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{cross your heart, won’t tell no other}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Evelyn Pearson    

Le sujet de la famille a toujours été un sujet un peu sensible pour toi et tu as toujours hoché la tête avec une certaine véhémence en entendant que non, justement, on ne pouvait pas choisir sa famille. Pourtant, tu n'as jamais joué les ingrates, tu sais que tu as eu de la chance, tu sais également que les choses auraient pu tourner de manière bien différente et qu'il serait très facile de porter le blâme sur tes parents et de te peindre comme la blanche colombe mais... suffisamment d'années sont passées par là pour que tu réalises que vous êtes tous différents, tous. Et que dans une autre situation, il aurait été facile de partir et de refermer la porte mais, au nom de la famille justement, on ne peut pas faire ça, ce n'est pas la bonne chose à faire, il faut s'assurer de conserver ces liens si forts et si importants. Ce qui n'est pas forcément facile à faire, mais quand Evie est concernée, cela ne fait aucun doute à tes yeux, c'est elle, ta famille, tu l'as choisie, tu as fait les efforts nécessaires et il n'y a plus aucun retour en arrière possible désormais. Aussi, tu le sais déjà, c'est sûrement écrit quelque part, tu vas célébrer ton trentième anniversaire en compagnie de ta cousine et tu la regardes déjà se lancer dans des plans d'une organisation certaine sans être surprise. "Me voilà donc rassurée et je t'avoue que je n'y ai jamais pensé."
Avant maintenant, dans cette épicerie, à te demander si tu as pris assez de paquet de chips et à réaliser que oui, dans quelques mois, tu auras trente ans. Tu en connais plein des gens qui sortent le grand jeu pour cette occasion, il y en a même qui viennent fêter cela dans ton club et en ne lésinant pas sur les moyens. C'est souvent une excuse pour des vices et de l'excès et si tu n'as jamais été de ceux qui veulent à tout prix célébrer leur jour, tu as un peu de mal à considérer la question de ta cousine. Tu le fais cependant, une légère grimace passant même sur ton visage, preuve que tu es véritablement concentrée et que tu envisages toutes les possibilités. "Peut-être un autre voyage loin de tout, pour vraiment faire une pause de Brisbane, de mon boulot et de tout le reste." Tu as toujours en tête votre voyage à Londres, un très bon moment et de très bons souvenirs pour toi, tu as adoré qu'Evie te fasse visiter la capitale et découvrir tout ce qui as rendu la ville si spéciale à ses yeux. Et tu n'as pas quitté Brisbane si souvent que cela, quand on considère que techniquement, tu n'es pas née ici, c'est un peu ironique. "Je reste celle qui a la moins vu du monde de nous deux donc..." Donc peut-être qu'il serait temps de tenter d'avoir le même esprit d'aventure que certains, ce n'est pas que ça t'intéresse pas, tu aimes bien ton petit confort et si tu veux faire quelque chose, tu le fais tout simplement. Partir à des kilomètres pour se découvrir n'a jamais fait partie de la liste, tu sais qui tu es, dans le fond et même si cela a été une source de problèmes, tu l'as toujours su. Là, partir serait pour des raisons différentes et vraiment changer de ta routine : boulot, dodo et club. "Si tu veux te charger de l'organisation je ne vais pas dire non, tout ce que je dis c'est un voyage et rien qui ne me rappellera Brisbane !" Tu dis cela sur un ton enjoué, fronçant un peu les sourcils en voyant Evie remplir son propre panier de légumes et de vin, deux choses que tu n'affectionnes pas particulièrement. Mais c'est pour se détendre alors, tu lui fais signe de te suivre vers le rayon du surgelé, pour des litres et des litres de glace, réalisant bien qu'elle te renvoie ta propre question.
