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@Midas Sterling ☆ crédit/harley

"Ils s’aiment." L’incursion de Jo dans les pensées de Midas était un peu brusque, presque sur la défensive. Elle essaya de savoir en le dévisageant s’il doutait pour de bon que les protagonistes de leur future chanson perdaient leur temps à vouloir se parler, se comprendre, alors qu’ils ne s’aimaient pas. Avait-il oublié ce qu’elle lui avait avoué ? Quelle était amoureuse de lui, que d’aussi loin qu’elle se souvenait, elle avait toujours su qu’il ne pouvait y avoir que lui ? Dans un sourire teinté de tristesse, et c’est vrai d’un peu d’amertume aussi, elle continua en détournant la tête, tempérant l’intention dans sa voix "S’ils s’aimaient pas, ce serait pas aussi difficile que ça justement. Ils passeraient à autre chose sans chercher à comprendre ce qui a mal tourné." Il savait pourquoi en l’occurence. Avait-elle besoin de le lui rappeler ?
Bien sûr que non, et si elle se radoucit juste après, c’était parce que les perspectives mise en avant par Midas parlaient à la jeune femme pleine de rêves que Jo était. Il savait de quoi il parlait, elle n’avait rien à opposer à la stratégie menée par son équipe pour promouvoir l’album qu’il avait terminé, le sien n’en étant qu’au stade de projet qu’elle se voyait mener en parallèle de ce qu’encore, il lui offrait sans même y penser. Elle eut un sourire absent en y songeant de son côté, ramenée sur terre par la mention de Posy et de l’âge qu’elle aurait quand l’anticipation autour de Jo se transformerait en attention scrutatrice. Ça lui pinça le coeur de refaire les calculs inhérents à son arrivée dans la vie de Midas, et brièvement elle se perdit dans ses souvenirs pour mettre en confrontation la vie qu’elle menait quand lui, il rencontrait Harleen.
Au bout d’une seconde ou deux, ça lui fit du mal, alors elle s’interdit de s’y appesantir davantage, et ne se sentant là encore pas légitime de saluer son implication dans la vie de sa fille parce que ce n’était pas son rôle de le faire, elle garda le silence. Pas longtemps, puisque les heures suivantes apaisèrent considérablement la peine causée par ce qu’ils cachaient derrière les mots des personnages de fiction qu’étaient les protagonistes de leur chanson. C’était confortable pour tout un tas de raison, de se cacher derrière eux pour exorciser leur histoire, ça l’était d’autant plus que Jo n’avait pas été aussi calme depuis des mois. Si elle l’incombait de moitié à l’état de création dans lequel ils se perdirent en même temps, le reste elle savait que c’était à Midas qu’elle le devait.
Elle adorait travailler avec lui, c’était au-dessus de ses capacités de définir à quel point d’ailleurs, et bien que c’était tentant de se perdre un peu dans leur passé commun en nourrissant l’espoir de ce quelque chose qui flottait au-dessus de leur tête, ça l’était encore plus d’envisager de profiter du moment pour entamer une nouvelle page et l’écrire avec lui tant elle parvenait à oublier qu’elle était supposée lui en vouloir, qu’elle était supposé guérir de ses mensonges avant de décider pour de bon de revenir vers lui. Elle l’était peut-être plus qu’elle ne l’imaginait en fin de compte, guérie.

Elle ne comprit pas bien comment les choses s’étaient enchaînées quand, confrontée à la silhouette de la robe qu’elle portait durant leur première finale de X Factor, elle fût rejointe par Midas devant lequel elle resta béate. Encore un super-pouvoir qu’il pouvait s’incomber le jeune homme : il avait le don de la faire taire sans aucune effort, seulement avec des gestes qu’elle ne comprenait pas la plupart du temps, n’ignorant pas dans le fond qu’ils étaient le fruit d’une possessivité aussi marquée que la sienne, mais d’autres choses aussi. Notamment de la bienveillance pure, quelque chose qu’elle ne pourrait jamais lui rendre au demeurant parce qu’elle n’avait pas sa gentillesse, son abnégation non plus.
C’était typiquement le genre de réalisation qu’elle se prenait en pleine gueule et qui lui faisait demander si elle était faite pour lui : il était tout ce qu’elle n’était pas, elle était tout ce qu’il n’était pas… d’autres diraient que c’était le signal pour abandonner, mais Jo s’accrochait parce qu’elle savait quelque part que c’était cette balance qui avantageait le duo, puis le couple, qu’ils formaient. Mais là, il la terrassait avec certes douceur et bonté, c’était pourtant d’une violence similaire à l’image qu’on se faisait d’une vague d’émotions qu’elle repoussa admirablement pour le scruter, s’en remettant à ses explications le temps de longues secondes qu’elle sentit peser sur ses épaules, ses yeux s’en remettant à l’harmonie de ses traits qu’elle avait envie d’effleurer avec ses lèvres.

Cette pensée fût celle qui lui fit retourner la tête vers la vitrine, fermer très fort et très brièvement les yeux pour se recentrer et lui dire après les avoir rouverts "Elle était conservée dans les archives de la chaîne. On m’en a pas fait cadeau après la finale, je l’ai même pas revue après avoir discuté de la vente aux enchères avec eux. J’en avais plus qu’un vague souvenir au fond, j’avais oublié qu’elle était aussi belle." Une explication qu’elle lui donna un peu inutilement, mais puisqu’il lui prêtait une psychologie plus pointue, elle se devait de remettre les choses à leur place, son attention dirigée vers la vitrine "J’ai eu l’idée de la mettre aux enchères parce que c’est la seule chose qui m’est venue à l’esprit. Je veux dire, c’est la seule pièce qui marque un point culminant dans ma carrière, je me voyais pas proposer je sais pas, autre chose que quelque chose en rapport à mon parcours la première fois." Ça a rien à voir avec nous, aurait-elle pu ajouter alors, mais elle ne le fit pas. Se tenant devant la vitrine, elle tendit la main pour la poser à plat dessus, admirant la beauté de cette pièce de créateur qui avait été conçue spécialement pour elle "J’adore cette robe." Autant qu’elle le détestait. Elle se souvenait parfaitement de ce que ça lui avait fait de la porter : elle n’avait jamais ignoré qu’elle était belle Jo, elle ne s’encombrait pas de la corvée de faire semblant. Sauf que quand elle s’était préparée ce soir-là, elle avait su qu’elle ne le serait jamais autant : elle l’avait enfilée avec la certitude qu’elle serait l’armure qui lui permettrait de remporter la bataille à la loyale, consciente qu’au-delà des apparences, elle avait plus que toutes ses chances.

Elle n’avait pas instant songé à l’idée qu’elle se faisait belle pour accueillir sa défaite, et maintenant qu’elle connaissait tous les détails de l’histoire, elle réalisait à quel point elle avait été bête. Elle eut besoin d’un instant pour ne pas se laisser happer par son aigreur, ses yeux toujours posés sur cette robe qu’elle quitta enfin du regard pour affronter celui de Midas qu’elle contredit cette fois. Sa tête se secoua en fronçant les sourcils "Me prête pas une psychologie aussi complexe Midas, c’est toi qui décide que je suis compliquée. Y avait pas d’intentions de tirer un trait sur quoi que ce soit qui nous concerne, je te le jure." Elle haussa les épaules pour poursuivre, ses cils clignant en même temps "J’aime pas pas ce qui s’est passé, c’est vrai. Mais ça fait partie de notre histoire, et j’ai pas envie de la réécrire pour qu’elle soit parfaite. C’est chiant la perfection." Ça la fit rire juste un peu de le dire de cette manière, et tandis qu’elle pinçait les lèvres pour reprendre sur elle, son regard ne quitta pas le visage de Midas dont elle détailla les caractéristique avec sans doute un peu d’avidité. Un autre rire finit par lui échapper en même temps qu’elle se recentrait sur la robe en secouant la tête, sa main toujours posée sur la vitrine "T’es incroyable. Je suis une vraie garce avec toi, et tu trouves encore le courage de faire ce genre de trucs. Si les rôles étaient inversés, j’aurais même pas eu l’idée de m’opposer pour remporter un objet qui t’appartient." Et c’était avec une pointe de honte qu’elle l’avouait, mais encore une fois, Jo ne s’encombrait pas avec les faux-semblants "J’espère que tu te rends compte à quel point ça me rend indigne de toi." Et ça, même si c’était dit sur un ton presque léger, c’était une vraie pensée qu’elle consolida par un regard fixe, celui qui l’empêcha de se concentrer trop fort sur l’envie qu’elle avait de le prendre dans ses bras. A la place, essayant de la contrer, elle lui dit avec sérieux cette fois "Merci. Je te l’ai pas encore dit, j’étais trop en colère contre toi. Mais merci." Elle ne lui ferait certainement pas l’affront de lui dire pourquoi. Il savait.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

Ils s’aiment. L’analyse de Jo, simple et évidence, me laisse muet quelques secondes. Parlons encore de nous au travers des deux imbéciles de la chanson, ou bien est-elle à présent complètement entrée dans un travail de composition et de création ?  Si oui, réalise-t-elle que c’est une torture, de s’échanger ce genre de déclarations sans pour autant avoir le droit de s’embrasser, de se toucher, d’être ensemble tout simplement ? Que j’ai le droit de considérer qu’elle est compliquée ? Ce genre de pensée ne m’amènera nulle part, ou en tout cas nulle part ou quelque chose de bon ne m’attend. Tant qu’elle n’aura pas définitivement pardonné, je dois faire de ma croix le fait que Jo estime juste de me tenir à l’écart tout en entretenant volontairement des relations ambiguës entre nous. De construire des murs entre elle et moi – comme elle l’a fait tout à l’heure lorsque je me suis inquiété pour elle de façon authentique – mais de les abaisser que lorsqu’elle le décide, selon des règles que je ne connais et ne maîtrise pas. Joséphine Carter me tient au creux de sa main et je suis son patin, c’est douloureux pour ma fierté de l’admettre, mais c’est un fait indéniable, non ? « S’ils s’aimaient pas, ce serait pas aussi difficile que ça justement. Ils passeraient à autre chose sans chercher à comprendre ce qui a mal tourné. » – « Et qu’est-ce qu’il faut leur souhaiter d’après toi ? » Qu’est-ce qu’il faut nous souhaiter Jo ? De nous retrouver ou d’apprendre à passer à autre chose ? Et toi, qu’est-ce que tu veux ? Je pousse un soupir las, avant de recommencer à gratter les cordes de ma guitare, me recentrant sur la création parce que c’est plus facile.

J’hésite à pénétrer dans la pièce, lorsque je la trouve face à la robe. Je pourrais m’éloigner à pas de loup, faire mine d’apparaître au bout du couloir en l’appelant et lui laissant ainsi la possibilité de prétendre qu’elle n’a rien vu, si d’aventure elle ne souhaitait pas discuter de tout ça. Je n’ai pas enchéri sur sa robe pour la reconquérir. Je ne l’ai pas fait pour le lui balance au visage comme ce grand geste voué à la récupérer, ce genre de connerie que j’aurais faite si nous avions été les protagonistes d’une comédie romantique. Non, je l’ai fait pour tout un tas de raisons parfaitement égoïstes. « Elle était conservée dans les archives de la chaîne. On m’en a pas fait cadeau après la finale, je l’ai même pas revue après avoir discuté de la vente aux enchères avec eux. J’en avais plus qu’un vague souvenir au fond, j’avais oublié qu’elle était aussi belle. » - « Elle était encore plus belle lorsque tu la portais. » Je revois les extraits et photos de la finale, que je le veuille ou non, bien assez régulièrement pour être capable de fermer les yeux et de la dessiner dans mon esprit. « J’ai eu l’idée de la mettre aux enchères parce que c’est la seule chose qui m’est venue à l’esprit. Je veux dire, c’est la seule pièce qui marque un point culminant dans ma carrière, je me voyais pas proposer je sais pas, autre chose que quelque chose en rapport à mon parcours la première fois. » - « Y’a un pauvre idiot qui a mis son tapis de Yoga. Tu sais, les fans seraient prêts à acheter ta brosse à dent. » J’esquisse un sourire amusé, ne cherchant pas à remettre sa parole en doute, mais à creuser ce qu’elle n’avoue pas, ce qu’elle ne s’avoue pas à elle-même non plus. « J’adore cette robe. » J’observe le tissue un instant à peine avant de reposer mon regard sur Jo. Elle, elle garde le sien rivé sur la vitrine et son trésor.

Est-ce parce que je ne réponds rien qu’elle se décide enfin à la quitter des yeux pour affronter ce qu’elle croit qu’elle va lire au fond des miens ? Je m’attendais à beaucoup de chose, mais pas à ce qu’elle soit presque vindicative. « Me prête pas une psychologie aussi complexe Midas, c’est toi qui décides que je suis compliquée. Y avait pas d’intentions de tirer un trait sur quoi que ce soit qui nous concerne, je te le jure. » Ce qui sort de sa bouche m’intéresse moins que son langage corporel, elle hausse les épaules et je ne pourrais pas être plus perdu. J’ai envie de la croire, Jo. J’en crève même d’envie mais plusieurs mois sont passés sans que ses actes et décisions ne soient en adéquation avec ce qu’elle maintient ; qu’elle cherche à me pardonner, qu’elle cherche à nous réparer et pas à tirer un trait. Bon sang, elle est partie à l’autre bout du monde avec un autre homme, et je suis supposé rester là comme un con à avaler ses paroles et à croire tout ce qu’elle me chante avec, certes, une si jolie voix ? « J’aime pas pas ce qui s’est passé, c’est vrai. Mais ça fait partie de notre histoire, et j’ai pas envie de la réécrire pour qu’elle soit parfaite. C’est chiant la perfection. » A mon tour de pousser un soupir, de rester songeur – et visiblement perturbé autant que frustré – et de répondre. « Alors pourquoi on en est encore là, Jo ? » Au stade où elle me dit toujours et ne me montre pas ? Avons-nous fait des progrès depuis le mois de mars ? Oui, bien sûr, mais ils ont tendance à être trop timides pour que je puisse croire à tout ça sans me dire que je suis trop con, trop rêveur et trop optimiste. « Pourquoi je peux pas m’inquiéter pour toi, pour ta sécurité, sans que tu m’envoies sur les roses et me remette face à Cassandra, la façon dont elle a agi et ce qu’elle t’a dit ? » Comment veut-il, dans ces conditions, que je n’ai pas l’impression que nous faisons un pas en avant et deux en arrière ? Du reste, je ne suis pas agressif, je ne suis pas vindicatif non plus, j’ai mal au cœur et c’est avant tout ça qu’il est facile de percevoir dans chaque mot, chaque respiration.

« T’es incroyable. Je suis une vraie garce avec toi, et tu trouves encore le courage de faire ce genre de trucs. Si les rôles étaient inversés, j’aurais même pas eu l’idée de m’opposer pour remporter un objet qui t’appartient. » J’esquisse un sourire. « J’ai mis ma guitare, la première. Celle dont mon abruti de frère voulait pas alors sur laquelle j’ai appris. » Et je me moque qu’elle ait tenté de la récupérer ou pas. Ça n’a pas d’importance, ce n’est pas ça que j’attends d’elle. « Mon cousin l’a achetée. T’aurais pas eu les moyens d’enchérir sur lui, je crois. Il possède l’Octopus, le casino à Fortitude, tu vois ? » Un businessman de plus, même si Amos n’a rien à voir avec Oscar. Il est aujourd’hui la personne qui me donne l’impression que j’ai toujours le droit à une relation fraternelle, moi aussi. Je les envie, les Taylor. Ils restent soudés malgré les coups du sort et les divergences d’opinion, eux. « J’espère que tu te rends compte à quel point ça me rend indigne de toi. » Je secoue la tête, refusant d’entendre ce qu’elle a à dire à ce sujet. « Dis pas ça. Je l’ai pas fait pour toi, on le sait tous les deux. » C’est pour moi que je l’ai fait. Parce que moi je ne voulais pas que quelqu’un d’autre la possède. Parce que moi je n’aimais pas l’idée qu’elle passe à autre chose, que je m’y refusais. Je ne suis pas aussi altruiste et généreux qu’elle le fait paraître. « Merci. Je te l’ai pas encore dit, j’étais trop en colère contre toi. Mais merci. » Je me noie dans son regard, j’y cherche une réponse à toutes les questions qui bouillonnent dans mon esprit, sans oser respirer. Finalement, je me jette à l’eau et tant pis si je me brûle les aîles. « Si je t’embrasse, tu vas me repousser ? » Un vrai baiser, pas un "volé" grâce à sa jalousie. « Juste ça, c’est promis. » On ira doucement si elle le veut, je m’en moque.

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@Midas Sterling ☆ crédit/harley

Le temps d’une demi-seconde, Jo avait souhaité arrêter de se cacher derrière des protagonistes en carton, et avait répondu à Midas avec un sourire en biais, celui qui allait souvent de paire avec ses provocations les plus douteuses "De remporter un putain de Grammy Award." C’était encore le plus facile à avancer sans qu’elle ne se sente coupable d’être celle qui avait décidé pour eux de tout arrêter sous le prétexte qu’elle ne se sentait pas capable de supporter l’entaille que Midas avait asséné à son orgueil.

Il n’était pas de mauvaise intention, elle l’avait compris, et elle s’estimait stupide d’avoir cru un seul instant que ses décisions avaient été régies par son envie de lui nuire. Encore une fois, il prouvait à quel point il pouvait être avenant ; et encore une fois, elle réalisa à quel point ils étaient différents sans que ça ne la dissuade de moins l’aimer. C’était égoïste, il méritait de tomber amoureux de quelqu’un qui aurait pour lui des gestes aussi désintéressés que ceux qu’il manifestait à son encontre. Elle savait pourtant que c’était peine perdue, et qu’à moins de mettre un marabout sur le coup, elle ne réussirait jamais à le libérer de l’emprise évidente qu’elle avait sur lui parce qu’elle était la même que celle que lui, il avait sur elle. Ce n’était même pas malsain selon elle, c’’était une réponse chimique à ce qu’ils dégageaient tous les deux, une réponse émotionnelle aussi à ce qu’ils avaient appris l’un de l’autre et qui devait combler ce quelque chose qui n’allait pas chez chacun d’eux ; une balance parfaite, elle ne se répèterait pas sur le question. Les yeux rivés sur sa robe, les lèvres pincées pour retenir quelque chose sans qu’elle ne sache si c’était un sourire ou autre chose, puis Jo fronça le nez en l’entendant la complimenter sans que pour une fois, elle se sente obligée de fanfaronner en disant que c’était vrai, qu’elle avait sublimé cette robe créée pour elle. Elle accepta juste le compliment avec une humilité rare, se freinant mentalement pour ne pas tendre la main dans sa direction et lui frôler l’épaule, gardant en mémoire que la ligne qu’elle avait dépassée l’autre fois ne devait plus l’être, et qu’à moins d’avoir son aval explicite, elle n’oserait sûrement plus le toucher d’ici là. Mais elle en avait terriblement envie. Ça la bouleversait d’être confrontée aux souvenirs qu’elle avait en tête à ce moment-là, confrontée à la sensation qui était longtemps restée coincée dans son ventre quand elle avait compris que la promesse qu’elle lui avait faite, de ne jamais lui en vouloir de l’emporter sur elle, avait disparue à l’annonce de sa victoire devant des centaines de milliers de téléspectateurs.
Elle tacha de se recentrer, ses explications sa déroulant d’elles-mêmes, la voix de Midas entrecoupant sa pensée pour alléger un peu l’atmosphère. Et elle l’en remercia en lui répondant sur la même intention "Ew. J’ai même pas envie de savoir ce qu’ils feraient avec ma brosse à dent." Sauver les apparences n’étaient pas nécessaire ici, mais si faire de l’humour lui permettait de prendre une respiration, elle qui avait la sensation de la retenir depuis tout à l’heure, soufflée par le geste de Midas, soufflée par la beauté de cette robe, elle ne s’en priverait pas.

Parce que le plus gros morceau de cette histoire arrivait seulement. Elle en ferma les yeux un instant, juste après avoir tenté d’éclaircir les choses pour finalement mettre un peu plus de confusion chez le jeune homme qui lui retourna une question on ne peut plus légitime.
"J’en sais rien." De pourquoi ils en étaient toujours là, et ça c’était la seule chose avec un peu de simplicité qu’elle osait lui dire depuis qu’elle avait été forcé de se débattre avec son orgueil. Elle tourna la tête vers lui, ses yeux rouverts trouvant les siens sans hésiter et sa gorge se rétractant en prenant conscience de combien en effet, elle pouvait paraître compliquée quand finalement il n’y avait qu’une seule bonne chose à lui avouer "J’oublie parfois tu sais, que tu m’as menti. Quand on passe assez de temps ensemble pour que je me rappelle que tu me fais du bien, c’est plus tellement important ce que t’as fait." Elle se reprit très vite, ne tenant pas à ce qu’il interprète mal ces paroles en particulier "Ça l’est bien sûr, je pourrai jamais me montrer assez reconnaissante à propos de tout ça." Elle laissa sa respiration s’échapper pour continuer juste une seconde après, son souffle se hachurant tout doucement "Mais c’est pas important à l’échelle de ce qu’on a vécu quand on était dans cette chambre d’hôtel, à se cacher alors que tout le monde savait ce qu’on faisait." Pas une seule personne l’ignorait, c’était certainement pour ça que c’était si facile de les monter l’un contre l’autre en réalité. Cassandra était maline, Jo l’avait devinée assez tôt pour ne pas sous-estimer ce qu’elle serait capable de faire si elle venait à entacher la réputation de Midas dont les paroles suivantes la firent détourner les yeux cette fois.
Là encore, elle lui dit sans plus faire de détour "Parce que je veux pas parler de mon père, et que c’est la seule façon que j’ai trouvé de te le faire comprendre sans être forcée de te le dire." Elle fronça doucement les sourcils, anticipant un mea culpa sincère, qu’elle prononça presque à voix basse "Je sais que tu t’inquiètes pour moi. Je suis désolée, je veux vraiment pas remettre ça sur le tapis chaque fois que je tente de te repousser." Et ça, elle voulait essayer de moins le faire. Mais il devait accepter ses doléances en la matière — dont elle répéta la principale pour qu’il l’entende pour de bon "Je veux juste pas parler de mon père." Et elle non plus n’était pas idiote, elle savait au fond que ça ne ferait que faire grossir la tumeur que le jeune homme avait flairé à l’instant où il l’avait vue sur le pas de sa porte.

"Ton cousin, celui qui t’a conseillé d’être omniprésent pour pas que je passe à autre chose ?" Un homme plein de bon sens à en juger par sa vie professionnelle — ou un homme dangereux en puissance, c’était libre d’interprétation. Jo choisit de lui accorder le bénéfice du doute, ce n’était pas un mauvais conseil dans le fond "Tu l’as fait pourquoi alors ? Je crois savoir, mais je veux te l’entendre dire." Et ses yeux restèrent accrochés aux siens un bout de temps, même après l’avoir  enfin remercié tandis qu’elle voulait ajouter en différé que quand ils passaient assez de temps ensemble, elle les oubliait ses mensonges, et qu’elle sentait qu’elle pouvait bien les oublier sur la durée aussi ; une manière comme une autre de lui faire entendre qu’elle lui pardonnait ? Sûrement. Sauf qu’elle n’eut pas le temps de le lui dire puisque la manière dont il reprit parole la prit de cours sans que pour autant, aucun délai ne vienne torturer le jeune homme à qui elle répondit en secouant la tête à la négative "Non, je te repousserai pas." Elle resta tétanisée pourtant. Elle qui était si directe, si audacieuse, provocatrice et rentre dedans, elle ne sut rien faire d’autre que d’avouer presque timidement "J’osais pas te demander de le faire après la dernière fois. Mais j’y pense depuis que tu m’as ouvert la porte." Elle y pensait depuis bien avant ça, le fiasco de leur dernière soirée tous les deux ayant attisé le feu qui la mettrait certainement au défi de respecter le juste ça que Midas apposa à sa demande à laquelle elle était déjà prête à répondre servilement.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

« Ew. J’ai même pas envie de savoir ce qu’ils feraient avec ma brosse à dent. » J’éclate de rire face à la désinvolture de la brune. Moi non plus je ne veux pas savoir ce que ces tarés feraient de sa brosse à dent et, dans une autre mesure, je ne voulais pas savoir ce que n’importe qui aurait pu faire avec sa robe, cette robe qui n’en est pas une tirée au hasard de sa garde-robe – je l’aurais achetée quand même – mais bel et bien la robe qu’elle portait le soir où j’ai remporté la finale de l’émission qui nous a fait découvrir tous les deux, mais qui nous a surtout fait nous rencontrer. Je n’ai jamais songé à ce qu’aurait été ma vie si cela n’avait pas été le cas. Aurais-je réussi à trouver le bonheur auprès d’une autre qui n’aurait pas eu à souffrir la comparaison avec la chanteuse et qui, par conséquent, aurait pu me rendre heureux ? Je l’ignore, ce que je sais en revanche c’est que pas une seule fois j’ai souhaité ce genre de chose. Ma vie serait bien ennuyeuse, sans Jo Carter dedans. Pendant des années, j’ai cru l’avoir perdu et je sais ce que ça fait : je n’ai pas l’intention de la perdre à nouveau mais j’ai besoin d’elle pour ça. Contrairement à ce qu’affirme Amos, je ne peux pas non plus aller complètement contre sa volonté. « J’en sais rien. J’oublie parfois tu sais, que tu m’as menti. Quand on passe assez de temps ensemble pour que je me rappelle que tu me fais du bien, c’est plus tellement important ce que t’as fait. » Pourtant, nous en avons passé peu, du temps ensemble, depuis sa victoire et notre rupture. Et au-delà de ça, la plupart de nos rencontré ont fini par nous briser le cœur, à l’un ou à l’autre. Mais ce que j’ai fait existera toujours et si ce qu’elle cherche à faire c’est oublier, c’est parfaitement utopique. « Ça l’est bien sûr, je pourrai jamais me montrer assez reconnaissante à propos de tout ça. » - « Tu me dois rien. » C’est moi qui avais une dette envers elle. « Et certainement pas de la reconnaissance. » Je suis confus toutefois. Elle me détestait pour mes mensonges et mes machineries, et aujourd’hui elle me remercie ? Je n’ai jamais voulu de sa reconnaissance, ce que j’ai toujours voulu, c’est son pardon. « Mais c’est pas important à l’échelle de ce qu’on a vécu quand on était dans cette chambre d’hôtel, à se cacher alors que tout le monde savait ce qu’on faisait. » Je pousse un soupir de soulagement et, fermant les yeux une seconde, je hoche la tête avant de les rouvrir. « C’est aussi ça qui était important pour moi. Le reste… » Les autres candidats, l’émission, la victoire ou la défaite, même ces foutues récompenses sur mes étagères. « C’est pas important. » C’est pour ça que j’ai acheté cette robe. Parce que tout ce qu’il s’est passé entre nous, chaque chapitre de notre histoire, est important. Et que cette robe en est un, de chapitre, et qu’il était hors de question qu’un collectionneur mette la main dessus.

