Time waits for no one (Amos)

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Time waits for no one

La première filature qu’Halsey avait tentée avait plutôt bien porté ses fruits ; elle avait découvert que le brun – dont elle ignorait toujours le nom, cela devenait extrêmement pesant – côtoyait une femme travaillant dans les forces de l’ordre, ce qui suscita sa curiosité étant donné qu’elle le pensait lié de près ou de loin aux activités illégales de cette organisation qui se faisait appeler Le Club. Elle avait demandé à Clyde de tenter de fouiller davantage de ce côté là, mais autant dire que si les stups n’en savaient pas plus, ça n’était pas elle qui parviendrait à dégoter plus d’informations. Elle s’interrogeait sur les motivations du brun vis à vis de sa sœur, encore plus depuis qu’elle avait découvert qu’il avait une relation avec une flic. Son cerveau avait été en ébullition depuis qu’elle avait découvert cette information et les hypothèses avaient commencé à fuser de tous les côtés, même si pour l’instant elle avait trop peu d’éléments que pour se diriger vers l’une d’elles. C’était précisément ce manque de données qui la poussa à retenter une filature, pour tenter d’en apprendre davantage. Après tout, la première fois avait plutôt bien fonctionné puisqu’elle l’avait amenée à Olivia – elle n’avait pas chômé et le contact était désormais établi avec la brune qui ne se doutait absolument de rien – avec qui elle comptait bien continuer de passer du temps, assez en tout cas pour qu’elle commence à lui faire confiance et à lâcher doucement les détails dont elle avait besoin. Ca ne serait pas une chose aisée (d’autant qu’elle avait affaire à quelqu’un de la police, donc méfiante par nature) mais elle ferait son possible pour noyer le poisson et réussir à l’amener là où elle le voulait. Après tout, sa patience était infinie et elle avait déjà amené des plans bien plus élaborés sur le long terme lorsqu’il avait été question de ses deux précédents mariages, alors, elle était rôdée. Elle tenta une nouvelle fois sa chance au restaurant – cet endroit était le seul qu’elle pouvait relier au jeune homme – et attendit bien plus longtemps que la première fois avant d’apercevoir son visage. Elle avait d’ailleurs failli jeter l’éponge, mais sa patience fut une nouvelle fois récompensée et un large sourire dévoila ses dents blanches. Suivre les gens ne faisait pas habituellement partie de ses prérequis, mais puisqu’il s’agissait d’une histoire de famille qui devenait de plus en plus mystérieuse et intéressante, Halsey avait décidé de sortir des sentiers battus et d’essayer de nouvelles choses. Jusqu’à présent, elle s’était montrée plutôt douée et sa discrétion avait été rétribuée par ce premier contact établi avec Liv. Elle espérait que la deuxième prise serait aussi bonne. Lunettes de soleil sur le nez, cheveux attachés – il l’avait déjà vue et elle ne tenait pas à ce qu’il la reconnaisse du premier coup d’œil – et en tenue de sport, Halsey commença à se mettre à sa poursuite, prétendant être entrain de faire un footing tout en se tenant à distance, sur le trottoir dans face. Elle avait ses écouteurs – mais ceux-ci ne fonctionnaient évidemment pas – et faisait de légères foulées, crevant d’envie de s’allumer une clope au lieu de se tuer une nouvelle fois en s’essayant à ce sport. Mais là, c’était pour la bonne cause. Elle commença à le suivre, tantôt à pied, tantôt en taxi – comme la première fois finalement – et haussa finalement un sourcil en se demandant ce qu’il pouvait bien faire. La dernière fois, il se rendait dans des lieux bien spécifiques, mais là… Rien. C’était plus qu’étrange. Elle le vit disparaître à un angle de la rue et se remit à faire quelques foulées, histoire de ne pas le perdre de vue. Elle arriva à l’angle et là… Plus rien. « Merde. » Elle fronça les sourcils, regardant partout autour d’elle pour tenter de voir s’il n’était pas plus loin, entrain de traverser la rue ou autre mais non. Il avait tout simplement disparu.

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Time waits for no one

Halsey #2
@Halsey Blackwell

La tempête est passée, le vent fait désormais tourner d’autres girouettes et je me sens mieux, assez pour respirer librement depuis quelques jours. Cette dispute avec Raelyn, elle m’avait laissé un goût amer dans l’arrière-gorge. Il m’a fallu plusieurs heures pour m’en débarrasser, appréhendant d’avoir brisé quelques choses entre nous. Bien sûr, fort de mes bonnes résolutions, je m’étais accordé sur le diapason de l’optimisme. Entrevoir le drame dans tout, c’est épuisant pour moi et pour les autres également. Aussi, alors que j’ai égaré ma route vers le restaurant d’Alec, j’ai tenté de faire abstraction de cette désagréable impression d’être épié. Je m’y suis employé de toutes mes forces, sauf qu’on ne refait pas un ancien militaire. La tendance à rester sur ses gardes est une séquelle que beaucoup redoutent. À l’armée, on apprend également à se fier à son instinct et, le mien, il me rappelle par vague que ce n’est pas la première fois que je suis envahi par cette sensation. Ce triste soir où Jacob, le mari d’Olivia, m’appela à la rescousse pour récupérer l’abandonnée, j’avais jeté dans mon rétroviseur de frénétiques coups d’œil tant j’étais persuadé d’être observé. Je me souviens aussi m’être dès lors demandé si ma longue introspection, assis sur le pont de mon bateau, avait réchappé à cet œil de Moscou présumé avant de me raisonner. Qui pourrait bien me filer ? Sarah ? Mais dans quel but ? Vérifier son intuition ? Me prendre en flagrant délit d’adultère qui n’en est pas tout à fait un ? Me confronter à ce qu’elle qualifierait de batifolage ? Impossible ! Au contraire, elle aurait vu Raelyn quitter mon bateau et elle m’aurait appelé pour m’affubler de tous les noms d’oiseaux que compte son riche vocabulaire. J’en conclus donc que mes présomptions étaient le fruit de mon imagination jusqu’à ce que, cet après-midi, le phénomène se reproduise. Impossible de faire semblant de rien cette fois. Le sentiment me colle à la peau. Il souffle sur ma méfiance de la motivation et, sur le trottoir, juste devant le Club, j’ai balayé l’horizon d’un coup d’œil aguerri et nonchalant. J’ai photographié toutes les personnes autour de moi et à bonnes distantes : de la vieille femme promenant son chien, du père tenant la main de son enfant pour traverser la rue en passant par la joggeuse. Parmi tous ces passants, c’est elle qui attira d’emblée ma méfiance. Elle était habillée trop chaudement pour la saison, se tenait trop loin pour que je puisse distinguer ses traits et ne m’inspira aucune confiance. Mes hypothèses la traduisaient en coupable idéal et, en reprenant mon chemin, je me suis demandé, dans l’éventualité où cette jeune femme s’intéressait de trop près à mon cas, sur combien de kilomètres je pourrais la balader avant de la perdre de vue. Le plan est simple : si elle tourne au coin de la rue, je me suis trompé. Au contraire, à moins qu’elle ne se lasse, elle me collera aux basques sur plus de pâtés de maisons qu’elle ne s’imagine. Je me suis donc lancé, feignant d’être indifférent à la récurrence de sa présence, jusqu’à ce que ma curiosité atteigne son pic. J’ai bifurqué dans une ruelle et je me suis planqué pour arroser l’arroseur. Sa réaction me confirma qu’elle était seule responsable de mon inconfort. Mais, qui est-ce ? Sa silhouette ne me dit rien. Son visage est dissimulé sous la capuche de son pull. Mon seul indice, c’est cette voix en partie familière tandis qu’elle jure. Je l’avais déjà entendue, mais où ? Quand ? À qui appartenait-elle ? Soumis à l’impérieux besoin de comprendre et d’avoir le cœur net, j’ai profité de ce que cette jeune inconnue me tourne le dos pour songer la rue perpendiculaire pour me rapprocher et la surprendre d’une question : « C'est moi que tu cherches ? » Je suis si près que j’aurais tôt fait de la rattraper par le bras si elle envisageait la fuite. Je n’aurais pas hésité une seconde, car elle m’intrigue, cette personne. Elle m’intrigue, car je déteste toutes mes déductions à propos de Mitch ou de Sarah. Les seuls capables de se pencher sur mon cas au point d’engager une détective privée, si tant qu’elle soit de ceux-là, cette indiscrète.

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Time waits for no one

Au-delà de son besoin d’informations, Halsey commençait doucement à se prendre au jeu. Ces filatures, c’était plutôt amusant dans l’absolu. Cela rejoignait un peu ce qu’elle faisait en changeant d’apparence afin de récolter l’argent de ses chantages, et c’était un côté du business qu’elle appréciait fortement. Se fondre dans la peau d’un personnage et modeler certains aspects physiques afin de passer inaperçu, cela nécessitait du talent. Avec le temps, elle avait commencé à amasser des dizaines de perruques, ainsi que des vêtements au style différents qui contrastaient fortement avec ce qu’elle avait l’habitude de porter, surtout s’il s’agissait de rencontrer une personne qui l’avait déjà vue sous sa vraie apparence. Amos, dans ce cas précis, ne l’avait vue qu’une fois et dans une tenue ordinaire de ville. Par conséquent, ça n’était pas comme si elle avait à faire des efforts monumentaux, même si elle avait tout de même décidé de s’attacher les cheveux et de revêtir une tenue de sport afin de rendre les détails un peu plus réalistes. Si elle devait le suivre sur une longue distance, l’excuse du footing restait la meilleure à ses yeux. Et effectivement, son choix sembla faire mouche puisqu’Amos décida de se conduire différemment de la première fois, vaquant d’un endroit à un autre sans jamais se rendre à un rendez-vous ou dans un endroit spécifique. La brunette se demandait vraiment ce qu’il faisait, et sa méfiance se réveilla, mais malheureusement pas assez vite. En effet, elle le vit accélérer le pas et disparaître au coin de la rue, la poussant elle à accélérer le rythme alors qu’elle était déjà au bout de sa vie – rappelons qu’elle n’avait rien d’une grande sportive et que la cigarette altérait ses capacités pulmonaires depuis un moment déjà. Elle arriva à l’intersection quelques secondes plus tard, mais il avait déjà disparu, ce qui poussa la jeune femme à prononcer un juron alors qu’elle se tournait dans tous les sens en espérant le repérer au loin, tablant sur la possibilité qu’il avait simplement traversé la rue ou qu’il était entré dans un des établissements. Halsey se mordit la lèvre, irritée d’avoir perdu sa trace aussi bêtement alors que tout s’était aussi bien passé la première fois. Peu habituée à l’échec, elle soupira en passant une main sur son front, réfléchissant déjà à la suite des opérations. Ce n’était pas si grave, elle recommencerait le lendemain ou le surlendemain, en trouvant une nouvelle technique qui l’empêcherait de le perdre aussi facilement. Le plus important, c’était qu’il ne l’ait pas repérée, pas vrai ? « C'est moi que tu cherches ? » Jésus Marie Joseph. Halsey sursauta en entendant sa voix la surprendre ainsi et elle se retourna vivement, ayant reconnu sa voix bien avant que son regard ne se pose sur lui. Amos. Il savait qu’elle le suivait, c’était pour ça qu’il s’était comporté de manière aussi étrange pendant la journée, dénotant de ses habitudes de la veille. Serrant les dents, elle l’observa de derrière ses lunettes de soleil qui faisaient pour l’instant rempart entre eux, comme le prouvait l’air intrigué qu’il portait sur son visage ; il ne l’avait pas reconnue. Elle hésita un instant sur la meilleure façon de réagir, comprenant que la fuite n’était déjà plus une option à envisager ; il se tenait beaucoup trop près d’elle, et seul le fait qu’il ignore son identité l’avait poussé à ne pas poser une main sur elle, mais elle pouvait voir qu’il était sur le qui-vive. Décidée à tenter le tout pour le tout, elle choisi de ne pas se griller trop vite, espérant qu’il la laisse partir sans trop insister – ça valait le coup de rêver, non ? « Je ne vois pas de quoi vous parlez, je ne cherche personne. Je cours. » Ça ne se voyait pas ? Posant une main sur sa hanche, elle le toisa de derrière ses lunettes et attrapa son téléphone, prétendant avoir une conversation en cours. « Non pas toi… Oui… Un type qui me parle. Je te laisse. » La brunette avait volontairement modifié sa voix – pas trop afin que cela fasse naturel et pas trop surjoué – et espérait que ce petit tour le pousse à abandonner, sans quoi elle serait grillée et plutôt deux fois qu’une. Mais la brune avait plus d’un tour dans son sac, et il lui en faudrait beaucoup pour perdre son assurance habituelle. Avec un peu de chance, il ne la reconnaîtrait pas – après tout il n’avait eu d’yeux que pour la Raelyn des pâturages lors de leur rencontre.

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Halsey #2
@Halsey Blackwell

Le regard fixé sur les alentours et concentrée par l’objet de ses recherches – autrement dit, moi – l’inconnu a sursauté, comme les coupables en flagrant délit d’un crime, comme ceux qui n’ont pas la conscience tranquille. Machinalement, j’ai souri, pas tant à cette femme dont je n’aperçois pas bien les traits - pas encore – mais à mon intuition. Je l’ai remercie, car quoiqu’elle puisse dire, cette curieuse, je sais que j’ai vu juste, qu’elle m’avait bel et bien pris en filature, mais pour quoi ? La tête baissée, sa capuche descendue sur ses yeux dissimulés derrière des lunettes de soleil, j’ai du mal à distinguer ces traits de sorte à provoquer une certitude, mais j’ai ma petite idée. Je me suis légèrement baissé pour mieux l’apercevoir, car son identité me permettrait d’éliminer quelques-unes de mes suppositions. « Je t’ai posé une question. » ai-je répété, moins de quelques secondes après la première, histoire de l’oppresser. Les amateurs, honteux et mal à l’aise, réagisse mal à ce genre de brusquerie, si bien qu’il baragouine tout et n’importe quoi. Elle n’a pas fait l’exception. « N’insulte pas mon intelligence, jeune fille. » ai-je rétorqué, courroucé par son manque d’honnêteté quand cette voix m’est familière. Se pourrait-il qu’il s’agisse d’Halsey ? J’en ai bien l’impression, tout comme j’ai le sentiment qu’il n’y a personne au bout du fil. Autant dire que je fus tenté de lui arracher son bien et de le balancer dans le conteneur témoin de sa mauvaise foi. Mes pupilles dilatés par l’agacement lui hurle de ne plus persister sur cette voie, de ne surtout pas se foutre de ma gueule, parce que je déteste ce genre d’intrusion dans mes habitudes. « Arrête ton cinéma, Blackwell. Range ton portable et enlève moi cette capuche de ta tête, on dirait un mauvais flic. » ai-je soupiré, mais soumis à cette même question : a quoi bon me filer ? Qu’ai-je à lui apporté ? Pourquoi s’imagine-t-elle que j’ai un rôle à jouer dans ses « retrouvailles » avec celle qu’elle présente comme sa sœur ? Mon influence sur Raelyn se limite à l’essentiel, soit à nous deux. Du reste, j’ai assez de respect pour sa jugeote pour lui permettre de mener sa barque comme elle l’entend. Jusqu’ici, je n’étais pas là et elle s’en est très bien sortie. De plus, je n’ai pas envie qu’elle se mette à fouiner dans mon quotidien sans elle, dans ce que sont mes relations, si ce n’est Lola que j’entends lui présenter. Pourquoi ai-je la sensation que notre bonheur presque parfait va s’assombrir à cause de cette petite idiote qui n’a, vraisemblablement, que peu de bonnes intentions. J’ai tenu ma promesse : elle voulait rencontrer sa sœur et je me suis arrangé pour que ça arrive. La suite, je n’en suis pas responsable. Je ne suis même pas concerné. Je n’ai par ailleurs aucune idée de la façon dont cet entretien s’est déroulé, mais je soupçonne qu’elle n’ait pas récolté les honneurs qu’elle espérait. « Allez, dépêche. Je t’ai grillée, m’oblige pas à t’enlever cette capuche et tes lunettes de soleil moi-même. Ce serait encore pire pour ta fierté, crois-moi. » Et elle en a. Son air revêche en témoigna lors de notre première rencontre et, en observant sa bouche, je ne pus que constater qu’elle l’était tout autant. « Allez, sois pas trop dure avec toi. Tu auras au moins essayé. Dis-moi plutôt ce que tu me veux. Et, tant que nous y sommes, dis-moi aussi si c’est la première fois que tu t’y colles ou si tu m’as suivi il y a aussi il y a quelques jours de cela ? » Et, le cas échéant, qu’avait-elle découvert ? Quelles informations détenait-elle et, dans l’éventualité où elle m’aurait lié à Olivia, qu’espérait-elle en faire ? Les semer autour d’elle ? Griller ma couverture ? Aspirait-elle à me faire chanter A quel sujet ? Il me manque des données pour évaluer le danger et je me suis aussitôt radouci. Inutile de me la mettre à dos pour le moment ou de la braquer. « ça, c’est pas bien passé avec Raelyn ? Elle a mal pris que tu lui apportes des fleurs pour son accident ? » J’ai mimé des guillemets de mes doigts. « Ce n’était qu’une blague, pas de quoi fouetter un chat. Pas de quoi me tendre des pièges aussi grossiers non plus. » Car, elle manque bel et bien d’expertise pour le militaire qui sommeille en moi. « Qu’est-ce que tu me veux ? » Et à elle ? A nous, par extension.

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Time waits for no one

« Je t’ai posé une question. » Halsey se sentait acculée, une sensation qu’elle ne connaissait que peu et qui ne lui plaisait que moyennement, pour être tout à fait honnête. Elle était prise de court, ne s’étant pas attendue à se faire griller au détour d’un carrefour, et encore moins à se retrouver aussi proche de lui – ce qui l’empêchait de prendre la fuite afin d’éviter qu’il ne la reconnaisse. Tentant le tout pour le tout, elle s’empara de son téléphone, prétendant avoir une conversation en cours via les écouteurs toujours vissés à ses oreilles, mais le brun ne sembla pas se laisser berner une seule seconde, non pas que ça soit très étonnant. « N’insulte pas mon intelligence, jeune fille. » Jeune fille. Elle se retint de ricaner mais le regard qu’il lui lançait rendait toute cette situation bien trop austère au goût de la brune qui se contenta donc d’éloigner son téléphone de lui, ayant l’intuition qu’il allait lui arracher des mains si elle continuait son petit manège. La patience, ça n’était pas pour tout le monde. « Arrête ton cinéma, Blackwell. Range ton portable et enlève moi cette capuche de ta tête, on dirait un mauvais flic. » Bon, quelque chose lui disait qu’elle était grillée. Elle obtempéra, à moitié, faisant la moue tout en rangeant son téléphone dans la poche de son sweat sans toutefois enlever directement la capuche. Elle gagnait volontairement du temps, cherchant à rassembler ses idées et à réfléchir à la meilleure façon d’aborder ceci sans toutefois soulever une nouvelle vague de méfiance. L’exercice s’annonçait complexe, mais Halsey avait toujours aimé les défis. « Allez, dépêche. Je t’ai grillée, m’oblige pas à t’enlever cette capuche et tes lunettes de soleil moi-même. Ce serait encore pire pour ta fierté, crois-moi. » « Ça va, ça va. » Ronchonna-t-elle en retirant ses lunettes, les posant sur le sommet de son crâne qu’elle avait préalablement délesté de la capuche oversize qui lui mangeait presque autant le visage que ses lunettes. Elle haussa un sourcil, penchant la tête sur le côté, décidée à jouer la carte de l’insouciance jusqu’au bout ; il était hors de question d’admettre ce qu’elle faisait, et encore moins les raisons qui l’y avaient poussée. « Salut. » Lança-t-elle en dévoilant ses dents blanches, presque comme s’ils se croisaient dans la rue par un heureux hasard. « Allez, sois pas trop dure avec toi. Tu auras au moins essayé. Dis-moi plutôt ce que tu me veux. Et, tant que nous y sommes, dis-moi aussi si c’est la première fois que tu t’y colles ou si tu m’as suivi il y a aussi il y a quelques jours de cela ? » Oh, mais c’était qu’il pensait réellement qu’elle allait abattre ses cartes uniquement parce qu’il l’avait démasquée ? C’était bien mal la connaître. Au moins, il avait l’air de prendre les choses avec légèreté, mais ça devait être une façade. Le calme avant la tempête. « Suivi ? Tu t’accordes un peu trop de crédit, on s’est uniquement croisés parce que je fais mon jogging dans ce quartier et qu’on prenait les mêmes directions sans le savoir. » Innocente jusqu’à preuve du contraire, oui monsieur. « ça s’est pas bien passé avec Raelyn ? Elle a mal pris que tu lui apportes des fleurs pour son accident ? » Ah ça. Halsey esquissa un léger sourire, se rappelant l’air amusé de la blonde lorsqu’elle lui avait fait part de la petite blague de son copain – elle ignorait encore exactement la nature de leur relation, mais elle restait persuadée qu’il y avait quelque chose entre eux. « Ce n’était qu’une blague, pas de quoi fouetter un chat. Pas de quoi me tendre des pièges aussi grossiers non plus. » Des pièges grossiers. Il ignorait qu’elle avait parfaitement réussi son coup la veille, ce qui la rendait bien plus douée qu’il ne le saurait jamais. « Je dois bien avouer que je n’avais pas prévu de fleurs, mais je lui ai tout de même raconté ta petite histoire. Elle a beaucoup ri. » Elle avait à peine souri en réalité, il ne fallait pas oublier que Raelyn avait décidé de porter un masque d’indifférence qu’Halsey avait à peine réussi à percer, si ce n’était lorsqu’il s’agissait de faits étonnants concernant leur père ou encore Charleville. « Mis à part cette situation cocasse, tout s’est très bien passé. » Son ton ne manquait pas d’ironie, et pour cause ; la méfiance de la blonde avait été un frein du début jusqu’à la fin, ce qui avait totalement empêché la brunette de construire quoique ce soit durant la soirée. Cela dit, elle était loin de déclarer forfait ; elle avait d’autres cordes à son arc. « Qu’est-ce que tu me veux ? » Un tas de choses à vrai dire, mais pas sûr qu’elles plaisent à Raelyn. « Je voulais dire bonjour, maintenant que je sais que tu es mon beau-frère. » Lança-t-elle dans un grand sourire. Était-elle entrain de prêcher le faux pour avoir le vrai ? Mais absolument.

