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 don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie

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Message(#) Sujet: don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie EmptyJeu 2 Avr 2020 - 21:37


Dire qu’Hayden n’avait pas longuement hésité avant de reprendre contact avec Jamie aurait été mentir. Une fois l’adrénaline redescendue et après avoir convenablement repris ses marques à Brisbane, la jeune femme avait eu le droit à son quart d’heure d’introspection et au questionnement de ses motivations propres, ce dernier point étant largement mené par sa meilleure amie, évidemment. Elizabeth s’était ainsi érigée en véritable inspectrice de la bonne conscience, obligeant Hayden à s’interroger toujours plus en détails sur l’intérêt qu’il pouvait exister de retourner fouiller le passé plus de trois ans après. La jeune femme la connaissait mieux que quiconque, et elle avait su comprendre que sa meilleure amie voyait toute cette histoire d’un très mauvais œil. Au-delà de devoir le discerner, d’ailleurs, elle ne s’en était pas vraiment caché. Oh, bien sûr, Hayden ne lui en voulait pas. Elle savait que la jeune femme agissait dans son intérêt le plus pur et qu’elle était simplement très inquiète pour son amie. Après tout, c’était elle qui y avait ramassé les pots cassés, essuyé les larmes de colère et fait le deuil de la présence régulière d’Hayden à Brisbane quelques années en arrière. Dans ces conditions, comment lui en vouloir de ne pas souhaiter que l’histoire se répète ? La comédienne savait pertinemment qu’elle avait légèrement échoué dans sa tentative de la rassurer, tout comme elle n’avait pas réellement su lui expliquer ce qu’elle souhaitait faire, ni comment. Au fond, c’était sans doute car elle-même l’ignorait. Si chacun des aspects de sa vie avaient toujours été réglés comme du papier à musique, Jamie avait toujours fait office d’exception. Il représentait l’inattendu, le tout et le rien à la fois, celui auprès de qui Hayden avait appris bien malgré elle à développer sa capacité d’adaptation. Si l’improvisation n’avait jusqu’alors jamais eu sa place ailleurs que dans sa vie professionnelle, toutes les cartes avaient été redistribuées, et, depuis lors, la jeune femme n’avait jamais plus été sûre de quoique ce soit concernant Jamie. En pressant le bouton d’envoi sur son téléphone, Hayden n’avait même pas été certaine qu’elle obtiendrait une quelconque réponse. La jeune femme avait même cru bon de décliner son identité dans un P.S. d’une certaine froideur, au cas où son numéro n’aurait plus été présent dans le répertoire de Jamie. Les jours qui avaient suivi n’avait fait que conforter Elizabeth dans son opinion que, peut-être, son amie avait fait une erreur, et Hayden elle-même avait commencé à se dire que, sans doute et pour une fois, elle avait mal calculé le besoin de Jamie que quelqu’un lui vienne en aide. Mais ce dernier avait fini par lui répondre, et il avait même pris la peine de glisser un petit trait d’humour comme pour dédramatiser la situation, et soudainement la jeune femme s’était retrouvée propulsée cinq années en arrière quand les choses étaient plus belles, plus simples et surtout, plus saines. Une époque où elle n’aurait jamais eu à se préoccuper d’avoir son nom associé à son numéro de téléphone dans un répertoire, et où elle n’aurait jamais eu besoin d’une raison concrète pour vouloir aider qui que ce soit. Mais ce temps était révolu, Hayden le savait, et elle savait également que l’eau avait coulé sous les ponts et que chacun avait trouvé le moyen de poursuivre sa vie l'un sans l’autre et qu’il y avait des chimères qu’il valait mieux renoncer à poursuivre si on ne voulait pas se brûler les ailes.

Le lundi après-midi était arrivé bien trop vite mais Hayden avait honoré sa promesse : un pot de la meilleure marmelade qu’on puisse trouver à Brisbane dans une main et une bouteille d’un grand cru dans l’autre, elle se retrouvait légèrement décontenancée devant le numéro 93 d’Agnes Street. Elle ne savait pas si Joanne buvait de l’alcool ou non, ni même si elle aimait le vin – et quelle prise de tête cela avait été de trouver quelque chose à pouvoir lui offrir lorsqu’elle s’était rendu compte que malgré tout ce qui s’était passé, elle la connaissait au final si peu -, mais Hayden et ses bonnes manières n’auraient jamais pu accepter d’arriver les mains vides. La jeune femme avait hésité à demander à Jamie si sa famille serait présente ; le cas échéant, elle se doutait que la situation serait légèrement emplie de malaise et son but n’était définitivement pas de raviver d’anciennes douleurs et de mettre le feu aux poudres une fois encore. Pour autant, Hayden s’était ravisée, ne souhaitant pas placer Jamie dans l’embarras en le laissant penser qu’elle souhaitait le voir seul.

Maintenant qu’elle était au pied du mur, la jeune femme ne pouvait s’empêcher de se sentir saisie d’une légère appréhension, de la même teneur que le stress qui pouvait s’insinuer et venir embrouiller son esprit à chaque grande première. Fort heureusement, s’il avait bien une chose qu’Hayden avait appris grâce à son métier, c’était à gérer ses angoisses : quelques inspirations, une visualisation des auras positives autour d’elle, et elle était fin prête à frapper à la porte. « Bonjour, Jamie. » Comme c’était étrange, cette sensation que trois années entières n’avaient pas suffit à faire taire l’habitude. Comme une chorégraphie qu’Hayden aurait appris par cœur il y a bien longtemps, mais dont les pas lui seraient instantanément revenus en tête à la minute où Jamie avait ouvert la porte. Hayden avait l’impression que rien n’avait changé, qu’il n’avait pas changé ; et pourtant, tout était différent. « La marmelade, comme promis. » La jeune femme tendit le pot à son ancien amant d’une main ferme, et attira son attention sur la bouteille qu’elle tenait dans l’autre main d’un vague hochement de tête. Elle n’arrivait pas à soutenir son regard, pas encore. Cela aurait signifié s’interroger sur ce que le revoir pouvait lui faire ressentir et c’était hors de question. Hayden n’était pas là pour ça. « C’est pour Joanne. Ou pour toi, je ne sais pas si elle boit du vin. Je ne voulais pas arriver les mains vides, au cas où… au cas où elle serait là. » Hayden haussa les épaules. « Je ne sais pas où vous en êtes alors je ne voulais pas aggraver les choses. Vois ça comme un signe de paix. Comme les scones. » La jeune femme attendait la permission de rentrer. Elle n’était pas chez elle, et elle en était pleinement consciente. Bien sûr que tout avait changé.
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Jonah Fletcher
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les mondes imaginaires
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SURNOM : Jojo ou Johnny pour les potes, Jojookie sur les réseaux
STATUT : Persuadé d'avoir trouvé la femme idéale pour la 4984ème fois de sa vie
MÉTIER : Agent immobilier spécialisé dans les logements hantés et scènes de crimes. Youtubeur horreur, urbex et paranormal (le golden button trône fièrement dans son appart'). Prétendu médium.
LOGEMENT : #253 dornoch terrace, west end
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ORIENTATION : J'aime les jolies filles.
PETIT PLUS : Quatrième enfant adopté d'une fratrie de cinq. Nerveux, tout le temps. Ne tient pas en place. Provocateur de moments gênants et de conversations sans queue ni tête. Nerd en puissance, dévoreur de comics. Bricoleur de drones et de robots de combat. Cinéphile absolu, fan de films d'horreur. Myope comme une taupe sans ses lentilles. Dyslexique. Bordélique. A un chat, Tofu.
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Message(#) Sujet: Re: don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie EmptyDim 12 Avr 2020 - 0:14



Lorsque le nom de la comédienne apparut sur l’écran de son téléphone portable, Jamie n’y crut pas immédiatement. Son répertoire ne comportait qu’une seule et unique Hayden, et pourtant, il n’eut pas assez foi en ses propres yeux pour accepter que c’était bel et bien celle-ci qui lui avait écrit après trois ans de silence. Trois ans à poursuivre l’écho de sa présence dans les articles sur le papier et sur le net, à ne pas manquer une critique de ses apparitions sur les planches, à étouffer la jalousie vis-à-vis de la moindre présence masculine ornant son bras sur des clichés volés. Chaque apparition de son fantôme le ramenait à leur toute dernière conversation. Trois ans qu’elle avait tourné les talons, ce jour-là, pour ne plus lui parler ni lui écrire. Et elle réapparaissait soudainement. Il crut en une malédiction dans un premier temps, un énième coup de masse de la part du destin. On lui infligeait Mina, puis Skylar, et maintenant Hayden. On lui rappelait tous ses pauvres choix en matière de femmes, tous les scénarios durant lesquels il n’avait rien fait de bien. Et celle qui en payait le prix était toujours la même ; Joanne, assumant les regards du monde extérieur, prenant les blâmes, gardant la tête haute, jonglant avec son travail, les enfants et son méprisable époux. Pour elle, il ne pouvait pas répondre au message de l’anglaise. Pour elle, il ne devait pas même le lire. Cette résolution, il la tint moins de deux jours. Finalement face au texte de la missive, son coeur adopta le poids d’un roc dans sa poitrine. Il réalisa que les informations avaient traversé les océans jusqu’à son pays natal, et qu’il était sûrement autant détesté là-bas qu’en Australie. La comédienne en avait eu ouïe-dire, mais ne laissait rien transparaître de son opinion entre ses lignes. Hayden avait-elle pitié de lui ou voulait-elle lui faire la leçon ? Pourquoi souhaiterait-elle le tourmenter un peu plus en revenant dans sa vie, connaissant parfaitement les dégâts que cela leur avait tous infligés la dernière fois ? Le brun ne comprenait pas, et il abandonna à nouveau l’idée de répondre au message. Le lendemain, il lui donna rendez-vous.

Si Jamie était enthousiaste à l’idée de revoir Hayden, il n’en était pas moins nerveux. Il avait bien trop conscience de tout ce que la jeune femme représentait à ses yeux pour ne pas craindre de retomber dans un travers qui vaudrait une nouvelle vague de souffrance dont personne n’avait actuellement besoin. Il souhaitait s’en détacher, occulter ces aspects de leur relation telle qu’ils l’avaient laissée, avec cette clôture qui n’en était une qu’à moitié. Mais il ne savait que trop bien l’effet que lui ferait son regard, son sourire. Il lui suffisait de se replonger dans ces souvenirs pour que les sensations soient vives comme s’ils s’étaient quittés la veille. Elle était la chimère qu’une partie de lui ne cessait de poursuivre, un rêve qu’il peinait à laisser s’envoler, lui qui se sentait prisonnier entre les murs de sa maison, retranché dans son foyer par les critiques assassines, et pris dans une quête vaine de solutions pour sauver son mariage ; lui qui rêvait d’une porte de sortie, en somme, d’un univers où il n’en serait pas là. Hayden n’était pas la solution à ses problèmes. S’il persistait à penser de la sorte, elle n’en serait qu’une supplémentaire sur sa liste. Alors le lundi matin, il débuta la rédaction d’un court message afin d’annuler la venue de la jeune femme. Chaque mot sonnait faux, le coeur n’y était pas. Avait-il un autre choix ? Là était la meilleure chose à faire, laisser le passé au passé et ne rien en déterrer. Il ne l’envoya jamais, et dans l’après-midi, on frappa à la porte.

