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Raelyn Blackwell & @Matt McGrath - Univers alternatif

Elle est belle, la robe vert d’eau bustier dont le drapé délicat met en valeur ma délicate poitrine. Elle est belle mais pas autant que ma mise en plis, j’ai passé la matiné entière chez mon coiffeur la veille, elle est belle, mais pas autant que le grand salon que les domestiques finissent d’installer en vue de la ”petite” soirée que j’organise ce soir. Elle n’a de petit que le nombre d’invité, treize, triés sur le volet. Avec moi nous serons quatorze, et c’est la crainte d’être treize à table qui m’a poussée à rajouter un dernier invité à la dernière minute, après que le Sénateur Perkins se soit désisté. J’ai dû choisir vite, et m’assurer que la personne soit disponible, c’est la raison pour laquelle le détective McGrath, sombre personnage un peu loufoque qui détonne par rapport aux militaires, médecins renommés, journalistes en vue et hommes politiques, s’est retrouvé sur la liste, sur conseil d’une bonne amie. C’est en vogue les détectives, ça ajoute un peu de mystère.

A la mort tragique de mon second mari j’ai détesté tout ceux qui m’ont tourné autour à la recherche d’une miette d’information, mais on dit que celui ci est différent, qu’il n’y a rien qui lui plaise plus qu’un défi, et mon goût du jeu me pousse à avoir envie de lui en offrir un.

La soirée avait bien commencé. En hôte charmante j’ai navigué entre mes invités, offert que l’on leur serve un verre de bourbon, claqué des doigts pour appeler les domestiques à tort et à travers et nous sommes passés à table. Un dîner parfait, rien n’était laissé au hasard, à la préparation duquel je n’ai évidemment pas participé au risque de me salir les mains. C’est vers neuf heures que les choses se sont corsées, alors que les hommes étaient en train de profiter de cigares, moi de ma cigarette, et tous les convives d’un énième verre de bourbon. L’ignoble cri, poussé par une voix masculine grave a résonné à travers les murs de ma maison de ville et, la surprise peinte sur le visage je me suis redressée pour jeter un regard circulaire à la pièce pour réaliser que le docteur Derrickson, ponte de la chirurgie cardiaque, avait disparu.

Le déroulé de la soirée n’a plus d’importance maintenant que, agglutinés les uns sur les autres, nous observons avec effroi le corps du docteur, tombé visiblement du troisième ou quatrième étage, et empalé au sommet d’une statue médiévale de ma collection. Paniquée, je me hisse au niveau de McGrath, m’accrochant à la manche de son veston. « Détective, que s’est il passé ? Que convient-il de faire ? » Rassembler les invités dans le petit salon ? Et qu’en est-il des domestiques ? Ciel, je regrette mon quatrième verre de bourbon, à présent.

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C'est louche. L'invitation qui arrive sortie de nulle part, les connaissances qu'on est supposément censées avoir en commun. Elle connaît mon numéro de téléphone alors que je ne connais même pas son prénom, elle détache chaque syllabe alors qu'elle a l'air de réciter un texte par coeur la seconde d'après. Le moteur de la Aston Martin est encore bouillant quand j'en sors, voiture garée dans l'allée d'un manoir qui semble sorti des pires récits d'horreur qu'on raconte à Adelina quand elle refuse de dormir. Sa mère est plus sadique que moi, je ne me charge rien que de lui embrasser le front à la fillette, la bordant d'un geste tendre loin des scènes d'épouvante qui auraient pu prendre vie ici. Et en plus, le ciel tonne. Louche, très, très louche.

On me tend un verre de champagne, je préfère le whisky. Mais ils rient tous, déjà, et elle aussi. Alors il viendra le plus naturellement du monde sur mon visage mon sourire de convenance. Certains s'essaient au piano à queue posé dans l'angle de la pièce et mon regard à moi, il ne la lâche pas une seule fois dès lors qu'elle apparaît au salon. Entre les bouquins poussiéreux qui rendraient ma femme complètement envieuse et les tapis persans aux milliers de couleurs qui doivent valoir une fortune, elle vit dans un tableau particulièrement impressionnant qui ne me donne envie que de gratter sous la surface.

