J'avais bien compris que mon interlocuteur avait oublié ce qui nous réunirait demain aux premiers rayons du soleil. Moi, en tout les cas, je n'avais pas relégué dans un coin de ma tête, cette course plus que matinale. J'en avais l'habitude depuis que j'étais en âge de comprendre que cela me faisait un bien fou. Avec une playlist dans les oreilles, à oublier momentanément ce qui pouvait envahir mon esprit et me contraindre à ne plus réfléchir correctement. C'était une échappatoire bienvenue et étrangement, ça me permettait d'avoir des idées. Souvent en rapport avec ce qui m'animait : l'art.

Évidemment, elles n'étaient pas toutes bonnes à prendre et un tri devait être fait, mais elles étaient les prémices et, je m'en servais. Bien souvent, ces théories inventées au détour de quelques foulées, étaient réalisées par la suite. Après une certaine réflexion, notamment. Peut-être que ce lendemain, n'y fera pas exception ? En tout cas, comme à mon habitude, je ne souhaitais nullement faire la conversation lorsque je courrais. C'était exceptionnel quand je m'y autorisais. J'étais partisane de la discipline et rien d'autre. Et, j'étais ma foi, sûre et certaine que mon vis-à-vis l'avait bien compris. Ou s'en rappelait. Tout simplement.

- Très bien. Un point pour toi. Je devais avouer que j'avais pris cette entrevue plus comme une Rumba à deux, où je menais cette danse, plutôt que comme des retrouvailles où je n'aurais aucunement imposé mon point de vue. Ça sera une charmante piqûre de rappel. Ne t'en fais pas, tu t'en rappelleras bien vite. Un clin d'œil, alors que je me montrais curieuse de sa vie. Chose que je ne faisais jamais, ou presque. Ah ! Mais c'est une bonne nouvelle ça ! Que je m'exclamais sincèrement, consciente qu'avoir un peu de repos, lui ferait sûrement du bien. Avant d'être réellement interloquée, à la mention d'un voyage ...

... En Asie ?!
Apparemment, une grande communauté asiatique l'adulait et il devait, de ce fait, faire un duo avec une égérie de ce pays. Là, j'étais plus qu'étonnée mais ça demeurait compréhensible cependant. Et, tellement d'étapes qui lui restaient à faire !

- Des petits détails plus que chronophages. Un sourire, alors que je gardais en mémoire ce merveilleux dessert à la mangue. Mais, ce dernier eut le don de me laisser un goût amer en bouche, parce que je n'avais pas été assez rapide pour payer ma part ou l'addition dans sa globalité. De ce fait, c'était à charge de revanche ? C'était bien ça ? Et autant dire, que ça me crispait plus que de raison sans que je ne me l'explique pourquoi.

Jusqu'à ce qu'il en vienne à s'intéresser lui aussi, à mon parcours et à mes aspirations pour la suite. En effet, j'avais des projets à faire valider et des examens à étudier. Mon temps pour les loisirs était quelque peu mis à mal avec ces études, dont j'étais Major de promotion. Il n'était pas envisageable que je ne fasse partie que du décor. Ce n'était pas ce à quoi, je me destinais de toute manière.

- Des rendus. Des examens. Des projets et sûrement des essais à écrire. Un jury extérieur à rallier à ma cause, lors de la fin de mon année. Un silence. Je suis bien occupée. Avec un sourire, je dressais une barrière quelque peu invisible entre lui et moi. Le Fleming, n'avait aucunement besoin de savoir mon emploi du temps à la seconde près et je n'avais pas envie de le lui donner. Quant à la suite, mon regard vert fut irrémédiablement attiré vers mon sac à main, dont une vibration me faisait l'effet d'un rappel.

En effet, je n'avais pas mis de côté mon chauffeur Uber. Et, l'application me le signalait par ce même rappel que je me devais de prendre en compte. Est-ce que j'allais m'y soumettre ? Comme mon pouce tendait à le laisser penser ? Ou bien, allais-je laisser à Malik Fleming, l'opportunité de me ramener ? Pour cette fois, seulement ... alors que j'annulais ma course du retour. Sans arrière-pensées, tandis qu'il me laissait entrer dans l'habitacle et que je me laissais happer par ce que je pouvais voir de l'extérieur. Brisbane était belle, la nuit. Mais, elle n'avait rien à voir avec Madrid et son ambiance plus que colorée.

Par contre, il était strictement hors de question qu'il pénètre dans ma luxueuse villa de Spring Hill. Je mettais un point d'honneur à ce qu'il aille se coucher et moi aussi. Afin que nous nous retrouvions dans quelques heures, seulement.

- Nous nous voyons demain. Concluais-je doucement, alors que nous étions à proximité de ma demeure et qu'il serait grand temps de mettre fin à cette soirée qui avait été intéressante. Réellement. Sauf, si tu as encore quelque chose à me dire. Je lui en laissais encore l'opportunité, assise sur le siège passager.

A chaque fois qu’elle m’attribue des points, je retiens une envie de rire. J’ai l’impression d’être évaluer, juger, jauger. C’est peut être pas totalement faux ? Pas tant que ça éloignée de la vérité ? Qu’importe, je ne relève pas plus que ça. Cette course qui nous attends, je ne sais pas dans quoi je me suis embarqué. Fort heureusement, j’ai toujours été un grand sportif, la difficulté ne sera pas l’épreuve physique. Mais bel et bien de réussir à me lever, vaincre cette envie de décaler, encore et encore les réveils jusque ce que le drame arrive et que je rate le rendez vous avec l’espagnole. Nul doute que si je venais à la planter, ce restaurant pourrait bien être le dernier. Il y a bien l’option de ne pas dormir, étant d’un naturel couche tard, ça ne me fera tenir que quelques heures de plus, rien d’insurmontable à priori ? Peu importe, je verrai en temps voulu.

J’évoque, sans détour mon programme à venir. Sans vraiment réfléchir, je déballe ce qui m’attends. Ça me permet de me les remettre en tête, de me rappeler les détails qui me reste à gérer afin d’être prêt en temps et en heure. Rien d’insurmontable c’est sur. réglant l’addition dans la foulée, je ne me suis même pas poser la question. C’est une manie, peut être mauvaise, que j’ai prise depuis que la célébrité a frapper à ma porte. Que l’argent a remplis mon compte en banque. Je dépense sans compter. Irresponsable certain dirons, ils n’auraient pas tort. Mais je sais à quel point ça peut être éphémère, j’ai été si haut, puis si bas. L’argent est un détail futile à mes yeux. En avoir suffisamment pour vivre sans avoir à ce priver. C’est peut être là le plus important. Le reste, c’est optionnel. Pourtant, ça ne m’a pas empêché de mettre une fortune dans ma voiture. Juste pour satisfaire mon rêve de gosse.

J’vois ça. Pas le temps de s’ennuyer. référence à demi mot à cette description que j’ai faites d’elle plus tôt. Preuve en est, si il le fallait, que j’ai pensé chacun des mots que je lui ai adressé.

Surpris, ou presque. Elle accepte, elle me suis, monte dans la voiture. Faible musique sur le poste radio, j’arrive doucement mais sûrement à destination. Devant la villa, je tire le frein à main. Tournant mon visage vers la jolie blonde. Quand elle me demande si j’ai quelques choses à ajouter. Je secoue mon visage, négatif. C’étais sympa. sans vraiment m’en rendre compte, j’ai déposé ma main sur sa cuisse. Pour la retirer presque à la seconde. Une vielle habitude qui a repointer le bout de son nez l’espace de quelques secondes. Passe une bonne nuit Del Pino. une fois Nieves sortis de la voiture. J’enclenche la marche arrière, reprenant la route vers chez moi cette fois ci. Minuit approchant, mon quota de sommeil est déjà bien entamé.