Elle demeurait la beauté froide qui le fascinait. Là, face à lui, Hayden avait quelque chose d'irréel. Un profond soulagement souleva ses poumons, comme si l’air s’était gorgé de quelque chose qui lui manquait jusqu’à présent. Comme s’il venait enfin de mettre la main sur une pièce manquante du puzzle. Le temps se brouilla un instant, entre vision du passé et instant présent, à la manière de deux calques identiques qui se rejoignent jusqu’à former une image nette. Elle était là, comme autrefois, similaire et différente à la fois. Il était là, fidèle à ses défauts qu’elle connaissait si bien. Il souriait vaguement, attrapant le pot de marmelade puis la bouteille de vin. “Merci.” souffla-t-il discrètement. Puis il s’écarta du seul de son entrée et invita la jeune femme à pénétrer à l’intérieur d’un signe de tête. “Je t’en prie.” Les scones trônaient bel et bien sur l’îlot de la cuisine, où il déposa le reste des offrandes de paix. Au silence qui régnait dans la maison, les chiens étaient dehors, les enfants étaient à l’école, et l’épouse au travail. Comme la majorité des journées depuis le début de l’année, Jamie les passait seuls ici. “Joanne n’est pas là”, précisa-t-il malgré l’évidence. Cependant, le moment de la journée que l’anglais avait choisi pour ces retrouvailles n’avait rien d’un hasard puisque la blonde ne serait pas de retour avant le début de soirée. Les deux femmes n’auraient donc pas à se croiser, et le secret demeurerait bien gardé. Les yeux baissés, il confessa ; “Elle ne sait pas que tu es là. Je me suis dit qu’elle ne verrait pas ta présence d’un bon oeil, et je ne voulais pas en rajouter en plus de…” Ses lèvres se pinçaient. Il haussa les épaules. Il parvenait à chaque fois à assumer la responsabilité des actes qui l’avaient mis dans cette position et cela passait par la capacité à en faire le récit ; cependant, face à Hayden, la honte l’empêcha d’évoquer le sujet. Son opinion le terrifiait et l’idée qu’elle se fasse à la fois juge et bourreau comme tant d’autres lui brisait le coeur à l’avance. “Eh bien, tu sais.” Elle avait toujours su le comprendre. Il espérait simplement que cette fois, elle y parviendrait à nouveau.

Jamie réserva la bouteille de vin et sortit deux tasses des placards. L’eau était déjà chaude, et il se souvenait du thé que Hayden avait l’habitude de prendre. Cela ne lui prit qu’une minute avant de lui tendre la hanse du mug. “D’ailleurs… pourquoi, au juste ? Pourquoi tu es là ?” demanda-t-il. Parmi toutes les questions qu’il avait songé à poser, notamment une foule de formulations de politesse comme les conditions de son voyage de retour, la vie à Londres, ses projets à Brisbane, c’était ce qu’il s’était décidé à formuler. Il préférait aller droit au but et offrir une réponse à ce qui ébranlait sa curiosité depuis des jours ; pourquoi revenir, et pourquoi maintenant. “Je veux dire, je suis vraiment ravi de te revoir, mais la dernière fois que nous nous sommes parlés il m’a semblé très clair que tu ne voulais plus t’encombrer de moi, alors ton message m’a laissé très confus.” Le délai de réponse à celui-ci parlait pour lui-même. Et le texto d’annulation qu’il n’avait finalement pas envoyé était seul témoin de cette partie de lui qui avait conscience de l’erreur qu’il commettait en acceptant de la revoir.




I was working in the lab, late one night When my eyes beheld an eerie sight For my monster from his slab, began to rise And suddenly to my surprise He did the mash, he did the monster mash









:l::

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Message(#) Sujet: Re: don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie EmptyMar 21 Avr 2020 - 16:31


Hayden ne sut pas immédiatement si elle devait se sentir soulagée de la non-présence de Joanne cette après-midi là. Elle ne ressentait aucune appréhension à l’idée de la confronter – après tout, il lui semblait avoir fait preuve d’une correction toujours très polie à son égard -, et elle estimait que chacune des parties concernées pouvait faire preuve d’une maturité suffisante pour éviter les cris et les larmes de trois ans en arrière. Mais la jeune femme n’ignorait pas non plus que la rancœur pouvait prendre diverses formes, et s’étaler sur des longueurs parfois infinies. Joanne était une femme blessée, ce constat était certain et bien légitime ; voir Hayden investir son lieu de vie chargé d’une dimension symbolique forte n’aurait sans doute pas arrangé les choses. Quand Jamie lui expliqua son point de vue sur la chose, justifiant ainsi une maison vide et silencieuse, la jeune femme le gratifia donc d’un hochement de tête approbateur. « Tu as bien fait. Loin de moi l’envie de déclencher une nouvelle guerre. » Hayden avait délibérément choisi de ne rien ajouter. Elle avait souhaité rebondir sur la dernière phrase du jeune homme, avant de se raviser très rapidement lorsqu’elle s’était rendu compte que Jamie avait lui-même volontairement pris la décision de ne pas s’étendre outre mesure. Sa fatigue morale n’avait pas échappé à une avisée Hayden qui s’était retrouvée légèrement déstabilisée par cette attitude nouvelle. En sa présence, Jamie avait été tantôt euphorique, souvent coléreux, parfois plongé dans un désespoir qui était apparu à la jeune femme comme un pays lointain et inaccessible. Mais, la honte ? C’était une nouveauté. Jamais ils ne s’étaient embarrassés d’un tel sentiment par le passé. Pourquoi le faire, quand on savait pertinemment que l’on possédait un joker constant dans l’esprit de l’autre ?

Mais l’occasion de s’attarder sur le sujet n’était plus d’actualité. En un rien de temps, la jeune femme s’était vu servir une tasse de son thé préféré, sans qu’elle n’ait eu besoin de solliciter quoique ce soit. En un sens, Hayden aurait souhaité que Jamie oublie ces détails à son sujet. Cela aurait rendu les choses plus simples, aurait tourné en ridicule le constat navrant qui démontrait noir sur blanc que la jeune femme non plus, n’avait rien oublié. Les différents gestes, les mimiques, les tics habituels… Hayden se brûlait la rétine à tenter d’en capter les moindres détails, d’en saisir chaque contours et aspects. C’était comme un saut dans le passé impromptu, comme un voyage dans le temps inattendu qui se révélait pourtant nécessaire. Brusquement, la jeune femme se demanda comment elle avait eu le courage de tirer une croix sur tout cela. Mais Jamie, lui, semblait plus intéressé à comprendre pourquoi Hayden avait choisi de faire son grand retour. Et pourquoi maintenant, de tous les moments opportuns. Cette interrogation soudaine l’arracha à sa rêverie, comme la gorgée prématurée de thé qui lui brûla l’œsophage. On y était enfin.

Hayden aurait pu mentir aisément. Prétexter une opportunité professionnelle soudaine, un projet localisé à Brisbane, ou même une simple envie de renouer avec ses racines le temps de vacances amplement méritées. La reine du bluff n’était jamais à cours d’alibis préfabriqués lorsqu’il lui fallait montrer patte blanche et faire en sorte que son interlocuteur ne parvienne pas à discerner ses réelles intentions. Jamie aurait sans doute été le réceptacle idéal de ses mensonges, lui qui devait probablement la croire changée, transformée, à mille lieues d’avoir la prétention de penser la connaître aussi bien qu’à l’époque. Mais, à quoi bon ? Le jeune homme semblait parfaitement se souvenir de la froideur et de la dureté des propos qu’elle avait tenu au moment de tout laisser derrière elle, et, en conséquence, il ne se laisserait sûrement pas amadouer par une justification bancale. Autant jouer cartes sur table. « Tu es partout, Jamie. » Prenant conscience de l’ambiguïté qui pouvait se dégager de ses propos, Hayden s’empressa de préciser sa pensée. « Au début, ton nom n’apparaissait nulle part. Je pense que la plupart des journaux londoniens ont pris le temps de vérifier leurs sources, histoire de ne pas lâcher une telle bombe sans être sûrs de la véracité de l’information. » Une politesse accompagnée d’une pudeur toute britannique. « Et puis, du jour au lendemain, ton visage était en Une de tous les quotidiens. C’est comme ça que j’ai su. » Il était inutile de préciser ce qu’elle avait appris, au juste. Il était évident que Jamie ne l’ignorait pas lui-même. La jeune femme en profita pour marquer une pause, ne détachant pas son regard de celui de son interlocuteur. Elle ne savait pas très bien à quel genre de réaction s’attendre de la part du jeune homme, mais Hayden n’avait jamais été connue pour mâcher ses mots quand la situation ne le nécessitait pas. Elle n’était pas là pour plaindre Jamie, mais son but n’était pas non plus d’ajouter du sel sur ses plaies. Elle souhaitait comprendre, avant tout. « Je n’ai rien planifié, je te l’assure. » Un tel aveu lui coûtait, mais il s’agissait là de la pure vérité. Pour une fois, Hayden avait décidé de se fier uniquement à son instinct, sans rien orchestrer. Seul l’avenir pourra lui illustrer si elle a eu raison ou tort. « J’aurais pu rester à l’écart de tout ça, c’est vrai. On ne se doit plus rien, depuis tout ce temps. » Hayden détacha enfin ses yeux de Jamie, préférant fixer un point à l’horizon. Dites à voix haute, ce genre d’affirmations prenaient une dimension extrêmement douloureuse. « Mais c’est plus fort que moi. Je ne pouvais pas rester les bras croisés à te regarder tout foutre en l’air. » Pas quand tu étais supposé être heureux sans moi, imbécile. Pudique, Hayden préféra garder cette dernière remarque pour elle.

Des questions cependant, la jeune femme en avait des centaines. Si elle gardait précautionneusement le silence, c’est qu’elle avait la sensation tenace qu’une fois lancée, elle finirait nécessairement par déblatérer un flot de paroles sans fin. Hayden préférait tenir sa froideur habituelle, sa stature forte et droite. Qui attendait d’elle une autre attitude, de toute manière ? « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Sa voix tremblait sous le coup d’une émotion mal contenue. Il ne s’agissait pas réellement de colère, ni même de déception. A vrai dire, la jeune femme elle-même ne savait pas très bien comment se positionner face à de tels événements. Si les rumeurs étaient vraies, ce que Jamie avait fait été horrible, indescriptible même. Pour autant, Hayden se refusait à prendre pour argent comptant tout ce qu’elle avait pu lire dans les journaux, persuadée qu’il existait toujours deux faces à une même médaille. Et, le regard de nouveau accroché à celui de Jamie, la jeune femme attendait des réponses.
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Jonah Fletcher
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Message(#) Sujet: Re: don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie EmptyMar 28 Avr 2020 - 21:16



