@Ulysse Norrington

La culpabilité de Min en cet instant surpassait tout ce qu’il avait pu éprouver jusqu’à maintenant dans sa vie, à l’exception du jour où il avait fait son coming out à sa famille, naturellement. Rien ne pourrait égaler ça. Min avait un problème. Il le savait, c’était une évidence. Sentir le besoin de s’éloigner autant de la ville juste pour aller courir dans le but avoué de ne croiser personne de sa connaissance, surtout pas quelqu’un qui saurait pour ses problèmes de genoux, ce n’était pas normal. Il y a des gens qui se cachent pour consommer, Min se cache pour courir. La course était une drogue qui nuisait tout autant à son corps. Si Swann savait ce qu’il était en train de faire… Il lui prendrait surement toutes ses chaussures de course très dispendieuses pour les bruler dans son jardin et il forcerait Min à assister au spectacle en l’attachant à une chaise. Cette pensée lui arracha un sourire. Lincoln ne serait pas plus ravi de l’apprendre, mais surement qu’il n’irait pas jusqu’à le menacer d’une action aussi radicale. Si seulement ils comprenaient à quel point la course était nécessaire pour lui. Lorsqu’il courait, son esprit se vidait complètement. Il n’était plus hanté par les pensées qui le gardaient éveillé la nuit depuis quelque temps. C’était peut-être la dernière chose qui l’empêchait de perdre complètement la tête. S’il ne pouvait plus courir, vers quoi se tournerait-il pour soulager son mal-être? Il n’osait pas l’imaginer.

C’était une belle journée malgré tout et, à son plus grand bonheur, ses genoux ne lui faisaient pas mal. Évidemment, il avait prévu porter ses attèles. En plus, il avait choisi de courir en sentier, ce qu’il faisait rarement. Son médecin lui avait conseillé d’opter pour la terre plutôt que l’asphalte qui est plus dommageable à long terme sur les articulations. Pour une fois, il écoutait les recommandations. Certes, courir en sentier pour se préparer à un marathon n’était pas l’idéal, mais sachant qu’il ne devrait plus en faire de toute façon…

Min-Kyung n’avait pas trop réfléchi à la distance qu’il souhaitait parcourir. Il ferait au moins cinq kilomètres, ça, c’était une certitude. Il lui fallait une trentaine de minutes pour parcourir cette distance. Tout dépendant de ses genoux, il pousserait peut-être jusqu’à dix. Il prit le soin de s’échauffer correctement, une routine qu’il répétait avant chaque course depuis aussi loin qu’il se souvenait. Il sentait son corps se réveiller, anticipant l’effort à venir, et lorsqu’il fut prêt, il s’élança sur les sentiers. Il ne prêtait plus attention au monde qui l’entourait lorsqu’il courait. S’il croisait d’autres coureurs, il les saluait simplement d’un signe de la main avant de poursuivre. Ce fut réellement un bon entraînement. Il ne ressentait aucune douleur, il n’avait pas trop chaud non plus, ainsi Min avala les kilomètres sans s’en rendre compte. C’est sa montre qui lui indiqua d’un signal sonore qu’il venait de franchir la barre des cinq kilomètres. Min s’arrêta. 5 à l’allée et 5 au retour, il pouvait faire ça. Devant lui, il y avait une ouverture parmi les arbres qui dévoilait un magnifique paysage en contrebas. Il resta un moment à l’admirer. Rien ne pressait de toute façon.

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Min-Kyung observait le paysage depuis un moment maintenant. Perdu dans ses pensées, il ne prêtait pas attention aux autres coureurs et marcheurs qui s’arrêtaient afin d’admirer eux aussi la vue. Il se sentait bien et beaucoup plus détendu qu’au départ. Voilà pourquoi il courrait, pour ce sentiment de paix qui venait après l’effort. Il inspira profondément, prêt à reprendre son chemin, lorsqu’on lui adressa la parole. Un peu surpris, Min tourna la tête en direction du coureur. Lui aussi visiblement sous les effets des endorphines. Min sourit, amusé, avant d’acquiescer d’un signe de tête. « Magnifique », approuva Min, jetant un dernier regard sur le paysage. Il devrait venir ici plus souvent, pas juste pour éviter les personnes qui pourraient le voir courir alors qu’il ne devrait pas, mais pour s’en mettre plein les yeux et profiter de la quiétude environnante. Ça faisait changement de la ville qui n’était jamais vraiment tranquille. Ici, on pouvait entendre le vent dans les arbres et les oiseaux chanter sans qu’ils soient interrompus par le bruit de la circulation.

« Je suis un citadin jusqu’au bout des ongles, mais j’ai quand même pu admirer quelques beaux paysages ici et ailleurs. » En Corée, lorsqu’il visait sa famille, il n’était pas rare qu’on l’amène visiter des endroits. Il avait vu plus d’un temple niché dans les montages avec leurs escaliers interminables qui éprouvaient physiquement les visiteurs. Évidemment, il y avait toujours une vieille dame qui les montait avec une agilité surprenante malgré son âge comme si elle avait fait ça tous les jours de sa vie, ce qui était probablement le cas. Il ne pouvait pas penser à la Corée sans penser à ses parents. Il devrait se concentrer sur autre chose.

« Oui, je cours. Double marathonien, bientôt triple avec celui que je compte faire en octobre. » Sérieusement, impossible de méprendre Min-Kyung pour autre chose qu’un coureur au vu de son accoutrement. En commençant par ses pieds avec ses chaussures de course hors de prix, puis ses attèles aux genoux pour protéger ses articulations et ses vêtements de sport griffés, inutiles pour le coureur occasionnel, mais auxquels Min ne pourrait pas se passer. Il était fier de sa personne et veillait à se mettre en valeur, peu importe les circonstances. En même temps, il avait raison avec ce corps qu’il entretenait avec soin depuis des années. « D’habitude, je cours en ville, mais j’avais envie de changement et ce genre de surface est moins dure sur les articulations. »

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L’homme était visiblement impressionné par les exploits de Min. Sa réaction en était comique et il a dû fournir un effort pour ne pas éclater de rire. Ça le flattait toujours un peu quand quelqu’un était impressionné par ses accomplissements bien que ce ne soit pas son but et qu’il ne comprenait pas toujours pourquoi les gens l’étaient. Certains athlètes en faisaient tellement plus que lui. Par exemple, il ne lui était jamais passé par la tête de faire un Iron man et s’il osait en parler, ses amis n’hésiteraient pas à l’attacher dans une pièce sombre quelque part jusqu’à ce qu’il change d’idée.

« Je cours depuis que j’ai 10 ans. Quand j’ai décidé de faire mon premier marathon, c’était la suite logique de mon parcours. J’avais déjà fait un 35 kilomètres, 7 de plus, ce n’était rien. Huh, grave erreur! Ces kilomètres, je les ai sentis, mais quand j’ai franchi la ligne d’arrivée… La douleur en valait la peine. Je pouvais à peine marcher que je pensais déjà au prochain et à mon temps que je voulais améliorer. Étrangement, même si c’est difficile physiquement, c’est surtout dans la tête que ça se passe. Notre corps est capable de beaucoup, mais notre cerveau est programmé pour le préserver. » À cette époque, ces genoux ne lui causaient pas de problèmes encore. Il aurait dû faire plus attention, mais il était trop tard pour les regrets. « Le troisième va marquer la fin de ma carrière de coureur. Mes genoux ne sont plus ce qu’ils étaient… » Au moins, Min le reconnaissait et il se donnait jusqu’à octobre en espérant qu’il se sentirait mieux dans sa tête d’ici là.

