Le travail associatif sur l’université ne se bornait pas uniquement à l’espace universitaire, sinon cela aurait été trop simple. Il fallait aussi se déplacer en dehors du campus pour montrer que l’on était bien attaché aux valeurs que l’on défendait. C’est ainsi que Simon s’était rendu à la maison médicale. Plusieurs médecins travaillant ici parrainaient le programme pour une meilleure accessibilité de Brisbane aux handicapés. Le milieu universitaire avait l’avantage d’être plus sensible à certains sujets de société qui touchaient les plus vulnérables.  

Quoiqu’il en fût, Simon était venue en tant qu’ambassadeur à la rencontre de deux doctoresses afin de parler des projets pour l’année. L’objectif était somme tout simple, connaître les aménagements qui allaient pouvoir être fait tout en respectant un certain budget malheureusement souvent insuffisant. Il fallait donc trouver le bon angle d’attaque et savoir comment optimiser au maximum les projets. Aborder également les premiers évènements caritatifs qui auront lieux été nécessaires même si pour ce point-là il faudrait encore plusieurs réunions et concertations pour véritablement définir un planning mais aussi des ambitions à atteindre. Au moins les deux personnes qu’il venait de rencontrer ne lui avait pas fait faux-bond comme l’année dernière. C’était déjà un bon départ.

La réunion dura approximativement une heure trente, peut-être un peu moins. Elle fut plutôt fructueuse et les deux médecins semblaient vouloir s’investir sérieusement dans le projet. Cela permettrait de donner du poids à leur message. Brisbane était en avance sur la gestion d’une ville adaptée pour tous et cela devait continuer ainsi. C’était les efforts collectifs de nombreuses petites comités qui poussaient les pouvoirs publics à agir. Tout n’était pas parfait, loin de là, mais une amélioration notable se faisait sentir.

Il quitta la pièce en prenant soin de laisser les informations nécessaires pour qu’en cas de questions elles puissent appeler directement le QG de l’association. Et il repartit, prochaine étape, l’appartement. Après une courte hésitation, le choix de l’escalier ou de l’ascenseur se régla de part son niveau de flemme. Ascenseur donc. Il tapota sur le bouton et sortit son portable en attendant que celui-ci arrive. Enfin là, il pénétra dedans sans faire plus attention que cela à la personne qui se trouvait déjà dedans. Il remarqua tout de même qu’elle se décalait sur le côté. Comportement étrange mais il ne chercha pas plus loin, des gens bizarres il y en à la pelle.

Alors que l’ascenseur avait déjà passé un, puis deux étage. Il s’arrêta net. Pas l’arrêt classique car quelqu’un avait demandé de s’arrêter non, l’arrêt qui signifiait panne. Cela n’était pas prévu. Mais ce qui l’était encore moins c’est lorsqu’il se tourna vers l’autre personne et qu’il se rendit compte à qui il avait affaire alors qu’il avait commencé à parler :

- Il semblerait qu’on va devoir utili… Il s’arrêta net de parler.

C’était Amy… pas n’importe laquelle évidemment, Amy Castle. Quelle était sérieusement la probabilité dans tout l’univers pour qu’il se retrouve coincé avec son ex dans un ascenseur. Quelqu’un a dit karma ? Puissance dix milles. Il détourna aussitôt le regard pour se concentrer sur l’interphone. Après un appui sur le bouton une sonnerie se fit entendre puis une personne avec une voix mièvre répondit. Outre narrer le fait qu’il ne fallait pas s’inquiéter, quelqu’un viendrait rapidement s’occuper de la chose. Simon demanda combien de temps cela allait durer, la personne fut bien incapable de répondre. Elle donna une large fourchette d’une dizaine de minutes à plusieurs heures. Quelle précision wahou ! Le top du top !

L’avantage c’est qu’au moins la voix de l’interphone avait suffisamment porté loin pour qu’il n’est pas à faire un récapitulatif à Amy. Qu’est-ce qui pouvait arriver de pire ? Parfois il valait mieux éviter de se poser des questions. Les lumières de l’ascenseur s'éteignirent pour laisser place à la couleur des diodes de secours. Il fallait espérer qu’Amy n’engage pas la conversation ou ne parle pas du passé. Cela serait tellement plus simple, il espérait que le silence règne dans cette atmosphère qui provoquerait des sueurs froides à un claustrophobes.

