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fin septembre  • tw: consommation de drogue, hallucination, pensée dépressive, accident de voiture

"Oui, c'est mignon ce que tu fais, continue sur ta lancée, peut-être l'année prochaine... et on a bien encore une place de libre pour la promo de l'hiver, non?"
Mi-gnon.
Putain de mi-gnon.
Cela fait depuis plus de deux semaines que tu t'es déconnecté de cet appel sur Zoom et pourtant, les mots résonnent dans ton cerveau et dans ta tête depuis des jours. Mignon, avoir passé un nouveau cap dans ton nombre d'abonnés, être sur le site H&M, un carnet de réservation rempli à la boutique MAC et plus de photoshoots prévus... c'est mignon. Adorable, on te dit de continuer sur ta lancée, peut-être que la prochaine fois, ce sera toi. Toi l'influenceuse et ambassadrice que MAC envoie pour les fashion weeks de Londres et même Milan, afin de couvrir l'événement, de siroter du champagne et de se taper la côté avec les célébrités. Cela aurait fait de super photos, tu aurais pu être bourrée en Europe, ça aurait rendu plein de tes abonnés jaloux, ceux qui disent que tu retouches tes photos et que tes yeux ne sont pas aussi bleus que ça. Visiblement, personne ne sait ce qu'est le contouring et tu es toujours énervée. Putain, tu tires sur ta cigarette avant de refaire partir la fumée par la fenêtre, perchée sur la petite terrasse de ton appartement, les jambes dans le vide comme tu le fais souvent.
Si tu es honnête avec toi-même, tu sais que tu n'étais pas le bon choix. La personne qu'ils ont choisie a plus d'un million d'abonnés, plus jeune que toi aussi, plus en vogue, une vraie femme. Mais tu y as presque cru en voyant cette invitation à cette réunion dans tes emails et maintenant, tu regardes le soleil disparaitre du ciel de Brisbane avec la rage au ventre. Comme si on t'avait pris quelque chose qui t'était dû. C'est stupide et tu fixes pendant un long moment le vide sous tes pieds, il ne faudrait pas grand-chose pour que...comme ça, d'un coup, il n'y ait plus de Laurie. Tu ne le fais pas, à la place, tu te lèves, attrapes ton téléphone portable et tu envoies un point d'interrogation à un contact que tu ne devrais pas fréquenter. La réponse arrive, une demi-heure, pas loin d'un bar que tu connais. Il y a un sourire sur ton visage et tu vas te préparer. La musique est forte, tu te filmes en train d'appliquer ton maquillage, parce que sinon ça ne compte pas, parlant à un public invisible, bien certaine de mettre tout ça en ligne plus tard. Sinon, ça ne compte pas.
"Et voilà, c'est le look de ce soir." Tu tournes sur toi-même, tu lisses les pans de ta jupe en denim, avant d'aller t'armer de tes chaussures, quelques dollars et tu sors avec le téléphone en poche et rien d'autre. Pas besoin de quoi que ce soit d'autre en réalité, le rendez-vous est donné et tu ne sors même plus la ligne clichée, ça sera la dernière fois, à ton dealer habituel. Il s'en fout, tu t'en fous, l'échange est fait, tes poches sont remplies d'autre chose, lui il a l'argent et c'est tout ce qui compte. Personne ne fait attention à toi quand tu es toute seule, tu as assez de temps pour que la poudre blanche, magique et pure, finisse dans ton nez. Un peu sous la langue, sur ton index pour la passer sur tes dents et tu n'as plus qu'à attendre, pas vrai ? Pas si longtemps en fait, tu ne sais même plus comment tu finis dans le bar avec un verre de vodka dans les mains, tu t'en fiches et tu payes. Tu t'en fiches et tu bois et quand la musique change, tu es prise d'une vie de danser. Pas parce que tu te sens puissante, pas parce que tu planes. Non, tu es plus lourde que tout, ça t'ancre dans la réalité, sur le sol et tout ce qu'il te reste à faire c'est danser, danser, danser... Il te manque des heures, que tu réalises quand tu clignes des yeux, soudainement, à l'arrière d'une voiture. Uber, pour ça que l'application est ouverte sur ton téléphone. Pour ça que le chauffeur te demande si tu vas retrouver tes amies.
"Quelque chose comme ça." Le sourire est là, tu ne te souviens pas d'être montée dans cette voiture, mais ça ne t'inquiète pas, tu es là, le regard bleuté tourné vers la fenêtre, prête pour autre chose. Autre chose de mieux, la prochaine chose qui va t'ancrer dans la réalité, la prochaine chose qui va te permettre de respirer. Hey Laurie, par ici. Dehors, un visage familier, une voix que tu reconnais, tu n'hésites pas, tu ouvres la portière, facilement et tu t'élances... prête à suivre. Ou pas, tu finis bien par tomber, dans un autre trou noir, dans la douleur et tu sens tes paupières se fermer toute seule alors que tu tombes. Il y a un goût métallique dans ta bouche, il y a des pneus qui crissent, tu ne peux pas bouger, il y a une porte qui se ferme, le cri d'une ou plusieurs personnes et tu te retrouves à cracher sur le sol, alors que tu respires lourdement.
Cela doit être un mauvais rêve, oui, que tu te dis en fermant les yeux.

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@Laurie Wright (crédit gif/oliviaholt)

N’importe qui pouvait s’échiner à lui rappeler qu’elle n’avait rien à faire aussi tard dans l’enceinte de l’hôpital, Mavis ne semblait pas écouter. Ce n’était pas tant l’envie d’observer qui la faisait camper dans les locaux, mais aussi celle d’échapper un peu à la solitude de son appartement. Après son séjour à Sydney, se retrouver avec ses pensées s’avéraient un peu compliqué, la fatigue et le stress accumulés la rendant plus encline à l’introspection. Ce n’était pas son genre pourtant, elle ne se fatiguait pas à travailler sur elle-même pour mettre des mots sur ce qu’elle ressentait ou corriger ce qui n’allait pas, elle enterrait ça bien loin pour se concentrer sur l’essentiel, et l’essentiel c’était de prouver de quoi elle était capable à ceux qui avaient les clefs en mains pour lui ouvrir les portes d’un avenir qu’elle savait tout tracé, mais pas moins semé d’embûches. Elle ne voulait pas qu’on lui rabâche qu’elle faisait le minimum syndicale quand c’était loin d’être le cas, ne tenant pas à donner l’occasion à personne d’amoindrir les efforts qu’elle faisait constamment sous le prétexte qu’elle s’appelait Barnes. Mais la nuit était bien entamée, et elle avait cours le lendemain matin.

Elle écrasa un bâillement avec le dos de sa main. Elle s’astreignit à une pause dans le bureau des infirmiers aux urgences, lança des regards absents aux photos de bébés, d’animaux, d’elle ne savait quoi encore qu’on lui montrait alors que l’effervescence était douce entre les différents membres de l’équipe, et vérifia distraitement le cadran de sa montre en entendant l’une des infirmières lui dire qu’elle en avait vu passer des étudiants, mais qu’elle était peut-être bien la seule à rester aussi tard alors que son champ d’action était limité, et qu’elle ne pouvait en effet qu’observer, son externat n’étant pas encore terminé. C’était sûrement un compliment, alors Mavis le prit comme tel et en profita pour s’avouer vaincue pour cette nuit quand le standard s’affola soudain et que la malice s’étala sur le visage d’un collègue interne qui lui dit en se redressant "T’es sûre de vouloir partir ?" Elle affronta ses yeux pendant un moment pour essayer d’y puiser une info qu’il ne voulait pas lui donner dans un effet de suspens du plus mauvais goût, et y décela cette lueur propre aux médecins comme eux. Soudainement, elle secoua inlassablement la tête pour lui dire que non, elle ne partait pas.

