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{cross your heart, won’t tell no other}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Lara Pearson    

Dans des gestes gracieux et ordonnés, Evelyn plissa consciencieusement le tombé du chemisier qu’elle venait d’accrocher au cintre du casier qu’on lui avait assigné en arrivant, et plia tout aussi soigneusement son pantalon à pinces quelle glissa dans le même casier, persuadée qu’elle sortirait d’ici en embaumant les huiles végétales et la volupté. Ce n’était pas un problème, elle s’accommoderait des us et coutumes de l’endroit dans lequel elles étaient entrées, elle et sa cousine, prête à découvrir de nouvelles façons de prendre soin d’elles sans se soucier de rien d’autres que d’en profiter.
Ce ne serait pas facile, même dans ce domaine Evelyn avait ses habitudes auxquelles elle ne dérogeait pas souvent, ne reléguant pas ce moment avec elle-même aux bons soins des autres, se connaissant assez pour savoir par quoi commencer. C’était vrai, elle négligeait souvent la  partie détente du processus, se contentant souvent d’une routine stricte certes, assez simples cependant pour avoir toujours l’air frais et dispo. Mais lâcher du lest faisait partie des choses qu’elle s’était promis de faire après son séjour sur la côte. A croire que le moment qu’elle avait passé avec Rhett l’avait convaincue que finalement, l’inattendu n’était pas si terrible qu’elle le craignait et que c’était même agréable quelque part.

"Par qui tu as eu cette adresse déjà ?" demanda-t-elle en se tournant vers Lara, ajustant le peignoir qu’elle avait enfilé pour mieux dissimuler sa poitrine, en resserrant doucement la ceinture pour marquer sa taille de guêpe en suivant le mouvant opéré par sa cousine à qui elle sourit doucement. Depuis son retour de la Gold Coast, il y avait un moment maintenant, les choses semblaient un peu plus apaisées entre elles. Encore qu’elles n’étaient pas tout à fait tranquilles, seulement Evie se l’imputait volontiers, cette tension qu’elle sentait émaner de son corps depuis décembre dernier — les douleurs de son épaule restaient présentes, même si les bleus avaient disparus là encore depuis un moment maintenant, elle avait néanmoins été meurtrie dans sa chair, et elle le ressentait tous les jours. C’était probablement pour cette raison que, au lieu d’un calumet de la paix, Lara lui avait tendu des coupons gracieusement offerts par l’un de ses clients. Elle avait besoin de se détendre, une subtile invitation de la part de la jeune femme qu’elle n’avait pas repoussée, heureuse de l’avoir retrouvée dès son retour. Elle ne savait pas bien où elles allaient toutes les deux, chacune persuadée qu’il valait mieux garder ses difficultés que d’en parler, mais prendre les choses dans l’ordre en acceptant de se pardonner, c’était déjà un bon début. Là encore, ce n’était pas facile. Evie ne pouvait pas cacher que l’attitude de Lara l’avait déçue, et qu’à défaut de savoir gérer ce genre de sentiments, se calfeutrer pour se préserver lui était venue comme la meilleure solution à adopter. Le temps ferait son œuvre, elle avait confiance en leur capacité de tourner la page, elle avait confiance en cette confiance qu’elle lui accordait malgré tout. Elle n’était pas sa cousine, elle était sa sœur… ça aurait dû être facile de lui avouer qu’elle n’allait pas bien depuis quelques temps, que son agresseur courrait dans Brisbane alors qu’elle connaissait son nom. Mais elle connaissait la propension de Lara à monter dans les tours, et elle ne sentait pas encore prête à faire face à tout ce que ça impliquait de parler de ce qui lui était arrivée. Chaque chose en son temps.
Elle penserait à tout ça plus tard. Elle prit une légère inspiration, accordant à la jeune femme un sourire reconnaissant "Merci d’avoir pensé à moi. Tu aurais pu en faire profiter Itziar." lui dit-elle en penchant la tête sur le côté, manœuvrant pour tirer sur l’élastique qu’elle portait au poignet, et qu’elle finit par tendre pour rassembler ses longs cheveux dans une queue de cheval haute, ses yeux cherchant ceux de la jeune femme qu’elle sonda sans en avoir l’air "Tout va bien au club ?" profita-t-elle pour lui demander, à croire qu’elle n’était pas capable de laisser le travail derrière elle alors que l’utilité principale du moment qu’elles passaient ici, dans ce spa luxueux, c’était de ne penser à rien qui impliquait de se soucier de ce qu’il se tramait dehors.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Evelyn Pearson    

Quand il s'agit de prendre soin de sa propre personne, il est clair que tu manques clairement de pratique. Tu ne suis pas à la lettre les conseils des magazines et si ta petite routine dans la salle de bain en début et fin de journée est longue (surtout parce que tu passes un peu trop de temps à danser devant ton propre reflet il faut bien l'avouer), c'est sûrement les seuls efforts que tu fais quand tu es concernée. Tu manques de beaucoup d'heures de sommeil, comme toutes les strip-teaseuses que tu connais, ton alimentation est plus que déplorable et pourtant si on te pose la question, tu répondras que tu es princesse qui mérite absolument le meilleur. Pourtant c'est bien la première fois que tu mets les pieds dans un spa en tant que cliente qui ne doit penser à rien et tu ne sais pas encore quoi penser de tout ça. L'endroit transpire le luxe et le privilège, ça, tu as l'habitude, mais il ne s'agit pas d'un hôtel cinq étoiles, tu n'as ignoré personne à la réception, tu as donné ton nom complet parce que le rendez-vous a été pris il y a quelques jours plus tôt, grâce à l'offre généreuse d'un de tes clients.
Et maintenant, dans les vestiaires avec Evelyn, tout est toujours tiré à quatre épingles, il y a une musique relaxante qui est jouée en boucle dans tout l'établissement et même toi tu conviens que tu ne pourrais pas danser là-dessus. Tu te changes rapidement, enroulée dans une longue serviette blanche, tu replies tes vêtements comme il le faut, redressant la tête à la question de ta cousine. "Un client... il voulait vraiment que je comprenne que c'était lui le grand patron ici. Et que si jamais je voulais le retrouver dans un jacuzzi, on pourrait discuter des termes." Et tu offres la version polie et politiquement correcte de l'échange à ta cousine; l'homme en question, était un peu trop alcoolisé et un peu trop poussé par cela, mais également l'adrénaline et toi en train de te déhancher au-dessus de lui pour se rendre compte de ce qu'il disait. Mais Evelyn pose la question, elle sait ce que tu fais, tu n'as pas besoin d'arrondir les angles. Même si tu le fais beaucoup depuis son retour, tu ne sais pas si tout est comme avant, mais il est clair que vous faites des efforts toutes les deux, tu te trouves trop polie parfois et tu t'en veux toujours, cependant, ta cousine a accepté ton invitation, signe évident qu'elle veut passer du temps en ta compagnie. Et tu considères cela comme une petite victoire.
"C'est mort et archi mort pour le jacuzzi et le rendez-vous privé, mais je n'allais pas refuser quelques heures de spa avec une bonne réduction." D'où votre présence ici et tu refermes ton casier, enfilant toi aussi l'épais peignoir que l'on vous a donné, mais également les pantoufles blanches qui sont faites dans la même matière plus que confortable. Un peu plus et tu pourrais vraiment t'endormir comme ça, sur une table de massage ou même juste sur une chaise. Tu supposes que le confort est dans les détails et tu te sens plus qu'à l'aise ici. "Et oui avant que tu ne poses la question, il est marié." C'est une mauvaise habitude que tu as ça, regarder qui à la bague au doigt, ça ne te rend pas moins innocente, mais cela te conforte dans ton idée que les relations, c'est un beau mensonge. On se rend dans ton club pour oublier ses problèmes, et cela veut dire que quelqu'un est sur la touche, à attendre son partenaire. Cela ne te pèse même pas sur les épaules, chacun fait ce qu'il veut tu supposes, comme toi qui as invité Evie ici aujourd'hui et pas Itziar.
"Pas de problème, et honnêtement, je pense qu'Izzie et moi, on se voit trop souvent, entre le club et les moments après, elle me voit sûrement plus que sa petite-amie." Tu ne plaisantes qu'à moitié sur ce point, vous passez tous vos moments au club, sur scène, derrière le bar, avec des clients ou pas, Paradise City est au centre de tout et tu sais que la blonde a autant besoin de pauses que toi. C'est important, ça tu l'as réalisé pendant le voyage d'Evie, quand après quelques jours sans ta cousine tu as constaté que ta vie se résumait à aller au club et t'effondrer sur votre canapé. Ce n'est pas viable sur le long terme, tu en as bien conscience. Elle te pose des questions sur le club justement et tu y réponds, appréciant là encore son geste. "Tout va mieux... on a eu un départ difficile, mais j'ai pioché dans mon carnet d'adresses et réorienté le club dans la bonne direction." Tu as une expression résolue sur le visage, étant honnête avec ta cousine, tous les mois qui ont suivi le premier difficile ont été mieux et vous êtes dans la bonne direction Izzie et toi. "Et toi ? A l'agence ? Comment va Maze ?" Tu as l'impression de ne pas être passée à l'agence depuis une éternité, c'est sûrement le cas.
"Et mon autre question c'est : tu comprends ce qu'il y a écrit ? Il va falloir que tu me traduises tout ça avant qu'on ne choisisse nos traitements." Tu dis cela avec un sourire, faisant référence à la brochure que l'on vous a donné, la tendant à Evelyn.

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Elle s’était facilement accommodée au métier qu’exerçait sa cousine. Ça ne voulait pas dire qu’elle l’approuvait, seulement elle savait qu’elle n’avait pas à le faire, la jeune femme étant libre de ses choix et de ses décisions. Elle n’avait pas gardé un bon souvenir d’un autre de leur petit conflit, aussi elle avait appris à ménager son inquiétude quand il s’agissait des clients de sa cousine, et finalement, elle préférait ne pas savoir grand-chose de son activité — ce qu’on ne savait pas ne pouvait pas nous faire de mal, après tout. Elle n’espérait pas mieux pour elle, elle savait que pour Lara, le mieux, c’était déjà ça et que ça la comblait assez pour qu’elle lance sa propre boîte. Grand bien lui faisait, elle ne pouvait que saluer ses talents d’entrepreneuse, à croire que c’était de famille.
De fait, elle ne releva pas trop lorsqu’elle mit le doigt sur la manière dont elle avait obtenu l’adresse où elles étaient désormais, enveloppées dans des peignoirs douillets, haussant seulement les sourcils d’un air entendu, gardant sa langue jusqu’à ce qu’elle souligne le statut marital du type en question. Evie eut un léger sourire, puis un froncement de nez qui mettait l’emphase sur ce qu’elle lui répondit "Je ne comptais pas te le demander, mais ça ne m’étonne pas vraiment." Parce qu’elle n’était pas la seule à recevoir des propositions indécentes de la part d’hommes mariés — sur le point de l’être, plus précisément. De son côté, c’était encore pire quand on savait qu’elle était là pour les aider à accomplir ce grand pas dans la vie de tout un chacun. Mais de ça aussi, elle avait fini par s’accommoder, sans trouver ça flatteur une seule seconde d’être mise à l’amende par des bonhommes malhonnêtes. Pas étonnant qu’elle était aussi réfractaire à l’engagement, quand elle voyait à quoi ça tenait vraiment, devenant la cible privilégiée des regains d’énergie, et des regrets mal dissimulés, de certains de ses clients — et de ses clientes, elle se plaçait toujours du côté des femmes, sauf qu’elles n’étaient pas en reste non plus… des anecdotes qu’elle partagerait sans doute avec Lara un jour, histoire de la faire sourire et comprendre que, dans cette galère, elle n’était pas seule.

Elle culpabilisa très légèrement quand elle remit le club sur le tapis. Mais la réponse de Lara la rassura, lui faisant d’abord dire "Vous êtes des femmes de boulot. J’avais cette impression avec mon assistant à l’époque, ce n’est pas si déplaisant que ça en a l’air." plaisanta-t-elle, réservant une pensée à Neal, aussi fugace que le froncement de sourcils qu’elle attribua à la jeune femme quand elle s’attarda sur le vrai sens de sa question "Rien d’alarmant ? Tu sais que je suis là pour les conseils. Je ne suis pas une experte, mais je suis bonne dans les situations de crise." C’était la première fois depuis leur dispute qu’elle lui proposait à nouveau son aide. Elle en faisait ce qu’elle voulait, mais ça venait du cœur, tout comme le soupir qu’elle laissa échapper quand son propre business fût mentionné, plus encore quand Maze le fût aussi "C’est l’hiver, les mariages sont moins fréquents." commença-t-elle en sachant qu’elle mentait un peu, que si elle n’était pas tellement inquiète pour l’avenir de l’agence, elle n’était pas non plus très optimiste depuis quelques temps ; là encore parce qu’elle avait semé les graines du conflit, qu’avec Maze, ce n’était plus aussi détendu qu’à un moment donné, et que si elle taisait son agression par commodité, cette dernière avait ressenti qu’elle ne disait pas la vérité.
Elle décida d’en parler à Lara. Tête furtivement baissée, elle lui dit "C’est un peu tendu avec Maze en ce moment. Rien de très grave au demeurant, mais ça m’ennuie. Je l’aime beaucoup." Là était le signal pour changer de ce sujet. Aussi c’était adéquat que Lara fasse soudain peser le poids de la conversation sur ce qu’elle tenait entre les mains, lui donnant l’occasion de ne pas s’attarder plus que de raison sur ce qui la taraudait vraiment. Evie s’approcha d’elle, puis elle lui fit signe de s’asseoir sur le banc à leur disposition pour déplier les rabats de la brochure qu’elle lui montra "On va décrypter tout ça, montre-moi." Ses yeux bruns parcoururent les lignes rétrécies des programmes proposés. Elle eut un léger sursaut qui décrivait son enthousiasme quand elle lui dit, lui désignant la ligne avec l’arrondi de son ongle "Oh, on va avoir droit à un verre de kombucha boosté aux probiotiques." Elle lui lança un regard qui voulait clairement dire que, si elle avait l’air de savoir de quoi elle parlait, elle ne savait absolument pas de quoi il en retournait véritablement. Mais ne pas se laisser déstabiliser par l’inconnu, c’était le grand adage de la jeune femme qui reprit, aussi sereine que lui permettait sa propension à ne pas se laisser intimider par un verre de levure fermentée "Tu vas pouvoir entamer ta nuit au club sur les chapeaux de roues, c’est ton signal pour tester des nouvelles figures sur ta barre de pole dance." Elle se concentra sur le reste, lui disant avec un léger doute "Attends, on va passer une espèce de test psychologique pour établir notre état émotionnel… c’est supposé les guider pour choisir un cocktail d’huiles essentielles sur mesure et combler nos besoins pendant le massage qui nous attend." Elle releva la tête, posa un regard sur sa cousine pour lui demander, les yeux plissés "C’est quoi ton état émotionnel en ce moment ?" Si les commissures de ses lèvres tremblèrent sous son sourire, sa question était posée assez sérieusement pour que ça la gêne un peu d’oser entrer sur ce terrain-là sans aucune délicatesse.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Evelyn Pearson    

Si tu as bien fini par accepter l'offre de ton client, c'est bien parce que tu voyais cela comme quelques heures de détente et pas autre chose. Tu aurais pu venir toute seule également, et décider de ne parler à personne et juste de profiter de tous les traitements au prix plus que ridicule et rentrer plus reposée que jamais mais, cela n'aurait eu aucun intérêt à tes yeux et autant en faire profiter quelqu'un, n'est-ce pas ? Et puis, comme tu l'as dit à ta cousine, réduire le fossé qu'il y a et qu'il y a eu entre vous est important à tes yeux, cela ne va pas se faire sans gros efforts de ta part, tu le sais. Evie accepte toutes les perches que tu lui tends et tu dois avouer que tu es contente d'avoir ton ainée de nouveau dans ton sillage comme cela, elle est une précieuse alliée que tu préfères avoir dans ton jeu de cartes, devoir t'en passer est plutôt désastreux et tu n'es pas certaine de savoir gérer au final. Et tu pourrais te chercher des excuses pendant des heures, blâmer le stress lié au club, à tes finances, ta propre mère qui t'ignore, cependant, ce n'est pas ton style et ce serait prendre le chemin le plus court et le plus facile à prendre. La vérité c'est que tu as fauté et que lorsqu'Evelyn te demande des nouvelles de ton club, tu le sais que c'est sincère. "Absolument rien d'alarmant, Rome ne s'est pas faite en un jour, et c'est impossible d'avoir un club populaire et rempli et qui rapporte des sous du jour au lendemain, on le savait déjà Izzie et moi... "
Vous avez été dans le rouge le premier mois, et alors ? Tu es sûre et certaine que c'est le cas de beaucoup d'établissements en vogue et côtés, il faut bien casser des œufs pour faire une omelette, non ? Et oui, l'analogie est totalement mauvaise, plus que mauvaise, cependant, c'est de cette façon-là que tu as décidé de voir les choses, certaines que tous vos investissements avec Izzie vont payer sur le long terme. Ils payent déjà quand on sait que vous avez déjà quelques clients réguliers, et beaucoup plus dans le futur grâce à Sergio et vraiment, tu n'as pas à t'inquiéter tu le sais. Evie te parle également de l'agence et tu supposes qu'elle a raison, les mariages en hiver, cela n'a rien de très glamour ou de très attrayant et peu vont sauter le pas pendant cette saison, l'affaire tourne tout de même et tu fronces légèrement les sourcils quand elle parle de tensions avec Maze. Tu ne pensais même pas que c'était possible, Evie parle toujours d'elle dans des termes plus qu'élogieux. "Okay, j'espère que ça va s'arranger, d'après ce que tu m'as dit, vous bossez ensemble depuis longtemps." Et tu es peut-être patronne depuis récemment mais même toi tu sais que les tensions, même légères, ne sont pas bonnes sur le long terme. "A croire que l'une comme l'autre, on n’arrive pas à décrocher du boulot... on peut essayer pour quelques heures du moins." Que tu dis avec un léger sourire avant de changer de sujet, parce que c'est bien le but de cette journée, on peut bien se passer de vous pour quelques heures.
Tu t'assoies sur un des bancs à côté d'Evie et tu la laisses lire toutes les informations qui ne font ni queue ni tête à tes yeux, qu'est-ce que c'est qu'un programme de thermo-relaxation ? Ou alors le voyage désintoxication spirituelle ? Que personne ne te dise que ce que tu fais est malhonnête, au moins, n'importe quel idiot peut comprendre les règles d'un club de strip tease et dieu merci, sinon tu n'aurais plus de boulot depuis longtemps. Evie décrypte tout ce charabia et quand vos regards se croisent, tu lâches un :  "Pardon ?" parce qu'elle n'est pas en train de parler la même langue que toi, si ? Elle continue sur sa lancée et te parle de test et tu te penches toi aussi vers le dépliant, te demandant comment tu as fait pour louper ça, tu relèves toi aussi la tête et tu laisses filer un léger rire. "Je suis en train de me demander si même avec une bonne réduction ça vaut le coup toute cette histoire." Tu le dis avec toute la sincérité du monde, avant de hausser les épaules. "Et je ne sais pas... stressée à cause du boulot, je manque de sommeil, à cause du boulot justement et j'ai dû annuler mon dernier déjeuner avec mon père bah... à cause de mon boulot. Mais, ce n’est pas le cas de tous les gens qui viennent dans ce genre d'établissement ?" Trop travailler, trop se prendre la routine, trop s'inquiéter pour ses crédits, sa famille, son futur, tu ne fais pas vraiment dans l'originalité à dire vrai, et ce n'est même pas pour gagner des points de sympathie que tu dis cela, tu pensais que cela était évident. "Moi je voulais juste me détendre pendant qu'on me masse et qu'on m'apporte à boire. J'avais déjà prévu de faire la cliente pointilleuse pour mon cocktail sans alcool."
Tu fais une légère moue en disant cela, te retenant d'ajouter que tu avais également prévu d'inaugurer ta nouvelle paire de lunettes de soleil au bord d'une piscine chauffée, parce que tu te moques bien qu'on soit en plein hiver. "Mais on est là, voyons de quoi il en retourne, si ça devient trop bizarre, donc Evelyn..." Tu prends un ton qui se veut sérieux, soudainement plus droite sur le banc. "C'est quoi ton état émotionnel du moment, je vous retourne la question Miss Pearson." Après tout, c'est elle qui est partie pour faire le point il y a peu, elle doit être dans un meilleur état que toi, non ?

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Lara Pearson    

Lara avait les pieds sur terre, c’était une bonne chose pour commencer un business. L’entendre relativiser les premiers grands moments de son club, ça la fit sourire pour de bon, mais aussi souligner intérieurement que, définitivement, elles faisaient de bonnes accros à leur boulot. Elles n’y pouvaient pas grand-chose, elles étaient plutôt similaires sur ce point, à donner plus d’importance à ce qu’il se passait en dehors de leur cocon, mais à négliger ce qui aurait pu leur apporter plus de sérénité. Elles étaient ici pour ça, non ? Inutile de tergiverser sur ce qu’elles devaient faire pour régler leurs problèmes de grandes personnes. Elles verraient tout ça plus tard, à tête plus reposée que quand elles étaient arrivées dans ce havre de paix archi-tendance, où les soins proposés étaient aussi complexes que la carte d’un grand restaurant.
Sous l’influence de Lara, c’est Evie qui se colla à la résolution des énigmes qu’elles avaient sous le nez. Finalement, il n’y avait pas grand-chose d’engageant dans ce qu’elle lut à haute voix pour mieux le traduire à sa cousine dont la réaction ne se fit pas attendre. Evie tourna la tête vers elle, haussant les épaules en faisant une légère grimace pour lui répondre "Je crois qu’il n’y a pas que des accros du boulot qui viennent ici. Ça a l’air d’être calibré pour les héritiers de bonnes familles, le cocktails d’huiles essentielles doit toujours être le même… on va leur donner du fil à retordre avec notre stress et nos problèmes." Parce qu’il y avait des problèmes à consigner, Evie ?
Elle décida de balayer cette question intérieure d’un mouvement de tête qu’elle baissa de nouveau sur le dépliant, notant tout de même que la jeune femme à ses côtés était en train de suivre un schéma qu’elle connaissait particulièrement bien. De fait, elle s’autorisa une petite parole douce, sans oser relever la tête cependant "Tu as le droit de te reposer en dehors du boulot, tu sais. C’est bien de garder à l’esprit ses objectifs, mais crois-en mon expérience ; tu perdras plus au change si tu t’obstines à ne penser qu’à ça." Et la mélancolie dans sa voix était à peine perceptible, elle était bien là pourtant. Elle qui se plaçait régulièrement du côté de ceux qui n’avaient pas de regrets, elle devait admettre que ces derniers temps, elle en nourrissait quelques-uns — comme celui de croire que, parce qu’elle avait une bonne affaire, ça la plaçait en femme heureuse. Ce n’était pas tout à fait le cas, elle ne serait plus aussi catégorique sur la question, probablement parce que son bureau était devenu un endroit austère à ses yeux, celui où elle avait été battue, laissée meurtrie et sanguinolente, obligée de déblatérer des bobards pour qu’on ne fasse pas d’elle la nouvelle histoire à raconter.

Sa gorge se serra doucement, mais elle garda la face, fronçant le nez en entendant Lara se désoler de la tournure que prenait leur petite séance de spa. Sur une impulsion, elle la prit par les épaules, la faisant légèrement glisser sur le banc pour qu’elle se rapproche d’elle, en lui disant "On peut passer notre tour pour ce massage-ci, il doit bien y en avoir des plus conventionnels, qui ne demandent pas d’être sortis de je ne sais quelle grande école pour le comprendre. Voyons voir." fit-elle en gardant son bras autour de Lara, ses yeux retrouvant les lignes du dépliant quand à son tour, elle lui posa la question.
Evelyn eut un soupir par le nez, plissant les paupières pour la regarder "Je suppose que je le mérite, mais je tiens à souligner que c’était ma question avant d’être la tienne." Elle était obligée d’y passer cependant, elle le sentait tout autant que la nervosité qui s’insinua en elle quand elle commença sans hésiter "Tu as deux heures devant toi ?" Elle eut un rire, et puis elle lâcha la jeune femme pour poser la paume de sa main sur son propre genou, couvert par la matière épaisse de son peignoir, contemplant l’étendue de son état émotionnel à propos duquel elles discutaient maintenant "Il n’est pas très différent du tien. Je sais que je reviens à peine de quelques jours sur la Gold Coast, mais je n’ai pas vraiment profité de grand-chose là-bas. J’avais juste besoin de voir autre chose… j’ai vu, je suis revenue." Fin de l’histoire. Elle apposa son assentiment à sa rhétorique par un léger signe de tête qu’elle finit par tourner vers Lara pour lui dire sans ne pas ressentir de la culpabilité à l’idée de lui mentir un peu "Je vais bien. Je crois. Il n’y a pas quelqu’un qui a dit qu’on faisait des piètres juges dans ces cas-là ? Si je prenais le temps de consulter, la personne en face de moi me trouverait sans doute des tas de névroses à soigner." Encore une fois, elle se permit de rire en laissant retomber ses épaules pour admettre, un peu plus bas, refermant le dépliant sans même y penser, rabattant les deux extrémités en papier d’un geste indolent "Je ne sais pas comment parler de tout ça, de ce que je ressens vraiment. J’ai dû apprendre à le faire à un moment donné, mais ça m’a toujours paru plus facile de faire l’impasse sur ce qui me fait du mal, plutôt que d’en faire une affaire d’état." Et sur ce qui lui faisait du bien ? Elle arqua un sourcil, pensant à l’anniversaire de sa mère, à ce qu’elle avait partagé avec Rhett. Est-ce que c’était le genre de conversation qu’elle pouvait avoir avec sa cousine ? C’était le genre de conversation qu’elle devait avoir avec une sœur alors elle laissa échapper comme un secret, ne redoutant pas d’en faire un peu trop "Je connais ton avis sur les hommes, et je sais que tu seras très déçue de l’apprendre, mais j’ai peut-être rencontré quelqu’un." Peut-être, parce que Ruben avait semé les graines d’elle ne savait quoi sur son chemin, et qu’elle restait toujours prudente par nature. Aussi parce que dans le fond, rien n’était défini, et qu’elle se refusait de le faire aussi tôt. Mais si elle n’en parlait pas à Lara, à qui pourrait-elle en parler avant que la presse n’en fasse un fantasme à offrir aux bonnes femmes aux foyers désespérées ?

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Evelyn Pearson    

N'est-ce pas un problème vieux comme le monde ? Que tu as envie de demander à Evelyn, comment trouver un équilibre parfait entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle. Tout cela, sans craquer sous la pression, sans perdre vue les objectifs clairs qu'on a en tête, en excellant dans tous les domaines et en gardant des relations saines et équilibrées avec tous les membres de sa famille... Le pire, c'est que tu n'en demandes même pas autant, comme tu l'as déjà dit à Izzie, tu te fiches bien de voir le club rempli tous les soirs et de savoir qu'il a une longue ligne de clients devant Paradise City qui veulent à tout prix rentrer, ce n'est pas réaliste, tu veux juste un business viable, pouvoir payer tes employés plus que le salaire minimum et t'assurer que leurs conditions de travail sont bien plus que raisonnables. Et pour ce qui est de ta famille ? Tu estimes que même en mettant ta fierté de côté et en faisant des efforts, ton père et toi, vous n'aurez pas une meilleure relation, vous vous parlez et il t'écoute, ta génitrice ne souhaite pas le faire, tu ne peux pas la forcer ni même lui faire changer d'avis. Cassandra a fait ses choix et tu as fait les tiens, en réalité, la seule relation avec un Pearson que tu veux améliorer, c'est celle qu'il y a entre Evelyn et toi.
Tu estimes que les autres ont eu des occasions de reprendre le contact et de devenir une part intégrante de ta vie, tant pis ce n'est pas le cas, cela ne sera pas la fin du monde. Tu t'es fait une raison depuis longtemps, tu n'es plus l'adolescente naïve qui pense que suivre les règles c'est suivre des conseils et que cela va lui garantir une place parmi tous les autres. Tu ne veux pas d'une place que l'on t'accorde juste parce que tu suis certaines conditions et pas d'autres, vraiment pas. Ta place auprès d'Evelyn, elle est bien plus précieuse, et c'est le fruit d'un long travail entre vous deux et c'est une bien meilleure récompense et ses conseils sont vraiment des conseils. Tu sais que tu as le droit de te reposer, ton esprit le sait, le faire en revanche... c'est plus difficile. Evie doit sûrement le savoir bien mieux que toi en réalité et tu hoches la tête à sa réaction, qui est plus que compréhensible pour le coup. "Oui, c'était ta question et j'ai répondu honnêtement en plus." Elle n'est pas obligée de le faire si elle ne le souhaite pas, l'autre brune peut juste décréter qu'il est temps qu'on s'occupe de vous et tu vas la suivre sans absolument problème. Et oui, même si ce n'était pas une vraie question, tu trouverais facilement deux heures pour ta cousine, elle n'aurait même pas besoin de demander en réalité.
Tu l'écoutes avec une attention toute particulière l'instant suivant et si tu savais déjà où Evie était, tu avais dans l'idée qu'elle était partie avant tout pour se reposer. Pour se défaire un peu du bruit et de tous les problèmes de Brisbane, ce n'est pas le cas cependant. Evie te dit aller bien et si tu te retiens d'ajouter que le dire et le vivre sont deux choses différentes, tu ne feras pas de leçon morale. Tu serais bien hypocrite si tu le faisais et tu te retrouves dans la partie suivante de son discours. Expliciter tout ce qu'on ressent, ce ne l’a rien de difficilement ou d'immédiatement gratifiant malheureusement, ça implique de faire tomber les murs soigneusement érigés, et que ce soit dans ton cas ou celui d'Evie, ils sont bien là pour une bonne raison. Tu sors de tes pensées quand Evie t'annonce autre chose et oui, tu as un avis sur les hommes, tu as un avis sur tout à dire vrai et même toi tu dois admettre que c'est fatiguant parfois. "Déjà, sache que tu n'es pas la seule qui ne sait pas parler de tout ça, je ne dis pas que je fais mieux dans la discipline et que j'ai tout un tas de conseils à offrir... tout ce que je dis, c'est que je comprends, ce n'est jamais facile de vider son sac. Peu importe la circonstance et ce qu'on essaye de nous faire croire." Donc tu ne vas pas la forcer à le faire, c'est déplacé et plus que brusque dans tous les cas, tu n'as pas envie de faire fuir Evie à nouveau de cette manière. Elle reste une personne privée et ce même avec tout ce qu'il y a entre vous. Tu ne lui reprocheras jamais.
"Et oui..." Tu commences ta nouvelle phrase avec un sourire sur le visage et en faisant un petit mouvement de tes sourcils. "Tu connais mon avis sur les hommes, mais ça ne veut pas dire qu'il faut faire des généralités ou que je suis en position de juger." Ce qui est vrai, et encore moins quand la vie sentimentale d'Evie est le sujet, la dernière fois que ça a été mis sur le tapis c'est quand le scandale à propos d'elle et ce fameux prètre, donc tu te doutes bien que le sujet n'est pas facile à aborder pour ton aînée. "Si tu m'en parles je suppose que ce n'est pas anodin... donc j'espère que ça se passe bien. Donc si jamais tu veux parler de ce mystérieux jeune homme, je ne dis pas que je comprendrais mais je sais écouter." Et même très bien quand tu y mets du tien, et tu ravales le rire que tu as envie d'avoir, parce qu'entre Diana et maintenant Evelyn, c'est deux personnes qui viennent de t'annoncer, et récemment, qu'il y a du changement dans leur vie sentimentale. Est-ce que te côtoyer veut dire trouver chaussures à son pied ? Il te faudra un troisième exemple avant de te prononcer, toi, depuis le camp des célibataires.
"Et j'espère qu'il te traite bien. Tu peux lui dire que tu as une cousine prête à lui expliquer la vie si ce n'est pas le cas... et je plaisante bien entendu." Tu lèves tes deux mains histoire de montrer que tu as les meilleures intentions du monde et tu te dis qu'Evelyn est assez bien équipée pour gérer tout ceci que toi. Tu finis par attraper une des mains libre d'Evie et lui serrer la main, tu as envie de la remercier de t'accorder une autre chance, encore une fois, de te faire confiance de cette façon-là, et de se sentir assez bien en ta présence pour ne te parler de tout cela. Comment le dire ? Cela parait un peu trop important, alors pour le moment, tu décides que lui serrer la main fera l'affaire pour le moment. "On fait un peu leur boulot à la leur place...tu t'en rends compte ?"

