« J’ai pas peur. Je sais pas y faire avec elle c’est tout. » Elle pouvait toujours essayer de le berner, tenter de le faire tourner en bourrique. Ce qu’elle avait oublié dans toute cette histoire, la jeune femme, c'était qu’il en fallait plus pour qu’il tombe dans le panneau. Autant sur certains points, il le savait, il n’était pas très fin - mais dans le cas présent, même le plus idiot des abrutis pouvait voir qu’elle mentait Jillian. Pas par envie, mais plus par nécessité. Et c’était là que le bas blessait, car elle ne pouvait réellement se réchapper de la situation dans laquelle elle avait glissé. Alors, Ezra vint prendre les choses en mains. Inquiet, perturbé - bien moins que la jeune femme, cependant -, il vint prendre Tracy et lui préparer son biberon. Il vint la garder contre lui et l’installer confortablement dans ses bras pour lui donner à manger. Elle chouina encore un peu avant de venir s’adonner complètement à l’idée de boire son biberon, les yeux émerveillés par les lumières autour d’elle.

« T’avais raison. » La voix de Jillian vint résonner après quelques instants de silence qu’il n’avait lui-même pas tenté de combler. Il savait qu’il avait été trop loin, et même s’il ne souhaitait pas l’admettre, se taire était la meilleure des choses à faire. Il vint cependant relever son regard un instant vers celle qu’il considérait toujours comme son amie, alors qu’elle se laissait avaler par la couverture de son lit. « Je… pardon… je suis un peu à cran. » Il vint esquisser une petite moue aux coins des lèvres, ne désirant pas laisser son attention divaguer du bébé trop longtemps. Ces petites choses là étaient fragiles et pouvaient vite se retrouver dans des situations délicatesses si l’attention n’était pas portée sur eux. « Tu es fatiguée, et c’est normal. Tu verras, ça finira par se régler tout ça et d’ici quelques temps, tu pourras plus les lâcher du regard. » Ses yeux à lui portés sur le biberon de la petite qui lui échappait des lèvres alors qu’elle s’endormait à poings fermés. Elle avait juste faim, cette petite mère.

« Merci. » Presque comme un soupire, à peine murmuré du bout des lèvres, mais Ezra n’eut aucun mal à l’entendre. Parce-que Tracy ne pleurait plus, parce-que Bowie n’avait pas réellement dit quelque-chose jusque maintenant. Venant poser le biberon sur la table à ses côtés, Ezra resta un instant de plus avec le bébé dans ses bras. Elle était si petite, s’en était presque hallucinant. « Y’a pas de quoi, Jill. Tu m’as demandé de ne pas partir de toutes façons. » Sur un ton plus léger, des mots plus apaisant. Il l’avait poussé et il n’aurait pas du, car ses dernières forces n’étaient pas assez présentes et résistantes pour affronter ce genre de situation. Quelque-chose d’étrange régnait dans l’atmosphère mais pour le moment, le principal n’était pas là - Ezra n’apprendrait que bien plus tard qu’il n’avait on ne peut plus raison cependant. Le principal était à ce que tout ce petit monde soit en bonne santé et en vie, le reste s’arrangerait avec le temps, il en était persuadé. « Bailey te rejoint par la suite ? »

Spoiler:

Elle est terrifiée et épuisée. Personne n’ose la pousser dans ses retranchements. Personne sauf Ezra. Il a essayé de la forcer à prendre sa fille et à lui donner le biberon. Jill s’en sent incapable et c’est aussi triste que terrifiant. Elle n’aime pas cette sensation. Elle a envie d’être loin de ses enfants et de s’enfuir, quel genre de mère est comme ça ? Elle pourrait pleurer, hurler de toutes ses forces, mais rien ne vient. Les larmes qu’elle a au coin des yeux sont des larmes de rage et rien de plus. De rage contre elle, contre sa fille et contre Ezra. Il n’en a fait qu’à sa tête, et Jill s’est sentie encore plus mal après qu’il ait repris Tracy. Pourquoi elle est incapable d’être comme lui ? D’être aussi enjouée et ravie à l’idée de devoir donner le biberon à ses jumeaux. “J’espère. Vous dites tous ça.” Le tous c’est Bailey, c’est les médecins et c’est Ezra. Elle veut y croire même si au fond d’elle elle sait que ça durera bien plus longtemps que quelques jours. Elle souffle, soupire mais regarde sa fille se calmer entre les bras du Beauregard. Bowie continue de gazouiller dans son coin et Jill le regarde pendant quelques secondes avant de porter de nouveau son attention sur son ami.

