don’t know when i learned to play with matches
Jo Carter & @Midas Sterling (crédit gif/crackshipandcrap)

"Ça fait mal, hm ? De réaliser que t’es pas le seul capable d’attirer mon attention ?" Bienvenue au club, chéri, c’est comme ça qu’elle aurait pu compléter les choses après lui avoir lancé ça à la figure avec son éternel sourire en coin, assez sûre sur le moment de ne chercher qu’une seule chose, et c’était de le blesser exactement comme il le faisait maintenant. À, si ce n’était la prendre de haut, ce qu’il n’avait jamais fait malgré le fossé qui les séparait au point de vue de leur carrière, mais à la réduire à l’image que les autres avaient d’elle quand ils posaient les yeux sur elle : celle d’une pauvre gamine capricieuse qui, durant les dix premières années de sa vie, avait trop eu l’habitude d’obtenir ce qu’elle voulait pour accepter qu’on lui refuse quoi que ce soit, qui se croyait au-dessus des règles parce qu’elle avait conscience de son pouvoir de séduction, de son charisme, et que sa volonté de se faire pardonner en minaudant était assez tranchée pour qu’elle y parvienne sans pour autant admettre qu’elle avait tort, juste en croisant les doigts assez fort pour qu’on ne lui en veuille pas trop, convaincue d’avoir le plus sale caractère de la pièce pour ne pas craindre la rancune des autres. Lui qui prétendait la connaître mieux que la moyenne, lui qui lui avait déjà dit avoir compris qu’elle se donnait des airs pour se protéger, et uniquement pour ça, il campait sur le personnage qu’elle avait mis en place pour poser une conclusion à un dialogue de sourds, et ce n’était pas agréable à réaliser.

Elle savait où cette conversation mènerait s’ils s’obstinaient à la continuer de cette façon là. Jo n’avait pas envie de dire des choses qu’elle regretterait, comme elle n’avait pas envie d’entendre des choses que lui regretterait. Alors, il ne s’en rendait sûrement pas compte, certainement trop habitué de son côté à considérer qu’elle ne faisait aucun effort, mais elle rongea son frein, et ce n’était que pour une seule et unique chose : parce qu’elle tenait à lui, assez pour vouloir faire quelque chose des soupçons qu’il faisait peser sur les rumeurs qui courraient au sujet d’une relation vieille de plus d’une dizaine d’années, quand bien même elle ne le fit avec aucune volonté. Elle le devina assez vite que ce n’était pas assez, que manquant de conviction, et ne croyant pas en l’idée que ça réglerait quoi que ce soit dehors, la presse se délectant bien trop goulument de ce genre de choses pour considérer ça opportun de se baser sur des démentis, il prendrait davantage sa proposition comme un affront que comme un véritable pas dans sa direction.
Et ça ne loupa pas. Tandis qu’il lui laissait la responsabilité d’une officialisation de leur relation, elle secoua la tête en hésitant à lui demander ce qu’elle devait faire exactement pour qu’il comprenne qu’il était important pour elle. Mais elle n’avait pas envie d’être taxée de n’être rien d’autre qu’une sale gamine qui vivait dans un monde beaucoup trop grand pour elle, et dont elle avait voulu se départir des codes pour faire comme bon lui semblait parce que ça l’arrangeait de se protéger de cette façon. Il disait ce qu’il voulait sur l’idée qu’il ne lui forçait pas la main, chose qui ne lui avait même pas traversé l’esprit à dire vrai, mais il la mettait tout de même au pied du mur à propos de son incapacité légendaire à gérer ses sentiments pour autrui, partant de la vérité absolue que sachant, elle, ce qu’elle ressentait, elle n’avait pas besoin de l’exprimer en se répandant en bons sentiments, ou en faisant des annonces au journal télévisé. Peut-être qu’elle devrait s’y contraindre parce que ça devenait compliqué de se faire comprendre, même de la seule personne qu’elle pensait assez fin d’esprit pour être capable de lire entre les lignes.

Elle ravala absolument tout ce qu’elle aurait été tenté de dire à ce moment-là, sentant la brûlure de sa propre verve au fin fond de sa trachée. Baissant les bras en le regardant s’habiller, Jo le suivit des yeux, le laissant s’approcher d’elle pour lui donner un baiser sur le front qui lui fit baisser les paupières et crocheter ses doigts autour de son poignet dans l’espoir que la pression qu’elle exerça avec sa main, sentant pulser son pouls contre la pulpe de ses doigts, soit suffisante pour le convaincre de remettre ses plans à plus tard et de rester. Mais elle savait que ce serait pour le mieux de prendre un peu de recul le temps de quelques heures, et ce qu’il ajouta comme quoi elle avait besoin de réfléchir, ça lui laissa une sensation étrange dans l’estomac, comme un coup qu’elle aurait été la plus à même de parer si elle ne sentait pas sa gorge se rétracter sous l’effet de la réalisation. J’ai pas besoin de réfléchir, je veux être avec toi, que ce soit publiquement ou pas, c’est ce qu’elle lui aurait dit si elle n’avait pas été si fière, si elle n’avait pas voulu contenir la frustration qu’elle ressentait et qui se mua en tristesse lorsqu’il la relâcha.
Rouvrant les yeux pour lui décocher un regard fixe, elle haussa les sourcils en reprenant vie lorsqu’elle lui répondit enfin, sa voix résonnant étrangement au moment où elle perça le silence qui était brièvement retombé dans la chambre "Je sais pas combien de temps vont durer mes essayages." Le ton monocorde qu’elle employa n’était pas digne de la palette de nuances qu’elle avait dans la voix, et si elle baissa les yeux un instant, c’était parce qu’elle savait qu’à trop soutenir ceux de Midas, elle finirait par ne plus savoir contenir sa frustration à ne pas savoir se faire comprendre, et qu’elle se mettrait à pleurer — pour qu’il l’accuse de le faire pour l’attendrir, plutôt crever. Elle déglutit fort en relevant de nouveau la tête pour lui accorder une dernière oeillade à l’instant où il lui répéta qu’il ne lui forçait pas la main "J’ai compris." fit-elle, le ton dur qu’elle voulut se donner manquant cruellement de conviction lui aussi et se terminant par une glissade de ses yeux sur le plafond quand elle conclut, sachant très bien quels seraient ses projets une fois qu’elle aurait terminé ses essayages "Tu me verras arriver de toute façon." Il la sentirait surtout, lorsqu’elle le rejoindrait au studio, et que le surprenant par derrière, elle passerait ses doigts dans la masse épaisse de ses cheveux pour lui signaler sa présence sans un mot, ses lèvres effleurant la ligne de son cou en même temps ; mais une fois seulement qu’elle aurait terminé de faire ce qu’elle avait à faire de son côté, et qu’après avoir passé ses nerfs sur à peu près tout le monde qui trainerait dans son sillage jusque-là, elle serait redescendue assez en pression pour le lui dire, ce qu’elle avait déjà sur le bout de la langue à ce moment-là : j’ai pas besoin de réfléchir, je veux être avec toi, que ce soit publiquement ou pas.

rp terminé.