all eyes on you
Cassie Edwards & @Jo Carter

C’est pas tellement ce que t’avais en tête quand t’as commencé à bosser avec Midas. T’es même pas supposée t’en mêler en vérité, mais là c’est plus possible de faire comme si tu voyais rien. Y a cette histoire avec Micah, y a l’autre truc avec la vidéo de la chanteuse qui s’en prend à une meuf et forcément, c’est le genre de chose qui tourne sur les réseaux et ça fait parler. Ça a peut-être l’air de rien, ce ne sont que les débâcles d’une énième célébrité qui se prend un peu trop au sérieux et qui pense que tout lui est dû, t’en sais trop rien et dans le fond tu t’en fiches un peu en vérité. Elle peut bien faire ce qu’elle veut, la Carter, t’as même rien à lui dire en principe vu que t’es ni sa mère, ni son agent. Le problème dans toute cette situation, c’est Midas. Midas est distrait. Il est distrait et par conséquent il n’est pas à cent pour cent concentré sur son rôle et ses performances, t’as même carrément l’impression d’être de retour à devoir gérer les devoirs de ta plus jeune soeur qui refuse de coopérer et qui fait la moue ou se met à bouder à la moindre contrariété.
Et tout ça, bein tu peux pas laisser passer. Tu peux plus. Alors voilà, il est temps de mettre les choses au clair, de comprendre le vrai fond du problème et surtout de le régler. Encore une fois, ça t’emmerde d’en arriver là, de te mêler de ce qui te regarde pas et peut-être même de mal interpréter ce que t’as pu observer depuis le début du revival et en général. Si jamais c’est le cas, elle ne manquera pas de te le faire remarquer, ou alors elle prendra peut-être conscience de la situation et Midas pourra enfin tourner la page ou au moins avoir l’esprit tranquille.
C’est mauvais pour le show, c’est mauvais pour sa carrière, c’est mauvais pour lui. Y a mille et unes raisons qui font qu’il peut prendre toute la situation bien trop à coeur, aucune ne te regarde mais tu vas pas rester à le regarder avec son air de chiot battu et son manque de motivation qui ne fera que croître s’il continue à trop se laisser aller. D’un pas décidé, tu montes les marches de l’hôtel quatre à quatre histoire de rejoindre l’étage où se trouvent les chambres. T’aurais pu faire comme tout le monde et prendre l'ascenseur, mais pour le coup c’est un bon moyen de ne pas laisser la pression retomber avant d’arriver à destination. Tu prends quand même le temps de reprendre ton souffle avant de frapper à la porte de la Carter. Deux secondes, trois secondes et tu recommences, pas patiente pour un sou. « Jo, hey, » que tu souffles lorsque la porte s’ouvre enfin. Tu t’attends pas forcément à un accueil chaleureux vu l’insistance dont tu viens de faire preuve, mais tant pis. « T’as deux minutes ? » C’est présenté comme une question, mais vu l’air et l’intonation, Jo peut aisément deviner que c’est tout sauf ça. Que ça lui plaise ou non, elle aura deux minutes à t’accorder, plus si nécessaire et c’est fort probable que ça le soit.

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@Cassie Edwards    ☆ crédit/harley

Au moins les choses étaient relativement revenues à la normale depuis que Jo avait consenti à les enregistrer, ses putains d’excuses. Dirigées vers personne d’autre qu’une audience invisible, plutôt crever que de citer le nom de Laurie en prétendant en avoir quelque chose à foutre de sa sensibilité. Si elle l’avait fait, c’était uniquement pour sa poire, et pas pour l’autre qu’elle méprisait officiellement, se demandant encore aujourd’hui comme elle avait pu manquer autant de jugement pour ne pas s’être rendu compte de qui elle était. Son petit discours rédigé par personne d’autre qu’elle-même, il était sorti suffisamment sincère pour qu’on lui lâche la grappe et qu’on considère que c’était une erreur de parcours, et bien que ça l’emmerdait profondément de s’être fait mettre au panier en moins de deux seulement parce que la production menaçait de remettre en jeu son avenir imminent, elle se disait quand même qu’elle l’avait fait pour les bonnes raisons et qu’elle n’aurait pas pu prendre une meilleure décision que celle-ci. Ce n’était certes pas sans conséquence sur sa propre sensibilité, sur sa propre fierté plus précisément, c’était toutefois ce qui lui avait semblé le plus adulte à faire ; quand on connaissait sa propension à se comporter comme la dernière des gamines, ça voulait clairement dire quelque chose.
Alors d’accord, elle avait un caractère de cochon. Elle aurait clairement eu besoin d’un meilleur coaching en matière de gestion de la colère, mais en attendant, elle avait fait ce qu’on lui avait demandé, et c’était plutôt bien passé pour que tout reprenne comme si rien n’avait jamais vraiment eu lieu. La fin du programme approchait, et elle était toujours là, c’était quelque chose de plutôt engageant à prendre en compte bien qu’elle avait une fois sur deux l’impression que c’était un traquenard dans lequel elle mettait sciemment les pieds parce qu’on lui accordait l’attention dont elle avait besoin. Elle ne pouvait pas faire semblant de ne pas l’apprécier, encore moins de ne pas se reposer sur l’idée que cette fois, c’était peut-être bien la bonne pour elle. De fait, mettre de l’eau dans son vin, ça paraissait plus ragoutant que de servir la soupe à la grimace à qui osait l’approcher de trop près.

À côté de ses frasques — qui n’en étaient pas vraiment cela dit, la pop culture en avait connu d’autres —, tout allait dans son sens et c’était une bonne chose pour quiconque gravitait dans son orbite. Ça ne rendait pas l’idée qu’elle était à la botte de qui que ce soit plus facile à avaler, mais au moins, elle était de bonne humeur, et ça elle pouvait l’incomber à Midas.
Aujourd’hui encore, elle était de bonne humeur, à se préparer pour la prochaine répétition sans chercher à anticiper quoi que ce soit ; pas comme l’assistante du jeune homme sur qui elle ouvrit la porte de sa chambre en étant à ça d’envoyer paître la personne qui s’obstinait à frapper avec autant d’obstination avant de se rendre compte que c’était elle. Ça allait qu’elle avait un tant soi peu de respect pour la petite blonde pour se reprendre rapidement, ce qu’elle fit en lui accordant le genre de regard surprit qu’on pose sur un illuminé qui prédit la fin du monde en vous alpaguant devant le supermarché ; elle la respectait certainement, il y avait aussi le fait que, sous ses airs de ne pas y toucher, elle avait quand un caractère à la hauteur du sien, du coup ça la plaçait d’emblée dans la catégorie de ceux de qui elle devait penser à se méfier. Pas là en l’occurence, puisque gorgée de la satisfaction d’être revenue dans ses quartiers depuis quelques jours déjà, elle était un peu moins sur ses gardes "Ouais, entre." Si l’entame était engageante, presque amicale, le reste, qu’elle prononça en la faisant entrer sans véritablement chercher à en savoir plus, c’était emballé dans une bonne couche de provocation made in Carter "T’as besoin d’un tampon ?" Vu la tronche qu’elle tirait, c’était sûrement la mauvaise période du mois, elle ne voyait que ça.

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Cassie Edwards & @Jo Carter

Lorsque la chanteuse ouvre et t’invite à rentrer, t’es presque surprise par la touche cordialité dont elle fait preuve. A vrai dire, t’es presque soulagée lorsqu’elle te vanne sur la potentielle raison de ta présence ici. Voilà, là c’est du Carter tout craché, pendant un instant t’as eu peur qu’elle soit devenue sympa ou quoi. Et si ça avait été le cas, t’aurais plus eu qu’à aller chercher la sécurité pour crier à l’imposteur. « Oh haha. » Super drôle, le coup du tampon, vraiment. « J’crois que tu t’es trompé de voie pro’, t’aurais dû faire du stand up en fait, » et monter son propre one woman show, ça lui irait si bien au teint. Une touche d’humour pince sans rire et avec des blagues pareilles, c’est le succès assuré. Mais trêves de plaisanteries, parce que toi t’es pas venu pour ça. « Non, assez étrangement, je suis pas là pour ça. » Tu pourrais tourner autour du pot, aussi, arrondir les angles avant de la mettre gentiment en garde sur ses comportements discutables de diva (surtout sur les répercussions que ça pourrait avoir sur Midas), mais ça serait lui faire un sacré affront et elle mérite mieux que ça. Ni elle ni toi, n’avez de temps à perdre en palabres inutiles et qui traînent en longueur. Y a beaucoup de choses à dire, peu de temps pour le faire et dans ta précipitation, t’as pas vraiment pris le temps de préparer un discours à lui servir. Ses frasques avec l’autre meuf et les excuses publiques presque aussi plates que convaincantes, les rumeurs avec Tomlison, son comportement en général et la réputation qu’elle se trimballe, c’est autant de soucis qui peuvent finir par éclabousser Sterling s’ils n’y prennent pas garde. « Ca s’passe mieux avec Midas, on dirait. » Mieux que la dernière fois que t’étais venue la trouver parce que monsieur Sterling avait décidé de lâcher l’affaire et d’abandonner le revival. Sans que tu saches trop comment, la chanteuse avait réussi à le remotiver et c’était reparti comme en quarante après ça. Depuis on peut même dire qu’ils bossent en étroite collaboration ; rapport aux nombreuses séances de révisions artistiques (ou qu’importe comment ils ont décidé d’appeler ça) qu’ils passent ensemble, ces derniers temps. Tant mieux, d’un côté. Il s’est rarement montré aussi enthousiaste à l’idée de bosser, t’es même prête à parier que s’il continue sur sa lancée il est capable de pondre des nouvelles chansons originales d’ici la fin de l’émission. Bon, tu t’avances peut-être un peu, mais l’espoir fait vivre, comme on dit. « Mieux qu’avec la meuf de la vidéo, en tout cas. » Elle a déjà dû en entendre parler en long en large et en travers, mais tant pis, fallait réfléchir avant. Tu marques une pause, mesurant bien tes prochaines paroles. Si tu rentres directement dans le vif du sujet, ça ne veut pas dire que tu ne comptes pas y mettre les bonnes formes, t’es pas là non plus pour la menacer de mort comme la dernière fois. « J’suis pas là pour rabacher ce que la prod et ton agent ont déjà dû te répéter en boucle, c’est ta carrière, si t’as envie d’te battre devant les caméras tu fais c’que tu veux, c’est pas vraiment mon souci. » Même si c’est dommage d’entacher sa réputation de la sorte. « Mais ça le devient à partir du moment où c’est le genre de truc qui peut affecter Midas. » Pas qu’il serait du genre à aller foutre en l’air son image de gentil garçon aux yeux de son public, pas volontairement en tout cas. Mais les actions de Jo peuvent avoir un impact sur le show, ce qui en aura forcément sur Sterling et après c’est le serpent qui se mord la queue. Est-ce qu’il s’est juste entiché d’elle comme ça a déjà pu arriver ou est-ce qu’il a une véritable attente à son égard, c’est encore difficile à dire, il cache suffisamment bien son jeu pour que ça reste compliqué à discerner. Enfin pas assez pour être véritablement subtil, t’as remarqué les œillades, les regards qui s’attardent et les sourires en coin, tu le connais trop pour savoir que ça ne cache rien. Merde, t’as presque l’impression d’être sa daronne à l’autre grand dadais.

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@Cassie Edwards    ☆ crédit/harley

Parce qu’elle était fière de sa connerie, ce fût un sourire toutes dents dehors que Jo adressa à Cassie lorsqu’elle lui affirma qu’elle avait de l’avenir dans le stand-up sans pour autant rebondir dessus, s’enfonçant dans sa chambre d’hôtel en l’invitant silencieusement à faire pareil. Elle retrouva son occupation immédiate qui était de mettre de l’ordre dans le carnet qu’elle avait souvent avec elle, et qui regorgeait de paroles et de suites de notes qu’elle griffonnait de temps à autre, cliché de la musicienne qui débordait d’idées. Le prenant sur ses genoux en se rasseyant sur la chaise installée dans le coin de la pièce, elle leva la tête vers Cassie en n’essayant pas de savoir pourquoi elle était vraiment là, attendant seulement qu’elle daigne enfin le lui dire, tout en tournant les pages de ses écrits récents avec la nonchalance qui était la sienne.
S’arrêtant au fur et à mesure que Cassie semblait disséminer des sous-entendus dans son entame, Jo arqua un sourcil au moment où elle souligna que ça se passait mieux avec Midas "T’as presque l’air de t’en plaindre." Clairement pas elle, et ce pour des raisons toutes aussi variables que Cassie n’avait pas besoin de les connaître — comme quoi, Jo savait être pudique quand il le fallait. En revanche, ce qu’elle ajouta ensuite, ça lui fit défroisser ses traits et la fixer le temps d’une poignée de secondes. Écoute, lui dirait Midas, et c’est curieusement ce qu’elle s’astreignit à faire au lieu de dire à la blonde de se tirer si elle était là pour appuyer sur le nerf sensible en mentionnant Laurie. Et là encore, Jo ne rebondit pas. Mais ça allait s’en dire que ça ne tarderait pas à lui taper sur le système de la voir envisager les choses en tournant ainsi autour du pot.

Au moins, Cassie était assez maline pour rectifier le tir et enfin entrer dans le vif du sujet. Immédiatement, les yeux de Jo regardèrent en l’air, sa tête se secoua doucement en même temps. Le bout de sa langue vint creuser la cavité d’une dent lorsqu’il lui parut évident qu’elle était là pour se faire sermonner. Sur le coup, en plus de l’agacer — mais c’était à parier, dans quel monde était-elle assez docile pour accepter qu’on lui mette la fessée — ça la fit rire et dire "Ça m’étonnait aussi que tu te sois pas encore pointée pour me mettre en garde." Parce que si Jo elle-même était imprévisible, son entourage avait le défaut de l’être foutrement en comparaison. Pendant un temps, elle s’était dit qu’elle allait la voir débarquer avec ses menaces et son petit air de fouine pour lui rappeler que c’était elle la mauvaise graine, et qu’il fallait qu’elle reste à sa place. C’était marrant, cette tendance qu’avaient les gens de vouloir lui rappeler quel genre de personne elle était, quand elle le savait très bien au demeurant, et ce que ça voulait dire de faire partie de son cercle fermé, sans penser une seconde à faire la même chose avec Midas. Le double-standard, c’était même valable pour ce genre de choses visiblement, et c’était encore plus hideux quand ça venait d’une jeune femme moderne comme Jo croyait que Cassie l'était jusqu’à présent.
Laissant son carnet de côté, le glissant entre l’espace qui séparait ses jambes de l’accoudoir de la chaise, Jo remonta ses genoux sur l’assise pour s’y asseoir en tailleur, et demanda à la jeune femme avec le ton de ceux qui connaissent déjà la réponse "Dis Cassie, t’as été promu ?" Pas de pause, elle continua sans cesser de la regarder, se redressant pour que son dos épouse le dossier de sa chaise pendant sur ses mains s’accrochaient à ses chevilles croisées "Parce qu’au mieux, t’es devenue son manager, hm ? Pas sa mère." La manière dont Midas se laissait régenter sa carrière, ses décisions, et elle ne savait quoi encore, par son équipe, c’était son affaire. En l’occurence, elle n’avait pas son mot à dire sur la question, elle n’avait même jamais pensé le faire en arguant pouvoir avoir une quelconque influence sur sa façon d’envisager ses collaborations. Elle restait à sa place, elle attendait de ceux qui travaillaient avec lui qu'ils fassent la même chose parce que, jusqu’à preuve du contraire, elle n’avait de compte à rendre à personne, et sûrement pas à Cassandra à qui elle aurait aimé dire qu’à moins d’avoir manqué l’update de la définition du statut d’assistante, elle prenait un peu trop ses aises alors que son boulot devait avant tout se cantonner à assister les faits et gestes de son boss — pas de les contrôler, ni ceux des personnes qui gravitaient dans son orbite. Cette succession de pensées, elle lui fit ajouter "T’es encore moins la mienne d’ailleurs." Ça valait le coup d’insister, quand bien même elle reprenait déjà, son joli petit minois se ranimant quand, le nez plissé, elle poursuivit "Mais vas-y, continue. J’ai tellement hâte que tu me dises à quel point je suis mauvaise pour sa réputation et de prendre note de tous tes conseils qui m’aideront à apprendre à rester à ma place." C’était blessant, bien sûr que ça l’était. De l’exposer elle-même de cette manière encore plus, parce que Cassie n’était — ne serait — que la première d’une longue liste à vouloir lui faire entendre ce genre de choses, elle le savait. Et qu’au-delà de tous les défauts que Jo avait, elle avait déjà dit à Midas qu’elle ne voulait pas être cette personne-là — qui remettrait en doute son statut, encore moins sa résonnance auprès de ceux qui croyaient en lui, et dont elle faisait résolument partie, et qui par suite logique, ne feraient jamais rien pour lui nuire, contrairement à ce que semblait penser son assistante.