Elle sourit, il continue de prendre tout ça sur le ton de la rigolade. C’est léger, et elle oublie un peu tout ce qu’il vient de se passer. “Fais pas comme si t’étais venu là pour moi.” Elle sait très bien qu’il est autant là pour elle que pour les bébés. “T’es venu pour essayer de draguer toutes les infirmières du coin et utiliser une voix de crécelle pour parler aux bébés.” Elle hoche la tête et se sent bien plus à l’aise maintenant que Tracy a arrêté de pleurer. “Il a besoin de prendre un peu l’air aussi c’est lui qui fait tout.” Au moins, elle l’avoue.

« J’espère. Vous dites tous ça. » Ezra espérait aussi, à vrai dire. Il espérait que ses paroles seraient vraies, et que les choses se mettraient dans l’ordre, et que la jeune femme n’aurait plus ce poids qu’elle s’infligeait sur les épaules - car il ne fallait pas être devin pour voir qu’elle se blâmait pour cette situation. « Mais oui, ça viendra. » Et il était confiant Ezra, car il ne voyait pas les choses se passer autrement de toutes façons. Même si elle ne le voyait pas encore, Jillian avait tout le potentiel nécessaire pour être une bonne mère. Elle l’avait été, sans s’en rendre compte, pendant des années auprès de Ginny. Elle saurait reproduire ses actes auprès de ses enfants.

Après avoir pris son biberon et s’être endormie en tétant, Tracy ne vint plus pousser un seul petit cri, déjà partie dans le pays des songes. Cela sembla venir apaiser l’atmosphère régnant dans la chambre et Ezra s’osa même à venir placer une petite blague, là, presque de rien du tout mais qui voulant pourtant tout dire et tout montrer. « Fais pas comme si t’étais venu là pour moi. » Il vint esquisser un sourire, comprenant par ces mots que Jill le suivait dans le mouvement. « T’es venu pour essayer de draguer toutes les infirmières du coin et utiliser une voix de crécelle pour parler aux bébés. » Il vint pouffer légèrement, se retenant de trop bouger pour ne pas risquer de réveiller la petite. Maintenant qu’elle avait fini de manger, cependant, il put relever son regard vers la jeune femme et hausser un sourcil amusé. « Et il parait qu’utiliser ma voix de crécelle devant les infirmières, pour draguer, ça marche du tonnerre. Tu m’en présentes une ou deux pendant que j’ai le bébé dans les bras s’il te plait ? » Il vint lui faire un petit clin d’oeil, alors que désormais ses lèvres prenaient la forme d’un sourire franc.

« Il a besoin de prendre un peu l’air aussi c’est lui qui fait tout. » Qu’elle vint répliquer, la demoiselle, lorsqu’Ezra lui demanda si Bailey la rejoindrait par la suite. Il hésita un instant sur la phrase à prononcer par la suite, mais se rappela qu’il avait toujours été au plus vrai auprès de Jill et qu’il ne voyait pas pourquoi ça pourrait changer désormais, même dix ans plus tard. « Ca lui fait les pieds tiens. » Son sourire trahissait son manque de sérieux. Finalement, il vint se laisser glisser légèrement dans le fauteuil, s’installant mieux. « T’auras qu’à me réveiller quand il arrivera alors. Je taperai bien une petite sieste. » Comme si cela était la chose la plus normale et naturelle à faire sur l’instant présent.