Les plats sont incroyables eux aussi. Assez pour que ma langue se délie, assez pour que les blagues remontent et les rires avec. Le public est bon et généreux, ils sont tous des hommes de lettre alors que j'en suis un de mains. Mais on arrive visiblement très bien à s'entendre entre les rillettes et les sorbets, l'alcool aidant à délier les langues alors que le menu ravit nos palais. L'air ambiant est enfumé d'un brouillard sentant le tabac bien grillé et ce parfum a tantôt le pouvoir de me calmer, tantôt de me donner envie de cogner. On verra bien ce soir quel sera le mélange avec lequel détective McGrath terminera la soirée.

« Détective, que s’est il passé ? Que convient-il de faire ? » au moins moi, je terminerai pas la soirée les pieds devant.

Silence, tout le monde se tourne vers nous, elle qui s'accroche aux tissus qui recouvrent mes manches et mes prunelles qui pour une fois ont arrêté de scruter le profil de la blonde. « Il est tombé. » quelle évidence vraiment, quel esprit d'analyse affûté. La silhouette est désarticulée et le bruit qui a précédé sa chute était aussi horrible que sec, définitif. Il est mort en l'élan. « Qui d'autre est ici? » mes mots volent vers elle mais mes yeux eux, dresse un à un les portraits des visages horrifiés de tous ceux rassemblés autour du corps fatalement allongé du docteur.

Le détective observe les convives avec attention, pas comme les autres qui ne portent qu’un intérêt superficiel à leur prochain, il me donne au contraire l’impression de chercher à tous nous lire et nous décrypter. Il pourrait me faire froid dans le dos, sauf qu’il parle à mon goût du défi et de la découverte et je meurs d’envie d’en apprendre un peu plus sur ce qu’il fait, comment il occupe ses journées et les enquêtes les plus morbides sur lesquelles il intervient.

Parce que ça a toujours éveillé plus d’intérêt chez moi que toutes ces mondanité finalement, le glauque morbide. Parce que si j’aime étale mes richesses, je me fiche de savoir que Sir Williams a ramené pour sa femme un magnifique vase peint à l’encre de Chine de son dernier voyage d’affaire ou il l’aura certainement trompé avec une locale. Parce que je me fiche qu’on me complimente sur le repas que je n’ai pas cuisiné mais que j’ai confié à mes domestiqué.

Heureusement, un peu d’action vient troubler la soirée qui, jusqu’ici, me paraissait un peu morne. Un bruit sinistre qui nous pousse tous à nous précipiter dehors pour y trouver le corps de l’éminent docteur Derrickson suspendu à la statue médiévale offerte par mon second époux. Je hurle, je tremble d’effroi autant que d’excitation, et je m’accroche au bras du détective qui vient de trouver son rôle dans la soirée. « Il est tombé. » « Tombé ? » Je lève les yeux vers le ciel mais personne ne se trouve sur le balcon de l’étage. Où était-il ? Que faisait-il là haut ? Depuis combien de temps a-t-il disparu sans que nous ne nous en rendions compte ? L’alcool n’aide pas et mes pensées sont troubles. « Qui d'autre est ici ? » Je jette un coup d’oeil autour de moi. « A part les invités ? Le personnel de chambre, les gens de cuisine et mon oncle, en visite en ville, que j’ai installé dans l’une des chambre du premier étage. » Celui que ma mère me force à accueillir avec le sourire : gravement malade et sans héritier, il a trouvé un intérêt nouveau à mes yeux. « Personne d’autre. » Je sens le poids du regard des autres convives sur nous, paniqués et avide d’en savoir plus à la fois. J’aime ça, qu’ils me regardent tous.

