d’un type qui peut nous débarrasser du cadavre dans le salon. » Il ne s’agissait donc pas là d’un quelconque voilage de face, simplement d’une fille un peu trop naïve qui avait continué à côtoyer une personne dont tous les signaux montraient qu’elle n’avait rien de bon en elle. « T’es à côté de la plaque Raelyn. Dès que j’ai vu de quoi t’étais capable, j’ai préféré m’éloigner. Mais ça, tu le sais déjà… » Elle lui adressa un petit sourire en abordant ce sujet qui avait sans doute dû faire tiquer la blonde à l’époque. Quelqu’un qui ne répondait pas à ses appels ni à ses messages… ça ne devait pas lui arriver régulièrement. Non pas que Rae se soit attardée à la harceler un nombre incalculable de fois, elle avait très vite compris que ça n’aurait servi à rien. Continuant sur sa lancée, Leah s’avança en supposant que quelque chose de grave ou de traumatisant avait dû se passer pour qu’elle devienne une personne dénuée de sentiments. Cette remarque fit perdre son sourire à la blonde, ce qui fit penser à la jeune femme qu’elle avait sans doute touché – ou effleuré - un point sensible. « Si imaginer que j’ai vécu un traumatisme pour être celle que je suis aujourd’hui te permet de continuer à vivre dans ton conte de fées, fais donc. » La brune haussa les épaules en penchant la tête sur le côté. « Je vis pas dans un conte de fées, mais j’me dis que t’as pas pu naître comme ça. » Pas aussi malfoutue de l’intérieur. Elle haussa un sourcil tout en laissant son regard dériver vers son ventre, tout en se disant qu’elle espérait bien ne pas se retrouver enceinte d’une future mafieuse en devenir. Bien que l’avenir de ce petit pois semble plutôt incertain en cet instant. D’ailleurs en parlant de mafia, Leah s’aventurait à deviner dans quoi pouvait bien tremper Raelyn, même si elle avait une idée plutôt arrêtée sur la question. La blonde ne lui laissa pas le loisir de laisser ses pensées divaguer davantage puisqu’elle décida de lui faire une menace à peine voilée sur ce qu’il se passerait si elle venait à comprendre de quoi il en retournait. Etonnement, la brunette se doutait qu’il devait y avoir une part de vrai là-dedans… Pourtant, elle décida de ne pas se laisser impressionner et de continuer sur la même voie de l’ironie et de la moquerie. Un chemin emprunté également par Rae qui continua elle aussi à la provoquer, lui faisant ainsi avouer son état et sa phobie, récoltant par la même une réaction pour le moins étonnante de la part de son interlocutrice. « Quelle drôle d’idée. » Leah arqua une nouvelle fois un sourcil, surprise de ne pas s’en être pas pris plus de sa part. Elle était d’ailleurs plutôt d’accord avec elle sur le sujet, c’était effectivement une drôle d’idée. Qui ne venait pas d’elle pour le coup, mais bien d’un vilain coup du sort qui avait décidé de faire de sa vie un foutoir infernal. « Je te fais peut être de la peine, mais je ne suis pas celle de nous deux qui va se retrouver à élever un enfant dans un appartement minable, et sans personne qui l’attend le soir quand elle rentre chez elle. » Ah voilà. Leah était forcément touchée par ces paroles, même si elle n’en montra rien. Ce qui lui arrivait était bien trop récent pour qu’elle ne se sente pas blessée par ce que Raelyn venait de dire, même si cette dernière ignorait probablement la portée de ses paroles. Elle y voyait de la méchanceté gratuite alors qu’elle annonçait plutôt une douloureuse vérité. La brune ignorait de quoi le futur serait fait, mais en ce moment il lui apparaissait comme plutôt obscur. « Encore heureux que tu ne nous infliges pas ta progéniture par-dessus tout… De toute façon c’est tellement pourri là-dedans que je doute que tu sois capable de concevoir quoique ce soit. » Elle fronça le nez en observant le corps frêle et partiellement dénudé de son interlocutrice. Œil pour œil… « En même temps, je pense que je me serais barrée aussi si j’étais condamnée à me réveiller à côté de toi pour le restant de mes jours. » Un sourire trônait sur les lèvres de la blonde, un air satisfait sur le visage. Les yeux de