Spoiler:

Ca viendra, tout finira par aller mieux. C’est ce qu’ils disent tous. Elle devrait y croire Jill, c’est ce qu’elle essaie de faire. Elle essaie de toutes ses forces, et elle espère que ça marchera. “Je veux bien te les louer à l’heure et je veux un compte rendu de toutes les filles que t’as réussi à choper grâce aux bébés.” Il pourra toujours les emmener dans un parc, et il sera entouré de plein de jeune femme en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. “T’es branché infirmière ? C’est cliché et ça m’étonne même pas.” Elle lève les yeux au ciel, ravie que l’ambiance soit bien plus légère que quelques minutes auparavant. Comme si, pendant un temps, tout redevenait comme avant. Mais les bébés font quelques bruits et elle est rapidement ramenée à la réalité.

Il lui parle de Bailey et Jill fronce les sourcils, elle sait qu’il ne le porte pas dans son coeur et elle le comprend bien. C’est pour ça qu’elle n’a jamais voulu se mettre au milieu de tout ça, et elle le veut encore moins aujourd’hui. Elle l’écoute en levant les yeux au ciel. “La ferme !” Elle joue sur le même ton que lui, et elle soupire en s’installant un peu mieux dans son lit Jill. Elle pourrait se remettre à dormir, elle fait toujours ça. Elle reste réveillée une heure au plus, et elle se rendort pendant encore un long moment. Elle ne sait pas où est Bailey, mais elle se sent rassurée de ne pas être seule avec les bébés. Tracy n’a plus faim et Bowie vient de s’endormir. Ils peuvent bien faire une sieste pas vrai ? “Si tu dors trop longtemps je pourrais toujours te dessiner pleins de trucs sur le visage.” Elle hausse un sourcil en le regardant se caler dans le fauteuil.

« Je veux bien te les louer à l’heure et je veux un compte rendu de toutes les filles que t’as réussi à choper grâce aux bébés. » L’ambiance était davantage détendue et les paroles de la jeune femme un brin plus adaptées à la situation - même si, clairement, entendre une toute jeune maman parler de louer ses bébés n’était pas exactement la chose la plus normale; Ezra savait que la blague était de mise alors il vint oser un petit rire. « T’es branché infirmière ? C’est cliché et ça m’étonne même pas. » Il leva les yeux au ciel. « Je suis branché gente féminine et on sait tous que y’a plus d’infirmières que d’infirmiers, alors… » Il haussa délicatement les épaules, presque indifférant, faisaient surtout attention de en pas trop bouger pour ne pas réveiller Tracy qui dormait désormais paisiblement dans ses bras.

Et lorsque Bailey atterrit dans la conversation, Ezra ne se priva pas pour venir placer une petite pique, un rien du tout mais c’était le moindre dont il savait faire preuve. « La ferme ! » Il ne fut même pas offensé de cette attaque, car il s’y attendait. Après tout, il avait tendu le bâton pour se faire battre. « Essaie tiens. » Car si la provocation revenait en plus de la blague, c’était que la situation s’améliorait pour Jillian - et c’était là la base de cette conversation déviée désormais. Ezra avait merdé en tentant de la forcer à faire quelque-chose, un instant de silence plus tard offert par Tracy et il s’en apercevait. Désormais, il tentait de se rattraper.

Mais si les petits se mettaient à la sieste et que Bailey n’était pas prêt de revenir, il allait imiter leur comportement et fermer les yeux un instant. « Si tu dors trop longtemps je pourrais toujours te dessiner pleins de trucs sur le visage. » Il vint ouvrir de nouveau un oeil, le tournant vers la jeune femme, la malice au coin des yeux. « Dans mes souvenirs, la dernière fois que t’as tenté de faire ça, t’as fini dans la piscine. » Et ses souvenirs de ce type de moments là étaient plutôt jutes, malgré les années passées et le temps faisant son effet. Finalement, il vint réellement fermer les yeux, resserrant doucement Tracy contre lui, se laissant aller à un soupire d’aise. « Repose toi, Jill, je te sens me regarder. » L’instant d’après, la respiration d’Ezra se mettait de concert avec celle de la petite fille.

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