Spoiler:

Il aurait aimé qu’elle se taise, mais c’est vrai que ce n’était indéniablement pas son talent premier. Il y en avait une qui avait gardé une sérieuse dent contre lui. Ces gens incapable de passer à autre chose. Est-ce qu’il en était responsable ? Grandement, mais cela faisait quoi ? Deux ans que cela s’était déroulée ? Un peu plus ou un peu moins. C’était une situation burlesque digne d’un série ou d’un film de soap-opéra. Il fallait y vivre pour le croire.

Il observait la jeune paniquer. A croire qu’elle avait peur des ascenseurs. Il ne manquerait plus qu’elle fasse une crise d’hystérie, cela serait une belle cerise pour couronner le gâteau. Pourquoi avait-il cédé à sa flemme ? Cela lui apprendrait tient, quoiqu’il n’était pas sûr de vraiment retenir la leçon. Il posa sa main gauche sur son front et posa son pouce et son majeur sur ses tempes afin de réfléchir à la situation. Pas certains que comme dans les films d’actions sortir par la trappe du haut soit une bonne idée. Est-ce que cela était seulement envisageable au moins ?

- Cela ne me fait pas plus plaisir à toi qu’à moi d’être là répondit-il sèchement à sa préférence pour une jambe cassée qu’être avec lui.

Il alla chercher son portable dans sa poche pour rechercher combien de temps cela allez prendre pour les sortir d’ici. Mauvaise idée de googler cela, une fille est restée cinq jours dans un ascenseur. Youpi. C’était peut-être finalement pas la chose la plus rassurante à faire finalement. Ouaip certainement pas. Déjà qu’à l’époque, sur leur fin de relations, il avait du mal à la supporter plus d’une heure. Cela promettait.

Elle tenta de nouveau de l’interpeller en insistant bien sur le “monsieur Parfait”. Déjà que souvent cette expression n’était pas un compliment mais alors avec ce ton là. Cependant rien ne servait de prendre la mouche pour si peu. Cela ne servait à rien d’attiser les braises vainement. Autant faire la conversation sinon il allait s’ennuyer à mourir.

- Et bien monsieur Parfait, comme tu dis, est venue à la rencontre de volontaires pour une association qui promouvoit l’accès à l’université pour tous afin de réduire les discriminations liées aux handicapés. Ce qui ajoute encore plus d’ironie à la situation tu ne trouves pas ?

Et dire que s’il n’avait pas voulu faire de zèle il ne serait pas là. Mais pourquoi, pourquoi s’était-il proposé ? “Mais oui je vais gérer t’inquiètes”, son oeil oui. Il ne contrôlait rien la preuve. Franchement, cette dernière année universitaire allait être génial. Au moins il ne pouvait pas dire que ces derniers temps sa vie manquait d’épices et de saveurs. De véritables montagnes russes, au moins il ne s’ennuyait pas. C’était bien là la seule chose d’à peu près positif. Toujours voir le verre à moitié plein hein.

- J’imagine que tu es venue consulter toi par contre ? Laisse moi deviner. Si tu as eu peur de tomber dans les escaliers cela doit être pour tes yeux je présume. Cela se passe comment ?

Il avait vaguement souvenir qu’elle avait un trouble au niveau de la vue, toutefois il ne saurait dire lequel précisément. Myopie, astigmate, hypermétrope…

- Ah et au fait, au dernière nouvelle je crois que cela vaut pas le coup de se péter la jambe pour moi tu sais.

Est-ce qu’il y a avait un semblant de sincérité dedans. Certainement même si le but de premier était d’éviter que l’un des deux mettent le feu à l’ascenseur.