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Evelyn se dit que l’opportunité était là, et qu’elle ne se représenterait sans doute pas avant un bon moment, même si sur ce point, elle se fourvoyait totalement seulement parce qu’elle avait peur de dire la vérité à sa cousine ; de la regarder droit dans les yeux, et de lui demander : Tu te souviens de la fin de l’année dernière, quand je suis tombée et que je t’ai dit que ce n’était pas grave ? Ça l’était. Je me suis fait agresser par un déséquilibré dont je connais le nom et dont je pourrais facilement trouver l’adresse. Ça ne serait pas si compliqué que ça, ça ne lui demanderait pas un effort plus considérable que d’admettre d’autres choses, que de s’ouvrir  à elle comme elle s’était déjà ouverte en acceptant de la laisser entrer dans son espace, dans son cœur et dans sa vie. Et pourtant, elle ne parvint pas à dépasser le stade du sourire de convenance lorsqu’elle l’entendit rebondir sur ce qu’elle lui avait dit à propos de son incapacité à se confier sur ce qui la taraudait véritablement, mal à l’aise de devoir imposer à qui que ce soit ce qu’elle ressentait, alors qu’elle ne réussissait déjà pas à le supporter elle-même.
Elle baissa la tête, disant une nouvelle fois "Si un de tes clients te propose une ristourne pour une consultation chez le psy, ce sera une opportunité à saisir pour faire d’une pierre deux coups." Elle en plaisantait, mais ça devenait trop récurrent pour que sur le fond, ce ne se soit pas sérieux ; comme ce qu’elle lui dit ensuite et qui lui servit d’excuse pour passer à autre chose, mais pas seulement.

Parler de Rhett à Lara, même en surface, c’était moins difficile que de parler de ce qu’elle avait vécu. Et c’était perturbant quand on savait à quel point elle pouvait être secrète sur ce genre de choses, à cultiver son jardin secret comme d’autres cultivent leurs relations en sachant comment s’y prendre, alors qu’elle, elle y allait à l’instinct, consciente que si elle se mettait à songer à quel point ça la rendait vulnérable, elle prendrait peur et tournerait les talons tout en sachant qu’elle passait à côté de quelque chose qui valait le coup. Elle secoua la tête, son nez se fripant tout doucement, ne réussissant pas à retenir le sourire qu’elle laissa échapper en entendant Lara lui dire que ce n’était pas anodin qu’elle lui en parle "Ça m’a juste traversé l’esprit. J’avais envie de te le dire pour que tu ne t’inquiète pas de ne pas me trouver à la maison parfois." Pas uniquement. Dans le fond, c’était un secret — non, un fait — qu’elle voulait partager avec elle, qu’elle se sentait en droit de partager avec elle. Pas comme celui qu’elle avait partagé avec Owen à l’époque, et qui avait été colporté à la Une des magazines que sa cousine elle-même lui avait mis sous le nez. Là, il n’y avait pas de mystère, il n’y avait pas de scandales… il y avait juste une bonne alchimie, un homme gentil, doux et tolérant, et c’était suffisant, non ? "Quoi, tu es en train de me dire que tu m’écouterais parler de lui sans discontinuer et que tu ne ferais même pas un tout petit commentaire à son sujet ? Lara, tu me vexes. Je te connais mieux que ça." Elle plaisantait, posant sur elle un regard aussi suspicieux qu’elle avait la certitude qu’elle aurait des choses à dire si elle apprenait qu’il était un ancien rugbyman que son frère faisait passer pour un opportuniste de haute-volée. Elle n’avait jamais été très douée pour écouter les bruits de couloirs, sauf que Ruben avait touché un nerf, elle s’en apercevait en léger différé. Cette conversation qu’ils avaient eue, elle avait tendance à lui revenir en mémoire aux moments le moins opportun pour la faire camper sur ses positions : ça la regardait, ça les regardait.
Elle rit à ce que Lara ajouta, la laissant lui prendre la main alors qu’elle lui disait, resserrant de son côté l’étreinte de son bras qu’elle avait passé autour de ses épaules, des sourires dans la voix "Ne commence pas à imaginer une rencontre où tu le testeras pour savoir s’il est digne d’être avec moi. Je crois qu’il l’est, il est compréhensif avec moi." Et ce n’était pas quelque chose qui venait naturellement à ceux qu’elle avait dans son sillage d’ordinaire, alors ça méritait d’être souligné pour que Lara sache qu’au moins, il avait cette qualité pour lui — et qu’il en avait d’autres, aussi elle évita de lui en faire la liste par peur d’être rabrouée par la jeune femme qu’elle savait peu encline à supporter ce genre de mièvreries "Tu m’as manqué." finit-elle par lui dire, posant sa bouche contre la tempe de Lara pour lui donner un baiser furtif quand un silence fila très brièvement entre elle… et puis la jeune femme reprit la parole la parole, lui permettant de sauter sur l’occasion pour atténuer ce qu’elle venait de lui dire en se reculant. Evie la regarda, l’air déjà assez malicieux pour qu’elle devine qu’elle préparait un mauvais coup dans l’intimité de ses pensées "Je m’en rends compte. Tu ne crois pas que c’est le signal pour qu’on parte d’ici et qu’on décide que notre façon de prendre soin de nous, c’est de s’enfiler un burger et des frites ?" Pas de se faire tartiner le visage avec des algues et des huiles, et même si ce qu’elle proposa, c’était davantage le menu de prédilection de sa cousine, elle trouvait ça plus engageant que de se faire analyser par des masseuses trop curieuses sur leur état d’esprit pour qu’elles réussissent vraiment à se détendre.

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"Si un de mes clients est psy, même pas besoin de prendre rendez-vous, je pourrais avoir une session sur un des canapés de mon club, pendant qu'il se rince l'œil." Que tu ironises en étant plus que sérieuse pour le coup, n'ayant même pas envie de savoir ce qu'un expert pourrait dire de toi et de ta situation. Tu pourrais bien avancer le fait que tout le monde a des problèmes, cependant, tu n'as jamais prétendu être une personne équilibrée, oh que non, et tu fais ce qui te plait la plupart du temps, t'assurant de garder un toit au-dessus de ta tête, de payer tes factures et en tentant d'être le genre de femme sur laquelle on peut compter, aussi bien au club que dans ta vie personnelle. Est-ce que c'est une pression immense ? Oui, est-ce que tu t'es ajouté un cran de pression depuis ton accroc avec ce malheureux client qui aurait pu tourner bien pire ? Oui, mais au moins, tu as arrêté de te voir comme coupable, tu as cessé d'appréhender les danses privées entre les murs de Paradise City, et surtout, tu as cessé de te dire que c'était un coup du karma parce que tu as toujours eu beaucoup de choses, contrairement à certains. Non, c'était juste un porc qui méritait bien de se faire remettre à sa place et cela ne fait pas de toi une mauvaise personne que de l'avoir fait.
Le plus important c'est des moments tels que celui-ci, avec Evelyn, la place de ta cousine dans ta vie est bien gardée par tes soins et tu ne te vois pas revenir en arrière. A une période où elle n'était qu'une étrangère, la preuve, elle te parle bien de quelqu'un dans sa vie et ce n'est pas anodin tu le sais. Ils vont passer du temps ensemble, ce qui est normal, pour un couple ? Tu ne sais même pas si c'est le cas, Evie ne l'a pas dit en ces termes-là, elle voit juste quelqu'un, il ne semble pas encore avoir de label, et ce n'est certainement pas toi qui vas le faire, tu en sais suffisamment sur ce genre de dynamique pour savoir que les choses avancent souvent à un rythme particulier. "C'est noté et..." Et tu as un léger rire le moment suivant, ne te souvenant même pas de la fin de ta phrase, face à ce que l'autre Pearson avance. Okay, tu n'as pas la meilleure opinion du sexe opposé, tu n'es pas objectif du tout, cependant, peut-on vraiment te blâmer quand on sait que premièrement, les hommes ne t'ont jamais attirée, et ce ne sont pas les offres qui ont manqué au cours de ta vie, et ensuite vu le métier que tu fais où tu es perçue uniquement comme une plastique, un véritable fantasme vivant et qu'ils représentent la grosse majorité de ta clientèle... mais cela ne veut pas dire que tu vas automatiquement rejeter la personne que fréquente Evelyn, si présentations il y a. "Je n'ai jamais dit que je ne ferais pas de commentaires, je veux dire, tu me connais. Mais. Je garderais l'esprit ouvert, et puis je ne connais même pas tes goûts en matière d'hommes, si ça se trouve, ce sera l'exception qui confirme la règle et tout..." Si la dernière partie de ta phrase est ajoutée sur le ton de la plaisanterie, tu n'en demeures pas moins sérieuse, Evelyn est une personne secrète par nature, pas prête à tout partager avec n'importe qui, si c'est important pour elle, alors cela le sera automatiquement pour toi, tu n'as pas besoin de comprendre ou même de lui donner ton aval dans le fond.
Tout ce qui compte c'est que tu sois là et qu'elle ait choisi, de son propre accord, sans que personne ne lui force la main, de te mettre au courant. Pas quelque chose de négligeable à tes yeux, alors tu te tiendras à carreau si elle décide qu'elle est prête pour te le présenter. "Je te rassure, j'ai beau être la seule famille que tu fréquentes par envie, moi je le sais qu'on est plus au moyen-âge, il n'y aura pas une série d'épreuves pour avoir ta main ou juste un rendez-vous." Plus qu'être un mode de pensées désuet au possible, c'est très réducteur de penser que certains sont dignes ou non de fréquenter d'autre, de ton avis, avancer dans la vie de cette façon n'est pas très sain et ne garantit que des échecs. Et ce, même si aucun homme ne sera jamais assez bien pour ta cousine, si si, tu le sais déjà, c'est bien pour cela que tu lui as serré la main, cela et parce que tu es bien contente de retrouver vos petits moments de complicité, ton sourire s'agrandissant de lui-même au prochains mots d'Evie et le baiser dont tu as le droit. Elle t'a manqué aussi, même en étant qu'à quelques kilomètres, tu ne le diras jamais à voix haute, cependant, être toute seule dans votre appartement aussi longtemps, c'était une expérience bien déroutante. Vous ne vivez pas collées et vous avez en règle générale des rythmes complètement différents au sein de votre propriété dans spring hill, cependant, savoir que ta cousine allait rentrer à un moment donné et tout le contraire justement... Pas quelque chose que tu recommandes. Et justement, la possibilité de retrouver votre appartement est mise sur le tapis et tu as une légère grimace qui n'en est pas une. "Han, tu me tentes avec un burger et des frites, c'est criminel ça, Miss Pearson." Est-ce vraiment de la tentation si cela marche ? Bonne question et l'idée fait son chemin jusqu'à ton esprit, et plus important, ton estomac, qui gagne souvent en réalité.
"Mais on pourrait partir, et au lieu de peignoirs, on pourrait rentrer, mettre des vêtements vraiment confortables, commander des cheeseburgers avec assez de fromage pour donner envier à un cardiologue de nous réprimander..." Ce qui est un peu ta spécialité maintenant que tu y penses vraiment. "Et manger tout cela sur notre canapé très confortable en regardant quelque chose de stupide." Ton regard croise celui d'Evie la seconde suivante, et entre ce que tu viens d'énoncer et l'idée d'un massage et toute une série de soin pour avoir une meilleure mine, au nom d'une pseudo-science; ton choix est déjà fait. Tu finis par te relever, tes deux mains posées sur tes hanches."... Je l'ai dit à voix haute, c'est trop tard maintenant, ça me parait être une bien meilleure après-midi qu'être ici, et une bien meilleure façon de se détendre. J'inaugurais juste mes nouvelles lunettes de soleil dans notre salon." Et même si c'est un accessoire d'ordinaire réservé à l'extérieur. "On se rhabille ?"  

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Exception qui confirme la règle ou pas, au moins, les choses étaient dites avec une certaine satisfaction, bien qu’Evie restait toujours aussi pudique parce qu’elle était comme ça, parce qu’elle n’avait pas envie de verser dans le sentimentalisme en expliquant à Lara les tenants, et surtout les aboutissants de sa rencontre avec Rhett, encore moins se montrer trop précise sur ce qu’ils vivaient vraiment sans se voir taxer de ne pas savoir du tout où elle mettait les pieds, encore une fois. Ceci étant, elle ne cherchait aucune espèce d’approbation de la part de sa cousine, elle avait cessé de croire que c’était une bonne chose de demander son avis à un tiers dans ce genre de domaine — elle ne pouvait pas toujours contrôler ça, mais quand elle le pouvait, elle s’y pliait avec délicatesse. Elle ferait ce qu’elle se sentirait capable de gérer, elle vivrait ce qu’elle serait capable de vivre, et advienne que pourra. Ça restait néanmoins important pour elle que Lara sache ce qu’il se passait, sans doute parce qu’elle gardait toujours quelques secrets pour elle, et que lui confier celui-ci, ça remettait davantage à zéro les compteurs de leur relation, mise à mal ces dernières semaines. Elle gardait à l’esprit qu’elles avaient encore du chemin à parcourir, des choses à se dire… mais comme pour tout, ça prendrait du temps. Elles faisaient en fonction de comment elles étaient armées pour le faire, et parce qu’elles représentaient une constante dans leur vie respective, il n’y avait aucune pression à se mettre.
Elles faisaient partie de la même famille, ça devait être suffisant "Tu es la seule membre de la famille que je côtoie parce que tu es la meilleure, fin du débat. Bon, aussi parce que j’en ai envie, mais ce n’est pas le sujet." Et finalement, ça valait le coup de lui avoir dit pour Rhett, puisqu’elle gardait l’assurance qu’elle resterait à distance sans juger nécessaire de lui faire passer un examen de passage. Evie connaissait assez sa cousine pour savoir, que sur le fond, elle resterait toujours un peu réfractaire à l’idée qu’elle côtoie quelqu’un, surtout après Owen. Mais elle restait moderne et sensée : elle ne lui ferait pas peur s’ils venaient à se rencontrer, ce qu’elle était déjà relativement capable d’anticiper. Après tout, le reste des Pearson les avaient vus ensemble, sans sa figurer ce qu’il se passait vraiment, alors.

Si elles étaient parties avec de bonnes intentions, prêtes à profiter d’un massage offert, il semblait désormais que ce plan, c’était un peu trop pour leurs ambitions profondes — ou pour leur seuil de tolérance, ça restait à définir. Evie fût la première à lancer le projet d’une autre façon de passer son temps avec sa cousine, ne s’arrêtant pas plus que de quelques minutes sur sa propre sensiblerie, et lui proposant quelque chose qu’elle savait qu’elle accepterait sans rechigner ; l’ajout qu’elle fit en se montrant expansive et précise sur la manière dont elle voyait les choses, ça força Evelyn à lui sourire avec amusement, et à lui dire "Je dois avoir tellement de choses à rattraper en matière de télé-réalité, qu’une journée ne sera pas de trop pour me mettre au courant de ce qui se passe dans la vie de Kimberley." Comme si Evelyn  Frances Pearson avait déjà regardé ne serait-ce qu’un seul épisode des Kardashian, alors qu’elle savait que, dans une vie alternative, elle aurait pu finir de la même façon, à faire de sa vie un spectacle scénario de bout en bout, où les apparences avaient une importance tellement capitale que ça en devenait un fonds de commerce qui lançait des tendances, et passionnait les foules. Ça la faisait rire dans le fond, de pouvoir faire ce parallèle en plaçant Celie dans le rôle de Kris Jenner — la seule différence notable qu’elles avaient, c’était que sa mère, à elle, n’était pas obsédée par l’argent… autrement, elle régentait aussi sec la vie de ceux qui lui tournaient autour, elle le faisait seulement avec un peu plus de subtilité pour que chacun pense que leurs décisions étaient personnelles, qu’elles n’étaient en aucun cas dirigées pour répondre aux attentes de la matriarche, ce qui était pourtant le cas, et elle n’exagérait même pas "Oh, et il nous faudra de la glace. Des tonnes de glace, de tous les parfums possibles." Le sucre, c’était peut-être le seul vrai point commun qu’elles avaient, toutes les deux — autre que celui d’être traitées comme des pestiférées, s’entend "On ouvrira les fenêtres pour laisser entrer le soleil, et j’éviterais de te dire que tu as l’air idiote avec tes lunettes de soleil à l’intérieur, c’est promis." Mais pas juré, elle se laissait une marge à ce sujet, et statua avec la solennité des grandes dames, quand Lara posa le premier méfait à commettre avant de se carapater comme des voleuses ; se rhabiller "On se rhabille, et vite." ajouta-t-elle en se levant, lâchant enfin Lara, et elle se dirigea vers son vestiaire dans lequel elle avait soigneusement rangé ses affaires qu’elle déplia sans plus de cérémonie, les renfilant les unes après les autres, prête à échapper à l’interrogatoire d’inconnus, et à leurs mains expertes, qu’elle ne tenait pas à ce qu’ils posent sur elle.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Evelyn Pearson    

"Attention, je vais finir par prendre la grosse tête... enfin encore plus que d'habitude." Que tu fais remarquer avec un sourire sur le visage et en battant un peu des cils, parce que tu peux te le permettre et parce que, il faut bien l'avouer, tu ne sais pas trop quoi répondre face à tant de sincérité. Ce n'est pas si surprenant de la part d'Evie en réalité, surtout maintenant que les choses semblent être un peu plus lisses entre vous, ce que tu voulais depuis qu'elle a quitté votre appartement pour faire le point. Reprendre à une meilleure version de vous deux, sans les petits désagréments et sans le reste, parce qu'il est clair que si tu venais à perdre le soutient d'Evelyn, tu te ferais décidément une raison et te dirais que les affaires de famille ne sont pas faites pour toi. Pas une grande tragédie en soit, cependant, vous n'en êtes pas là, du tout même et tout reprend un rythme un peu plus normal, un peu moins saccagé soudainement et même si le spa ne semble pas être à votre goût tu ne regrettes pas du tout cette journée. Qui n'est pas encore finie comme le prouve bien vos nouveaux projets, et peut-être que vous devriez passer du temps ici, profiter de cette opportunité mais ça n'a pas d'importance à tes yeux, passer du temps avec Evie est ce qui compte, où et comment, que ce soit dans un spa de luxe ou sur votre canapé, ça ne fait pas vraiment de différence.
"Et moi alors... Je regarde un épisode tous les six mois, je crois que la dernière chose que j'ai vu c'était Mariés au premier regard, et tous ces couples avaient l'air tellement saint et heureux... on peut trouver quelque chose de plus léger à regarder. Sinon tu vas te coltiner des épisodes de Bob l'éponge, je te préviens..." Plus léger, parce que tu te demandes si Evie a vraiment envie de regarder un programme pareil, pour se détendre ? Elle aurait pu se retrouver dans ce genre de cirque, à devoir faire des confessions avec un projecteur braqué sur elle, une caméra et en devant faire attention de ne pas ruiner son maquillage, parce que quitte à paraitre au bout du rouleau, autant le faire avec sur le visage une fondation qui coûte plus de 70 dollars... pas vrai ? Ou alors c'est le contraire, cela détend Evie parce que cela ne lui est pas arrivé, ce que tu peux comprendre, toi, tu n'es pas une connaisseuse du petit écran, à part les mêmes dessins animés qui ont bercé tes jeunes années et que tu regardes par nostalgie, tu n'aimes rien qui te fasse trop réfléchir ou même froncer les sourcils. Et puis, on ne va pas se mentir, la plupart du temps tu finis par t'endormir devant le petit écran, ce dernier te sert plus de bruit de fond qu'autre chose, il faut bien l'admettre, mais tu feras un effort aujourd'hui, si si.
Evie parle déjà de glace et tu es plus que convaincue et tu ouvres le casier fermé il y a seulement quelques minutes pour attraper tes vêtements. "Des tonnes de glace, et de la chantilly, des cookies et des brownies pour quelques calories en plus et du sucre bien entendu." Que tu soutiens, histoire de bien faire les choses et Evie sait bien que malgré ta taille de guêpe, tu es bien capable de manger comme trois personnes. Tout en continuant de rentrer dans tes vêtements que tu penses avec un léger sourire, en remontant la fermeture éclair de ta minijupe. "On reviendra un autre jour." Tu le dis sans grande conviction, finissant tout simplement de t'habiller. Tu jettes tout de même un dernier regard à ton reflet dans le miroir et tandis qu'Evie finit de se rhabiller et de se préparer elle aussi, tu en profites pour remettre une généreuse couche de gloss sur tes lèvres, te passer une main dans tes mèches brunes et enfin, tu sors les fameuses lunettes de soleil de ton sac et les poses sur ton nez. Quand tu te tournes vers Evie, sac sur les épaules, tout de ta posture à ton sourire indiquant que tu es prête.
Sans plus de cérémonies, vous quittez donc les vestiaires, c'était vraiment les traitements les plus rapides du monde, passant devant la réception où tu as donné ton prénom il y a peu. Une pensée te vient à la dernière seconde et pivotant sur tes talons, tu captes l'attention de la réceptionniste, et tout sourire, tu lâches un simple :  "Si le patron demande, dites-lui que Lara n'était pas satisfaite et que le service est à refaire, vraiment." avant d'hausser les épaules et retourner retrouver ta cousine. "... Crois-moi, il le mérite." Ta seule explication, suivie d'un hochement de tête, avant de retrouver l'extérieur et les rues de Brisbane. "Bon vu qu'aucune de nous deux ne conduit, Uber je suppose ?" Tu dis cela en sortant déjà ton téléphone de ton sac, pour trouver la voiture qui va vous conduire jusqu'au supermarché le plus proche, histoire de faire le plein de provision. Une fois que cela est fait, tu te tournes vers ta cousine. "Et on équilibre les choses, on a parlé de ta vie sentimentale, on se penche sur la mienne du coup ? La discussion sera très, très, rapide hein."

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Lara Pearson    

"J’aurais adoré organiser les mariages de Mariés au premier regard. Ce qui était tout à fait faux, merci bien. Mais elle préparait déjà une sortie malicieuse, il fallait bien qu’elle la justifie "Histoire de me rendre un petit peu plus cynique, et de prétendre que, si je suis toujours célibataire à mon âge, c’est juste un fait scientifique." Ou pseudo-scientifique, il ne fallait pas jouer sur les mots. Cependant, si elles pouvaient éviter de la faire plonger dans un programme qui lui rappellerait son domaine d’expertise, ce serait une bonne chose. N’avaient-elles pas promis qu’elles penseraient à autre chose qu’à leur boulot ? Sans doute que si, mais ça ne semblait pas si important en définitive, déjà prêtes à faire d’autres projets, et à vaquer à des activités plus engageantes que de se faire torturer l’esprit par des thérapeutes du dimanche.
Se rhabillant, elle devait bien admettre que ce genre de moments ne faisaient pas partie de ses habitudes non plus. Evie n’était pas inactive, elle ne prenait pas de journée off pour lézarder sur son canapé, encore moins pour descendre des litres de glace, préférant en fait le vin pour se vider la tête avant de la retrouver grosse comme une pastèque le lendemain, après avoir eu la main leste sur les doses à verser dans son verre. Mais elle changeait ses habitudes, elle se pliait à quelques nouvelles versions d’une vie qui jusqu’ici avait été jalonnée par son besoin de tout millimétrer ; c’était rafraîchissant de voir les choses sous une perspective différente, en s’en remettant à quelqu’un qui savait comment profiter sans se sentir obligé de tout planifier. Lara avait ce talent-là. C’était peut-être sa jeunesse, c’était peut-être son caractère… dans tous les cas, elle ne lui avait pas menti quand elle lui avait dit qu’elle lui avait manqué. Elle s’en rendait davantage compte maintenant, qu’elles reprenaient définitivement leur progression ensemble au sein d’une famille dont elles s’étaient retirées assez tôt pour ne pas en garder trop de séquelles. Encore qu’à ce sujet, rien n’était moins sûr. Mais elles réussissaient à se confier des secrets, bientôt elles réussiraient à admettre qu’elles avaient été détruites chacune à leur manière par leur filiation, et peut-être que ça ne ferait que les rapprocher un peu plus encore.

Elles ne reviendraient pas un autre jour. Evelyn laissa Lara y croire pourtant, si ça pouvait la rassurer sur l’idée qu’elles faisaient les choses bien en s’en remettant à autre chose qu’aux mains expertes des masseurs de l’établissement. Son sac sur son épaule, Evie vint glisser son bras au creux de celui de sa cousine, la laissant gérer la partie relation publique des choses tandis qu’elle remettait ouvertement en doute la volonté de l’homme qui l’avait invité ici, à profiter des services de son établissement, certainement comme lui avait profité des services de l’établissement de Lara. Elle ne préférait pas y penser, puisque même si elle restait convaincue qu’elle faisait ce qu’elle voulait de sa vie, Evelyn restait tout de même plus à l’aise quand Lara lui parlait de ses cours de danse, plutôt que son activité de strip-teaseuse. Elle n’irait pas jusqu’à lui dire qu’elle méritait plus que ça, persuadée que le plus auquel Lara aspirait était déjà celui qu’elle avait réussi à mettre sur pieds, mais ça restait un sujet qui menait au débat quand elles en discutaient, et il était hors de question que leur journée tourne de cette façon.
"On peut marcher. Il y a une épicerie à côté, on aura qu’à s’y arrêter." Prendre un peu l’air en duo, bras dessus, bras dessous, ça restait une perspective plus douce que de se faire tripoter de partout sous le prétexte que ça faisait du bien à l’âme. Elle sourit à Lara, tournant la tête de son côté pour observer son joli minois, et prendre le genre d’expression qu’on utilise quand on pense être passée à côté d’une information capitale. Est-ce que Lara avait une copine ? Si elle devait être honnête, elle avait cru à un moment donné que sa cousine et Itziar étaient plus que des amies, mais elle s’était vite rendu compte de son erreur en les voyant interagir — il n’y avait rien de romantique là-dedans, et si elle n’était pas très douée dans ce domaine, elle savait tout de même remarquer l’évidence sans avoir besoin d’être une experte ; ce qu’elle devait être d’une certaine manière néanmoins, son quotidien étant jalonné des bons sentiments de ceux qui s’unissaient pour la vie, ou du moins, pour un temps assez long… jusqu’au prochain.
Elle entrouvrit la bouche, l’air de statuer toute seule sur ce qui lui avait échappé, mais juste pour taquiner la jeune femme vers qui elle pointa un doigt, finissant par le planter dans ses côtes en fronçant le nez "Cachotière, comment elle s’appelle ?" Dans la foulée, elle leva sa main, emprisonnée dans le creux du bras de Lara, penchant la tête sur le côté "Je ne peux pas te promettre que je ne lui ferais pas passer un test de passage, je préfère te prévenir tout de suite." Ce qui était faux au demeurant. Seulement, c’était une belle manière de l’encourager à lui parler si vraiment elle avait une vie sentimentale — ce qui lui avait échappé, si elle devait être tout à fait honnête, encore une fois. Elle ne s’en formalisait pas, elles n’étaient pas les plus expansives, et Evie savait que si elle n’avait pas vaguement parlé de Rhett à la jeune femme, jamais cette dernière n’aurait eu idée de relancer ce sujet pour le retourner vers elle.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Evelyn Pearson    

Dehors, et ironiquement avec le monde et l'agitation environnante, tout te semble un peu plus calme que dans le spa que vous venez juste de quitter. C'est sûrement parce que tu ne fais plus si souvent face aux rayons du soleil que cela avec ton métier, peut-être que c'est la présence rassurante d'Evelyn et de ce bras qu'elle noue à ton propre bras facilement, ou tout simplement le fait que c'est une bonne journée. Peu importe, tu n'as jamais été connue pour trop analyser ce que tu ressentais ou les situations que tu vivais au quotidien, tu es avant tout une femme d'action et tu hoches la tête aux mots de ta cousine. "On marche alors, cela me va parfaitement." Parce que cela reste ton mode de transport préféré, et une des raisons pour laquelle tu n'apprendras très certainement jamais à conduire. Avec une bonne playlist et une très bonne paire de bottes, tu es persuadée que tu pourrais parcourir le monde et tu sais que quelqu'un s'est déjà chargé d'un tel exploit. Ou même avec une très bonne compagnie, comme celle de ta cousine et à vous voir, n'importe qui pourrait avoir du mal à croire qu'il y a eu des disputes ou quoi que ce soit de cette nature entre vous deux. Tu supposes que c'est bien normal pour toute relation, il y a des hauts et des bas, le plus important est de savoir le reconnaitre, mettre sa fierté de côté et travailler activement pour passer à autre chose.
Tu le sais à présent, et les leçons que tu as tirées de tout ce temps passé avec Evie, elles sont beaucoup plus valides et marquantes que tout ce tes parents ont essayé de t'inculquer au fil des années dans ta jeunesse, beaucoup plus et sans l'ombre d'un doute. Tu as fait volontairement dériver la conversation vers ta vie amoureuse, ou l'absence de vie amoureuse en tout cas, oui, tu tends le bâton pour te faire battre, volontairement en plus, cela t'a semblé bien juste, pourquoi Evie devrait être la seule à faire des confessions ou même se sentir vulnérable ? Pas très juste à tes yeux et tu ris aux questions et remarques de ta colocataire, qui sont faites avec toute la délicatesse et le tact habituel qui caractérise Evie. "Un test carrément ? Quel genre de test ? Tu vas lui demander un CV à jour et deux pièces d'identité au moins ?" Tu plaisantes, mais ta curiosité est piquée, tu sais Evelyn protectrice quand c'est nécessaire et elle est déjà venue à ta défense devant Cassandra et Trevante, tu l'imagines bien faire de même face à une parfaite inconnue qui ne te traiterait pas de la bonne façon. C'est une jolie pensée, et un scénario totalement hypothétique et qui n'a pas vraiment de poids dans la présente et tu l'en informes rapidement tandis que vous avancez toujours en direction de l'épicerie.
"Plus sérieusement, il n'y a personne, à part le boulot et le boulot." Et elle le sait mieux que toi que ton métier n'invite pas aux rencontres, pas de meet and cute dans un club de strip tease, surtout pas quand les hommes sont la plupart de tes clients et que tu n'es pas du tout intéressée ou attirée par eux. Tu as bien quelques clientes parfois, c'est assez notable pour être remarqué, mais il s'agit soit d'une occurrence tellement rare, soit de personnes qui sont trop éméchées et qui se sont dit que c'était une bonne idée, alors niveau romance, c’est à revoir. "Et, avant que tu imagines quoi que ce soit, je ne suis absolument pas en train de me plaindre, c'est voulu... enfin je crois, je veux dire, je ne cherche personne activement, donc je ne peux pas me plaindre ou blâmer qui que ce soi d'autre. Je crois que ça me fait du bien le célibat, pour me concentrer sur moi et sur mes objectifs professionnels." Et tu n'es pas seule, qu'on se le dise, tu es bien entourée au quotidien, avec Evelyn tout d'abord, et même au club, Itziar reste une très bonne co-patronne et une très bonne amie, tu as des amis sur qui tu peux compter, tu n'as pas l'impression qu'il te manque quoi que ce soit en réalité. C'est cela que les gens font chercher auprès de quelqu'un d'autre non ? Là encore, tu n'en sais pas grand-chose, tu n'as jamais véritablement été en couple, il n'y a eu que des vagues histoires sans lendemain, certaines durant plus que d'autre à cause de la proximité et la commodité, mais rien qui ne remue ton cœur ou te donne envie d'en parler à qui que ce soit.
"Et puis je commence de plus en plus à croire que je ne suis pas faite pour la vie en couple, ça sous-entend de faire des compromis, d'accueillir quelqu'un d'autre dans sa vie. J'ai beaucoup de défauts malheureusement et je ne voudrais pas imposer tout ça..." De ta main libre, tu te pointes avec une légère grimace. "A quelqu'un." Si on enlève le métier pas du tout commun, tu restes une femme proche de ses trente ans avec une relation houleuse avec ses parents, la nourriture et avec beaucoup trop d'opinions arrêtées et toujours l'envie de le faire savoir haut et fort et d'avoir le dernier mot. Tu es bien cent pour cent à l'aise avec l'image que tu renvoies mais tu as bien conscience que ce n'est pas forcément attirant.

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{cross your heart, won’t tell no other}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Lara Pearson    

"Et un bilan sanguin pour faire les choses bien." Elle plaisantait, elle ne faisait que ça, Evelyn. Ça ne lui viendrait pas à l’idée de tester qui que ce soit, plutôt partisante du bénéfice du doute. Le coeur a ses raisons comme on dit, et si la personne qui plaisait à Lara ne lui plaisait pas à elle, c’était que ça devait être comme ça, inutile de vouloir faire changer les choses. Elle n’avait pas hérité de ce talent qu’avaient les membres de leur famille, à savoir de vouloir tout contrôler, dans le moindre détail, histoire de garder la mainmise et de savoir comment faire tourner une situation à son avantage en sortant un as de leur manche pour remporter la partie. Elle n’était pas pas de ce genre, Evie. Elle ne jugeait pas les fréquentations d’autrui, peut-être parce qu’elle n’en avait pas toujours eu de bonnes, allez savoir.

Marchant à ses côtés sans la lâcher, elle lui adressa un sourire, qui termina par un semblant de tristesse quand Lara lui avoua enfin que non, elle ne voyait personne. Là encore, sa mine relevait plus de la farce qu’autre chose. Elles n’étaient pas les plus pressées à se caser, elles aimaient leur liberté, et ce n’était qu’un concours de circonstances qui avaient mené Evelyn à se laisser attirer par Rhett. On l’accuserait probablement d’en tirer des avantages de notoriété quand tous se rendraient compte qu’ils se voyaient souvent, on l’accuserait probablement de taper pile dans un profil qui ferait parler ceux qui avaient eu un avis sur elle dès qu’elle avait été capable de babiller son premier mot, on l’accuserait de tout un tas d’autres choses encore… elle ne s’en souciait pas tellement sur le moment, parce que rien n’était plus important que la sensation qu’elle avait de ne pas risquer grand-chose en s’amourachant de quelqu’un comme Rhett. N’en déplaise à son frère qui avait endossé le rôle de donneur de leçons : c’était encore simple et sans conséquence pour le moment, et elle voulait que ça le reste le temps que ça durerait.
Si elle n’était pas très gaillarde en la matière, elle savait pourtant que ça pouvait être une épreuve d’explorer ce genre de rapport. Ça demandait un lâcher-prise qu’elle n’avait pas, elle était honnête sur ça. Lara ne semblait pas l’avoir non plus, et sur ça, elles se ressemblaient encore beaucoup trop pour y voir là un inconvénient "Je n’imagine rien du tout, ce n’est pas mal de rester seule." commença-t-elle en resserrant son bras autour de celui de sa cousine quand elle sentit que, peut-être, elle était un peu sur la défensive. Elle n’avait pas à l’être, mais elle comprenait qu’elle décide de se justifier. Elle, de son côté, elle avait passé beaucoup de moments désagréables à défendre son point de vue sur le célibat pour ne pas vouloir la laisser parler et entendre ce qu’elle avait à défendre, encore que ce n’était pas un crime de choisir le célibat. Elle opina "Si c’est ce qui te fais du bien, tu n’as pas besoin de te plier aux codes de la société si tu préfères ta vie comme elle est aujourd’hui. Tout le monde te le reprochera, mais qu’est-ce que ça peut bien faire ? C’est ta vie, qu’importe si tu veux la vivre seule ou pas, elle restera la tienne dans tous les cas." Elle avait beaucoup mûrit la question pour être capable de déclamer ces paroles-ci sans se sentir gênée de le faire. Evelyn avait défendu ses principes un bon nombre d’années, alors elle ne forcerait pas Lara a revoir sa copie sous le prétexte qu’elle avait très doucement baissé ses barrières. Et tout était relatif, il n’y avait pas d’étiquette à coller sur ce qu’elle vivait avec Rhett à ce moment précis : ils se voyaient, point final.
Elle reprit "Tu n’es pas obligée de te trouver tous les défauts du monde pour expliquer que tu préfères être seule. Je le répète, ce n’est pas mal d’être seule." Elle eut un nouveau sourire, rentrant doucement sa tête dans ses propres épaules pour poursuivre "Et de mon avis, qui n’est sûrement pas des plus objectifs, cousine : tu t’inventes des tares pour rassurer ceux qui ne supportent pas la solitude." Elle haussa les épaules, clairvoyante, sa mine suivant sa conclusion qu’elle asséna avec toute la bienveillance qui la caractérisait "Ça les regarde. Ne rabaisse pas ta manière d’envisager ton avenir pour les consoler… c’est eux qui perdent quelque chose, pas le contraire." Il n’y avait rien de plus jouissif que de se contenter de sa propre compagnie. Ceux qui prétendaient le contraire étaient simplement terrifiés par l’exercice, préférant faire passer ceux pour qui ça ne posaient pas de problèmes pour des gens bizarres, pour des gens dont il fallait se méfier "Tu changeras d’avis plus tard. Ou pas. Et alors ? La vie est longue, tu as le temps de changer cent fois de point de vue avant de vouloir rencontrer quelqu’un… et si ça n’arrive jamais, le monde continuera de tourner de toute façon." Le regard dirigé vers le lointain, ses paroles étaient tellement sincères qu’elle n’y réfléchit pas. Lara n’était pas bizarre parce qu’elle voulait rester seule, elle n’était pas non plus bizarre parce qu’elle préférait soigner ses névroses avant de se lancer dans une aventure plus ou moins longue avec quelqu’un. Elle avait la vie devant elle, oui. Elle avait un pouvoir dont elle seule connaissait l’étendue ; à partir de là, toutes les décisions qu’elles prendraient seraient les bonnes, qu’importe le qu’en-dira-t-on.