Leah balançaient des éclairs, à défaut des larmes qu’elle réfrénait de toutes ses forces. Plutôt mourir que de perdre la face devant Rae. « Dixit celle qui a pas été foutue de garder qui que ce soit depuis toutes ces années… La plupart de ceux que tu ramènes dans ton lit doivent être là pour la drogue. C’est triste. » Un sourire sans joie étira ses lèvres à son tour tandis qu’elle rebondissait sur la proposition de la blonde quant à cet homme qui l’attendait là-haut. « Dommage pour toi, j’aurais pu lui apprendre deux ou trois trucs. » C’est qu’elle la prenait encore pour une sainte, depuis toutes ces années. « Rien que je ne sache déjà, arrête de te croire supérieure dans tout. » Elle fixait Rae avec froideur, concentrant son attention sur elle plutôt que sur ce qu’elle ressentait, à savoir ; un début de panique, des bouffées de chaleur et un tension plutôt vacillante. Cette situation commençait à accélérer son rythme cardiaque, et bien que leur joute verbale soit plutôt divertissante, elle n’enlevait en rien la gravité du contexte dans lequel elles se trouvaient ; coincées dans un ascenseur depuis ce qui semblait être des heures aux yeux de Leah. Evidemment, sa perception des choses devait être un peu à revoir au vu de sa claustrophobie. « Tu captes toujours rien ? » Demanda-t-elle en observant son propre téléphone, désireuse de sortir un jour de cette cage avant de sauter à la gorge de la jeune femme.

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When all has been said and all has been done
Raelyn Blackwell & @Leah Baumann

Est-ce que nous nous étions déjà appréciées ? En apparence oui, et je pense qu’à une époque nous le pensions aussi l’une et l’autre, elle peut être un peu plus sincèrement mais je n’étais pas en reste non plus. Nous étions un peu l’exemple parfait des "frennemies", amicales et agréables l’une avec l’autre mais rentrant souvent en opposition parce qu’à l’époque déjà nos caractères ne nous permettaient pas d’entretenir une amitié paisible, souvent en compétition aussi, surtout de mon côté. J’avais ce besoin de briller plus fort et plus que toutes les autres personnes, surtout que les autres femmes à vrai dire, et Leah l’avait rapidement compris, mais laissant la plupart du temps la place sous les projecteurs sans trop s’en formaliser, mais prenant à mon sens parfois plaisir à me faire enrager, parce qu’il suffisait de peu. Que l’attention soit sur elle plutôt que sur moi, qu’elle l’ait cherché ou non, ou que j’ai l’impression qu’elle cherchait à m’éclipser, et dans ces moments là j’étais à l’époque capable de devenir particulièrement mesquine, particulièrement humiliante, mais toujours avec le sourire et un ton chaleureux, pour donner l’impression de ne pas y toucher. Particulièrement vindicative aussi, et oubliant un peu les limites, comme celle soirée où pour quelques dizaines de minutes de retard j’avais laissé tomber par inadvertance la plus totale un cachet d’ecstasy dans son verre, parce que je m’étais sentie défiée, lésée, ou parce que j’avais l’impression qu’elle m’avait menti, je ne sais plus. Mais aujourd’hui s’il fallait décrire nos rapports je pense que la balance avant plus basculé du côté ennemies qu’amies, même si pendant toutes ces années nous avions finalement été des inconnues. « Ah, tu faisais déjà ton deuil. Au temps pour moi. » Je hausse les épaules, comme pour lui dire que je me fiche qu’elle y croit ou non, qu’il s’agit là de la plus stricte des vérités. Aheum. A quoi cela sert-il de se disputer pour un cadavre, ou plutôt pour un tas d’ossements à présent. « Toi par contre je pense que t’as besoin de voir un psy, j’ai bien l’impression que tu ressasses encore beaucoup tout ça. » Bon et est-ce qu’il s’agit là d’un si mauvais conseil ? Après tout, toute cette histoire n’a pas dû être facile à affronter, ça je veux bien le croire. Ce qu’il est arrivé c’est mon monde, pas mon quotidien non plus, mais mon univers malgré tout. Je veux bien croire que Leah ait eu l’impression que c’était trop, plus qu’elle ne pouvait gérer en tout cas.

« T’es à côté de la plaque Raelyn. Dès que j’ai vu de quoi t’étais capable, j’ai préféré m’éloigner. Mais ça, tu le sais déjà… » Encore une fois elle ne récolte qu’un haussement d’épaule. Parce que j’ai du mal à y croire, parce que je ne joue pas généralement, je ne prétends pas être quelqu’un d’autre que celle que je suis réellement. Alors certes si l’on me demande à quoi j’occupe mes journées je prétends bosser à la logistique dans une grosse boite de cosmétiques, mais au-delà de ça je ne porte aucun masque, et c’est mon vrai visage que Leah a vu pendant tous ces mois, pendant toutes ces soirées. Quand elle m’observait congédier violement des amies qui m’avaient juste irritées, quelle excuse me trouvait-elle ? Quand je jouais avec Shawn quand j’ai toujours joué avec tous les hommes ? Quand je les poussais à la consommation et la droguais même à son insu ? Elle veut juste s’amuser, c’est ça qu’elle se disait, mais qu’au fond j’étais une bonne personne ? « Et moi qui croyais que t’avais juste changé de numéro de téléphone. » J’ai été vexée, un temps certes, avant de passer à autre chose et oublier l’existence de la brune. « Je vis pas dans un conte de fées, mais j’me dis que t’as pas pu naître comme ça. » Et pourtant. Je l’observe pencher la tête, suffisante, comme si elle essayait de me déchiffrer. Comme si elle essayait de me provoquer surtout. Je lève les paumes vers le plafond, feignant l’innocence. « Et pourtant. » Si elle croit que c’est ce soir qu’elle en apprendra plus sur moi, mes fêlures et les choses qui m’ont endurcie, elle se fourre le doigt dans l’œil jusqu’au coude.

Blanche neige est enceinte donc, grand bien lui fasse. J’ai presque envie d’allumer à nouveau une cigarette, je n’y connais rien mais peut être qu’avec un peu de chance ça la débarrassera de ce problème. « Encore heureux que tu ne nous infliges pas ta progéniture par-dessus tout… De toute façon c’est tellement pourri là-dedans que je doute que tu sois capable de concevoir quoique ce soit. » Si elle pense me blesser ce coup-ci il n’en est rien. Je suis intimement et sincèrement persuadée que ne jamais, jamais, jamais avoir d’enfant est bien la meilleure chose qui puisse m’arriver. Qui puisse arriver à qui que ce soit. « Je touche du bois. » Je marque une pause, avant de reprendre, lui exposant mon sentiment quant à l’idée de la côtoyer pour l’éternité. « Dixit celle qui a pas été foutue de garder qui que ce soit depuis toutes ces années… La plupart de ceux que tu ramènes dans ton lit doivent être là pour la drogue. C’est triste. » Je serre la mâchoire un bref instant, parce que si je me complais dans les relations éphémères que j’entretiens avec les hommes, elle me renvoie à ma peur plus profonde de la solitude. « Et toi alors, élever un gosse seule c’était le but ultime dans ta vie ? » Je lui jette un regard mauvais, mais presque teinté de pitié. « Et t’en fais pas pour moi va, je te garantis qu’ils trouvent tout un tas d’autre raison et que chacun y trouve son compte. Tant qu’ils me foutent pas en cloque, tout va bien. » Et plus pour enfoncer le couteau dans la plaie plus que parce que je m’intéresse réellement à sa vie, j’ajoute. « Et du coup, t’as toujours pas compris le fonctionnement d’un préservatif ou bien le père s’est juste tiré après coup ? » J’espère qu’il s’agit de la seconde supposition, bien plus jouissive.

Et finalement il est question de performances après cette joyeuse joute verbale sur la grossesse et notre amabilité à chacune. Je me suis trompée en fait, nous ne sommes pas des gamines, mais bel et bien des adolescents jouant à celui qui a la plus longue. « Rien que je ne sache déjà, arrête de te croire supérieure dans tout. » Je la regarde dans répondre, une lueur de défiance dans les yeux. Bon elle en sait assez pour tomber enceinte, c’est déjà ça. Parce que ses amants à l’époque, j’en entendais souvent parler mais j’en voyais rarement la couleur. « Tu captes toujours rien ? » Je baisse les yeux vers mon téléphone et ses deux barres de réseaux, un air détaché sur le visage, avant de hausser les épaules. « Non. » Je relève les yeux vers elle. Je ne suis pas prête à mettre fin à tout ça en fait, le destin nous a enfermées dans un ascenseur sept ans après notre dernière rencontre, je compte bien en profiter pour m’amuser un peu. « T’as mieux à faire que de renouer avec une vieille amie ? » Je sais pas ce que ça fait une femme enceinte, après tout.