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« Tombé ? » tombé, oui. C'est ce qu'on dit quand on a absolument aucun coupable en liste et qu'on ne souhaite pas non plus faire paniquer qui que ce soit est sur place en croyant qu'ils sont en danger - ce qui pourrait bien être ce soir le cas. J'hoche de la tête de la positive, suivant son regard vers le ciel alors que la courbe de sa nuque s'allonge tout autant que la mienne vers des miettes d'un étage qui n'aurait jamais dû prendre part à aussi tragique dessein.

Mes sens déjà décuplés doublent en vigueur quand j'en appelle à ma mémoire photographique. Les quelques bribes de la soirée me revenant sont à base de bourbon et de discussions mondaines, de regards échangés avec elle comme si elle attendait autant quelque chose de moi que moi d'elle. Les autres ne sont d'aucune utilité en s'égosillant sur le cadavre désormais constaté au sol. L'un d'eux a brouillé la scène de crime en se penchant courageusement sur la nuque du médecin pour constater ironiquement qu'il a bien eu beau sauver des vies de son vivant il n'a décemment pas su sauver la sienne.

Qu'ils parlent et qu'ils jacassent, j'ai à faire. « A part les invités ? Le personnel de chambre, les gens de cuisine et mon oncle, en visite en ville, que j’ai installé dans l’une des chambre du premier étage. » mon cerveau calcule et additionne les variables, encore trop prompt à tirer la moindre conclusion tant les pièces se mettent toujours lentement en place. « Personne d’autre. » les cartes sont jetées donc. Et au moment où tous se tournent vers nous, il est temps pour moi de brasser le paquet, de voir qui et quoi justifierait ceci et cela.

D'abord, est-ce une meurtre ou une simple chute maladroite qui ne lui vaudra pas d'ovation au Paradis? « Vous permettez. » une politesse qui ne sert à rien quand mon ton est tranchant et que ma question n'en est même pas une. Raelyn à mes côtés, j'avance avec intérêt vers le docteur, me penchant à sa hauteur pour faire ses poches avec intérêt et tenter d'y trouver le moindre détail, le moindre élément de départ qui suggèrerait quelque chose d'où baser le début de l'enquête.

WIN : sur sa nuque et sur ses poignets, il remarque que le médecin a des ecchymoses fraîches et récentes
SO CLOSE : dans la poche intérieur de son blason, il trouve un papier plié semblant être une note qui y a été rangée
FAIL : pas de marques, pas de note et rien du tout dans les poches ; pour l'instant tout porte à croire que c'était un accident

Il est pas bavard le détective McGrath et je suis bien obligée d’admettre que ça me frustre autant que ça me rend nerveuse. Pourquoi ne prend-il pas plus que ça les choses en main ? Pourquoi je demande-t-il pas à tout le monde de se réunir dans le salon pour nous interroger ou quelque chose comme ça ? Pourquoi ne boucle-t-il pas la propriété pour que les employés et / ou le coupable ne puisse pas s’enfuir ? Moi j’enfonce toujours mes ongles dans la manche de son veston, si bien qu’il se dégage doucement. « Vous permettez.  » Il s’approche du corps du médecin, il grimpe sur le piédestal de ma statue hors de prix - elle vient d’ailleurs certainement de gagner en valeur maintenant qu’elle a été le théâtre de ce si triste événement - et je l’observe, suspendue à ses lèvres. Il fouille les poches du costume de Derrickson, il observe le visage et le crâne de la victime et, de mon côté, je m’impatiente.

« Et bien ? Vous trouvez quelque chose ? » Il fait signe que non et mon coeur s’emballe. Y-a-t-il là un mystère à résoudre ou l'éminent docteur a-t-il simplement chuté ? « Je l’ai vu se resservir de bourbon à plusieurs reprises au cours du repas, peut-être est-il tombé ? » Ma voix tremble et je transpire la panique. Qu’elle soit sincère ou feinte, ça c’est une autre histoire. « Que faisons nous ? Voulez vous que je demande au majordome d’appeler la police ? » Je n’ai pas envie de les voir retourner ma propriété, mais ai-je le choix ? A moins d’avoir un coupable à leur livrer il passeront chaque chambre au peigne fin j’en ai bien peur. « Pouvons nous l’éviter ? » Je demande, remplie d’espoir.

