Peut-être qu'elle n'aurait pas dû retourner à la tour Infinity. Après tout, elle n'avait rien à faire. Sauf récupérer quelques documents que Aaron avait oublié de lui remettre et dont elle avait besoin pour valider une partie de son stage. Peut-être qu'elle aurait mieux fait de venir un autre jour. Mais disons qu'elle ne s'était clairement pas attendue à cette .. surprise. Enfin, si on pouvait dire que c'était une surprise.

Mais reprenons depuis le départ. Eireen était à la villa. Riley et son frère Connor étaient partis. Pour le moment, elle était seule avec sa meilleure amie, Dylan, à vivre dans la villa. Faudrait qu'elles se bougent un peu, d'ailleurs, pour trouver de nouveaux colocataires. Une ou deux personnes. Voire trois. Plus ils seraient nombreux, mieux ça serait pour le loyer, les charges et tout cela. La brune fouinait dans ses documents. Elle recherchait une de ses attestations de stage. Le dernier qu'elle avait fait chez Aaron, dans son étude. Ah, c'était sympa. Mais c'était pas plus mal de retrouver autre chose. Parce que s'envoyer en l'air avec son patron, ça allait bien cinq minutes. Mais après, vive la réputation. Voilà pourquoi c'était pas plus mal qu'elle termine son stage ailleurs. Sauf que ... Sauf qu'elle n'arrivait pas à remettre la main sur un document super important. Aaron l'avait signé. De ça, elle en était certaine. Elle l'avait vu de ses propres yeux. Mais peut-être qu'il était encore sur le bureau de l'avocat. Ouais, peut-être. "Et merde ... Fait ch*er ..." La brune passa une main dans ses cheveux et poussa un soupir ennuyé une nouvelle fois. "Dylan, faut que j'aille à la tour." Pas besoin de lui expliquer en long et en large où elle allait. "J'devrais pas en avoir pour longtemps mais sait-on jamais quoi." Eireen avait récupéré ses affaires et elle était partie, l'air de rien.

Les mains dans les poches, elle n'allait pas vraiment se presser pour rejoindre la tour. Après tout, elle était en repos et elle avait tout son temps à dire vrai. Eireen s'était même arrêtée à la boulangerie afin de récupérer un bon pain au chocolat. Une tuerie cette viennoiserie. Il n'y avait pas à dire mine de rien. Tranquillement, elle marchait en direction de la tour, tout en mangeant son pain au chocolat. Et puis, elle était arrivée à la tour. Ni une, ni deux, elle s'était engouffrée dans l'ascenseur. Sans se douter qu'elle aurait mieux fait de prendre les escaliers. Un étage. Puis un second. Et les portes s'étaient ouvertes pour laisser rentrer quelqu'un sans doute. Et si elle s'attendait à cela ...

Ca aurait pu être une belle et bonne journée. C'était ce que Eireen avait pensé. Jusqu'à ... Et bien, jusqu'à ce que cet homme fasse irruption dans l'ascenseur. Tout mais pas lui. Elle n'avait que peu apprécié de l'avoir vu récemment au bras de cette autre fille. Ca pouvait être n'importe qui. Une cousine. Une pote. La copine d'un pote. Ou que sais-je encore. Mais en le voyant avec elle, ça avait sauté aux yeux de la brune. Elle tenait encore beaucoup à lui. Et ce quoi qu'elle en dise. Et pourtant, il lui avait fait mal. Et pas qu'un peu. A croire qu'avec le temps, elle avait fini par oublier quelque peu. Si on pouvait dire cela ainsi. Mais cela ne voulait pas dire pour autant qu'elle était prête à pardonner. Mais passons. Si Eireen avait levé le nez plus tôt, elle se serait sans doute faufilée à l'extérieur de la boîte de conserve. Parce que, forcément, l'ascenseur était un espace confiné et que ça amenait souvent à la discussion. D'ailleurs, Camael avait fini par la saluer. Il l'avait cherchée. Pour la voir. Lui parler sans doute. "Salut ..." grommela-t-elle entre ses dents. Là, tout de suite, elle aurait aimé être n'importe où mais pas ici. Et pas avec lui. Eireen n'avait pas envie de discuter avec lui. Et ce même si elle devait le faire. "Et moi, ça fait un moment que je te fuis." Par là, elle entendait qu'elle faisait tout pour ne pas le croiser. Elle le connaissait bien après tout. Ils avaient été ensemble pendant sept ans. Eireen connaissait les endroits où il aimait aller. Et elle faisait exprès de ne pas s'y rendre. Pas de risque de le croiser comme ça. "Si j'étais pas trouvable, c'est qu'il y a une raison." Elle avait changé de numéro de téléphone. D'opérateur également. Elle avait déménagé. Avait fait exprès de changer de quartier. Tout pour qu'il ne la retrouve pas. Et ça avait plutôt bien marché. Eireen avait appuyé à répétition sur le bouton afin qu'elle puisse descendre au prochain étage. Terminer à pied si besoin était en prenant les escaliers, ça ne la dérangerait pas. "Et tu connais très bien cette raison." Il était fautif après tout. Eireen s'acharnait sur ce pauvre bouton. Peut-être qu'elle n'aurait pas dû. "Bon, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?" lança-t-elle à l'encontre de la boîte de conserve. Mais le moyen le plus efficace de plomber un ascenseur, c'est de trop appuyer sur les boutons. Eireen aurait dû s'abstenir. Les lumières vacillèrent quelque peu avant de s'éteindre totalement. Et l'ascenseur se stoppa. "Bordel de ..." Pas de chance. Vraiment pas.

Partir. Et être loin de lui. Elle voulait être loin de lui. Parce que c'était encore trop douloureux d'être avec lui. Et près de lui. Elle s'en foutrait comme de l'an quarante, ce ne serait pas bien grave d'être en sa compagnie. Mais là, ce n'était pas le cas. Comme quoi, elle éprouvait toujours quelque chose pour lui. Quoi ? De la colère, c'était certain. Mais pouvait-il y avoir autre chose encore entre eux ? Eireen n'en savait rien. Et elle ne souhaitait pas répondre à cette question aujourd'hui. Enfin, si, elle aimerait bien. Comme elle n'en avait pas envie ... Le coeur d'une femme est parfois bien compliqué et là, oui, Eireen ne savait pas vraiment ce qu'elle voulait ou ce qu'elle ne voulait pas. Elle fut quelque peu froide avec lui. Fallait pas qu'il s'attende à ce qu'elle l'accueille les bras ouvert ou bien qu'elle lui tape la bise. Pour sûr. "J'avais pas vraiment besoin de savoir le comment du pourquoi. Te surprendre avec elle, c'était déjà bien assez." Ce jour là, elle avait perdu deux personnes qui lui étaient chères. Son fiancé. Et également celle qu'elle avait longtemps considéré comme étant sa meilleure amie. Force est de constater qu'elle s'était trompée. Sur l'un, comme sur l'autre. Comme quoi, on ne connait pas vraiment les gens qui nous entourent. Tous ne sont pas fourbes. Enfin, passons. A trop jouer avec les boutons de l'ascenseur, Eireen avait perdu. Elle avait tout perdu. Elle serait obligée d'écouter Camael. Et de passer du temps avec lui avant qu'elle n'en avait aucunement envie. Oh diable ! Pourquoi diable avait-elle décidé de venir ? N'aurait-elle pas pu passer un autre jour ? L'irlandaise avait posé son front contre la boîte de conserve, poussant un soupir terriblement ennuyé. Pas d'échappatoire. Elle était piégée. Camael lui parlait. Elle l'écoutait de loin. Tentait de faire abstraction de ce qu'il pouvait lui dire. Elle eut un faux sourire tandis qu'il lui disait qu'il n'avait pas eu l'intention de la trahir. "Heureusement que t'avais pas prévu ça !" Elle lui avait pas hurlé dessus. Mais elle avait un peu haussé le ton. Une erreur selon Cam'. Peur de l'engagement. Peur que ça aille trop vite. Elle s'était tournée et l'avait regardé. "Tu te fous de moi là ? Peur de l'engagement ? Trop vite ?" Elle était sur le cul. Et honnêtement, sa main la démangeait. Elle avait envie de lui coller une gifle. Mais ça changerait pas grand chose. "Putain Cam ! C'est pas comme si on était fiancé et qu'on se connaissait pas depuis plus de sept ans quand ça s'est produit !" Elle secoua la tête. "On se serait fiancé seulement deux mois après notre rencontre, ouais, ça, ça s'est aller trop vite. Mais sept ans bordel !" Sept belles années. Et il avait fallu de quelques secondes pour tout gâcher et foutre en l'air. "Il t'est pas venu à l'idée que ça pourrait être bien qu'on en parle plutôt que de te jeter dans ses bras ?"

C'était dur. Très dur. Dur d'être près de lui. Dur de l'entendre lui parler. Dur de voir qu'il avait eu peur. Que ça allait trop vite. Il devait se moquer d'elle. Il devait se foutre d'elle. C'était pas comme si ... Et bien, c'était pas comme s'ils s'étaient fiancés deux mois après s'être rencontrés. Ca, c'était fait progressivement. Petit à petit. Et ils avaient tout pour être heureux. Du moins, selon Eireen. Alors, pourquoi ? Pourquoi tout gâcher ? Pourquoi tout perdre ? S'il voulait tout arrêter ou avoir du temps pour lui, pourquoi agir de la sorte ? Il aurait pu lui dire qu'il avait besoin de temps. Il aurait pu lui dire qu'il avait besoin de réfléchir. Eireen tenait à lui. Elle n'aurait peut-être pas compris ses appréhensions. Mais elle l'aurait attendu le temps qu'il faudrait. Et maintenant ... maintenant, elle ne savait pas. Elle ne savait pas si leur relation pouvait être sauvée. Le voulait-elle d'ailleurs ? "Qu'est-ce qui pouvait te faire autant peur ? Passer le reste de ta vie avec moi ?" C'était peut-être d'elle dont il avait eu peur. Va savoir. "Ou peut-être que c'est le fait que toi et moi, à la base, c'était qu'un pari ?" Un odieux pari. Enfin, elle ne connaissait pas tous les tenants. Elle ne savait pas pourquoi il en était venu à parier cela avec son pote. Et elle ne voulait pas savoir pourquoi. Parce que tout ce qui l'importait, c'était qu'elle l'aimait au final. Et qu'elle avait été heureuse. "Fais pas ton surpris. Oui, j'étais au courant. Et j'me suis pas tirée à l'autre bout du monde quand j'l'ai appris. Parce que même si j'trouvais que c'était stupide, la manière dont tu en as parlé, j'ai su que c'était sincère. Et que tu m'aimais." Et tout était parti à la poubelle, en quelque sorte. Il faut toute une vie pour faire confiance à quelqu'un. Et seulement quelques secondes pour tout foutre en l'air.

Camael poursuivit son explication. S'il avait été voir Aileen, la meilleure amie qui était tout autant fautive et que Eireen ne voulait plus voir ? C'était pour discuter de tout cela. De son léger malaise. Et trouver peut-être conseil. Elle eut un rictus au coin des lèvres tandis qu'il lui avait dit que l'alcool avait joué un rôle là dedans. "L'alcool ... Toujours l'alcool ..." Une excuse comme une autre, certes. Mais l'alcool avait le bon rôle, pour sûr. Le pire, dans tout cela, c'était qu'il tenait bien plus l'alcool qu'elle. Alors, il avait dû boire beaucoup. Elle aussi en avait fait des bonnes à cause de l'alcool. Mais elle n'avait pas planté un coup de couteau dans le dos de Cam. Elle ne l'avait pas trompé avec un autre. Eireen secoua la tête. "C'est pas à cause de moi si on est dans cette situation. J'ai rien demandé. Surtout pas ça." Comme l'ascenseur ne semblait pas vouloir redémarrer, Eireen avait fini par s'asseoir. "Tu t'en prends qu'à toi-même si tu te réveilles seul et que tu te couches seul." Elle n'était pas responsable. Elle nota dans sa tête, néanmoins, qu'il devait être seul en ce moment. Bah, elle l'était tout autant. Même si ça lui arrivait parfois de se retrouver en bonne compagnie. Genre avec Kyllian ou bien Andy. Mais bon, que ça soit l'un ou l'autre, ce n'était pas sérieux. C'était passager. Pour s'amuser. Rien de plus. "Tu serais pas seul si tu étais venu  m'en parler au lieu de passer à la solution extrême."

