(comic con) Il se disait que voir du monde serait la bonne idée et que voir beaucoup de monde serait la définition même d’une idée de génie. En réalité, il doute maintenant que cela ait eu quoi que ce soit d’une bonne idée à un quelconque moment de son existence, surtout maintenant qu’il se retrouve entre deux Dark Vador et une reproduction grandeur réelle du TARDIS, entre une infinité d’autres choses pour lesquelles il n’a même pas la référence. Le monde est bruyant et tout le monde est sans doute bien trop heureux pour lui et pour sa propre vision de son environnement à l’heure actuelle. Il voudrait être heureux, sincèrement, mais le monde semble s’acharner à lui rappeler qu’il n’en a pas le droit dès qu’il a l’impression de goûter un peu à ce bonheur hypothétique. Maintenant, un homme est mort par sa faute et des enfants se retrouvent sans plus aucune figure parentale. Par sa faute aussi, par extension.

Sa paille a été tournée une bonne centaine de fois autour de son cocktail au nom d’une planète inventée ou d’une autre - il ne se souvient pas du nom et, à dire vrai, il s’en moque. Il a proposé à Ruben de se retrouver dans un café du comic con simplement pour se changer les idées, pour profiter des événements en ville, et pour ne pas purement et simplement lui demander de venir chez lui - qui n’est pas vraiment chez lui, mais qui leur offre une intimité qui ne peut mener qu’à de mauvaises idées. « Tu lis les infos, Ben ? Ou tu les écoutes ? » Il ne lui a pas encore parlé de l’affaire Williams. Il l’a fait avec d’autres de ses proches, mais pas Ruben. Pas alors qu’il lui aurait sûrement demandé s’il voulait qu’il vienne et qu’Ambrose aurait sûrement répondu par la positive à son tour, sans que ce soit réellement corrélé à l’affaire: bien sûr qu’il est triste, bien sûr aussi que n’importe quelle excuse est bonne à prendre pour gagner son attention et sa tendresse. Après avoir observé son verre sous toutes les coutures, il redresse enfin son regard dans celui de son ami. « Y’a eu un dénouement dans l’affaire Williams. » Et il ne comptait pas jouer un quelconque jeu du suspens à ses côtés, ni sur ce sujet, ni sur aucun autre ; mais en particulier pas sur ce sujet, justement. Il a bien assez été tenu au courant pour savoir à quel point il a touché Ambrose, et à quel point cela a longtemps continué à le tourmenter. Il a aussi été mêlé malgré lui à toute cette affaire, en réalité, quand James l’a pris pour le coupable et lui a refait le portrait d’une façon qui rendait particulièrement peu hommage à ses traits saillants et ses doux yeux bleus. « Je t’ai pas proposé qu’on se voit pour parler de ça, c’est promis. Je l’ai appris entre-temps. » Il aurait voulu qu’ils se voient même si l’affaire n’avait pas été remise au goût du jour, il lui promet et ne veut surtout pas prendre le risque que Ruben nourrisse une telle idée absurde.

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Ruben était à peu près sur que le cocktail qu’il avait devant lui contenait tous les colorants chimiques que la carte du bar éphémère dans lequel ils se tenaient pouvait proposé. Déjà, entre le moment où il avait été apporté à leur table et maintenant, il avait changé de couleur et dès qu’il se mettait à remuer la paille à l’intérieur de son verre, il avait l’impression qu’une nouvelle nuance pouvait être perceptible. Mais étant donné qu’il avait décrété que ce n’était pas l’important du moment, il continuait de remuer distraitement alors que son regard s’était perdu un instant en direction des personnes qui naviguaient non-loin d’eux, bien plus dans leur élément qu’ils ne pourraient l’un et l’autre jamais l’être.

« Tu lis les infos, Ben ? Ou tu les écoutes ? » Lorsque la voix d’Ambrose se fit de nouveau entendre, il tourna son visage dans sa direction, un de ses sourcils s’haussant légèrement sur son visage - de manière presque imperceptible, mais il savait que le brun était assez attentif pour remarquer ce type de changement. « L’un ou l’autre, ça dépend des jours. » Il se devait de se tenir au courant de l’actualité, parce-que cette dernière avait souvent malgré tout un impact sur ses journées de travail. Pas autant que cela pouvait être le cas pour Ambrose surement, mais il ne pouvait quand même pas se permettre d’avancer sans savoir s’il n’allait pas rencontrer la moindre catastrophe une fois les pieds mis à l’hôpital. « Pourquoi ? » Cette question était en réalité rhétorique: il se tenait informé, il savait pourquoi il posait la question. Simplement, il préférait que ce soit lui qui aborde le sujet de manière frontale, ne souhaitant pas lui imposer ce dernier si ce n’était pas ce qu’il souhaitait. Il savait à quel point c’était là un point sensible pour Rose, et il n’était pas question de le blesser en jouant avec ce dernier. S’il décidait d’écarter l’idée d’en parler en cet instant, il ne lui en voudrait pas. « Y’a eu un dénouement dans l’affaire Williams. » Le regard du jeune homme était remonté dans le sien l’instant juste avant de prononcer ces paroles; il désirait donc en parler. Ruben se redressa quelque peu sur sa chaise. « J’ai vu, oui. » Et par dénouement, il était question là apparemment de quelque-chose de plutôt définitif.

« Je t’ai pas proposé qu’on se voit pour parler de ça, c’est promis. Je l’ai appris entre-temps. » Il secoua quelque peu la tête. « Te bile pas, j’ai vu. » Il ne fallait pas être un génie pour voir que la date de l’article était située après la proposition qui lui avait faite de se retourner pour boire un verre.