J’observe les différents invités, je tente de lire leur visage pour tenter de cerner qui a peur, qui est anxieux, qui se fiche bien de tout ça et ils me donnent tous la même impression : une consternation polie et un désespoir foutrement mondain.

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Le pire, c'est le bruit de ses fringues qui frottent encore, une fois la chute constatée. Le poids de son corps est lourd, évidemment rejeté en avant de la plus mortelle des manières. C'est une fascination toute aussi morbide qu'affirmée qui guide mon regard vers l'air livide du docteur, figé dans son son absence de grâce d'une mort trop précipitée.

« Et bien ? Vous trouvez quelque chose ? »
« Une étape à la fois. »

Elle me presse et je déteste ça, elle qui tente de garder le contrôle de la scène comme elle l'a fait durant tout le dîner. Si servir du bourbon et rire de bon coeur à des discours qui l'ennuient sont ses talents, les miens sont de décortiquer chaque élément l'un après l'autre, tenter de récupérer le plus de détails à quelques secondes à peine d'une situation. Ainsi, le dossier est assuré d'être comblé de toutes pièces présentes et manquantes auxquelles on n'aura jamais besoin de revenir même en cours d'enquête. Oui, il y aura enquête.

« Je l’ai vu se resservir de bourbon à plusieurs reprises au cours du repas, peut-être est-il tombé ? » la voilà qui le comprend maintenant, mes mains farfouillant les vêtements accessibles à ma hauteur du tragique décédé. « Que faisons nous ? Voulez vous que je demande au majordome d’appeler la police ? Pouvons nous l’éviter ? »

Si mon sourcil se hausse à sa dernière supplication, c'est tout de même avec l'air impassible que je finis par détourner la tête vers elle. Raelyn scrute les autres invités de ses prunelles acérées, les miennes de prunelles détaillent chacun des micros-signes qu'elle laisse transparaître une seconde une seule avant de retrouver mon regard et sa prestance habituelle. « Commençons par le décrocher de là, lui redonner un peu de dignité. » à ma grande surprise, tous semblent d'accord que la moindre des choses seraient de dégager le corps balançant de son courroux. Deux hommes grimpent les escaliers quatre à quatre pour dégager la silhouette, je note leurs manières et leurs coups d'oeil partagés dans un calepin à la relire de cuir gravée qui retourne dans la poche de ma veste l'instant suivant.

La prenant comme alliée un temps, je me penche à son oreille pour lui demander de jouer une fois de plus les hôtes, pour la forme. « L'endroit idéal pour aller discuter des faits? »



WIN : ils passent au salon, UN AUTRE CORPS LES Y ATTEND omgomgomgomg
SO CLOSE : ils passent à la terrasse, là où ils remarquent une autre silhouette parmi les ombres au loin du jardin
FAIL : ils passent au bureau, là où un objet de valeur semble avoir été volé de son piédestal

« Une étape à la fois. » Je n’aime pas être remise à ma place et, dans ces circonstances, je suis capable de devenir particulièrement désagréable et sèche. Je tente de ne pas me laisser gagner par l’envie de lui rappeler qu’il est chez moi, puisqu’il me rappellerait à son tour que quelqu’un vient de trouver la mort sur ma propriété. Voilà qui n’arrange pas les affaires et, si je suis une femme distinguée et par conséquent au dessus de tout soupçons de violence, je n’aime pas l’idée que l’on murmure des racontars à mon sujet un peu partout en ville. « Et bien dites nous quelle est la prochaine étape dans ce cas. » Je m’impatiente, je râle de toutes mes forces mais en y mettant les formes pour garder l’impression que je maîtrise les événements puisque nous sommes en ma demeure.

Il me fixe McGrath et je n’aime pas ça. J’ai la sensation qu’il tente de me lire comme un livre ouvert et il y a certaines pages que je préfèrerais garder pour moi, à l’abri de sa curiosité. Quelle idée de le convier, pourquoi ai-je pensé qu’il serait amusant ? « Commençons par le décrocher de là, lui redonner un peu de dignité. » Sensible et pudique quand il faut l’être, ou prétendre l’être, je fais quelques pas en arrière et je me retourne, j’entoure mon visage de mes mains pour ne pas assister au macabre spectacle. Qu’il me dérange réellement ou non n’est pas la question : ce qui prime, c’est l’impression que je donnerai et j’ai déjà décidé : je veux que l’on se souvienne de moi comme une femme affectée mais digne. Une force de la nature avec un grand coeur, somme toute. Les bruits, les vêtements froissés, le fer qui glisse dans la chair, ils piquent ma curiosité et je dois me faire violence pour ne pas me retourner. Accablée on a dit. La voix du détective me fait sursauter lorsqu’il s’approche par derrière pour chuchoter à mon oreille. « L'endroit idéal pour aller discuter des faits ? » Je ne me retourne pas tout de suite. D’abord, je murmure à mon tour. « C’est terminé ? Le pauvre homme est à terre ? » Je note de demander au majordome de le recouvrir d’un draps pour le cacher à la vue des curieux. « Le, le petit salon. Sauf si vous préférez recevoir les convives un par un. » Je ne m’inclus pas dans le lot, cela va sans dire. « Dans ce cas, le bureau de mon défunt époux au premier étage sera parfait.  »

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« Et bien dites nous quelle est la prochaine étape dans ce cas.  » quelle soit sèche ne me fait absolument aucun pli, qu'elle maugrée entre deux sourires faux et dédiés au reste de l'assemblée me dérange à peine. Elle a tout du profil typique de la femme aux grandes ambitions qui serait prête à tout pour les accomplir, le cliché qu'on pointerait du doigt au mari envolé sans même de réponse à la clé.

La scène suivant glace le sang de tous les convives ; je réalise bien las qu'à force je m'y suis habitué. Le tragique comble mes journées, les cadavres ne sont plus choses étonnantes et la mort est plutôt devenue la routine. Oh, cette ville où on m'a posté pour reprendre les fonctions du détective avant moi trouvé sauvagement assassiné dans les bois longeant le poste de police du coin. Elle a tout pour vous glacer le sang, elle a tout pour vous rendre fou à surveiller le moindre mouvement suspect dans votre dos. Et pourtant, j'y suis établi avec ma famille depuis trois ans maintenant. J'y suis et sans que personne ne s'en étonne, j'y reste.

Sa voix aurait fait sursauter l'assemblée complètement silencieuse si elle n'avait pas chuchoté elle aussi à mon oreille. « C’est terminé ? Le pauvre homme est à terre ? » le corps est détaché et posé en retrait de la pièce, sur un canapé isolé du regard de tous derrière des paravents de soie. Donnons le moindrement de respect au docteur et à son destin macabre. « Dans ce cas, le bureau de mon défunt époux au premier étage sera parfait.  » les chuchotements terminés, j'opine du chef avant de me dégager d'elle, l'alliée que je surveille, faisant signe aux invités de se rassembler tous à nous d'abord. La panique vole et veille, il ne suffirait que d'un seul autre accro pour qu'ils laissent l'angoisse prendre le pouls sur tout le reste.

« Docteur Derrickson était un grand homme, sa perte sera marquante pour toute notre communauté. » j'avance d'abord, m'assurant de laisser mon regard glisser sur les visages tantôt fermés, tantôt attristés et bien souvent horrifiés des convives. « Je suis conscient que personne ici n'a envie de rester sur place. Par contre, je demanderais à tous votre collaboration dans le but d'amasser ce soir le plus d'informations possible nous permettant de comprendre ce qui a bien pu se passer entre le moment où nous avons quitté la table, et la chute malencontreuse du docteur. » « S'agirait-il d'un meurtre, détective? » qu'on s'insurge, à ma gauche. « Rien ne suggère pour le moment le moindre motif. » pour le moment, donc.

Certains suivent Raelyn qui les guide vers le bureau à l'étage, là où ils pourront tous discuter en paix en attendant d'être appelé un à un à venir me voir. C'est sur la terrasse que la blonde vient me rejoindre, accompagnée pour commencer d'Otis Abernathy, l'un des premiers invités à être arrivé ce soir. Il était collègue du docteur et le connaissait pour avoir effectué dans son équipe de travail ses stages en cardiologie il y a un peu plus de cinq ans déjà.

« Avez-vous vu, ça? » qu'il lâchera, avant même que je ne lui pose la moindre question. Pointant de l'index les bosquets devant nous d'où semble se dégager une silhouette noire dans la pénombre.

C’est compliqué de jouer le jeu du désespoir et du désarroi quand c’est la chose la plus excitant qui soit jamais arrivée sur ma propriété : je voudrais regarder, je voudrais participer et je voudrais même tâcher ma sublime robe vert d’eau de sang : cela ferait de saisissantes photos pour les journalistes quand ils arriveront. Tant pis, je trouverai autre chose. Peut-être une photo près de la statue sur laquelle dégouline le sang du pauvre homme.

Je réfléchis à tout ça, les yeux rivés sur le marbre tâché de blanc quand le détective nous interpelle pour nous rassembler. Il m’abandonne, il se dégage pour observer les différents invités. A quoi pense-t-il ? Se dit-il qu’il ne s’agit pas d’un accident et qu’il doit tous les observer ? « Docteur Derrickson était un grand homme, sa perte sera marquante pour toute notre communauté. » Un grand homme. Un grand homme accusé selon certaines rumeur de frapper son épouse mais ça, je doute que le détective soit au courant. Ça demande de faire partie du cercle des initiés pour le savoir mais je reste de marbre. Un grand homme donc. « Je suis conscient que personne ici n'a envie de rester sur place. Par contre, je demanderais à tous votre collaboration dans le but d'amasser ce soir le plus d'informations possible nous permettant de comprendre ce qui a bien pu se passer entre le moment où nous avons quitté la table, et la chute malencontreuse du docteur. » Je n’ai surtout pas assez de chambre pour accueillir tout le monde et je ne partagerais pas la mienne. Pourtant, je n’ai pas particulièrement envie que les convives s’échappent et aillent répandre d’absurdes rumeurs : qui viendrait à mes soirées si le bruit courait il y a un assassin dans mon personnel ? « S'agirait-il d'un meurtre, détective? » Je pose un regard agacé sur celui qui ose poser la question, et je m’offusque. « Un meurtre ? Mais où vous croyez vous ?Je vérifie personnellement les antécédents de chaque membre du personnel. » Avant le décès de mon défunt mari, personne n’aurait osé insinuer ce genre de chose sur notre propriété. « Rien ne suggère pour le moment le moindre motif. » Voilà, rien ne suggère pour l’instant le moindre motif.

Je mène tout ce petit monde au petit salon, et McGrath nous informe qu’il veut parler à chacun des convives en tête à tête. Evidemment, j’insiste pour en être : nous sommes chez moi et je dois comprendre ce qu’il s’est passé. Du reste, j’ai toujours rêvé de vivre une enquête de haut vol et j’ai le sentiment d’enquêter par procuration. C’est Otis Abernathy - pendant son échange avec le détective - qui détecte en premier le mouvement sur la propriété. « Avez-vous vu, ça ? » « Vous avez certainement trop bu Abernathy. » Nous avons tous trop bu, la soirée touchait à sa fin après tout. Je jette un coup d’oeil dans la même direction que lui et je la vois, l’ombre. Je serre les dents avant de me tourner vers McGrath. « Vous l’avez vu ? Vous allez vous lancer à sa poursuite ? Je peux vous guider, il est parti vers les écuries. »

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Les esprits s'échauffent et les conversations se brouillent, ils se chuchotent tous à l'oreille et enfin l'un d'entre eux est assez franc et pressé pour poser la question qu'ils ont tous au bord des lèvres. « Un meurtre ? Mais où vous croyez vous ?Je vérifie personnellement les antécédents de chaque membre du personnel. » elle s'emporte la propriétaire des lieux, elle défend bec et ongles son personnel alors que je me fais violence pour retenir un haussement de sourcil. Qui lui dit que le meurtrier ou la meurtrière ne fait pas partie des invités, alors? Pas de motifs pour l'instant, Matt. Oui, oui.

Ils partent s'isoler, j'initie la première conversation en trio sur la terrasse. il fait bon, dehors. L'air frais revigore les esprits, le bourbon est bien loin et c'est tant mieux. Tendant mon briquet vers elle d'abord puis vers Otis ensuite, je m'allume une cigarette qui risque d'être la première d'une longue lignée ce soir.

« Avez-vous vu, ça ? »
« Vous avez certainement trop bu Abernathy. »

Mon regard va au-delà leurs épaules et leurs questionnements, quand bien même l'ombre est désormais remarquée. Elle est loin mais elle est toujours là, et tout suggère que - « Vous l’avez vu ? Vous allez vous lancer à sa poursuite ? Je peux vous guider, il est parti vers les écuries. » « Vous, avec nous. » Otis grogne quand je le pointe de l'index, mais il suit tout de même alors que je presse le pas en bas et qu'elle ferme notre marche. Je profite des quelques mètres entre la demeure et les écuries pour rassembler mes questions en une synthèse simple et efficace qui se résume à un « Quel était le plus grand défaut et quelle était la plus grande qualité de Docteur Derrickson selon vous? » qui occasionne un rire sec de la part d'Abernathy.

La brise se casse sur ses mèches, il ne nous reste que quelques pas avant que les écuries ne soient notre première destination. « Il était terriblement misogyne. Mais j'ai toujours admiré sa soif d'accomplissement. » misogyne et assoiffé de pouvoir - hm.

Mes pas ralentissent, les leurs également. Devant nous se dressent les immenses écuries et d'un index haussé, je leur fais signe de rester silencieux.

WIN : la silhouette est facile à repérer, elle se tient bien droite devant eux au centre des écuries
SO CLOSE : des craquements suggèrent que la silhouette se cache parmi les box
FAIL : derrière eux se ferme brusquement la porte des écuries et oh - serait-ce le bruit de la serrure qui est également enclenchée?!

J’ai la sensation d’être en plein milieu d’une partie de chasse, sauf que tout le monde ignore qui est le chasseur et qui sont les proies. Moi même, je suis confuse face à la tournure que les événements prennent et je me demande comment il convient d’agir : ce qu’il convient de dire ou ne pas dire, entre autres au sujet de notre défunt et respecté docteur. L’ombre au loin vient perturber un interrogatoire qui n’aurait rien eu de révélateur de toute façon - il existe un code d’honneur chez ces hommes, garder les vilains secrets des uns et des autres secrets - et mon coeur s’emballe : je suis aussi terrorisée par la perspective d’une course poursuite qu’excitée, et je m’interroge sur ce que nous trouverons au bout. Serait-il possible que ? Non, je le réfute. « Vous, avec nous. » J’ai envie de lui dire qu’entre son état d’ébriété et sa bedaine imposante Abernathy risque de nous ralentir mais je me tais, et je suis le détective McGrath qui avance à une allure soutenue, bien trop pour mes pieds contenu dans d’immenses talons aiguille. « Quel était le plus grand défaut et quelle était la plus grande qualité de Docteur Derrickson selon vous ? » Il continue l’interrogatoire en courant ? Cela risque d’être drôle au moins. « Il était terriblement misogyne. Mais j'ai toujours admiré sa soif d'accomplissement. » Je lève les yeux au ciel. « Le plus grand défaut de Derrickson, c’est qu’il frappait sa femme. » Les regards se braquent sur moi et je hausse mes épaules en même temps que mes sourcils. « Oh s’il vous plait Otis, tout le monde le sait. Les femmes de chambre parlent, et celle de madame Abernathy fait partie du même cercle que la mienne. » La mienne qui adore me rapporter les ragots sur les riches clients de ses amis (puisque je la paye pour le faire). « Les femmes parlent, quelle découverte pour vous non ? » Je prétends m’adresser à Otis, mais c’est McGrath que je regarde en coin, presque pour le tester.