Inviter Hayden en la présence de Joanne était l’assurance d’un incident diplomatique hautement critique, du genre de ceux dont Jamie ne pouvait plus se permettre d’avoir sous ce toit sans que la jeune femme, aussi conservatrice soit-elle au sujet du mariage, ne remette pas son point de vue en question et lui secoue les papiers du divorce sous le nez. Il n’était d’ailleurs pas dans l’intérêt de l’anglais que le retour de la brune sur le sol Australien se sache de sitôt, car la nouvelle éveillera sans nul doute le naturel jaloux de sa douce, et il ne pensait pas avoir actuellement la solidité émotionnelle nécessaire pour gérer une chose pareille. Cependant, si la venue de la comédienne à son domicile était un élément aisément dissimulable, sa popularité ne tardera pas à la rattraper et faire de son passage à Brisbane un véritable événement si n'échappera pas éternellement à Joanne. Aussi Jamie pouvait-il commencer à se préparer au pire dès que Hayden aura quitté sa maison. Pour le moment, il n’y songeait pas. Son attention était autant portée sur sa silhouette et sa voix que sur l’éventail d’émotions que sa présence suscitait en lui. Impossible de mettre le doigt sur une sensation précise tant il était partagé. Il était aussi bien heureux de la voir que amer, attristé, méfiant. C’étaient trois ans de silence et une dernière conversation qui le hantaient. Des choses qu’il ne pouvait pas tout simplement balayer de son esprit et glisser sous le tapis. Sa perplexité, il l’exprimait sans gêne. Jamie avait difficilement tiré un trait sur la jeune femme et il avait tenté de poursuivre sa vie du mieux qu’il le pouvait. Cependant, jamais n’avait-il mis la main sur une personne avec qui il partagerait la même connexion. Il en avait fait le deuil au profit du changement. Et il avait changé, il avait su s’en persuader, jusqu’au jour où l’affaire avec Mina avait éclaté, faisant s’écrouler le château de cartes. Désormais, c’était le frisson au creux de sa nuque qui s’éveillait à chaque fois qu’il croisait le regard d’Hayden qui lui prouvait à nouveau que le changement était une illusion. Etait-elle revenue pour lui ? Il espérait si fort le contraire, qu’elle avait décroché un rôle en ville, qu’elle repartirait à la fin de la saison et qu’elle ne lui accordait une visite de courtoisie motivée par la politesse britannique. Il voulait croire qu’il n’importait pas vraiment à ses yeux, et qu’elle venait le lui montrer. Tandis qu’Hayden lui expliquait que l’information concernant le scandale actuel avait mis quelques temps pour traverser le globe jusqu’à son pays natal, le coeur de Jamie se serrait. Il s’était douté qu’on l’aborrait là-bas autant qu’ici, voire plus. La confirmation rendait sa conviction réelle et lui inspirait un profond abattement. “Même le Daily Star ?” demanda-t-il pourtant avec un sourire flegmatique. S’il était mentionné par le pire de tout ce que les tabloïds anglais pouvait possiblement produire, alors il avait tout gagné, n’est-ce pas ? Mais rien ne pouvait le consoler d’être aussi tristement célèbre dans sa patrie, vingt-cinq ans après avoir connu son premier tapage du genre lorsque son père avait été au coeur de l’exacte même accusation. Ils partageaient désormais les mêmes gros titres, à une génération d’écart. L’exil australien de Jamie lui avait permis de couper tout contact avec ses connaissances anglaises, si bien qu’en dehors de la réputation qui lui était taillée auprès du grand public, il n’avait pas à souffrir du jugement et de la répudiation par d’éventuels amis, proches de son ex-femme, ou ce qui lui restait de famille sur place. Il y avait Hayden, bien sûr. Peut-être était-elle finalement venue pour le confronter, le moraliser. Mais son regard le fuyait, et sa voix ne lui reprochait rien d’autre que son penchant au sabotage de toutes ses chances dans la vie. “Si je peux me permettre, ce n’était pas ta décision la plus maline, commenta-t-il avec son plus grand pragmatisme après une gorgée de thé. Je suis la dernière personne au monde avec qui tu devrais prendre le risque d’être associée en ce moment.” Cela n’éclipsait pas sa joie de la retrouver, mais il gardait ce genre d'aveu pour lui seul. La meilleure option pour Hayden aurait en effet été de rester en dehors de tout ceci, et pourquoi pas de se réjouir d’avoir eu la jugeote nécessaire au bon moment pour mettre tout un hémisphère entre elle et lui. Elle aurait pu être à la place de Joanne actuellement, une position que personne n’enviait. A moins que rien de tout ceci ne serait arrivé si elle était restée. Les événements étaient intrinsèquement liés à sa décision de quitter le pays, de fuir Jamie. Rien ne s’était déroulé selon le plan, après ce jour. Cependant, il était plus aisé et plus frappant de résumer les choses de la sorte ; “J’ai promis les pages centrales à une gamine de vingt-et-un an à condition qu’elle couche avec moi.” Il avait posé sa tasse, capturé le regard d’Hayden, et prononcé chaque mot avec la torpeur monocorde d’une personne récitant une liste de courses. C’était ainsi. Il ne pouvait plus le changer. Strictement de rien de ce qu’il pouvait faire ou dire désormais ne pourrait effacer ceci. Cela faisait partie de lui, de qui il était, comme un grain de beauté difforme. Il avait explosé de colère, il avait pleuré de honte, il s’était caché durant des semaines dans cette volonté de disparaître de la surface de la Terre. Et rien, absolument rien, n’altérait ces faits immuables. “Comme tu dis, je fous tout en l’air, reprit-il avec un rire ironique. C’est sûrement ce que je fais de mieux. Et maintenant je suis le grand méchant Keynes qui aurait rendu son papa si fier.” Cela le rendait malade. Rien n’y paraissait, Joanne ne le devinait sûrement pas, mais d’y songer retournait l’estomac de Jamie. Il enviait tant le reste des gens. Tout le monde avait la chance, le pouvoir de simplement décider de ne plus le regarder, de nier son existence, juste en détournant les yeux. Lui, il ne pouvait pas échapper à lui-même. Il vivait chaque jour dans cette peau. Il porterait pour toujours le visage du type sur lequel on crachait dans ce foutou Daily Star. Ses lèvres se pincèrent, ses iris scrutèrent le fond de sa tasse de thé. “Si ce que tu voulais c’était la confirmation de tout ça, tu aurais juste pu appeler, parce qu’il n’y a rien que tu puisses faire contre tout ce qu’il se passe.”




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Message(#) Sujet: Re: don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie EmptyMer 29 Avr 2020 - 20:10


Hayden était suspendue aux réactions de Jamie, tentant d’analyser la palette d’émotions qui le traversait certainement, essayant de comprendre si elle était toujours autant capable de lire en lui comme dans un livre ouvert. Cette démarche lui offrait la possibilité de ne pas avoir à se concentrer sur les propres sentiments qui l’animait, comme un dommage collatéral qu’elle accueillait à bras ouverts. Cependant, son interlocuteur la surprenait, semblant prêter une attention toute particulière à des détails qui lui semblait futiles, occultant volontairement ou non – elle l’ignorait – d’autres aspects beaucoup plus primordiaux à ses yeux. Hayden acquiesça pourtant sans poser plus de questions, répondant docilement à chacune des interrogations de Jamie, aussi superficielles pouvaient-elles lui paraître. « Même le Daily Star. Ils sont rapidement passés à autre chose, cela dit. » Comme si cette précision pouvait avoir le don de le réconforter quelque peu. Comme si les autres journaux, eux, ne continuaient pas à se délecter du scandale et de l’erreur. Mais sa réponse fut presque éclipsée par la seconde remarque du jeune homme, qui eut le don de déclencher un rire discret chez Hayden. Il ne comprenait pas, bien sûr. Comment lui en vouloir ? A ce stade des choses, la comédienne non plus, ne semblait pas disposée à voir les choses en face. « C’est gentil de te soucier de ma carrière, mais pardonne-moi de ne pas vouloir prendre en compte tes conseils dans le domaine de l’image publique. » Dieu seul savait à quel point cet aspect en particulier dépassait largement les compétences du jeune homme.

La réponse de Jamie, quant à elle, enterra les derniers espoirs d’Hayden d’être contredite. Elle sentit une légère nausée la saisir, et son regard se détourna de nouveau. Parfois, la comédienne peinait à comprendre le monde qui l’entourait. Qu’était supposé apporter un tel comportement, au juste ? Est-ce que l’ancien rédacteur en chef s’était véritablement attendu à ce que l’héritière accepte son offre et se taise, dans le climat mondial actuel ? Toute cette histoire lui paraissait surréaliste. La jeune femme laissa échapper un soupir las, passant une main distraite dans ses cheveux. Elle sentait poindre un début de migraine, et Hayden regretta instantanément de ne pas avoir pensé à emporter ses lunettes de repos avec elle. Peut-être Jamie avait-il raison, au fond. Peut-être aurait-elle dû se contenter de passer son chemin comme à chaque fois que son cœur lui avait soufflé de reprendre contact avec lui durant les trois années précédentes. Il était un peu tard pour y penser, maintenant. C’était bien elle dans cette maison, bien elle qui était contrainte de batailler avec une révélation qui allait à l’encontre de toutes ses valeurs. Hayden ne pouvait décemment pas excuser un tel acte, peu importe le passif de la personne à qui il était attribué. Pour autant, elle n’était pas là pour endosser le rôle du bourreau. Jamie n’en avait pas besoin ; il l’exécutait visiblement très bien lui-même. Son être tout entier dégageait l’impression de ne plus être qu’une coquille vide, un condamné à mort qui attendait son exécution comme une note de fin attendue à la vie qu’il subissait plus qu’il n’en profitait. Un soulagement de voir finalement le supplice prendre fin. « Pourquoi as-tu ressenti le besoin de faire ça ? » Le ton n’était pas aussi ferme que celui de Jamie, la question beaucoup plus rhétorique que réellement intéressée. Elle savait qu’elle n’était pas la première à lui faire part de ce genre d’interrogations, et elle était certaine qu’il avait sans doute passé des nuits entières à tenter d’obtenir des réponses. Hayden avait envie de le secouer, de lui hurler de réagir plutôt que de se complaire dans sa position de victime incomprise. Il avait fauté, plutôt lourdement même ; c’était un fait que rien ni personne ne pourrait changer. Mais cette résignation piteuse ne lui ressemblait pas, et la comédienne ne comprenait pas pourquoi il n’empruntait pas plutôt le chemin de la rédemption. Avait-il présenté ses excuses, officielles ou non ? Suivait-il une thérapie ? Autant de questions qui formaient un tourbillon incessant dans l’esprit d’Hayden, qui commença à se demander si elle n’allait pas repartir de ces retrouvailles avec plus d’interrogations supplémentaires que de réponses. « Tu te trompes en pensant que je suis là pour réparer tes erreurs. Je n’ai pas de baguette magique. Et même si j’en possédais une, je pense que certaines fautes doivent être assumées pleinement, et le chantage sexuel en fait largement partie. » Il n’échapperait pas à son honnêteté parfois mordante. Pas aujourd’hui. « Je crois que tu le fais déjà, au fond. Porter le blâme. Alors non, Jamie. Tu n'es pas ton père. Tu te donnes juste beaucoup trop de mal pour créer l'illusion. » La différence lui paraissait flagrante. Hayden espérait qu’il serait capable de la voir aussi.