Dire qu’elle avait bien fait de rester, c’était amoindrir la souffrance des victimes qui avaient été admises dans le service. C’était un accident de voiture impressionnant d’après ce qu’on leur avait raconté, et les blessés avaient été touché en conséquence. On n’attendait pas de Mavis qu’elle intervienne, elle n’était qu’une externe qui n’avait par conséquent pas le droit de pratiquer d’actes médicaux, mais elle restait utile pour faire la navette entre les boxes, jeter un coup d’oeil aux analyses faites, et poser des questions pour se figurer d’une marche à suivre qu’elle connaissait déjà par coeur en vérité. Les intervenants entendirent la sonnerie du téléphone de service sonner de la poche de l’interne qui terminait son observation des plaies du chauffeur qui ne s’en sortait que parce qu’il avait bouclé sa ceinture de sécurité — de justesse, il n’était même pas cabale de parler à l’heure actuel, plongé dans un profond sommeil dont il ne se réveillerait que plusieurs semaines plus tard. Barnes, réponds, entendit-elle grogner sans se sentir vexée qu’on s’adresse à elle de cette façon. Réactive, elle alla pêcher le téléphone dans la poche de son collègue en faisant en sorte de ne pas le déranger, porta l’appareil à son oreille pour entendre dire qu’on avait les résultats d’analyses d’une des victimes, et que ce serait nécessaire de faire un gros point dessus. Tu verras par toi-même, je fais le transfert, conclut sa collègue au bout du fil, et Mavis n’attendit pas. Elle se rendit au poste mobile dans le couloir pour consulter la base de données, s’arrêta d’abord sur le nom de la jeune femme qu’elle ne reconnut pas sur le moment, la tête à ses résultats qu’elle consulta en plissant les yeux. Ce n’était pas étonnant qu’elle s’était fait percuter en vérité, son corps était saturé de substances, drogues et alcool, de quoi vous faire perdre la perception de la réalité pour un temps donné. Elle lança une impression des résultats qu’elle referma dans la foulée, alla tirer la feuille noircie de chiffres et de données sans demander son reste et la tendit au titulaire qui s’occupait de la jeune femme dans le box d’à côté que Mavis rejoignit. Elle la reconnut en posant son regard sur elle, ne réagit pas pour qu’on ne lui fasse pas remarquer qu’il valait mieux qu’elle passe son tour si elle avait déjà eu à faire à elle et leva la tête vers son collègue qui alterna son regard entre elles deux avant de faire un signe de la tête vers Mavis pour qu’elle sorte.

Elle décida d’être honnête, sachant que ça pouvait être déterminant pour la patiente. Elle raconta à son supérieur "Elle est patiente ici." lui dit-elle sans préambule, répondant à ses yeux curieux qui voulaient dire dis-m’en plus "J’ai eu à faire à elle il y a quelques mois de ça. Elle paraissait assez perturbée, elle pleurait dans les toilettes du rez-de-chaussée. On a vaguement discuté, je crois qu’elle a récemment subi une intervention de réassignation sexuelle, ça semblait pas très évident sur le moment. Elle parlait beaucoup, ça m’a mis la puce à l’oreille." Elle hocha la tête à ses propres mots, continuant "Je lui ai conseillé de se rapprocher du pôle santé mentale de l’hôpital. Je lui ai même trouvé un créneau pour un rendez-vous avec l’une de nos psys. J’ai pas vérifié si elle s'y était rendue, mais de toute évidence, elle va pas mieux." Il y eut un échange de hmm, hmm entre eux. Physiquement, Laurie s’en sortait relativement bien malgré le choc qu’elle venait de vivre ; une fracture, des contusions, des égratignures visibles sous le sang coagulé, c’était toujours mieux que la mort, mais elle faisait peine à voir se dit Mavis quand elle se pencha pour croiser son regard dans l’entrebâillement de la porte coulissante. Elle reprit à l’adresse de son collègue "Je peux me renseigner pour savoir si elle a en effet eu un suivi psy ces derniers mois et faire en sorte d’en faire intervenir un le plus rapidement possible si c’est pas le cas. Je veux dire, elle est plus que défoncée là, t'as vu ses résultats. Dans tous les cas, elle a besoin de quelqu’un pour l’écouter."

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crédit/(raquelsgifs) ✰ w/ @Mavis Barnes