S’il y a bien une chose que savait faire Simon, c’était garder un important sang-froid qu’importait la situation. C’était d’ailleurs l’une des raisons de pourquoi les gens l’accusaient souvent de ne pas être naturel. Mais pouvait-on l’être dans la famille Adams ? Cela revenait à se tirer une balle dans chaque pied et une dans le bras. La recherche de la perfection nécessitait d’intérioriser les tracas du quotidien et de toujours montrer le meilleur de soi-même et ceci qu’importait la situation. Lâcher cela signifiait montrer sa faiblesse et l’orgueil familial devait empêchait cela, pour le meilleur et pour le pire.  

Puis il fallait être honnête, la seule chose qui pourrait faire empirer la situation serait la chute de l’ascenseur. Il y resterait surement, mais est-ce que cela n’était pas mieux que la situation actuelle ? Pas certain. La situation était terriblement compromettante d’autant plus qu’Amy ne se montrait pas particulièrement loquace. Elle se contentait de se recroqueviller encore plus dans son coin. Comme si cela allait l’aider. L’espoir fait vivre comme on dit.

Il voyait bien que sa réponse pour l’association avait quelque peu exaspéré son interlocutrice. Il l’avait fait à dessein. On combat le feu par le feu. Tu me piques, je te renvoie l’ascenseur. Super jeu de mot dans un moment pareil. Bravo Simon. Toujours aussi doué pour t’irriter toi-même. Les oeuvres caritatives, l’histoire de sa vie universitaire. Cela bétonnait son CV et pas qu’un peu. Simon n’avait pas attendu les ordres de ses parents pour s’engager dans ce genre de choses. Il devait trouver un moyen d’exister, de prouver qu’il était là. Vie étudiante et associative étaient pour lui un moyen de rayonner, de chasser les terribles nuages qui le cachaient aux yeux du monde.

Cela sonnait bien dans sa tête, c’était manichéen et si facile de supporter cette vision de la réalité. Cela aurait été parfait si Simon ne se posait pas trop de questions. Sur le monde qui l’entourait et sur lui même. Observer trop longtemps l'abîme et c’est elle qui vous regarde, c’était finalement un peu sa situation à lui. Cette année était un véritable carrefour et cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas autant été paumé. Et si le doute était l’ennemi du genre humain, il l’était encore plus pour les Adams.

Elle daigna enfin lui répondre de manière toujours aussi délicate et douce, avec la même aridité que le bush australien.

- Tant mieux alors répondit-il du tac au tac sur un ton plus neutre. Ses propos étaient emprunt d’un double sens certainement mais Simon n’avait pas envie de s’emmerder à chercher plus que cela. Elle ne représentait plus rien à ses yeux.

Le cadet Adams semblait bien entendre une certaine immaturité chez Amy mais cela se confirma lorsqu’elle narra qu’elle aurait voulu ne pas le recroiser. Toujours aussi premier degré. Il faillit lui répondre qu’elle l’avait déjà dit. Finalement cette phrase avait été un peu le fanal de leur relation: “je sais, tu te répètes”. Car ils n’avaient finalement pas grand chose à se dire les deux. Alors pourquoi cela changerait maintenant ?

Des légers bruits se faisaient entendre. Peut-être que les secours arrivaient déjà… Si seulement cela pouvait être vrai. La fin du calvaire serait-elle plus proche que ce qu’escomptait l’étudiant. Pas si sûr. Une nouvelle Amy poussa un râle de colère. Il sortit de sa besace, une petite gourde métallique bleu électrique et prit deux gorgés d’eau. Il commençait à faire chaud ici, le climatiseur de l’ascenseur avait dû lâcher. Il sentait quelques perles de sueurs coulaient sur son front.

- Si tu en veux hésites pas à demander. Il la posa à côté de lui tout en s’asseyant dans le coin opposé à son interlocutrice. Sa jambe droite tendue et l’autre pliée.  

- Et détends-toi un peu. Tu vas t’égosiller la voix pour rien. C’est moi ou c’est l'ascenseur qui te met dans cet état ? Parce que franchement j’ai des doutes là. Je sais bien que c’est pas la meilleure situation pour des retrouvailles forcés mais cela pourrait être pire. On pourrait être coincé dans une cellule d’une grande roue, l’appareil s’enraille. On se retrouve au sommet ballotés par les turpitudes du mistral.