Quelque chose s’était éveillée en elle, comme une petite voix qui résonnait depuis longtemps mais qu’elle consentait seulement maintenant à écouter. Cette sensation qu’ils n’avaient plus grand-chose à perdre dorénavant, ni l’un, ni l’autre. Une force puisée dans un endroit qu’elle pensait inaccessible jusqu'alors, mais qui lui donnait le courage de confesser ce qu’elle avait gardé pour elle depuis tout ce temps, sans jamais oser l’évoquer avec quiconque. « Tu sais, j’ai toujours pensé que tu profiterais de mon départ pour me prouver que tu avais eu raison, de ne pas vouloir faire un choix. Qu’au fond, je n’avais été qu’un élément perturbateur dans ta parfaite symphonie du bonheur. » Placidement, Hayden porta sa tasse à ses lèvres, avalant une gorgée du thé qui lui avait été offert quelques minutes plus tôt. Il était parfait, évidemment. « Au lieu de ça, on est trois ans plus tard, et je suis toujours comme une idiote au milieu de ta cuisine, à tenter de comprendre ce qui a bien pu te passer par la tête. A tenter de te comprendre, car je ne veux pas que tu aies l’impression que plus personne n’a envie de le faire. Je crois que tu as raison, au fond. Je ne suis définitivement pas très maligne. » Au final, la remarque adressée par Jamie quelques minutes plus tôt avait touché un point sensible. Car Hayden prenait conscience de n'avoir pas une fois pensé à elle. La comédienne n’avait pas un seul instant songé à sa carrière, aux qu’en-dira-t-on, à la perspective que peut-être certaines consciences pouvaient se retrouver heurtées à la vue de sa propre image associée à celle d’un individu enfoncé jusqu’au cou dans les scandales. Les paroles d’Elizabeth flottaient encore dans son esprit, comme un avertissement prodigué alors qu'il était déjà trop tard. C’était toujours aussi vrai, alors. Aujourd’hui encore, Jamie était le seul capable de la détourner de ce qui comptait le plus pour elle, le seul pour qui Hayden se sentait prête à prendre suffisamment de risques. Et pour quel résultat, au juste ? Elle n’avait rien à gagner, bien sûr. Mais tout à perdre. Et pourtant, pourtant. Le besoin d’être ici, lui, ne s’effaçait pas.
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Jonah Fletcher
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SURNOM : Jojo ou Johnny pour les potes, Jojookie sur les réseaux
STATUT : Persuadé d'avoir trouvé la femme idéale pour la 4984ème fois de sa vie
MÉTIER : Agent immobilier spécialisé dans les logements hantés et scènes de crimes. Youtubeur horreur, urbex et paranormal (le golden button trône fièrement dans son appart'). Prétendu médium.
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Message(#) Sujet: Re: don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie EmptyMer 6 Mai 2020 - 17:42



"Si les autres pouvaient faire de même…" souffla Jamie en passant une main dans ses cheveux, faisant ainsi tomber le masque peu crédible que son cynisme lui permettait de porter afin de garder la face un temps soit peu. Si tout le public pouvait l’oublier, le laisser tranquille, passer à autre chose. Le monde allait vite, les nouvelles encore plus, et les scandales éclataient à la pelle ; il était le mieux placé pour le savoir. Mais il avait aussi vu des mouvements changer certains aspects de la société, certaines affaires rester des cicatrices pour toujours, certains noms bannis à jamais ; et seul face au hashtag qui faisait trembler tous les hommes ayant commis les mêmes fautes que lui ; pointé du doigt par des millions de personnes à travers le monde traduits par autant de likes et de commentaires haineux ; sans droit de réponse de crainte que la moindre de ses paroles ne l’enfonce un peu plus profondément dans cette nouvelle réputation de prédateur sans morale ; l’anglais se voyait faire face à un long tunnel dont il n’avait aucune idée de la longueur, mais ô combien sombre et sinueux. Il pouvait pas nier, il ne pouvait pas s’expliquer -pas même s’il le voulait. Sa propre femme ne lui accordait le bénéfice du doute que grâce à la visite de Mina qui lui avait donné un avant goût de la perfidie de la jeune femme. Skylar, elle, avait ses propres griefs contre l’héritière qui permettaient à Jamie de ne pas être seul avec le mauvais rôle dans l’histoire. Cependant, le commun accord qui avait eu lieu dans un premier temps entre lui et Mina ne formait pas une excuse assez solide pour pardonner le reste. Il n’avait pas tenu son engagement auprès d’elle, et n'avait jamais compté le faire. Il n’était pas question de prétendre qu’il ne savait pas que ce qu’il avait fait était mal ou immoral, que ce fut à l’époque ou maintenant. Il ne comptait pas édulcorer la réalité et tenter de se dédouaner de quoi que ce soit. Tout était vrai, dans les papiers, sur le net, et Hayden avait le droit de le savoir, de faire face à la réalité brute, si cela était ce qu’elle était venue entendre de la bouche du premier concerné. Et elle eut la même réaction que tous les autres. Elle ne le regardait plus. Elle soupira. La déception transpirait par tous les pores de sa peau. Il y eut un silence, puis le fameux “pourquoi”. "La question à un million." murmura Jamie pour seule réponse. S’il n’avait pas satisfait la même question formulée par Joanne il y avait des semaines de cela, si sa propre femme était dans l’inconnu quant aux intentions de son époux, alors la comédienne n’avait certainement pas gagné le droit d’entendre la genèse de cette affaire simplement parce qu’elle avait pointé le bout de son nez. Les conclusions auxquelles il était parvenu en retournant le problème dans tous les sens, le brun les gardait pour lui seul, car il savait, au fond, que personne n’était prêt à les entendre. Avait-il cherché à prouver quelque chose ? A lui-même, au fantôme de son paternel ? Avait-il simplement pensé que cela tuerait le temps, de rouler une jeune femme dans la farine de cette manière ? Etait-ce une vilaine crise de l’approche de la quarantaine, le genre de caprice que font bien des hommes à l’apparition des premiers cheveux blancs ? Jamie laissait à chacun le soin de se faire juge, parti et bourreau. Encore une fois, Hayden ne fit pas exception. Pour dire vrai, l’anglais préférait encore cela plutôt que l’on lui trouve des excuses ou des circonstances atténuantes. Faire pénitence lui permettait étrangement de mieux vivre avec les faits.

Le thé refroidissait et, comme on pouvait se l’imaginer, les scones et la marmelade demeuraient intacts. Le sujet avait le don de couper l’appétit autant que de refroidir l’air d’une pièce. Le regard de Jamie demeurait plongé dans sa tasse. Il restait muet. Hayden avait plus à dire que sa condamnation, il le devinait à la tension dans le silence qui s’était installé, comme si l’on pouvait entendre les pensées de la jeune femme murmurer à la recherche des mots à prononcer. Il s’imaginait des jugements et, pourquoi pas, quelques insultes au nom du genre féminin qu’il avait, semblait-il, heurté dans sa globalité. Il ne songeait pas qu’elle remonterait trois ans en arrière, le jour précis où elle lui avait tourné le dos, pour le blâmer d’être incapable d’être heureux. Incapable de marcher droit sans elle dans les parages. Etait-ce ainsi qu’elle voyait l’affection qu’il avait eu pour elle, qui l’avait poussé à tout mettre en péril ? Comme une simple passade ? Est-ce qu’elle se considérait véritablement comme cet élément perturbateur sans importance aucune, et sans conséquences ? Jamie ne savait pas s’il devait en rire ou s’en offusquer. Hayden n’avait pas la moindre idée de tout ce que son départ avait pu chambouler, le temps qui lui fut nécessaire pour se résigner à passer à autre chose. Il l’avait fait, son choix ; il avait choisi de suivre la décision que la comédienne avait faite pour lui, puisqu’elle ne reviendrait pas. Pouvait-elle le blâmer pour la solitude dans laquelle il se retrouvait désormais, celle qu’elle lui avait imposé en mettant deux continents entre eux ? Venait-elle faire pénitence à son tour et espérer le pardon en prétendant à nouveau qu’elle avait fait au mieux pour lui à l’époque, désormais forcée de constater que les choses ne s’étaient pas déroulées selon son plan ? "Donc c'est de la charité." commenta Jamie en relevant ses yeux. Elle était là pour le sauver de son exil, là pour comprendre, là pour soutenir. Une héroïne tombée du ciel afin de le remettre sur le droit chemin, elle qui savait tellement mieux que lui ce dont il avait besoin. Il avait abandonné sa tasse et fait quelques pas. "Eh bien, désolé de te décevoir, Hayden. Désolé de ne pas avoir été fichu de suivre le chemin que tu avais choisi pour moi. Et désolé d'être cette espèce de fardeau pour lequel tu te sens obligée de traverser la moitié du globe quand bien même personne ne t'a rien demandé." Sur ces derniers mots, ses deux mains s’abattirent sur la surface de l’îlot de la cuisine. Il demeura là, statique, tête basse. S’il avait de la rancoeur à dissimuler, celle-ci décidait d’éclater pour lui. Ses propres émotions faisaient les choix à sa place, quelle ironie. Inspirant un grand coup, Jamie se redressa et glissa une main sur ses cheveux courts. Ce n’était pas ainsi qu’il s’imaginait réagir face à Hayden. Il ne se souvenait plus de ce qu’il imaginait, à dire vrai. "Tu t'es affranchie de toute forme d'obligation envers moi quand tu as décidé de t'en aller, Hayden, et je n'ai pas besoin d'une baby-sitter. Alors tu peux repartir d'où tu viens l'esprit tranquille. Je peux gérer tout ça seul." Elle pouvait au moins prendre un scone pour la route, histoire qu’ils n’aient pas été préparés pour rien.




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Message(#) Sujet: Re: don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie EmptyVen 8 Mai 2020 - 23:54