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{cross your heart, won’t tell no other}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Evelyn Pearson    

Tu n'avais certainement pas prévu de parler de ta vie amoureuse vide aujourd'hui. Absolument. Ce n'est définitivement pas le genre de confessions que tu fais auprès de n'importe qui et dès qu'on te pose la question ou qu'on te demande si tu partagés ta vie avec quelqu'un. Evie est bien l'exception et non la règle et tu sais surtout que ta cousine n'attend absolument rien de toi et qu'elle sait écouter. Peu le réalisent, mais il s'agit d'un exercice particulièrement difficile, qui demande beaucoup de maturité et une bonne dose d'objectivité. Et okay, peut être que ta cousine et colocataire n'est pas totalement objective quand tu es concernée, mais de vous deux, elle à toujours été la plus mature et adulte, cela ne fait aucun doute à tes yeux. Alors tu n'as aucun mal à vider ton sac et admettre que tu ne te sens pas prête ou même équipée pour tous les hauts et les bas d'une relation  amoureuse. Et cela n'a absolument rien à voir avec l'opinion des autres, ça n'entre pas en compte dans ta vie, si c'était le cas, tu ne serais même pas en train de parler à Evelyn, tu aurais cru les dire des autres et tu serais restée le plus loin possible de cette cousine-là.
C'est toi que tu vois comme le problème, ou plutôt comme le frein à tout ça, c'est un peu lâche sans doute, tu es assez réaliste pour ne pas t'imposer cela et t'éviter quelques déceptions supplémentaires. Tant pis si c'est dommage, si tu passes à quelque chose de formidable et que c'est la bonne chose à faire. Comme le dit si bien Evie, tu n'as pas à suivre les règles qu'on impose à toutes les femmes de ce monde et qu'on attend qu'elles suivent pour se faire accepter. Tu es plus de celles qui s'imposent au lieu de demander la permission déjà et ensuite, tu n'es pas désespérée au point de détester ta propre compagnie. Tu possèdes bien quelques défauts mais celui ci n'est pas sur la liste. L'autre brune résume très bien les choses, la vie est longue, qui veut la passer avec la mauvaise personne ou en prétendant être heureux avec quelqu'un à ses côtés ? "J'aimerais que plus de gens partagent ton ressenti et je ne fais pas exprès de me rabaisser, je suis objective, enfin je crois." Tu dis cela en étant plus que sincère, reconnaître ses lacunes et vouloir y travailler, tu ne l'aurais certainement jamais fait avant qu'Evie ne rentre dans ta vie. Il faut dire que c'est un sujet très sensible.
En grandissant, les défauts étaient principalement identifiés par ta mère et tout comportement qui lui déplaisait était jugé comme quelque chose à éliminer et à corriger. Comment véritablement trouver sa place dans ce genre d'atmosphère toxique ? Pas une tâche aisée, cela t'a coûté ta relation avec ta mère et n'a fait que creuser un énorme fossé entre vous. Tu n'es plus une enfant à présent et elle n'est plus là pour te reprendre, et tu sais mieux que jamais quel type de femme tu veux être, pas celle qui voit des tarres partout mais bien une présence rassurante pour tous tes proches et les personnes qui comptent dans ta vie. Et ce n'est pas une mince affaire, cela nécessite de prendre du recul et savoir s'excuser quand c'est nécessaire. Travailler sur toi-même est plus important à tes yeux que de savoir si tu vas terminer avec une bague au doigt ou non.  "Si cela doit arriver, ça se fera tout simplement, je ne forcerais rien du tout et je verrais bien où tout ceci me mène, absolument rien ne presse." Tu hoches la tête à ces mots, resserrant un peu ta prise sur le bras de ta cousine, ta joue venant se presser contre son bras pour puiser un peu de sa force à elle. Elle sera bien l'une des premières personnes mises au courant si cela arrive, bien entendu.
"Et je parle comme une vraie personne qui se rapproche de la trentaine, mais même ça, je m'en fiche, ce n'est qu'un nombre." Tu as un léger rire, parce que oui, le temps passe et les années aussi et que le cap de la trentaine t'a toujours été présenté comme quelque chose de fatidique et crucial. Et qu'il fallait avoir accompli beaucoup de choses au moment où l'heure sonne, sinon... sinon cela est synonyme d'échec. Là encore, tu le sais maintenant, ce n'est que du vent. "Je fêterai ça dignement avec les gens qui comptent et c'est tout, rien de plus, rien de moins." Et te connaissant, tu risques même d'oublier la date, cela ne serait pas la première fois que ça arrive en réalité et ça ne serait même pas une perte en soit. Au moment où tu dis cela, tu finis par apercevoir la devanture de l'épicerie, tu n'avais pas réalisé que vous étiez aussi proches. "Il est temps de dévaliser les rayons." Tu déclares cela en prenant facilement un des paniers qui se trouve là, avançant juste à côté de ta cousine, ton regard se promème déjà sur les rayons bien fournis et bien rangés. Déjà les boissons sucrées te font de l'œil et tu n'hésites même pas à mettre deux bouteilles dans le panier, te tournant ensuite vers Evie, une question en tête. "Au fait, question totalement hypothétique, tu crois qu'on invitera quelqu'un d'autre de la famille chez nous un jour ?" C'est vrai que vous n'avez n'avez fait ça et qu'il s'agit toujours de votre appartement.

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{cross your heart, won’t tell no other}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Lara Pearson    

Revenir sur l’objectivité de Lara, Evie ne le fit pas. Tout le monde était dur avec soi-même. Elles, elle l’étaient d’autant plus qu’elles n’avaient pas eu les bonnes cartes pour se dire qu’elles avaient raison de réagir et d’agir d’une façon ou d’une autre. Même si Celie avait été du genre à prôner la supériorité féminine, il y avait eu des impairs dans sa façon de traiter équitablement son rapport avec ses filles, et c’était Evie qui en pâtissait. Elle ne se plaçait pas en victime toute désignée, pas vraiment du genre à vouloir faire pleurer dans les chaumières, mais quand elle prenait un peu hauteur pour contempler l’étendue de ses rapports avec sa famille, elle comprenait que ça avait été plus facile de la mettre de côté que le reste de la tribu ; parce qu’elle n’était pas facilement malléable, parce qu’elle voulait garder le souvenir de son père intact et ne pas faire de sa disparition un fait à partager avec des inconnus qui ne sauraient pas apprécier l’homme qu’il était à sa juste valeur. Elle s’était placée en rebelle très rapidement, et Celie était rentrée dans le jeu sans chercher à la faire rejoindre le droit chemin. Enfin, elle avait essayé à certaines occasions, mais chaque fois, ça avait été pour l’exclure finalement : elle avait été la seule à faire sa scolarité en internat, elle avait été la seule à se voir contrainte et forcée de faire des choses qu’elle ne voulait pas, elle était la seule aujourd’hui à souffrir de l’image qu’on avait voulu lui donner… non, elle ne voulait pas se faire passer pour une victime, Evelyn, mais elle ne voulait pas continuer à récolter les critiques sous le prétexte qu’elle avait voulu faire sa vie sans poids sur ses épaules, et sans sa famille.

Elle ne savait même pas pourquoi tout ça lui traversait l’esprit maintenant, peut-être parce que ses soeurs avaient rapidement trouvées chaussures à leurs pieds, et que leurs vies de familles étaient aussi parfaites que l’entendaient le statut qu’elles avaient dans cette bonne société qui soulignait le fait qu’elles étaient quelqu’un. Encore une fois, si on comparait sa vie à celle de ses soeurs, elle faisait figure de pas grand-chose, et ce n’était pas si mal que ça finalement. Comme le dit Lara à ce moment, tout arrivait pour une raison, les choses ne devaient pas être forcément écrites, encore que ça l’effrayait un peu de songer au contraire, préférant être la seule maîtresse des chapitres de sa vie.
Si ce chapitre là semblait clos, elle eut un léger sourire quand Lara embraya sur un autre, et doucement, elle lui demanda "Tu voudras faire quelque chose pour ton anniversaire ? Je peux m’occuper de t’organiser la fête du siècle, j’ai mes entrées." Malgré le fait qu’elle n’était pas perturbée par l’idée de rentrer dans la trentaine, marquer le coup serait quelque chose qu’Evie se sentait prête à faire pour elle. Elle ne ferait rien sans son approbation cependant, sachant trop bien que les surprises n’étaient pas toujours appréciées, même si elles étaient souvent préparées avec de bonnes intentions "Si ça peut te rassurer, tu seras toujours baby Pearson à mes yeux." Et sa tête cognant contre la sienne quand elle s’inclina pour un semblant d’étreinte, elle finit par rire doucement quand elles arrivèrent enfin à l’épicerie tant convoitée.
Evie se détacha de Lara pour prendre un panier qu’elle glissa dans le creux de son coude, et la laissa prendre ce qu’lelle voulait sans émettre le moindre commentaire sur la liste d’ingrédients longue comme le bras, qu’elle voyait s’étaler sur l’arrière des paquets qu’elle déposa sans délicatesse, et quand bien même elle en prit un pour mieux voir ce qui était inscrit dessus, elle ne le reposa pas dans le rayon, mais dans son panier quand la question de Lara lui fit ouvrir de grands yeux, et lui faire avec un léger sourire, entre hésitation et malice "Pourquoi, tu as envie d’inviter quelqu’un d’autre de notre famille à la maison un jour ?" A part Ethel, qui pourrait bien avoir envie d’accepter leur invitation de toute façon ? Ce n’était pas une éventualité qui lui traversait l’esprit parce qu’elle le savait saupoudrée d’une bonne couche de déception… mais si Lara en avait envie, qui était-elle pour lui interdire ce genre de souhait après tout ? Elle haussa les épaules finalement, ajoutant dans la foulée "Je ne t’interdis pas d’inviter tes parents à la maison. Si Trevante a envie de passer du temps avec toi ailleurs qu’au restaurant, on peut décider d’un moment pour lui préparer quelque chose de bon à dîner." Et c’était elle qui s’y collerait simplement parce que Lara n’était pas du genre cordon bleu. De son côté, elle remplit enfin le panier avec autre chose que des cochonneries, tablant sur un vin qu’elle serait la seule à boire, sur des légumes jeunes qu’elle serait la seule à croquer, mais qui annihilaient l’idée qu’elles s’empoissonneraient en savourant les saveurs chimiques des snacks que Lara avaient choisi ; et après un instant d’errance, elle posa son regard sur sa cousine pour ajouter, doucement "Tu n’as pas besoin de me demander l’autorisation pour nouer des liens avec la famille si tu en ressens le besoin. Je veux dire par là que, comme pour les relations amoureuses, vouloir tenter quelque chose avec eux, c’est normal…" Et les points de suspension qui étaient décelables dans son discours se dessinèrent dans l’espace qui les séparait tant, dans le fond de son être, elle n’y croyait absolument pas en vérité.