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Toutes ces années, Leah s’était efforcée de mettre cette nuit-là et ces souvenirs derrière elle, et jusqu’ici elle y était plutôt bien parvenue. Au début, des cauchemars venaient perturber ses nuits de sommeil et la brune avait bien cru à un moment qu’elle n’allait pas tarder à devenir folle. Cependant, pas une fois l’idée d’aller voir la police ne l’avait effleurée. Les choses étaient rentrées dans l’ordre par elles-mêmes et jamais une seule fois n’avait-elle entendu quelqu’un soulever des questions sur les circonstances de la mort de Tobias. Et comme si elle avait su que ces gens là ne rigolaient pas, elle s’était persuadée que tout irait bien et que tout était sous contrôle… Et c’était bel et bien ce qu’il s’était passé. La jeune femme avait fini par ne plus trop y penser, ne s’autorisant pas à repenser à cette époque de sa vie. Et peu à peu, tout était revenu à la normale… Son quotidien était redevenu celui d’une jeune femme fêtarde et insouciante, même si son esprit s’était retrouvé écorché par cet évènement funeste. Tout aurait pu rester ainsi, mais il avait fallu que le destin ne mette Raelyn sur sa route sept longues années plus tard, la replongeant ainsi dans des souvenirs qu’elle pensait pourtant avoir bien enfouis. Était-ce l’air narquois de la blonde qui lui rappelait ses provocations passées, ou encore son détachement face à la mort du jeune homme, Leah l’ignorait. Dans tous les cas, elle ressentait une profonde colère au contact de Raelyn, et elle n’aurait su dire si celle-ci était dirigée sur elle ou contre elle-même. La jeune femme avait décelé son trouble et s’en amusait, ce qui ne faisait qu’aggraver les choses même si la brunette s’efforçait – difficilement - de conserver un air neutre. « Toi par contre je pense que t’as besoin de voir un psy, j’ai bien l’impression que tu ressasses encore beaucoup tout ça. » Un sourire moqueur au coin des lèvres, la petite blonde continuait sur sa lancée. Ce qu’elle disait n’était pas totalement dénué de bon sens et si cette perspective avait déjà effleuré la brunette, il y avait une raison évidente pour laquelle elle s’était abstenue d’aller voir un professionnel. « Pour lui dire quoi exactement ? Que j’ai aidé à dissimuler un corps et que je me suis abstenue de reporter les circonstances du décès de mon ami il y a près de sept ans ? Je suis pas certaine des limites du fameux secret professionnel alors… On va éviter, hein. » Elle avait de toute façon les psychologues en horreur depuis son passage à tabac par Camden. La brune n’avait pas apprécié les sous-entendus et les jugements qu’elle avait ressentis lors de ses entretiens psychologiques, et s’était immédiatement braquée. Deux ans plus tard, son avis n’avait pas changé. Raelyn était persuadée que Leah savait exactement à quoi s’en tenir avec elle déjà à l’époque, mais c’était absolument faux. Sa naïveté et son envie de lui plaire et d’entrer dans ce monde l’avaient rendue aveugle et persuadée que la blonde n’était alors qu’une simple dealeuse ; rien de menaçant ou d’effrayant. Mais une fois que la vérité s’était imposée à elle, Leah n’avait pas attendu avant de tirer un trait sur cette prétendue amitié et tout ce qui allait avec. « Et moi qui croyais que t’avais juste changé de numéro de téléphone. » Si l’ambiance entre elles n’était pas aussi tendue, la brunette aurait probablement sourit à cette répartie. Raelyn était égale à elle-même, et ça la tuait de le dire mais elle retrouvait en partie ce qu’elle appréciait chez elle à l’époque. « C’est ce que tu t’es dis pour faire passer la pilule ? » Leah avait sans doute frappé un grand coup en la rayant ainsi de sa vie, mais elle l’avait davantage fait pour elle que pour réellement blesser ou vexer son amie de l’époque. Cherchant à comprendre comment la jeune femme avait fait pour en arriver là, la future maman lançait des suppositions hasardeuses sur un éventuel traumatisme qui aurait fait d’elle ce qu’elle était aujourd’hui, refusant de croire que quelqu’un pouvait être si mauvais dès sa venue au monde. « Et pourtant. » Bien décidée à ne pas la rassurer là-dessus, elle l’observa avec froideur, laissant Leah se perdre dans ses pensées concernant la future mise au monde de cet