Jamie demeurait étrangement silencieux. Hayden pouvait sentir un malaise se créer peu à peu, si épais qu’il était presque possible de le couper au couteau. La comédienne se demanda distraitement si elle avait dit quelque chose d'inattendu, ou si tout ça n’était qu’une question d’interprétation faussée. Même ses réponses se faisaient plus évasives, et la jeune femme prit conscience, un peu tardivement sans doute, qu’elle n’avait fait que remuer que des eaux déjà parcourues des centaines de fois avant elle. Elle se sentit soudainement un peu gauche, incapable de s’expliquer aussi clairement qu’elle l’aurait souhaité, et elle maudit Jamie silencieusement Jamie d'être aujourd’hui encore le seul à exercer suffisamment de puissance pour la faire vaciller sans même s’en rendre compte. Elle avait ouvert la bouche pour répliquer, dans une tentative de clarifier ses propos, mais il avait été plus rapide, achevant de la perdre un peu plus au passage. « De la charité ? » Hayden avait répété les mots de Jamie sans vraiment leur accorder une intonation particulière, comme abasourdie devant le manque de discernement dont il pouvait faire preuve. Il n’y était pas du tout. Et s’il fallait une preuve supplémentaire que la distance engendrait l’incompréhension et les malentendus, elle était là, dissimulée sous la déception du jeune homme. Il était vrai que la comédienne n’avait que très brièvement pesé le pour et le contre avant de décider de décoller pour Brisbane, tout comme elle n’avait sans doute pas suffisamment réfléchi à sa démarche et à ses conséquences. Pour autant, Hayden n’avait jamais eu aucun doute sur la capacité de Jamie à comprendre ce qu’elle voulait et les intentions qui la caractérisait. Elle se souvenait d’un temps plus simple, où un regard lui donnait la sensation de se faire déchiffrer, et la jeune femme prit une nouvelle fois conscience du fossé qui les séparait dorénavant. Elle soupira, franchissant les quelques pas effectués par Jamie quelques secondes plus tôt, se stoppant à distance raisonnable. Sa main s’était approchée de l’épaule de son ancien amant, avant de se raviser subitement. Il était sans doute beaucoup trop tôt, pour les contacts physiques. Ou beaucoup trop tard, tout dépendait du point de vue. « Si j’avais voulu faire preuve de charité, j’aurais accordé une interview à la presse ou envoyé un communiqué à des journaux influents. J’aurais témoigné en ta faveur, mais je n’aurais sans doute pas traversé la moitié de la planète pour venir te rendre une simple visite de courtoisie, crois-moi. » Hayden fixa un point invisible dans le dos de Jamie, ne sachant pas très bien s’il l’écoutait toujours ou si son esprit divaguait dans un endroit inatteignable pour elle. La comédienne commençait à se demander si elle n’avait pas fait une erreur, en venant ici. Fouiller le passé n’avait jamais eu que des avantages, peu importe si elle réussissait ou non à se concentrer sur le futur sans jamais y songer. Mais Hayden devait cesser de se voiler la face, et accepter qu’elle avait eu besoin de cette confrontation, même si elle était loin de comprendre les bénéfices qu’elle allait bien pouvoir en tirer. Trois années passées à tenter d’enfouir les scénarios qui se formaient dans sa tête à chaque fois qu’elle fermait les yeux avant de s'enormir laissaient des traces. Attendait-elle une absolution divine, une réponse aux « et si… » qui la hantait depuis qu’elle avait pris la décision de tout quitter ? Sans doute était-ce l’inverse, plus probablement. Sans doute attendait-elle que Jamie la rejette une bonne fois pour toutes, la confortant dans son choix fait il y a si longtemps. Si tel était le cas, Hayden aurait dû se sentir soulagée, car tout cet entretien tournait au fiasco. Il ne voulait pas de sa présence, voulait lui faire comprendre qu'elle n'avait aucunement besoin d'elle, c’était évident. Il était là, le signe qu’elle attendait pour pouvoir vivre sa vie à Londres sereinement, laissant ses remords derrière elle. Alors pourquoi ressentait-elle une myriade d’autres sentiments dans lesquelles la satisfaction et le soulagement ne s’illustraient nullement ? « C’est vraiment ce que tu penses ? Que je suis là par obligation, que je n’ai rien trouvé de mieux à faire pour occuper mes journées ? » Hayden aurait pu en rire si toute cette situation dégageait ne serait-ce qu’un seul ressort comique. Mais puisque toute cette histoire s’illustrait avant tout par son dramatisme ambiant, elle se contenta de s’adosser contre l’îlot central, à quelques mètres seulement de Jamie qui semblait se complaire à se murer dans son silence. Il lui avait prodigué le signal du départ quelques minutes plus tôt, Hayden l’avait bien saisi, mais sa résignation se retrouvait bloquée par son naturel têtu. « Je n’ai pas décidé de m’en aller comme on choisit la date de ses prochaines vacances, tu sais. » La comédienne pensait qu’après tout ce temps, Jamie aurait fini par le comprendre de lui-même. Qu’il aurait réalisé que le choix n’avait pas été simple, qu’elle l’avait regretté à chaque fois que la Une d’un journal lui rappelait son visage, qu’elle s’était souvent demandé ce qui se serait passé si elle était restée. Hayden ne se sentait pas prête à exprimer ce genre de pensées à voix haute, certaine qu’il était trop tard pour exposer ses contritions, persuadée que cela ne changerait rien, voire contribuerait à hausser d’un cran l’état d’agacement de Jamie. Pour autant, la jeune femme ne pouvait se résoudre à demeurer silencieuse. « A t’entendre, tout à l’air si simple. Je n’ai qu’à entrer et sortir de la vie des gens en claquant des doigts, sans que cela ne me laisse aucune séquelle. » Elle laissa échapper un soupir las, se demandant si elle ne faisait pas mieux de commencer à rassembler ses affaires, tant Hayden sentait que cette conversation ne ferait qu’aggraver les choses. C’était difficile, de réaliser à quel point ils n'étaient plus sur la même longueur d'ondes. « Tu n’es pas le seul à avoir perdu quelque chose d’important, ce jour-là. Et ce n’est pas parce qu’il s’agissait de mon choix que je l’ai fait de gaieté de cœur pour autant. » Les limites de la provocation avaient-elles été franchies ? C’était tellement étrange, de ne plus savoir où Jamie les plaçait désormais.
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Message(#) Sujet: Re: don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie EmptyLun 11 Mai 2020 - 20:05



La dernière chose que l’anglais souhaitait, c’était de compliquer des retrouvailles délicates avec cette vieille rancoeur couverte de trois ans de poussière. Il aurait tant voulu pouvoir dire que tout ceci était derrière eux, oublié, enterré, et qu’ils pouvaient profiter du retour de la comédienne pour prendre un nouveau départ. Jamie était persuadé qu’entre son mariage et ses deux enfants, la page était nécessairement tournée ; il n’avait jamais pris le risque de sonder son coeur afin d’en vérifier la véracité, de crainte d’être face à face avec cette amère sensation d’inachevé. Les progrès qu’il pensait avoir fait depuis quelques années en terme de gestion de son tempérament, de contrôle de ses émotions, tout s’était envolé en un claquement de doigts. Car il ne suffisait que de quelques mots pour que le Keynes démarre au quart de tour, et cela n’était visiblement pas prêt de changer. S’il était une chose que son orgueil ne pouvait supporter, c’était d’être pris en pitié. Dès lors que le doute s’installa concernant les motivations de la venue d’Hayden, le brun se sentit vriller, et les tentatives de la jeune femme pour le désamorcer ne l’atteignaient certainement pas. Il n’allait certainement pas croire qu’elle aurait dit le moindre mot en sa faveur et risqué son image pour lui. Lorsqu’elle doutait des faits, elle ne s’était pas exprimée ; qu’en était-il maintenant qu’il avait admis sa culpabilité ? Elle ne lèverait pas le petit doigt pour sauver un honneur qui n’existait plus. Quant à son emploi du temps, il n’en avait cure et estimait que si la comédienne avait en effet mieux à faire que de traverser le globe pour atterrir dans sa cuisine, alors elle ne serait pas là. “Je ne sais pas, Hayden ! C’est toi qui est là, c’est toi qui est venue, et pour quoi ? continuait-il de vociférer. Pour m’entendre répéter que je suis coupable de ce dont on m’accuse ? Me demander pourquoi ? Me blâmer de bousiller mes chances ?” Ce discours lui avait été servi tant de fois qu’il ne pouvait plus l’entendre. Jamie estimait faire sa part en admettant ses torts et montrant la honte qui l’acculait au monde entier par son exil entre quatre murs. Il n’était pas question qu’il accepte, au sommet de ces jugements, qu’Hayden lui reproche de ne pas avoir su tirer le meilleur parti de son départ. Lui n’avait jamais demandé à être laissé derrière. De ce qu’il avait constaté, la brune avait en effet mis les voiles pour une bien meilleure vie loin de lui et n’avait rien perdu au change. “Les choses ont l’air d’aller plutôt bien pour toi alors je ne crois pas que tu puisses parler de séquelles. D'ailleurs il a un nom, le pauvre bougre à qui tu as brisé le coeur en partant cette fois ?" La rhétorique était gratuite et aussitôt regrettée, mais Jamie ne mis pas sa fierté de côté pour le retirer. Dans le fond, il était assez certain qu’il y avait un autre idiot, tout comme lui, qui s’était épris d’elle en Angleterre et accusait désormais le coup. Hayden n’était pas le genre de femme à apparaître quelque part en laissant chacun indifférent. Peut-être avait-elle eu le luxe de totalement tourner cette page, elle, ce qui aurait si bien expliqué l’aisance qu’elle affichait à se trouver face à lui tandis qu’il se sentait vulnérable et nerveux comme un adolescent. Alors peut-être que ce qu’il regrettait réellement dans cette question qu’il avait posé férocement, ce n’était plus tant la cruauté derrière ses paroles, mais la possibilité qu’elle lui crache une réponse qu’il ne voulait pas entendre. Tout comme il refusait d’entendre que la comédienne avait le moindre remords concernant la décision prise il y avait trois ans de cela. “Tu t’es offerte le privilège de faire des choix pour tout le monde, Hayden, avoue-le. Même ça tu avais besoin de le contrôler.” L’indécision de Jamie était, à l’époque, le facteur inconnu qu’elle ne pouvait supporter. La meilleure option pour sécuriser le tracé linéaire de son existence fut de couper court à l’ultimatum qu’elle lui avait posé. Son orgueil était préservé, elle se persuadait d’avoir bien fait, que cela était dans l’intérêt de tous, et elle gagnait sur tous les tableaux. Et à les voir désormais, Hayden s’en était bel et bien mieux sorti. Au delà de la rancune, c’était peut-être de la jalousie qui pointait le bout de son nez dans le fort intérieur de Jamie. Il lui était difficile d’admettre que la jeune femme s’en était parfaitement tiré sans lui, pendant qu’il détruisait sa propre vie, cafouillage après cafouillage. Et tout, absolument tout résultait de la chute du premier domino ; sa rencontre avec elle et l’affection qu’elle lui avait instantanément inspiré. Alors non, Hayden n’avait pas été une passade, un simple élément perturbateur. Il lui suffisait d’apparaître sur le seuil de la porte de Jamie pour que cette vérité redevienne aussi vibrante que la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Il ne pouvait chasser de son coeur la chaleur réconfortante que sa venue lui avait suscité, lui qui se heurtait chaque jour aux murs que Joanne avait dressé entre elle et lui, cette forteresse de solitude qui le coupait de sa vie et le privait de toute affection. Les rares regards, les maigres gestes, rien de tout ceci n’était suffisant pour les maintenir à flot. Son monde lui glissait entre les doigts et pendant un instant, savoir Hayden dans la même ville que lui avait remis un sourire sur son visage. Elle pouvait le comprendre, en cela elle avait raison. Elle avait toujours su soigner son éternel sentiment de solitude. Et en bon saboteur, tout ce qu’il trouvait à faire, c’était de hausser la voix sur elle et risquer de la voir partir à nouveau, définitivement. Il la blâmait pour mieux la repousser, car c’était ainsi qu’il se comportait avec ceux qu’il aimait. Autant était-il assoiffé de tendresse, Jamie trouvait toujours le moyen de se complaire dans le vide qu’il créait lui-même autour de lui. Fallait-il le menacer d’une dernière chance à chaque fois pour qu’il comprenne lorsqu’il allait trop loin ? “Tu devrais être à Londres.” souffla-t-il finalement, calme de nouveau, la voix grave, la tête basse. “Tu devrais être en train de vivre la belle vie, sur les planches, là-bas. Faire… tout ce pourquoi tu es partie.” Malgré le pincement au coeur que lui provoquait l’idée d’avoir été de bâton dans les roues d’Hayden et un obstacle à son épanouissement, il lui souhaitait d’être heureuse. Comme elle, il lui souhaitait de tirer le meilleur de son départ, que cela en ait valu la peine. "Honnêtement, je pensais que tu étais venue pour me montrer à quel point tu avais réussi sans moi, ajouta-t-il avec un léger rire nerveux. Tout ce qu’il s’était imaginé lui semblait si stupide désormais. Je t'aurais demandé comment va la vie à Londres, et tu m'aurais étalé ton bonheur et tes succès pendant que je patauge au fond du trou que je me suis creusé tout seul. Et c'aurait été de bonne guerre." Mais non. Hayden était là, à essayer de le comprendre. Il était là, à lui servir sa plus belle ambivalence. Rien n’avait vraiment changé. Non, ils n’étaient définitivement pas très malins.




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Message(#) Sujet: Re: don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie EmptyMer 13 Mai 2020 - 22:02


C’était drôle, de constater comme une même situation pouvait engranger différents points de vue, et complètement opposés la plupart du temps. Hayden campait sur ses positions, certaine que Jamie avait perdu le droit de lui offrir une quelconque leçon de morale à partir du moment où il avait fait le choix de n’en faire aucun, justement, tandis que lui semblait convaincu que la comédienne ne pouvait plus se permettre d’émettre un quelconque reproche depuis qu’elle avait pris la décision de tout laisser derrière elle. Le cercle vicieux qui s’était installé semblait sans issue, conforté par leurs fiertés respectives qui pesaient lourd dans la balance. La jeune femme ne comprenait plus la personne qu’elle avait en face d’elle, ne parvenait pas à saisir comment il avait pu s’attendre à ce qu’un jour elle accepte de jouer un rôle de substitution pour le restant de sa vie. Jamie était censé la connaître mieux que quiconque, pourtant. Il n’ignorait pas ses doutes, ses peines, sa peur de renouer un jour avec l’ombre, qu’elle soit professionnelle ou personnelle, elle qui s’était tant battue pour être enfin dans la lumière. Il aurait du savoir qu’Hayden ne se contenterait plus jamais d’une seconde place. Comprendre que s’il lui fallait prendre le risque d’être un choix par défaut, alors elle préférait se retirer de la course avant même de se laisser le temps d’y participer. La comédienne constatait à quel point le temps avait joué en leur défaveur, leurs incertitudes ayant raison de la logique, les malentendus et la rancœur prenant la place du dialogue bienveillant. Hayden n’était résolument pas venue en ennemie, mais les propos de Jamie heurtèrent de plein fouet leur cible, contribuant à la faire fléchir sous une lourde sensation d’injustice. Par réflexe, elle ouvrit la bouche comme pour se défendre à plusieurs reprises, mais s’essaya finalement à la stratégie du silence, comprenant le besoin de l’ancien rédacteur en chef de s’exprimer. Car après tout, ses excès de colère étaient loin d’être une nouveauté, et Hayden voulait croire qu’elle possédait encore les bons réflexes pour les contrer. A bien y réfléchir, qu’il n’ait pas explosé plus tôt relevait du miracle ; la comédienne avait eu la chance d'extérioriser ses frustrations pendant trois ans sur les planches, un luxe qui n’avait vraisemblablement pas été à la portée de Jamie.

La manœuvre s’était avérée payante, puisque le calme était revenu aussi rapidement qu’il avait filé quelques minutes plus tôt. Entendre le récit extrapolé de sa vie parfaite à Londres, en compagnie d’un bel inconnu qui plus est, lui avait arraché un sourire dénué de joie. Pourtant, Jamie n’avait pas tort. La capitale britannique lui avait offert tout ce qu’elle avait voulu y trouver, bien que ses efforts dans ce sens ne datent pas d’hier. Hayden connaissait le succès, le mérite, la gloire pour certains qui n’hésitaient pas à utiliser un terme aussi fort sans sourciller. Sous bien des aspects, elle avait réussi, c’était un fait, et une véritable chance d’avoir l’opportunité de vivre de sa passion. Mais de la bouche de Jamie, tout ceci sonnait terriblement faux. Ce n’était pourtant pas sa sincérité que la comédienne remettait en cause. Par le passé, quand le lien qui les unissait n’était pas encore devenu si fin qu’il risquait de casser à tout moment, le jeune homme l’avait suffisamment encouragé dans sa voie professionnelle pour qu’Hayden atteste de ses propos comme étant tout à fait honnêtes. Ce qu’il ne semblait pas réaliser, cependant, c’était qu’il avait été facile, de se tourner vers la seule chose qu’elle maîtrisait encore quand ce qui comptait le plus pour elle n’était qu’un terrifiant et long tunnel d’incertitudes. Alors oui, peut-être avait-elle voulu le punir, en quittant Brisbane. Le blesser dans une dernière tentative pour l’atteindre, lui faire comprendre que cette situation n’était plus viable. Mais surtout, surtout, Hayden avait souhaité se protéger. Car si partir lui avait donné la sensation de s’arracher elle-même le cœur, rester aurait été bien pire, et la jeune femme n’avait pas voulu se noyer en espérant une chose qui, peut-être, ne serait jamais arrivée. « Je pense que tu te méprends sur mes intentions depuis le début, Jamie. » Elle avait gardé son calme, s’exprimant du ton flegmatique qui constituait sa signature. Si la maîtrise des émotions était bien évidemment son rayon, Hayden savait que sa voix aurait tremblé, si elle n’avait pas été une aussi bonne comédienne. Ce face à face la touchait plus qu’elle ne l’aurait voulu, faisant remonter en elle des sentiments qu’elle pensait enfouis depuis bien longtemps maintenant. « J’ai fait mes propres choix sans prendre la peine de consulter qui que ce soit avant ; ça, je te l’accorde. Mais ce n’était pas seulement pour m’offrir le droit de tout contrôler une fois de plus, malgré ce que tu donnes l’impression de croire dur comme fer. » Cette fois-ci, Hayden avait parcouru la distance métaphorique qui les séparait sans hésiter, venant poser sa main sur le bras de Jamie, comme pour le forcer à relever les yeux vers elle. La jeune femme se fichait bien de savoir si le geste pouvait paraître déplacé ou non ; pour autant, fidèle à elle-même, Hayden fit en sorte que le contact ne demeure que quelques secondes, si bien qu’on aurait pu le rater si l’on avait cligné des yeux au même moment. « C’était devenu trop douloureux, d’attendre que tu prennes une décision. Alors je l’ai fait à ta place. Et à force, j’ai fini par me convaincre que c’était la meilleure chose à faire pour toi aussi. » Pudique, Hayden n’ajouta rien sur la crainte supplémentaire qui l’avait saisi, autrefois. Celle que Jamie finisse par faire un choix, mais un qui ne l’inclurait pas.

La comédienne n’était définitivement pas à l’aise sur le terrain des confessions à cœur ouvert. Se révéler tel que l’on était dans le domaine des sentiments revenait à prendre le risque d’apparaître vulnérable, et Hayden n’appréciait pas de se sentir comme un funambule maladroit au-dessus du vide. Pourtant, elle savait pertinemment qu’il était trop tard pour reculer, dorénavant. Car après tout, organiser son retour sur la seule promesse de scones auxquels elle n’avait même pas touché manquait terriblement de crédibilité, et elle était sûre que lorsque sa rancœur ne l’aveuglerait plus, Jamie prendrait conscience des réelles motivations qui la poussait à se retrouver dans sa cuisine ce jour-là. « Mais si tu préfères entendre à quel point ma vie est merveilleuse depuis que tu n’en fais plus partie, d’accord. J’ai rencontré des personnes incroyables, c’est vrai, et j’ai même participé à des projets dont l’ampleur a dépassé tout ce je pouvais imaginer dans mes rêves les plus fous. Oh, et j’ai remporté un prix. » Hayden passa distraitement une main dans ses cheveux, luttant contre la nervosité qui montait en elle face à un tel exercice de mise à nue. « Mais malgré tout, il a fallu un faux pas de trop de ta part, et j’ai sauté dans le premier avion pour Brisbane, sans réfléchir aux conséquences. Est-ce que tu penses sincèrement qu’un homme aurait réussi à trouver sa place dans tout ça ? » A ce stade des choses, la comédienne ne distinguait plus les explications offertes à Jamie de sa propre introspection dictée à voix haute. C’était difficile, d’avouer à demi-mots qu’aucun individu n’avait réellement réussi à se frayer un chemin dans sa vie, simplement parce qu’elle n’avait plus voulu que quiconque n’y parvienne, après Jamie. Elle s’était laissée atteindre par sa remarque insidieuse, par la douce illusion qui lui avait fait penser qu’elle avait pu passer à autre chose aussi facilement qu’il le sous-entendait. Et si le lien qui les unissait n’était pas encore tout à fait rompu, si Jamie cachait encore quelque part en lui cette capacité à comprendre les mécanismes parfois complexes qui régissaient les paroles et les actes de la comédienne… il finirait forcément par se rendre compte que contrairement à ce qu’il pensait, Hayden était loin d’avoir tourné la page, traînant encore et toujours son cœur brisé par sa propre faute trois ans plus tôt. Mordante ironie.
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Jonah Fletcher
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Message(#) Sujet: Re: don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie EmptyDim 17 Mai 2020 - 21:15


Le calme revenu, aussi instantanément qu’il avait disparu ; c’était désormais une foule d’émotions contraires qui bataillait dans la tête de l’anglais qui se résignait à tempérer sa rancoeur. Il avait faux, sur toute la ligne. “On dirait bien.” admit-il dans un soupir. Il avait conféré à Hayden des intentions qui n’étaient pas les siennes et s’était raccroché à ce scénario qu’il s’était construit de toutes pièces ; celui qui était le moins douloureux et le moins pénible pour lui. Car se faire narguer et regarder de haut par une Hayden heureuse et victorieuse lui parut plus supportable, plus gérable, que la possibilité qu’elle soit simplement revenue pour lui, au nom d’un lien qui leur avait fait peut-être plus de mal que de bien. Cela éveillait bien trop de regrets et de questions. Des questions restées sans réponses durant trois ans. Trois années passées à tenter d’occulter quelques mois qui avaient tout changé. Oui, il avait eu besoin de croire qu’il n’avait plus d’importance à ses yeux et il peinait encore tant à accepter que l’inverse soit la vérité -car cette possibilité le mortifiait. Et si elle n’était pas la méchante de leur histoire, alors les faits pointeraient à nouveau vers lui, ajoutant toujours plus de livres à ce lourd historique de culpabilité sur ses épaules. Lui et son sempiternel manque de jugement, menant à tous les mauvais choix qui ponctuaient sa vie. “Alors pourquoi ?” demandait ce regard qu’il avait relevé vers la brune au contact de sa main -trop court, trop furtif. Une question si simple mais accablante qu’il n’avait pas eu non plus le courage de poser trois ans auparavant. Pourquoi s’arracher à lui et à ce pays ? Pourquoi ne pas lui donner plus de temps ? Jamie le savait, au fond. La comédienne ne pouvait décemment pas se contenter de ce qu’il lui donnait, cette moitié d’affection, moitié de relation, et accepter que l’autre part égale doit détenue par Joanne. La houle, d’un côté, de l’autre, le tiraillement, l’incertitude. Cela n’était pas gérable, ni pour elle, ni pour lui en réalité. Et la Hayden le lui confirma à haute voix, ce dont il s’était toujours douté. Il avait été plus simple pour lui, blessé, de mettre sa décision sur le compte de la fierté seule. Cela la dépersonnalisait juste assez pour qu’il puisse la blâmer, tout comme elle s’était également voilé la face en couvrant sa fuite derrière le meilleur intérêt pour lui. A une situation sans issue comme fut la leur, aucune solution n’était sans contrecoup. Jamie garda sous silence bien des pensées qu’il avait eues ce jour-là, et puis maintenant. Des choses qu’il aurait dû dire ou faire, tout ce qu’il regrettait, tout ce qu’il ne pouvait effacer. Hayden s’était ouverte à lui, et une fois encore ne ressemblait-il pas assez de courage pour en faire autant. Ses lèvres demeurèrent scellées, murs de secrets, de murmures, de confessions. Si seulement elle avait attendu.

Jamie aurait préféré qu’elle lui parle de Londres, et elle le fit. Cela n’eut pas l’effet qu’il espérait, l’apaisement et la certitude que les choses étaient à leur place. Car si la comédienne était à la conquête du bonheur à l’autre bout du monde, alors elle avait fait le bon choix, et il n’y avait rien à regretter. Elle repartirait pour poursuivre ce destin qu’elle se forgeait de ses propres mains, là-bas, aussi vite qu’elle était apparue pour secouer et raviver les vieilles émotions du brun. N’était-ce pas justice qu’à un orteil du fond de la piscine, celle qui avait toujours été l’autre femme de sa vie réapparaisse pour parfaire le panorama de toutes ses erreurs des dernières années ? Comme un point final, un cercle parfait. Jamie voyait peut-être des punitions dans tout, comme s’il n’avait pas encore été assez flagellé. Et il en avait assez, assez, de se sentir pris au piège de tout ceci ; des vérités de Mina, du sourire disparu de Joanne, du regard d’Hayden ; de tout ce qui lui rappelait le désordre dans sa tête, toutes ces autres réalités où il avait fait ce qu’il fallait afin d’épargner à tous pareil chaos. “Je sais, rebondit-il à propos du prix. J’ai vu ça. A vrai dire, j’ai tout suivi d’ici.” Lorsque la comédienne s’en était allée, Jamie s’était d’abord juré de faire comme si elle n’avait jamais existé. Pour la tenir éloignée de ses pensées, il avait cessé d’en parler et d’en entendre parler, il n’avait plus prononcé son nom, il l’avait banni de sa vie. Puis, la curiosité avait pointé le bout de son nez. Avant qu’il ne s’en rende compte, un article en suivait un autre, et finalement, il s’était tenu particulièrement au courant des accomplissements de l’anglaise. “J’étais très fier de toi.” avoua-t-il, pour ce que cela valait. Du coin de son regard fuyant, il la devinait jouer nerveusement avec ses cheveux, comme elle faisait à chaque fois. Elle avait cette manière de passer cette mèche derrière son oreille, délicate et subtile, faisant apparaître la courbe de sa mâchoire et le creux de son cou. Hayden avait l'élégance et la grâce des grandes comédiennes, comme une aura se dégageant du moindre geste, du moindre souffle, qui rendait leur présence dans une pièce, sur scène, la seule chose digne d’intérêt. Quelque chose de magnétique, de incontrôlé. C’était l’hameçon auquel il avait mordu la première fois, comme bien d’autres avant lui, et d’autres après. C’était exactement pour cette raison qu’il ne fallait pas approcher de telles femmes de trop près ; elles vous glissent sous la peau pour ne plus en partir. Et lorsqu’elles s’en vont…

“C’est pire que ce que je croyais alors…” fit l’anglais avec un léger sourire au coin des lèvres et récupérant sa tasse de thé du bout des doigts. “Tu ne sais même pas à qui tu as brisé le coeur cette fois.” Un comédien de sa troupe, un homme dans le carré d’or, un barista au café où elle avait l’habitude de passer le matin, un voisin à qui elle donnait le sourire en début et fin de la journée ; il y avait forcément quelqu’un. Elle ne l’avait simplement pas vu. Oh, Jamie ferait comme s’il n’avait pas compris, comme si de rien n’était. Comme si Hayden n’avait pas avoué, clair comme le cristal, qu’il n’avait pas eu besoin d’appeler à l’aide pour qu’elle vienne pour lui, pour lui seul. Il ferait comme si Londres était mille fois plus intéressant, et surtout, mille fois moins risqué que ce qu’il avait lu entre les lignes. Il ignorerait le pas pressé de son coeur après s’être figé une seconde, sa gorge nouée et le besoin pressant de l’enlacer ; tout ce qu’il avait adoré ressentir pour elle et qu’il ne pouvait plus se permettre désormais, étiqueté “trop tard” dans un coin à l’ombre. Jamie reprit une gorgée de thé. Tout le reste n’était qu’une parenthèse, un rapide retour dans le temps. Memory Lane était un boulevard à la pente glissante. “Je sais que ça ne semble pas évident dans l’immédiat, mais je le pensais quand je disais que je suis vraiment content que tu sois revenue. Tu as des projets à Brisbane, ou tu as déjà pris ton billet de retour ?” il reprit. Bien entendu, à la seconde où le mot sera passé à propos de la présence d’Hayden à Brisbane, Joanne allait lui faire la vie impossible. Jamie ne savait pas encore le discours qu’il tiendrait à ce sujet. Il n’avait pas hâte de renouer avec les anciennes crises de jalousie de son épouse. Elles étaient toujours plus difficiles à désamorcer lorsqu’il s’agissait de la comédienne -car il n’était jamais tout à fait convainquant.




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Message(#) Sujet: Re: don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie EmptySam 23 Mai 2020 - 0:59


Trois ans plus tôt, Hayden aurait certainement senti son cœur rater quelques battements, en entendant Jamie vocaliser sa fierté à son égard. Bien sûr, elle n’avait jamais attendu la validation de quiconque pour savoir ce qu’elle valait ; la jeune femme n’était pas coutumière d’espérer que l’on flatte son orgueil, mais le soutien de son ancien amant était à part depuis toujours, sans même qu’il ne s’en rende compte lui-même, sans doute. Aujourd’hui pourtant, et malgré une reconnaissance à peine voilée, il s’agissait d’un tout autre sentiment qui l’agitait. Un mauvais pressentiment à l’écoute de paroles trop détachées pour être tout à fait honnêtes, comme si le discours doucereux d’Hayden aux mots savamment choisis avait totalement manqué sa cible. L’ancien rédacteur en chef l’écoutait attentivement, c’était certain. Il analysait certainement ses paroles, et l’attention qu’il lui accordait n’était pas feinte, la comédienne le sentait. Mais au fond, il ne lui répondait pas vraiment. Hayden aurait pu parier qu’il tentait d’éluder le sens véritable de ce qu’elle avait à lui dire, et elle se sentit soudainement vaine d’avoir eu recours à autant de sous-entendus. « Merci. Je ne m’étais pas attendue à ce que la nouvelle voyage jusqu’ici. » Bien sûr que si, elle s’y était attendue. On parlait bien d’une cérémonie à l’ampleur mondiale, pas d’une remise de prix au lycée du coin. Hayden savait pertinemment que les résultats étaient probablement publiés en temps réel sur les réseaux sociaux, et que la plupart des magazines spécialisés se chargeraient d’éditer une liste exhaustive pour les plus réfractaires de l’information en ligne. Mais elle sentait, sans vraiment le comprendre, que Jamie ne s’attendait pas réellement à une réponse autre qu’une simple formule de politesse. Un tel constat était déstabilisant, et Hayden ne saisit même pas au vol ce que l’aveu de l’ancien rédacteur en chef à propos du suivi à distance de son parcours pouvait signifier, même après autant d’années de brouille écoulées.

La comédienne était beaucoup trop occupée à songer à quel point c’était ironique, de ne s’attendre à rien de spécial, mais d’être déçue quand même. Humiliant, de se sentir rejetée par un mélange de silence et d’ignorance. Il n’avait pourtant rien dit qui sorte de l’ordinaire, et pourtant. A tous points de vue, il était certain qu’elle aurait préférait qu’il se taise. Hayden n’avait pas envie de supporter une politesse faussement désintéressée, et le flegme britannique dont Jamie faisait preuve après s’être emporté quelques minutes plus tôt ne correspondait plus au trouble qui la traversait. Depuis quand étaient-ils devenus si imperméables l’un à l’autre ? A quel moment avait-il pu s’imaginer qu’elle avait fait tout ce chemin pour échanger des banalités ? La comédienne s’attendait à tout moment à ce que Jamie commence à lui parler des nuits fraîches que l’automne australien était venu imposer à Brisbane cette année, et elle était à peu près certaine de pas pouvoir le supporter bien longtemps. Soudainement, Hayden ne comprit plus très bien ce qu’elle était venue chercher ici, au juste. C’était bien la première fois qu’elle entendait aussi distinctement le son que la négation pouvait produire ; ce n’était pas si douloureux, tout compte fait. Peut-être car depuis son retour, elle n’avait plus assez de doigts pour compter le nombre de personnes qui lui avait posé l’incessante même question, comme une vieille rengaine qu’on lui aurait obligé à apprendre par cœur ; avait-elle prévu de repartir pour Londres bientôt ? Elle avait été si présomptueuse, de croire qu’il était possible de reprendre les choses à l’endroit où elle avait pris la décision de les quitter, en premier lieu. Le monde avait continué de tourner en son absence, bien sûr ; elle était la seule à blâmer d’avoir voulu tenter de prendre de l’avance sans lui. « Oh, je sais très bien quel cœur j’ai brisé, cette fois-ci. » La réponse avait été murmurée plus que pleinement assumée, et Hayden ne prit aucunement la peine de s’assurer que Jamie l’avait bien entendu. Elle aurait voulu lui dire, qu'elle s’était elle-même ôté le cœur en pensant que son retour aurait pu changer quelque chose. Lui avouer qu’il n’avait jamais vraiment quitté ses pensées depuis trois ans, et que si elle ne regrettait aucunement d’avoir eu le courage de s’en aller, elle aurait tout donné pour que les choses se déroulent autrement. Oui, à bien des égards, la vérité aurait été préférable à ce pathétique combat d’égo et de faux-semblants. Mais c’était trop tard, dorénavant. La comédienne avait tenté d’ouvrir son cœur, de semer des indices qu’elle savait à la portée de Jamie, de faire en sorte de lui laisser suffisamment d’ouverture pour que, peut-être, il emprunte son chemin, cette fois-ci. Mais la vraie vie n’était pas une comédie romantique, et Hayden n’était pas l’héroïne profondément charmante mais naïve, tout comme Jamie n’était définitivement pas un prince charmant.  Il était peut-être temps de baisser les armes, et d’accepter sa défaite. Il y avait tant d’autres domaines dans lesquels elle excellait, tant de choses qu’elle pouvait contrôler et qui lui apportaient un bonheur certain et une tranquillité d’esprit comme nul autre. Pourquoi était-ce si douloureux d’apprendre à dire merci pour tout, au revoir, et de simplement passer son chemin ? « Disons que pour le moment, je suis ici en vacances. Et en attendant de pouvoir récupérer mon appartement, je loge chez Elizabeth. » Hayden avait retrouvé son ton froid habituel, presque mécanique. Quiconque ne la connaissait pas suffisamment pour discerner la lassitude qui venait soudainement de la saisir aurait pu penser que son détachement était sincère ; la vérité était beaucoup plus navrante. Tout n’était plus que calcul dorénavant, et la comédienne ne se souciait plus que d’une chose, désormais : ne plus se dégrader davantage aux yeux de Jamie en le laissant deviner qu’au fond, elle n’avait rien prévu, en dehors de lui. Donner le change, faire semblant… rien d’inédit qui ne soit pas à la portée d'une bonne comédienne, si ce n’était que cette conversation faussement bienveillante, comme deux amis de longue date qui ne s’étaient pas revus depuis longtemps et qui tenaient à faire le point ensemble sur l'avancée que prenait leurs vies, sonnait terriblement factice. « Honnêtement, je n’ai pas encore prévu de date de retour. Mais ne t’inquiètes pas, je n’aurais certainement pas le temps de m’attarder dans les environs très longtemps. » Hayden s’éloigna de nouveau de Jamie pour saisir sa propre tasse de thé, comme pour se donner une excuse pour concrétiser la distance de ses propos en une unité physique. « Je vais essayer de donner quelques cours de théâtre en ville, histoire de ne pas trop perdre la main. Et Keith a besoin de moi pour aménager son futur bureau, alors il y a peu de chances que je vois souvent la lumière du jour, ces prochaines semaines. » La comédienne laissa échapper un petit rire sans joie. Elle prenait presque l’habitude, d’échanger des futilités comme si de rien n’était. « Je voulais juste marquer le coup et voir comment tu allais, après tout ce temps. Mais si tu m’assures que je ne peux rien faire pour t’aider, alors… Je vais faire en sorte de ne pas te compliquer les choses plus qu’elles ne le sont déjà. » Hayden n’avait jamais eu l’intention de faire sonner ses paroles comme un adieu, et pourtant. C’était dangereux, de marcher sur le fil du rasoir. Et regrettable d’espérer que, bien qu'il ne l’ait pas fait trois ans plus tôt, Jamie la retiendrait, cette fois-ci.
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Message(#) Sujet: Re: don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie EmptyJeu 28 Mai 2020 - 0:25


Hayden lui semblait si lasse, désormais, tandis que la sensation de marcher sur des oeufs ne s’était pas envolée en même temps que les banalités s’étaient installées dans la conversation. Il était évident que ce manège, ce n’était pas eux, mais rien d’autre qu’un nouveau moyen de creuser plus profondément le fossé qui s’était imposé entre eux deux en trois années loin des yeux. Ne se comprenaient-ils plus ? Ne lisaient-ils plus l’un en l’autre aussi aisément qu’avant ? Pour Jamie, là était le problème ; il ne comprenait que trop bien, il lisait parfaitement entre les lignes. Il la voyait, Hayden, brute sous la surface polie. Et il devait fermer les yeux, tourner les talons et se signer dans l’espoir que tout ce qui avait été enfoui le demeure comme le trésor oublié d’une île lointaine. Comme une légende, un mythe, une histoire ; leur histoire. Une boîte de Pandore qu’ils ne devaient pas rouvrir, quitte à ce que cela leur torde l’estomac et leur arrache un bout de coeur supplémentaire. Etaient-ils vraiment à cela près ? A les voir feindre une conversation aussi polie que dénuée de sens, plus grand chose se trouvait hors de la portée de leur volonté de se mentir. L’unique intérêt de Jamie à connaître les détails du séjour de la comédienne était de savoir combien de temps celle-ci s’attarderait à Brisbane. Ses espoirs à ce sujet partaient dans toutes les directions, entre le souhait utopiste qu’elle ne reparte pas et qu’ils puissent tenter de dépoussiérer quelque complicité hors du tas de cendres que Hayden avait abandonné derrière elle, et celui qu’elle saute dans l’avion en direction de Londres dans les prochains jours afin que sa présence de complique pas un peu plus une situation d’ors et déjà étriquée a possible. Au final, rien n’était figé dans les plans de la brune -et donc, dans l’esprit de Jamie. "Ça ne sonne pas vraiment comme des vacances." commenta-t-il en bon pratiquant du small talk comme le voulait son héritage génétique. Entre cours de théâtre et aménagements, Hayden se faisait très occupée et toute aussi rare pendant la période à venir, laissant sous-entendre que l’anglais n’aurait aucun autre créneau pour la croiser dans cet emploi du temps fort chargé. La distance qu’elle imposait dans ses paroles dénuées de chaleur faisait l’effet d’un vent froid dans la cuisine. Jamie le sentait, s’il ne voulait pas se condamner à ce traitement de la part de la comédienne, c’était sa chance. C’était son moment pour regretter le passé, revenir sur ses choix, faire ce qu’il avait manqué de faire, dire ce qu’il aurait dû dire trois ans plus tôt. Elle était là, la fenêtre de tir, le moment de dire pardon d’avoir été aussi indécis, pardon de ne pas avoir sauté dans le premier avion pour la rejoindre, pardon d’avoir été apeuré, de l’être encore. "Hayden…" il souffla tout bas, retrouvant toute sa gravité de tantôt. Le masque des banalités était paradoxalement bien trop lourd à porter. C’était au delà de ce dont il était capable face à elle. Professionnelle des faux semblants qui excellait dans le rôle des autres, Hayden ne lui inspirait rien d’autre que le vrai, lui faisait aspirer à l’authenticité. Tout le reste brûlait sa peau comme un fer rouge. "Les choses sont différentes maintenant. Je suis marié. J'ai deux enfants." L'époque de tous les possibles était révolue. Il ne pouvait pas revenir trois ans en arrière. Dieu savait qu’il l’avait voulu. La traversée du désert qui avait suivi le départ d’Hayden avait laissé des séquelles dont personne ne se doutait. Rien n’avait été simple, depuis. Mais il avait une famille, une femme, et c’étaient des choses pour lesquelles il n’avait pas encore baissé les bras. "Je leur en fais vivre bien assez. Je n'ai plus le moindre droit à l'erreur. Rien qu'en acceptant de te voir, tu n'imagines pas à quel point je mets tout ça en péril." Une dernière chance. C’était ce que Joanne lui avait dit. C’était l’épée de Damoclès qu’elle avait mise au-dessus de la tête de Jamie. C’était l'ultimatum dont la pression qu’il ressentait au quotidien rendait chaque journée plus difficile à vivre que la précédente. Dieu qu’il haïssait cette sensation de sursis, de menace. Parfois, il n’était pas certain de le mériter -il s’y pliait cependant, plus docilement qu'il ne l'avait jamais été. Le chemin de croix lui paraissait infiniment long, et Joanne n’était d’aucun secours. Au milieu de quatre chiens, deux enfants et son mariage, Jamie ne s’était jamais senti aussi seul, aussi isolé. Ce que Joanne attendait de lui, il n’en avait pas l’ombre d’une idée. Il s’était repenti mille fois, il s’était fait minuscule, invisible, muet ; rien ne semblait suffire pour mériter mieux que ses silences, ses regards, ses rejets. Et c’était à cela qu’il se voyait condamné à chaque fois qu’il l’entendait, dans un coin de sa tête, lui marteler qu’il avait une dernière chance. "C'était une erreur, Hayden. Je suis désolé." L’australienne ne pouvait définitivement pas imaginer son désoeuvrement. Mais aussi brisé et vidé fut-il, Jamie n’avait pas d’autre choix que de refuser la main tendue d’Hayden -peut-être la seule en mesure de lui faire sortir la tête de l’eau- et ce coeur battant qu’elle lui avait laissé entrevoir.




I was working in the lab, late one night When my eyes beheld an eerie sight For my monster from his slab, began to rise And suddenly to my surprise He did the mash, he did the monster mash









:l::

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Message(#) Sujet: Re: don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie don't look at me with those eyes, i tried to unheave the ties ☾ jamie EmptySam 30 Mai 2020 - 22:31


Ironiquement, la capacité durement acquise d’Hayden à comprendre Jamie et à anticiper la plupart de ses réactions s’était illustrée par un retour fracassant à la minute même où il avait ouvert la bouche pour débiter une rengaine préfabriquée qui ne lui ressemblait absolument pas. Hayden saisit immédiatement où il voulait en venir et, pendant un instant, il lui sembla qu’elle venait subitement d’oublier comment respirer. Elle se sentait comme un poisson hors de l’eau, contrainte par une force invisible de demeurer à la surface. L’air était rapidement devenu irrespirable, et cette cuisine beaucoup trop petite pour deux personnes aux non-dits aussi encombrants. Au fond d’elle, la comédienne connaissait l’issue de toute cette mascarade, percevait claire comme de l’eau de roche la fuite imminente qui allait suivre. Hayden n’était bonne qu’à ça, ces derniers temps. Prendre la poudre d’escampette, tenter de se convaincre que ses décisions étaient les seules valables dans l’intérêt de tous, penser naïvement que plus rien ne pouvait l’atteindre, désormais. Mais comme souvent lorsqu’elle les concernait, la vérité était tout autre. C’était plutôt comme se retrouver en plein cœur d’une mauvaise comédie dramatique. Jamie lui donnait la sensation de lui déclamer son statut marital d’un air monotone, comme s’il récitait une leçon particulièrement lassante apprise par cœur, comme si Hayden ignorait l’existence de sa femme et de ses enfants, pour commencer. S’il cherchait à se faire plaindre, à ce qu’elle accepte sa situation plus qu’elle ne la comprenne, c’était peine perdue. L’espace d’un instant, la comédienne s’était même demandée s’il cherchait à se convaincre lui-même plutôt qu’à la convaincre elle mais, de toute évidence, la question ne valait plus réellement la peine d’être posée, désormais. La jeune femme avait parfaitement compris le message qui lui était adressé, et elle savait qu’il était temps de se sortir de cette atmosphère pesante avec suffisamment d’élégance pour ne pas avoir à rougir la prochaine fois que quelqu'un évoquerait le nom de Jamie au détour d'une conversation. Son égo était blessé, son cœur écrasé au fond de sa cage thoracique, mais sa vivacité d’esprit continuait d’alimenter son instinct de survie qui lui soufflait de sauver les apparences, la dernière chose qui pouvait compter aux yeux d’une Hayden bafouée. Elle était convaincue d’avoir fait ce qu’il fallait, d’avoir abattu la totalité de ses cartes, déplorant un jeu qui n’élisait aucun gagnant. A croire qu’il était particulièrement difficile de jouer, quand on manquait d’un adversaire. « Je ne suis pas une simple amante de passage que tu as besoin de dissuader de menacer ta vie de famille, Jamie. Epargne-moi tous les détails que je connais déjà. » La comédienne était venue poliment déposer sa tasse au fond de l’évier, fuyant machinalement le regard de Jamie qu’elle devinait beaucoup trop intense pour être pleinement soutenu. Ses mains tremblaient, et elle espérait que son interlocuteur ne prendrait pas conscience du malaise qui était en train de la saisir, commençant à lui faire perdre ses moyens. C’était un souhait utopique, Hayden le savait. Car Jamie avait toujours su, avait toujours vu, avait toujours compris. Et ce n’était désormais plus un secret pour personne, qu’il était le seul en mesure de prétendre pouvoir la déstabiliser suffisamment pour que le masque tombe, ne serait-ce que l’espace d’un instant.

Le signal de départ acheva de s’abattre sur elle en même temps que les excuses de l’ancien rédacteur en chef. Elles sonnèrent comme un cliché total, finissant de ridiculiser un peu plus une situation qui manquait déjà cruellement de logique. Hayden se demanda brièvement s’il parlait seulement de leur entretien clandestin du jour, où si l’erreur évoquée remontait à plus longtemps déjà. Elle sentit son cœur se serrer, et une colère sourde commença à gronder à l’intérieur. Si son retour à Brisbane était peut-être une mauvaise idée, il sembla à la comédienne que leur rencontre, leur histoire, tout ce qui avait un jour pu constituer le lien sincère qui les avait unis par le passé, eux, ne méritaient nullement le même constat. Hayden avait ouvert la bouche pour répliquer et tenter de défendre l’honneur de sentiments dont elle n’aurait jamais à avoir honte, mais s’était finalement ravisée de justesse. Le combat l’avait suffisamment épuisée pour aujourd’hui, et puisque Jamie semblait décidé à les forcer à se conformer à un moule de fausse banalité, il ne méritait désormais plus qu’une politesse convenue. « Merci pour le thé, et désolée pour les scones. Ils avaient l’air délicieux, mais j’ai l’appétit coupé. » Hayden adressa un bref signe de la tête au jeune homme, ne parvenant pas à pousser le vice au point de lui serrer la main comme symbole de son départ. Elle s’efforça de ne pas se laisser submerger par la sensation étourdissante qu’il s’agissait peut-être de leur dernière conversation en tête à tête, de sa dernière chance pour exprimer ce que sa pudeur lui avait obligé à conserver au fond de son cœur sans jamais aucun espoir d’un jour apercevoir la lumière du jour. Mais Hayden était trop têtue, trop touchée pour prendre le risque de se dévoiler une fois de trop. Elle le regretterait un jour ou l’autre, c’était certain. Mais elle savait également que le passé, lui, n’avait jamais eu pour vocation à être remué inlassablement. « Et ne t’inquiètes pas pour Joanne. Ce qu’elle ignore ne pourra pas la blesser. » C'était une promesse dissimulée, de s’assurer que lorsque que la nouvelle de son retour en Australie ferait la Une des journaux locaux, la jolie blonde n’ait aucunement l’occasion de penser qu’Hayden avait déjà fait un saut dans sa propre cuisine. Et si son séjour à Brisbane devait se prolonger, de faire en sorte que plus jamais son chemin ne croise celui de Jamie Keynes. Quel gâchis, songea-t-elle en regagnant la rue inondée de soleil. Si seulement les choses avaient pu tourner autrement.
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