L’homme commença à parler de la course et de ses effets sur le corps avec des termes si pointus que Min haussa un sourcil. « Êtes-vous un médecin? » Demanda-t-il brusquement. « Pardons, je ne veux pas être impolis. » Il sourit. « Simplement, la dernière fois que j’ai entendu quelqu’un parler de cette façon, c’était mon rhumatologue à Melbourne. Il ne manque qu’une radiographie de mes genoux. Si vous voulez savoir, je suis vétérinaire, mais j’ai été un an en médecine avant de changer de branche. »

@Ulysse Norrington

Min-Kyung serra la main d’Ulysse en retour, une poigne ferme comme le lui avait appris son père lorsqu’il était enfant. Il avait donc visé juste en devinant sa profession. En vérité, ce ne fut pas bien difficile. Il n’y avait aucune honte à être passionné par son métier. Min était pareil. Il s’intéressait aux derniers développements en médecine vétérinaire et participait régulièrement à des colocs et à des formations un peu partout au pays. C’était de sa responsabilité de mettre à jour ses connaissances, mais ce n’était jamais une corvée de le faire même si ça demandait à l’occasion beaucoup de son temps. « Les animaux montrent rarement leurs symptômes et en discutent encore moins. » Dit-il avec un petit sourire. « Mais oui, je comprends parfaitement. Nos métiers nous rendent particulièrement vigilants, le moindre détail nous saute aux yeux et je crois que notre cerveau est programmé pour vouloir en découvrir les causes possibles. »

Ce n’était pas la première fois que quelqu’un lui disait qu’il ne pourrait jamais être vétérinaire. Les euthanasies étaient la principale raison qu’on lui donnait et Min comprenait. C’était une part importante de son métier qui n’était jamais facile, surtout si on la demandait sans raison valable, ce qui arrivait parfois. Il se souvenait encore de la première fois qu’il eut à le faire et du patient en question : un vieux chat terrassé par l’insuffisance rénale. Ulysse, qui était aussi un professionnel de la santé, voyait plutôt la complexité des prises en charge. « C’est pourquoi on se spécialise. Je peux soigner les chats et les chiens, mais je m’occupe surtout des animaux exotiques. J’entends par là les lézards, serpents, petits mammifères et oiseaux. Ça peut effectivement devenir très complexe. Comme je disais, les animaux ne parlent pas et ils sont très doués pour cacher leurs symptômes. Si je vais aux urgences en disant que j’ai mal au ventre, vous allez me demander de décrire le plus précisément possible cette douleur. Je n’ai pas ce luxe avec mes patients, mais j’adore ça. Chaque cas est un mystère et ils ont besoin d’aide autant que nous. En plus de la clinique, je donne aussi mon temps pour les animaux sauvages. En 2019 et 2020, lors des grands incendies de brousse, des médecins vétérinaires se sont regroupés afin d’aider la faune affectée. J’en faisais partie. J’ai monté une équipe et pendant des semaines, dans des conditions parfois précaires, nous avons accueilli tous les petits patients qu’on nous amenait. » Min avait l’impression de beaucoup trop parler. Tout comme Ulysse, son métier le passionnait et ça se voyait à la façon dont son visage s'animait alors qu'il était si sérieux au naturel. Il adorait en parler et même si leurs réalités différaient sur plusieurs points, ils pouvaient se comprendre.

« Je pensais redescendre. » Il regarda sa montre. « J’ai fait un cinq kilomètres pour me rendre jusqu’ici. Je ne pensais pas en faire plus de dix aujourd’hui. Je dois me ménager… » Un cri s’éleva alors parmi les arbres. Une femme. « Lâche-le!!! Mais lâche-le, j’ai dit!!! »

@Ulysse Norrington

Les parents d’Ulysse devaient être très fiers de leurs enfants. Ils avaient raison de l’être en tout cas, les études en médecines n’étant pas une mince tâche à accomplir pour l’avoir fait lui-même. Certes, il a fait l’école vétérinaire, mais il a quand même passé une année en médecine avant de changer de branche. Il se souvenait encore de ses cours d’anatomie. Inévitablement, Min pensa à ses propres parents et il eut un pincement au cœur. Eux aussi, ils ont été fiers à une époque. Aujourd’hui, c’était tout le contraire. Min sourit pour cacher son malaise. En vérité, il aimerait bien la rencontrer. Il a toujours été fasciné par les gens passionnés par leur métier, peu importe ce que c’était. Il fallait être une personne hors norme pour dédier ainsi sa vie à aider les plus démunis. Peut-être que dans une autre vie, il aurait pu faire la même chose. Au départ, en s’inscrivant en médecine, il ne savait pas en quoi se spécialiser. Finalement un oiseau l’aura complètement fait dévier de sa voie, mais il aurait pu travailler avec les enfants. Cela étant, penser à tout ça aujourd’hui ne donnait pas grand-chose. Il n’était plus tout à fait le même Min-Kyung d’il y a dix ans et réfléchir à des choix qu’on aurait pu faire différemment ne faisait que nous rendre misérables. Il ne regrettait pas sa décision, il adorait son métier et il faisait une différence dans la vie de beaucoup de gens en soignant leurs fidèles compagnons.

« Si l’occasion se présente, pourquoi pas! » Min-Kyung sourit, sincère.

Ils allaient s’engager dans le sentier lorsqu’un cri les arrêta dans leur élan. Ulysse et Min échangèrent brièvement un regard. Ils n’avaient pas besoin de parler pour se comprendre : quelqu’un avait besoin d’aide. Sans hésiter, ils se dirigèrent vers l’origine des cris. Ils n’eurent pas à chercher bien longtemps. Quelques mètres plus loin, ils tombèrent sur un spectacle étonnant. Une femme, armée d’une branche, essayait de frapper un renard roux qui s’en était pris à un koala. Les renards avaient peut-être de nombreux admirateurs à travers le monde, ils étaient une nuisance en Australie. Introduit au 19e siècle, le manque de prédateur naturel avait favorisé leur développement au point d’en devenir une menace pour la faune locale. Min ne les appréciait pas beaucoup malgré qu’il soit un amoureux des animaux. C’est pourquoi il n’hésita pas un instant à intervenir. Il s’empara d’une pierre qu’il jeta à l’animal. Il ne réussit pas à l’atteindre, mais voyant qu’il était dépassé en nombre, le renard abandonna sa proie et disparut au travers des branchages. La femme laissa tomber son arme de fortune pour se précipiter sur le koala blessé.

« Ne vous approchez pas! » Le ton autoritaire de Min l’arrêta dans son élan. « Les koalas ne sont pas aussi mignons qu’on le pense », poursuivit Min en s’approchant. « Ils ont de bonnes dents, des griffes acérées en plus d’être un porteur de plusieurs maladies. Si vous vous faites mordre, c’est une visite à l’hôpital obligatoire. » « Mais il est blessé! » Protesta la jeune femme. « Vous allez le laisser mourir comme ça? » Min fronça les sourcils. « Je suis vétérinaire. S’il y a quelqu’un qui peut aider ici, c’est moi. J’ai besoin que vous gardiez votre calme et restiez là où vous êtes. » Il en profita pour faire signe à Ulysse, lui indiquant silencieusement de garder un œil sur cette femme au cas où elle voudrait intervenir. La vérité c’est qu’il doutait de pouvoir faire quelque chose. La nature pouvait être très cruelle et c’était quelque chose qu’il fallait accepter. Elle se lança dans une rapide explication sur ce qui s’était passé.

« Je marchais quand j’ai entendu ces cris de bête. J’ai tout de suite compris qu’il y avait un animal blessé. Je me suis approché et j’ai vu le renard qui essayait de l’attraper. Je n’ai pas réfléchi et j’ai essayé de le sauver. » Elle montra ses mains à Ulysse. Dans le processus, elle s’était salement écorché les paumes.

Le problème, c’est que si c’était dangereux pour la jeune femme d’approcher le koala, ce l’était autant pour Min qui n’était pas du tout équipé pour prendre en charge l’animal. Il s’approcha avec précaution pour un premier examen à distance. Les gens les comparaient à des animaux en peluche et Min pouvait difficilement les blâmer, mais ils restaient des animaux sauvages capables de se défendre férocement. Étonnement rapide, ils pouvaient charger s’ils se sentaient menacés. Le fait qu’il se soit fait attraper par un renard indiquait à Min qu’il était probablement déjà affaibli par une maladie ou une précédente blessure. La première chose qui sautait aux yeux c’était la lésion en apparence profonde sur son épaule. Il avait aussi plusieurs morsures et chacune devrait être nettoyée avec soin. Il soupçonnait aussi une fracture, mais c’était difficile à dire sans l’examiner plus attentivement. Au-delà des blessures, sa fourrure était clairsemée, dévoilant une peau à l’aspect écailleuse et irritée. Il y avait de grandes chances que ce soit hautement contagieux et transmissible aux humains.

« Je n’aime pas ce que je vois. » Déclara Min à l’intention d’Ulysse. « Il est vraiment mal en point. Il devait déjà l’être avant l’attaque. » Il soupira. Son expérience lui disait qu’il y avait peu de chance qu’il survive. D’un autre côté, il ne pouvait pas le laisser là. Le renard allait revenir et achever le travail. « Quelqu’un a une couverture? »

@Ulysse Norrington

Min-Kyung faisait face à de nombreux problèmes. Déjà, il devait attraper l’animal sans se faire griffer ou mordre. Ensuite, il y avait cinq kilomètres qui le séparaient de sa voiture, une distance qu’il faisait aisément en 30 minutes à la course, donc peut-être le double en marchant. Il n’avait pas de cage avec lui pour le transporter et Min préférait ne pas trop penser aux dommages que le koala fera à la banquette de sa Tesla. Malgré tout, il avait fait le choix d’aider cet animal.

En l’absence de couverture, Ulysse proposa d’utiliser son propre t-shirt qu’il retira sans la moindre hésitation sous les regards étonnés de Min et de la jeune femme. Min détourna rapidement les yeux, autant par réflexe que par gêne. Ceux de la femme s’attardèrent un brin plus longtemps. Le médecin prenait soin de sa personne et ça se voyait. Min prit le t-shirt en essayant d’ignorer le fait qu’il soit trempé de sueur. Il hésita un instant, puis retira également son t-shirt, révélant un torse tout aussi musclé. Ensuite, tout se passa très rapidement. Il jeta adroitement le t-shirt sur le Koala avant de se saisir par la nuque. L’animal réagit aussitôt en grognant et en se débattant, ce que Min trouva plutôt encourageant dans les circonstances. Il était plus fort qu’il le pensait. Il utilisa les t-shirts pour restreindre ses mouvements et cacher ses yeux, ce qui, généralement, calmait les animaux.

« Je crois que c’est bon. » Il sourit. « Il est plus fort que je pensais. C’est assez bon signe, ça veut dire qu’il a encore la volonté de se battre. Ensuite, c’est une petite femelle. » Min s’adressa spécifiquement à la jeune femme. « Je vais l’amener à la clinique vétérinaire Mulligan. C’est là que je travaille. » Il donna les informations de contact si jamais elle souhaitait s’informer de l’état de santé du koala. « Si tout va bien, il sera ensuite transféré au sanctuaire pour la suite de son rétablissement et son éventuelle réinsertion dans la nature. Je ne vais pas vous retenir plus longtemps. » Elle hésita un moment comme si elle ne faisait pas vraiment confiance à Min. Elle vérifia même sur son téléphone s’il travaillait vraiment à la clinique en question. Il était sur la page d’accueil du site avec sa chatte Saja dans les bras. Rassurée, elle poursuivit son chemin, le laissant seul avec Ulysse. « Allons s’y. Nous avons quand même 5 km à faire. » 5 km qui se révélèrent être un véritable exercice d’endurance pour ses bras. Il tenait le koala pas tout à fait à bout de bras, mais pas non plus contre lui. Du coup, ses muscles étaient quand même sollicités et il le sentit rapidement jusque dans ses épaules et sa nuque.

« Attends, attends, il faut que je m’arrête, je n’ai plus de force dans les bras. » Il restait environ un tiers du parcours avant d’arriver au stationnement et à sa voiture. Il s’accroupit, posa le koala au sol. On pouvait voir ses muscles trembler sous l’effort. Il était même étonné d’avoir tenu aussi longtemps. « Pourquoi il n’y a qu’a moi que ce genre de truc arrive? J’ai déjà sorti un chaton des égouts… Combien de temps il reste avant d'arriver? »