Dans l’écurie, je m’arrête net : l’ombre est là, toujours aussi dissimulée par la pénombre mais il ou elle se tient au milieu des box, face à nous. « Qui va là ? Vous êtes sur une propriété privée ? » Courageuse mais pas téméraire, je prends soin de rester derrière le détective.

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« Le plus grand défaut de Derrickson, c’est qu’il frappait sa femme. » alors les rumeurs étaient vraies. En soit, je déteste lorsqu'on les confirme, je déteste presque encore plus le fait de ne rien pouvoir faire tant que je n'ai pas la moindre déposition de la part de sa dite femme, ou d'un témoin direct.

C'est un bordel sans nom qui suivait la réputation du docteur, et même si rien dans mes paroles comme dans mes gestes ne laisse quoi que ce soit guider les invités vers la panique, je ne peux m'empêcher de tenir mentalement une liste de motifs de plus en plus exhaustive qu'aurait pu avoir quelqu'un, présent ici ce soir, et ayant eu envie de se prendre pour Dieu en faisant sa propre justice. « Oh s’il vous plait Otis, tout le monde le sait. Les femmes de chambre parlent, et celle de madame Abernathy fait partie du même cercle que la mienne. » elle prend ses aises et lui coupe la parole d'un air excédé qui devient de plus en plus l'habitude lorsque le nom d'Abernathy franchit ses lèvres. C'est trop vite pour de telles suspicions mais elle ne me laisse volontairement pas le choix.

Ses paroles piquent vers moi, même si ses yeux lancent des poignards vers le premier interrogé qui n'obtient plus le moindre signe d'attention de ma part un bref moment plus tard. « Les femmes parlent, quelle découverte pour vous non ? » « Et si je vous demandais de parler, vous, que diriez-vous? » est-elle furieuse que j'ai commencé la discussion en invitant un homme à nous suivre? En a-t-elle beaucoup plus à dire que ce qu'elle n'a déjà dévoilé?

Une silhouette, qui passe, vive et vite. Est-ce la même qui coupait à travers le jardin un peu plus tôt? Tout le confirme brièvement en tout cas. « Qui va là ? Vous êtes sur une propriété privée ? » Raelyn l'aborde, je fais un pas de plus devant elle simplement par habitude, éternel réflexe. « Ce n'est pas ce que vous croyez. » très facile, trop facile à dire. Cette voix me dit quelque chose d'ailleurs, la luminosité absolument nulle des écuries me forçant donc à avancer d'un pas de plus. « Qu'est-ce que c'est, alors? » que j'annonce, la proximité me permettant une seconde à peine plus tard de découvrir le visage de la fameuse ombre enfin rattrapée au vol.



WIN : la silhouette est en fait celle de Mr. Holmes, politicien respecté du cercle mais surtout homme à femmes enfui au jardin avec la femme de chambre de Raelyn pour admirer les étoiles -  aheum, aheum.
SO CLOSE : la silhouette est en fait celle de Miss Arriend, ayant abusé du brandy et souhaitant prendre un peu l'air aka cacher des preuves qui auraient pu l'incrimer selon elle
FAIL : la silhouette est en fait celle de la femme de Matt, inquiète qu'il ne soit pas encore rentré à la maison #badhusband

EDIT : ahahahahahahaah mais NON