enfant. Elle espérait sincèrement qu’un quelconque karma ne vienne lui rendre la monnaie de sa pièce en la faisant accoucher d’un mini-démon en devenir. Elle avoua d’ailleurs sa condition à Rae, plus pour lui faire prendre conscience que cette situation d’enfermement et de stress lui était difficile à vivre que pour recevoir des félicitations de sa part. Sans attendre, la jeune femme l’attaqua sur sa grossesse et Leah répliqua en remerciant le ciel de ne pas avoir à vivre sur une terre où la progéniture de Raelyn se baladerait en toute impunité. « Je touche du bois. » C’est ainsi que la petite blonde lui confia son non-désir d’avoir des enfants, ce qui n’étonna pas vraiment la future maman. Après tout, avoir un enfant nécessitait des qualités altruistes que son ancienne amie n’avait pas vraiment en sa possession. « Moi aussi. » Répondit-elle d’ailleurs en hochant la tête, comme si ce soutien moral était mené par de bonnes intentions. Les insultes déguisées reprenaient de plus belle, comme si l’une et l’autre avaient besoin de vider son sac après sept longues années passées dans l’ignorance la plus totale ; ça en faisait des attaques à lancer. Serrant les dents face à la dernière attaque verbale de Leah, la jeune femme lui jeta un énième regard empreint d’hostilité. « Et toi alors, élever un gosse seule c’était le but ultime dans ta vie ? » Le poing de Leah se serra presque par automatisme, autant par colère que comme une façon de réfréner son premier réflexe ; envoyer une droite en plein dans l’air satisfait qu’affichait désormais son interlocutrice. La brune aurait aimé ne pas réagir aussi fort face aux mots blessants de Raelyn, mais sa situation était bien trop récente que pour qu’elle y parvienne. « Qui te dit que je prévois de l’élever seule ? Tu penses ça parce que tu as eu une enfance malheureuse ? On appelle ça un transfert tu sais, peut-être que je suis pas la seule qui devrait consulter en fin de compte. » Elle haussa les épaules à son tour, minimisant ainsi l’impact des paroles de la blonde. Cette dernière ignorait tout de sa situation et s’avançait en cherchant à la faire réagir, il était hors de question qu’elle lui donne les armes pour l’abattre. « Et t’en fais pas pour moi va, je te garantis qu’ils trouvent tout un tas d’autre raison et que chacun y trouve son compte. Tant qu’ils me foutent pas en cloque, tout va bien. » Un sourire étira les lèvres de Leah tandis qu’elle fixait la jeune femme. « Si tu parviens à t’en convaincre, tant mieux pour toi. » Le sous-entendu était clair, et elle pencha la tête sur le côté sans la quitter des yeux, histoire d’appuyer ce qu’elle venait de dire. « Et du coup, t’as toujours pas compris le fonctionnement d’un préservatif ou bien le père s’est juste tiré après coup ? » La brunette laissa un petit rire s’échapper, celui-ci étant destiné à camoufler son désarroi afin de ne pas laisser l’occasion à Rae de profiter de la vulnérabilité occasionnée par la situation merdique dans laquelle elle se retrouvait. « Ni l’un ni l’autre. Pourquoi tu t’obstines à croire que ma vie est destinée à être aussi foireuse que la tienne Raelyn ? C’est pas très sympa. » Elle fit la moue, jouant à la perfection ce rôle dans lequel elle se glissait afin de ne pas céder aux multiples provocations sur la blonde. Commençant à être lassée de cette rencontre qui lui pompait toute son énergie vitale, elle décida de couper court en lui demandant si elle ne captait toujours rien avec son téléphone, cherchant une lueur d’espoir dans cette journée on ne peut plus pourrie. « Non. » Répondit Rae après avoir jeté un coup d’œil rapide à son écran, avant de relever le menton dans sa direction. Leah soupira en laissant sa tête retomber contre la paroi en métal de l’ascenseur, respirant un grand coup pour contrôler son envie de hurler contre la terre entière. « T’as mieux à faire que de renouer avec une vieille amie ? » Une vieille amie, hein ? La brune haussa un sourcil amusé avant de hausser les épaules. « J’ai toujours mieux à faire quand il s’agit de toi. » Elle dévoila ses dents blanches à la jeune femme avant de jeter un regard alarmé à son téléphone, désespérée de voir le sigle « no service » s’afficher sur l’écran.

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