Elle avait encore le cœur un peu lourd de ses frasques de la veille et les yeux remplis d’un sommeil qu’elle n’espérait plus : voilà longtemps qu’elle avait renoncé à un rythme circadien sensé, mais ses incursions nocturnes en-dehors de chez elle se déroulaient principalement derrière la laverie, ou bien devant son propre écran – jamais en soirée, encore moins dans des bars, et rarement chez des amis. Plus rarement encore avec une dose d’alcool relativement significative dans le sang : Elena détestait perdre le contrôle, sur sa chimie cérébrale comme sur sa glycémie, et hier soir avait tout eu d’un bingo sur sa carte de choses à ne pas faire. Découcher, premièrement – non qu'il reste quelqu'un chez elle pour lui en vouloir, et ses colocs avaient le sommeil lourd. Mais la soirée de la veille gardait un goût amer dans sa bouche, un mélange particulier de défaite et de honte, mêlées à une fierté malvenue qu’elle préférait mettre sur le dos de la confusion plutôt que quoi que ce soit d'autre.

Elle avait naturellement contacté Andy, parce qu'à part elle, sa sœur jumelle et Victoria, elle n'avait pas grand monde à qui se confier, et deux parmi les trois lui semblaient des options davantage suicidaires plutôt que viables. La dénommée Bruce Wayne dans son portable avait répondu présente. Elle avait donc passé la journée à ranger et nettoyer l'appartement – tant pis si le reste de la maisonnée y trouvait à redire – dans un souci d’avoir au moins quelque chose d’ordonné, quelque part, espérant que son esprit se range à la tendance, sans succès outre mesure. Andrea arrive à l’heure prévue - ou peut-être en retard, mais personne ne compte, surtout pas Elena qui s’était assoupie sur le canapé. « Hey ya », lâche-t-elle sans cérémonie avec un sourire fatigué, ouvrant la porte en grand sur sa camarade de DND. « Sorry I forgot to text you the address earlier, still getting used to the change. » Deux semaines depuis son déménagement, et son esprit était encore à Bayside. Elle se surprenait encore à chercher Backseat French Fry pour le sortir.  « Wanna drink something other than Coke? I got some Mezcal if you want. Otherwise we have tea, and stuff. I think. »

@Andrea Welch

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@Elena Esteves  

Elle avait reçu le premier message de Elena au beau milieu de la nuit. Et comme elle ne travaillait pas le lendemain matin, elle était évidemment réveillée. Parce que trois heure du matin ce n’était pas si tard que ça, surtout pour embêter des scanner de côte d’ivoire sur internet. Elle avait passé sa soirée à fouiller leur ordinateur, à distance, dans l’espoir qu’ils arrêtent d’escroquer des pauvres dames en mal d’amour. Mais après  quelques messages échangés entre Elena et elle, Andrea avait été forcée de changer ses plans. Le devoir l’appelait, elle devait retirer son masque de justicier pour mettre celui de meilleure amie curieuse. Une rapide douche, un crocher par la cuisine pour mettre un pack de coca zéro et un paquet de bonbon dans un tote-bag, et elle pressait le pas pour rejoindre le garage à vélo. West End n’était pas si loin que ça, mais une fois en chemin, elle regrettait amèrement d’avoir eu l’idée de prendre son vélo. Elle arrivait en bas de l’immeuble de son amie à bout de souffle, accrochant laborieusement son précieux deux roues à un poteau près de l’entrée.
Deux minutes pour rejoindre l’appartement d’Elena et reprendre son souffle alors que la petite brune ouvrait enfin la porte. « Hey ya » « Hey you » lâchait-elle, détaillant son amie du regard. « You look like an extra in The Walking Dead. » notait Andrea calmement, franchissant le pas de la porte. « Sorry I forgot to text you the address earlier, still getting used to the change. » « No worries. I’m here now. » Elle aussi avait presque pris le chemin de Bayside, par habitude. Elle retirait machinalement ses converses, avant de rejoindre le salon et son canapé. « Wanna drink something other than Coke? I got some Mezcal if you want. Otherwise we have tea, and stuff. I think. » Andrea sortait justement le pack de six cannettes de coca zero qu’elle avait dans son tote bag. « I did bring these, but I’ll have whatever you’re having. » assurait-elle, abandonnant ses canettes sur la table basse, avant de sortir un paquet de gummy bears de son sac pour le poser à côté. Elle suivait ensuite Elena jusqu’à la cuisine pour récupérer ce qu’elles allaient boire. « So… busy night, huh? » son regard se faisait insistant. Elle avait eu un teaser par message, de sacré spoiler à vrai dire, mais avait clairement besoin de plus de détail. « Never thought you were the ‘wild one-night-stand’ kinda girl. I’m, weirdly, impressed. » admettait-elle s’adossant contre l’un des meubles de la cuisine. « I could never, hence why I’m impressed. » précisait-elle. Elena savait depuis le temps que Andy était plutôt prude et pas vraiment penché sur le sexe. Donc forcément, se perdre dans les bras d’un ou d’une inconnue lui semblait impossible. Pas sans faire une crise de panique et certainement pas sans s’enamourer de la personne avec qui elle oserait passez la nuit. « I need details. »

L’idée de passer la soirée avec Andrea plutôt que seule dans cet appartement où elle se sent encore étrangère lui apporte un certain confort, l’air de rien : elle a le sentiment lointain d’être une étrangère dans son propre corps et de flotter dans une vie qui n’est plus la sienne, tant tout a changé en quelques semaines à peine. Elle a tenté de faire la somme dans son crâne sans y parvenir clairement : manqué de mourir, de faire exploser des collègues, subi une demande de divorce, perdu sa femme et son chien de vue, changé d’appartement, rencontré de nouveaux colocataires, revu sa soeur, revu son meilleur pote, revu l’ancienne conquête de Victoria avec laquelle cette dernière l’avait trompée, et couché avec celle-ci. Ca faisait beaucoup pour un même cerveau, surtout pas très fonctionnel, a fortiori après une soirée relativement arrosée et encore floue pour elle. N’importe quand d’autre, elle aurait fait le choix de la raison et pris un coca ramené par Andrea ; ce soir, elle sent qu’elle a besoin d’un bon mezcal, de quelque chose qui soit lui remettra les idées droites, ou bien finira de les annihiler.

« Two mezcals it is, then. »

Son corps traîne jusqu’à la cuisine ; même sa voix traîne, putain, rien n’est à sa vitesse normale. C’est la raison principale pour laquelle Elena évite l’alcool : son corps ne lui appartient plus totalement pendant une durée bien trop longue, et c’est en antithèse de tout ce qu’elle essaie de contrôler en elle-même. Pour ce soir, cependant, ça semble quasi-nécessaire. « Busy is an understatement at this point », lâche-t-elle avec un rire jaune, passant sa main sur son visage pour en chasser la fatigue. Elle n’arrive toujours pas à savoir si elle s’en veut, ou même si elle le devrait. « I’m not », répond-elle rapidement quand son amie lui fait remarquer qu’elle ne la pensait pas ce genre de personnes. « Or I was, but that was a long time ago, and not really how I roll, anyway. » Ses coups d’un soir étaient généralement des vengeances envers Victoria quand celle-ci retournait vers son ex : des ruptures qui n’en étaient pas vraiment et qu’elle noyait auprès d’autres. Généralement, elle avait suffisamment honte pour ne plus retenter, et surtout ne plus jamais revoir les personnes. Il n’y avait que Simon qui avait échappé à cette vigilance particulière, et c’était le seul qu’elle ne parvenait pas à regretter. « Dunno why I did it, or why it seemed like a good idea at the time. » Est-ce que ç’avait vraiment semblé être une bonne idée, même ? Elle prend les verres rempli, glisse la bouteille entre son pli du coup et sa poitrine et retrouve la table basse, laissant Andrea en faire de même avant qu’elles ne trinquent. « Thanks for coming, by the way. » Elle lui offre un petit sourire un peu bancal alors qu’elle prend la première gorgée. Le liquide réchauffe jusqu’au bout de ses doigts et lui donne le courage nécessaire à se lancer.

« Okay. So there’s this kid I’m trying to help, drawing artist, super talented. She went AWOL on me a few weeks ago, then called last night to have me pick her up from some bar. I go, of course I do, I’m not an asshole - right ? - and it turns out she got ditched by that woman. Small world, huh? »

Son sourire est moitié triste, moitié résigné, parce que c’était presque la pire nuit de sa vie, que Clarissa s’était endormie dans le uber et qu’Elena avait donc payé plein pot, et parce qu’elle voulait tout, sauf recroiser la femme avec laquelle Victoria l’avait trompée. A se demander pour quelle mauvaise action elle payait - il y en avait tant parmi lesquelles choisir. « We almost fight, over the kid, over Vic, and then- I don’t know. It sort of happened. » C’est fou, la main qui attrape son col, la cuisse contre son entrejambe, la porte des toilettes qui se referme sur elles, ses genoux contre le sol. Ce sont des flashs et plus grand-chose d’autre, et elle se demande à quel point il s’agit de sa volonté d’occulter la soirée. « Can’t tell you if it was revenge, loneliness, something dumber than that- but I did. It was good, and it’s probably because I shouldn’t have done it. I don’t know. And then Vic came by, because of course she would, and now she probably knows, and all hell's gonna break loose, because at this point I don't know how it could get any worse, so, you know, might as well. » A défaut du vomi post-soirée, Andrea avait tout le loisir d’écouter sa logorrhée incohérente et confuse, ce qui était quand même vachement mieux, quitte à choisir.

@Andrea Welch

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@Elena Esteves  

« Busy is an understatement at this point » Andrea observait les gestes lents et brouillons de sa meilleure amie, notant quand même que cette dernière sentait déjà l’alcool et voulait encore boire… bref, qu’importe, elle n’était pas venue pour juger, elle était venue parce qu’elle avait un rôle à remplir. « I’m not » Right… Andy non plus ne l’était pas et peut-être qu’un jour elle se retrouverait dans la même situation avec Elena, qui sait…. « Or I was, but that was a long time ago, and not really how I roll, anyway. » Andrea l’observait, silencieuse, tentant d’éviter qu’elle ne verse le liquide à côté des verres. « Dunno why I did it, or why it seemed like a good idea at the time. » « Cause you were drink maybe ? » notait-elle, observant avec une pointe d’angoisse la bouteille que Elena avait coincé sous son coude. Elle suivait la brune jusqu’au salon, les mains pas loin de la bouteille de peur de la voir tomber par terre, puis s’installait sur le canapé avant de trinquer avec son amie. « Thanks for coming, by the way. » « I’m always there for you ! Well, maybe not when my phone is on do not disturb. » admettait-elle, prenant une minuscule gorgée de sa boisson. C’est que c’était fort ce truc quand même.

« Okay. So there’s this kid I’m trying to help, drawing artist, super talented. She went AWOL on me a few weeks ago, then called last night to have me pick her up from some bar. I go, of course I do, I’m not an asshole - right ? - and it turns out she got ditched by that woman. Small world, huh? » « That woman… like Victoria’s woman ? » elle demandait confirmation parce qu’elle était déjà mauvaise avec les prénoms, pas vraiment physionomiste, et avait une mémoire de merde, donc avant dire qu’elle n’était jamais sur de qui on parlait. « We almost fight, over the kid, over Vic, and then- I don’t know. It sort of happened. » Andrea manquait de s’étouffer avec une nouvelle gorgée d’alcool. « B-but hoooow ? » lâchait-elle, grimaçant presque malgré elle (c’était surtout a cause de l’alcool). « You fought and fucked at the same time ? » Elle avait beaucoup de mal à imaginer ça. En fait elle ne voulait pas imaginer ça, même si la curiosité était très présente. « Can’t tell you if it was revenge, loneliness, something dumber than that- but I did. It was good, and it’s probably because I shouldn’t have done it. I don’t know. And then Vic came by, because of course she would, and now she probably knows, and all hell's gonna break loose, because at this point I don't know how it could get any worse, so, you know, might as well. » Andrea secouait lentement la tête. « Wait, hold up, I’m gonna need this. » elle finissait son verre cul sec en grimaçant, avant de s’ouvrir un coca pour en prendre quelques gorgées. « Ok. So… » Elle se raclait un peu la gorge. « You fought-fuck a stranger who fucked your wife, and now you think your wife knows about it, and you feel bad even though she fucked that stranger before you did ? » Elle parlait trop vite, comme d’habitude, mais elle tentait de comprendre le scénario improbable que son amie semblait lui décrire. « Or you fucked Vic after that too ? Like some kind of sex addict ? » elle pouffait de rire devant sa propre bêtise. « And how would Victoria know you had sex with that girl if you didn’t tell her ? She’s not some kind of psychic, is she? »

Elle se sent dépassée par les événements, suffisamment pour s’emballer dans ses mots – l’amertume de la soirée lui revient au fond de la gorge et elle essaie de la faire passer avec une nouvelle gorgée, sans succès. La scène exposée, elle se retrouve à passer une main sur son front comme pour apaiser le mal de crâne qui commence déjà à poindre – sans surprise, Andrea réagit avec un florilège de questions que la Brésilienne aurait préféré ne jamais avoir à se poser, outre certaines qui lui tirent un sourire, et ça vaut suffisamment pour être souligné. « We fought and then we fucked, pretty much. That sounds like a plot straight out of The L Word and I have no words to defend myself. » Ce n’est clairement pas son genre et elle est, encore maintenant, perplexe quant à ce qu’elle pensait en tirer. En rétrospective, elle ne ressent ni satisfaction, ni sentiment de revanche prise : rien qu’un peu de honte et d’apaisement après plusieurs semaines sans contact physique avec qui que ce soit.

Nécessairement aussi perdue qu’elle, Andy lui explose une espèce de résumé auquel elle cherche, elle aussi, une sorte de cohérence : « Oh, no, she doesn’t – » Elle ne sait sûrement pas, Victoria, mais elle s’en doute. Pas de l’identité de la personne en question, mais de tout le reste. Elle inspire, prend une gorgée pour se recentrer, et reprend : « Nothing happened with Vic. That ship has sailed. » Qu’importe les regards chargés de tristesse et de non-dits qu’elles ont échangé : quoi qu’il reste comme ressentiments entre elles, tout a été posé à plat et quoi qu’elles veuillent dire de plus, chacune sait pertinemment que ça ne changera rien à la décision prise. Elena ne quittera pas son job, ni pour elle ni pour quiconque ; c’est stupide, c’est sûrement trop égocentré, et peut-être que ça la condamne à des plans cul dans les toilettes des bars après minuit. C’est comme ça qu’elle vit, quoi qu’il en soit, et se forcer à faire autrement serait se trahir : Elena l’a déjà bien suffisamment fait par le passé. « She came back to pick up the dog’s toys, and she brought French Fry along, so we didn’t stay long. » Elle se demande même si la conversation était restée civile parce que leur chien était là et qu’elles avaient peur de se prendre la tête devant lui. « But she knew I’d fucked someone. » Pas nécessaire de repenser à sa dégaine déconfite et à tout ce qui allait avec. « It’s almost worse, in a way. Cause it’s happened before, but she was never there, it was never that obvious– and I guess now it’s truly over, in a tangible way, I guess. » Un instant de silence, avant qu’elle ne se rabatte dans le canapé, jambes croisées, tapant de ses deux mains sur celles-ci en un signe d’impuissance. « God. I guess I just have to come to terms with it. » Le constat l’affaisse sur elle-même, l’alourdit de dix ans ; elle est confrontée, pour la première fois, aux conséquences de leur rupture et à ce qu’elles laissent derrière elles. Surtout, elle est confrontée à cet après qu’elle ne pensait jamais voir un jour. « It’s time. It is. Damn. » Elle frotte ses paupières et se redresse, prenant son verre avec elle alors qu’elle s’extirpe du canapé. « But you know what? If I think about it too much tonight, I’ll die, or something, so I’m gonna make you something to eat and you’re gonna tell me aaaaall that’s going on with you. Work, relationships, the whole shabang. » Ce n’est pas vraiment une question : Elena est déjà dans la cuisine, une spatule à la main.

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« We fought and then we fucked, pretty much. That sounds like a plot straight out of The L Word and I have no words to defend myself. » Andy n’avait rien à re-dire à ce sujet. Elle se contentait de faire un résumer de la situation, comme pour s’assurer qu’elle avait bien tout les éléments. « Oh, no, she doesn’t – » Andy hochait lentement la tête. « Nothing happened with Vic. That ship has sailed. » « Right. » notait Andy, qui avait toujours du mal à suivre toutes ces histoires, ne sachant elle même pas dire quand une histoire était vraiment terminée ou non. « She came back to pick up the dog’s toys, and she brought French Fry along, so we didn’t stay long. But she knew I’d fucked someone. » « Cause you smelled like sex and alcohol. » comprenait-elle, hochant toujours la tête alors qu’elle tentait de comprendre tout ça. « It’s almost worse, in a way. Cause it’s happened before, but she was never there, it was never that obvious– and I guess now it’s truly over, in a tangible way, I guess. » Andrea restait dans son coin du canapé, observant son amie, sans trop savoir si le moment de lui faire un câlin de réconfort était maintenant, ou dans quelques minutes, puis à trop y réfléchir Elena changeait de position « God. I guess I just have to come to terms with it. » Andrea sirotait son coca sans quitter des yeux son amie, la laissant cogiter en silence. « It’s time. It is. Damn. » Au final Elena avait plus besoin d’une oreille attentive que de conseils venant d’une loseuse des relations amoureuse comme Andy. Enfin… elle espérait quand même que le mauvais sort se lève maintenant qu’elle sortait avec Marceline. C’était tout récent, quelques jours seulement, mais elle espérait, comme chaque fois, que ce soit la bonne. Elena se tirait du canapé, son verre à la main, et machinalement Andrea limitait. « Where are we going ? » marmonnait-elle, un brin confuse. « But you know what? If I think about it too much tonight, I’ll die, or something, so I’m gonna make you something to eat and you’re gonna tell me aaaaall that’s going on with you. Work, relationships, the whole shabang. » « Ok, kitchen then. » répondait-elle à sa propre question, récupérant la bouteille d’alcool sur la table basse et suivant son amie qui se mettait déjà au travail derrière les fourneaux. « You won’t die thinking about it, but I do think you’re too drunk, right now, to think about it properly. » notait-elle, posant sa canette de coca, et rouvrant la bouteille d’alcool pour se resservir un second verre. « Work is going well, I guess. Nothing new. » elle aimait toujours bien son poste actuelle, elle n’avait rien à signaler de ce côté, mais rien non plus de palpitant à partager sur ce sujet. Son second boulot avec Arsinoé, par contre, ça c’était nouveau, mais c’était clairement le dernier truc qu’elle voulait partager avec Elena. Elle n’avait pas vraiment envie de finir au poste de police. D'ailleurs, le simple fait d’y avoir penser en présence de son amie la faisait paniquer un peu, comme de peur qu'Elena ne lise dans ses pensés. Elle prenait son second verre cul-sec avant de noyer le poisson avec une toute autre nouvelle, bien plus importante : « I've got a girlfriend. » Voilà, ça c’était nouveau, c’était excitant comme annonce. Elle se raclait bruyamment la gorge, le cul sec ayant l’effet d’une brulure, avant d'ajouter : « Actually, she’s probably on tv right now. » se souvenait-elle. Marceline lui avait demandé la permission d’assister à un talk show et premièrement Andy n’avait pas vraiment compris pourquoi il lui fallait son accord pour promouvoir un film à la télévision. Puis elle avait compris que l’émission en question était celle de l’ex de Marceline, et que la blonde avait peur qu’Andrea le vive mal. « D’you think I’m … the toxic and jealous kind ? » demandait-elle alors, en repensant à cette histoire. Plus elle y réfléchissait et plus elle se disait que, peut-être, Marceline avait eu besoin de son accord parce qu’Andrea renvoyait une vibe de petite-amie jalouse à en mourir et trop possessive ? Elle n’avait vraiment pas l’impression de l’être… elle se voyait plutôt à l’opposer niveau jalousie, mais peut-être qu’elle ignorait simplement ce qu’elle renvoyait au reste du monde ? « I never thought of myself like that, but I’m scared that maybe that’s how people see me, and how she sees me too. And so, she feels the need to ask for my permission for all sorts of things ? » Elena n’avait qu’un morceau de l’histoire, qu’une partie du raisonnement d’Andrea, parce que cette dernière était trop perdu dans ses pensés et ce second cul-sec l’embrouillait encore plus. « I don't know... Cause she asked me if she could go on tv, but ... it's her job to go there en promote her things so... Who am I to say she can't go ? Wait...Was I suppose to tell her not to go ? Maybe it was a test of some kind and I failed ? » Overthinking Bruce has entered the chat. « That mezcal thingy is pretty strong, isn't it ? » concluait-elle, sentant qu'elle commençait à raisonner à voix haute, parler beaucoup trop vite et partir dans tout les sens.

Ça titube du canapé jusqu'à la cuisine et, enfin, Elena trouve quelque chose sur quoi se concentrer qui ne soit pas ses pensées les plus négatives et casse-couilles possibles : c’est-à-dire des fonds de tiroir du frigo qu’elle va improviser en un truc comestible, histoire de ne pas utiliser ses courses tout de suite et de se débarrasser des vieux trucs qui traînent. Elena est décidée à penser à tout, sauf à la pire nuit de sa vie (excepté nombreuses nuits en Syrie, ou en Arabie Saoudite, ou même ici, d'ailleurs, mais qui tient les comptes ? Surtout pas elle) ; « fair ‘nuf », marmonne-t-elle donc lorsque son amie lui fait remarquer que, non, elle ne va sûrement pas en mourir. Elle la fixe, comme attendant qu’Andy se confie, maintenant qu'elle s’est métaphoriquement mise à poil avant de lui vomir ses émotions en plein visage. Ça ne tarde pas, et rien de fou, à première vue : le travail est stable, rien de bien intéressant. Elle ne relève donc absolument pas le nez de sa planche jusqu'à ce que la jeune femme poursuive, et d'un coup, elle est nettement plus intéressée : « A what, now? » Elle la contemple d'un air étonné avant que les neurones ne rattrapent les oreilles et qu’un sourire lui fende le visage. Comme encouragée, Andrea ajoute que celle-ci doit passer à la télé, à l'heure qu'il est, et si son cerveau bute sur l’implication des mots, elle comprend l’intention générale : « It’s Marceline, innit? » Il ne faut pas grand chose pour lui confirmer, et c'est surtout le couteau dans sa main qui l’empêche de balancer un poing léger contre l'épaule d’Andy (sa principale marque d’affection) ou de la prendre dans ses bras (plus rare, mais vrai). « Dude, I knew it. I'm so happy for you. » Depuis le temps qu'elle la voyait regarder Marceline avec les yeux de l'amour d'un chiot battu. « Let's turn on the TV then, see your girlfriend in action. »

Elle ne relève pas les yeux pour autant, et fout une sorte de mac n cheese au poulet épicé dans le four cinq minutes plus tard lorsqu’Andy l'interpelle avec une question qui lui fait immédiatement froncer les sourcils. Troisième verre, bu trop rapidement : le temps de réaction est proportionnel. « What? Andy, no. » Elle s’accroche pour suivre le débit allongé des paroles de son amie, et en déduit d’elle-même de se servir un long verre d’eau, histoire de ralentir. « It is strong. Drink. » Elle balance d’office un autre verre d’eau plein à la jeune femme en le faisant glisser sur le meuble de cuisine. Un œil distrait en direction de la télé : la blonde est là, à réagir à la blague d'un présentateur quelconque. « She’s, uh, probably just asking because she wants to respect your boundaries, or something. Is it her first time in public since you guys got together? Maybe she didn’t want you to be nervous, and shit. » Elle n'en a absolument aucune idée, en réalité, mais les relations un peu cachées et vécues dans le secret, elle connaît, et elle sait surtout qu’on ne lui a jamais demandé son avis. « And I don’t think you could’ve said no per se. That would’ve been toxic. » Elle le sait, parce qu’elle l’a été ; ça a été la pierre angulaire de nombreuses disputes avec Victoria, toutes avec Samuel en toile de fond. Elle a été suffisamment toxique pour savoir analyser si Andrea l’est. « And I’m gonna go out on a limb here and guess she wasn’t trying to test you either. Otherwise you need to get single again, and fast. » Le couteau s’agite en l'air avant qu’elle ne le lave dans le lavabo. « Did, uh, did she tell you why she asked for your permission? Anything in particular? » Elle essuie consciencieusement ses mains et reprend son verre d’eau pour le finir, jetant un regard plus long vers l’écran, cette fois. Le présentateur apparaît sur celui-ci, et prend une teinte plus familière. « Oh, fuck me », qu’elle peste, balançant le torchon froissé par dessus son épaule. « I mean, she literally did. That's her. »

@Andrea Welch

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@Elena Esteves  

« A what, now? » Andrea était à deux doigts de répéter, prenant la question au premier degré, ne quittant pas des yeux le couteau que son amie avait à la main. « It’s Marceline, innit? » Elle hochait rapidement la tête, un petit sourire de débile étirant ses lèvres presque malgré elle en entendant le prénom de son amoureuse. « Dude, I knew it. I'm so happy for you. » Ugh c’est là qu'Andrea avait envie de se cacher au fond de son verre, elle avait toujours trop de mal avec ce genre de moment, que ce soit compliment ou tout ce qui pouvait s’y apparenter de près ou de loin. « Let's turn on the TV then, see your girlfriend in action. » « Yes. » fut sa seule réponse et elle abandonnait un bref instant la cuisine pour allumer la tv, mettre la chaine en question avant de retourner près d'Elena qui découpait frénétiquement les restes de son frigo. L’alcool faisait son petit bout de chemin et Andrea repensait aux questions que Marceline lui avait posé avant de se rendre sur le plateau tv où elle se trouvait ce soir. Demander son autorisation semblait être une belle preuve d’amour et de respect, mais Andy ne pouvait s’empêcher d’y voir autre chose, et de s’inquiéter de l’image qu’elle renvoyait. « What? Andy, no. » Et à peine Andrea notait à quelle point ce qu’elles buvaient était fort que déjà Elena remplissait deux verres d’eau, en donnant un à son amie. Andy troquait donc sagement l’alcool pour l’eau, en prenant quelques gorgées avant de se tourner pour regarder la télévision de loin. « She’s, uh, probably just asking because she wants to respect your boundaries, or something. Is it her first time in public since you guys got together? Maybe she didn’t want you to be nervous, and shit. » « I don’t know, her job is to be in public so I don’t think it’s her first time since… » notait Andy entre deux gorgées d’eau, observait la grande blonde à l’écran, sans totalement réaliser que c’était la même qu’elle avait embrassé l’avant veille.   « And I don’t think you could’ve said no per se. That would’ve been toxic. » « I thought so. » confirmait-elle en pouffant de rire, un brin rassurée par ce que disait son amie, sentant la petite pointe d'angoisse qu'elle avait ressenti quelques instant plus tôt disparaitre déjà.. « And I’m gonna go out on a limb here and guess she wasn’t trying to test you either. Otherwise you need to get single again, and fast. » Andy reportait ses yeux sur son amie. « No ! » rouspétait-elle. « She’s not like that. She’s a tall green flag. » assurait-elle, reportant une nouvelle fois son regard sur la télévision, les yeux pétillants. « Did, uh, did she tell you why she asked for your permission? Anything in particular? » Andy récupérait son verre d’alcool de sa main libre, s’avançant un peu plus près de la télévision avec ses deux verres à la main. « Oh yeah. That’s cause it’s her ex’s show. » lâchait-elle tout simplement. « Oh, fuck me » soufflait Elena au même moment. « hm no thanks. » répondait-elle, par reflex, toujours prête à faire de l'humour au mauvais moment. « I mean, she literally did. That's her.  » Andy jetait un regard surpris en direction de son amie.« Marceline ? » Son regard se reposait sur la télévision où l’ex de Marceline était entrain de parlé. Gina Cooper, pour le coup ce nom là elle l'avait retenu puisque c'était le nom de l'émission aussi. « Wait, her ex ?! » Elle levait la voix malgré elle et restait bouche bée une demi seconde avant d’éclater de rire. « You mean she fucked you and then went to work to host her talk show live on tv ? » Andrea partait en fou rire, des larmes perlant déjà aux coins de ses yeux. Elle en manquait de renverser un peu de son verre d’eau, encore trop plein, et s’empressait de poser ses deux verres sur la table basse du salon pour éviter un accident. « So wait. » Elle reprenait son souffle. « The one Vic was cheating with, is the same one who cheated on Marceline ? AND the same one you fucked ? That's crazy. It’s like we’re in the L world, or I don’t know, like there’s only 5 lesbians in this city. » elle gloussait encore un moment avant d’attraper son téléphone pour ouvrir instagram et trouver la page de la fameuse présentatrice. « That’s her. » elle passait son téléphone à Elena avant d’ajouter : « Can’t believe you didn’t recognize her… Or maybe you didn’t really see her face cause she was going down on you. » Elle éclatait de nouveau de rire, beaucoup trop amusée par cette situation sans queue ni tête. Elle pouffait toujours de rire, tentant de se calmer alors qu'elle regardait la télévision, sans vraiment écouter ce qui se disait entre Marceline et Gina, qui semblaient boire un verre de rosé tranquillement, en directe à la télévision. « It means you kinda share an ex with my girlfriend. I’m sure you’ll get along great. » ajoutait-elle entre deux rire. « You two have so much in common. » Elle avait presque de la morve au nez à force de pleurer de rire.