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Halsey #2
@Halsey Blackwell

On n’apprend pas au vieux singe à faire la grimace et cet adage, connu de tous, semble lui avoir échappé, à Halsey Blackwell. Au contraire, elle ne persisterait pas à se la jouer incognito alors que je l’ai démasquée et pas qu’un peu. Seule la correction m’empêche de lui ôter moi-même cette énorme capuche qui dissimule en partie son visage, mais Dieu que ça me démange d’accentuer ce que je présume en malaise au travers sont attitude. Elle grommèle entre ses dents et j’aurais bien souri devant ce qui s’apparente à un caprice de gosse vexé d’avoir manqué de discrétion. « Bonjour Halsey. » ai-je à défaut rétorqué alors qu’elle me salue non sans cacher sa frustration. Elle plus polie qu’enjouée de me voir, la soi-disant petite sœur de ma maîtresse. Et, évidemment, je saute à pied joint dans la mare de sa contrariété. Je l’asticote, accentue son éventuel sentiment d’échec et ça m’amuse. J’ai d’autant plus envie d’en rire qu’elle sort de sa manche la carte du hasard. « Bien sûr, ce n’est qu’une coïncidence. Suis-je bête. Comment n’y ai-je pas pensé ? Et, comment ai-je pu croire que toi, tu t’arrêterais à ce genre de conneries pour grapiller quelque infos sur… comment tu l’appelles ? » J’ai fait mine de réflexe, l’index poser théâtralement sur mon menton. « Rachel-Lynn. C’est ça… » Et, si je n’ai pas jugé bon d’interroger cette dernière sur son rendez-vous avec Halsey, - nous avons toujours mieux à faire lorsque nous sommes tous les deux - la curiosité me prend au corps. Alors, je fais preuve d’indiscrétion, l’air réjoui de ma mauvaise blague et regrettant de ne pas être une petite souris. J’aurais adoré voir sa réaction de visu. Nul doute que le récit sera à mille lieues de la réalité. Dommage ! « Allez, raconte. Quitte à me faire perdre mon temps, autant me donner l’impression que ce n’est pas pour rien. » l’ai-je chahuté gentiment. « Allez, divertis-moi. » Elle mousse, j’en suis certain, et si c’est moins par faute que par celle d’avoir été débusquée et, par conséquent, d’avoir à répondre de sa filature, je m’en moque : je jubile. « Hé bien dans ce cas, si tout s’est bien passé, le mystère reste entier : que puis-je faire pour toi si je n’ai aucun crédit et puisque je ne peux pas être idiot au point de croire que tu es là à cause de ton jogging ? » ai-je rétorqué les bras croisés, soucieux de comprendre et pressé d’entendre ses justifications.

Mon regard lui conseille vivement du regard de ne pas s’avancer sur un terrain qui puerait le mensonge. Peu de chance pour que je reste aussi courtois ou magnanime dans ces conditions. Elle a cependant choisi une autre option, preuve qu’elle est plus subtile qu’elle n’est fine et l’allusion a étiré mes lèvres d’un rictus narquois. « Tu t’avances, jeune fille. Tu juges sans savoir. » Beau-frère est un bien grand mot même s’il est vrai que la relation entretenue avec Rae sort du cadre de la liaison sans lendemain, de l’aventure sans précédent. Si j’avais nourri le moindre doute, il aura été balayé par notre dernière soirée. Sauf que j’imagine mal ma partenaire s’être épanchée sur ses sentiments, les miens ou notre quotidien avec cette parfaite inconnue. J’ai encore en mémoire ses inquiétudes la concernant lorsque je lui ai confié les tenants et aboutissants – ceux à ma disposition – de cette conversation. « Et tu ne réponds pas à ma question non plus. Tu veux des infos, je présume ? Tu n’en as pas eu assez malgré que ça se soit si bien passé ? » ai-je rajouté sans la perdre des yeux. Je l’ai détaillée sans craindre de la trouver. Il était impératif, à ce stade, qu’elle saisisse que je ne plaisante pas – ou plus – et que je ne la lâcherai pas tant que je n’aurai pas obtenu ce que j’attends d’elle, ce qui me revient de droit alors que je suis convaincu que ce n’est pas la première fois qu’elle me suit. Mais, pour trouver quoi, exactement ? « Finis de jouer. Balance. C’est encore le meilleur moyen d’y gagner quelque chose… Profites-en, je ne suis pas d’humeur joueuse aujourd’hui. » Sous-entendu : pas de mauvaise blague.

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Time waits for no one

Amos semblait plutôt content d’être parvenu à la démasquer, et si la brune était particulièrement ennuyée par ce fait, elle n’en montra rien – ou peu – afin de ne pas lui accorder trop de plaisir non plus. Une fois la surprise passée, elle dévoila ses dents blanches et lui adressa un sourire avant de le saluer, comme si tout ceci n’était qu’une situation cocasse un brin risible et non une filature bancale ayant lamentablement échoué. Clyde était bien plus douée qu’elle à ce petit jeu et elle regrettait de s’être fait attrapée, même si elle était parvenue à obtenir un contact grâce à ce qu’elle avait découvert la veille. « Bonjour Halsey. » Elle s’abstint de lui faire une accolade – ils n’en étaient pas encore là – et se contenta donc d’un léger signe de tête sans trop lui accorder d’attention, cherchant du regard une échappatoire qui n’avait pas encore l’air d’exister pour l’instant. « Bien sûr, ce n’est qu’une coïncidence. Suis-je bête. Comment n’y ai-je pas pensé ? Et, comment ai-je pu croire que toi, tu t’arrêterais à ce genre de conneries pour grapiller quelque infos sur… comment tu l’appelles ? » Il se la joua dramaturge du dimanche, posant son index sur son menton tout en faisant mine de réfléchir alors qu’il se moquait ouvertement d’elle. Mais Halsey n’en avait cure, parce qu’il n’était qu’un pion dans le plan qu’elle mettait doucement en place dans son esprit et que tout ce qu’il disait l’effleurait à peine. Ses pensées étaient dirigées vers Raelyn et non pas envers ce sex-toy grandeur nature duquel elle semblait tomber amoureuse – encore une fois, les regards. « Rachel-Lynn. C’est ça… » Seigneur, il avait avalé un clown au petit déjeuner celui-là. Elle haussa les épaules en reportant son attention sur lui, l’air de dire « j’en sais rien moi comment t’as pu y croire, t’es peut-être effectivement bête après réflexion… » tout en conservant un semblant de sourire innocent sur ses lèvres. Le sujet de sa merveilleuse – notez l’ironie – rencontre avec Raelyn tomba immanquablement sur le tapis et elle lui en fit brièvement part, usant du sarcasme pour expliquer en quelques mots ce qu’il s’était passé, et ce même si elle était persuadée qu’il devait déjà être au courant. Non pas qu’elle l’ait cru aveuglément concernant le soi-disant handicap de sa sœur, mais une part d’elle était restée vigilante. Juste au cas où. Elle savait désormais à quoi s’en tenir avec lui, mais s’il croyait l’avoir abusée de A à Z lors de leur brève entrevue, il se mettait le doigt dans l’œil. « Allez, raconte. Quitte à me faire perdre mon temps, autant me donner l’impression que ce n’est pas pour rien. Allez, divertis-moi. » Elle haussa un sourcil, jetant brièvement un coup d’œil sur son sweat avant de relever les yeux vers lui. « Y a marqué éducatrice spécialisée ici ? » Lança-t-elle en tirant sur le vêtement, comme si elle tentait de lire la marque à l’envers. « Si tu veux te divertir, il y a un club de striptease à deux rues d’ici. Ceci étant dit, je trouve ça un peu triste que tu ne trouves pas ton compte avec Raelyn, si elle a besoin de conseils tu peux lui dire de ne pas hésiter à m’appeler. » Un léger ricanement s’échappa de ses lèvres tandis qu’elle penchait un rien la tête sur le côté, l’observant presque avec un air enjôleur. Elle n’avait cure de ce type pour ce que ça valait, mais si elle pouvait retourner la situation en le mettant mal à l’aise, elle n’allait pas se gêner. « Hé bien dans ce cas, si tout s’est bien passé, le mystère reste entier : que puis-je faire pour toi si je n’ai aucun crédit et puisque je ne peux pas être idiot au point de croire que tu es là à cause de ton jogging ? » Bras croisés, il attendait d’elle qu’elle lui livre la vérité sur un plateau d’argent. L’espoir faisait vivre comme on disait souvent. Pour l’instant, elle faisait volontairement durer le suspens, jaugeant la situation avant d’en dire de trop, ou pas assez. Il était plus malin qu’il n’en avait l’air et par conséquent, Halsey décida de ne pas le sous-estimer. « Tu t’avances, jeune fille. Tu juges sans savoir. » Elle hocha la tête d’un air entendu. A d’autre. « Je ne juge pas, je constate. Mais je vais faire semblant de te croire. » Elle laissa un nouveau sourire se poser sur ses lèvres, laissant volontairement planer le doute sur ce qui aurait pu ou pas échapper à Raelyn lors de leur petite soirée cocktail. « Et tu ne réponds pas à ma question non plus. Tu veux des infos, je présume ? Tu n’en as pas eu assez malgré que ça se soit si bien passé ? Finis de jouer. Balance. C’est encore le meilleur moyen d’y gagner quelque chose… Profites-en, je ne suis pas d’humeur joueuse aujourd’hui. » C’était qu’il avait presque l’air menaçant, dis donc. « La partie sur le jogging était vraie, je vois pas pour quelle autre raison je me promènerais comme ça en ville… » Elle balaya rapidement sa tenue d’un geste avant de reporter son attention sur lui. « … Après, je t’ai aperçu et je n’ai pas pu résister. » Elle haussa les épaules une nouvelle fois, comme pour banaliser ce comportement qui frôlait tout de même certaines limites – pour la plupart des êtres humains, mais pas pour elle s’entend. « Tu sais très bien que ça s’est mal passé avec Raelyn, j’essaie de glaner des informations où je peux. Je me suis dit… » Elle plissa légèrement les lèvres. « Je me suis dit que là où tu allais, elle y serait peut-être. Et que je pourrais tomber sur elle « par hasard » puisqu’elle ne semble pas avoir envie de me rappeler. » Tout était vrai, ou presque, et grâce à ça il ne pourrait pas remettre sa parole en doute. Elle fronça légèrement les sourcils. « Je viens d’arriver en ville et la seule raison de ma présence ici, c’est elle. Je prévois pas de partir avant d’avoir eu une vraie conversation avec elle, que ça te plaise ou non. » Oui parce que le jeu du garde-corps à deux balles, ça commençait à devenir extrêmement lassant.

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Halsey #2
@Halsey Blackwell

Je m’amuse plus qu’elle, c’est évident. Je me permets de rire parce que ce n’est pas moi qui ai eu la maladresse de manquer de finesse. Quand on file quelqu’un, on s’arrange pour ne pas être démasqué et, le cas échéant, la manigance révélée au grand jour, on fait au minimum preuve de bonne foi. Elle semble en être complètement dénuée, Halsey dites Blackwell. Elle verse même dans la bassesse sournoise qui agite une veine de mon front. Je sens ma jugulaire palpiter qu’elle évoque sa supposée sœur en terme aussi indélicat. Pour peu, j’aurais tourné les talons en crachant par terre tout mon mépris. Or, je n’en fais rien. Je réprime la spontanéité du geste parce que je n’ai qu’un objectif : découvrir ce qu’elle trame. Et je fais mine de ne pas avoir entendu. Je fais semblant qu’elle ne m’atteint pas alors que Rae est mon intouchable. Nul ne peut la dénigrer. Nul ne peut se plaindre d’elle si ce n’est moi. C’est mon droit le plus légitime. J’avance à ses côtés au jour le jour et nous sommes sortis du cadre de l’aventure tout bonnement sexuel. Dès lors, qui est-elle pour me voler mes privilèges ? Et, qui est-elle pour faire preuve d’autant de dédain ? Qu’importe ! Je l’aurais à la dérobée. Je tendrai tôt ou tard un fil d’un trottoir à son parallèle et elle chutera lourdement à se prendre les pieds dedans. Elle tombe et ravalera de sa superbe, d’autant que je soupçonne que ce couteau tiré droit vers mon cœur est le fruit d’un stratagème bien huilé. À ce stade, elle présume que sa sœur et moi entretenons une liaison, liaison que n’aura pas confirmé son aînée – s’il en est – et depuis lors, la curiosité l’assaille Halsey. Ce serait tellement commode de dévoiler cette carte. Elle saura où frapper dans ces conditions et si elle le souhaitait. N’est-ce pas là une bonne raison de me taire ? Une raison de plus ? Une plus mûre que l’excessivité ? Une qui m’apportera bien plus que la fuir parce qu’elle m’ennuie ? Je n’en doute pas. Alors j’écoute et elle confirme mon hypothèse ; elle veut savoir, mais je ne dis rien. Je ne pipe pas. Je ne débâche pas le monument que Raelyn a volontaire décide de dérober à la vue de cette intruse dans sa vie. « Faire semblant ? De toi à moi, tu devrais arrêter de te fier à ton instinct. Regarde-toi, il ne te vaut rien. » Il ne manque le rouge aux joues pour justifier de son embarras et ma foi, je comprends. Elle doit être mal à l’aie d’avoir été surprise sur le vif. Je lui accorde même le bénéfice du doute par rapport à sa partie de jogging. Du reste, je nourris toujours autant de doute qu’au premier jour. « Admettons. »ai-je lancé en croisant les bras sur mon torse. « Admettons que je te crois. Qu’est-ce que tu crois que je peux faire pour toi ? » Et, cette fois, la réponse a le mérite d’être honnête : mettre la main sur son obsession. Très bien ! Cette partie-là de l’histoire aussi est cohérente, mais est-elle idiote ou complètement naïve (la bonne blague) ? Que croit-elle obtenir avec ces méthodes d’agent secret ? « Ce n’est pas à moi que ça doit plaire ou pas, Halsey. Ce n’est pas ma famille, ce n’est pas mon histoire, ça ne me concerne pas. Mon seul problème, c’est que je n’apprécie que moyennement que tu ne joues pas assez franc-jeu et que tu joues les roublardes. Comment veux-tu qu’elle te croie de bonne foi si tu utilises ce genre de méthode ? Franchement. » ai-je soupiré en la détaillant de haut en bas. Que vais-je bien pouvoir faire d’elle ? « Et tant que j’y suis, comment tu veux que j’ai envie de te donner la moindre information. » Elle l’admet elle-même : elle espère en glaner. « Alors que quand tu parles d’elle, tu craches du venin. » Référence à son allusion sur sa créativité sexuelle : créativité qu’elle ne soupçonne pas. « Va falloir que tu revois tes plans parce que tout ce que tu vas gagner, c’est qu’en plus de ne pas vouloir discuter avec toi une seconde fois, tu vas regretter de l’avoir mise en colère. Crois-moi. » ai-je conclu en ravalant moi-même ma bile. « Qu’est-ce que tu attends d’elle exactement ? » N’est-ce pas la seule question qui vaille ?

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Si la brune avait commencé par se retrouver désarçonnée par la tournure des évènements et par cette rencontre fortuite à laquelle elle ne s’était pas vraiment préparée – parce que filer quelqu’un n’engageait que très rarement sur la pente de la confrontation et qu’en l’occurrence, se retrouver face à lui n’avait jamais été son but – elle avait très vite repris de son assurance en plongeant son regard dans le sien sans se démonter. Elle s’était peut-être fait avoir, mais c’était loin d’être une raison valable pour perdre ses moyens et se répandre en excuses et en explications vaseuses – comme il l’attendait probablement d’elle. A la place, elle retourna la situation en l’attaquant sur ce qu’elle avait deviné être son point faible ; Raelyn. Il avait beau s’en défendre et prétendre ne pas être touché par ses paroles mesquines, son air ne trompait pas alors qu’elle se permettait de critiquer sa chère et tendre en l’absence de cette dernière. Le manque de confirmation des deux parties l’empêchait d’assoir avec certitude cette conviction qui était la sienne – à savoir que le duo partageait plus qu’un goût approximatif pour les blagues dépourvues d’humour – mais la jeune femme savait que son instinct la trompait rarement – voire jamais – dans ce genre d’affaire. Après tout, c’était bien sur ce point que s’appuyait la plupart de ses arnaques, et au fil des années, Halsey était devenue plutôt douée pour deviner l’implicite. « Faire semblant ? De toi à moi, tu devrais arrêter de te fier à ton instinct. Regarde-toi, il ne te vaut rien. » Oh, était-ce le moment où elle était supposée se sentir piquée à vif ? Parce qu’il lui en faudrait bien plus que ça, n’en déplaise à la verve dont le brun semblait faire preuve en toute circonstance. « Si tu le dis, mais tu peux dire ce que tu veux, je n’en reste pas moins persuadée que toi et Raelyn filez le parfait amour. Ou tout du moins, que vous partagez le même lit, à défaut de sentiments quelconques. » Argua-t-elle en laissant un sourire étirer ses lèvres avant de lui expliquer – partiellement et en omettant beaucoup de détails – les raisons de sa présence dans la même rue que lui, axant sa plaidoirie sur son envie de recréer un contact avec sa sœur, puisque cette dernière ne daignait pas lui donner le moindre signe de vie. Cette partie là était vraie, ce qui arrondissait un peu les angles de ce tissu de mensonges inventés au fur et à mesure des paroles qui franchissaient ses lèvres avec une aisance naturelle. « Admettons. Admettons que je te crois. Qu’est-ce que tu crois que je peux faire pour toi ? » Apriori pas grand-chose ; elle espérait obtenir des informations croustillantes sur ses habitudes – à l’image de ce qu’elle était parvenue à surprendre en découvrant sa relation encore inexpliquée avec Olivia – mais tout ça sans qu’il ne s’en aperçoive bien entendu, ce qu’elle n’allait bien entendu pas lui expliquer sous peine de se faire exposer une bonne fois pour toute ; et ce n’était pas le plan. « J’en sais trop rien, tu es la seule personne de son entourage avec qui j’ai eu contact. Tu pourrais lui parler et la convaincre que je ne suis pas une psychopathe assoiffée de sang ? » Lança-t-elle dans un haussement d’épaules désabusé. « Ce n’est pas à moi que ça doit plaire ou pas, Halsey. Ce n’est pas ma famille, ce n’est pas mon histoire, ça ne me concerne pas. Mon seul problème, c’est que je n’apprécie que moyennement que tu ne joues pas assez franc-jeu et que tu joues les roublardes. Comment veux-tu qu’elle te croie de bonne foi si tu utilises ce genre de méthode ? Franchement. Et tant que j’y suis, comment tu veux que j’ai envie de te donner la moindre information alors que quand tu parles d’elle, tu craches du venin. » Oups. Disons que de chasser le naturel avait tendance à le faire revenir au galop, comme le disait l’adage. « C’est ma façon de communiquer, je ne peux pas m’en empêcher. » Prétexta-t-elle en haussant une nouvelle fois les épaules, comme si elle n’y pouvait strictement rien. « Il faut le prendre au second degré, je sais que je suis un peu piquante, mais ce n’est pas pour énerver qui que ce soit. » Ajouta-t-elle en esquissant une moue boudeuse. « Va falloir que tu revois tes plans parce que tout ce que tu vas gagner, c’est qu’en plus de ne pas vouloir discuter avec toi une seconde fois, tu vas regretter de l’avoir mise en colère. Crois-moi. Qu’est-ce que tu attends d’elle exactement ? » Mais c’était qu’ils étaient tous d’une susceptibilité affolante dans cette famille – Amos était officiellement un candidat beau-frère à ses yeux, elle le mettait donc dans le lot. « J’ai envie d’apprendre à la connaître, c’est tout. Si vraiment elle ne veut pas de moi dans sa vie, je finirai par l’accepter. Mais pas tant qu’elle ne m’aura pas donné ma chance. » SOS famille en détresse ; ça fait presque pitié mais bon, on n’avait rien sans rien. « Peut-être que je m’y prends mal, mais personne n’a encore écrit de bouquin sur la meilleure façon d’aborder une sœur que l’on découvre à passé trente ans. Pas que je sache en tout cas. » Pour le reste, il pourrait mettre ça sur sa personnalité décalée et exubérante, après tout il ignorait totalement à qui il avait affaire – et il valait mieux que cela reste ainsi.

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Halsey #2
@Halsey Blackwell

Je déteste le penser, je haïrais l’admettre à voix haute, mais elle est perspicace, Halsey Blackwell. Alors qu’elle nous prête, à Rae et moi, une relation durable que je nie, je suis forcé de reconnaître que son flair n’a d’égal que son aplomb. Il me crispe, moi. Son toupet me prive d’élargir mon esprit et de lui accorder le bénéfice du doute. Dès lors, je m’obstine à réfuter son hypothèse, mais indirectement cette fois. Me défendrais-je avec trop de vigueur qu’elle me soupçonnerait d’avoir quelque chose à cacher, ce qui est somme toute vrai, aussi ai-je opté pour un angle de préservation différent. « Pas de sentiment, pas de lit. Pas encore tout du moins, mais j’y travaille. » J’aurais bien ajouté, dans le seul but de me moquer gentiment d’elle, que ce n’était pas à répéter, mais trop point n’en faut. Je me contente de hausser les épaules, faussement dépité, d’autant que je touche du doigt le dessein de sa filature. Je me fous qu’elle soit tombé sur moins par hasard ou qu’il s’agisse d’une rencontre préméditée. Si elle a perdu son temps à me suivre, c’est dans l’espoir de trouver en moi un soutien non négligeable ou de quoi blesser celle qu’elle présente comme sa sœur. Dans un cas comme dans l’autre, approchant de la vérité, je me détends et balaie d’une question franche le terrain sali par nos précédents quolibets. « La convaincre ? » ai-je répété en soupirant. « Je suis flatté que tu me prêtes autant de crédit, mais je n’ai pas assez d’influence sur elle pour ça surtout que je n’en suis pas convaincu moi-même. » Dans ces conditions, difficile de faire mouche. Difficile de viser juste le mile de la cible. Mais, n’est-ce pas de la faute d’Halsey ? Elles flirtent perpétuellement avec les limites du convenable et de l’acceptable. Qui pourrait bien lui accorder une quelconque foi si ce n’est un homme amoureux, un idiot envoûté par ses vaines promesses ? En soi, tout ce que je ne suis pas et que je n’alimente pas, pas pour elle en tout cas. Et pourtant, derrière ce qui sonne faux dans son comportement, il y a une note juste : si vraiment Raelyn est sa sœur, alors il est normal qu’elle veuille s’essayer à tisser un lien. Mais que puis-je y faire moi ? Je ne ressens pas vraiment le besoin de jouer les chevaliers servant pour lui servir de guide durant cette aventure. « Piquante ? » l’ai-je donc répétée effaré. Moi, j’aurais dit insolente et particulièrement maladroite, mais qu’importe : ce n’est pas le sujet. « Si personne n’a écrit de bouquin, c’est sans doute parce que ça ne dépend pas que d’une seule personne. Tu ne peux pas la forcer, Halsey. » Et, moi non plus. « En admettant que tu sois sincère, tu peux pas rentrer dans sa vie par effraction parce que tu l’as décidé. Il va falloir te montrer patiente et encore… Je ne suis pas certain que ça suffira. » C’est compliqué d’entrer dans la bulle de Raelyn. Elle trie sur le volet les candidats susceptibles d’y pénétrer. De ma propre expérience, j’avancerais également que plus on lui oppose de la résistance, plus ça deviendrait une nécessité pour son esprit de contradiction. Sauf qu’il y a des conditions pour soulever son intérêt. Je ne les maîtrise pas toute, mais je sais par contre qu’il manque quelque chose à cette prétendue sœur. « Tu l’as filée elle-aussi ? » me suis-je enquis soupçonneux. « Tu prévois de la revoir comment ? En te pointant devant sa porte avec des petits gâteaux ? » Ou autre méthode qui serait moins délicate au vu du personnage. « Comment tu comptes t’y prendre ? Pour l’approcher en douceur je veux dire. » Autrement dit, pas comme tu le fais avec moi. Je ne pourrai pas le lui cacher. Notre relation est basée sur la transparence – Mon mariage et mon entourage proche mis à part – et je doute que ça lui plaise. « Dis-moi et je verrai ce que je peux faire. » Non pas pour l’imposer, moins encore pour tenir les rênes à sa place, mais pour évaluer la personnalité de mon interlocutrice, le cas échéant, marcher sur ses plates-bandes au besoin.

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Halsey n’aurait su expliquer pourquoi, mais elle était intimement convaincue qu’elle avait vu juste concernant ces deux-là, et rien qu’ils ne puissent dire ne viendrait perturber ce qu’elle savait être la vérité. Pour une raison qu’elle ne s’expliquait pas, ils avaient décidé d’étaler une voile de mystère plutôt opaque sur eux, sur leur vie, et sur à peu près tout ce qui faisait d’eux ce qu’ils étaient. C’était précisément cette façon de faire qui avait piqué la curiosité de la brunette qui se serait probablement éloignée aussi vite de Raelyn que de Liam si elle avait fait preuve du même potentiel pour la banalité. Sauf que la blonde n’avait rien de banale, et son ami non plus. Ils cachaient quelque chose, et la jeune femme espérait bien découvrir quoi, car ça devait forcément être croustillant à souhait. « Pas de sentiment, pas de lit. Pas encore tout du moins, mais j’y travaille. » Ah, l’humour. Un sourire étira ses lèvres, par politesse plus que par réel amusement, parce que son petit jeu ne prenait pas vraiment avec elle. Il n’avait pas caché son côté protecteur à l’égard de sa sœur et le fait qu’il se détende à son sujet n’était qu’un leurre, elle en aurait mis sa main à couper. « Ça fait longtemps que vous vous connaissez ? » Demanda-t-elle, mine de rien, passant une main dans ses cheveux comme si la discussion ne l’intéressait que peu, alors que la curiosité était bien réelle. La question était suffisamment détachée que pour qu’il y réponde, sauf si sa méfiance était encore trop présente – ce qui n’était pas à exclure. « La convaincre ? » Cette perspective semblait le traumatiser d’avance, à croire que sa sœur ne se montrait pas acariâtre qu’avec les gens qu’elle ne connaissait pas. « Je suis flatté que tu me prêtes autant de crédit, mais je n’ai pas assez d’influence sur elle pour ça surtout que je n’en suis pas convaincu moi-même. » La brune souffla très légèrement, en apparence dépitée par tous ces murs qui se dressaient devant elle à chaque pas effectué en direction de Raelyn. « Elle est du genre à ne faire confiance qu’à elle-même, c’est ça ? » Demanda-t-elle en comprenant qu’elle et la blonde avaient décidément un peu trop de points en commun. « J’ignore quoi faire pour vous convaincre, je n’ai jamais vu quiconque d’aussi soupçonneux. » Lança-t-elle en toute franchise, même si au fond d’elle-même, Halsey était loin d’être la jeune femme qui se posait en victime sous les yeux d’Amos. « Piquante ? » Oui, comme la sauce salsa. Apparemment, l’adjectif ne semblait pas lui convenir, mais elle décida de ne pas tenter le diable et se contenta de lui sourire dans une grimace amusée, comme si elle se rendait bien compte qu’elle avait parfois trop tendance à jouer avec les limites du raisonnable. « Si personne n’a écrit de bouquin, c’est sans doute parce que ça ne dépend pas que d’une seule personne. Tu ne peux pas la forcer, Halsey. En admettant que tu sois sincère, tu peux pas rentrer dans sa vie par effraction parce que tu l’as décidé. Il va falloir te montrer patiente et encore… Je ne suis pas certain que ça suffira. » C’était presque à faire pleurer dans les chaumières, si seulement la brunette était aussi sincère qu’elle voulait bien le faire croire. Ce type avait des tendances philosophes et Halsey s’ennuyait déjà à écouter son sermon de grand-père, mais il fallait qu’elle tienne bon, peut-être était-il la clé finalement. « Je ne veux pas la forcer, j’estime juste qu’elle ne m’a pas accordé le bénéfice du doute et qu’elle m’a catalogué de nuisible à l’instant où elle m’a vue. Qui fait ça ? Avec un comportement pareil, on pourrait vraiment croire qu’elle a quelque chose à cacher. » Son ton était naïf et ses suppositions balancées dans l’air comme si elle évoluait dans un film, l’air de rien, mais rien n’était jamais anodin avec la brune. Elle voulait voir comment il réagissait face à ce genre d’allégations, que ça soit dans ses mots ou dans les expressions de son visage. Elle voulait savoir si elle visait juste ou si Raelyn n’avait rien d’autre à cacher que son mauvais caractère et des suspicions erronées de la part des stups. « Tu l’as filée elle-aussi ? » La jeune femme haussa un sourcil dans sa direction, comme si cette éventualité était improbable. « Ne dis pas aussi comme si c’était ce qu’il s’est passé avec toi, je t’ai expliqué comment ça s’est passé. » Une rencontre au détour d’une rue durant un jogging et une curiosité exacerbée, rien de plus. « Mais non, je ne l’ai pas filée. » Ajouta-t-elle en levant les yeux au ciel. « Tu prévois de la revoir comment ? En te pointant devant sa porte avec des petits gâteaux ? » Oui, ça pourrait être drôle ça tiens. « Comment tu comptes t’y prendre ? Pour l’approcher en douceur je veux dire. Dis-moi et je verrai ce que je peux faire. » La jeune femme haussa les épaules en levant les deux mains en l’air, signe qu’elle n’en avait pas la moindre idée. « Je n’y ai pas vraiment réfléchi, je ne sais rien sur elle. Et puisqu’elle semble fermée à la discussion, j’avoue que je bloque un peu. C’est pour ça qu’on est entrain d’avoir cette discussion tous les deux, j’essaie de me montrer inventive en glanant des informations à gauche et à droite… Mais on ne peut pas dire que ça ait fonctionné très fort jusqu’à maintenant. » Un nouvel haussement d’épaules vint ponctuer ses paroles. « J’ai de toute façon décidé de rester en ville, j’espère qu’avec le temps, elle reviendra sur sa décision… » Ou pas, mais le cas échéant elle n’en resterait pas là – ce qu’Amos ignorait, bien entendu.

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Toute question à propos de Raelyn est moi est fatalement suspicieuse. Alors, j’évalue. Je jauge la dangerosité de toute réponse, quoique je ne suis pas certain de la détenir. J’ai un problème avec le temps passant parce qu’il m’effraie et, qui plus est, j’ignore ce que sa présumée sœur lui aura raconté dans l’éventualité où elle aurait joué de sa curiosité auprès d’elle. Je suis à deux doigts de l’éluder, mais ne serait-ce pas éveillé ses soupçons quand ils sont si proche de la réalité ? Ne serait-ce pas un mauvais calcul que d’opter pour le silence ? « Je ne sais pas ? Quatre ou cinq mois, je crois.» Voire un peu plus, mais qu’est-ce ça change finalement ? Essaie-t-elle de mesurer ce qui tient la route dans mes propos ? Essaie-t-elle d’estimer ce qui est juste ou non dans ma description de Raelyn ? Lorsque je la peins comme une femme indépendante qui ne se fie qu’à elle-même, c’est une réalité. Au mieux je suis son exception, mais ça ne la regarde pas finalement. « Exactement. Quand tu sais ça, tu sais tout.» ai-je affirmé en écartant les bras de mon corps. « Et pour la convaincre, parce que moi, je le répète, ce n’est pas mon problème.» Il ne le deviendra que dans l’éventualité où elle chercherait à lui causer du tort. Le cas échéant, je ne présage qu’elle me détaillera plus comme si j’étais l’idiot du village, comme si je n’étais qu’un rigolo dont elle peut se moquer éperdument et n’est-ce pas ce qu’elle pense ? N’est-ce pas ce qui lui traverse l’esprit ? Les expressions de son visage ne la trahissent-ils pas ? Elle a tort de me sous-estimer. En attendant, je m’en contente et je souligne ô combien elle est agaçante avec sa susceptibilité et sa mauvaise fois. Elle maintient qu’elle ne m’a pas filé, mais je sais reconnaître la manœuvre quand je la croise. Ainsi finit-elle de m’agacer. « Et arrête d’insulter mon intelligence en jouant les innocentes. » Tout ce qu’elle y gagne, c’est que je me braque, non sans lui avoir livrer une analyse de son comportement. Je me moque qu’elle en tienne compte ou non. Je me contrefiche qu’elle ne prenne pas pour argent comptant les quelques conseils que je lui distribue. « Et, ce que tu dis là, c’est exactement la forcer. Tu n’es personne pour estimer le temps ou l’intérêt qu’elle t’apportera.» Personne pour exiger, aurais-je pu conclure en haussant les épaules, prévoyant de tourner les talons. Elle se fout de moi à chaque fois qu’elle profère un mensonge et son aveu de faiblesse – elle admet qu’elle ignore comment aborder sa “soeur“ m’ébranle à peine. « Cette conversation. Fruit du hasard. » ai-je soupiré en secouant la tête, dépité par tant de mauvaise foi. « Belle démonstration de tout ce qu’il ne faut pas faire.» Essayer d’endormir son interlocuteur. « J’espère que tu te plairas dans le coin. » Puisque, pour ma part, je n’ai rien d’autre à ajouter : je prends congé.

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Halsey essayait tant bien que mal de trouver la faille, de chercher à comprendre ce qui liait cet homme à a sœur et dans quelle mesure, mais celui-ci se montrait aussi doué que la blonde au petit jeu des dissimulations. S’il avait laissé échapper des regards équivoques lorsque le sujet glissait sur Raelyn, son visage s’était aussi vite fermé afin de ne plus rien laisser filtrer. Elle tenta de savoir depuis combien de temps ils se connaissaient, mais il paraissait évident qu’il n’hésiterait pas à lui mentir afin de conserver le mystère sur leur relation. « Je ne sais pas ? Quatre ou cinq mois, je crois. » La brune plissa une nouvelle fois les lèvres, pas vraiment convaincue au vu de son hésitation qui était loin d’être présente pourtant lorsqu’elle parlait de sa sœur. « Tu crois ? » Autant dire qu’elle n’avalait pas son petit mensonge, mais elle décida de ne pas insister tout simplement parce qu’elle savait qu’elle n’obtiendrait rien de plus de sa part ; elle savait reconnaître quand une cause était perdue, même si elle ne désespérait pas de voir les choses changer à un moment ou l’autre. « Exactement. Quand tu sais ça, tu sais tout. Et pour la convaincre, parce que moi, je le répète, ce n’est pas mon problème.» Il avait suffisamment insisté sur ces propos-là pour qu’elle comprenne qu’il ne comptait pas l’aider, ce qui était loin d’être un scoop à ce stade. Il était fidèle à Raelyn et ne la trahirait pas, ce qui ne lui posait pas de problème mais ôtait à la brune une carte de son jeu qu’elle espérait pourtant exploiter. Cela dit, elle aurait dû s’en douter compte tenu de ce qu’ils semblaient partager tous les deux. « J’ai bien compris ça, je me débrouillerai seule. » C’était déjà ce qu’elle faisait depuis toujours, et elle s’en était toujours très bien sortie. Elle lui adressa un petit sourire, sentant la fin de cette merveilleuse entrevue se profiler. « Et arrête d’insulter mon intelligence en jouant les innocentes. » La jeune femme se contenta de hausser les épaules sans cesser de l’observer, peu désireuse de prolonger le débat plus longtemps alors qu’il se montrait aussi réfractaire, dans tous les sens du terme. Il ne lui fournirait aucune information utile, et par conséquent, il ne l’intéressait plus. Sans doute continuerait-elle de le suivre à l’occasion, histoire de voir si elle pourrait découvrir autre chose, mais discuter avec lui était une perte de temps, à n’en pas douter. « Et, ce que tu dis là, c’est exactement la forcer. Tu n’es personne pour estimer le temps ou l’intérêt qu’elle t’apportera.» Et voilà qu’il se braquait maintenant en prenant la défense de sa chère et tendre, c’était vraiment mignon. « Cette conversation. Fruit du hasard. Belle démonstration de tout ce qu’il ne faut pas faire. J’espère que tu te plairas dans le coin. » Et il décida de tourner les talons en la laissant là, à son grand soulagement. Sans se départir de son sourire, elle remit ses écouteurs en place et poursuivit sa route elle aussi, songeuse quant à cette discussion qui lui avait au moins confirmé une chose ; ça n’était pas grâce lui qu’elle parviendrait à s’engouffrer dans une quelconque brèche de la vie de Raelyn Blackwell.

RP Terminé.

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