Avoir ou même causer un accident de voiture n'était définitivement pas sur ta liste de 2023. Tu vas devoir l'ajouter et le cocher quand tu seras lucide, histoire de gagner des points invisibles, et le petit boost de sérotonine au passage. Quand tu seras repassée de l'autre côté, quand ton cœur ne battra pas autant le tambour, quand tu pourras bouger, quand il n'y aura pas autant de cris, de bruit autour de toi et quand tu pourras respirer correctement.
Pourquoi est-ce que ça fait aussi mal ? Ce n'est pas comme si tu étais étrangère à la douleur, que ce soit dans le cœur ou de façon plus superficielle, tu connais, tu te souviens encore de l'intensité de tout ça, après l'opération. Tu es encore repassée sous le scalpel, c'est ça ? Non, ce n'est pas ça, tu le sais, tout en ne le sachant pas. Tu es là, tout en n'étant pas là, ton esprit te joue des tours. Tu es toujours sur le bitume, et pourtant, il y a une partie de toi qui continue toujours de danser, qui a besoin de bouger et tu as envie de pleurer. Sans savoir pourquoi, sans savoir si tu peux le faire. "Est-ce que vous m'entendez ?" Quelqu'un te bouge, il y a de la lumière qui s'agite sous tes yeux, trop de lumière, beaucoup trop. Les lèvres s'ouvrent, mais ta voix ne sort pas pour le moment, tu tousses à la place, ça aussi, tu ne sais même pas d'où ça vient. On s'agite autour de toi. "Clignez des yeux si vous m'entendez." Tu le fais, frénétiquement, parce que cela semble être la seule chose qui te reste, qui fait du sens et qui ne fait ironiquement pas mal."Vous vous rappelez votre prénom ? Ou de quoi que ce soit ? Je vais devoir vous bouger et on va vous emmener aux urgences, okay ?"  Les mots sont clairs et précis, les interrogations aussi, les gestes sûrs et sans cette voix, sans ces mains qui s'affairent autour de toi, aucun doute que tu serais en train de sombrer. Qu'il ne resterait plus rien à part des morceaux de Laurie absolument partout, avec un fragment intitulé Lawrence, histoire de faire bien mal et de remuer le couteau dans la plaie.
"Laurie." Petite voix faible, mais tu as réussi. Il y a du mouvement ensuite, on te bouge, tu ne peux rien faire, et ton esprit embrumé enregistre que tu es dans une ambulance. Une ambulance qui roule et roule et ... pourquoi tu es là ? Il y a eu un accident ? Des gens sont blessés ? La réalité n'est pas encore là, elle tape à la porte pourtant, à l'arrière de ton crâne et c'est la pire des migraines parce que tu dois te souvenir de quelque chose que tu ne devrais pas avoir oublié. Les lumières du St Vincent sont beaucoup trop fortes et tu fermes les yeux, par réflexe, par instinct. Même comme ça, tu vois des couleurs devant tes yeux, alors qu'on te guide. Alors qu'on parle autour de toi. Tu répètes ton prénom encore une fois, tu épelles même ton nom de famille, avant qu'on ne te bouge encore. Tu grimaces quand on presse quelque chose de froid contre ton visage et ton regard bleuté finit par retomber sur tes jambes, là, qui pendent dans le vide alors que tu es assise entre infirmiers et soignants. Il y a plusieurs filets rouges sur tes jambes, ta jupe est presque complètement ruinée, ton haut aussi. L'accident. Il t'est arrivé à toi. On te parle, on t'explique tes blessures, tu entends, mais tu n'écoutes pas, ça te parvient de trop loin, il y a le bruit de la musique et des sirènes toujours dans tes oreilles, et de quoi on parle ? Une fracture ? Ton épaule, celle qui a réceptionné ton poids, examens pour voir s'il faut opérer, examen sanguin... de quoi on te parle ?
"Mavis ?" Ta propre voix t'étonne, mais tu as bien reconnu quelqu'un, un visage. Dans l'océan de blouses, de lumières trop vives. Ton bras se lève, tu grimaces, c'est le mauvais, putain, tu lèves l'autre à la place, ton index qui pointe l'autre blonde. "Je la connais." Est-ce rassurant ou alors c'est le contraire ? C'est un souvenir brouillé et brouillon aussi, il y a eu une conversation, un échange de noms, un échange de larmes, quelque chose de crucial. Ton bras retombe, tu te tournes vers la première personne et son expression sérieuse et concernée. Il y a erreur sur la personne, non ? "Est-ce que je peux partir maintenant ?" Ta voix résonne encore, un peu trop faible, ton esprit essaye de tout rattraper. Une chose est sûre et certaine, tu ne veux pas être ici. Les hôpitaux, c'est seulement si tu dois, c'est uniquement quand c'est nécessaire et obligé, et tu n'es pas obligée, pas maintenant, pas ce soir, n'est-ce pas ?
"Je veux juste récupérer mon téléphone portable et partir." Où est ton téléphone d'ailleurs ? Où est la petite brique magique et tous tes amis qui sont coincés dedans ? Tu fais un mouvement pour le chercher, dans les poches de ta jupe, dans ton décolleté, rien du tout. Il te faut juste cela et tu pourras rentrer chez toi."Je peux faire ça non ?"

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@Laurie Wright (crédit gif/oliviaholt)

Laurie l’appela lorsqu’elle la reconnut, aussi Mavis détourna son regard de son collègue pour le poser sur elle. C’était le genre de situations où elle regrettait d’être là parce qu’en vérité, le rapport humain, ce n’était pas son fort. Elle, elle se préparait pour pouvoir soigner correctement les gens — physiquement, pas pour panser leurs blessures morales en se montrant à l’écoute, complaisante et empathique. Elle n’avait pas la capacité de sa mère, elle n’était pas née avec le besoin viscéral de comprendre la psyché de ceux qui l’entouraient, elle en avait déjà bien assez avec la sienne. Elle, elle voulait comprendre les rouages mécaniques ce qui renfermaient toutes les pensées des hommes, toutes leurs actions, et leurs secrets. En s’approchant de plus près, ce n’était pas tellement différent dans le fond, tout résidait dans une subtilité que seuls les idiots ne pouvaient pas comprendre. Pourtant, on lui demandait de plus en plus souvent d’être une oreille attentive, et ce n’était pas pour ça qu’elle avait signé ; elle s’y astreignait uniquement pour qu’on ne lui reproche pas de refuser. Elle prit une légère inspiration, sachant que ce qu’on attendait d’elle maintenant, c’était qu’elle fasse du baby-sitting et qu’elle aille réconforter quelqu’un qui disait la connaître. La voix de son supérieur résonna, Mavis retint le regard qu’elle aurait aimé lui décocher pour accuser le coup de l’ordre qu’il lui donna "Je te laisse lui parler." Voilà, la sentence était immuable. Elle n’attendit même pas finalement, néanmoins elle ne se pressa pas à entrer dans le box dans lequel la jeune femme était recluse.

Elle s’y rendit en se disant qu’elle aurait mieux fait de rentrer chez elle plus tôt au lieu de faire des heures en rab pour prouver qu’elle en avait dans le bide. Elle pinça les lèvres, s’approcha pour de bon de Laurie qui s’agitait sans tout à fait le faire, ses doigts recalant une mèche échappée de la queue de cheval basse qu’elle s’était faite ce matin "On s’occupe de toi, tu devrais rester tranquille." lui conseilla-t-elle doucement, sentant la détresse dans le ton qu’elle offrit à la volée à ceux qui voulaient bien l’écouter. Elle était amochée, c’était une évidence qu’elle n’était pas assez sotte pour ne pas remarquer, et ça ne devait pas être évident. Dans un geste un peu idiot, Mavis se sentit obligée de remonter le drap qu’elle avait à ses pieds pour dissimuler ses jambes sanguinolentes et dénudées tout en lui disant en même temps "Tu peux pas rentrer, non. On a encore prévu quelques examens pour toi. La routine, rien de trop contraignant, tu pourras même piquer un somme une fois qu’on sera certain que ta tête va bien." Elle passerait un scanner, des radios, rien qui ne valait qu’on s’affole.

Ce qui était le plus effrayant dans tout ça, c’était ce qu’elle tarda à lui annoncer, sautant à la place sur la perche qu’elle lui tendit lorsqu’elle parla de son téléphone. Mavis passa sa langue sur ses lèvres, jeta un oeil derrière son épaule pour demander à l’infirmière "On a récupéré ses affaires, son téléphone ?" Elle ne le lui donnerait pas, mais elle voulait s’assurer que c’était là, quelque part, à attendre le feu vert de la psy qui viendrait bientôt la voir. L’infirmière lui répondit qu’elle allait vérifier, mais puisque le petit sachet avec ses effets personnels n’était pas posé sur son lit, il fallait redouter la perte de tout ce qui constituait son petit monde. Elle prit une nouvelle inspiration, l’externe, glissa ses deux mains dans les poches de sa blouse en retournant son attention sur Laurie qu’elle regarda pour lui dire "On a eu les résultats de ton analyse de sang, t’es un peu survoltée à cause des effets de tout ce que t’as dans l’organisme. Ça fait un mauvais cocktail avec l’adrénaline, alors je comprends que ce soit difficile de te calmer, mais tu vas devoir t’y efforcer pendant quelques heures." Elle hocha la tête pour marquer l’intention du discours qu’elle lui déroulait presque sans nuances, ses yeux bruns rencontrant le bleu des siens quand enfin, elle osa lui dire "Et une fois que tout sera vérifié au niveau de tes blessures, quelqu’un passera pour discuter un peu avec toi." Quelqu’un qui ne serait pas Mavis pour des raisons évidentes qu’elle ne lui ferait pas l’affront d’expliciter. Il fallait être délicat avec les patients, elle apprenait encore, et parce qu’elle se dit que, sans doute, cette annonce ferait l’effet d’un couteau planté dans le dos à la jeune femme, elle ajouta en tendant la main pour saisir son poignet au creux duquel elle pressa ses doigts pour la rassurer "T’as été renversé par une voiture, c’est un gros choc à accuser. Plus vite t’exorciseras ça, plus vite tu pourras sortir." Il n’y avait pas que ça bien entendu, c’était tout ce qu’impliquait sa prise de substances qu’elle devait exorciser surtout, sauf que pour le moment il était plus judicieux de ne pas le laisser sous-entendre. L’infirmière revint dans le box, faisant un négatif de la tête à Mavis qui répondit elle, à la positive quand elle fit à Laurie avec l’air désolé de ceux qui annoncent une mauvaise nouvelle affiché sur son visage "On a pas retrouvé ton téléphone, mais je peux tenter de contacter les policiers qui étaient sur le lieu de l’accident pour savoir s’ils n’ont rien retrouvé là-bas." Elle retira ses doigts du poignet de la jeune femme pour jeter un coup d’oeil rapide au cadran de sa montre qu’elle replaça dans le bon sens histoire de la consulter avant de relever la tête pour lui demander "Est-ce que tu veux qu’on prévienne quelqu’un de ce qui se passe ? Tu vas avoir besoin qu’on t’apporte quelques affaires."

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crédit/(raquelsgifs) ✰ w/ @Mavis Barnes

"On s'occupe de moi ?" Tu répètes les mots de Mavis sans véritablement t'en rendre compte. Parce que tu as réussi à reconnaitre son visage, parce que c'est quelque chose de concret et de visible, dans le brouillard que constitue ton esprit et tous les inconnus qui sont là. On t'observe, avec un peu trop d'intensité, on te décortique encore une fois et sous le regard un peu trop humain, tu ne sais pas trop comment faire. Si quelqu'un pouvait agiter l'objectif d'une caméra sous tes yeux, tes réflexes reprendraient sûrement le contrôle, tu saurais comment faire, comment bouger, comment te tenir, comment sourire. Pas maintenant, alors Mavis fera office de fard dans cette nuit un peu trop sombre et tant pis si cela ne fait pas de sens. Tu sens les larmes te monter aux yeux alors que Mavis essaye de t'expliquer la situation. "Okay." Tu le dis sans aucune conviction, tu as loupé quelque chose, il te manque un truc, tu ne veux pas être ici.
Mavis a beau dire les choses clairement, cela reste un hôpital, avec des médecins, avec la douleur, les médicaments et... tu veux ton portable et rentrer chez toi, voilà ce que tu veux, comme ça tu pourras décider qui te regarde et comment. Mavis continue, elle essaye de te donner l'élément manquant, la raison de ta venue et tu fronces les sourcils pour te concentrer et pour comprendre. Pour savoir pourquoi tu es là et pas ailleurs et pourquoi on a l'air de s'inquiéter pour toi. C'est de l'inquiétude, non ? Tu ne sais même plus, tout ce que tu vois, c'est une forme d'attention, et cela rassure un peu l'horrible monstre qu'il y a dans ta tête. "J'ai été renversée par une voiture ?" Tu le répètes, tu répètes les mots de l'autre blonde et tu fermes les yeux, pour te souvenir. Il y a eu le bar, la voiture et... là, l'instant est aussi vif que douloureux, mais tu peux presque te voir, sans ceinture, ouvrir cette portière et tomber. Et chuter, et rouler, et les phares d'une autre voiture, c'est cela qui t'a aveuglée, aucun doute là-dessus maintenant. Tu ouvres de nouveau les yeux, tu bats des cils alors que les larmes salées roulent tes joues et vont se mêler à l'hémoglobine et tout le reste. Le reste ce sont les conséquences, tu as beau avoir une tempête qui fait rage dans ton crâne et dans ton cœur, une partie de toi s'est déjà réveillée, comprend déjà ce qui t'est arrivé.
Et tu ne sais pas encore si c'est drôle ou putain de triste. "Il n'y a personne à prévenir Mavis." Qui pourrais-tu bien prévenir ? Qui est-ce que tu connais réellement sur Brisbane ? Tu avais fait le chemin pour Jo il y a des mois de cela, mais tu la vois mal franchir les portes de l'hôpital pour apporter du confort ou t'accorder plus de deux secondes d'attention. Et qui d'autre ? Il n'y a personne, tu viens de le dire, tu n'es pas celle qu'on aide, tu es celle qui distrait, qui amuse, avec ses anecdotes, avec ses bêtises, avec ses conneries. Et putain, tu viens d'en commettre une belle de connerie. Tu voulais juste passer une nuit de plus à t'amuser, juste une nuit de plus. "Je vis toute seule, ma mère est… Elle n'est pas sur Brisbane et je n'ai..." Catherine, est-ce qu'elle se déplacerait jusqu'ici ? C'est bien elle qui t'a dit que tu étais trop jeune pour rester dans ton appartement, que tu devais profiter tant que tu le pouvais, sans te soucier de qui tu blesses au passage. Parce que tu as l'âge pour tout ça. Tu ne sais même pas si ta mère viendrait, ou si elle serait triste ou au contraire fière de te savoir ici.
"Il n'y a personne à prévenir." La seule conclusion à faire, tu te finis par te mordre la lèvre inférieure, pour ravaler un sanglot et parce que tu supposes que tu n'as pas le droit de pleurer. Pas quand c'est de ta faute, pas quand tu es partie chercher les ennuis et les emmerdes. La descente est dure, trop dure, ton cœur bat toujours la chamade dans ta poitrine et si tu pouvais, tu te lèverais et tu partirais en courant. Quelque chose te dit que quelqu'un t'arrêterait si tu essayais quelque chose comme ça. "Quand j'aurais les résultats, je pourrais rentrer chez moi, hein ?" Ton regard bleuté se pose sur Mavis, la seule qui fait du sens dans tout ce bordel, la seule qui a l'air en contrôle. "Je peux même vous dire ce que j'ai pris si vous voulez, ce n'est pas si difficile que ça à deviner." C'est ça qu'ils cherchent ? Tu peux donner des réponses, il y a toujours les hormones que tu prends et qui t'ont été données ici, il y a l'alcool dans tes veines, mais pas que, on n'oubliera pas la jolie petite poudre blanche que tu es allée chercher toute seule. C'est un cocktail dangereux et explosif, et si l'idée d'être une bombe à retardement te plait, dans le fond, tu le sais, ce n'est pas sain. "Je peux vous le dire, et rentrer chez moi et ..." Tu fais un semblant de mouvement, pour te lever du lit, mais tu grimaces bien vite, ton épaule droite contre cette idée. "Mavis... pourquoi j'ai mal à l'épaule ?" La question est posée sur un autre ton, un peu plus alarmé, alors que tu fais face à une autre conséquence.

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@Laurie Wright (crédit gif/oliviaholt)

Laurie était totalement perdue, et ce n’était pas difficile de comprendre pourquoi. Néanmoins, Mavis ne trouva pas ça triste. Elle ne pouvait pas se permettre de prendre pitié de tous ses patients quand bien même elle n’en avait pas autant que ça, son statut d’étudiante restreignant son accès à la majorité des cas en vérité. Elle savait juste provoquer les opportunités pour faire partie des bons coups, et ce soir elle ne pouvait pas accoler cette étiquette au cas de la jeune femme qui rebondit sur ses déclarations en lui redemandant si elle avait été renversée par une voiture. Mavis se contenta de hocher la tête, l’encourageant à envisager d’appeler quelqu’un pour au moins venir lui apporter des affaires, mais sa réponse fit peser un poids critique sur la vie qu’elle devait mener. Pire encore que la drogue et l’alcool qui couraient dans son organisme, sa solitude venait entacher son existence, aussi ce n’était pas surprenant qu’elle préfère planer à plusieurs mètres du sol au lieu de s’en remettre à la réalité. Que pouvait faire Mavis si ce n’était juger en silence ? Lui proposer une alternative, lui tendre la main ? Elle pinça les lèvres, profitant que la jeune femme mentionne sa mère pour lui dire, engageante "Mais si on l’appelle, elle pourra toujours venir ? Je peux me charger personnellement de le faire. Ça peut être très rapide, et on peut lui préparer un lit." Elle se montrait optimiste simplement parce qu’elle ne voulait pas faire ce qui incombait à la famille de ses patients. Elle ne voulait pas être la passerelle émotionnelle de personne, et surtout pas d’une jeune femme qui paraissait autant en détresse que Laurie.

Il y avait de l’agitation dans les couloirs, rien d’exceptionnel pour une soirée aux urgences. C’était une musique presque agréable pour Mavis qui préférait se référer à cette constante plutôt qu’aux larmes qu’elle voyait rouler sur les joues de Laurie qui était assez naïve pour croire qu’on la laisserait sortir après avoir récupéré ses résultats d’analyses. Elle n’était pas dans son état normal, c’était une certitude à ne pas mettre de côté pour expliquer qu’elle soit autant à côté de ses pompes, mais Mavis pressentait qu’il n’y avait pas que ça au fond. En l’observant du coin de l’oeil, elle lui paraissait complètement déconnectée. Un regard jeté par-dessus son épaule dans l’espoir qu’on vienne la sauver de là, et elle dut se rendre à l’évidence : elle devrait répéter ce qu’elle lui avait déjà dit. Alors c’est ce qu’elle fit en s’asseyant enfin au bord de son lit "Non, tu pourras pas. C’est une longue batterie d’examens que tu vas devoir faire bientôt, et ensuite quelqu’un viendra discuter un peu avec toi. Un ou une psychologue." précisa-t-elle pour être bien claire, s’étant sans doute montrée trop subtile jusque-là pour espérer qu’elle comprenne où elle voulait en venir "Je pense qu’on viendra t’interroger sur tout ça un peu plus tard, quand on aura bien avancé dans tes examen." La police ne tarderait pas. Il se trouvait qu’il y avait un homme dans le coma de l’autre côté du couloir, mais ce n’était pas le rôle de Mavis d’annoncer la nouvelle à la patiente qui serait surement surprise de voir débarquer des hommes en uniforme. Elle, elle n’était là que pour le volet médical de sa situation, pour le reste elle n’avait aucun pouvoir.

Elle joignit les mains, chercha à capter son regard quand elle le vit remuer pour faire elle ne savait trop quoi, et lui conseilla en la voyant grimacer aussitôt "Tu devrais pas faire ça." Parce qu’ils n’étaient pas encore certains du diagnostique, mais une chose était évidente : il y avait quelque chose qui n’allait pas au niveau de l’épaule de la jeune femme. Une fracture, une fêlure, une foulure, ce serait déterminé par les examens qu’elle devait faire, et dont elle lui rabattait les oreilles depuis tout à l’heure. Ça sembla l’inquiéter, et c’était tout à fait normal d’ailleurs, c’était même la seule vraie réaction normale qu’elle avait eu depuis le début de leur conversation. Jouant la transparence, Mavis lui répondit "On sait pas trop encore, et c’est en partie pour ça que tu dois passer des examens. Ça peut être une fracture, comme ça peut être autre chose. C’est important que tu restes tranquille et que tu t’appuies pas dessus, ça pourrait causer d’autres dommages — hey, ça va aller." Naturellement, elle voulut la rassurer parce qu’elle voyait la panique modifier ses traits. Elle se leva du bord de son lit, se dressa à ses côtés pour continuer, posée "On va tout faire pour savoir exactement ce qui se passe et prendre soin de toi. T’es dans un bon hôpital." Est-ce qu’elle devait lui redemander si elle voulait qu’elle appelle quelqu’un ? Elle ne le fit pas Mavis, attendant simplement que la jeune femme se calme avant d’envisager de poursuivre le dialogue.

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crédit/(raquelsgifs) ✰ w/ @Mavis Barnes

Les larmes roulent et roulent sur tes joues et tu n'essayes même pas de les arrêter. Tu es complètement impuissante, blessée dans tous les sens du terme, à subir le coup de tout ce qu'il y a dans tes veines et tout ce qui fait battre ton cœur. Il y a l'adrénaline, la fatigue, la drogue, les hormones, mais pas que... il y a aussi toutes les choses qui t'ont poussée à sortir, à faire des conneries, toutes ces choses qui sont plus épaisses que l'hémoglobine et qui pourraient te paralyser sur place si tu t'arrêter pour y penser. Tu sens juste une migraine arriver dans les faits, parce que tu te dégoûtes un peu, parce que tu es fatiguée, parce qu'une partie de toi entend toujours de la musique et veut danser, et il y a Mavis qui te dit que si, elle peut prévenir ta mère. Et s'en charger personnellement. Cette dose de gentillesse te cloue sur place, ça ajoute au reste et tu te retrouves à sangloter, tu essayes de faire ça en silence, en hochant négativement la tête. Tu ne veux pas de leçons de morale maintenant, tu ne veux surtout pas des conseils de Catherine et surtout, surtout, tu ne veux pas que ta mère te voie ainsi. Tu as peur de ce qu'elle pourrait te dire, ce qu'elle pourrait t'encourager à faire ou à ne pas faire dans un moment pareil. Et ce n'est pas de sa faute après tout, mais bien de la tienne. Toi et tes conneries en fait.
Tu sanglotes et ton nez coule alors que Mavis explique avec plus de détails et te déconseille de bouger ton épaule, tu as mal pour une bonne raison et elle t'avoue qu'ils ne savent pas. Tu passes la main gauche sur ton visage, pour paraitre un peu plus présentable, mais c'est complètement impossible et ça, tu le sais, ça c'est impossible de l'ignorer. Mavis te rassure encore et tu as envie de lui dire d'arrêter, qu'elle arrête d'être aussi raisonnable et parfaite alors que ton monde vient d'être retourné de la pire façon qui soit."Est-ce que tu dis ça à tous les patients ?" Parce que c'est juste ce que tu es aux yeux de l'autre blonde. Une patiente de plus, juste une note sans importance dans sa soirée, une fois qu'on t'aura mise entre d'autres mains, Mavis pourra aller faite autre chose. Après tout, elle n'est pas encore médecin, non ? Elle ne t'avait pas dit faire ses études encore ? Tu essayes de te rappeler, ce qui ne fait qu'accentuer ta migraine et tu grimaces, posant ta main gauche sur ton front l'instant suivant.
"Tu y crois au moins ?" Pas la remarque à cause de l'hôpital, mais à propos de toi. ça va aller, trois mots simples, que tu as entendu toute ta vie, dès les premières larmes versées. Dès que tu as fait comprendre à Catherine que c'était Laurie et pas Lawrence, dès qu'on t'a prescrit ta première dose d'hormones, dès que Jo t'a rejoint à Sydney et même la fois où tu la regardais en train de se préparer pour l'audition qui allait tout changer dans sa vie à elle. N'est-ce pas un autre mensonge ça aussi ? Tu as envie d'y croire putain, tu veux tellement y croire, Mavis n'imagine même pas à quel point. Tu as un autre sanglot alors que tu marmonnes. "Désolée, c'est la pire nuit de ma vie je crois." Tu le marmonnes en bougeant comme tu peux sur ce lit, fuyant le regard de Mavis. Tu fais attention à ne pas bouger ton épaule droite, alors que tu rabats tes jambes sur le lit, pour qu'elles ne soient plus dans le vide. "J'aurais dû rester chez moi." Sortir était la pire idée du siècle, tu aurais dû rester dans le confort de ton appartement, les murs solides, la porte fermée. "Vraiment, j'aurais dû rester chez moi." Tu le répètes, tu pousses un soupir, avant de te tourner vers Mavis. Pour arrêter de pleurer, pour penser. "Okay, les examens et ..." Tu t'arrêtes, un souvenir te revenant dans le même temps.
"Il y a eu d'autres blessés ? A part moi je veux dire ?" Les examens, le fait qu'on veuille te parler et qu'il soit impératif que tu restes au St Vincent... c'est bien pour quelque chose, non ? "Je crois que j'étais dans une voiture." Tu crois, tu ne sais plus, c'est la seule chose qui fait encore du sens, tu ne conduis pas toi-même, pas dans Brisbane, quelqu'un devait être au volant... Tu te forces à prendre une profonde inspiration, alors que tu te prépares à la prochaine réponse de Mavis. "Tout le monde va bien ?"

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@Laurie Wright (crédit gif/oliviaholt)

Elle n’allait pas appeler la mère de Laurie. Puisqu’elle semblait tant insister, elle n’irait pas à l’encontre de sa volonté. Mavis ne lui demanderait pas pourquoi, ce n’était pas son rôle de le faire, c’était celle des psys qui s’occuperaient d’elle dans quelques heures. Elle, elle devait juste accepter les recommandations qu’on lui faisait et ne pas aller à l’encontre du consentement d’une patiente en détresse, aussi bien physiquement que psychologiquement parlant. Tout le monde avait été patient au moins une fois dans sa vie, même les médecins, de fait ce n’était pas difficile de savoir dans quel état d’esprit se trouvait la jeune femme. Tout devait se mélanger dans son esprit déjà embrouillé par les substances, et la frustration de ne pas savoir exactement ce qu’elle avait, elle s’ajoutait à tout ça. Pas étonnant au fond qu’au bout d’un moment, elle devint désagréable. C’était le rôle du médecin d’essuyer la détresse de son patient quand cette dernière restait dans la limite de la compréhension, et que les barrières du respect n’était pas dépassée. Mavis estimait que là, elle ne l’était pas alors elle ne s’offusqua pas de la voir s’agacer, Laurie. Elle la fixa juste sans lui répondre aux questions rhétoriques qu’elle lui posait, n’ayant pas envie de la rabrouer en lui disant que non, elle ne disait pas ça à tous ses patients parce qu’elle n’avait généralement pas de patients, qu’elle était là pour observer, et qu’à l’heure actuelle, elle se fichait comme d’une guigne de ce qui pouvait lui arriver tant elle la trouvait pathétique d’être obligée de se la mettre minable pour supporter sa misérable vie. Tout le monde avait ses problèmes, les siens n’étaient pas mieux que les autres sous le prétexte qu’elle était clouée dans un lit d’hôpital après avoir fait la conne en descendant d’une voiture en marche ; définitivement pas quelque chose à dire à une patiente aussi fragile, définitivement pas quelque chose à dire à n’importe quel patient ou patiente d’ailleurs, c’était une évidence qui lui fit ravaler sa bile, et attendre qu’elle recouvre ses esprits pour entamer un dialogue plus serein.

Elle accueillit ses excuses avec un haussement d’épaules, sa voix ne se faisant réentendre que quand elle lui dit d’une voix blanche "À mon avis, t’y réfléchiras à deux fois la prochaine fois avant de sortir." Et avant de gober la moindre substance en pensant que ça lui ferait oublier ses problèmes. Voilà qu’à la place, elle en gagnait plus encore, et pas des moindres si on prenait en compte l’état de l’homme qui avait été blessé par sa faute, et qui ne traversa son esprit que quelques longues minutes plus tard. Ça non plus, ce n’était pas difficile pour un médecin ni pour quiconque d’ailleurs, de deviner qui avait les travers les plus égoïstes : Laurie n’était pas en reste, une certitude qu’elle garda pour elle alors qu’elle penchait la tête pour lui faire "D’après ce qu’on m’a raconté, la scène était assez impressionnante." On en parlerait dans les journaux, sa minute de gloire était assurée. Elle le savait, qu’elle n’était pas autorisée à donner des nouvelles de qui que ce soit à la jeune femme, mais elle ne pouvait pas lui dire de cette façon là ; si elle avait un tant soit peu de jugeote, elle saurait lire entre les lignes. Tournant la tête pour regarder derrière elle, Mavis fit mine de chercher à rencontrer le regard d’un supérieur, mais il n’y avait personne dans les parages si ce n’était l’infirmière de garde qui lui fit un petit signe de tête pour lui rappeler le protocole de façon silencieuse. Elle ne comptait pas lui dire quoi que ce soit de toute façon, alors elles étaient raccords sur la marche à suivre, celle sur laquelle Mavis basa sa réponse qu’elle lui donna enfin, retournant la tête vers Laurie "Je suis pas autorisée à te donner des nouvelles des victimes impliquées." C’était d’autant plus le cas quand les victimes n’étaient pas dans un bon état "Il faut que tu te concentres sur ce qui t’attend, le reste ce sera pour plus tard." Et puisqu’elle semblait être plutôt tournée vers sa petite personne, ce ne serait pas un trop gros effort pour elle, n’est-ce pas ? Ça, Mavis ne le dit pas, elle se contenta de le penser. Pendant un instant, il n’y eut que le bip, bip des machines autours qui dérangèrent le silence, et puis la jeune femme reprit la parole pour demander à Laurie "Ce sera la dernière fois que je te le demande : t’es certaine de ne pas vouloir que je prévienne quelqu’un ?"

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Mavis hausse les épaules et une partie de toi voudrait l'envoyer se faire foutre. Lui dire que tu sais, tu le sais que tu es cassée, complètement ruinée, tu le sais que tu fais les pires conneries du monde. Que tu t'agites pour rien, que tu cognes, que tu fais mal et que tu vas regretter tout ça dans quelques heures, quelques mois ou même quelques années. Tu es beaucoup de chose cependant, tu n'es pas une idiote, tu n'ignores pas que ta détresse pourrait être aussi traitée, pas à coup de scalpels, pas avec des hormones mais avec quelque chose de plus doux. Sauf que ça impliquerait de vraiment te regarder en face, de ne plus essayer de tout faire disparaitre sous beaucoup de fondation et de blush. Et est-ce que tu es prête à le faire cela ? ... La réponse est là ce soir, dans cette soirée simple qui a dérapé, oui, cette simplicité que tu as compliquée et ce truc que toutes les larmes du monde ne pourront pas effacer. Mais tu ne peux pas dire à l'autre blonde de te laisser tranquille. Tu es trop fatiguée pour le faire et elle ne fait que son boulot, plus objective que toi et dans un sens, Mavis, elle représente la réalité à laquelle tu essayes d'échapper depuis des semaines. Voire des mois ou là encore une fois, des années, tu ne sais même plus. Tu as perdu le compte, il y a toujours eu un poids énorme sur ta poitrine, cela s'est allégé quand Laurie a été vraiment libérée, mais c'est toujours là. C'est plus lourd que jamais, tellement que tu pourrais vider le contenu de ton estomac sur le sol, à la place, ce sont les armes qui sont là, ce sont tes yeux bleutés qui suivent les mouvements de Mavis, et tu es à l'affût de la moindre information qu'elle peut te donner. Mavis, elle, la réalité, les conséquences.
Elle décrit la scène, tu ne sais pas si elle est cynique, si elle en rajoute pour te faire culpabiliser, mais, tu connais déjà la réponse à tout ça ? À quoi bon ? Tu n'es rien pour Mavis, juste une patiente de plus, quel serait l'intérêt de perdre encore plus de temps pour te faire du mal ? N'est-elle pas en train de faire des études pour apprendre à soigner les maux des autres ? Mavis tourne la tête et tu prends une profonde inspiration, sa phrase suivante te glaçant presque le sang. Presque, tu as trop conscience de tout et du tremblement qui te saisit par la suite. "Mais il y a d'autres victimes ?" Cela t'échappe, Mavis ne te donnera pas de réponses à ce sujet, elle vient de te le dire, qu'elle resterait professionnelle au possible, que ce ne serait pas à propos de toi et de ta curiosité mal placée. Mais il y a eu d'autres blessés, à cause de toi, à cause de ta putain d'envie de vivre, ou d'en finir, tu ne sais même plus à ce stade. Soudainement, c'est trop dur de regarder Mavis, ton regard bleuté dérive sur tes pieds, et tes jambes que tu as couvertes du mieux que tu peux. Comment elle fait ? Tu as envie de lui demander, elle parait tellement en contrôle, tellement assurée, est-ce les ainées qui vous séparent ? Non, c'est toi la plus âgée, toi qui devrais mieux savoir et lui apporter ton expérience.
Ce n'est pas la première fois que Mavis te dit de te reprendre et de penser au futur. Une deuxième instance maintenant que tu y penses et tu inspires et expires profondément pour faire du sens et pour paraitre aussi en contrôle qu'elle. "Le reste pour plus tard, okay." Tu répètes les mots de Mavis, comme si cela allait te sauver, comme si cela faisait du sens au moment où les mots quittent tes lèvres à toi. Tu renifles un peu et tu relèves seulement le regard à son interrogation. Encore une main tendue, encore de l'aide, ça pourrait te faire repartir dans une salve de sanglots, à la place, tu pousses un autre soupir. "J'en suis sûre et certaine, Mavis." Personne à prévenir, ta merde, tes conneries, il est tant que tu assumes et que tu regardes tout ça en face. Tu parleras aux médecins, aux spécialistes, tu les laisseras te disséquer et t'analyser encore une fois, et tu n'auras qu'à prier qu'on te laisse t'éclipser avec des remontrances et une prescription pour soigner ton cœur. Et ton âme en même temps, ce n'est qu'un mince espoir, mais ce n'est que ça.
"Merci de redemander. Ou alors, tu fais ça avec tous les patients, mais..." Mais ça ne sera qu'une nuit de plus pour elle et un réveil brutal pour toi. Tu passes ta main valide dans tes mèches blondes, trop courtes, les secouant au passage, par pure réflexe. "... Dans tous les cas, merci." Tu es sincère quand tu dis ça, probablement plus sincère que tu ne l'as jamais été depuis des semaines, et ça, Mavis ne le saura probablement jamais. Peut-être parce qu'elle fait ce qu'on attend d'elle, ce que sa future profession demande, pas pour récolter des points de sympathie, pas pour l'attention mais parce que c'est une voie qu'elle a choisie. Ce qui est admirable, adulte et... tellement simple. "Je sais que je ne le mérite pas." Là encore, tu es honnête, tu ne cherches pas à faire dans le pathos, c'est un simple constat.
Ce soir, tu as eu de la chance, tu pourrais avoir fini dans un pire état, tu le sais, tu en as conscience. Tu finis par t'éclaircir la gorge avant de demander: "Tu crois que je pourrais avoir quelque chose à boire ?" Cela n'allège pas la conversation ou même tes confessions, mais c'est quelque chose d'autre pour une nuit déjà trop longue... au moins.

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@Laurie Wright (crédit gif/oliviaholt)

La partie la plus difficile de l’apprentissage de Mavis, c’était de se montrer compatissante. Elle ne l’était pas naturellement, et elle savait très bien ce que ça disait d’elle, mais elle ne se sentait pas honteuse d’être dure et froide. Elle avait été élevée comme ça, pur produit de deux parents dont la fonction primaire était d’être des modèles de prestige à atteindre. Marion était la plus empathique de leur duo, celle qui savait comment réagir face à la tristesse, la maladie, le deuil. Mavis en revanche, elle était une planche de neutralité difficile à déchiffrer, avec ses codes et ses subtilités, occupée à contrôler chaque chose qu’elle faisait pour qu’on ne se rende pas compte qu’en vérité, elle ressentait beaucoup trop de choses, et que ce n’était pas tous les jours facile à gérer. Mais elle le faisait admirablement, certainement pas de la bonne façon considérant les erreurs qu’elle faisait et son besoin irrépressible de tendre vers la manipulation, restait qu’elle se débrouillait et que ses bêtises, elle savait faire en sorte qu’elles restent sous-contrôle. De là à dire qu’elles n’affectaient personne, ce serait un mensonge éhonté, mais n’était-elle pas une menteuse née ? La tête inclinée sur le côté, le regard posé sur Laurie qu’elle regardait s’agiter, poser des questions et s’inquiéter, elle ne lui répondit pas lorsqu’elle lui redemanda s’il y avait d’autres blessés. Si elle n’y était pas autorisée, elle aurait tout de même pu le faire par compassion donc, mais elle n’en avait pas pour elle qu’elle savait responsable toute désignée de cette faute qu’elle avait commise ce soir. Elle ne savait pas ce qui pouvait bien forcer quelqu’un à agir comme Laurie, elle n’était pas psy, et elle n’avait pas envie de le devenir, de fait elle choisit l’économie de mots cette fois en n’en disant aucun, se contentant juste après de s’enquérir pour de bon de sa décision de ne prévenir personne qu’elle était ici.

Et de nouveau, elle lui confirma son choix qu’elle accepta sans rechigner "J’ai bientôt terminé, ce sera quelqu’un d’autre qui s’occupera de toi après." l’informa-t-elle dans l’entre-deux de ses paroles qui tournèrent au pathos pendant qu’elle lui disait qu’elle ne méritait pas sa sollicitude. Dans d’autres circonstances, Mavis aurait certainement été d’accord avec elle, mais elle était à l’hôpital dans le cadre de son apprentissage qui ne comptait pas le dénigrement d’un patient en souffrance physique et morale. Elle était capable de garder ses opinions pour elle, quand bien même ces opinions justement étaient dures et tranchantes. Relevant les barrières qui entouraient le lit de Laurie en même temps, Mavis finit par lui dire "Ça, c’est pas à moi d’en juger. Et puis on fait tous des erreurs, tu sais." Certains des plus grosses que les autres, et elle se mettait dans le lot même si la plupart du temps, elle se trouvait bien mieux que ces autres. Ses erreurs étaient à la hauteur de l’être brillant et privilégié qu’elle était, voilà tout "Tu devrais pas dire ce genre de choses. Je comprends que tu te sentes mal, mais ça va se passer. On va tous faire en sorte que ça passe." En l’occurence, elle en doutait pour la jeune femme qui semblait tout de même sacrément cabossée, et elle ne parlait pas de son état physique. Elle l’avait déjà remarqué lors de leur première rencontre, qu’elle paraissait fragile. Ses paroles le lui confirmaient et elle se nota mentalement d’insister là-dessus lorsqu’elle ferait ses transmissions avant de s’en aller. Dans la foulée, sans vraiment y penser, elle ponctua, terminant de relever l’une des barrières autour du lit "On mérite tous plus ou moins qu’on s'occupe de nous, et c’est ce qu’on fera ici. T’es en sécurité." C’était important de le lui dire, malgré ce qu’elle pouvait bien lui inspirer. Un patient sûr d’être bien traité sera plus docile pour qu’on le soigne, c’était à garder à l’esprit. Contournant de nouveau le lit pour se placer à la droite de Laurie, elle pinça les lèvres un instant et s’apprêta à lui dire au revoir quand sa question la fit camper sur sa présence et lui répondre après un temps de réflexion pas si long que ça "Hm, je crains que tu vas devoir attendre avant de pouvoir boire ou manger. C’est par précaution, si jamais tu dois passer au bloc pour ton épaule — ça ne veut pas dire que ce sera le cas, on anticipe juste." la rassura-t-elle avant qu’elle ne panique en l’entendant dire ça ; et plus généralement pour le reste des examens qu’elle devait passer, ce serait mieux de ne rien ajouter à la tambouille qu’il y avait déjà dans son estomac. Détournant la tête vers l’infirmière de garde qui repointa le bout de son nez, Mavis marqua un nouveau temps de silence juste pour s’enfoncer dans sa tête pendant quelques secondes, et finit par proposer à Laurie, ses mains se glissant dans les poches de sa blouse "Je peux t’apporter quelques glaçons pour t’humidifier un peu les lèvres si tu veux. Ça fera l’affaire le temps que tu puisses vraiment avaler quoi que ce soit, t’auras la sensation d’avoir moins soif." Ou au contraire, ça appellerait l’envie de s’abreuver. Mais c'était toujours mieux que rien, et si ça pouvait la réconforter…

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crédit/(raquelsgifs) ✰ w/ @Mavis Barnes

Tu sais bien que Mavis essaye de te rassurer et dans un sens, ça marche. Les larmes, ce n'est pas juste à cause de la douleur, pas parce que tu es stupide mais aussi, et surtout, parce que tu les retiens depuis longtemps. Tu les retiens en permanence en fait et peut-être que tu aurais dû suivre son conseil initial et aller t'asseoir sur le canapé d'un expert plutôt que d'essayer de te soigner. À coup d'alcool, d'autres substances beaucoup moins douces et plus agressives et une petite touche de déni. Voilà pourquoi tu es devant Mavis ce soir et le constat n'est pas joyeux. Tu la suis du regard, tu as envie de lui demander si elle est vraiment obligée de partir, si elle ne peut pas rester avec toi toute la soirée... mais ce serait tellement égoïste et il serait peut-être temps que tu apprennes de tes erreurs, n'est-ce pas Lawrence ? La voix résonne dans ta tête, cassante et assassine et tu dois te concentrer la seconde suivante sur les mots de Mavis. Qu'est-ce que tu ne devrais pas dire ? Tu as oublié. L'aide est là visiblement et tu as un peu envie de rire car l'autre blonde ne sait même pas à quel point on te tend la main. Pourquoi tu continues de foncer dans un mur ? La métaphore s'applique encore plus aujourd'hui et tu as un léger soupir aux mots de Mavis.
"Ouais, vu mon passif, on pourrait penser que j'aime les hôpitaux... c'est le contraire en fait." Si ce n'était pas pour les hôpitaux, les médecins, les gens exactement comme Mavis, il n'y aurait pas vraiment de Laurie. On a validé ton existence dans des lieux comme celui-ci, on t'a écouté, on t'a offert des solutions et on a fait disparaitre les fausses parties de toi sous une table d'opération. Tu aurais dû continuer dans ce sens, n'est-ce pas ? Ouais, ou pas, t'as eu la trouille, tu as arrêté avant, avant d'atteindre la perfection et oui, parce que tu as eu peur... tout simplement. Tu es juste une petite fille paumée, avec des émotions un peu trop grande, des jambes trop longues et le regard trop marqué par l'océan qui fixe Mavis maintenant. "Mais je sais qu'il ne m'arrivera rien ici." Tu le sais, c'est autant rassurant que c'est effrayant maintenant que tu y penses bien et tu te retrouves une fois de plus à hocher la tête aux mots de Mavis. Tu ne peux pas boire, cela fait du sens quand elle te dit, cependant, tu as toujours l'impression d'avoir la gorge en feu. Tu ne sais pas si c'est réel ou ton esprit qui te joue des tours et tu t'empares du coussin qui traine là, pour le serrer contre toi, pour avoir quelque chose de physique à quoi tu peux te raccrocher. Mavis te propose une autre option, une autre alternative et tu te retrouves à être d'accord avec elle, encore une fois."Okay, si ça aide... j'ai vraiment soif." Et puis, ça sera ton premier verre d'eau de la soirée maintenant que tu y penses bien. Ton regard quitte Mavis et ses mots rassurants quand quelqu'un d'autre arrive dans le petit espace qui t'a été assigné. Plus d'une personne, l'infirmière d'avant et quelqu'un d'autre, plus important visiblement, avec une expression qui se veut rassurante, et un dossier entre les mains. Toi, sûrement le résumé de tous tes problèmes et toutes les choses qui ne vont pas chez toi.
"Miss Wright ?" Le concerné, l'homme en l'occurrence échange un regard avec Mavis, et tu le sais, c'est sûrement le moment où elle doit s'effacer, où elle doit partir. Tu ne demandes pas à ce qu'elle reste, tu pourrais, tu en as envie, elle te l'a bien dit l'autre blonde, tout le monde a besoin de quelqu'un. Mais tu ne demandes pas, tu as fait assez de dégâts ce soir, tu as causé assez de maux. Alors pour Mavis, tu articules un merci, plus sincère que tout ce que tu ne pourras jamais dire. Et tu es presque prête quand le médecin reprend la parole. "Je sais que c'est une longue soirée pour vous, donc je vais être bref et après on vous enverra passer une radio de l'épaule, okay ?" Il articule bien, comme pour ne pas t'effrayer, comme si tu étais littéralement un animal sauvage pris dans un piège et que c'était le moment de te libérer. Comme si. "Okay." Que tu murmures alors qu'il s'empare de la seule chaise de la pièce, pour que vos regards se rencontrent et qu'il t'explique tout.
La réalité est là, tu ne peux plus fermer les yeux.