Verre qu’il poussa lentement d’un revers de la main pour qu’il se retire du centre de la table à laquelle ils étaient, afin d’avoir la place de croiser ses mains devant lui, laissant l’opportunité à son buste de basculer un brin vers l’avant et apporter un peu plus d’intimité à cette conversation. Il savait le sujet sensible et les oreilles indiscrètes de trop présentes partout. « Comment tu te sens ? » Il ne lui avait pas proposé qu’ils se voient pour parler de ça, mais il abordait le sujet alors c’était qu’il voulait en parler un minimum. « Est-ce que t’es… soulagé ? » De savoir que cet être de la pire espèce ne pourrait jamais plus l’importuner, là où il avait ruiné une partie de lui gratuitement qui ne pourrait surement jamais être réparée.

Il a la nette impression que Ruben s’est simplement contenté de jouer l’innocent jusqu’à ce qu’Ambrose ose cracher en premier le nom de Williams, mais ce n’est pas une idée qui est totalement pour le déranger. Il l’interprète comme une envie de bien faire de sa part, tout simplement, et cela ne peut pas être reproché à Ruben. S’il a parfois tendance à lui reprocher tous les maux du monde dès que ça peut l’arranger, ce n’est pas le cas en cet instant. « Te bile pas, j’ai vu. » que la résolution de l’affaire était postérieure à la proposition de passer un peu de temps ensemble. Ambrose hoche la tête sans chercher à cacher à quel point il est justement rassuré sur ce point ; non sans noter que Ruben a pris le temps de lire l’article au point d’en connaître sa date de parution. « Tant mieux. » Il commente sobrement pour ne pas surinterpréter les choses, mais au moins pour lui faire comprendre qu’il est bel et bien rassuré. Après tout, il se sent bien assez coupable de limiter leurs entrevues à des moments en journée depuis des semaines pour ne pas vouloir en rajouter une couche.

Avant d’ajouter ses propres questions à la discussion, Ruben prend la peine de se rapprocher de Constantine, ce que ce dernier interprète aussitôt comme une envie de ne pas laisser leurs mots fuiter jusqu’à des oreilles curieuses. Et de toute évidence, cela convient à Ambrose. « Comment tu te sens ? » On a beau lui avoir posé la question à plusieurs reprises sur ce même sujet, il ne sait toujours pas comment aborder la réponse. « Est-ce que t’es… soulagé ? » Son regard remonte aussitôt dans celui de Ruben, dont le visage n’avait pas été aussi proche du sien depuis bien longtemps. « Non. » Saül ne l’a pas touché depuis deux ans ; ce n’est plus un problème qui avait une quelconque actualité dans sa vie. Les retombées de l’affaire, ça oui, mais rien du reste. Il n’est pas en droit de se sentir soulagé de la mort d’un homme qui ne lui a plus fait le moindre mal depuis autant de temps et qui, à défaut de se tenir à carreaux de façon générale, se tenait au moins à carreaux d’Ambrose. « Il avait des gamins, Ben. » Il n’est pas désolé de la mort de Saül parce qu’il est convaincu qu’une personne telle que lui ne manquera pas au monde, mais il sait malgré tout qu’il manquera à ses enfants qui verront toujours en lui un père avant de voir l’homme qu’il est vraiment. Et à la façon dont il parle d’eux, avec une voix un brin chevrotante, Ruben comprendra sûrement où il veut en venir. « Il s’est tué avec sa femme. » Il a sûrement lu l’article dans son entièreté, mais il a besoin de le préciser. Il a besoin de trouver le courage de le dire à voix haute, aussi. « Ils sont orphelins. » Par sa faute. Il est un orphelin qui en a créé d’autres, et s’il croyait en la destinée, Ambrose y verrait une putain d’ironie. « Il était ignoble, mais les gamins méritaient pas d’être des dommages collatéraux. » S’il en avait eu les épaules, il se serait sûrement intéressé à leur sort et si ce dernier s’était résumé à devenir des enfants du système, Ambrose aurait fait tout ce qui est en son possible pour les adopter. A défaut que cette théorie tienne moindrement la route, il se raccroche à l’idée que tout va sûrement très bien pour eux - et non, il ne veut pas s’en assurer avec des preuves et des faits, parce que l’idée qu’il puisse avoir tort sur ce point le terrifie. « Je me sens coupable et je le déteste encore plus pour ça. » Parce qu’il sait que dans les faits, il n’y a rien dans cette histoire dont il devrait se sentir coupable. Ses choix ont été peu judicieux, mais rien qui puisse nourrir de la culpabilité. « Je sais pas comment on peut être égoïste à ce point. Il savait très bien qu’il les laissait derrière lui. » Ambrose est de ceux qui pensent qu’être parent n’est pas donné à tout le monde, et cet exemple en est une preuve supplémentaire. « J’aurais jamais cru parler de lui après toutes ces années. » Il souffle enfin, conscient de ne même pas avoir énoncé tous les faits à Ruben, dont il finit par prendre une main et occuper les siennes en traçant des lignes imaginaires contre sa paume. Il profite de sa présence et il profite aussi d’une excuse pour occuper son regard ailleurs que dans le sien. « C’est juste comme si tout était voué à se répéter. » Ruben et lui, l’omniprésence de Saül. Mavis et lui, aussi, même si elle est en présence de Ruben celle dont le nom ne doit pas être prononcé ; comme c’est le cas pour Ruben en présence de Mavis, ironiquement.

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Ambrose hocha la tête dans la foulée des paroles de Ben, et ce dernier fut bien content qu’il ne remette pas ses paroles en question - au moins sur ce point. Disons que ces derniers temps, certains avaient plus de mal à lui faire confiance que d’autres, et il savait malgré tout que Rose faisait partie de cette catégorie. Qu’il lui accorde aussi facilement la croyance en cet instant faisait bien, égoïstement. « Tant mieux. » Ce fut à son tour d’hocher légèrement la tête.

Il ne lui avait pas demandé de se voir aujourd’hui pour en parler, mais il le faisait quand même; et ce serait idiot de sa part de croire que Ben ne s’enfoncerait pas dans cette brèche, même si cette dernière était minime. Bien sur qu’il tendrait la perche de le laisser s’exprimer sur la question, s’il le souhaitait, ce n’était pas une question à se poser de son côté. Bien sur en revanche aussi qu’il lui demanderait comment il se sentait, parce-qu’il ne savait agir autrement que de s’inquiéter un minimum pour lui - surtout dans ces circonstances là. Sa première réponse fut sans appel. « Non. » Et au regard qu’il lui lançait, peut-être n’aurait-il pas du suggérer le fait que la nouvelle pouvait être bonne pour lui. « Il avait des gamins, Ben. Il s’est tué avec sa femme. » Il se mordit quelque peu la langue pour se rappeler de ne pas prendre un ton trop dur avec lui; parce-qu’à la voix que prenait Ambrose sans le faire exprès à aucun moment, il savait que c’était là un des points qui ne pourrait pas lui permettre d’être totalement en paix avec cette disparition. « Je sais, j’ai lu l’article. » Il connaissait donc la situation familiale de l’animal. « Ils sont orphelins. » - « Rose… » Qu’il souffla doucement, parce-qu’i voyait dans son regard autant qu’il le percevait dans le ton de sa voix ce qu’il se passait dans l’esprit du jeune politicien. Il le connaissait assez pour comprendre où il voulait en venir. « Ne glisse pas dans cette direction. » C’était autant une suggestion qu’un ordre dissimulé: ce n’était pas nécessaire qu’il le fasse. « Il était ignoble, mais les gamins méritaient pas d’être des dommages collatéraux. »

« Je me sens coupable et je le déteste encore plus pour ça. » C’était de cette direction là qu’il parlait, justement. « Je sais pas comment on peut être égoïste à ce point. Il savait très bien qu’il les laissait derrière lui. » Il le laissa attraper sa main et jouer avec cette dernière sans faire la moindre remarque, sans se défaire du contact non plus. « J’aurais jamais cru parler de lui après toutes ces années. »

« C’est juste comme si tout était voué à se répéter. » - « Ambrose, écoute moi. » Ruben arrêta les mains du plus jeune en posant sa deuxième sur l’union que formait leur contact au centre de la table, exerçant une légère pression rassurante sur ces dernières. Il souffla quelque peu; il ne voulait pas en parler mais en avait besoin apparemment, plus qu’il ne pouvait s’en rendre compte. « Je sais que je vais paraitre dur dans mes propos, mais je veux que tu m’écoutes jusqu’au bout sans m’interrompre. » Il pencha quelque peu sa tête, pour tenter de capter son regard au mieux. « Il mérite ce qui lui est arrivé. » Sa voix était posée, ses mots étaient assurés. « Et tu n’es pas responsable de ça. » Parce-que le noeud du problème était là: il se croyait responsable de cette chute sans filet de sécurité. « D’accord, ses enfants méritent pas de devenir orphelins. Mais si je me souviens bien, l’un d’eux a été maltraité par lui aussi, non ? » Il avait lu les articles, il s’était renseigné, mais parce-qu’Ambrose n’avait pas voulu en parler en détails il ne lui avait pas demandé de détails supplémentaires. L’article qu’il avait fait paraitre était cependant assez explicite. « Ca permettra surement d’éviter que les plus jeunes aient à subir la même chose. » C’était une maigre consolation, mais c’était toujours mieux de s’accrocher à ce genre de résultats qu’à autre chose - surtout dans le cas présent pour Rose qui projetait de trop les choses sur sa propre histoire et son propre ressenti. « Je sais que ça te fait mal parce-que tu te mets à leur place, mais c’est pas la même chose. Je te promets que c’est pas la même chose et que c’est pas ta faute. »

« Je sais, j’ai lu l’article. » Mais Ruben, justement, s’est contenté de lire. Il n’a pas vécu les choses de l’intérieur, il n’a même rien vécu du tout. Il est devenu le dommage collatéral de cette histoire sans rien avoir à se reprocher, mais c’est aussi justement ce qui le pousse sans doute à avoir un regard particulier sur l’affaire. « Rose… » Un regard qui le pousse à être plus intransigeant que quiconque, sans doute. La façon qu’il a de prononcer son prénom n’en est qu’une preuve de plus. « Ne glisse pas dans cette direction. Il était ignoble, mais les gamins méritaient pas d’être des dommages collatéraux. » - « Tout comme ils méritent pas d’être baladés dans le système. » Ce qui lui serait arrivé à lui aussi, si Norman n’avait pas été là pour lui et sa fratrie. Peut-être qu’il aurait pu devenir un père pas si mauvais ; peut-être qu’il aurait effectivement été une ordure avec les plus jeunes comme il l’a été avec l’aîné. Ambrose ne le sait pas, mais Ruben le sait tout aussi peu.

« Ambrose, écoute moi. » Il ralentit le rythme de ses doigts contre sa peau avant de totalement l’immobiliser lorsque Ruben prend à son tour ses mains dans les siennes. Bien malgré lui, et malgré son manque d’envie quant à l’idée de l’écouter tout en anticipant aisément ce qu’il va lui dire, Ambrose s’exécute. Il devient parfaitement silencieux. « Il mérite ce qui lui est arrivé. » - « Ben… » Il souffle, le ton aussi accusateur qu’il se veut fatigué. Il n’était pas un homme bien, mais jamais il ne pourrait dire de quiconque qu’il méritait de mourir. Jamais il ne devrait être entendu en train de souhaiter la mort d’un autre non plus. « Et tu n’es pas responsable de ça. » Ca, au moins, il le sait. Tout au fond de lui, il en est bien conscient. Tout au fond, il sait qu’il se fait des nœuds à l’estomac pour une histoire dans laquelle il ne se rend pas coupable de la mort de ces personnes. « Je sais que ça te fait mal parce-que tu te mets à leur place, mais c’est pas la même chose. Je te promets que c’est pas la même chose et que c’est pas ta faute. » Il lâche les mains de Ruben et balance sa tête en avant, ses doigts remontant le long de ses cheveux en même temps qu’il se permet de fermer les yeux. « Tu cacherais un corps avec moi si je te le demandais. » Il souffle encore plus bas, avant de relever son regard dans le sien. Ce n’est pas un reproche, ce n’est que sa vision des faits: s’il lui faisait une telle demande, il serait qu’il aurait l’aide de Ruben. Et peu importe ce que cela pourrait signifier sur un spectre plus large ; en ce qui les concerne en cet instant, cela veut surtout dire que Ruben n’est pas le moins du monde objectif. Et ce n’est pas grave, c’est sans doute aussi ce qui constitue une partie des raisons pour lesquelles Ambrose l’apprécie tant. « Et t’as sans doute déjà rêvé qu’il meure. » Ce qui n’est pas un reproche non plus, parce qu’Ambrose en a pensé tout autant certaines fois, pour des raisons à peine différentes. « Tu sais que ironiquement, c’est grâce à lui si on a repris contact ? » Ou sans doute plutôt grâce au coup de poing que James lui a donné, mais il découle de l’affaire en question. Par extrapolation, tout est donc grâce à Saül, et cela tire un rire nerveux au plus jeune, avant qu’il ne l’arrête aussitôt. « Il est sûrement croyant. » Ce il dont il refuse de prononcer le prénom à voix haute. « Parce que y’a qu’un espoir du Paradis qui aurait pu le pousser à me mettre sur son putain de testament. » Un second rire s’ajoute à la discussion, tout aussi faux que le premier avant lui. « Devenir riche grâce aux testaments, c’est apparemment mon occupation de l’année. » Norman, Saül. Quelle ironie d’en venir à les lier dans une seule et même phrase. « Si tu veux partir un week-end, je peux te payer l'hôtel trois étoiles. » Et sur ce point, Ruben sait à quel point il revient de loin.

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« Tout comme ils méritent pas d’être baladés dans le système. » - « On est d’accord là dessus. Mais c’est peut-être mieux pour eux. » Même s’il était toujours difficile de déterminer ce qui pouvait vraiment être mieux pour des enfants qui venaient de perdre leurs parents, au moins à être intégrés au système social ils ne pourraient subir la violence de ceux qui étaient supposés les protéger. Ce n’était pas l’idéal parce-que d’autres choses pourraient leur arriver sur leur parcours, mais c’était toujours un danger de moins sur ce dernier.

« Ben… » Il savait, il savait - ce n’était pas pour autant qu’il n’allait dire ce qu’il souhaitait lui dire, parce-qu’il était important que Rose l’entende à haute voix. De quelqu’un en qui il avait confiance, qui plus était - il était tout à fait conscient d’user de cette partie là présentement - pour que les informations puissent être davantage comprises de son côté. Lentement finalement, le brun face à lui finit par retirer ses mains des siennes pour les récupérer, dérobant désormais son regard au sien. « Tu cacherais un corps avec moi si je te le demandais. » Pinçant ses lèvres, Ben fit une petite moue plutôt entendue en haussant quelque peu les épaules. « Sans doute oui. » Il n’y avait pas de doute à avoir; malgré toutes ses lignes de bonne conduite par lesquelles il disait agir, s’il l’appelait une nuit pour cacher un corps il serait capable d’être celui amenant le détergeant pour être sur qu’ils ne se fassent pas attraper derrière par les forces de l’ordre.  « Et t’as sans doute déjà rêvé qu’il meure. » Il eut un rire amer soufflé par les narines. « J’aurais caché son corps à lui avec toi pour sur. » Bien sur qu’il avait songé plus d’une fois que la vie serait surement mieux s’il était mort; il l’avait souvent songé pour envisager apaiser le quotidien d’Ambrose, surtout, et pour retirer de ce décor l’élément qui avait été une monstruosité pour lui. Il soupira quelque peu. « Bien sur que j’ai déjà rêvé qu’il meure, et tu sais pourquoi. » Ils n’auraient pas de débat sur cette partie là de la conversation.

« Tu sais que ironiquement, c’est grâce à lui si on a repris contact ? » Il haussa un sourcil, avant de lever quelque peu les yeux au ciel et d’étirer un sourire faussement ravi dans la foulée. « Ma mère était ravie de voir que mon visage était intact à Noël cette année, tu remercieras ton frère de pas avoir renouvelé l’expérience. » Parce-qu’il préférait encore faussement en rire de cette façon là. « Elle m’a demandé de tes nouvelles d’ailleurs. » Sa mère. « Et j’aurais préféré que ce soit pas grâce à lui qu’on reprenne contact, mais j’ai pas besoin de l’expliciter je pense ça. » Ambrose serait surement d’accord avec lui de toute manière.

« Il est sûrement croyant. Parce que y’a qu’un espoir du Paradis qui aurait pu le pousser à me mettre sur son putain de testament. » Si cela extirpa un rire chez Rose, ce ne fut en rien le cas chez Ben. « Comment ça ? » Cette partie là de la discussion n’était pas des plus amusantes, à ses yeux. « Devenir riche grâce aux testaments, c’est apparemment mon occupation de l’année. Si tu veux partir un week-end, je peux te payer l'hôtel trois étoiles. » Le docteur n’avait pas du tout envie de rire à cette proposition là, parce-qu’elle comportait tellement de problèmes qu’elle poussait sous le tapis comme si de rien n’était. « Pas que j’ai pas envie de passer un weekend avec toi, » Ambrose devait se douter que ce n’était pas la partie de ses paroles qui posait problème. « mais j’ai pas envie que tu me paies un hôtel, Rose. Tu parles de quoi quand tu dis qu’il t’a mis dans son testament ? T’es sérieux ? » Et sa voix comportait de l’inquiétude lorsqu’il posait la question. Ne l’avait-il pas déjà assez fait souffrir, lorsqu’il était en vie, en profitant de lui ? Fallait-il que cet abominable créature profite de sa mort pour continuer de porter des coups en direction d’un jeune homme qui aurait surement eu une vie bien plus paisible si leurs chemins ne s’étaient pas rencontrés ? Alors autant que la voix qu’il laissait entendre, le regard que Ruben posa sur le visage du brun était empli d’une inquiétude qu’il n’avait aucune envie de dissimuler.

Il n’avait pas besoin de la confirmation de Ruben lorsqu’il est question d’un possible hypothétique corps à cacher: Ambrose sait déjà qu’il a raison sur ce point, et il n’a aucune envie de le lui prouver d’une quelconque manière. « J’aurais caché son corps à lui avec toi pour sur. » - « Pas besoin, Ben. » Ni pour Saül, ni pour n’importe quelle personne qui pourrait nuire à Ambrose un jour de son existence. Ce n’est pas parce que le problème Williams a été réglé par le premier intéressé que d’autres ne pourraient pas se présenter à l’avenir, raison pour laquelle Ambrose tente d’anticiper le problème et ainsi enlever toute possible mauvaise idée de l’esprit de Ruben. « Bien sur que j’ai déjà rêvé qu’il meure, et tu sais pourquoi. » Il sait pourquoi, oui. Il sait aussi qu’il n’a aucune envie d’aller plus loin dans ce genre de conversation, encore moins alors qu’ils sont au beau milieu d’un festival qui englobe des personnes jeunes et insouciantes.

« Ma mère était ravie de voir que mon visage était intact à Noël cette année, tu remercieras ton frère de pas avoir renouvelé l’expérience. » Et s’il ouvre un instant la bouche pour lui dire que son intention n’était pas de ramener ce sujet exact sur la table, il la referme à la seconde où Ruben embraye sur la suite. « Elle m’a demandé de tes nouvelles d’ailleurs. » - « Quoi ? » Il rétorque simplement, sans cacher une once de la surprise qu’il éprouve sur ce point. A dire vrai, il ne savait même pas que la mère de Ruben connaissait son existence, raison pour laquelle il trouve d’autant plus étonnant qu’elle puisse même demander de ses nouvelles. Presque comme si elle s’en faisait plus pour lui que Ruben, ironiquement. « Qu’est-ce qu’elle connait de moi ? » Et surtout, qu’est-ce qu’il a accepté de lui dire et de ne pas lui dire ? Est-ce qu’elle sait que lui et son fils ont été proches, à une époque où c’était encore officiel ? Est-ce qu’elle sait qu’ils ont repris contact ? Est-ce qu’elle sait à quel point ils ont repris contact ? Il rigole en son fort intérieur : non, bien sûr que non. Ce n’est pas le genre de choses qu’on confie à sa propre mère, de toute évidence.

Même s’il est loin de prendre plaisir à avoir cette discussion avec Ruben, il profite malgré tout de l’occasion pour aborder le sujet dans sa globalité, ce qui va de pair avec la nécessité de lui parler du testament sur lequel le Williams n’a pas eue de meilleure idée que de le mettre dessus. « Pas que j’ai pas envie de passer un weekend avec toi, mais j’ai pas envie que tu me paies un hôtel, Rose. Tu parles de quoi quand tu dis qu’il t’a mis dans son testament ? T’es sérieux ? » L’inquiétude se lit désormais aisément sur son visage sans que Rose ne veuille la laisser s’étendre. Le sujet ne leur rend pas heureux, mais il n’y a rien qui nécessite qu’on s’inquiète. « J’étais aussi étonné que toi. » Mais oui, il est sérieux. Une fois la paperasse remplie, il sera riche sans avoir levé le petit doigt. « Mais on parle de plusieurs millions. » Plusieurs millions qui seront bientôt siens, et auxquels il refuse de toucher tant l’idée le répugne. « Mais tu dis pas non à un week-end, alors ? » Il tente de garder la face avec un sourire en coin, pourtant sincèrement intéressé par l’idée de passer un peu de temps privilégié avec Ruben, sans avoir le moindre intérêt pour savoir qui de l’un ou de l’autre paiera les nuitées. Maintenant, cela représente bien le cadet de ses problèmes. « Je t’en parle parce que ça te regarde à un certain niveau, tout ça, mais j’ai pas envie que ça implique quoi que ce soit de ta part Ben. » Pas de commentaires, pas de longues discussions, pas de recherches de “solution”. Il voulait qu’il sache et il voulait qu’il l’apprenne de sa bouche seule, mais le reste il a seulement envie de tourner la page.

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« Pas besoin, Ben. » Il se contenta d’hausser les épaules de façon nonchalante. « Je le ferai quand même. » Même si ce n’était présentement pas nécessaire, il n’avait pas de problème à lui souligner qu’il le ferait dans tous les cas s’il lui demandait. C’était Ambrose, bien sur qu’il se salirait les mains pour lui. Mais comme ce n’était pas le cas et que Williams avait trouvé une solution tout seul aux problèmes qu’il causait aux autres, ils pouvaient se permettre de se concentrer sur d’autres points dans leur conversation. Ruben n’appréciait pas spécialement que ce soit grâce à lui d’ailleurs, d’une façon ou d’une autre, qu’ils aient repris contact mais il se devait de se rendre à l’évidence et plutôt que de râler sur ce point là, apprécier le fait que ce soit le cas. Parce-qu’il était vrai qu’elle était bien douce, la compagnie d’Ambrose, qu’importait la période de temps à laquelle il se référait cette vérité restait immuable elle.

« Quoi ? » La surprise fut de mise dans la réaction de Rose, et peut-être qu’il haussa un sourcil un brin surpris aussi de son côté. « Quoi, quoi ? » Il n’arrivait pas à comprendre quelle partie pouvait lui sembler problématique. « Qu’est-ce qu’elle connait de moi ? » Sur cette partie là, donc. Bien sur que cela arracha un petit rire passablement adorable à Ruben, qui ne cacha pas le sourire que la réaction et la pointe d’une panique non-nécessaire pouvait se faire voir dans la réaction d’Ambrose. « Respire, veux tu. » Il s’amusait un instant de la situation, parce-que dans cette conversation cela ne faisait pas de mal d’avoir un sujet sur lequel ils pouvaient relâcher un peu. « C’est ma mère Ambrose, bien sur qu’elle te connaît déjà pour commencer. » Ruben était le petit à sa maman, il ne s’en cachait pas et n’en avait jamais eu honte. « Et elle connait que la belle partie. » Le regard qu’il lui lança était entendu: il pouvait mettre de côté toute la partie qui concernait la raison de leur séparation de l’époque et de la manière dont ils se retrouvaient parfois de temps à autres dans le temps présent. « Mais elle connait tout le reste. Je crois même qu’elle garde les coupures des journaux dans lesquels t’es mentionné. » Il leva les yeux au ciel, mais son petit sourire en coin était plein d’affection; parce-que même si c’était pas que pour de belles choses surtout dernièrement qu’il apparaissait dans les journaux, il savait que sa mère faisait ça pour les bonnes raisons. « Tu pourrais venir déjeuner avec moi un jour, elle serait contente de te rencontrer. » Premier degré.

Il avait eu raison de profiter de la légèreté qu’avait pu apporter la partie précédente de leur conversation, parce-que ce que lui annonça Ambrose par la suite n’allait pas permettre que ce soit le cas. L’inquiétude était de mise dans la réponse qu’il procura au brun, parce-que ce n’était pas le cycle normal de recevoir un héritage de la part de quelqu’un qui vous avait agressé quelques temps auparavant. « J’étais aussi étonné que toi. » Il haussa un sourcil: simplement étonné ? « Mais on parle de plusieurs millions. » Il secoua quelque peu la tête tout en reculant cette dernière, tant il était perturbé par ce que lui annonçait là Rose. « Je comprends pas pourquoi c’est toi qui en hérite alors qu’il a des enfants. » Pas qu’il ne méritait pas tout l’or du monde, mais il ne comprenait pas pourquoi l’autre avait agi de la sorte; pour continuer de se vanter en continuant de piétiner le moral du jeune homme ?

« Mais tu dis pas non à un week-end, alors ? » Ruben pencha quelque peu la tête sur le côté en lui lançant un regard un brin blasé, parce-que ce n’était pas du tout sur cette partie là de la conversation qu’il s’attendait à ce qu’il s’arrête. « Ambrose. » - « Je t’en parle parce que ça te regarde à un certain niveau, tout ça, mais j’ai pas envie que ça implique quoi que ce soit de ta part Ben. » Cela eut au moins le mérite de lui faire fermer son clapet d’un coup sec, sa langue venant claquer contre son palais, son visage se secouant quelque peu de gauche à droite. S’il ne voulait pas en parler, et qu’il ne désirait pas qu’il l’aide à faire quoi que ce soit de cette information, il ne pouvait pas le forcer à ce que ce soit le cas. Même si ça le frustrait, bien sur, il se devait de passer à autre chose.  Laissant passer un instant de silence, et un soupire, il reporta son regard vers lu. « Tu sais bien que je dis jamais non à un peu de temps privilégié avec toi, Rose. » Il tentait de retirer toute trace d’inquiétude qui l’animait pourtant toujours dans sa voix. « Si t’es pas trop occupé à profiter d’une autre compagnie, ceci dit maintenant. » Et bien sur que si la partie précédente de la conversation ne l’avait pas laissé avec autant un gout amer en bouche, peut-être qu’il se serait restreint et n’aurait pas laissé ce commentaire là échapper de cette façon là. Parce-qu’il était mal placé pour se permettre de lui souligner de la sorte, dans un premier temps, et surtout parce-qu’Ambrose ne lui devait aucune explication. « Ca fonctionne comment, entre elle et toi, d’ailleurs ? Elle a refusé de m’en parler et elle t’a laissé la tâche ingrate de le faire. » Haussant un sourcil, il fit rouler ses lèvres l’une sur l’autre.

Le rire de Ruben est généralement rassurant, mais dans le cas présent il n’empêche pas Ambrose de se pincer les lèvres un seul instant. « Respire, veux tu. » Il reste suspendu à ses lèvres et surtout aux explications demandées qui tardent à arriver : dans quel contexte sa mère a entendu parler d’Ambrose ? « C’est ma mère Ambrose, bien sur qu’elle te connaît déjà pour commencer. » Il n’est pas certain de ce bien sûr qu’il ajoute avec un naturel déconcertant, mais il n’a rien à en redire non plus. « Et elle connait que la belle partie. » Elle ne sait pas qu’il a falsifié la réalité pour avoir le droit à son bonheur auprès de Ruben, à l’époque, et c’est tant mieux. Elle ne sait pas non plus que son fils préféré n’est pas aussi parfait qu’il veut lui faire croire, et l’idée qu’ils continuent de passer du temps ensemble comme ça n’a apparemment pas le droit d’être qualifié de belle partie. La remarque glisse et Ambrose n’en dit rien. Il n’aurait rien à en dire, justement, de toute façon. C’est une belle partie à ses yeux à lui, mais ça ne peut pas en être une pour le mari adultère. Il connaît la chanson. « Mais elle connait tout le reste. Je crois même qu’elle garde les coupures des journaux dans lesquels t’es mentionné. » La précision lui arrache un rire surpris mais non moins attendri. Pour lui qui manque de figure maternelle bien plus encore qu’il ne manque de figure paternelle, ça a tout pour le toucher sans même qu’il le désire. « Tu pourrais venir déjeuner avec moi un jour, elle serait contente de te rencontrer. » A cette remarque, pourtant, il se redresse et s’écarte doucement de Ruben, sans doute pour avoir une meilleure vue d’ensemble sur son visage qu’il aime tant. « Ça serait chercher les problèmes, Ben. » Qu’en penserait Nina ? Elle finira forcément par découvrir qu’il n’est pas le mari idéal et elle n’en sera que d’autant plus en colère quand elle comprendra qu’au moins une des personnes faisant lieu d’amant a été invitée à manger avec sa propre mère. Et ça, il ne pourrait jamais le reprocher à Nina, tout comme il n’a aucune envie de lui donner des raisons supplémentaires de le détester le jour venu.

« Je comprends pas pourquoi c’est toi qui en hérite alors qu’il a des enfants. » Il souffle doucement, conscient de l’avis de Ruben sur le sujet. « Je comprends pas non plus. » qu’il se contente d’ajouter sans plus amples explications. Après tout, il n’en a pas à sa disposition. Il ne sait pas pourquoi il a encore pensé à lui avant de mourir et, à dire vrai, il n’a aucune idée de le savoir. Il ne comprend pas, mais il n’a pas envie que cette histoire aille plus loin, et encore moins que Ruben joue au justicier. Saül est mort, l’histoire sera enterrée avec lui. Quand le temps aura fait son œuvre, tout ira mieux.

Après avoir attrapé la perche tendue à l’idée de passer du temps ensemble, rien que tous les deux et sans avoir à se cacher, Ambrose n’est pas étonné du soupire du chirurgien. Il n’y a que Ruben pour soupirer face à tant d’amour, sans doute. « Tu sais bien que je dis jamais non à un peu de temps privilégié avec toi, Rose. » Et il n’y a que lui pour transformer un soupire en une confirmation que ce moment pourrait avoir lieu, ce qui pousse Ambrose à sortir son téléphone de sa poche pour qu’ils puissent s’accorder sur une date en particulier. Il ne veut pas rater cette opportunité. « Si t’es pas trop occupé à profiter d’une autre compagnie, ceci dit maintenant. » Aussitôt, il relève son regard sur Ruben et éteint son téléphone dans le même élan. Son visage se referme et l’idée de passer tout un week-end seul avec lui ne l’attire déjà plus autant. « Ca fonctionne comment, entre elle et toi, d’ailleurs ? Elle a refusé de m’en parler et elle t’a laissé la tâche ingrate de le faire. » - « Et tu t’es dit que si le premier te donnait pas ce dont t’avais envie, t’allais aller gratter chez le second ? » Ce qui résume sans doute déjà ce qu’il fait avec eux, à partager son emploi du temps entre ses amants et sa femme. Peut-être même qu’il choisit à qui proposer une soirée selon ce dont il a envie - et dans le fond, Ambrose sait que le “peut-être” n’a même pas lieu d’être : bien sûr qu’il réfléchit de cette façon. « Je savais pas que tu la connaissais. C’est tout ce que t’as besoin de savoir. » C’est tout ce qu’il a envie de dire, surtout, encore plus alors qu’il a du mal avec les mots mêmes choisis par Ruben, comme s’il essayait de mettre Mavis et Ambrose à dos. « Et j’ai quand même toujours envie de te voir. » Ca aussi, il le souligne. Son intérêt n’est pas passé de l’un à l’autre, pas à un seul instant. Il s’est maudit pour ne pas avoir choisi un chemin facile, mais il ne s’est jamais dit qu’il pourrait tourner la page sur Ruben, enfin. Il l’a souhaité, il s’est souvent dit que cela simplifierait beaucoup les choses, mais il n’est jamais allé plus loin que quelques pensées à ce sujet : rapidement, il s’est toujours souvenu des raisons pour lesquelles il aime autant la compagnie du brun, et ce depuis si longtemps. S’ils n’étaient pas dans un lieu public, il aurait profité de ses mots pour les lui assurer d’un baiser, lequel il se voit de contenir bien malgré lui, occupant donc sa langue en la passant par-dessus chacune de ses dents. « J’ai pas cherché à compliquer les choses. » qu’il avoue ensuite, penaud. Il n’a pas non plus cherché à mettre des limites entre Mavis et lui quand il a compris qui elle était vraiment pour Ruben, mais peu importe. « Tu sais ce que je pense de toi. » Ambrose reprend, son regard posé sur un bout du sol sur lequel il ne fait même pas le focus. Il sait que les oreilles traînent et n’osent même plus utiliser le mot ressentir, mais il sait aussi avoir dit les mots sans censure à Ruben bien assez de fois pour qu’il les comprenne. Ses sentiments restent inchangés pour lui, et c’est tout ce qui devrait lui importer.

tendencies on repeat

@ambrose constantine

lieu: comic con, nerdapalooza - event d'avril.
(c): jcnginkim (gif), luleaby (codage).

***
Parler de sa mère était toujours quelque-chose d’agréable pour lui. Il avait grandi avec l’amour et l’adulation constants de cette dernière envers sa propre personne, alors il ne voyait aucun inconvénient de la mention et de faire tourner une partie de la discussion autour d’elle. Il savait que les choses n’étaient pas avec une vision similaire du coté de Rose, mais s’il le désirait il n’aurait qu’à souligner qu’il n’avait pas envie de glisser sur ce terrain là; promis Ben ne lui en voudrait pas. La surprise laissa place à un certain attendrissent - Dieu que ce trait là lui allait si bien -, pour permettre finalement par la suite à une certaine consternation prendre la place sur les traits de son visage. Il haussa un sourcil. « Ça serait chercher les problèmes, Ben. » Il pencha quelque peu sa tête sur le côté. « Pas si c’est elle qui propose. » Et il n’aurait aucun mal à faire en sorte que sa mère glisse elle-même l’idée - autant pour une déjeuner chez eux Kilcoy qu’une des fois où elle passait en ville et en profitait pour voir ses petits protégés. « Je dis juste qu’elle serait contente de pouvoir te rencontrer, c’est tout. » Elle lui avait déjà mentionné que c’était le cas déjà des années auparavant, mais cela avait mieux valu être évité; et puis leur histoire avait pris fin par la suite, alors elle n’avait pas creusé l’idée plus loin par la suite. Ruben savait qu’elle était de nouveau curieuse mais qu’elle gardait ses commentaires et questionnements pour elle autant que possible.

« Je comprends pas non plus. » Il laissa un soupire lui échapper à son tour alors qu’il serrait peut-être un brin de trop les dents pour que ce soit raisonnable. « C’est pas sain. » Il le savait, il savait qu’il le savait mais il se devait de le souligner à ses yeux. Celui qui avait fait de sa vie en partie un enfer continuait de s’amuser de lui même outre-tombe - ce n’était pas sain. « Et t’as accepté quand même ? » Là était tout un autre questionnement, et il était à peu près sur que le jeune homme balayerait ses questionnement d’un revers de la main sous couvert de ne pas désirer ne parler - il pourrait relancer le sujet plus tard, s’il le désirait.

Pour le moment de toute façon, la conversation avait laissé place à tout autre chose, que Ruben aurait pu ne pas amener sur le tapis. C’était plus fort que lui, et Ambrose se devait de se douter d’une certaine manière qu’il aurait abordé la question un jour ou l’autre. Il lui faudrait juste revoir ses transitions, il n’était pas le plus doué en la matière surtout lorsqu’il discutait avec le brun. Verrouillant son téléphone qu’il avait sorti à l’idée de programmer un temps privilégié en dehors de la ville surement, il voyait bien que la façon dont il abordait la conversation ne lui plaisait pas. Il passa outre. « Et tu t’es dit que si le premier te donnait pas ce dont t’avais envie, t’allais aller gratter chez le second ? » - « Je t’ai dit: c’est son idée, pas la mienne. » Même s’il aurait agi comme ça dans tous les cas et même si elle ne lui avait pas plus que suggéré l’idée; mais ici il se dédouanait sans aucun scrupule. « Je savais pas que tu la connaissais. C’est tout ce que t’as besoin de savoir. » Il pinçait ses lèvres, jouait presque nerveusement du bout des dents avec ces dernières, se retenait de laisser tous les commentaires qui passaient dans son esprit se frayer un chemin jusqu’à ses cordes vocales. Il jugeait que c’était peut-être là tout ce dont il avait besoin de savoir, mais ce n’était pas ce qu’il ressentait avoir besoin de savoir. Ruben en voulait plus, bien sur qu’il en voulait bien plus: il ne savait se rassasier de si peu. « Et j’ai quand même toujours envie de te voir. » - « Joue pas la corde sensible comme ça. » Parce-que même si elle était bien cachée, lorsqu’il s’agissait de Rose, elle existait bien sur réellement chez lui.

« J’ai pas cherché à compliquer les choses. » - « Je sais. » Il en état même certain, et cela avait à voir avec la phrase que le brun lui adressa par la suite, sans oser un regard dans sa direction. « Tu sais ce que je pense de toi. »

Faisant rouler ses lèvres l’une sur l’autre, et se penchant un brin en avant, il releva le menton du jeune homme pour que son regard revienne dans le sien. Il le fit en attrapant sa mâchoire avec délicatesse de son pouce et son index, dans un geste lent pour eux mais qui paraissait être un rien et effectué à la va-vite pour le reste du monde qui circulait autour. « Elle va te bouffer, Rose. » Ses émeraudes allaient et venaient d’un oeil à l’autre d’Ambrose, sans essayer de masquer ce qu’il pouvait vraiment penser de la situation: il n’était pas heureux de savoir que Mavis et lui puissent batifoler en à côté - c’était son côté jaloux ça -, mais ce n’était pas la seule chose qu’il laissait entrapercevoir ici. Elle le boufferait vraiment, tout cru, et s’il n’était pas prévenu cela pourrait lui faire énormément de mal à la fin. Il en connaissait un rayon, malgré lui, malgré ses précautions prises depuis le début. « Fais attention qu’elle ne joue pas trop avec toi s’il te plait. » Et il était on ne pouvait plus sérieux, pour une fois. Il finit par se reculer de nouveau. « Ca complique forcément quand même les choses. » Il dodelina de la tête. « Je sais que c’est pas ma place mais j’aime pas ça. L’idée que tu la connaisses. » Il l’enverrait voir ailleurs s’il le voulait, mais cela soulignait un quelque-chose qu’il ne prononcerait pas pour deux raisons ici: ils étaient en public et de toute manière, Ruben n’étant pas Ambrose, il ne lui soulignait pas tous les quatre matins l’importance qu’il pouvait avoir à ses yeux comme cela pouvait être le cas dans le sens inverse. « Et je sais que tu vas détester que je le dise quand même. » Il manquait le petit mot d’excuse à la suite pour que sa phrase soit complète, mais c’était presque un début de quelque-chose.