Elle ne comprenait pas ses motivations. Elle ne comprenait pas pourquoi il avait agi ainsi. Pour la blesser ? Pour lui faire du mal ? Pour voir comment elle réagirait ? Si elle tenait à lui ? Ou, peut-être bien un mixte de tout cela. Va savoir. En tout cas, cette histoire l'avait profondément touchée et blessée. Est-ce qu'elle s'en remettrait ? Est-ce que son coeur guérirait ? Sans doute. Est-ce qu'elle pourrait lui pardonner ? Difficilement mais bon. Elle ne pouvait pas lui en vouloir toute sa vie, non ? Si, Eireen pouvait, mais elle n'en avait pas envie. Quoi qu'il en soit, il avait eu peur de la perdre. Elle secoua la tête. "Tu te rends compte que c'est ce qui s'est passé au final ? Tu m'as perdue alors que c'était ce que tu voulais éviter ?" Il avait foiré. Lamentablement. Il avait pris une décision qui lui avait coûté cher au final. Mais pouvait-il la blâmer pour autant ? Serait-il resté avec elle si les rôles avaient été inversés ? Elle ne pensait pas. Elle pouvait se tromper mais c'était dans la nature humaine que de fuir lorsque l'autre commettait l'irréparable. Normal après tout.

Eireen avait fini par lui dire qu'elle savait. Qu'elle savait qu'il avait fait un pari. Qu'elle savait qu'au départ, c'était juste un jeu. Elle aurait pu partir quand elle avait su cela. Mais elle n'en avait rien fait. Parce qu'elle tenait à lui. Et ça lui avait été très difficile de le quitter quand Eireen l'avait surpris avec une autre. Elle avait été tenté de réfléchir. De prendre du recul et de lui pardonner. Mais elle n'en avait rien fait. Elle avait préféré couper les ponts. Camael avouait le pari. De toute manière, le nier n'aurait pas servi à grand chose. Elle le savait. Et tenter de lui dire qu'elle se faisait des idées, ça ne passerait pas et ça la foutrait encore plus en boule. Autant l'éviter. Camael avait cru bon d'ajouter qu'ils l'avait toujours aimée. De vrais sentiments. Et d'ailleurs, il l'aimait toujours. C'était touchait. Mais ça ne suffirait pas, sans doute, pour qu'elle lui ouvre son coeur. Du moins, pas tout de suite. Peut-être qu'elle l'aimait encore un peu. Peut-être avait-elle encore des sentiments pour lui. Peut-être qu'elle serait ravie de tourner la page et de passer à autre chose. De recommencer quelque chose avec lui. Le voulait-elle d'ailleurs ? Voulait-elle recommencer ? Eireen n'en savait trop rien. Et elle ne répondit rien à cela. Qu'aurait-elle pu dire après tout ? Parfois, le silence, c'était la meilleure des choses. Autant se taire. Et ne pas lui donner de faux espoirs.

