Ezra était son meilleur ami depuis la naissance ou presque. Elle avait tout vu de lui, comme il avait tout vu d'elle. D'un simple cauchemar raconté au creux de l'oreille tout en haut de leur cabane dans l'arbre, ils avaient fini par en faire un tradition où elle lui détaillait chacun de ses rêves sur l'aller vers l'école, et où il faisait de même sur le retour. C'était leur secret et c'était leur habitude, c'était aussi ce qui les avait réveillés cette nuit et ce qui les avait placés dans cette horrible situation que l'un et l'autre aurait bien eue envie de seulement raconter sur le trajet de bus entres leurs maisons voisines et l'école qu'ils fréquentaient en parallèle. Quel bordel.

C'est vers la grange qu'ils se précipitent aussi vite qu'en classe de gym quand on leur demande de se presser pour terminer le jogging avant de pouvoir aller chercher à manger à la cafétéria. « Au moins on peut rester ici jusqu’au lever du soleil. » la voix d'Ezra la rassure. Le petit garçon a toujours eu cet effet-là sur elle, et encore plus en situation de crise où ses bras comme sa nuque la piquent férocement. « Quand la nuit sera terminée les insectes auront fini par partir, pas vrai? » qu'elle demande, sur le ton de la question mais en insistant vraiment sur la logique implacable de la chose - à ses yeux. Ce qui est logique par contre, c'est que la grange soit également un piège à moustiques particulièrement efficace. Tout autour d'eux se logent des nuées noires et vicieuses à travers les planches de bois vieillies par les années et les intempéries. Ses cris sont tantôt de surprise tantôt de douleur, tantôt pour encourager le Beauregard à faire attention à sa droite, à sa gauche.

Ils sont encerclés et elle ne voit aucune issue possible. Les bottes de foin lui apparaissent comme des armes suffisantes, mais ses petits bras sont autant douloureux qu'épuisés, ce qui l'empêche de manœuvrer autant qu'elle aurait voulu pour lancer ses munitions de fortune sur les nuisibles. « Hey vous deux! » qu'on interpelle, d'une voix forte, ferme et caverneuse dans leur dos. « Par ici, ne traînez pas! » et le voilà l'agriculteur, l'homme cliché à la grande salopette, à la veste à carreaux et à la moustache généreuse qui leur pointe le ici dont il est question. C'est une sortie adjacente à la maison maîtresse, de là où ils se précipitent avec toutes les forces qui leur restent. La maison donc, là où ils peuvent souffler, là où le vieil homme peut s'affairer à faire l'état de leurs blessures mais surtout à se préparer à leur avalanche de questions. Chloe commence. « Qu'est-ce qui se passe, dehors? »


WIN: c'est Chloe qui dormait finalement, biEnVenUe dAnS sEs RêVeS EzRa
SO CLOSE: le vieil homme est en mesure de leur expliquer que les moustiques et leurs piqures ne vont pas les blesser s'il arrive à les soigner assez rapidement, mais il n'en sait pas plus sur les plaies et la malédiction abattue sur la ville
FAIL: le voilà qui raconte toute l'histoire reliée à la momie et aux plaies qu'elle a lâchées sur Brisbane - de quoi leur donner de vrais cauchemars pour la nuit prochaine, et les suivantes.

Ils tentaient tous les deux de récupérer leur souffle du mieux possible, de venir calmer leur coeur et leurs esprits. Ce n’était pas chose aisée après la course endiablée qu’ils venaient de tenir. « Quand la nuit sera terminée les insectes auront fini par partir, pas vrai? » Et il aurait voulu venir lui démontrer par tous les moyens du monde qui pouvaient exister que c’était ça. Il aurait voulu dire à Chloe que les bestioles seraient parties au petit matin et que leurs soucis se seraient envolés avec elle, Ezra. Malheureusement, ils n’étaient pas tant chanceux que ça et déjà, les moustiques et les taons, tous ensemble, se frayaient un chemin à travers les planches de bois de la grange pour se ruer sur les gamins.

Leurs cris durent enfin alarmer quelqu’un car, après plusieurs minutes à ce qui lui avait semblait être mourir mille fois et perdre ses poumons au feu de ses cris, Ezra put enfin entendre la voix d’une tiers personne résonner à travers l’immensité de la grange. « Hey vous deux! Par ici, ne traînez pas! » Comme un ange gardien venu veiller par dessus leurs épaules, un homme se tenait debout dans l’embrasure d’une porte non-loin d’où ils se tenaient. Ezra ne l’avait pas aperçue jusque maintenant, mais était le petit garçon le plus heureux de voir quelqu’un venir leur porter secours.

