« Merci du soutien, vraiment Garrett. »
“Au plaisir, comme toujours.”
« Heureusement que t’as dit que tu me protègerais, hein. »
“Et je garde ma promesse.”

Les premiers mots étaient prononcés avec un amusement non feint, à la différence des seconds, bien plus sérieux. Ni Casper le fantôme ni qui que ce soit d’autre ne s’en prendra à son petit-frère, il en fait la promesse. Cela ne l’empêche pourtant pas de proposer les pires idées qui soient, parce qu’un frère aîné doit au moins être là pour ça. « Tu m’emmerdes, Garrett. » Et Garrett d’avoir un sourire toujours plus grand, toujours plus fier aussi. Oui, il sait, et c’est justement là tout le but de l’opération, non ? Emmerder Ruben et trouver de quoi occuper leur journée, autrement qu’en suivant sagement une petite file qui ne s’écartera jamais du droit chemin. Rhett n’a jamais été fondamentalement doué pour suivre les ordres, quitte à ce que ses entraîneurs s’arrachent les cheveux à chaque nouveau jour. « Et après certains se demandent encore pourquoi papa et maman me trouvent moi sage et pas toi. » - “Je leur dirai que t’as voulu suivre les règles Ben, comme toujours, t’en fais pas.” Il annonce avec un peu moins d’amusement dans la voix: il n’a pas besoin de lui pour se rappeler pourquoi leurs parents préfèrent certains de leurs enfants à d’autres. « Tu feras moins le malin quand tu devras me traîner vraiment par la main pour me sortir de là. » Alors que Rhett avance aussi vite que sa patte folle le lui permet, il jette un regard en coin à Ben, prenant le temps de se retourner pour esquisser le sourire ô combien faux allant avec. Bien sûr ; personne n’y croit. Son teint a déjà perdu trop de couleurs pour qu’il soit pris au sérieux.

« Tu penses que d’autres font comme nous et s’éloignent des visites organisées ? »
“Ouais, ceux dont on a retrouvé quelques morceaux du corps, justement.”

Oh non, il sait bien qu’il n’aurait jamais dû lui donner une réponse de la sorte, mais tout était bien trop tentant pour qu’il puisse faire autre chose que de foncer tête baissée et manquer cette belle opportunité de se moquer de son frère. Rapidement, pourtant, il cesse de se chamailler avec lui pour observer avec attention les lieux, intéressé dès qu’on lui présente une chose nouvelle. Sa main levée passe quelques centimètres au dessus de tous les objets, bien conscient qu’il serait stupide d’effectivement les toucher. « C’est étrange de se dire que des vraies personnes ont bossé ici avant. » - “T’as pas l’impression que c’est oppressant, ici ?” Tout avait l’air plus grand à l’extérieur qu’à l’intérieur mais, surtout, c’est comme s’ils étaient observés, comme si cette pièce pourtant grande n’était pas occupée par deux personnes mais plus, bien plus. “Regarde, des photos d’époque. C’était magnifique.” Aujourd’hui, ils ne peuvent que deviner cette magnificence passée du lieu. “C’est une maison comme ça que j’aurais dû me faire construire à Londres, si j’avais su.” Il rétorque dans un rire, sûrement un peu maladroit d’évoquer cette époque avec lui.