Le silence pesant ne dura pas longtemps. Car voilà que Camael avait appelé le technicien, histoire de savoir pour combien de temps ils en auraient. Deux heures. Eireen poussa un soupir ennuyé. Et elle en avait profité pour s'installer. Pourquoi rester debout alors qu'elle serait très bien assise ? Eireen ramena ses jambes près de son torse et passa ses bras autour de celles-ci. Elle était quelque peu recroquevillée sur elle-même. Elle réfléchissait à tout cela. Elle avait toujours craint cette rencontre. Cette confrontation. Ce qu'elle craignait ? Lui pardonner trop facilement. Mais ça faisait deux ans maintenant. Un peu plus. Elle n'allait pas continuer à faire la sourde oreille, si ? Mais fallait pas qu'il croit pour autant que tout était pardonné. Non. Ca prendrait du temps pour ces choses là. Maintenant, il se retrouvait seul. Elle lui manquait. Et il l'avait perdue. "On ne saura jamais ce qui aurait pu se passer." Puisqu'il avait préféré agir dans son dos sans la consulter. "Peut-être que je serais partie quand même. Ou peut-être qu'on serait toujours ensemble. Qu'on aurait une chouette maison. Peut-être un gamin." Mais cet avenir là leur avait été volé. Parce que Camael avait merdé. Et pas qu'un peu. "J'aurais franchement préféré que tu sois honnête avec moi et que tu m'en parles." Mais c'était trop tard.

Camael avait sorti une flasque dans le but de boire un coup. Eireen soupçonna que c'était de l'alcool mais elle ne pouvait âs en être certaine pour autant. Mais si c'était de l'alcool, c'était nouveau alors. Oh, quand ils étaient ensemble, ça leur arrivait de boire un verre ou deux. Mais bon, ils ne buvaient pas en journée. Plus en soirée. Alors là, oui. Eireen était un peu surprise de voir comment il agissait. Peut-être que cette séparation l'avait plus touché. Va savoir. Entre eux, c'était le statut quoi. La guerre froide. Lui pardonner ? Ou bien le faire courir encore longtemps ? En tout cas, il avait fini par s'installer en face d'elle. Il était assis. Tranquillement. Eireen avait été un peu vache en lui parlant de cet avenir qu'ils n'auraient jamais. Elle enfonçait un peu le clou si on peut dire cela ainsi. Le faisait-elle exprès ? Oui. Pour lui faire voir oh combien c'était difficile. Qu'il paie un peu. Camael s'excusa à nouveau. Pour tout le mal qu'il avait pu lui faire. Que dire de plus sur le sujet ? Pas grand chose. Il en vint à lui demander si elle allait lui pardonner. Elle se contenta d'hausser quelque peu les épaules. "J'serais une garce sans coeur ... J'te dirais que tu peux toujours courir et que tu peux t'asseoir sur mon pardon." Mais elle n'était pas comme ça. Elle avait été blessée, certes, mais elle avait réussi à guérir. Enfin, ça avait été compliqué. Très compliqué même. Mais elle avait tout fait pour aller mieux et ne pas garder en tête tout cela.

Eireen passa une main dans ses cheveux et poussa un soupir. "J'peux pas te dire que j'suis pas blessée par cette histoire. Parce que j'ai vu mon monde s'effondrer ce jour là." Elle avait vu tout s'écrouler autour d'elle, tel un chateau de cartes ou bien un building qui se faisait détruire. Elle avait longtemps pleuré. Mais elle avait su s'entourer d'amis pour l'aider à surmonter tout cela. Mina. Ainsi que Dylan pour les plus présentes. Heureusement d'ailleurs qu'elles avaient été là. Sans leur soutien, va savoir comment ça se serait passé. Plus difficilement sans doute. Mais on finit par se remettre de tout. Comme le dit le vieux proverbe, ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, non ? "J'peux pas te dire non plus si j'pourrais complètement oublier tout cela." Elle en doutait. "Mais j'peux essayer ..." Elle l'avait aimé. Elle s'était prise une tarte. Ca lui avait fait mal. Très mal. Mais elle était solide. "Ca veut pas dire pour autant que tout est ok."

Sa confiance ... Eireen n'était pas totalement certaine qu'elle finirait par lui accorder sa confiance à nouveau. Au fond, elle aimerait bien. Parce qu'elle avait l'impression que ce n'était pas totalement terminé entre eux. Parce qu'elle avait l'impression qu'ils pouvaient encore faire un bout de chemin ensemble. Peut-être qu'elle était stupide. Peut-être qu'elle ferait bien mieux de ne plus penser à lui. Mais elle ne pouvait s'empêcher de le faire. Et quand elle l'avait vu avec cette blonde, ça l'avait énervée. Signe que ... Et bien, que c'était loin d'être fini selon elle. Comme le lui avait dit Andy, fallait qu'elle se bouge et qu'ils se parlent. Et c'était ce qu'ils étaient en train de faire. Et maintenant ... Et bien, elle ne savait plus trop ce qu'elle devait faire. Ou ne pas faire. Elle ne voulait pas lui donner de faux espoirs. Alors, elle préféra ne rien dire sur le sujet. Et ce fut à ce moment que l'ascenseur se remit en marche. Coup du destin ? Peut-être bien. Mais au moins, ça leur avait permis de discuter. Ils avaient pu mettre les choses au point. Et c'était pas plus mal. C'était même bien. Eireen en vint à se redresser à son tour. Les portes finirent par s'ouvrir. Et là, avant de partir, Camael lui proposait d'aller dîner avec elle un de ces soirs. Elle ne voudrait pas arranger les choses, elle se serait contentée de répondre que c'était pas la peine d'y penser. Mais ... peut-être devait-elle mettre de l'eau dans son vin. Elle eut un léger hochement de la tête. "D'accord." s'était-elle contentée de répondre. Elle avait récupéré un bout de papier au fond de son sac afin de pouvoir y inscrire son numéro. "Mais cherche pas, par contre, à me harceler et m’inonder de messages." Parce qu'elle ne répondrait pas. Fallait qu'il lui laisse un peu de temps. Du temps pour réfléchir. Et elle lui dirait quand elle serait prête.

Bonne ? Ou mauvaise idée ? Eireen n'en savait trop rien. Mais elle avait fini par accepter ce rendez-vous. Enfin, elle n'allait pas considérer cela comme un rendez-vous. Mais plutôt comme... En fait, elle n'en savait trop rien. Oui, ils allaient sortir ensemble. Comme si de rien n'était. Pourtant, Eireen ne se faisait pas d'illusion. C'était une première approche, en quelque sorte, après ce qui s'était passé. Pour repartir, peut-être bien, sur de bonnes bases. Elle n'avait pas envie de le faire. Tout comme elle avait envie de le faire. L'esprit d'une femme pouvait être compliqué parfois. Et Eireen était compliquée. Parce qu'elle le détestait. Comme elle l'aimait également. Enfin, passons. Camael lui proposait vendredi soir. Elle resta durant quelques instants à réfléchir encore. Peut-être qu'elle avait dit oui trop vite. Peut-être qu'elle aurait dû lui dire qu'elle ne savait pas et qu'elle devait prendre du temps pour y réfléchir. Mais fallait roire que sa langue parlait plus vite que son cerveau. Elle hocha quelque peu de la tête. "Ok, d'accord. A vendredi." Portes ouvertes, Camael avait été le premier à quitter l'ascenseur et Eireen en avait fait de même. Une rencontre à laquelle elle ne s'était pas attendue. Mais ça s'était plutôt bien passé. Après tout, elle ne lui avait pas sauté à la gorge pour le secouer comme un prunier. Ce qui n'était pas mal en soi. Poussant un soupir, elle n'en perdait, pas moins, l'objectif qu'elle s'était fixée en venant ici. Car après tout, si elle était venue jusque là, c'était bien pour une raison. Elle était là pour récupérer des documents. Sauf que ... Après l'épisode de l'ascenseur qui tombe en panne ... Ouais, valait mieux éviter. Voilà pourquoi elle avait préféré emprunter les escaliers. Ca lui prendrait plus temps. Mais c'était pas grave.