"Peut-être... même si j'ai beaucoup de mal à imaginer mon père dans notre salon." Cela, c'est la vérité, et toute la glace à la vanille du monde ne pourra pas te faire oublier ce simple fait. C'est chez vous, ton père, en voulant faire le meilleur pour toi pendant toutes des années, t'a blessée profondément et avoir un endroit où tu as pu panser tes blessures a toujours été important à tes yeux. Est-ce que tu l'as tenu loin volontairement ? Peut-être ? Tu n'as jamais pensé à cela de cette façon. "On recolle toujours les morceaux, ma mère joue toujours les femmes distantes et très bien en plus." Donc tu n'as pas de réponses à donner à Evie, elle, au moins, elle a des sœurs, des gens avec qui établir des vrais liens et tendre la main. Toi ? Tu ne saurais même pas par où commencer, tu laisses ta propre mère t'éviter alors...
"Je sais que c'est en partie ma faute, j'ai arrêté d'accepter les mains tendues par principe et maintenant, plus d'effort n'est fait d'aucun côté." Tu hausses les épaules en t'emparant d'un pot de glace, tu n'essayes même pas de rabaisser qui que ce soit en disant cela, c'est passé, tout simplement. "Ce n'est pas une tragédie en soit, c'est la vie je suppose." Tu n'es même plus en colère ou amère vis-à-vis de tout ça, tu as la vie que tu voulais et tu es entourée d'une Pearson qui te connait et qui n'attend absolument rien de toi, un fait plus que notable.
"Mais oui, si je commençais, ce serait très probablement mon père, pour du thé et un après-midi de révélation, je vis ici, et je suis strip-teaseuse... bim, faudra qu'il soit assis quand je lui dirais." Tu ponctues ta phrase par un petit rire, complètement faux pour le cas, Evie s'en doutera bien. "Et toi ? Est-ce que tante Celie va se joindre à nous un soir pour de la pizza ?"

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{cross your heart, won’t tell no other}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Lara Pearson    

"Tu as encore le temps de réfléchir de toute façon." À un moyen de marquer le coup pour ses trente ans. Mais Lara réfléchissait vite, et son hésitation fût de courte durée. En l’écoutant parler, Evie réalisa qu’elle la comptait d’emblée dans les célébrations de sa trentième année, et ça la surprenait toujours un peu malgré le lien qu’elles avaient réussi à créer, que la jeune femme soit aussi ouverte à l’idée qu’elle fasse partie de ses grands projets sans jamais le remettre en question. D’accord, c’était elle qui avait mis l’idée de l’organisation de quelque chose pour son anniversaire sur le devant de leur conversation, mais elle ne pensait pas qu’elle tiendrait à ce qu’elle soit vraiment de la partie. Ce genre de choses, ça se fêtait entre amis. Elle retint son sourire cependant, prenant l’air qui faisait d’elle quelqu’un de doué pour son travail, et fit un petit mouvement de tête quand elle dit solennellement "Un voyage et rien qui ne te rappellera Brisbane, c’est noté soigneusement là-dedans." qu’elle lui fit tout en tapotant sa tempe pour désigner son cerveau qui rengorgeait de listes dont elle ne savait quoi faire, celle sur laquelle elle inscrit expressément la demande de sa cousine devenant ainsi prioritaire.

Un léger rire s’échappa de la bouche d’Evelyn quand elles se mirent à parler de leurs parents "Ça va, on ne vit pas dans un squat situé dans un quartier malfamé de la ville." Elle secoua la tête, fronçant les sourcils par la même occasion "On vit à Spring Hill dans une résidence cosy et entretenue grâce au prix exorbitant de notre loyer." Elle plaisantait, aussi elle comprenait ce qu’elle voulait dire, quand elle disait qu’elle avait du mal à s’imaginer son père dans leur appartement. C’était comme faire entrer le loup dans la bergerie, et c’était si étrange de définir les choses de sa manière quand il faisait partie de leur famille, seulement Evie n’accordait pas sa confiance aux membres qui la constituaient. A dire vrai, elle avait plus confiance en Avery quand sa propre mère, encore qu’il bossait pour elle, alors finalement, c’était peut-être idiot de sa part — restait que si elle devait choisir entre laisser une chance à sa famille et ne pas le faire, son choix était vite fait.
Elle ne pouvait pas l’imposer à Lara cependant, et elle le lui dit, rebondissant sur ce qu’elle lui dit en continuant ses emplettes, son regard valdinguant dans rayon à un autre "Quand la main tendue n’est qu’un traquenard pour te faire adhérer à une cause, ce n’est pas évident de la saisir." dit-elle, avec un semblant d’amertume dans le ton "Mais tu es une adulte maintenant, tu as le droit d’imposer tes conditions." ajouta-t-elle en tournant la tête dans sa direction, haussant doucement les sourcils quand elle mentionna l’idée d’un thé avec son père pour lui apprendre les tenants et les aboutissants de l’affaire qu’elle avait montée il y avait quelques mois, maintenant "Tu es prête à lui en parler alors ?" C’était forcément pour ça qu’elle tenait à ce qu’elle soit elle-même présente pour accueillir Trevante chez elles ; si les choses tournaient mal, Evelyn serait là pour faire tampon, et montrer la sortie à son oncle si jamais il décidait que ce n’était pas assez bien pour lui, ce que faisait sa fille pour vivre. Ce serait un moment compliqué, elle agirait en soutien moral, et elle s’en sentait capable.
Moins que de garder la face quand Lara lui retourna la question, et qu’elle se mit à rire en s’imaginant sa mère dans leur salon. Se rendant compte que Lara était sérieuse, elle cessa brusquement de rire, ses traits s’affaissant en même temps qu’elle prenait sens de son interrogation "Oh, tu es sérieuse ?" lui demanda-t-elle, n’attendant pas sa réponse pour poursuivre, haussant les épaules en reprenant son chemin qu’elle avait stoppé pour regarder sa cousine, ses doigts traînant sur l’étalage d'un rayon qu’elles longèrent tranquillement "Je n’attends plus grand-chose de Celie depuis le temps. Je ne pense pas que ce soit encore rattrapable, tout ce qui s’est passé tout au long de ma vie. C’est sans doute de ma faute aussi, j’ai préféré m’en aller plutôt que d’essayer de trouver un terrain d’entente." Elle aussi, elle admettait qu’elle avait des torts. Pour autant, elle ne regrettait pas grand-chose de la vie qu’elle avait décidé de mener seule — ce qui fit dire à Lara, son visage se tournant vers elle pour attraper son regard avec le sien "Mais tu veux que je te dise un secret ? Ça ne me rend plus malheureuse. Avant, je l’étais… je rêvais d’une relation fusionnelle avec ma mère, qui m’aurait appris à devenir une femme indépendante et bien construite, avec des objectifs et des rêves à accomplir." Elle eut un mouvement de sourcils, la tête penchée quand elle la détourna pour regarder devant elle, quand elle termina sur le même ton, serein et mature "Mais c’était avant. Et ce n’est pas une tragédie en soi. C’est la vie, je suppose." Elle emprunta les mots exacts de sa cousine, prononcés il y avait quelques minutes à peine, et s’arrêta derrière la silhouette d’un homme qui attendait son tour pour régler ses courses.

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{cross your heart, won’t tell no other}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Evelyn Pearson    

Evie a raison, vous ne vivez pas dans un quartier malfamé, avec plein de criminels où il est impossible de rentrer chez soi à pied, de nuit ou même de jour d'ailleurs... et donner une invitation à ton père serait facile, ce serait même normal, peut-être que dans une famille équilibrée, Trevante serait déjà venu dans votre appartement des dizaines de fois. Il t'aurait sûrement aidé à installer tes affaires, il y aurait déjà eu des diners sur le canapé, dans le salon, avec Evie et avec toi sûrement, il y aurait déjà eu une visite à Paradise City également et il n'y aurait pas ce fossé immense entre toi et tes parents. Tendre la main maintenant, ça parait un peu inutile que tu te dis, tout ce que tu peux faire c'est être civile, montrer peu à peu des pans de ta vie à ton père et bien lui faire comprendre que ce n'est pas ouvert à la discussion, qu'il s'agit de ta vie et que c'est toi qui es aux commandes. Et c'est tout en réalité, tu ne veux rien d'autre et même quand Evie te demande si tu es prête à lui parler de tous les aspects de ta vie, tu hausses les épaules. "Je n'en sais rien, certains jours je me dis que oui, d'autres je me dis que je m'en fiche et je change de nouveau d'avis... je n'en sais rien en réalité."
Tu as l'impression de tourner en rond à propos de cette problématique qui n'en est pas vraiment une en réalité, tu fais le métier que tu veux, tu as ouvert un établissement avec Itziar comme tu le voulais et le dit établissement tient encore sur ses deux pieds. Qu'est-ce que tu peux demander de plus en réalité ? Rien de plus, tu ne veux rien de plus, tu veux juste pouvoir remplir les caisses de ton club, avoir une sécurité financière et rembourser ce prêt à la banque, ce sont des choses tangibles et réelles. La réaction de ton père quand il apprendra que sa seule et unique fille et strip-teaseuse ? ... C'est hypothétique, c'est perdu dans le néant en réalité et tu ne sais pas si tu as envie de résoudre ce problème-là et de savoir quelle sera véritablement la réaction de Trevante. De la surprise ? Du dégoût ? De l'incompréhension ? Oui, tu t'attends à tout ceci et même à ce qu'il coupe complètement les ponts et ne te considère plus comme sa fille.
C'est bizarre en fait, la coupure avec ta mère ne t'a pas atteinte en vrai, c'était déjà fait, comme si plus jeune, tu avais réalisé que si Cassandra ne voulait rien avoir à faire avec toi, alors la réciproque serait vraie. "Non, Evie, c'était une blague." Tu le précises et tu te retrouves dans le discours d'Evelyn, beaucoup plus que tu ne le pensais, tu aurais aussi voulu avoir la relation idéale qu'elle décrit, peut-être qu'il y a une malédiction chez les femmes Pearson... après tout, tu prévois toi-même de briser cette tare générationnelle et de ne pas avoir d'enfant, tu ne veux pas répéter les mêmes erreurs avec qui que ce soit d'autre. "Tu es passée à autre chose et au moins tu peux en parler sereinement maintenant." Que tu commentes, renvoyant un léger sourire à l'autre brune, et quoi qu'on en dise, ce n'est pas un maigre exploit, ça demande beaucoup de vraiment lâcher prise et de passer à autre chose. "Je n'en suis pas encore là en réalité, quand je pense à ma mère, j'ai surtout envie de rouler des yeux, ou juste de débarquer chez mes parents et de lui demander quel est son problème en vrai." Tu as un léger rire en avouant cela à voix haute. Si cela ne prouve pas que tu n'as pas vraiment lâché le morceau... ou alors c'est ta nature belliqueuse qui reprend le dessus à chaque fois, quelque chose comme cela. "Mais ça ne changerait rien, je n'ai pas besoin de son approbation." Parce que le travail d'un parent n'est sans doute jamais fini, ta mère a décidé d'abandonner avant et celle d'Evelyn aussi, ça ne fait pas de vous des personnes mieux équipées pour la vie, vous faites de votre mieux comme tout le monde et c'est tout.
"Tout ce que j'ai besoin pour notre après-midi détente est là, ma cousine y compris." Tu fais référence à ton panier rempli, à celui d'Evie et également Evelyn aussi, bien entendu, tu ne serais jamais arrivée à toutes ces conclusions toute seule, c'est certain. "J'ai tout ce qu'il me faut, enfin je crois, je ne vais pas écouter plus mon estomac sinon mes hanches m'en voudront... mais allons commencer cette après-midi détente dans un endroit où je peux porter un pyjama !" Que tu dis sur un ton plus enjoué, attrapant la main d'Evie pour la tirer vers la caisse.