where the lines overlap

@rhett hartfield

« Au plaisir, comme toujours. » - « Et je garde ma promesse. » Gardait-il sa promesse de protéger son petit frère ou de toujours l’embêter, qu’importe la situation ? Car en cet instant, Rhett savait parfaitement manier les deux solutions, restant auprès de Ruben alors qu’ils s’éloignaient du petit groupe et de la visite organisée, tout en taquinant le dernier Hartfield alors qu’il n’était en rien rassuré d’agir de la sorte. Il avait toujours suivi les règles et le droit chemin, Ruben, pensant sincèrement que c’était ainsi que les choses se passaient le mieux. Cependant, il faisait exception à la règle aujourd’hui car il ne désirait pas perdre au petit jeu qui se déroulait entre son frère et lui depuis toujours. « Je leur dirai que t’as voulu suivre les règles Ben, comme toujours, t’en fais pas. » Le ton employé par Garrett montrait qu’il savait toujours appuyer là où ça l’embêtait, Ruben, malgré la situation dans laquelle ils se trouvaient tous deux et qui ne le rendait en rien à l’aise. Après tout, la tournure des événements pourraient effectivement faire que le plus grand soit obligé de sortir à coups de pieds au derrière son petit frère si ce dernier se mettait à réellement paniquer de peur. Il ne désirait pas en arriver là, Ben, mais si les choses autour d’eux commençaient à prendre des couleurs surnaturelles - il n’y avait qu’à voir la voix qu’avait pris le guide pour leur dire que certaines personnes étaient arrivées ici sans jamais ne repartir -, il ne répondrait peut-être plus tant de son comportement.

« Ouais, ceux dont on a retrouvé quelques morceaux du corps, justement. » Il grogna, serra les dents un peu plus, et décida de ne pas relever les paroles de Rhett. Il ferait moins le malin si l’un d’eux connaissait le même avenir, le même sort, entre ces murs.

Avec le courage qui lui restait en réserve, Ruben se concentra sur la découverte des lieux et l’exploration des pièces qui étaient à portée de main et de regard. Un bureau, des piles de papiers, des affiches datant d’un autre temps. Ils avaient fait un bon de plusieurs années, voire décennies en arrière, rien qu’en pénétrant dans cette pièce. Si cela filait la chair de poule à Ben, cette fois-ci ce fut de se plonger de la sorte dans l’histoire. « T’as pas l’impression que c’est oppressant, ici ? » Lentement, sans pour autant tourner son visage dans la direction des son frère, il opina du chef. « J’ai l’impression qu’on est observés. » Il était presque sur de dire tout haut ce que Garrett pensait de son côté également tout bas, tellement cela était évident: comme si une caméra cachée avait été implantée ici pour voir leur réaction au fur et à mesure de leurs découvertes, comme si on avait voulu connaître leur moindre ressenti à tout moment. Ruben déglutit avec peine. « Regarde, des photos d’époque. C’était magnifique. » Relevant son regard des lignes encore lisibles sur les feuilles abandonnées, le jeune homme fit quelques pas pour rejoindre Rhett, posant son regard sur les photos qu’il avait découvert. Effectivement, bien que jaunie par les années, les images qu’ils avaient sous les yeux renvoyaient encore parfaitement la beauté des demeures qu’elles avaient immortalisé. « C’est une maison comme ça que j’aurais dû me faire construire à Londres, si j’avais su. » Le rire qu’ajouta Rhett fit pincer les lèvres de son jeune frère. Il se rappelait parfaitement de l’époque où il avait du dire au revoir de force à ce frère qui semblait n’en avoir que peu à faire de la famille qui laissait en arrière, préférant parcourir la moitié du globe terrestre pour réaliser un rêve qui s’était vu réduit en cendres quelques années plus tard. « Qu’est-ce qui t’a empêché de le faire ? » Il connaissait parfaitement bien la raison qui avait fait qu’il avait été contraint et forcé d’arrêter sa carrière. Cependant, pendant que cette dernière était encore florissant et après, il aurait pu s’installer de façon définitive là-bas, à Londres ou tout autre endroit à des heures et des heures de vol de sa terre natale. Et pourtant, il en était revenu. « T’avais l’air de te plaire, là-bas. »

L’ambiance est différente maintenant qu’ils sont enfoncés dans le bâtiment et que la voix de leur guide est totalement inaudible. Les garçons font moins les malins, il faut bien l’avouer pour eux, à défaut qu’ils soient capable de se l’avouer. « J’ai l’impression qu’on est observés. » Les mots de Ruben sont moins obscurs que ceux de son aîné, lui qui a moins peur de dire les choses. Rhett l’observe un instant dans les yeux, muet comme une tombe, la gorge quelque peu nouée. Ce n’est qu’une impression, il le sait bien. Personne ne les observe et rien de mal ne va se passer: ils donnent à ces lieux une ambiance qui n’est pas réelle. Ils ont un peu trop écouté leur guide et tout ce qui se dit sur ce vieux bâtiment, finalement. “Tu te fais des idées.” Il secoue la tête à son tour, se voulant rationnel. Ils sont seuls, et les autres humains les plus proches ne sont que les membres de leur groupe.

Son attention se pose ailleurs, il donne de l’importance à des photos devant lesquelles il aurait pu passer sans même s’en rendre compte. En cet instant, pourtant, elles gagnent toute son attention et lui assènent une pointe de nostalgie. « Qu’est-ce qui t’a empêché de le faire ? » Son premier réflexe se résume à hausser les épaules alors qu’il évite soigneusement de croiser le regard de Ruben, préférant donner toute son attention aux photos dont il a déjà pu observer tous les détails. “J’aurais pu le faire. Mais je voulais pas m’installer à Londres.” S’installer pour de bon. Il ne voulait pas le faire, il ne pouvait pas le faire non plus. Son contrat aurait pu être repris par une autre équipe, ailleurs. Et puis, de toute façon, ce qu’il ne veut pas dire c’est qu’il a toujours su que sa place n’était pas là-bas. Il avait besoin de ce pays et de cette ville pour avoir la carrière qu’il voulait mais les sportifs arrêtent tous bien rapidement ; et jamais il ne serait resté sur place après son retrait du terrain. La preuve. « T’avais l’air de te plaire, là-bas. » Il n’a aucun mal à comprendre tout ce qui se cache derrière ces quelques mots, pourtant simples. “C’était le cas, Ben.” Il souffle doucement, ne voulant pas lui mentir, peu importe si ce ne sont pas les premiers mots à avoir. “Mais je savais très bien que ça allait rester éphémère. Quand tu construis une maison, c’est pour y vivre le reste de tes jours.” Ou tout du moins, c’est l’idée qu’il en a. C’est l’idée qu’il garde, aussi, lui qui s’est toujours contenté de louer et d’acheter des biens ici et là, pour toujours mieux les revendre ensuite. “Mais t’as jamais eu pour idée d’aller vivre plus loin qu’entre Brisbane et Kilcoy, pas vrai ?” Il demande avec un sourire au coin des lèvres, sans le juger pour autant. Il a déjà tout construit ici, Ruben, il n’a aucune raison d’aller voir ailleurs.

where the lines overlap

@rhett hartfield

Peut-être que ce n’était que l’ambiance qui était prêtée à ce bâtiment et les quelques - centaines - de légendes qui s’y rapportaient, mais Ruben avait l’impression qu’il était observer de tous les côtés, alors que les deux frères s’éloignaient progressivement du petit groupe avec lequel le guide était parti faire découvrir sur un chemin balisé l’endroit. « Tu te fais des idées. » Peut-être qu’il se faisait des idées, effectivement. Peut-être qu’il se laissait de trop porté par l’ambiance et que son imagination était un brin trop débordante aujourd’hui. Cela n’empêchait pas qu’il avait l’impression qu’ils s’en allaient droit à la catastrophe - cependant, un défi lancé par son frère même s’il n’en avait en rien le nom était un défi qu’il se devait absolument de relever, même s’il n’était en rien à l’aise.

Le fait de commencer à visiter de vraies pièces, à pouvoir mettre des images sur des histoires qu’il avait pu lire ou entendre en se renseignant sur l’endroit, était déjà bien plus intéressant que de simplement se faire peur au détour d’un couloir un peu trop sombre. Sans qu’il ne s’y attende, qui plus était, Rhett évoqua l’époque où il habitait à Londres alors qu’il détaillait des yeux une image posée là. Cette partie de leurs vies, ils l’ont vécu à deux vitesses, de deux façons bien différentes. Pendant que Garrett se voyait gagner le haut des podiums et les unes des magasines, Ruben lui devait redoubler d’efforts à l’université afin d’accéder aux classes et aux cours qui lui semblaient être les plus importants de son cursus. Les deux avaient approché leurs jeunes années de façons bien différentes - si on lui demandait, Ruben disait bien sur que sa méthode était la meilleure des deux -, si bien qu’ils avaient vécu en décalage toute leur vie, bien au delà de leur différence d’âge. Alors, si partir à l’autre bout du monde avait été une opportunité pour Rhett et que sa carrière avait pris un tournant important à ce moment là, ce n’étaient pas les images qu’avait gardé en souvenirs Ben et se rappelait plutôt de l’inquiétude de leur mère, tous les dimanches, à ne pas voir son fils assis à la place qui lui était dédiée à la table dominicale. « J’aurais pu le faire. Mais je voulais pas m’installer à Londres. » Ruben haussa légèrement un sourcil, plutôt surpris par la réponse de son frère. Il ne s’était pas attendu à ce que ce dernier revienne en Australie, à dire vrai, ce qui rendait la réponse qu’il fournissait d’autant plus étrange à son oreille.

« C’était le cas, Ben. » S’il se plaisait tant à Londres, alors pourquoi était-il revenu sur leur terre natale ? « Mais je savais très bien que ça allait rester éphémère. Quand tu construis une maison, c’est pour y vivre le reste de tes jours. » Il y avait du vrai, mais aux oreilles du plus jeune il y avait également du faux. Construire une maison semblait comme permanent, mais cela pouvait simplement être une première étape pour ensuite aller plus loin dans ses projets. En revanche, il ne pouvait remettre en question l’idée que Rhett ait toujours été convaincu que Londres n’était qu’une maison de passage. « Quand t’es parti, ça semblait plus qu’éphémère. » Et la tristesse dans le regard de ses proches avait été bien réelle, elle, lorsque la moindre nouvelle de leur fils arrivait jusque chez eux - même bien avant l’accident. S’il osait même, Ruben ajouterait que heureusement que Rhett était déjà rentrée à Brisbane lorsque Jackson avait eu son accident de son côté, sinon il ne saurait dans quel état il aurait retrouvé leur mère si en plus de perdre un fils, le second des trois se trouvait encore à l’autre bout du monde.

« Mais t’as jamais eu pour idée d’aller vivre plus loin qu’entre Brisbane et Kilcoy, pas vrai ? » Ses yeux accrochèrent le sourire de son frère, et étonnement pour une fois aucune moquerie ne s’y retrouvait - ce qui était plutôt étonnant, car si l’occasion se présentait, souvent les deux frère n’en loupaient aucune de se moquer de l’autre. « C’est vrai, non. » La question ne s’était pas réellement posée pour Ruben, en réalité. Tout lui avait tendu les bras dans un secteur qui se trouvait autour de lui, et il était heureux ainsi. Alors, pourquoi aller voir plus loin si l’herbe était plus verte ? « J’ai jamais eu l’occasion, tu me diras. Et maintenant… » Avec le bébé qui allait arriver, sans le mentionner. « … c’est même pas une idée qui me passerait par la tête. » Peut-être qu’un jour, il aurait l’opportunité qui le ferait changer d’avis. Mais effectivement, pour le moment, il était heureux de se contenter des choses qu’il possédait déjà. « D’ici quelques années, peut-être que l’envie de construire une maison nous prendra, nous aussi. Qui sait. » Lorsque le moment serait venu d’après les critères du Hartfield, surtout.

Finalement, il lâcha un soupire qui se fit un brin plus bruyant qu’il n’avait pu l’anticiper, alors qu’il reposait les papiers que ses yeux avaient rapidement parcouru du regard dans ses fouilles. « Je suis désolé, au fait. » Ses pas le menaient déjà vers l’extérieur de la pièce, alors que son regard évitait celui de son frère à tout prix. Il avait sur le bout de la langue des mots qui allaient parfaitement avec ce début de phrase - mais c’était comme si les paroles ne savaient se frayer un chemin vers la sortie, comme s’il avait peur de les prononcer. « Que Londres ait été éphémère. Je sais que t’étais vraiment content d’aller là-bas. » Parce-que continuer de divaguer sur ce sujet là était bien plus simple que d'avouer à haute voix qu’il était en réalité désolé de l’état dans lequel son frère avait du le ramasser l’autre soir après le tournoi de beer-pong auquel l’alcool avait manifestement bien trop coulé à flots.

« Quand t’es parti, ça semblait plus qu’éphémère. »
“Une carrière sportive, c’est jamais autre chose qu’éphémère.”

Simplement, les carrières ne s’arrêtent généralement pas aussi brutalement et définitivement que la sienne. Rhett aurait continué aussi longtemps que possible, si la vie n’avait pas été la première (et la seule) à lui mettre des bâtons dans les roues et à le faire revoir ses objectif définitivement à la baisse. Son ton est froid, il tente de se détacher autant que possible d’une situation dont il a énormément souffert, sans jamais vouloir l’avouer en des termes aussi simples. Personne n’a été dupe, cependant, tout comme lui-même sait quel est le sous-entendu des mots de son petit-frère. Si Jackson avait été celui à partir au bout du monde, il aurait réagi de l’exacte même manière.

En retour, il souligne l’éternelle différence qui existe entre lui et son frère alors que ce dernier n’a jamais nourri l’idée de ne serait-ce déménager dans un autre endroit du pays, plus loin que la ville où il a grandi et celle où il a étudié. « C’est vrai, non. » Il sourit, simplement heureux d’avoir visé juste et de ne pas tant méconnaître son frère comme certains peuvent le penser. « J’ai jamais eu l’occasion, tu me diras. Et maintenant… c’est même pas une idée qui me passerait par la tête. » Rhett hoche la tête, prenant cette fois-ci le temps de lancer un regard en direction de son petit-frère, maintenant qu’il sait à quel point le sujet de la grossesse de sa fiancée est difficile à vivre pour lui. N’en reste pas moins qu’il garde le même avis sur le sujet: il sera un père formidable, et lui fera de son mieux pour être un oncle et un parrain à la hauteur. « D’ici quelques années, peut-être que l’envie de construire une maison nous prendra, nous aussi. Qui sait. » - “C’est pas une obligation. Vous verrez bien.” S’ils sont heureux dans leur configuration actuelle, alors jamais Rhett ne voudrait être celui qui les pousse à changer, bien loin de là. Il ne veut pas ressembler à leurs parents et leur envie poussée et assumée d’avoir des petits enfants et des enfants dont ils pourraient être pleinement fiers - ils s’en approchent mais peuvent encore faire mieux.

« Je suis désolé, au fait. » Lui qui avait déjà recommencé à avancer de quelques pas se retrouve à ralentir le pas pour s’arrêter finalement, ne comprenant pas la raison d’un soudainement revirement de situation et surtout des excuses. « Que Londres ait été éphémère. Je sais que t’étais vraiment content d’aller là-bas. » Dans un sourire, il revient finalement au niveau de son petit frère pour passer une main dans ses cheveux et les ébouriffer rapidement. “Je suis content d’être ici.” Il ne dira pas qu’il avait réellement été heureux, à Londres, enfin conscient que ce sont des paroles vouées à faire du mal à son petit frère qui n’a de cesse de faire des efforts pour deux. Il ne ment pas quand il dit être heureux ici (enfin, à Brisbane, cela s’entend) et c’est sûrement le plus important.

where the lines overlap

@rhett hartfield

« Une carrière sportive, c’est jamais autre chose qu’éphémère. » - « C’est pas pour autant qu’on l’a pas ressenti comme ça. » Parce-que lorsqu’il était parti, Rhett, aux yeux de sa famille cela semblait comme permanent. Les choses avaient bien sur étaient relativisées par la suite et peut-être un brin en retard, lorsque Garrett était revenu sur les terres qui les avaient tous vu naitre, qu’il était entré de nouveaux dans leur vie qu’importe la façon dont il s’y était pris. Et puis, avec le décès de Jackson où les choses étaient réellement devenues permanentes, l’idée de comparer le départ de ses deux frères dont les raisons n’étaient en rien les mêmes n’était plus d’actualité pour Ruben. Mais, à l’époque, il avait vécu le départ de Rhett comme quelque-chose d’indélébile et ce dernier avait malheureusement laissé des marques dont il était impossible de se débarrasser - bien malgré Ben et ce qu’il disait ou pensait à ce sujet.

Et le départ de son grand frère pour l’autre bout de la planète étant un sujet quelque peu irritant aux yeux du cadet, le fait que Garrett en change pour faire des commentaires sur quelque-chose qui n’avait aucun rapport avec leur première discussion - et ce n’était pas Ruben qui allait se plaindre, bien au contraire. Pour une fois qu’ils ne cherchaient pas perpétuellement à se tirer dans les pattes, il saisissait l’opportunité. « C’est pas une obligation. Vous verrez bien. » Ce n’était en rien une obligation, c’était vrai, et puis Grace et lui avaient tout le temps devant eux de penser à de telles choses. Ils avaient surtout bien d’autres sujets sur lesquels accorder leurs violons, de ceux qui leur demanderaient plus d’efforts et d’énergie. Rhett n’était cependant pas venu mentionner une fois de plus le futur enfant à naitre de son petit frère, et même si certaines parties de leur soirée ensemble restaient floues aux yeux du cadet, il savait avec certitude que malheureusement Rhett avait saisi à quel point cette discussion était difficile pour Ben - et ce dernier fut plus que reconnaissant qu’ils ne dérive pas le sujet vers cette conversation là. Au moins, jusqu’à son retour, il avait l’espace nécessaire pour respirer et réfléchir tranquillement de son côté. « On a le temps devant nous. » Le petit hochement de tête entendu fut autant pour lui-même que pour Rhett - si ce ne fut pas plus, d’ailleurs. Ils avaient le temps, tout le temps du monde, pour s’attarder sur de tels sujets.

Bien plus de temps que ce que Garrett avait eu pour décider si oui ou non, il souhaitait réellement rentrer à Brisbane. Si à cette époque là, la discussion entre les deux frères étaient d’autant plus compliquée qu’elle ne pouvait l’être aujourd’hui, ce n’était pas pour autant que Ruben n’avait pas eu les échos de comment c’était déroulé le retour en terres australiennes de son ainé - Jackson en tête pour le tenir au courant de ce qu’il pouvait se passer -, et pour ça Ruben était désolé; sincèrement. « Je suis content d’être ici. » Ici étant bien sur là-bas, mais Ben comprit de quoi il en ressortait. Cependant, Rhett pouvait être content d’être rentré chez lui mais tout de même porter en lui une certaine nostalgie de sa vie passée à l’étranger, loin de tout, loin de tous. Une fois ne faisant pas de mal, il esquissa un sourire se voulant rassurant, apaisant, à son grand frère. « Tant mieux. » Il n’ajouta pas qu’ils étaient tous heureux de le savoir désormais définitivement de retour à leurs côtés, car il pourrait parler sans mentir pour tous les membres de sa famille sans aucune hésitation - cependant, si désormais cela lui semblait être effectivement une nouvelle pas trop mauvaise, ça n’avait pas été le cas plusieurs années plus tôt et l’idée de remuer ce couteau là dans cette plaie ne l’intéressait plus en cet instant, Ruben. Il préféra donc d’abstenir d’ajouter le moindre mot qui saurait blesser pour sur. « On continue la visite ? » Sur cette parte là de l’histoire, au moins, ils sauraient tous les deux s’accorder et au pire, s’ls se prenaient la tête parce-que l’un avait fait trop peur à l’autre, ce ne serait que passager.