@Caitriona Regan

Jonah regarda Caitriona avec amusement et ne put s'empêcher de rire légèrement à sa remarque sur le défibrillateur et le manque probable d'efficacité sur son binôme stoïque. La démonstration de survie se prolongeait, et les regards courroucés de leurs camarades n'entachaient en rien la complicité grandissante entre les deux jeunes gens. La fin de la journée arriva enfin, marquée par le retour rapide au camp. Le retour était toujours plus rapide. Le Fletcher avait lu un truc à ce sujet. Des chercheurs s’étaient penchés là-dessus, parce qu’il existait des études pour tout et n’importe quoi visiblement. La vie de chercheur devait être d’un ennui mortel s’ils se rabattaient sur des sujets pareils. Bref, la conclusion était que le trajet retour paraissait souvent 22% moins long que l’aller. Le brun l’avait retenu, car c’était le genre de petites infos qui permettaient de briller en société. Et parce qu’il adorait les infos inutiles de ce genre, même si ça bouffait de l’espace sur le disque dur de son cerveau. Au camp, les autres binômes se dispersèrent rapidement, laissant Jonah et Caitriona échanger quelques mots de plus. « Bon, en temps que médecin, j'ai pas appris grand chose. Mais c'était sympa de partager ça avec toi. Ca aurait été bien moins drôle si j'avais dû me coltiner un monsieur chut toute la journée. » Le jeune homme passa une paume moite sur sa nuque et haussa nerveusement les épaules. Elle le trouvait sympa et drôle, c’était amplement suffisant pour qu’il se sente toute chose. “J’pense qu’on a pimenté l’atelier de tout le monde. Qu’est-ce qu’ils auraient fait sans nous ?” Ils auraient suivi les instructions sans être constamment dérangés par les bavardages des garnements du fond de la classe, quel ennui.

« T'oublieras pas de soigner tes mains, dès que tu seras chez toi? » La rousse fit référence à la préparation artisanale qu'ils avaient utilisée pour soigner leurs mains abîmées au cours de la journée. Jonah regarda ses mains, constatant l'effet apaisant du baume qu'ils avaient concocté. « Ouais, t'inquiète pas. Je vais les bichonner. C'est le minimum après une journée aussi intense. » Pas seulement cette journée, à vrai dire, car le Fletcher s’était essayé à l’ensemble des ateliers proposés par l’académie de Bear Grylls pendant toute la semaine et qu’il n’en était pas à sa première réaction cutanée à la flore australienne. Il était peu dire qu’il était fatigué de toutes ces aventures, mais le cœur plein des rencontres qui étaient allées de pair, Caitriona se hissant au sommet du classement.

Le camp était calme, les bruits de la jungle en arrière-plan ajoutant une ambiance particulière à la soirée. La jeune femme fouilla dans ses poches, cherchant quelque chose qu'elle semblait ne pas trouver. Puis, elle leva la main vers Jonah. « J'vais pas pouvoir traîner, si je veux dormir suffisamment avant de commencer ma garde mais... File moi ton téléphone deux secondes, » elle demanda, son regard déterminé. Boum, son cœur battait un peu plus fort, et une excitation mêlée d'appréhension l'envahissait. Elle voulait lui donner son numéro. Il lui tendit son téléphone, essayant de cacher sa nervosité derrière un sourire léger. Caitriona le prit avec un geste assuré, et Jonah se retrouva à attendre, son regard fixé sur elle alors qu'elle composait les chiffres permettant de la joindre. Elle finit par lui rendre son téléphone avec un sourire radieux. Lui, ravi, chercha à lire quelque chose dans ses yeux, un indice sur ses intentions. Son esprit s'emballait déjà, imaginant non pas uniquement des échanges de messages, mais un verre, deux, trois, un date, une bague, un mariage, la totale. Pour lui, aucun doute possible : cette invitation allait bien au-delà d'une simple amitié, qu’importe si ses rêveries étaient totalement prématurées. L'idée que les ambitions de la rousse ne soient que purement amicales ne traversa même pas son esprit. Sur un nuage, il rentra enfin chez lui, les pieds touchant à peine le sol sans anticiper la chute. Et quelle chute.

Sujet terminé