« Parce que je veux pas parler de mon père, et que c’est la seule façon que j’ai trouvé de te le faire comprendre sans être forcée de te le dire. » Pourtant elle me le dit maintenant. Et une fois de plus, cette affirmation me pousser à penser un peu plus fort que j’ai raison de me méfier, que j’ai raison de trouver son comportement suspect. « Si tu veux pas en parler, c’est parce que tu sais que j’ai raison, au fond. » Au mieux que c’est inconscient de confier sa sécurité à un proche, quelqu’un qui est émotionnellement impliqué, mais au pire – et je crains le pire – qu’il profite d’elle. Je suis naïf, mais j’ai eu le droit à mon lot de profiteur, depuis que je suis devenu une personnalité publique. Cela m’a détruit le cœur à chaque fois et, aujourd’hui, j’ai appris à me protéger de ce genre de chose. Je reste un inconditionnel optimiste, en général, mais je me méfie de ces rencontres ou reprise de contact après des années qui semblent trop belles pour être vraies et authentiques. « Je sais que tu t’inquiètes pour moi. Je suis désolée, je veux vraiment pas remettre ça sur le tapis chaque fois que je tente de te repousser. Je veux juste pas parler de mon père. » Je déglutis, devant refouler mes instincts de sauver, de chevalier la considérant comme une demoiselle en détresse, et je me contente d’un espoir de compromis. « Tu le feras, un jour ? » Quant elle aura appris à me refaire confiance ?

« Ton cousin, celui qui t’a conseillé d’être omniprésent pour pas que je passe à autre chose ? » Je souris et ris légèrement, avant de hocher la tête. « Ouais, celui-là même. C’est un vrai personnage, à quarante ans il a refait sa vie avec le genre de femme que nos mères détestent, il a eu une petite fille, a monté son affaire. » Un personnage mais un personnage auquel je vous une admiration perceptible. « Il a été bien plus présent pour moi que mon frère, cette dernière année. » C’est un type bien, Amos. Un type qui se soucie sincèrement des gens qui l’entourent. « Il t’apprécierait. » Tout ce qui compterait pour lui, c’est si Jo me rend heureux ou pas. Le reste, Amos s’en moque bien et, du reste, n’a-t-il pas lui aussi choisi une femme de caractère, si j’en crois les rares échos que j’en ai du reste de la famille ?

« Tu l’as fait pourquoi alors ? Je crois savoir, mais je veux te l’entendre dire. » - « Tu sais pourquoi. » Je gratte l’arrière de ma nuque, tenté de fuir son regard mais luttant pour avoir le courage de ne pas le faire. « Parce que je voulais pas que tu tournes la page… » Je l’ai déjà dit, du reste. Et c’est la raison la plus égoïste de toutes : si c’était ce qu’elle voulait : qui serais-je pour l’en empêcher ? « Et parce qu’il était hors de question qu’un connard comme Tomlinson ou un autre ait ta foutue robe chez lui. » Celle là plus qu’un autre, mais celle là comme une autre tout de même. Avec moi, je sais qu’elle est conservée avec un respect infini. Ici, je sais qu’il n’y a que moi qui ai le droit de la regarder et de raviver les souvenirs de la chanteuse en train de la porter.

« Non, je te repousserai pas. » Je suis pris d’une bouffée de chaleur et mon ventre sur noud. Mes yeux bleu braqué dans les siens, j’humecte mes lèvres presque inconsciemment. Déjà, je fais un pas dans sa direction. « J’osais pas te demander de le faire après la dernière fois. Mais j’y pense depuis que tu m’as ouvert la porte. » Sans un mot, je glisse délicatement une main au creux de ses reins pour l’attirer vers moi et glisser l’autre dans sa nuque. Je colle mon front contre le sien et je reste là une seconde ou deux profitant de la caresse de sa respiration contre mon visage, avant de nouer nos lèvres. Tenir ma promesse de ne pas tenter d’initier autre chose que ce baiser est une torture. Même dans une tenue banale, Jo est terriblement attirante et alors que je la dévore d’un baiser passionné, mon corps et mon cœur en demandent encore. Sauf que je finis par briser le contact entre nos lèvres, il faut bien que l’un d’entre nous soit raisonnable et si prendre notre temps peut nous aider à construire quelque chose d’un peu plus sain, je saisis l’opportunité à bras le corps. « J’ai jamais cessé d’y penser. Et d’en avoir envie. » Même l’autre soir lorsque je l’ai repoussé en comprenant pourquoi elle m’embrassait, le cœur n’y était pas. Doucement, mon front toujours collé contre le sien, je ramène une mèche de ses cheveux derrière son oreille et je dépose un second baiser, bien plus sage et chaste cette fois, sur ses lèvres. « Et bien. Je ne pensais pas en achetant cette robe que ce serait les dollars les mieux dépensés de ma vie. » Le sous-entendu est clair : puisqu’elle m’a valu un baiser. Bien sûr, je plaisante, et le sourire qui étire mes lèvres alors que nos fronts sont encore collés l’un contre l’autre le prouve sans l’ombre d’un doute.

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@Midas Sterling ☆ crédit/harley

Elle était obligée de ne pas être d’accord avec lui quand il disait qu’elle ne lui devait rien. Jo avait passé une partie de sa vie à entendre dire que tout ce qu’elle était, elle le devait à quelqu’un. Elle savait reconnaître les moments où son ingratitude était de trop, et elle l’était en ce qui concernait le geste de Midas. Elle n’avait pas envie de se battre cependant. Elle aussi, elle était souvent fatiguée de se dresser contre ses propres mécanismes de défense, alors parce qu’elle n’avait pas envie de tout gâcher en essayant à tout prix d’avoir le dernier mot, elle laissa passer sans oublier que si elle travaillait aussi fort ces derniers temps, ce n’était pas que pour prouver qu’elle aurait pu gagner seule : c’était presque surtout pour que Midas ne regrette jamais d’avoir magouillé pour lui rendre ce qu’il croyait lui avoir dérobé.

"Pas seulement, non." Elle ne voulait pas parler de son père parce qu’elle ne voulait pas dire à Midas qu’il lui faisait peur, qu’elle savait ce qui se passerait si elle lui disait et si t’allais te faire foutre, papa ? comme elle l’aurait fait avec n’importe qui d’autre "Je tiens tous mes défauts de lui, dont ma manie à faire des caprices. T’as pas envie de savoir ce qui se passe quand on lui refuse un truc." Ce serait tout ce qu’elle lui dirait maintenant. C’était clair, tout en ne l’étant pas assez. Si Isaiah Carter avait choisi de faire partie de la sécurité de sa fille, cette dernière pourrait s’en insurger jusqu’à mort s’en suive, il ne la pleurerait pas. Au contraire, il l’enfoncerait, et c’est pour ça qu’elle n’assura pas à Midas de lui parler de lui un jour, éludant sa question en passant à autre chose sans prétendre qu’elle ne le faisait pas volontairement.
Visiblement, c’était le bon moment pour parler de leur famille respective puisqu’après lui avoir avoué que sa guitare mise aux enchères avait trouvé preneur en la personne de son propre cousin, il en parlait comme d’un modèle. Jo connaissait suffisamment Midas pour reconnaître l’affection qu’il attribuait à quelqu’un sans avoir besoin de connaître tous les tenants et aboutissants de la relation qu’il entretenait avec ce quelqu’un. Elle savait lire dans ses yeux "Tu l’aimes beaucoup." Elle pouvait comprendre l’action de se raccrocher à un membre de sa famille dans l’espoir de garder racine, elle faisait la même chose avec sa grand-mère. Le plus étonnant en revanche, c’était que Jo avait toujours cru que l’ancre familiale de Midas, c’était sa soeur. Elle se rendait compte que ce n’était peut-être pas le cas "Garde-le dans ton sillage alors s’il te donne de bons conseils." C’est important d’avoir un frère, pensa-t-elle. Venant d’elle, c’était putain d’ironique vu qu’elle en avait cinq et qu’elle n’était même pas foutue d’être proche d’aucun d’eux. Elle était une femme, c’était différent. Si elle avait eu des soeurs, les choses n’auraient pas été les mêmes, allez savoir "Si tu continues à lui parler autant de moi, ça va vite changer." Sous-entendu qu’il ne mettrait plus longtemps à la mépriser s’il comprenait quel genre de chieuse elle était. Si Midas en venait à la conclusion que son cousin l’apprécierait, c’était qu’il lui parlait d’elle. Son ego frétilla, bien sûr, mais sa curiosité était piquée. Pas au point de lui demander comment il la dépeignait à celui qui prenait la place de son vrai frère, mais au point de sentir son coeur s’emballer en réalisant qu’il parlait d’elle malgré tout.

Ça la rendait naïve de penser le contraire quand oui, elle savait parfaitement pourquoi il avait voulu sa robe. Elle reposa un bref regard dessus, puis elle changea de trajectoire pour affronter celui de Midas sans perdre son audace des grands jours, voulant accueillir la réponse à sa question sans pudeur "Et je t’ai dit que c’était pas dans mes intentions, t’aurais même pas eu besoin d’enchérir pour en être sûr." Il avait le droit d’en douter, elle n’avait pas été la plus simple à comprendre ces derniers mois. Elle pouvait le lui assurer là, sans baisser les yeux, et elle ne le fit pas : elle ne comptait pas tourner la page. Un rappel qu’elle lui fit avec un sourire qui se termina en froncement de sourcils lorsque Micah fût mentionné ; et elle ne s’attarda pas sur l’insulte, pas la plus à même de donner des leçons d’éducation "Micah rentre pas dans cette robe."  Il ne rentrait dans rien d’autre non plus d’ailleurs, mais il valait mieux garder ce genre de commentaires graveleux pour plus tard. Elle n’avait pas oublié sa pique lors de leur échange de textos, et elle s’était promis de lui préciser qu’il était allé à L.A. avec elle pour le travail à la base. Dans un monde parfait, c’était avec lui qu’elle aurait aimé y aller.

Mais la tournure prise par leur conversation lui retira l’envie de préciser quoi que ce soit, ne réussissant à penser qu’à une chose, et sûrement pas à Tomlinson "Si tu le fais pas maintenant, je vais être obligée de te griller la priori —" Elle s’était laissé attirer contre lui sans résistance, une main posée en miroir contre sa nuque, l’autre enroulée autour de son poignet pour sentir son pouls pulser sous ses doigts en tachant de se caler sur le temps qu’il prenait à agir. Suspendue à son souffle, elle osa à peine respirer. Ses yeux ne réussirent même pas à se fermer quand il la fit taire en l’embrassant enfin, trop consciente de leur proximité et du manque de ces dernières semaines pour accepter l’idée de ne pas s’émerveiller en secret devant sa beauté. Ses paupières se baissèrent pourtant quand leur baiser redoubla en intensité et qu’elle sentit la poigne de Midas se raffermir au creux de ses reins. Le juste ça qu’il lui avait promis devint sentence, son corps frissonnant d’une énergie singulière, se soudant au sien quand elle eut besoin de se hisser sur la pointe des pieds pour combler leur écart de taille et ne pas rompre un instant encore le contact de leurs lèvres.
Elles se séparèrent à regret dans une expiration hachurée qui laissa Jo incapable de parler sur l’instant "Tu me manques trop." C’est tout ce qu’elle réussit à murmurer entre les mots qu’il prononça, son emphase sur le trop vibrant d’un quelque chose d’un peu agressif toutefois. Son front se décolla en une inspiration de celui de Midas qu’elle dévisagea un moment, ses mains encadrant son visage. Elle finit par venir effacer avec son pouce la trace de gloss qu’elle avait laissé sur ses lèvres, et laissa finalement une fausse mine de réalisation animer ses traits un air de dire je me sens utilisée quand il reparle de sa robe. S’il plaisantait, elle plaisantait tout autant comme le prouva ce qu’elle lui dit avec un léger rire "Tu sais que si j’étais une nana normale, ça me terrifierait ?" Sur le point de lui expliquer que ça avait une petite vibe creepy de stalker obsédé par son idole et de lui demander s’il avait dormi avec comme avec son Grammy sur sa table de chevet, elle perdit de son éloquence et se laissa cueillir par le baiser qu’il lui donna de nouveau, surtout par sa douceur, qui amena une requête simple, qu’elle lui fit presque timidement, ses mains venant avec beaucoup de délicatesse balayer le rideau de cheveux courts qu’il avait sur le front pendant que ses doigts effleuraient les angles de son visage. Ses yeux ne parvenaient pas à s’arrêter sur un point précis, tous valant d’être admirés "Je peux rester cette nuit ?" Et sans précipitation, mais avec la volonté de respecter les limites qu’il voulait garder sans qu’elle ne trouve ça superflu au contraire, elle précisa "Pour dormir, c’est tout." Juste ça.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

« Pas seulement, non. Je tiens tous mes défauts de lui, dont ma manie à faire des caprices. T’as pas envie de savoir ce qui se passe quand on lui refuse un truc. » Pas seulement Je me crispe en entendant les mots de la brune qui, pour quelqu’un qui ne veut pas parler de son géniteur, me lance bien trop de perches que je ne peux m’empêcher de saisir au vol. M’inquiéter pour ceux que j’aime est une seconde nature pour moi, et Jo fait assurément partie de ce lot là sans que personne ne soit réellement surprise. « Comment tu veux que j’essaie pas de creuser quand tu dis ce genre de chose… » Parce qu’elles ne peuvent pas dire des centaines de choses différentes. Ce qu’il se passe quand on lui refuse un truc, je doute que ce soit des pulsions dépensières compulsives ou une addiction viscérale aux glaces à la famille. Même moi qui ne possède pas un flair particulièrement développé pour ce genre de chose – je suis le genre d’homme crédule qui aime chercher le bon en chacun, je ne peux m’empêcher de penser que cette histoire sent mauvais.

« Tu l’aimes beaucoup. » Je hoche la tête, pensif, avant de partager un peu plus avec elle parce que je me sens en confiance, à ses côtés. « C’est un homme bon. Et je crois que c’est tout ce qui compte. Il a pas une histoire facile, et j’étais trop jeune pour être là pour lui à l’époque, mais je suis content qu’on construise une relation maintenant. » Sofia avait l’âge d’Olive. Tous les trois, nous n’étions que des enfants lorsque ma petite cousine nous a quitté et nous étions bien plus proches d’elle tous les deux que de son père. A cet âge-là, la différence d’âge compte bien plus que c’est le cas aujourd’hui. « Garde-le dans ton sillage alors s’il te donne de bons conseils. » J’esquisse un sourire, amusé de l’entendre avouer que les conseils d’Amos ont été les bons : ils la concernaient directement. Evidemment, je ne les ai pas appliqués à la lettre, manquant du culot qui caractérise mon cousin. Mais en 2016, j’ai laissé trop d’air à Jo en espérant qu’ainsi, sa peine finirait pas désenfler. Je n’aurais pas dû le faire, j’ai assez mûri pour le savoir : laisser de l’espace à quelqu’un, c’est le perde. « Si tu continues à lui parler autant de moi, ça va vite changer. » - « J’en doute. » Je secoue la tête, m’adossant contre la vitrine en la dévorant du regard. « De ce que j’en comprends, sa femme a un caractère encore plus affirmé que le tiens. Je suis sûre qu’il te trouverait sympathique. » Je me demande si c’est génétique, un trait commun aux Taylor-Sterling, que de ne tomber amoureux que de femmes avec une personnalité bien trempée.

« Et je t’ai dit que c’était pas dans mes intentions, t’aurais même pas eu besoin d’enchérir pour en être sûr. » Je hausse les épaules, avant de lui répondre. « Je sais ce que t’as dit. Mais j’avais besoin de m’en prémunir malgré tout. » C’est à moi que la mise en vente donnait ce sentiment. C’est moi qui avais besoin de ça pour réussir à m’accrocher et à croire que je parviendrai un jour à la récupérer. J’ai de l’argent à ne pas savoir qu’en faire, pourquoi aurais-je hésité une seule seconde ? « Micah rentre pas dans cette robe. » Le grognement désapprobateur en dit long sur ce que j’apprécie de l’entendre parler de l’acteur. En une phrase elle me donne l’impression que mon geste était ridicule. En une phrase et les images qui s’imposent à mon esprit, elle ruine presque pour moi l’acquisition de ce qui est à mes yeux un véritable trésor de notre passé. Dieu que je la déteste, lorsqu’elle se conduit avec une telle désinvolture, pourtant consciente qu’elle aborde des sujets compliqué ou potentiellement douloureux. Pour peu, je lui dirais d’aller le voir, son acteur, si c’est à ses côtés qu’elle veut être. J’écouterais ma tendance à la colère mal placée et je lui demanderais d’arrêter de jouer avec moi, d’arrêter de plaisanter et de me torturer. Je ne ferme ma gueule que parce que je n’ai au fond pas envie qu’elle s’en aille.

Même le baiser que nous échangeons est teinté d’une urgence malsaine : celle de me rappeler qu’avant de tout foutre en l’air, c’est moi et pas ce bellâtre qui la possédait. Que si la presse leur prêtait une liaison, c’est pourtant avec moi qu’elle passait pratiquement toutes ces nuits, mais je suis parasité par le souvenir de leurs échanges et photos publiques tout au long de leur petit voyage à deux aux Etat Unis. Lorsque nous étions ensemble, je lui avais demandé d’arrêter de foutre le feu aux poudres par simple amour de la provocation. Peut-être est-il plus important que celui qu’elle ressent pour moi. Sauf qu’aujourd’hui, je suis réduit au rang de spectateur qui n’a plus réellement le droit que de fermer sa gueule et je suppose que je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Pourtant, dans ce baiser, je mets assez de passion pour lui rappeler ce que c’est d’être avoir moi, que c’est ce dont elle a envie et que son corps – j’espère – réclame.  

« Tu me manques trop » Le soupir que je pousse est cette fois animé par le soulagement. Elle détache son front du mien et, lorsqu’elle prend mon visage entre ses mains, je suis un patin entre ses doigts. Je la laisse détailler et caresser mon visage sans oser bouger. Poser mes mains sur ses hanches est le seul geste que je me permets, du reste, j’ose à peine respirer. « Tu me manques aussi Jo. Si ça tenait qu’à moi… » Je ferme les yeux, prends une profonde inspiration et pousse un long soupir. « Si ça tenait qu’à moi, y’aurait pas de juste ça. » Je veux éviter tout malentendu. Je ne la repousse pas à cause de ce qu’il s’est passé la dernière fois que nous nous somme vus. Je ne lui demande pas d’y aller doucement pour respecter mes émotions et sentiments. Je ne le fais que parce que je n’ai pas l’impression qu’elle soit prête ou disposée à me promettre à nouveau quoi que ce soit tout de suite. « Tu sais que si j’étais une nana normale, ça me terrifierait ? » Si elle était une nana normale, elle trouverait certainement ça super sexy. J’ai cet effet sur la gent féminine, un "pouvoir" dont je pourrais aisément profiter si j’étais un sale type. « Je peux rester cette nuit ? » Mes mains toujours appuyées contre ses hanches, je l’attire un peu plus près de moi. « Pour dormir, c’est tout. » - « Bien sûr que tu peux rester. » Si cela ne tenait qu’à moi, elle ne quitterait plus jamais ma villa. « Tu veux dormir près de moi ? » Me discipliner sera un combat, mais j’en crève d’envie. « Je peux te préparer une chambre sinon, c’est pas grave. C’est pas ce qu’il manque. » Dors près de moi s’il te plait, Jo.

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@Midas Sterling ☆ crédit/harley

C’est bien parce qu’elle savait que Midas essaierait de creuser qu’elle ne dit plus rien à propos de son père. Ouvrir cette porte-là, c’était faire la lumière sur tellement de choses à son propos que ça lui faisait autant peur que les excès de colère de son géniteur. Elle était foutrement arrogante, énergique, intrépide et brutalement honnête Jo, quand il s’agissait d’avouer des choses son sujet, elle était tout de suite moins loquace.

Midas le devenait pour deux "T’es un adulte maintenant. S’il te donne assez de place pour construire quelque chose avec lui, laisse pas passer ta chance. C’est jamais trop tard." Il parait. Même si elle ne lui disait pas ce qu’il voulait entendre, pas faite pour l’exercice qui demandait un peu de délicatesse, elle n’en savait pas grand-chose. Elle n’avait pas le luxe de pouvoir (re)construire quoi que ce soit avec sa famille, et ça ne partait d’aucun constat envieux de sa part. C’était juste comme ça. Elle lui rendit le regard qu’il lui renvoyait alors qu’il semblait convaincu qu’elle partait avec une courte avance auprès de ce cousin qu’elle rencontrerait peut-être un jour, peut-être pas, dans un cas comme dans l’autre, elle sourit en l’entendant baser son opinion sur le caractère de son épouse en arguant ensuite qu’elle pourrait lui être sympathique en comparaison. Sa réplique était toute trouvée, prononcée avec un haussement d’une seule épaule, celle sur laquelle son menton se posa pour regarder la robe dans la vitrine contre laquelle Midas s’était appuyé "Ça en fera au moins un." Loin d’être vexée qu’on ne l’aime pas, tant qu’on parlait d’elle en bien ou en mal, assurée d’être le centre de quelque chose, Jo réussissait à le supporter.

Ce qu’elle supportait moins, c’était l’éternelle présence de Micah dans ses conversations avec Midas. C’était la faute de Jo, et sûrement serait-ce le bon moment pour lui expliquer les raisons de sa présence lors de son voyage aux Etats-Unis. Simplement, elle savait vers quoi ça pencherait si elle le faisait : quelque chose lui disait que son opinion était déjà faite. Elle fût tout de même à deux doigts de soulever l’idée que, s’accaparer cette robe pour se prémunir de ce qu’elle lui avait dit, c’était au mieux remettre sa parole en doute, au pire lui dire subtilement qu’il ne lui faisait pas confiance ; et c’était quand même d’un culot qu’elle ne lui connaissait pas, et sur lequel elle ne voulait pas s’attarder, soudainement occupée à tout autre chose.

Si Midas débordait d’initiatives relativement sages sur l’instant, Jo, contrairement à d’habitude, se soumettait à l’intention qu’il mettait dans ce baiser qu’ils échangèrent sans qu’elle ne le repousse. Elle avait en tête la manière dont lui, il l’avait repoussée la dernière fois, et elle ne voulait pas se sentir de nouveau aussi embarrassée "T’as le droit de m’en vouloir pour la dernière fois." Pas qu’elle avait envie d'y revenir, elle s’en voulait assez elle-même. Mais elle voulait au moins qu'il sache qu’elle acceptait qu’il lui en veuille en retour, et que si c’était la raison sous-jacente à sa prudence, elle comprenait ; il lui assura à demi-mot que non, et il lui fallut beaucoup de volonté pour s’empêcher de lui dire que ça ne tenait qu’à lui, et qu’elle, elle était entièrement dévouée à répondre à tout ce qu’il lui demanderait de faire. Mais elle n’était pas si idiote Jo. Elle savait que tant qu’elle ne lui dirait pas textuellement qu’elle lui pardonnait pour toute cette histoire, il préférerait garder des limites, que c’était ça, la vraie raison derrière sa retenue. La question était : comment le prendrait-il si elle le faisait maintenant ? Elle gardait l’impression qu'il croyait à peine ce qu’elle lui disait quand elle était de bonne foi, quand elle sortait la tête de sa carapace pour lui faire des confessions au-dessus desquelles il passait tout en lui reprochant en même temps d’être têtue, alors quelle option avait-elle cette fois, alors qu’il pourrait parfaitement se dire qu’elle le pardonnait juste parce qu'elle avait envie de lui ?

Elle arrêta de caresser son visage juste pour se laisser rapprocher de lui. Elle ne voulait pas rationaliser ce qui se passait, confortée dans son impression que toutes ses expériences d’avant ne valaient pas celle-ci, que relativement difficile à satisfaire, il ne lui suffisait qu’un baiser de lui pour se sentir bien, mieux que ces six derniers mois en tout cas ; qu’elle avait beau l’avoir détesté, elle ne trouverait jamais ce qu’il avait en lui chez quelqu’un d’autre qu’importe les histoires qu’elle s’était raconté durant les six ans passés sans réussir ne serait-ce qu’à parler de lui. Elle voulait lui dire tout ça, mais c’était délicat. Elle sentait que le moment n’était pas le bon, qu’il l’accuserait d’avoir une idée derrière la tête — la même que lui. Montre-moi ce qu’il y aurait, c’est ce qu’elle se retenait de lui dire en sentant ses mains alterner sur ses hanches, l’une des siennes restant posée à la base de son cou tandis que l’autre s’accrochait au bas de sa chemise sous laquelle elle s’interdit de l’y glisser. Il n’y avait pas d’urgence, c’est ce commanda à son impatience quand elle croisa ses yeux, et qu’elle se rendit compte que les siens peinaient un peu à rester ouverts ; c’est ce qui l’aiderait à rester sage, qu’elle soit épuisée. Lui demander de rester pour la nuit, c’était un caprice autant qu’une nécessité à laquelle il accéda vite, lui arrachant un soupir de soulagement réel qu’elle laissa s’échouer contre son torse sur lequel elle posa la tête, nez et front contre sa chemise, le respirant profondément tout en l’entourant par la taille avec ses bras. Elle l’avait dit à Charlie : elle traînait six mois d’insomnies, et dans la seconde, elle avait un jetlag à accuser par-dessus le marché. Soudainement la tension qu’elle sentait peser sur ses épaules s’allégea sous la promesse d’une nuit qu’elle anticipait comme paisible simplement parce qu’elle la passerait avec Midas. Elle n’avait même pas la force de faire un peu d’humour, de lui dire redescends Sterling, si je reste c’est pour dormir dans le tipi de Posy, elle lui dit juste, les yeux fermés, ses bras se resserrant autour de lui "Je veux dormir avec toi." Pas seulement près de lui. Mais avec lui. Dans ses bras.

rp terminé.