Oui cette situation était encore plus débile que celle qu’ils vivaient actuellement, mais autant tentait de détendre un peu l’atmosphère, déjà qu’elle était bien pesante. Il faisait déjà assez chaud ici pour ne pas aviver le brasier avec des flammes d’autant plus la pénombre provoquée par la faible lueur des diodes rendait le tout oppressant. Un avant goût de l’enfer peut-être.

La situation était atypique et l’ambiance avait tout de même un certain côté lugubre. Les bruits des lumières qui n’avait de cesse de s’éteindre et de se rallumer avaient de quoi agacer. Néanmoins, Simon n’était pas vraiment la personne la plus expressive ou plutôt sincèrement expressive. Il savait mimer certaines émotions certes mais il excellait surtout pour les dissimuler. Il se trouvait dans un profond embarras et pourtant il n’en montrait pas une once. Même sa voix ne trahissait pas vraiment sa gêne. Finalement il était égal à lui même actuellement, à part le décor, peu de choses changeaient de l’ordinaire.

Il remarque tout de même qu’Amy semble excessivement anxieuse par rapport à la situation. Serait-elle claustrophobe. Il s’orienta sur cette piste quand elle narra qu’elle pouvait voir l’horizon. Il est vrai que la sensation pouvait être radicalement différente et qu’il n’y avait pas pensé de suite. Il est vrai que l’oeil humain avait la facilité de pouvoir être facilement dupé. Simon se questionna sur le fait s’il y avait plus d’accident de roue que d‘ascenseur en terme de proportion. Peu probable qu’une donnée référence cela, mais au moins il occupait son esprit à autre chose.

Finalement, il s’était partiellement trompé. De son propre aveu, elle craignait les ascenseurs. Il ne se souvenait pas de ce point là. Peut-être même n’en avait-il jamais parlé tout les deux. Non vraiment aucun souvenir ne lui revenait en tête. Elle se cogna la tête contre la paroi. C’était ce genre de petits gestes un peu idiot qui avait charmé Simon. Les petites bourdes qu’Amy était capable de faire sourire le faisait sourire… au départ. Il s’en était lassé, et là aussi, cela ne le faisait pas particulièrement rire. Non vraiment pas. Il observait la scène d’un air débouté.

Il espérait qu’elle ne soit pas fait mal. Puis finalement il regretta bien rapidement cette pensée, il aurait préférait qu’elle s’assome au vu de son propos suivant. Il se dit qu’il pourrait éviter le sujet, mais elle semblait lourdement insister. Ils auraient pu parler de la météo les deux, oui c’est bien la météo, c’est un sujet bien neutre qui ne peut fâcher personne normalement. Un bon sujet bateau comme il le fallait. Mais bon, Simon ne se voilait pas totalement la face, il s’y attendait un peu à ce genre de question.

- Un sms qui était précédé par deux appels je te prie. Bien que les mots pouvaient laisser présager qu’il était sur la défensive, le ton était tout autre. Ironique, non pas envers elle mais plutôt lui-même.

C’est trop difficile à comprendre ou expliquer et puis est-ce que c’est vraiment le moment d’en parler. Pourrait y avoir mieux comme situation que celle-ci pour aborder ce sujet non ?

Puis il se rendit compte qu’il parlait comme sa fratrie. Tu es trop jeune pour comprendre, c’est quelque chose qui ne te concerne pas. Ce type d’excuse qu’il détestait plus que tout et il faisait pareil. Certes elle n’était pas de famille et leur relation n’avait rien eu avoir. Mais il était en train de faire un parfait mimétisme du comportement de ses aînés. Quel sombre débile il était. Il ferma sa main gauche et avec ses phalanges vint se cogner légèrement le front et se reprit lui-même.

- En fait non, cela n’a rien de vraiment compliqué. J’ai simplement pas eu le courage de te confronter. C’était trop difficile je présume. C’était pas toi le souci, c’était moi.

La première partie était vraie, la seconde non ou du moins pas entièrement. C’était très superficielle comme réponse, un peu trop universelle peut-être. Mais il n’avait pas vraiment envie de partager les fragmences de son ressenti de l’époque et puis cela pourrait peut-être suffire à Amy.