Les deux gamins se mirent à courir dans sa direction afin de se mettre à l’abris de cette horde d’insectes. Fini le bruit incessant du moustique, fini les piqures qui allaient parfaitement de paire avec. Ils pouvaient se permettre de souffler désormais - et pour de vrai. Ce fut Chloe qui réussit à venir prendre de nouveau la parole la première. « Qu'est-ce qui se passe, dehors? » L’agriculteur vint leur indiquer deux chaises autour de la table située dans la cuisine, alors qu’il venait attraper une bassine qu’il commença à remplir d’eau chaude. « Aucune idée. » Il eut un las soupire. « Vous êtes pas les premiers à venir vous réfugier chez moi, mais je sais pas ce qu’il se passe dehors. » Il vint jeter un regard à travers la fenêtre devant lui. « Le monde devient fou. » Ils n’avaient pas besoin de lui pour comprendre ça.

L’homme vint finalement couper l’eau, avant d’ajouter une bonne dose de vinaigre dans la bassine remplie. Il la posa sur la table devant les gamins, accompagnée de quelques morceaux de tissus propres. « Frottez vos piqures avec ça, ça permettra d’éviter qu’elle gonflent et de soulager les douleurs. » Ca, il l’avait appris à ses dépends un soir de la semaine passée. Quand tout n’était pas aussi pire que maintenant.

Citation :

WIN: (je signe et persiste) promis après ça il se réveille et le cauchemar est fini (il avale un peu de vinaigre en frottant son visage mais rien d'alarmant).
SO CLOSE: les piqures continuent de gratter mais au moins, elle gonflent pas.
FAIL: un bruit sourd se fait entendre sur la porte menant vers la grange... les moustiques auraient-ils muté ???

Spoiler:

C’était pire que tous les films d’horreur que les frères d’Ezra l’autorisaient à regarder, si elle plaquait ses mains sur ses paupières au moins où ils lui ordonnaient de le faire. Tout autour ce sont les attaques des moustiques qu’elle ressent de parts et d’autres de ses bras, de sa nuque, de ses cuisses, partout et nulle part. Elle entend les bourdonnements à proximité qui ont tout pour la terrifier, elle sent les brûlures parcourir son corps d’autant de soubresauts qui la clouent sur place. Elle voudrait fuir Chloe, elle voudrait attraper la main d’Ezra et l’entraîner avec elle le plus loin possible, n’en reste qu’elle ne sait même pas où ils sont ni même où ils pourraient aller. Rien ici ne fait de sens, et lorsqu’une voix aussi grave que pressante dans son dos les encourage à suivre, c’est dans un soupir mélangé à quelques larmes refoulées qu’elle obtempère en vitesse.

Il y a de la buée qui se forme au-dessus de l’immense chaudron dans lequel l’agriculteur fait couler de l’eau bouillante à grands jets. Chloe est comme médusée par l’action, les flots qui la calment et qui chassent de ses oreilles le bruit incessant d’acouphène d’insectes. « Aucune idée. » qu’il commence, l’homme en qui ils semblent avoir une confiance aveugle tant il est arrivé au bon moment pour les sauver de leurs tourments.  « Vous êtes pas les premiers à venir vous réfugier chez moi, mais je sais pas ce qu’il se passe dehors. » et ça l’inquiète. Ça l’inquiète qu’un adulte ne sache pas quoi dire ni quoi faire. « Le monde devient fou. » ça l’inquiète jusqu’à se mordre l’intérieur des joues comme des lèvres. Chloe triture ses doigts à cause des blessures, mais surtout en proie à la panique. « Frottez vos piqures avec ça, ça permettra d’éviter qu’elle gonflent et de soulager les douleurs. » et elle obéit, petite gamine docile quand elle sent son corps déjà gonfler à la seconde où il lui mentionne l’effet secondaire. Validant chaque étape en plantant ses yeux dans ceux de leur sauveur, elle commence à soigner leurs blessures par celles d’Ezra, alternant entre une à lui et une à elle. S’occuper les mains et l’esprit lui donne de quoi oublier l’horreur dehors, mais ce n’était pas sans oublier que dehors justement, c’est l’enfer qui les attend.

Il ne suffit que d’un bruit sourd de plus pour qu’elle sache qu’ils ne seront pas à l’abri longtemps. Quand elle redresse la tête pour regarder par-delà la fenêtre de la cuisine, c’est horrifiée qu’elle voit d’immenses insectes aux couleurs de l’arc-en-ciel défoncer les planches de bois pourri de la grange. Ils ont une infinité d’yeux et de pattes, ils sont plus grands et plus gros qu’Ezra et elle côte à côte. Et évidemment, ils visent la maison, où d’autre iraient-ils?

WIN : ce n’était qu’un rÊêêêÊÊêÊvE
SO CLOSE : les insectes bifurquent vers la maison d’à-côté, l’agriculteur sort pour défendre ses voisins and he will never be seen again
FAIL : en plus d’avoir muté, les insectes sont dotés d’une carapace impossible à abimer - well played les dés, well played

Il tentait de leur donner les meilleurs conseils, le vieux gars. Il voyait bien que les deux gamin s’étaient retrouvés bien contre leur gré dans sa grange, qu’ils n’avaient jamais prévu de finir couverts de piqures de moustiques de la tête aux pieds. Ils avaient encore beaucoup à apprendre de la vie, Chloe et Ezra, et ce soir leur servirait surement de leçon; lorsqu’ils n’y sont pas autorisés, ne pas sortir de la toile de tente sans y être invités.

Et soudain, alors que leurs coeurs avaient ralenti le rythme et qu’ils semblaient avoir repris leur souffle, des bruits se firent entendre de dehors, côté grange. De suite, les poils des avant-bras d’Ezra vinrent s’hérisser droits comme des piquets. Un coup oeil inquiet d’abord en direction de Chloe, puis de leur hôte improvisé, avant de venir jeter son regard en direction du bruit. Chloe était plus courageuse - il n’en avait jamais douté -, alors qu’elle regardait déjà au delà de la fenêtre de la cuisine pour voir ce qu’il s’y passait. « C’est quoi ? » Ezra avait retrouvé sa voix d’enfant perdu, d’enfant apeuré. Il voulait seulement retrouver son grand-frère et terminer leur nuit sous la tente.

« Vous bougez pas d’ici les enfants. » Et voilà leur sauveur qui s’en allait déjà de leur champ de vision, qui partait vers de nouvelles aventures, qui s’équipait à la fois de son fusil et de sa bombe anti-moustique - comme si elle allait pouvoir lui sauver la mise à un moment donné. Il s’en allait donner un coup de main à ses voisins, qui devaient être en train de subir le même sort que Chloe et Ezra quelques minutes plus tôt à en juger par la direction que prenait le nuage de moustiques - qui étaient, soit dit en passant, bien plus imposant que les minutes d’avant. Ezra déglutit avec peine. « Tu penses qu… » Qu’il va s’en sortir, il allait dire, mais vu comment il venait de se faire happer à l’intérieur de la maison, le gamin était plus effrayé que confiant quand au sort de l’homme.

« On fait quoi ? » Après une bonne minute de silence, Ezra vint tourner son regard vers Chloe. Il était perdu, les piqures le brulaient sur tout le corps, et le peu de ce dernier épargné par les insectes brûlait de courbatures.

Citation :

WIN: (je signe et persiste, pour la millième fois) promis après ça il se réveille et le cauchemar est fini (il se prend les pieds dans le tapis du salon en voulant trouver la sortie).
SO CLOSE: les piqures continuent de gratter mais au moins, elle gonflent pas; le vinaigre fait son effet et ils peuvent sortir de la maison maintenant que les moustiques sont appelés pour diner dans la maison du voison. Là, une femme qui passe en voiture les prend en stop.
FAIL: cf. so close au dessus, mais en plus de les prendre en stop elle leur donne un goûter de réconfort (comment ça je triche le fail ???)

Spoiler:

« C’est quoi ? »
« Vous bougez pas d’ici les enfants. »
« Tu penses qu… »
« On fait quoi ? »

Ils en ont échangés, des regards dans une vie, Ezra et Chloe. Tout juste avant de faire une bêtise et de craindre les remontrances de leurs parents, tout juste après. Entre un dessert partagé à la cafétéria, quand son repas à elle était nul mais que son gâteau au chocolat à lui avait l'air délicieux. Quand les soeurs de Chloe s'étaient mis en tête de draguer les frères d'Ezra. Ils étaient toujours à même d'attraper les yeux de l'autre peu importe la grandeur de la pièce dans laquelle ils se trouvaient, peu importe s'ils étaient seuls ou accompagnés. Aujourd'hui, c'est un don dont Chloe se rassure, quand avant même qu'elle n'ouvre la bouche déjà les prunelles de son meilleur ami peu importe l'époque et peu importe le contexte attrapent les siennes.

« Prends ma main. » elle a appris une chose une seule en ses petites années de vie, Cohen. Que quoi que ce soit se mettant en travers de leur chemin, ils étaient toujours plus fort l'un avec l'autre. Pour se battre contre n'importe quel antagoniste de jeux vidéos comme pour construire des cabanes dans l'arbre entre leurs deux maisons - ou face à des insectes mutants, par exemple. Dans l'impulsion des doigts d'Ezra contre les siens Chloe presse le pas, l'entraînant hors de la cuisine et hors du salon, même s'il se prend maladroitement les pieds dans le tapis dans sa course poursuite forcée par la blondinette aux idées claires mais à la peau brouillée.

Elle n'a qu'une idée en tête une seule, et grimpe les escaliers deux par deux avant de finir par trouver derrière l'une des portes closes une chambre, un immense lit. Lorsqu'elle les glisse tous les deux sous les draps, lumières closes et paupières avec, elle inspire pour deux dans toute son innocence et ses espoirs d'enfant. « Si on ferme les yeux et qu'on compte jusqu'à 10, quand on va les ouvrir tout ira mieux. » un murmure plus tard, elle se jure que si elle y croit, ce sera vrai. C'est bien ce qu'on lui a conseillé de faire quand elle réalise qu'elle est prise dans un de ses nombreux cauchemars. En un souffle, elle lance le décompte, ses doigts serrant un peu plus fort ceux d'Ezra jusqu'au 1 fatidique.

lalalala: