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Megan Williams & @Wendy Craine

M’échapper de l’appartement, quel que soit le prétexte, me semble ces derniers temps avoir des allures d’aubaine. Si bien que, lorsque Mackenzie a proposé sur la conversation de groupe que nous partageons toutes les cinq - petit groupe hétéroclite de filles amies de plus ou moins longue date, nous nous sommes trouvées au fil du temps - je n’ai pas hésité plus de quelques minutes avant d’enfiler une tenue simple - mais griffée - une paire de chaussures plates et de quitter l’appartement. J’ai pianoté un message à l’attention de mon époux, toujours pas rentré du travail, pour qu’il ne soit pas surpris de trouver un appartement vide mais sans trop attendre de réponse. Il est toujours en colère contre moi et l’a montré le jour de mon anniversaire. Trop gentil pour l’ignorer, il a préparé un petit déjeuner avant que je sois levée, mais trop en colère pour faire comme si de rien n’était, il m’a offert cadeau hors de prix, un collier hors de prix - n’est pas Williams qui veut - mais malgré tout parfaitement impersonnel. Il aurait pu offrir le même à sa mère, sa tante, ou une bonne amie : pour lui, l’argent est une notion abstraite. Je le porte toutefois ce soir : après vingt-trois ans à devoir compter chaque centime pour être certaine de joindre les deux bouts, hors de question de laisser un collier Tiffany au fond d’un tiroir.

Première surprise une fois sur place : la soirée organisée est un bière-pong. Un coup d'œil approfondi au message de Mac m’aurait permis d’être au courant mais, dans mon besoin d’échappatoire, j’ai survolé le texto d’un seul œil. L’activité m’a toujours semblé faite pour les frat boys et autres étudiants à l’université et une seule année à en chauffer les bancs ne m’a pas permis d’infiltrer ce cercle fermé. La seule personne que j’ai fréquentée à cette époque, c’est la brune et par extension les quatre autres : je n’ai pas participé aux festivités organisées par les différentes corporations étudiantes. Aujourd’hui, je suis une femme mariée - mon mariage est un faux, les filles l’ignorent évidemment - à la poursuite de réussite sociale et donc, en profond décalage avec ce genre d’événements et d’ambiance. Pour autant, je ne refuse jamais une bière fruitée et, mon verre en main, je cherche les filles du regard. Deuxième surprise : seule Wendy est présente et, surprise mais contente de la voir, je m’approche d’elle avec un sourire solaire sur le visage. Je la salue d’une étreinte, avant de jeter un coup d'œil autour d’elle. « Les filles ne sont pas là ? » Je ne suis pourtant pas en avance. « Même Mac ? Elle nous a bassiné avec la soirée pour pas se pointer ? » Fréquente-t-elle à nouveau sa ratée d’amie ? « T’es là depuis longtemps ? Aucune d’entre elles t’a envoyé de texto ? » Pour ne pas lui envoyer le mauvais message, je précise toutefois. « Je suis contente de te voir. »

Il y a des occasions qui ne se refusent pas, qui se profilent et qui sont exceptionnelles. Surtout quand il s'agit de rassembler l'élite du monde. Parce que c'est ce qui était prévu au programme pour Wendy. Après un échange rapide avec les filles, elles avaient convenues, ou du moins, elles avaient été forcer de se retrouver par Mackenzie, l'Australienne n'avait eu aucune raison de refuser cette invitation. C'était l'occasion parfaite pour retrouver ses amies de "toujours". Elles formaient quelque chose de particulier aux yeux de Wendy, malgré les différences certaines de chacune, il était quasiment impossible qu'elle vive sans elles. C'était peut-être un peu nié, elle le reconnaîtrait bien évidemment, mais elles étaient vîtes devenues un élément important dans sa petite vie. Et ça avait du bon de les avoirs. Une sorte de famille qu'elle avait pu choisir de son propre-chef. Mais, Wendy, c'était avant tout une fêtarde et dire qu'elle restait sagement à la maison aurait été peu convenable et surtout totalement incorrecte. Alors bien évidemment, elle a rejoint le lieu de rendez-vous, un large sourire aux lèvres à l'idée de revoir son groupe d'amies. À l'idée de partager un semblant de quelque chose d'heureux avec les filles. Depuis le temps, elles pourraient enfin se retrouver. Ce qui donnait du baume au cœur à la brunette. Il n'y avait donc de ce fait, aucune raison que la soirée ne se passe pas bien. Wendy arriva donc à l'adresse indiquée, cherchant dans la foule une tête qu'elle connaissait. Bien évidemment, elle s'était attendue à voir Mac en premier lieu, parce qu'elle était à l'origine de cette sortie, parce qu'elle avait été convaincante et persuasive comme à son habitude. Elle dirigeait souvent d'une main de maître le groupe, et c'était son plus grand atout même s'il lui arrivait de disparaître juste après. Ce qui visiblement était le cas ce soir, et Wendy n'était pas vraiment étonnée. C'était son habitude après tout, et cela aurait été sûrement trop beau qu'elle soit complétement là. Alors peu importe, ça n'empêcherait pas la brunette de profiter de l'événement. C'était l'avantage d'être un caméléon et de pouvoir facilement se fondre dans la masse. Un verre à la main Wendy continue d'observer la foule, jusqu'à repéré une tête blonde qu'elle aurait reconnu entre mille. C'est Megan qui s'approche doucement, étreignant son amie. Wendy ne pouvant s'empêcher d'afficher un large sourire sur son visage. Ça lui fait du bien de voir un visage si radieux ce soir, même si elles ne sont pas au complet, c'est au moins ça. "Oh, bonjour toi. Et bien, non, j'ai l'impression qu'on nous a posés un méga gros lapin" Wendy rit légèrement. La surprise n'était pas si énorme. À quand remonter de toute manière la dernière fois qu'elles avaient été au complet ? À bien trop longtemps. Alors une fois de plus, Wendy n'était pas si déçue que cela. "Est-ce que tu es vraiment étonnée de cela, Meg?" Un sourcil s'arqua sur le visage lise de l'Australienne qui n'attendait pas vraiment de réponse à sa question, parce que depuis le temps qu'elles se côtoyaient, Mac n'avait cessé de faire des mauvais coups dans ce genre. Ce n'était bien évidemment pas pour autant que Wendy avait décidé de la mettre aux oubliettes, il y avait d'autres côtés bien plus agréables chez elle qui l'empêchait de la haïr. "Je suis arrivée y a vingt-minutes, et j'avoue que je n'ai pas encore jeté un coup d'œil à mon téléphone. J'imagine que du coup, t'en a pas non plus ?" Question rhétorique encore une fois. Wendy en profita donc pour choper le cellulaire à l'arrière de son jean. Aucun message. Elles venaient donc officiellement de se faire larguer sans excuses. "Nope, pas de messages, on est en tête-à-tête beauté." Elle lui fit un clin d'œil avant de rire. "Je suis étonnée de te voir dans ce genre d'endroit, mais sincèrement ravie également." C'était pas dans ses habitudes à Megan de participer à ce genre d’événement, mais Wendy elle était ravie de se retrouver avec son amie. L'occasion de pouvoir échanger sans trop de distraction. "Comment vas-tu alors ?" Wendy embarqua la blondinette à l'écart de la foule qui commençait à se presser près des tables de ping-pong. Elle avait besoin d'échanger un peu avec Megan pendant que le calme régnait.

@Megan Williams

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« Oh, bonjour toi. Et bien, non, j'ai l'impression qu'on nous a posé un méga gros lapin. » - « Toutes les trois ? » Maintenant que je réfléchis, je réalise que je me suis contentée de balayer la conversation des yeux. Force est de constater que, depuis que je suis une femme mariée, je suis moins attentive à ceux qui partagaient ma vie bien avant mon époux ”factice”. Il ne l’est que pour ceux qui sont dans les secrets des dieux. Pour les filles - qui ont toutes été invitées à mon mariage - il est ce jeune homme dont je suis tombée sous le charme, un vrai coup de foudre, et pour lequel je les délaisse peut-être parfois un peu trop. Je plisse le nez, mais Wendy semble prendre le tout avec le sourire et sa décontraction et sa bonne humeur sont communicatives : j’esquisse à mon tour un sourire et me rappelle qu’il n’y à pas mort d’homme. « Est-ce que tu es vraiment étonnée de cela, Meg ? » - « C’est quand même plutôt mon style ça. » Que je l’avoue est rare, surtout ces derniers temps, et je dépose ma bière sur le bar pour pour saluer Wendy en l’enlaçant, avant de me hisser sur l’un des tabourets.

« Je suis arrivée y a vingt-minutes, et j'avoue que je n'ai pas encore jeté un coup d'œil à mon téléphone. J'imagine que du coup, t'en a pas non plus ? » Je secoue la tête : j’ai regardé mes messages en entrant à l’intérieur du bar. « Mac va m’entendre. » Je pousse un soupir amusé. « Tu crois qu’elle s’est encore remise avec Margot ? Ou qu’elles se sont encore disputées ? » J’adore la brune, mais je plains celle avec laquelle elle est sortie une éternité. La pauvre jeune femme avait des cornes plus grandes que celles d’un cerf, et tout le monde le savait. « Nope, pas de messages, on est en tête-à-tête beauté. » - « Ton plus grand rêve, non ? »

Le mien en tout cas n’était pas de passer une soirée à envoyer des billes de tennis de table dans un verre rempli de bière. Contrairement à mes amies, j’ai rapidement décroché et n’ai pas chauffé les bancs de l’université bien longtemps. Depuis que je suis avec Damon, je fréquente bien plus les restaurants et rooftop huppés de la ville que les pubs étudiants. Wendy le sait, ou en tout cas le remarque et note que je détonne, avec mon bijou-cadeau étincelant autour du cou. « Je suis étonnée de te voir dans ce genre d'endroit, mais sincèrement ravie également. » - « Je crois que j’ai lu de travers le message de Mac. Mais je lui donnerais pas l’occasion de se foutre de ma gueule et de dire que je suis devenue difficile. » J’imite la voix et les mimiques de l'absente, avant d’éclater de rire. Je répète à qui veut l'entendre que ma situation et l’argent ne me changent pas, mais est-ce encore le cas ? « Comment vas-tu alors ? » - « Bien. Les joies de l’adaptation à la belle famille, des premiers mois de mariage. On s’adapte doucement, Damon et moi. » Bla bla bla. Je suis habitée à mentir, à raconter ce genre de connerie et la vérité c’est que je n’ai même plus de scrupule à le faire, tant c’est devenu une seconde nature chez moi. « J’ai trouvé un boulot aussi. Dans un studio photo qui ouvre ses portes. Je vais organiser une soirée pour l’ouverture, je vous ferai passer le message. » A elles, et à toutes leurs copines friquées et narcissiques, cela va se soit.

C'était pas une grande surprise, loin de là même. C'était même plutôt une attente plus importante que celle de vraiment se dire qu'elles seraient là, toutes ensemble. Ça faisait trop longtemps qu'elles s'étaient pas réunies, ça aurait été trop beau. Mais Wendy, elle se contentait du peu qu'on lui offrait et c'était bien là, la différence. "Ouaip, faut croire, mais peut-être que ça viendra plus tard." L'Australienne perdait pas totalement espoir, même si elle savait au fond que c'était voué à l’échec. Elle était même prête à parier, si cela était nécessaire. Mais après tout, y a sûrement pire que d'attendre des visages qui ne viendront jamais. Même quand on est pas à l'initiative de l'invitation. Wendy, elle avait senti le bourbier à des kilomètres, mais une occasion pour sortir, était une bonne occasion à prendre tout de même. "J'ai bien peur que nous devions nous y faire." Un haussement d'épaule distinct, une évidence. A quoi bon se battre pour ce qui est perdu d'avance ? C'est pas comme si, finalement, même la présence de Megan à cet événement avait surpris Wendy. Parce qu'en un sens, c'était sûrement la dernière personne qu'elle aurait pensé voir ce soir. Les traits de la brunette se crispe à la mention du nom de Margot. Une sacrée histoire encore, qui a demandé toute sa vigilance et son sens de la compréhension. Wendy, elle comprendra jamais qu'on fasse intentionnellement du mal à quelqu'un qu'on aime. Mais ça n'est clairement pas son problème de toute manière. "Dieu, j'espère ni l'un ni l'autre, ma tête souffre encore de la dernière fois qu'il y a eu une histoire de la sorte et que Mac nous a tambouriné le crâne." A ces moments, elle se masse le crâne comme pour faire partir une douleur imaginaire. Fallait dire que Mac ne manquait jamais de bassiner les filles avec Margot. Et Wendy, elle en avait plein la tête de ces conneries. Certes, elles menaient chacune une vie différente, ce n'était pas pour autant qu'elles étaient constamment d'accord, encore moins sur la même longueur d'onde. Un sourire malicieux se dessina sur le visage de Wendy. "Oh ou, si tu savais comme je vais te faire vivre un doux enfer" Un rire maléfique franchit les lèvres de la brune alors qu'elle regardait l'expression de son amie qui n'avait clairement pas sa place dans ce genre d'endroit. Et elle savait à quel point c'était un calvaire de ne pas se sentir au bon endroit. Mais elles étaient là, alors autant en profiter pour échanger. "T'as le droit de fuir tu sais, si vraiment l'envie te guide." Wendy, elle aura au moins eu la chance d'apercevoir le fantôme de Megan un instant. Et c'était sûrement pas négligeable. Parce que la blonde, fallait réussir à la choper, fallait réussir à attirer assez son attention pour qu'elle s'intéresse aux autres, encore plus depuis son mariage. Chose que Wendy trouvait inconcevable, mais si son amie était heureuse, alors tant mieux. Pourtant, Wendy, elle l'écoute attentivement, parce qu'elle est vraiment intéressée par la réponse que va lui fournir la blonde. Parce qu'elle sent que les choses ont bien prit une autre tournure depuis un petit moment. Et qu'elle est curieuse de savoir comment se passe la vie de Megan. "Que de bonnes nouvelles dis donc" Wendy attrapa son verre et le pointe vers Megan, un sourire jovial aux lèvres. "Trinquons à tout cela." Au fait que Megan soit là, au fait qu'elle soit mariée à un homme, ce qu'elle n'aurait jamais cru possible, au fait qu'elle dirige sa vie d'une main de maitre. Wendy en serait presque jalouse. Parce qu'elle a l'impression de voir son amie devenir une adulte, et qu'à l'inverse, Wendy préfère passer son temps à faire la fête et à oublier cette vie insipide. "Je suis sincèrement ravie pour toi." Et elle le pensait, parce qu'elle avait jamais souhaité du mal à qui que ce soit. La preuve quand même les pires horreurs, elle protégeait les actes de son père face au monde. Parce qu'elle s'en foutait Wendy, tant que ça n'atteignait pas son coeur, tout irait bien.

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« Ouaip, faut croire, mais peut-être que ça viendra plus tard. » Il en faut plus pour me mettre de mauvaise humeur : j’encaisse la contrariété en haussant les épaules, avant de relativiser : j’avais besoin de me changer les idées, d’être en bonne compagnie pour ne pas ressasser mes idées noires et, avec Wendy, je sais que je ne risque pas de m’ennuyer. Elle a des défauts, mais personne ne peut l’accuser de ne pas savoir comment on s’amuse. « J'ai bien peur que nous devions nous y faire. » Je fronce les sourcils en tournant la tête dans sa direction, les doigts enroulés autour de mon verre de bière que j’ai à peine entamé. « Comment ça ? » Y-avait-il quelque chose à comprendre ? Peut-être rien de plus que l’inévitable : nous grandissons, chacun construit sa vie - moi la première - et les occasions de se retrouver toutes ensemble risquent de bientôt se compter sur les doigts d’une main. « Ça fait combien de temps qu’on est pas sorties toutes ensemble ? » Et sans Margot ou un autre plus un parfois - souvent - indésirable. « Faut qu’on remédie à ça. » Et, parce que je suis consciente d’être la première coupable. « Je suis désolée. J’ai pas souvent été là ces derniers temps. » Entre le mariage, le drame qui s’est déroulé le jour de la cérémonie - une tentative de meurtre sur l’oncle du marié n’a rien de banal - et la lune de miel, je n’ai guère été disponible. « Je vais me rattraper. » Déjà, j’envisage une semaine entre filles à l’autre bout du monde. Grenade, ça leur plairait, non ?

« Dieu, j'espère ni l'un ni l'autre, ma tête souffre encore de la dernière fois qu'il y a eu une histoire de la sorte et que Mac nous a tambouriné le crâne. » J’explose de rire, avant de secouer la tête. « Je pense que c’est fini pour de bon cette fois. Et c’est pas plus mal. » Elles ne sont pas faites pour être ensemble. « Pauvre fille. » On ne me le fera pas répéter : en public, c’est du côté de Mac que je me situe, bien qu’elle soit la grande coupable de cette histoire.  

« Oh ou, si tu savais comme je vais te faire vivre un doux enfer. T'as le droit de fuir tu sais, si vraiment l'envie te guide. » - « Tu aurais pu me faire peur avant. » Je porte mon verre à mes lèvres et mon regard se perd un instant sur les premiers compétiteurs qui s’installent autour des tables de bière-pong. « Sauf que maintenant, j’ai une belle-mère. Encore plus riche et encore plus coincée que toi. » Et si mon mariage est une mascarade, Elise Williams et moi avons une relation belle-fille belle-mère on ne peut plus clichée. Elle me déteste puisqu’à ses yeux, je lui vole son petit garçon. « Tu veux participer ? » Du bout du menton, je désigne les groupes de deux qui se constituent en vue du tournoi.

« Que de bonnes nouvelles dis donc. Trinquons à tout cela. » Je cogne mon verre avec le sien, notant qu’elle ne se permet aucun commentaire, que ce soit sur le mariage ou les nouvelles opportunités professionnelles. Je me demande si ça cache quelque chose mais ne m’en formalise pas. « Je suis sincèrement ravie pour toi. » - « Merci. » J’esquisse un sourire radieux - je suis devenue bonne actrice, avec le temps avant de poursuivre. « Notre lune de miel était incroyable. Mais je te demande pas si t’es déjà allée en Espagne ou en Italie. » Elle a dû le faire, et en business class en plus de ça. « La mère de Damon nous a offert une maison pour le mariage. Une maison. Qui fait ça ? Et à Grenade en plus. » Elle l’a plus offerte à son fils qu’à moi, mais tant que je garderai mon alliance autour de l’annulaire, le résultat sera le même. « Enfin, c’est plus à lui qu’à moi, mais tu verrais l’endroit. » Même elle serait impressionnée. « Tu crois que ça dirait aux filles ? D’y passer une semaine quand ce sera l’été là-bas ? » Et par conséquent, l’hiver en Australie. « Ou est-ce que c’est trop prétentieux ? » Je n’ai pas envie de passer pour celle qui, pour impressionner ses amies, étale sa fortune nouvelle.

Comme tout, il était facile de s'habituer aux changements, même les plus simple. Wendy savait qu'avec le temps, ce qui était si évident ne le serait plus. Mais elle s'en contentait indéniablement. Elle prendrait ce qui se présenterait à elle, sans se soucier du reste. L'importance, c'était ce qu'elle avait actuellement sous les yeux et c'était déjà ça. Au pire, elle trouverait une autre occupation, une autre âme à emmerder. C'était plus son truc. Toujours un plan machiavélique au cas où. "C'est pas comme si ça faisait un moment qu'on avait pas été ensemble. C'est pas comme si on continuait de se fréquenter tous les jours. On s'habitue à l'absence des autres, c'est un fait" Parce que chacun prenait une route différente, parce qu'elles avaient des vies différentes et plus grand chose en commun parfois. Et même si parfois, Wendy ressentait un vide, elle savait aussi pertinemment que c'était inévitable. "J'en ai pas le moindre souvenir, c'est pour dire." Ses épaules se haussèrent et malgré tout, elle n'arrivait pas à remettre de date sur la dernière rencontre des filles. Parce qu'elles n'avaient plus été ensemble depuis des années maintenant. Et c'était sûrement la faute à pas de chance. Un soupire passe les lèvres de la brunette à la réponse de son amie. "T'es pas la seule responsable tu sais." Et ça servait encore moins de s'excuser. Parce que si Megan était vraiment désolée, elle aurait fait les efforts nécessaires, mais tout comme Wendy, elle avait ses fautes et ce n'était pas concevable de lui en vouloir pour ça. "Y'a pire tu sais au fond. Le tout, c'est que tout le monde se porte à merveille." C'était son genre à Wendy, de se dire que tant que ça va, y avait pas de raison. Et c'était pas totalement faux non plus. Les filles reviendraient quand elles le jugeront nécessaire, et Wendy sera là, comme à chaque fois. Parce qu'elle était sûrement l'une des seules à profiter pleinement de son innocence, à vivre comme s'il n'y avait pas de lendemain, pendant que ses amies avaient de vrais problèmes d'adulte à gérer. Sa petite vie était bien tranquille à côté. La preuve, puisque la discussion tourne vers Mac et sa petite-amie étrange. "Je rejoins ton avis pour une fois." Ils étaient bien temps que les choses cessent et c'était pour le mieux. Enfin, surtout pour les migraines de Wendy qui prendraient enfin des vacances. Merci Mac. L'espace s'emplit de fêtard prêt à en découvre avec le beer-pong, ce qui fait timidement sourire Wendy parce qu'elle savait à quel point cette ambiance pourrait vite rendre Megan mal à l'aise et c'était sûrement très drôle à voir. "Je rêve ou tu es entrain de m'insulter ?" C'est vrai qu'elles venaient pas du même monde, que les choses étaient différentes, mais c'est pas pour autant que Wendy se comportait comme une snobinarde, coincée du cul et étalant son argent aux yeux du monde. Elle était tout l'inverse, mais la comparaison la piqua tout de même. "Enfin, t'as peut-être pas tort, mais tout dépends le niveau de ton horrible belle-mère." C'était bizarre de se dire que Megan était mariée, qu'elle avait une vie bien différente de ce qu'elle avait pu être. Et Wendy était plutôt fière et heureuse pour son amie, c'était peut-être finalement ce qu'elle avait mérité de mieux. Wendy, elle ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel. "Tu vas vraiment te mélanger au peuple pour une partie de beer-pong? Wahou." Si elle avait cru voir ça un jour, Wendy ce serait rendormie immédiatement. Mais l'idée n'était pas détestable, et peut-être que son amie serait moins affable si elle avait un peu d'alcool dans le sang. Alors, elle avait bien l'intention de la faire boire. Wendy se leva, espérant que Megan comprenne le message et la suive derrière l'une des tables encore vides. La brunette, elle écoute la récit des aventures fabuleuses de Megan, un sourcil arqué sur le visage. Ça lui semble beau tout ça, séduisant même et elle a vraiment le sentiment que son amie est heureuse, c'est bien. "Et bah, c'est plutôt pas mal." Et elle était sincèrement impressionnée. "Tu sais, si ça te fais plaisir, propose. Tu ne perds rien à le faire, même si peut-être que personne viendra comme aujourd'hui." Elle aura au moins eu l'audace de proposer enfin quelque chose, et pourquoi pas avec ça l'occasion d'enfin réunir toute la troupe. "Mais c'est pas une mauvaise idée en tout cas." Et ça ferait du bien à Wendy de quitter un peu le sol Australien. Parce qu'elle commençait à doucement bouillir dans cette cage en or. "Tu es prête à te faire massacrer ?" Un sourire carnassier se dessina sur les lèvres de Wendy alors qu'elle attrapait une première balle devant elle. Le jeu pouvait enfin commencer.

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« C’est pas comme si ça faisait pas un moment qu’on avait pas été ensemble. C’est pas comme si on continuait de se fréquenter tous les jours. On s'habitue à l’absence des autres, c’est un fait. J’en ai pas le moindre souvenir, c’est pour dire. » Je réfléchis quelques secondes à la portée de la phrase de Wendy, avant de froncer les sourcils et de tourner mon regard dans sa direction. Sa remarque me semble teintée d’une amertume certes douce, mais qui me fait mal au cœur. « T’es pas la seule responsable tu sais. Y’a pire tu sais au fond. Le tout, c’est que tout le monde se porte à merveille. » Wendy et moi sommes différentes et nous ne nous comprenons toujours pas. En revanche, cela ne change rien au fait que j’adore la brune et que je n’aime pas la tristesse que je décèle dans le fond de sa phrase, si bien que j’entoure ses épaules d’un bras et que je l’attire doucement vers moi. « Hey, c’est pas comme si on se voyait plus jamais. » Bien sûr, chacun construit une vie professionnelle, une vie de couple pour certaines et nous avons moins de temps à passer les unes avec les autres. Nous nous sommes connues jeunes et les gens changent, pourtant, je n’ai pas l’impression que nous sommes en train de nous éloigner d’une façon qui empêcherait tout retour en arrière. « Le principal, c’est qu’on sait qu’en cas de besoin, tout le monde accourrait, non ? » Je pense sincèrement que c’est le cas, que si l’une d’entre nous en avait vraiment besoin, chacune mettrait le reste entre parenthèses. « On est pas seules. » Je l’ai été trop longtemps pour ne pas connaître la valeur de l’amitié, même si je ne le montre pas toujours comme il faut.

« Je rejoins ton avis pour une fois. » Rien de surprenant à ça. Tout le monde espère en silence que Margot se remettra vite de la tornade Mac et pas l’inverse : des deux, notre amie est la plus coriace des deux. Coriace au point d’en devenir le genre de fille qui nous fait parfois oublier qu’elle a des sentiments et qu’elle peut parfois être blessée, elle aussi. « J’espère juste que Mac arrêtera de se la jouer girouette. » Je doute que Margot le supporte encore longtemps.

« Je rêve ou t’es en train de m’insulter ? » Je lève les yeux au ciel, et les mains vers le haut en signe d’innocence. « Du calme princesse, je plaisante. » J’esquisse un sourire amusé, preuve que tout ceci n’est que de l’humour. « Enfin, t’as peut-être pas tort, mais tout dépend le niveau de ton horrible belle-mère. » - « Je te jure que t’as pas envie de savoir. Elle me déteste profondément et je doute que ça change. » Pas alors qu’elle sait tout de l’aspect factice de notre union. Aurait-elle appris à me tolérer si cela n’avait pas été le cas ? « Elle nous a invité à dîner. Je préfèrerais encore manger des cafards vivants. » Je n’exagère qu’à moitié. Dans le rôle de la jeune mariée comblée et amoureuse, je rajoute cependant. « Mais tu sais ce qu’on dit. L’amour… » Il paraît qu’il nous fait faire des compromis qu’on n’aurait jamais fait dans d’autres conditions. Il paraît… « Tu vas vraiment te mélanger au peuple pour une partie de beer-pong ? Wahou. » - « Exagère pas. Oublie pas que j’ai su m’amuser. » Du lot, je suis certainement celle qui boit le moins et si mes amies ignorent la raison à mon habituelle sobriété, mes amies ne la connaissent pas. Cette raison, elle porte le nom de Billie, mon alcoolique et toxico de mère.

« Et bah, c’est plutôt pas mal. » C’est le moins que l’on puisse dire. « Tu sais, si ça te fait plaisir, propose. Tu ne perds rien à le faire, même si peut-être que personne viendra comme aujourd’hui. Mais c’est pas une mauvaise idée en tout cas. » - « T’as une drôle de façon de m’encourager ! » J’éclate de rire, avant de la suivre au niveau des tables de tennis de table installées pour l’occasion. « Je compte sur nos amies pour être assez opportunistes pour pas savoir refuser un voyage en Europe sans logement à payer. » Et puis, il nous ferait du bien, non ? «  Tu es prête à te faire massacrer ? » Je fronce les sourcils. « Je suppose que c’est trop tard pour dire que j’envisageais plus un deux contre deux ? » J’aurais préféré faire équipe avec elle contre d’autres fêtards. Je la sais redoutable, sous ses airs de petits anges. « T’aimes trop la compétition pour ça, je sais. » J’éclate de rire et je lance la première balle, certaine que je vais de toute façon perdre la partie : ça n’a pas la moindre importance.

C'était pas si grave qu'on pouvait le croire. Parce qu'être habituée à la solitude faisait largement part du quotidien de l'Australienne. Parce qu'elle savait que le plus souvent, il n'était bon de compter que sur soi-même. Mais elle était aussi pourtant tendrement épanouie en présence de ses amies, et c'est ce qui faisait la différence aussi au fond. Mais oui, parfois il lui arrive de penser à ce qu'elle laisse derrière elle, à ce qu'elle manque et pourrait encore manquer dans la vie de ses amies. Parce qu'elles prennent des chemins différents et c'est inévitable, mais ça n'empêche qu'elle sera toujours là malgré tout la brune. Même si c'est un peu niais, ou enfantin. Elle hausse les épaules dans un soupir. « Ce n'était pas un reproche, je t'assure. C'est juste que, de temps en temps, j'arrive pas à saisir comment on arrive à ce calme plat après les tempêtes qu'on a pu vivre. » Clairement, elle faisait pitié à l'instant. Comme si son discours allait changer le monde. Mais Wendy, elle était pas non plus du genre à retenir les choses, s'il fallait que quelque chose soit dit, elle le ferait. Toujours et malheureusement. Parfois, elle aimerait apprendre à prendre des pincettes et à ne pas lâcher le premier truc qui lui vient en tête, mais c'est pas évident. « Oui, et tu as raison. Mais j'ai parfois l'impression d'être à la ramasse par rapport à vous. Peut-être que si j'avais pas une vie si mouvementée, je comprendrai ce que c'est que d'avoir des obligations. » C'était clairement pas le cas, il fallait bien l'avouer. Hormis sa petite personne, Wendy n'avait aucun autre tracas dans la vie. C'était déjà beaucoup à vrai dire, enfin pour elle. Parce qu'elle faisait tout trop vite mais sans jamais s'arrêter. « Et c'est peut-être ce qui fait la force de ce groupe finalement. » Elle savait pas trop finalement ce qui maintenait la barque de ce groupe d'amies. Mais elle savait aussi que Megan avait raison, et qu'il serait difficile de croire le contraire. Mais ça ne voulait pas non plus dire qu'elles ne suivaient pas aisément le quotidien des autres, et c'est pour cette raison que rapidement le sujet se tourna vers Mac et ses fréquentations grotesques. Parce qu'elle sait Wendy, que cela joue énormément. « Ça lui changerait sûrement un peu la vie, même si ce ne serait plus vraiment Mac sinon. » Elle était mitigée, Wendy elle avait toujours connu la brunette ainsi et le contraire serait presque étrange à ses yeux. Mais c'était aussi pour le bien de son amie au fond, et elle savait que c'était l'essentiel. Même s'il était parfois impossible de lui faire comprendre le contraire. Mac, du grand Mac. « J'espère bien vilaine, parce que je ne veux pas subir le même sort que Mac pour ce que je n'ai pas choisi d'être. » C'était pas vraiment de "sa faute" si elle avait vu le jour dans une grande famille avec de l'argent. Même si Wendy, elle était aux antipodes de cette vie là. Du moins, loin de ce qu'était entrain de lui raconter Megan, du moins, elle l’espérait sincèrement. « Tu en as de la chance dis donc. Mais dis-toi qu'un cafard, c'est assez gluant et me demande pas comment je sais. Alors, vaut peut-être mieux l'horrible belle-mère.» Ou peut-être pas, mais après tout, c'était pas vraiment son problème à Wendy. Le mariage c'était une option non envisageable dans sa vie, elle comprenait d'ailleurs très peu le fait qu'on veuille se lier à quelqu'un pour le meilleur et pour le pire. Baliverne. Surtout quand on pouvait se rendre compte de tout ce qui s’enclenchait derrière ces histoires de cœur. A vomir. Mais, elle garderait profondément ses commentaires pour elle. Le bonheur de Megan était plus important que l'avis de l'Australienne sur le mariage et le reste. « En tout cas, si t'as besoin, t'envoie "SOS" par message et je rapplique illico presto.» Et puis, elle le ferait. Digne d'un film, enfin sans les effets spéciaux. Ce serait plutôt du genre "ok c'est la merde, j'ai besoin de toi, maintenant" ou tout autre mensonge qui ferait l'affaire. Et pour ça, Wendy elle était douée. Tout comme le beer-pong. Qui s'annonçait davantage passionnant que les histoires de belle-mère au nez crochu. « C'était y a combien de temps déjà? Dix ans? » Wendy ne pu s'empêcher de retenir son rire en voyant la mine de Megan. Son goût pour l'humour était à travailler. En tout cas, Wendy était prête à lui mettre une bonne raclée pour lui faire oublier son petit air arrogant. Cela promettait des étincelles bien sympathiques. « Et tu sais qu'elles accepteront si le planning de nos ministres amies le permet. Enfin, j'ai envie d'y croire, et au pire, on aura un grand lieu pour nous deux. » Wendy remue ses sourcils comme un défi. Elle savait bien que trop longtemps, les deux jeunes femmes ne pourraient pas bien se supporter. Elles s'aimaient comme elles se détestaient et c'était sûrement ce qui faisait la beauté de cette relation. Mais elles risquaient aussi à s'entretuer à être l'une sur l'autre seulement. Leur force, c'était l'effet de groupe. « Clairement trop tard Meg, et ça n'aurait pas été si drôle autrement non? » Qui aime bien, châtie bien. Dans l'ensemble. Mais il était aussi vraie que Wendy aimait la compétition et qu'il n'était pas question que Megan s'en tire comme ça, même si elle lui ferait sûrement regretter plus tard. « Peut-être que si tu gagnes, j'arrêterai de te rendre la vie si compliquée. » Ou du moins, Wendy arrêterait de parler à voix haute de ce qui la dérange dans le comportement de son amie et inversement. Elles se lancèrent alors dans la partie. Wendy ne faisant aucun effort pour perdre, parce qu'elle restait une mauvaise perdante malgré le défi. « Aller. » Prête à rager contre ses propres décisions comme si elle était entrain de jouer sa vie. C'était complétement ridicule. Mais Megan se défendait plutôt bien, même si Wendy voyait bien que son amie ne mettait pas toute sa bonne volonté dans cette épreuve. « Tu te débrouilles pas si mal pour une nouvelle snob. » Elle haussa les sourcils avant de rire ne pouvant s'empêcher de taquiner la blonde.

@Megan Williams

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Megan Williams & @Wendy Craine

« Ce n'était pas un reproche, je t'assure. C'est juste que, de temps en temps, j'arrive pas à saisir comment on arrive à ce calme plat après les tempêtes qu'on a pu vivre. » La réponse à cette question est pourtant simple, et je la lui souffle comme une évidence. « On grandit. Certes, on le fait chacune à un rythme différent, mais le résultat est le même. » Les fortes amitiés, même celles tissées depuis l’enfance, ne sont pas forcément vouées à disparaître, mais simplement à prendre un peu moins de place année après année alors que chacune se construit. A mon sens, c’est inévitable. Je l’ai toujours pensé et je m’en rends d’autant plus compte ces derniers temps. « Oui, et tu as raison. Mais j'ai parfois l'impression d'être à la ramasse par rapport à vous. Peut-être que si j'avais pas une vie si mouvementée, je comprendrai ce que c'est que d'avoir des obligations. » - « Je te l’ai dit : chacune à son rythme. » A mon sens, ce n’est pas tant elle qui est à la ramasse que moi qui vais plus vite que la musique. Bien sûr, pour mes amies, le revirement est brusque. Personne n’aurait pu prévoir que je me caserais si vite et moi la première. Si elle savait tout elle comprendrait. « T’as vingt-trois ans, je crois pas qu’on puisse considérer que t’es à la traîne. » Je lui adresse un sourire rassurant, et elle donne à cette conversation la plus belle conclusion qui soit. « Et c'est peut-être ce qui fait la force de ce groupe finalement. » Je n’ai rien de mieux à ajouter, rien de plus vrai ou plus important. Alors je lui souris, et je hoche la tête.

« J'espère bien vilaine, parce que je ne veux pas subir le même sort que Mac pour ce que je n'ai pas choisi d'être. » Allons-nous à nouveau aller dans cette direction-là ? A l’entendre, être née dans une famille riche semble être un fardeau. De mon côté, je considère qu’il y a pire que de ne jamais avoir manqué de rien. « Tu en as de la chance dis donc. Mais dis-toi qu'un cafard, c'est assez gluant et me demande pas comment je sais. Alors, vaut peut-être mieux l'horrible belle-mère. » - « Tu l’as pas rencontrée. » J’esquisse une grimace, mi-amusée mi-dépitée. Elise est la personnification de tout ce qui cloche dans les classes les plus aisées de cette société. Hautaine, persuadée d’être supérieure à ceux qui ont moins de chance qu’elle, dédaigneuse au possible : elle affiche constamment l’air de quelqu’un qui renifle une odeur désagréable, ôtant ainsi à son visage le peu de charme qu’il pourrait avoir. « En tout cas, si t'as besoin, t'envoie "SOS" par message et je rapplique illico presto. » - « Elle t’adorerait toi, j’en suis certaine. » Sur le papier en tout cas : Wendy vient de son monde et Elise serait ravie de l’avoir comme belle-fille plutôt que moi. « Mais si tu veux mon avis, c’est surtout de quelqu’un pour la sauter dont elle aurait besoin. Ça la détendrait peut-être un peu. » Mon franc-parler ne choquera pas la petite brune, elle est habituée.

« C'était y a combien de temps déjà? Dix ans? » - « Méfie toi. » L’avertissement est lancé sur le ton de l’humour. Même en ayant eu mon lot d’amusement, je suis certaine de ne pas pouvoir battre mon amie. « Et tu sais qu'elles accepteront si le planning de nos ministres amies le permet. Enfin, j'ai envie d'y croire, et au pire, on aura un grand lieu pour nous deux. » - « La description de l’enfer. » Je lui adresse un sourire amusé, avant de reprendre. « Je plaisante. Je vais en parler avec Damon avant, mais je serais ravie qu’on puisse passer un peu de temps ensemble. » Puisque, après tout, la maison de Grenade lui appartient. Elise l’a présenté comme un cadeau de mariage, mais c’est à son fils qu’elle l’a offerte, je ne suis pas idiote. Le contrat de mariage que j’ai signé délimite de toute façon parfaitement ce à quoi j’aurais le droit en cas de divorce : il faut croire que le patriarche a appris de ses erreurs. « Clairement trop tard Meg, et ça n'aurait pas été si drôle autrement non ? Peut-être que si tu gagnes, j'arrêterai de te rendre la vie si compliquée. » - « Si je gagne, je veux bien plus que ça. Je suis l’outsider, les enjeux doivent être établis en conséquence. » Je fais mine de réfléchir. « Si je gagne, je te veux à mon service et entière disposition pour une semaine entière. » Livraison de repas, réservation dans un SPA : j’imagine déjà ce que cela pourrait donner quand je n’ai pourtant aucune chance de l’emporter. Le début de partie nous le prouve d’ailleurs : je mets quelques balles, mais rien en comparaison des verres que touche Wendy. « Tu te débrouilles pas si mal pour une nouvelle snob. » - « T’es surprenante pour une gosse de riche. » Je lui tire la langue de la façon la plus puérile qui soit avant de lancer ma prochaine balle. Sans surprise, la victoire de Wendy est écrasante et, moi, j’ai bu bien plus de bière qu’à l’accoutumée. « Belle victoire. Ce serait pas raisonnable pour moi de te demander une revanche. » A l’inverse, je me dirige vers le bar pour demander un verre d’eau, suivie par Wendy. « Je dois me rendre à l’évidence : je ne tiens plus l’alcool. » Je ne l’ai jamais vraiment tenu : je suis loin d’avoir l'entraînement de la brune.

Trois jours. Il m'a fallu trois jours pour sortir du lit, et je parle pas de m'en remettre parce que ça me prendra certainement trois siècles de plus ; trois jours dans mon lit avec des boîtes de mouchoirs vides et des cadavres de tissu qui recouvrent le sol, façon fort en couvertures mais avec de la morve à la place. Trois jours que j'ai ramené Spencer aux urgences avant qu'ils l'arrachent de mes bras pour la foutre dans une unité spéciale de l'hôpital, parce que sortir c'était trop dangereux et qu’ils me faisaient pas confiance pour la surveiller et prendre soin d’elle.
J’imagine qu’ils ont pas eu tort.
J’étais à ça de me faire porter pâle voire de faire la morte et pas répondre pour la sortie du soir - ça changerait pas de d’habitude, de toute façon ; personne serait surprise, encore moins Megan qui doit sûrement râler de pas me voir alors que j’ai lancé le truc. La seule raison pour laquelle je sors, pour laquelle je me suis morigénée jusqu’à quitter les draps et redécouvrir ma salle de bains, c’est parce que je sais que je tiendrai pas une soirée de plus face à mes pensées. Je préfère encore que Wendy me fixe d’un air hagard et méfiant et que Megan me lâche ses piques tout en douceur et en amour vache.
Et je les retrouve, les enveloppe dans une étreinte forcée mais habituelle, depuis le temps ; un bisou sur chaque joue, muah muah, à la française, comme si ça faisait pas genre quatre ans qu’on s’était pas vues, comme si je m’étais pas fait la belle avec Spencer sans me soucier du reste, comme je le fais tout le temps. « Salut, les plus belles », je lâche d’un ton trop enjoué, d’un air trop ravi, d’un pas trop pressé alors que je m’installe parmi elles. « Désolée, j’ai tapé la sieste du siècle, j’étais tellement crevée que j’ai pas entendu mon réveil. Vivement la retraite, hein ! Ha ! » Je veux mourir. « C'est déjà fini, le beer pong ? J'imagine que c'est pas Megan qui a gagné ? » je demande avec impatience, hélant un serveur pour me foutre un coup dans le nez avec sa bière la plus forte histoire de rattraper mon retard.

@Wendy Craine @Megan Williams bonchour

Et Megan avait totalement raison, ce qui dépassait souvent Wendy. Parce qu'à contrario de ses amies, elle était encore jeune, insouciante, et loin de la réalité que pouvait vivre ses amies. Hors du temps même si elle avait pu rajouter quoi que ce soit. Mais à la place, elle préféra simplement hocher la tête sachant que de toute manière, il était mieux de rien ajouter de plus. Parce que peu importe l'échange qu'elles pourraient avoir, les visions de l'une, n'étaient pas celle de l'autre et elles finiraient par tourner en rond. Alors oui, Wendy laissa cette mini-victoire à la blondinette pour cette fois. Les sujets s’enchainent alors tranquillement, passant d'une confidence à l'autre, mais manquant de piquant et de sincérité. Doucement menant vers la nouvelle vie de Megan, un sujet plus intéressant pour l'Australienne qui se demande ce que ça fait, de passer de rien à tout en un claquement de doigt. De voir ce qu'elle a toujours critiqué chez ses amies. « Boh, ça doit bien se trouver ça. Quelqu'un prêt ou mort d'ailleurs. Tant que ça te fais des vacances. » Vacances dont visiblement elle avait besoin la blonde. Ou alors, c'était juste le sujet de sa belle-mère qui lui hérissait le poil, Wendy n'aurait pas su vraiment dire ce qui était juste dans tout ça. Même si elle sentait une certaine tension. « Elle finira par t’apprécier, en doute pas. » Du moins, elle l'espérait. Un regard oblique vers son amie, un soupire discret. « Ne t'en fais pas, il n'y a pas d'urgence. Et ce sera peut-être l'occasion de rencontrer ton époux si mystérieux. » Parce qu'au final Wendy se rendait compte qu'elle ne savait pas tout sur l'homme qui partageait la vie de son amie hormis ce que Meg voulait bien lui dire, c'est-à-dire, pas grand chose, même si c'était toujours mieux que rien en un sens. « Tu devrais en profiter pour décompresser, ça serait pas de trop. » C'était surtout ça le but des vacances avec ses amies ? Même si Wendy savait pertinemment que ce ne serait pas de tout repos, loin de là. Les rebondissements collaient lourdement à la peau du quintet. Elles s'aimaient autant qu'elles pouvaient se détester et dieu que c'était affreux à voir par moment. Wendy éclata de rire en découvrant l'offre de Megan quant à sa victoire. Ce qui était invraisemblable, mais le jeu en valait la chandelle. « Adjugé ma jolie, tu m'auras à ton service.» Et cela risquait de rendre le jeu bien plus piquant et amusant, parce qu'au moins, il y avait quelque chose qui valait le coup à la fin de la partie. Même si voir Megan enchainait les verres de bières était déjà exaltant. Les balles s’enchainent alors que la victoire est écrasante. Wendy regrettant presque de ne pas avoir laissé la gagne à Megan pour voir si elle mettrait les choses à exécution. Mais, l'Australienne aimait autant la compétition, que la victoire. « Tu t'es bien défendu quand même, n'en doute pas. » Du moins autant que c'était possible, et il fallait bien le reconnaitre. Wendy observa son amie qui quitta l'espace de beer-pong pour rejoindre le bar, un sourire aux lèvres Wendy lui emboita le pas. « Tu as au moins le temps de t'en rendre compte, même si j'aurai aimé te voir vomir. » Elle hausse les épaules avant de rire.  Elles rejoignent un coin tranquille, sûrement pour échanger encore sur des banalités, ou simplement le temps que l'alcool dans le sang de Megan ne redescende. Et les yeux de Wendy s'écarquillent, elle croit rêver alors que Mac fait une entrée dans la salle. Un fantôme. Non, elle est bien réelle alors qu'elle vient écraser ses lèvres contre la joue de Wendy, puis de Meg. Bordel. « Mais Wahou. Effectivement, tu as une sale tête Mac. » Elle pinça la nouvelle venue. « Mais t'es bien là bon sang. Même si j'aurai juré que tu nous avais encore fait un sale coup. » Parce que c'était son genre, parce que Mac avait tendance à avoir de superbes idées, et à disparaitre juste après. Elle était habituée l'Australienne. « Tu arrives après une longue bataille aussi. » Et c'était même pour dire, trop tard.

@Mac Sutherland @Megan Williams

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Megan Williams & @Wendy Craine

« Ne t'en fais pas, il n'y a pas d'urgence. Et ce sera peut-être l'occasion de rencontrer ton époux si mystérieux. » Je lui adresse un radieux sourire, le genre qui veut dire mais oui vraiment je serais ravie que tu rencontres Damon pourquoi n’avons nous encore rien organisé. Si je ne suis pas capable d’ajouter tout ça à l'oral, c’est parce que c’est plus faux que faux. Je n’ai pas honte de l’italien : il est mignon, intelligent et bien parti pour réussir dans la vie. Ce que je redoute, c’est que mes amies nous percent à jour si elles avaient l’occasion de nous voir évoluer ensemble lui et moi, parce qu’elles me connaissent. La question ne s’est pas posée pour Shiloh puisque je savais que la naïveté de la blonde la pousserait à croire à tout ça. Jo elle est au courant de tout et je lui fais assez confiance pour ne pas craindre qu’elle vende la mèche. J’ai beau aimer les filles, je suis convaincue que plus il y a de monde pour garder un secret, plus vite il sera révélé au grand jour. Pour l’instant, je botte donc en touche. « Tu devrais en profiter pour décompresser, ça serait pas de trop. » - « Je reviens d’un mois entier de lune de miel. Si ça a pas suffit à me faire décompresser, y’a rien qui peut le faire. » Et c’est vrai : je suis d’une certaine manière toujours sur le qui-vive.

Débattre des enjeux de notre match est amusant mais bien inutile : comme convenu, Wendy m’écrase sans me laisser la moindre chance, prouvant par la même occasion que j’ai peu fréquenté les soirées étudiantes. « Tu t'es bien défendu quand même, n'en doute pas. » - « C’est gentil de pas m’humilier. » Ou en tout cas de prétendre que ce n’est pas le cas. « Tu as au moins le temps de t'en rendre compte, même si j'aurai aimé te voir vomir. » - « Continue d’imaginer. » Parce que s’il y a bien une chose qu’elle ne verra jamais, c’est ça. Je préfère mourir que ressembler à Billie d’une quelconque manière. Wendy en revanche s'entendrait certainement mieux avec Murphy qu’avec moi, au fond. « Salut, les plus belles. » L’arrivée de Mac interrompt la conversation et, alors qu’elle salue Wendy en lui collant deux baisers sur la joue - mon tour viendra, je n’en doute pas - je demande un grand verre d’eau au barman et lui commande un cocktail sans alcool pour la suite. « Désolée, j’ai tapé la sieste du siècle, j’étais tellement crevée que j’ai pas entendu mon réveil. Vivement la retraite, hein ! Ha ! » J’observe la brune, un sourcil levé. J’ai trop bu, mais elle a l’air en bien plus piteux état que moi. « C’est plus une sieste à ce niveau-là. J’espérais plus te voir. » Mes lèvres s’étirent en un grand sourire et j’attire la jeune femme contre moi pour la saluer et l’enlacer. « C'est déjà fini, le beer pong ? J'imagine que c'est pas Megan qui a gagné ? » - « Évidemment que si. » Evidemment que non, je ne dupe personne.

« Mais Wahou. Effectivement, tu as une sale tête Mac. » S’il y a une chose que j’aime tout particulièrement chez Wendy, c’est qu’elle n’a pas sa langue dans sa poche. Elle dit toujours tout haut ce que certains se contentent de penser tout bas. Moi, je ne fais pas partie de ces derniers : j’aurais fini par faire le même genre de remarque et j’en profite d’ailleurs pour prendre le train en marche. « T’as la tête de quelqu’un qui sort depuis trois jours ou qui s’est disputé toute la nuit. » Je la taquine doucement, avant de reprendre d’un air plus sérieux. « Me dit pas que ça a encore quelque chose à voir avec Margot. Faut que tu laisses cette pauvre fille tranquille. » Elle ne l’aime pas de toute façon, si ? Elle est infidèle depuis des siècles. « Mais t'es bien là bon sang. Même si j'aurais juré que tu nous avais encore fait un sale coup. Tu arrives après une longue bataille aussi. » - « Je suis sûre que le tournoi est pas terminé si vous voulez faire une équipe. Moi, j’ai assez bu pour ce soir mais je vous promets que je peux être la meilleure des pom-pom girls. »

Je suis contente de les revoir, quand même ; c’est le genre de trucs où tu traînes des pieds quand il faut se préparer mais t’es bien contente de t’être bougée quand même, et je réalise pile en les étreignant combien ça m’avait manqué, de voir du monde, de parler à autre chose qu’à mon chien, de me laver et de me faire belle pour autre chose que toi. C’est fou, ce que l’hygiène basique peut avoir comme effets bénéfiques pour le moral. « Mais naaaan, ça va. Crevée avec le boulot, et ma boss a ce don de te faire l’effet d’être sortie pendant trois jours ou de t’être disputée toute la nuit. » Pauvre Dani, elle mérite pas ce que je raconte sur elle, mais je suis pas près d’avouer que j’ai renoué avec toi, que j’ai largué Margot et me suis faite larguer par une actrice Netflix, puis t’ai subséquemment perdue en désintox en ce qui me paraît être 24 heures. Je chasse leur inquiétude d’un revers de main d’experte de la nuit blanche, comme si ça suffisait à expliquer totalement mon état. J’aurais pu jouer dans Night of the Living Dead sans maquillage, si j’avais été née en 68. « Pas d’inquiétudes, c’est fini avec Margot », je lâche comme si c’était anecdotique, comme si quatre ans presque cinq de couples ça avait quasiment pas compté ; le pire, c’est que c’est le cas, que c’est absolument pas à cause d’elle que je me fous dans de tels états, et la culpabilité me ronge encore plus rien qu’à y penser. « Et pour ta gouverne, Wen, je fais jamais de sales coups. » Sauf toutes les fois où j’en ai fait. « On attend personne d’autre ? » Histoire que je ne m’illustre plus comme la grande absente-slash-retardataire ? « Si Wendy est si douée que ça, on peut se mettre à deux contre elle », je poursuis, « ou vous vous mettez à deux contre moi. J’ai bien besoin d’un remontant, je me laisserai latter le cul avec plaisir. » Parce que même à deux, elles me battront pas au beer pong, et même si elles me battent, je m’en fous : j’ai désespérément besoin de me changer les idées, de penser à autre chose qu’à toi, à ton départ, à ce nous qui se fissure et à tous les points d’interrogation auxquels j’aurai vraisemblablement jamais de réponses. « Allez. Deux contre une. Après j’paie ma tournée, c’est tipar. » Je tape sur le bar d’un poing décisif, prête à en découdre avec les balles, les verres, et quiconque voudrait me défier. En un rien de temps, on est en place et je campe sur mes jambes pour me préparer mentalement. « Bon, y a personne d'autre qui va mal ? Le mariage, les études ? J’ai loupé beaucoup ? » J’ai raté quoi, pendant que j’ai disparu de la circulation ?

@Wendy Craine @Megan Williams