- Pour les appels, c’est normal tu n’avais pas décroché répondit-il du tac-au-tac

C’était vrai il l’avait appelé deux fois avant. Deux fois le répondeur. Est-ce que cela été foncièrement mieux qu’un sms ? Pas forcément. A l’origine il l’avait appelé pour qu’ils se parlent tous les deux. Puis finalement il s’était rapidement résigné. Il avait suffisamment mutilé son hardiesse pour finalement envoyer ce fameux message. C’était plus facile pour lui, moins contraignant. Puis il avait juste à l’ignorer derrière. Un plan parfait en quelques sortes. Mais la chose qu’on appelle vaguement karma semblait lui avoir joué un tour… ou plutôt deux.

Il savait qu’Amy était en couple actuellement. Et pas avec n’importe qui. Quelqu’un d’assez proche pour obliger Simon à se soumettre à l’exercice que lui imposait son interlocutrice. Une pression sociale extérieure suffisante à l’obliger à ravaler sa fierté, coute que coute. A croire que les fantômes du passés avaient décidés de revenir simultanément dans la vie du jeune homme. Même ceux qui paraissaient positifs ne l’étaient pas vraiment. La situation était bien compliquée et elle échappait totalement au contrôle du cadet Adams. Il n’appréciait pas cela. Il savait qu’à court ou moyen terme, il se prendrait un retour magistral dans la tête et cela serait douloureux.

Il ne voulait pas l’envoyer se faire voir mais il ne souhaitait pas non plus trop s'appesantir sur le moment. Il avait espéré que ses paroles la calmerait et lui suffirait. Non, cela n’a entrainé que plus de questions. Plus incisives les unes que les autres. Plutôt sur la défensive, il répondit à son questionnement sur les moments pour en parler.

- Pas faux. Le ton neutre était nuancé par une légère pointe d’amertume.  

Simon commençait à se faire entrechoquer les ongles de son pousse et de son majeur de la main droite. Le premier passait sur l’extrémité du second. Une réaction nerveuse développé pour que l’étudiant évite de se ronger les ongles lors de certains moments d’anxiété. Il aurait préféré être à des miles d’ici. Son regard croisa le sien lorsqu’elle releva la tête pour enchaîner ses questions. Il y avait une pointe de maturité dans les propos d’Amy, ce qui étonna Simon. Elle avait grandit certainement, sur ce sujet en tout cas. Elle le questionna sur le fait qu’il avait peur.

- Non ce n’est pas la peur mais plutôt une certaine gêne.

Elle tentait d’expliquer que de l’eau avait coulés sous les ponts et elle termina sa phrase par des pointes d’humours pour détendre l’atmosphère . Elle parvint à arracher un très léger rictus à Simon. Est-ce que Simon avait peur de se dévoiler tel qu’il était vraiment ? Oh que oui. La réalité la plus crue du pourquoi cette situation était arrivée était simple. Le cadet Adams ne supportait pas l’échec. Qu’importe le domaine. L’amour était à l’époque autant une compétition que pouvait l’être la course à la meilleure note. Il recherchait avant tout à renforcer sa propre image. Cela lui avait valu bien plus de tracas qu’autre chose et cette époque pas si lointaine était assez trouble pour lui. Est-ce que cela veut dire qu’il allait changer ? Non pas forcément. Il faisait simplement un travail d’honnêteté avec lui-même car soumis à des pressions de toute part. Il croyait assez peu d’ailleurs dans le changement d’autrui, alors pour lui.

- Je vois que ton humour a pas beaucoup évolué, c’est rassurant narrait-il posément sans arrière-pensée.

Les lumières de l’ascenseur se stabilisèrent. Les cliquetis des diodes s’étaient arrêtés. Il aurait espéré que l’ascenseur reparte de suite. Ce n’était pas le cas malheureusement. Il laissa planer le doute en restant une demie-minute silencieux.

La vérité, c’est que l’on était trop immature l’un pour l’autre. Tu n’étais finalement pas ce que je recherchais. Je pensais bien trop enfantine, sous-entendu une gamine écervelée bien trop simplette mais il savait choisir ses mots. Et finalement je n’ai pas fais vraiment mieux que toi. Quoique même aujourd’hui il considère encore son action comme moins immature que le comportement de son ex à l’époque.

Le problème de notre relation a été la communication. Il n’y a pas vraiment grand chose d’autres à dire. Il me semblait que c’était suffisamment une évidence pour ne pas avoir à le souligner.Ce simple dire témoignait bien de tout le problème de Simon à communiquer. J'aurais dû être plus expressif dans les malaises que je ressentais dans notre vie de couple. Cela n'a pas été le cas. C'est con mais c'est ainsi. Il y avait pas mal de tes manies qui m'agaçait. Il ne se souvenait même plus lesquelles tellement il en avait peu pris ombrage finalement.  

Enfin, tu as pu trouver mieux... il se rattrapait, je voulais dire j’espère que tu as trouvé mieux ou que tu trouveras chaussure à ton pied. C’était quoi cette expression dépassée. Il fallait qu’il fasse une bourde maintenant. En espérant qu’elle pense qu’il s’agissait d’un simple fourchement de langue.

Il alla plonger son regard dans le sien.

- Je m’excuse pour le comportement que j’ai pu avoir à ton égard à l’époque.

Etait-ce vrai ? Non pas vraiment. Il cherchait son regard à dessein. Les gens avaient la fâcheuse attitude de croire que les yeux ne pouvaient pas mentir. C’était tout le contraire. Si Amy connaissait suffisamment Simon, ce qui était peu probable, elle saurait que ce n’était qu’une palabre. L’étudiant croyait bien peu en les “désolé” et “pardon”. Ironiquement, pour quelqu’un de malhonnête, il préférait les actions qui selon lui en disaient bien plus. Il ne s’excusait donc pas foncièrement pour lui plaire et  recréer un climat d’entente mai plutôt car il ne voyait tout simplement pas comment agir pour montrer patte blanche. Et au fond de lui, il n’en avait pas vraiment envie non plus de faire plus d’effort.

Simon était toujours impressionné par la capacité de non compréhension d’Amy. Certes il n’était pas le plus grand dialogueur et diplomate qu’il soit, mais il avait toujours l’impression avec elle que ses propos tombaient à côté de la plaque. Cela l’avait très rapidement usé à l’époque et cela avait le don de l’agacer. Il avait surtout l’impression qu’elle cherchait le dernier, à moins que lui aussi cherchait à l’avoir. Ce n’était pas impossible bien au contraire. Je ne dis pas le contraire pour l’appel. Je dis juste que j’ai essayé. Je ne te jette pas la pierre qui me revient. Si elle avait décroché, est-ce que cela aurait été différent ? Evidemment, toutefois avec ses “si” l’on refait aisément l’histoire. S’attarder sur ce genre d’éléments étaient totalement inutile. Un moyen de simplement se faire des noeuds supplémentaires au cerveau. Il y aurait eu tellement de possibilités pour Simon de ne passer pour l’infâme connard.

Pour lui l’origine du problème c’était Amy, ou plutôt eux, leur couple. Mais il savait pertinemment que si la situation en était arrivé à ce point c’était grandement de sa faute. C’est lui qui s’était évertué à couper les ponts. Il avait mit énormément d’efforts à oublier cette histoire et ceci malgré les recommandations de certains de ses amis. La plupart n’appréciait pas le personnage de la petite amie, mais ils savaient que le comportement de leur ami avait été vraiment limite. Cela était devenue une blague entre eux qui avait collait quelques mois à la peau du cadet Adams. Il ne renchérit pas sur l'embarras de la situation. Pour lui elle l’était, qu’importe que cela soit dans un lieu clos. D’autant plus qu’une caméra devait certainement enregistrée toute la scène. Peut-être même que cela n’était qu’une simple scène de caméra cachée, en tout cas les circonstances auraient été largement suffisantes pour expliquer la situation.

A sa pique, elle répondit qu’elle avait pris des cours chez des clowns mais que pour une raison inconnue, elle n’avait pas réussi à en devenir un. Un mélange de dureté et d’humour. Il s’hasarda à lui répondre à son tour sur un ton plus léger.

C’est parce que tu n’avais pas pris un nez rouge je présume. L’humour n’avait jamais été le fort de Simon, mais cela avait l’avantage de le détendre un peu. Il se décida finalement à en dire plus et s’ouvrir un peu. Cela ne lui faisait pas plaisir mais c’était un travail qu’il devait faire sur lui sinon jamais il n’avancerait. Il nota la pique que lui envoya Amy sur la rupture par sms. Il haussa les épaules en faisant une tête d’ahuri et dont la signification n’était pas compliqué à comprendre : j’ai merdé, je sais.  

Il entendit ses propos et il était loin de se douter qu’elle le percevait comme une armoire à glace. Cela avait le mérite de le montrer toute l’ampleur de la situation passée. Finalement les deux ne s’étaient jamais vraiment connus. C’était finalement affligeant d’aigreur. Les deux avaient vraiment, autant l’un que l’autre, rater le coche. Simon peut-être plus qu’elle d’ailleurs mais il ne le reconnaitra pas. Son orgueil est déjà bien assez blessé comme cela. Son comportement actuel était un curieux mélange de vérité et faux-semblants. Il se surprenait lui-même d’ailleurs. Après tout, celui qui ne croit pas en son mensonge ne peut le faire passer pour une vérité.

Et bien écoute je pensais la même chose. Si je te disais les choses, j’avais peur que cela ne s’envenime plus qu’autre chose. Certes, à la différence que je te voyais pas comme une armoire à glace, enfin je crois. C’était plus une peur irrationnelle finalement que de mon côté je n’ai jamais sus dépasser.

Il y avait du vrai, toutefois sur le terme de leur relations il n’avait clairement plus envie de faire le moindre effort. La paresse avait un facteur important et non-négligeable. Oui, elle servait totalement une fuite en avant. C’était ainsi. Il n’y avait rien vraiment d’autre à ajouter. L’on remplaçait pas toujours quelque chose de négatif par un truc positif. C’était dans les contes et les Disney cela.

Elle acquiesça les dires de Simon en disant qu’elle avait trouvé quelqu’un en utilisant la même expression qu’il avait précédemment utilisé. Il était content pour Ash et elle. Envieux ? Un peu. Il avait cette tendance à céder au désir de la jalousie jusqu’à réussir à rationaliser. Il y arrivait bien sauf avec sa famille. A ses excuses, elle semblait y croire. Tant mieux. Cela ferait un poids de moins. Promptement il la remercia lorsqu’elle lui dit que c’était le passé. Sa dernière phrase lui fit cependant grincer des dents. Il avait abordé le sujet, c’était un juste retour des choses.  

Il répondit un simple: M’oui. Il ne rentrait pas dans les détails. Il n’en avait pas particulièrement envie. Il savait que de toute façon, l’amour serait un luxe qu’il lui serait difficile d’atteindre. Il était hors de question qu’il sacrifie ses ambitions pour ce genres d’histoires.

Une nouvelle fois les lumières s'éteignirent. Un bruit de mécanisme s'enclenche et provoqua un large boucan. De nouveau l’ascenseur s’éclaira. L’affichage de l’étage où ils se trouvaient supposément apparu de nouveau. L’ascenseur démarra finalement.

Il semblerait que la liberté nous tende les bras. Le calvaire allait être enfin fini. L’ascenseur reprit sa descente. Ironiquement, je dirais que je suis satisfait qu’on se soit revu pour poser les choses à plat. J’ai vraiment été le dernier des abrutis avec toi.

Les portes s’ouvrirent. Il s’attendait à voir un comité d’accueil pour au moins s’excuser. Même pas. Juste des personnes qui attendaient pour prendre l’ascenseur. Heureusement qu’il y en avait plusieurs sinon la maison médicale aurait bien était embêtée.

J’imagine que nos chemins se séparent ici. Je ne sais pas si dire à la prochaine serait bien approprié. On se reverra peut-être dans de meilleures circonstances maintenant que la situation est un peu apaisée qui sait. Salut.

Il commençait à partir de son côté, il n’avait qu’une envie, rentrait chez lui.

Spoiler: