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J’avais profité de ma matinée de libre pour ressortir ma moto du garage, ayant besoin d’un grand coup de dépoussiérage mérité. Je ne savais plus depuis combien de temps je ne l’avais pas utilisé. Ni même si je savais encore m’en servir mais je verrais. C’était comme le vélo non, cela ne devrait pas s’oublier. Je pris le temps de me préparer, avant de venir polir et nettoyer les grilles de radiateur légèrement engraissées. C’est que l’inutilisation, ça tachait ! Je prenais le temps d’astiquer, me rappelant le bonheur que cela me procurait. C’était agréable toutes ces sensations retrouvées. Et je n’avais pas encore roulé ! L’impatience arrivait à grand pas, tel un enfant que l’on tient en haleine avec des promesses de cadeaux par milliers. J’allais pouvoir rouler en toute liberté. Me sentir glisser au milieu du vent léger. C’était le programme de cette matinée dans le meilleur des mondes que je pouvais souhaiter. Car tout programme connaît son moment de revirement insoupçonné. C’est ce que me fit comprendre le SMS à l’instant réceptionné. Il était court, clair et concret. Je n’avais pas revu Amy depuis son passage improvisé à l’Université. Ce ne fût qu’un court déjeuner, mais ô combien apprécié. Et depuis ce jour-là, j’aurais pu lui laisser penser que je m’étais volatilisé. Cela aurait pu passer pour du je-m’en-foutisme mais je ne l’aurais pas toléré. J’étais juste overbooké. Et je n’avais pas vu le temps défiler. Pour autant, lorsque je compris la situation dans laquelle se trouvait la jeune femme, je commençais à m’inquiéter. Et sans hésiter, je décidais d’enfourcher mon fidèle destrier.

J’étais concentré, roulant de mémoire en direction du logement de la mère d’Amy, conscient de pouvoir l’y retrouver. J’en oubliais même de regarder l’asphalte défiler. La seule chose que je savais, c’était que j’étais obnubilé. J’avais besoin de savoir réellement ce qui se tramait. Le message était tellement flou que je m’en étais retrouvé déconcerté. Ce ne fût que quelques minutes plus tard – trop courtes au passage pour le trajet réellement estimé – que je finissais par me retrouver sous le perron de cette propriété. Ma main vint attraper le bélier pour venir frapper. J’attendais tranquillement que la porte ne vienne s’ouvrir, marquant mon impatience, mon stress par la frénésie du mouvement de mon pied. Mais ce ne fût pas une porte qui s’ouvrit, mais une voix qui s’éleva pour m’autoriser l’entrée. Je m’avançais, méfiant, prenant soin de refermer la porte derrière mon passage dans l’entrée. C’était la première fois que je me trouvais dans cette maison, et la peur de déranger commença à grimper. M’avançant dans le salon, je m’arrêtais dans l’encadrement de la porte, saluant au passage l’éclopée qui se trouvait sur le canapé. « Salut toi, on peut dire que tu ne t’es pas ratée… » lui fis-je remarquer dans un sourire légèrement amusé. Je finissais par m’approcher d’elle, venant claquer sur sa joue un baiser. « Je suis désolé de ne pas avoir pu passer avant, mais tu m’as manqué. » Mes mots étaient emplis de sincérité. J’observais les alentours et décidais de venir m’asseoir face à elle sur le récamier. « Comment tu te sens, tu n’es pas trop anesthésiée ? »  Mon doigt était pointé dans la direction de ses jambes emplâtrées. « Tu as vraiment une petite mine contrariée… »

Amy & Keith.

Elle est là. Dans son canapé. Elle ne dira pas qu'il n'y a que là où elle est bien. Mais presque. Oui. Presque. Il est vrai que son canapé est des plus confortables mine de rien. Elle sait qu'elle va en avoir, encore, pour deux semaines minimum avec son plâtre. Maintenant qu'elle a son plâtre de marche, c'est quand même plus facile. Plus évident pour elle de se déplacer. Même si ça continue un peu à lui faire un mal de chien mais bon. En parlant de chien, Rio est sur ses genoux. Depuis qu'elle l'a récupéré chez Dylan, le chiot ... le chiot ne la quitte plus. Il la suit un peu partout. Et quand Shadow est dans le coin, c'est encore plus marrant de voir le chiot essayer de jouer avec le chien loup. Bien sûr, le pauvre Shadow ne sait pas trop où se mettre. Il a envie de jouer avec Rio. Ca se voit. Mais il est un ... peu pataud, si on peut dire ça ainsi. Oui. Mais bon. Là, Shadow est avec son maître. Ca fait quoi ? Bien deux à trois semaines qu'ils font ce petit manège. Qu'il lui emmène et qu'il revient le chercher. Elle sait qu'à un moment ou à un autre, ça sera plus possible. Enfin, faut que que Shadow ... il faut que Shadow reprenne sa vie en mains, si on peut dire ça ainsi. Il faut qu'il accepte que Amy ne sera plus vraiment dans le décor. Même si ça doit pas être facile pour lui. Mais bon.

On finit par toquer fermement à la porte. Sans doute Keith. Oui. Elle pense que ça doit être lui. Comme elle a la flemme de se lever, elle prononce très fortement un "Entrez !" Rio se met à japper. Il descend des genoux d'Amy. Direction la porte d'entrée histoire d'aller voir qui est ce nouvel individu. Il sautille un peu partout. Il aime bien se faire des nouveaux potes. C'est encore un bébé après tout. Oui. Finalement, Keith finit par la rejoindre dans le salon. "Oh ... Si tu savais ..." Oui. Il est vrai que ... qu'elle est pas très en forme. Mais il a de la chance. Elle va quand même mieux qu'il y a un peu plus d'un mois. Parce que un mois plus tôt, elle avait des griffures, des écorchures un peu partout. Et elle n'était pas vraiment ... en forme. Du tout. Sans oublier qu'elle n'arrêtait pas de râler parce qu'elle avait mal. Keith finit par se rapprocher d'elle et il en profite pour lui faire la bise. "T'as ecore un peu joué au mort." En même temps, Amy a fait pareil. Après qu'elle se soit séparée de Ash, elle ne voulait voir personne. Non. Et puis, elle a fini par ... par essayer de s'ouvrir à nouveau. Mais elle a eu son accident. Alors oui, c'est pas ... c'est pas la joie. Keith lui demande comment ça va. "Moralement ou physiquement ?" Quoi que ... C'est un peu pareil. "Physiquement, ça va. J'ai toujours un peu mal quand je marche et que j'ai pas mes béquilles. Mais ça m'fait moins mal qu'il y a un mois." L'ancien policier lui fait remarquer qu'elle a une petite mine. "Ouais ... ça, c'est le mental ..." Comme elle a un coussin sur elle, il n'a pas pu voir son petit ventre rebondi. La dernière fois qu'ils se sont croisés, elle était déjà enceinte. Elle le savait. Mais elle voulait attendre un peu avant de l'annoncer. Maintenant, elle aurait préféré ... ne pas l'être. Ca lui éviterait autant de questions. Et d'interrogations. "T'as ... des jambes à aller briser." En référence à leur dernière conversation. Enfin, s'il s'en souvient.

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La pique était méritée. Je n’avais pas forcément tenu parole et j’avais de nouveau joué au mort. Mais après tout, j’étais là aujourd’hui, et j’avais fait le déplacement. Pour elle. Parce que je m’inquiétais. En quelques sortes les places avaient été échangées. Et la voir ne me soulageait guère. Je préférais la voir pleine de vie, me taquiner et un sourire sur ses lèvres. Mon cœur se serrait et je m’abaissais pour caresser le chien qui venait me saluer à la place de sa maîtresse qui elle était allongée. J’haussais un sourcil à sa remarque. « Si je savais quoi ? » lui demandais-je pour être sûr qu’elle n’allait pas tenter de noyer le poisson. J’avais besoin d’explication sur son état. Comment avait-elle pu se retrouver dans cette situation ? Je m’excusais d’un signe de tête, conscient que j’avais probablement manqué à mes devoirs d’ami. « Je suis désolé… C’était un peu la course d’un point de vue personnel… » avouais-je à demi-mot. « Mais je ne suis pas venu pour parler de moi. » repris-je avant que l’idée même de m’interroger ne traverse son esprit.

Sa nuance m’arracha un soupir, et je compris que la distinction était importante pour elle. Je m’asseyais pour l’écouter attentivement, un sourire se voulant rassurant sur le visage. « Les deux peut-être ? Si tu veux en parler bien sur… » Repris-je. « Comment tu t’es fait cela ? » lui demandais-je en pointant ses jambes de mon index. « Et pourquoi tu ne m’as pas appelé avant surtout ? J’aurais pu t’aider à n’importe quoi tu sais ? » Je ne cachais pas ma déception d’avoir été mis de côté, mais ce n’était probablement pas le moment pour lui faire des reproches à tout va. « Ils t’ont dit pour combien de temps tu en avais encore ? » Je pris le temps de retirer ma veste, la posant sur l’accoudoir pour me mettre à l’aise. « Parle moi Amy… Ne soit pas si… Mystérieuse… tu sais très bien que je ne te jugerais pas… » la rassurais-je tant bien que mal. J’observais son chien qui venait reprendre sa place auprès de sa maîtresse, m’arrachant un petit rire. « Je vois que tu es bien protégée de toute façon. » Lui fis-je remarquer tandis que mon visage perdait au fur et à mesure de son sourire. Un seul mot me vint à l’esprit. « Ash ? » lui demandais-je comme pour être sûr qu’il n’était pas le responsable de ses deux jambes dans le plâtre. Mes mains se serrèrent autour de l’accoudoir tout comme ma mâchoire et je te tentais de dissimuler la colère qui me prenait. « Je ne te dirais pas que je t’avais prévenu… Tu es probablement assez mal comme cela… » lui dis-je avant de reprendre. « Mais crois-moi que si je le croise… Il n’y a pas que les jambes que je lui briserais. » dis-je entre mes dents. « Qu’est-ce qu’il t’a fait ? Il t’a frappé ? Menacé ? » J’étais en train d’imaginer peut-être le pire, mais je devais savoir. J’avais besoin d’éclaircissement, et seule Amy pouvait me les apporter.

Amy & Keith.

Elle lui jette la pierre. Mais en même temps, elle est pareil. Elle a un peu joué à la morte dernièrement. Pas que ça lui a plu de le faire. Non. C'est pas du tout le cas. Seulement ... Seulement, elle n'étiat pas bien. Elle n'avait envie de voir personne. De parler à personne. Maintenant, ça va mieux, bien sûr. Enfin, elle n'ira jamais aussi bien qu'avant. Mais ça, c'est une autre histoire. M'enfin. Keith se rapproche un peu d'elle. "Si tu savais dans la galère dans laquelle je suis." Enfin, galère, façon de parler. Elle est juste ... Perdue. Elle est pas bien dans sa peau. Pas bien dans ses baskets. Elle est ... A mille lieues de celle qu'elle a été. Avant. Oui. Elle n'est plus comme avant. Et elle ne sait pas si elle réussira à rallumer la petite étincelle qu'elle avait dans son regard. Elle a peur. Elle a peur de ne pas se retrouver. De s'être perdue loin. Si loin qu'elle va avoir du mal à en revenir. Oui. En tout cas, elle lui fait un reproche. Il s'en excuse. "J'sais ce que c'est." Elle hoche légèrement de la tête. "T'inquiète pas." Il n'est pas là pour parler de lui. Oui. Elle l'aurait ... Elle l'aurait parié.

Keith veut savoir comment elle va. Mentalement. Comme physiquement. Il lui pose pas mal de questions, également. "Tu viens de me dire que c'était la course ..." Elle lui jette un regard. "T'aurais pas pu faire grand chose. Et j'avais pas envie ... de voir grand monde de toute façon." Elle lui offre un léger sourire. "Et puis, j'en ai plus pour très longtemps avec cette merde." Elle secoue la tête. "Encore deux petites semaines ... Et j'serais débarrassée du plâtre. Mais j'aurais encore le droit à de la rééducation." Amy soupire. Ca l'enchante pas plus que ça. Mais c'est pas comme si elle avait vraiment le choix de toute manière. "J'ai trop hâte qu'on m'enlève ce fichu plâtre et que je puisse me gratter comme je veux." Dans son malheur, elle a de la chance. C'est l'hiverse. Elle a fait ça peut de temps avant le début de l'hiver. En plein été, ça n'aurait pas été très .. amusant. Du tout même.

Keith fait une remarque. Sur le chiot qui couine pour essayer de grimper sur le canapé. Oui. Il a quelques difficultés. Il est encore petit. "Oui, Rio ... En fait, il fait rire beaucoup de monde." Ca la fait rire, aussi. Heureusement qu'il est là. "Quand j'dis attaque, pour lui, c'est séance de léchouille." Elle sourit un peu. Elle sourit plus trop ... de toute façon. "Pour en revenir à ... comment j'me suis fait ça ... J'ai perdu contre une voiture. Elle m'a pas loupé la garce." Jay a bien essayé de retrouver le chauffard. Mais en vain. M'enfin, c'est pas comme si elle n'allait pas reprendre le court de sa vie. Ca ira. De ce côté là. Mais pour le reste, c'est moins ... marrant. Amy indique qu'il va devoir aller briser quelques jambes. Un nom lui vient immédiatement à l'esprt. "Oui." Il essaie ... de ne pas lui faire la morale. "Le mec qui osera poser la main sur moi, il est pas encore né." Elle a un fichu caractère. "Et j'crois bien qu'il se retrouvera avec un sacré oeil au beurre noir." Parce que Amy, elle ne donne pas sa part au chien. Elle sait se battre quand il le faut. "Il s'est foutu ... de moi ... Il m'a fait tellement de promesses ... que j'l'ai cru." Elle l'a cru quand il lui a dit qu'il l'aimait. Elle l'a cru quand il a dit qu'ils seraient ensemble. Et surtout, quand ils s'occuperait de ce bébé ensemble. Mais tout ça, ça s'est envolé. Les rêves qu'elle avait, les espoirs. Se dire que ça irait bien avec lui. Elle a été idiote d'y croire. Vraiment idiote. "Mais si y'avait que ça ... j'crois pas que ça m'aurait fait autant mal." Il n'y aurait pas de bébé, elle ne lui en voudrait pas autant. Même si elle essaie de ne pas lui en vouloir, elle n'y arrive pas. Une part d'elle lui en veut. Et lui en voudra toujours. De ne pas avoir été honnête. De ... Et bien, de ne lui avoir jamais parlé de Claire. Comme Keith doit très certainement se demander ce qu'il y a d'autre, Amy finit par retirer le coussin qui la protégeait. Et lui dévoiler son petit ventre rebondi. "Et je sais ce que tu vas me dire mais va pas me le dire non plus ! C'était déjà fait quand on s'est croisés la dernière fois." Juste que la dernière fois, elle ne voulait pas encore lui dire parce qu'elle préférait attendre les trois mois fatidiques.

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« Il fallait y penser avant peut-être non ? » répondis-je du tac-o-tac en ayant conscience d’avoir été probablement rude envers elle. Je m’en voulais, m’excusant d’un signe de main. Je ne me voulais pas redondant, mais j’avais été avant-gardiste en lui annonçant qu’elle risquait de se retrouver dans cette situation ci quand nous nous étions vu la dernière fois. J’avais le flair pour ce genre de choses et j’aurais préféré me tromper mais ce n’était pas le cas. Car elle me donnait surtout l’impression de regarder son monde s’écrouler sans savoir quoi faire pour s’en sortir réellement. Et bien entendu que je n’allais pas lui permettre de s’échapper cette fois-ci. Autant à notre repas improvisé, j’avais accepté de ne pas trop m’étendre sur le sujet, autant je n’avais pas fait le trajet pour rien.

« Course ou pas, j’ai pris le temps de venir te voir, donc ne pense pas t’en tirer comme ça ! » lui fis-je remarquer tandis que j’écoutais attentivement ce qu’elle avait à me dire. « Même si tu penses que je ne pouvais rien faire, peut être que juste une présence aurait été suffisante non ? » lui demandais-je pour continuer à la faire parler. « Parce que c’est vrai que je suis grand monde moi… » soupirais-je en roulant des yeux. « Cette merde te permet de te reposer et de te soigner ! Respecte là au passage… Puis je vais te la dédicacer va, tu verras que ce n’est pas si mal un plâtre stylisé ! » riais-je en m’approchant d’elle regardant aux alentours. « Tu as un feutre quelque part ? » Je l’interrogeais, un regard taquin. « Tu auras intérêt à faire cette rééducation. Parole d’évangile, ne fait pas comme l’abruti que je suis d’accord ? De toute façon, je passerais à l’improviste, vérifié que tu y vas bien ! » la prévenais-je en pointant mon doigt dans sa direction comme pour la mettre en garde. « Te gratter ? Vraiment tu ne penses qu’à ça ? » Je ne pus m’empêcher de rire, secouant la tête face à cette remarque qui était typiquement celle qu’Amy pouvait sortir. « Tu te grattes comment pour l’instant ? Avec une spatule peut-être ? » rajoutais-je avant de plonger mon regard sur son chien.

« C’est ce bien ce que je pensais, le processus de défense n’est pas assimilé chez lui le pauvre ! » Je riais, me rappelant que chez Ruby aussi, les léchouilles remplaçaient les aboiements. Puis vint le moment des explications. Et ma mâchoire semblait se décrocher. « Un véhicule t’a fauché ? Mais tu étais sur un passage piéton ? Qui était au volant ? » demandais-je conscient que l’instinct de flic procédurier reprenait le dessus. « Et j’espère bien que personne ne te lèvera la main dessus. Je n’ai pas passé mon temps à te donner des cours de self-défense pour que tu te laisses frapper tu sais ! » lui rappelais-je en souvenir de notre rencontre. Bien entendu que le nom non prononcé était celui qui était à l’origine de la situation d’Amy. « Des promesses… Je t’avais dit que c’était un beau parleur… » répétais-je conscient que je venais de rompre moi-même la promesse de ne pas l’enfoncer. « Ce type ne te méritait pas… » dis-je avant de m’arrêter, la bouche entrouverte face au ventre rebondi de la jeune femme. Mon regard se posa alternativement entre son ventre et son visage, avant de revenir sur son ventre, secouant la tête pour ne pas y croire. « Tu es enceinte de ce connard ? » lui demandais-je pour être sûr de ne pas rêver. « Et bien entendu… Tu ne peux pas avorter c’est ça ? » demandais-je sans prendre de gants, peu conscient du mal que cela pourrait peut-être provoquer à la jeune femme. « Mais Amy… c’est absurde ! Tu as vingt ans ! Tu n’es pas prête à gérer un enfant toute seule voyons ! » lui fis-je remarquer, sentant la colère pointer le bout de son nez. Pas vis-à-vis d’elle non. Mais vis-à-vis de l’injustice de la vie et du destin qu’elle venait de choisir. Car élever un bébé toute seule n’était jamais chose aisée.

Amy & Keith.

Elle n'a pas besoin d'une leçon de morale. Elle est déjà assez ... disons qu'elle n'est pas forcément bien. Même si elle essaie de ne pas trop penser à cela. Mais bon. En tout cas, Keith n'hésite pas à lui dire que même si .... même si c'est un peu le rush dans sa vie, il est là. Pour elle. Ce qui fait sourire quelque peu Amy. "Et c'est gentil d'être passé d'ailleurs." Elle a un hochement de la tête. Elle ne dira pas que ... Elle ne dira pas qu'elle n'est pas contente qu'il soit là. Il va lui changer un peu les esprits. Même si ... Même si elle ne peut pas forcément aller faire un tour avec lui ou des choses dans le genre. Oui. "Le truc, c'est que t'es un peu ... moralisateur parfois." Et elle n'a pas besoin de ça. Non. Elle n'a pas besoin qu'il lui fasse la morale. Elle ne le supporterait pas à dire vrai. Ca serait un peu ... trop à dire vrai. Donc, elle préfère le prévenir qu'elle n'est pas prête à recevoir une leçon. Même si elle le mériterait, bien sûr. Mais elle n'est pas encore assez bien pour l'entendre. Non. Amy se plaint un peu de son plâtre. C'est limite si Keith n'irait pas lui tirer les oreilles pour lui montrer oh combien ce plâtre est important pour elle. "Tu sais que ... Enfin, j'veux dire, d'ici deux à trois semaines, j'l'aurais plus ce plâtre." Elle secoue la tête. "Libre à toi de me le dédicacer si tu veux. Mais j'vais pas le garder une fois qu'on va me l'enlever." Oh que non. Elle va bien s'en débarrasser, et pas qu'un peu. Elle a besoin de mettre tout ça derrière elle. Elle a besoin d'oublier l'accident. D'oublier qu'elle a failli y rester. Et tout ça. Oui. "Oui, doit y avoir un feutre dans le tiroir qui est juste derrière, là." Et elle lui montre une direction. C'est juste à côté. "Mais j'veux pas de cochonneries sur mon plâtre." Parce qu'elle va devoir encore se trimbaler avec pendant deux à trois semaines. Et elle n'a pas envie d'avoir des saloperies. Du tout. Keith la menace plus ou moins en lui indiquant qu'il vaudrait mieux, pour ses fesses, qu'elle ... Et bien, qu'elle fasse sa rééducation. "Préviens avant. Parce que j'vais voir si j'peux reprendre le boulot." Histoire de lui changer les idées. Même si le médecin ne semblait pas être trop chaud pour qu'elle le reprenne tout de suite après qu'on lui ait enlevé son plâtre. Non. Un peu de rééducation avant. Et après ... Après, si ça se trouve, ça servira plus à grand chose de reprendre le travail parce qu'il faudra qu'elle se mette en congé pathologique ... ouais ... Elle va peut-être pas reprendre le boulot tout de suite. Non. "Me gratter sans utiliser une fourchette. Ou bien prendre un long bain sans avoir un plastique autour de la jambe. Ca aussi ça me manque !" Elle a de la chance qu'ils ne soient pas en été. Ca aurait été une véritable galère avec la chaleur ! Totalement.

Amy lui parle un peu de Rio. Du fait qu'il a pas encore tout compris de la vie. Non. Et qu'il préfère faire des léchouilles. Ca, c'est son truc. "Ca viendra. Faut que j'lui apprenne à mordre les fesses des gens que j'aime pas !" Histoire qu'il fasse le chien de garde. Tout simplement. Est-ce qu'il pourra le faire ? Est-ce qu'il va vraiment mordre des fesses ? Elle n'en sait trop rien. Quoi qu'il en soit, elle lui explique son accident de voiture. "Je sortais de la clinique. Pour un examen. J'ai à peine eu le temps de poser un pied sur le passage piéton qu'un dingue ... ou une dingue est passé à toute vitesse. Et moi, j'ai embrassé le bitume ... Bah ça fait super mal." Et pas qu'un peu d'ailleurs. Quant au fait qu'on puisse chercher à la boxer ... Non. Amy ne laissera pas faire ce genre de choses. Jamais. Celui qui pourrait oser lever la main sur elle se prendra une droite aussitôt. Ou presque. "Ca arrivera pas." Jamais. Non. Elle ne laissera personne lui en coller une. Elle n'est pas un punching ball. Et elle n'en sera jamais un. Dans la mesure du possible. ELle lui parle de Ash. Du fait qu'elle a cru à tout ce qu'il pouvait lui dire. Et elle s'est retrouvée dans une situation bien inconfortable. Keith commence une phrase mais il s'arrête plus ou moins en plein milieu quand il voit qu'elle est enceinte. Elle se doute qu'il ne doit pas être ravi. "Non, j'suis enceinte du Père Noël !" Elle secoue la tête légèrement. "De qui tu voudrais que j'sois enceinte ? J'suis pas une traînée ... j'cours pas deux lièvres à la fois." Contrairement à Ash. A bien y penser, dès le départ, elle aurait dû se méfier. Il sortait avec Jimena qu'il a couché à plusieurs reprises avec elle. Il était proche de Philomenn. Ouais. Tout ça, ça aurait dû lui mettre la puce à l'oreille. "Quand on s'est séparés, c'était trop tard ... pour penser à un avortement." Même si l'accident aurait pu tout résoudre. Ou pas. Ca n'aurait peut-être pas été la solution. Il l'engueule. Un peu. En tout cas, elle, c'est comme ça qu'elle le prend. "Ecoute, si t'es venu pour m'engueuler, j'te retiens pas, la porte est juste là !" Est-ce qu'il est vraiment venu pour lui prendre la tête ? Elle en sait trop rien. Elle se doute que ça doit pas être le cas mais bon.

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« C’est normal… tu t’es bien infligée un long trajet en bus la dernière fois Amy… Je peux te rendre la donne. » Je lui répondais en lui offrant un léger sourire, comme pour justifier mon geste avant de soupirer face à l’image qu’elle me renvoyait. « Moralisateur ? C’est pas pour ça que tu m’apprécies ? Parce que j’ai presque le double de ton âge, que je pourrais être ton grand-frère et que parfois tu as besoin qu’on te bouscule ! » C’est d’ailleurs pour cela que j’étais venu. Pas pour la regarder se morfondre. Ce n’était pas elle. Ce n’était pas moi. Mais surtout parce que je savais que même si le moment était mal choisi, il fallait se bouger rapidement plutôt que de s’enliser dans des pensées trop profondes et prendre le risque de ne pas s’en sortir. « Ca te fera deux à trois semaines de souvenirs H24 de moi… ne te plains pas ! » dis-je en tapotant le bout de son nez, allant chercher le feutre en question. « Tu ne veux pas en faire un objet de décoration ? Je ne comprends absolument pas, c’est magnifique pourtant ! » riais-je avant de m’asseoir, mettant le bouchon du feutre entre mes dents tout en observant le plâtre que je venais poser sur mes jambes, m’étant assis à ses côtés. « Je ne fais jamais de cochonnerie… D’ailleurs en parlant de cochonneries et surtout pour te changer les idées… Je t’ai pas raconté ce qui m’est arrivé la dernière fois ? » lui demandais-je tandis que j’étais en train de commencer à dessiner. « Je partais avec Ruby pour la promenade dominicale. Je m’étais dis que j’irais bien à l’épicerie sur le trajet, me chercher deux trois bricoles pour me faire un super repas. Le problème étant c’est que je passe toujours par les petites rues de derrière, je préfère m’allonger le trajet mais être à l’abri… Et là, derrière les poubelles… J’ai vu le petit de l’épicière… Avec la fille du boulanger ! Ce n’était pas très catholique… Enfin je ne vais pas te faire un dessin, mais ils se pensaient tout seuls… Ils ont quoi ? Quinze, seize ans ?  ce sont des gamins non ? Le pire dans tout ça, c’est que ça sentait l’herbe en plus ! Et puis le summum, c'était l'utilisation du préservatif goût framboise pour les préliminaires ! Quand j’ai vu leurs parents respectifs après… J’ai pas osé leur dire… Mais c’était gênant ! » ironisais-je en refermant enfin le feutre. « TA-DAM ! Un joli cœur et un nounours ! Ce sont les seules choses que je sais réellement dessiner… C’est pas si cochon non ! » Je me levais reposer le feutre, revenant me vautrer dans le fauteuil.

« Tu reprendras quand le médecin dira que c’est bon… tu penses d’abord à toi, avant de penser au boulot d’accord ? » lui demandais-je comme en guise de promesse. « Te gratter ? Je peux toujours t’aider aujourd’hui… Mais pour le bain, il va falloir attendre… C’est ça l’odeur que je sens là ? » lui demandais-je en riant tandis qu’elle me parlait de son chien. « Les fesses ? Attaque les mollets ca fait plus mal ! Mais pour l’instant mise à part faire des léchouilles bien baveuses, il me semble pas violent ton chien… Même Ruby grogne plus que lui ! » lui fis-je remarquer avant qu’elle ne m’évoque sa grossesse et son accident. J’étais parti au quart de tour, un peu comme souvent, et je ne m’en rendais pas compte. Mais ce Ash me rendait fou, hors de moi et je n’en pouvais plus de le voir détruire la vie d’Amy. Je ne savais pas si c’était sa grossesse ou ce délit de fuite et ce chauffard qui n’était pas retrouvé. J’étais en train de faire les cents pas dans le salon, les mains dans les poches tandis que je réfléchissais tête basse. « Si seulement cela avait été le père noel, il aurait eu de meilleur goût en guise de cadeau ! » ripostais-je au travers mes dents serrées. Avant de me tourner vers elle, les bras écartés. « Mais comment tu as pu penser que ce type allait être un type stable Amy ! » lui demandais-je avant de me retourner vers la porte qu’elle me pointait du doigt pour me demander de partir si je pensais continuer sur ma lancée. « Accepte le fait que tu as fait une connerie ! Je ne vais pas dire Amen à tout pour tes beaux yeux ! » repris-je avant de soupirer, fermant les yeux. Elle n’avait probablement rien demandé dans tout cela… Et même si la grossesse était probablement qu’un accident, elle avait décidé de la mener à terme.

Je m’approchais légèrement d’elle, tendant une main en direction de son ventre, hésitant une fraction de secondes. « Je suis désolé… Mais… Je me sens impuissant pour t’aider dans cette situation que cela me fout en rogne… Je peux ? » lui demandais-je en effleurant son ventre du bout de mes doigts. « Tu sais ce que c’est déjà ? »

Amy & Keith.

Amy regarde Keith tout en penchant la tête sur le côté. "Quand bien même j'voudrais pas que tu viennes, j'suis sûre que tu ferais comme moi ... T'en ferais qu'à ta tête et tu viendrais quand même." Elle a un sourire tout en le regardant. S'il veut absolument venir, oui, elle ne l'empêchera pas de le faire. Clairement pas. Non. Pourquoi ? Et bien, parce que ... parce qu'ils sont amis après tout. Et parce qu'il s'inquiète pour elle. C'est normal. Elle aussi elle s'était inquiétée pour lui quand il ne daignait pas répondre aux sms qu'elle pouvait lui envoyer. Ce n'est que justice, d'une certaine manière. C'est normal qu'il soit là aujourd'hui. Qu'il cherche à savoir comment ça va. Elle espère juste qu'il ne va pas trop lui prendre la tête. Surtout quand elle lui apprendra qu'elle est enceinte. Parce que ... parce qu'elle n'est pas certaine de pouvoir le supporter. Non. Amy ne dira pas qu'elle commence à aller mieux. Mais un peu quand même. Il y a parfois quelques rechutes. Y'a des jours où tout va mal. Mais bon. Ceux là, oui, ils passent ... rapidement, si on peut dire ça ainsi. M'enfin. Amy lui fait un léger reproche. Sur le fait qu'il soit moralisateur. Ce à quoi il répond que c'est pour ça qu'elle l'aime bien. "Oui, c'est ce que je disais la dernière fois. Tu pourrais être mon père." dit-elle en lui tirant la langue. Il sait qu'il aime pas ça. Mais elle, ça l'amuse. Un peu. Et surtout, ça la fait sourire. Et elle a besoin de sourire. Elle a besoin de déconner un peu. Oui. "Après, si tu pouvais éviter de trop me bousculer. J'suis trop en forme." Et il comprendra pourquoi elle ne l'est pas. Il y a l'histoire Ash. Mais y'a pas que ça. Non.

Keith cherche à tout prix à vouloir faire un dessin sur son plâtre. Alors, elle va le laisser faire. Oui. Parce que ... Elle ne dira pas qu'il va lui piquer une crise s'il ne fait pas de dessin mais bon. "Tant que tu dessines pas des saloperies." Elle secoue la tête. Oui, après, ça lui fera un petit souvenir. Le temps qu'elle ait encore son plâtre. Mais une fois qu'elle sera libérée de son plâtre, bye bye ! Elle va être contente, très contente de s'en débarrasser d'ailleurs. Oui. Totalement. "Fous-toi de ma gueule." Même pas en rêve qu'elle va garder ça pour de la déco. "Si j'pouvais oublier ce qui s'est passé, ça serait pas mal !" Tant plus qu'elle a bien failli y passer cette fois-ci ! Elle avait déjà eu un accident en décembre. Mais c'était pas grand chose. Là, c'était ... assez grave quand même. Ca aurait pu être encore pire, ok. Mais bon. Le principal, c'est qu'elle aille bien, non ? Keith revient avec le gros feutre. Il attrape la jambe de Amy pour la déposer sur son genou et qu'il puisse faire ... ce qu'il a à faire. Il a une petite anecdote à lui raconter. "Non. Tu m'as pas dit. Mais raconte-moi tes cochonneries !" Elle glousse. Elle ne sait pas s'il a eu une aventure avec quelqu'un. Ou bien si ça n'a rien à voir. Mais elle est prête à entendre sa petite histoire. Totalement même. Oui. Alors, elle l'écoute. Sans l'interrompre. Ruby était de la partie. Il était emmené la promener. Et là, au détour d'une ruelle, derrière les poubelles, il a surpris deux adolescents. "C'est le cas de le dire ... Il a joué avec les miches de la boulangère." Et elle se met à rire. C'est une sacrée histoire mine de rien. "J'imagine trop ta tête ... quand tu les as surpris." C'est tordant. Et ça lui fait du bien de penser à autre chose pendant un moment. "En même temps, en tant qu'ancien flic, va pas me dire que t'as pas vu des trucs encore pire." Elle est sûre qu'il a dû voir des choses encore bien plus cochonnes ! Keith termine son dessin. Un coeur et un nounours. "Non, ça va." Elle hoche la tête. "Le jour où t'auras un plâtre, j'te dessinerai plein de belles choses." Parce qu'elle, elle sait bien dessiner. Oui.

Le boulot ? Ca lui manque. Oui. "J'reprendrais peut-être pas avant un petit moment." A cause du bébé. Si ça se trouve, ils ne voudront pas la laisser reprendre tout de suite. A cause de la rééducation. A cause du bébé. "Ou alors, il faudrait qu'ils me trouvent des choses à faire en télétravail." Ca pourrait être une solution également. Ca lui permettrait de faire quelque chose. De s'occuper un peu. Ok, Rio met un peu d'animation dans la maison. Mais c'est pas pareil. Non. Retourner au travail, ça lui permettrait de se changer les idées. Ou alors faire quelque chose d'utile. "Ah ah ... Très drôle. J'aimerai pouvoir prendre un bain sans avoir un plastique sur la jambe !" Parce que c'est assez pénible. Et pas très pratique. Non. Rio ? Attaquer les gens ? Ouais. Faudrait qu'elle le dresse un peu. Keith lui conseille plutôt qu'il attaque les mollets. "C'est un bébé. Il va tuer les gens grâce à sa mignonnerie." Elle sait bien que ça n’existe pas mais bon. C'est beau de rêver, non ?

Ash. Un sujet ... un sujet qui fait mal. Oui. Totalement d'ailleurs. Mais le truc, c'est que ... c'est qu'elle a beaucoup de mal à oublier. Quoi qu'elle dise, quoi qu'elle fasse, elle a l'impression ... qu'elle a toujours des sentiments pour Ash. Elle n'arrive pas vraiment à se l'ôter de la tête. C'est ... c'est difficile. Très très difficile. "Tu te doutes que j'crois plus au Père Noël depuis très longtemps." Ouais. Elle aurait aimé ... Elle aurait fait un vœu. Pour pas que ça arrive. Ou du moins, pour pas que Ash revoit Claire. Que la blonde reste loin de lui. Très très loin de lui. Sans Claire, elle n'en serait pas là aujourd'hui. Non. "Ecoute, c'était pas marqué sur son front que c'était un connard et qu'il avait toujours des sentiments pour son ex !" Ou c'est peut-être elle. Elle qui a été aveugle. Elle qui n'a rien vu. Elle qui n'a pas fait attention que ... Disons qu'avec Jimena, comme il l'a plaquée un peu comme une malpropre à l'hosto, ça aurait dû lui mettre la puce à l'oreille. Mais c'est moche. Elle aurait aimé que tout se passe autrement. C'est certain. "Parce que tu crois que j'ai voulu tout ça ? On nous martèle que les protections, c'est efficace à 100%. Et bah, c'est des conneries ! Si ça se trouve, t'as peut-être des gosses à droite à gauche toi aussi !" En tout cas, ouais. Elle aura retenu la leçon. Cette pilule, elle était pas des plus efficaces. Une fois qu'elle aura eu son bébé, elle demandera à changer. Ou elle se fera poser un stérilet. Elle sait pas trop. Elle verra bien.

Keith se calme quelque peu. Il s'excuse plus ou moins. Il peut rien faire pour l'aider. Non. Du moins, que pourrait-il faire de toute manière ? Pas grand chose. Il lui demande s'il peut tandis qu'il a avancé sa main vers son ventre. Elle a un hochement de la tête. "Tu peux." Mini-elle est pour le moment calme. Elle s'est pas trop excitée aujourd'hui. Y'a des jours avec. Des jours sans. "Une fille. J'l'ai su la semaine dernière." Elle va éviter de lui dire que Ash était présent à l'écho. Parce qu'il risquerait de s'emporter encore.

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« C’est le but d’un ami non ? Si tu penses que je te laisserais te morfondre sans bouger le petit doigt, tu te trompes en effet… » souriais-je avant d’hausser les épaules. « Bien sûr que j’en ferais qu’à ma tête et tu le sais… » rajoutais-je tandis que j’y réfléchissais. J’étais quelqu’un de loyal et rien ni personne ne pouvait m’empêcher de prendre du temps pour les gens que j’affectionnais. Et Amy en faisait partie ; les choses s’étaient faites naturellement tout comme cela l’était actuellement. Tout comme à chaque fois qu’elle devait me lancer des piques pour lesquelles elle se donnait à cœur joie. Être son père. Ce n’était pas la première fois qu’elle me le disait. Et cela me semblait toujours aussi bizarre de l’imaginer. « Si tu pouvais éviter de me le rappeler à chaque fois que l’on se voit je t’en saurais gré ! » ironisais-je tandis que j’observais son plâtre. C’était affreusement moche un plâtre. En même temps cela n’était pas fait pour être esthétique, je le savais. Mais je pouvais solutionner la chose d’un seul coup de crayons. Et c’était ce que j’envisageais de faire. Maintenant et quoi qu’elle puisse dire. « Je ne dessines que des chefs d’œuvres tu devrais le savoir… » rajoutais-je en m’appliquant, tirant légèrement la langue sur le côté. « Tu l’oublieras avec le temps, ne t’inquiètes pas… » voulais-je la rassurer en lui laissant le temps d’admirer le travail accompli.

Puis je décidais de lui changer les idées avec une anecdote que j’avais vécu lors d’une virée avec Ruby. C’était assez cocasse pour que je lui raconte car je savais qu’elle sourirait. Je levais les yeux en l’entendant rire et faire un jeu de mots dont elle seule avait le don. Puis je lui offrais une moue hésitante. « Oui j’ai vu plus souvent des cadavres que ce genre de choses c’est vrai… Mais c’était assez marrant pour que je te le raconte » dis-je en levant les bras aux ciels. « Oui tu pourras me faire des dessins… Mais je demanderais à voir les croquis avant que tu passes sur grand format ! Puis avant que je ne me retrouve avec un plâtre, tu as le temps ! » Parce que je préférais valider les choses. J’étais toujours un accroc du contrôle. Je perdais la pointe du sourire naissant lorsqu’elle m’apprit qu’elle ne retournerait peut-être rapidement au boulot. « Télétravail ? Mais tu vas tourner en rond non ici ? » lui demandais-je en cachant mon inquiétude. « Prends le temps qu’il te faut et repose toi… Ton bébé chien te protègera » ironisais-je avant de l’écouter parler de son histoire avec Ash.

Elle savait que je n’avais pas approuvé cette relation mais après tout je n’étais pas le mieux placé pour juger de sa vie sentimentale, la mienne n’étant pas parfaite non plus. Pourtant je n’acceptais pas le fait qu’on ait pu jouer de ses sentiments. Parce qu’Amy était entière en amitié, cela ne faisait aucun doute qu’elle l’était en amour. Et qu’un homme puisse en abuser me donnait envie d’aller voir ce Ash et de régler mes comptes. Comme une première rencontre il y avait forcément mieux que de se faire casser le nez. L’envie ne me manquait pas, mais je me devais d’être raisonnable. Je secouais la tête quand elle m’indiquait que ce n’était pas marqué sur son front. « Bien sur que non… Par contre que c’était un homme à femme, ça l’était… Pas faute de te l’avoir dit Amy… Mais avec des si, on referait le monde… Tu le sauras pour les prochaines fois… Je n’en doute pas. » dis-je en embrassant son front comme pour la rassurer. « Calme toi… » lui demandais-je en levant une main vers elle. « Je sais bien que tu ne l’as pas voulu… Ce n’est pas ce que j’ai voulu te dire… » soupirais-je faisant abstraction de sa remarque sur mes possibles paternités. Puis je décidais de poser ma main sur son ventre, attendant le moindre mouvement qui pouvait venir. « Une petite toi ? J’espère que t’es accrochée… Parce que si elle est aussi trépidante que toi… » souriais-je avec délicatesse tandis que je sentais un léger coup sous la main, m’arrachant un rire. « Tu vois, elle fait déjà des siennes… Tu sais comment tu vas l’appeler ? » lui demandais-je en caressant de mon pouce son ventre. « Tant que tu ne l’appelles pas Amy Junior… » riais-je en relevant ma main. « Ca fait drôle de t’imaginer maman… » lui fis-je remarquer en me réinstallant dans le fauteuil. Il allait probablement me falloir du temps.

Amy & Keith.

Keith, elle l'apprécie. Il est pas comme un père pour elle. Il est plus comme un grand frère pour elle. Oui. Il est un grand frère. Il est là, pour elle. Mais elle, également, elle vient l'embêter, au besoin. Elle ne dira pas qu'elle serait perdue sans lui. Mais bon, il est ... disons que c'est bien qu'il soit dans les parages. Vraiment bien. "Tu sais que c'est un peu pareil pour moi ?" Elle lui offre un sourire. "Pour preuve la fois où tu jouais au mort." Et qu'elle a été obligée de ... Et bien, qu'elle a été obligée de se déplacer pour le voir à l'université alors qu'il n'y avait aucune raison qu'elle ne se pointe à l'université. Oui. Mais bon. Elle s'inquiétait pour lui. Elle s'inquiétait de savoir comment il allait. Et elle ne l'a pas lâché. Non. Donc, elle entend bien qu'il fera comme elle. Qu'il ne va pas la lâcher, elle aussi. "T'aimes pas quand je dis ça." Elle sourit. A nouveau. "J'crois que je vais continuer à le faire juste pour t'embêter." Oui. Elle pense que ... Et bien, que ça pourrait être amusant. Bon, peut-être que ça va finir par saouler Keith à un moment ou à un autre mais bon. Il regarde son plâtre. Il récupère un feutre. Et il s'amuse à dessiner un petit quelque chose. Amy se met à rire à la remarque du brun. "Je suis sûre que si on compare tes chef d'oeuvre aux miens, y'a une sacrée différence." Une très très grosse différence, oui. Amy, elle sait dessiner. Dernièrement, elle trouve qu'elle ne fait que des merdes parce que ... parce qu'elle n'a pas forcément le goût. Parce qu'elle n'est pas dans le bon mood. Mais ça reviendra. Ca reviendra, à un moment ou à un autre. Elle doit se laisser du temps. Du temps pour digérer la rupture. Ca fait un peu plus de deux mois maintenant, mais elle a l'impression ... que c'était hier mine de rien. Et ça fait toujours mal. Bien malheureusement. Ca serait tellement bien si elle pouvait balayer ça d'un revers de la main ! Mais ça ne marche pas comme ça. Bien malheureusement.

Après qu'il ait fait son dessin, Keith en profite pour lui raconter une petite anecdote. Une histoire de ruelle. Et une histoire de miches. Oui. Ca amuse Amy. Ca la fait sourire. Ca la fait rire également. Oui. Ca lui change les idées. Et ça lui donne ... Et bien, ça lui change les idées. Et pas qu'un peu d'ailleurs. Il a dû en voir des choses en tant que flic. "Avec toutes les séries ou bien les flics, j'me doute que ça devait pas être ... marrant quand tu mettais le nez sur un cadavre." Clairement pas. "Mais tomber sur des jeunes en train ... de s'amuser de manière charnelle ..." Elle hausse les épaules. "N'empêche ... j'aurais trop aimé voir ta tête !" Est-ce qu'elle est en train de se moquer de lui ? Non. pas trop. Mais ça devait être quelque chose mine de rien. Oui. Amy fera des dessins sur son plâtre. Si jamais, un jour, il se retrouve dans la même situation que la jeune femme. Elle lui fera un véritable chef d'oeuvre. "Non, non, pas de croquis. Moi, j'essaie de me laisser transporter par le moment présent." Elle prend le stylo, le crayon, et elle griffonne. Des fois, ça sort de nul part. Ils en profitent pour parler d'elle. De ses projets. Du fait qu'elle a très envie de ... reprendre le travail. Quitte à faire du télétravail. "Bah, ça reste du travail ... j'veux dire que j'suis même pas certaine qu'ils vont vouloir de moi tout de suite après que j'aurais retiré mon plâtre. Au moins, avec un peu de télétravail, ça leur prouve que j'veux revenir." Et qu'elle est prête à reprendre le travail. Qu'elle est prête à revenir. Qu'elle est prête à passer à autre chose. Et à faire son job. Voilà tout. Si elle continue de rester chez elle, comme il le dit, elle va finir par devenir chèvre. Et ce même si Rio est avec elle. "Il va sans doute me faire plein de léchouilles à longueur de journée. C'est ce qu'il fait. Enfin, ça, et jouer avec la baballe aussi." Un vrai petit monstre. Mais elle doit avouer qu'il égaie beaucoup ses journées. C'est un fait.

Parler de Ash, de sa relation avec lui, ça fait mal. D'autant que Keith n'était pas très ... comment dire ... quand elle lui a parlé d'Ash, il a tout de suite été sur la défensive. Mais sans doute qu'il avait raison. Oui. Enfin, elle n'est pas certaine que ... Quand bien même il n'appréciait pas le jeune homme, ça ne veut pas dire pour autant que c'était voué à l'échec entre eux, non ? Ils ont été heureux un moment. Ca s'est juste pas vraiment fini comme elle l'aurait voulu, bien malheureusement même. En tout cas, oui ça explose un peu. Enfin, explose, façon de parler. Mais disons que ... qu'elle n'apprécie pas forcément comment les choses tournent. Du tout. Pas que Amy soit ultra virulente dans ses propos. Mais elle ne peut pas s'empêcher, quand même, de défendre ce qu'elle a pu vivre avec Ash. "C'est peut-être pas ce que t'as voulu dire mais c'est comme ça qu'on peut le comprendre !" Comme si c'était de sa faute. Comme si c'était elle qui avait voulu tout ça. Elle n'a rien cherché. Elle n'a pas cherché à tomber enceinte. Elle n'a pas cherché à ce que ça merde entre eux. Non. Alors, bien sûr, Amy voit un peu les choses rouge à l'entente de Keith. D'autant plus que lui, comme elle le souligne si bien, il a peut-être des enfants à droite à gauche. Peut-être que lui aussi il n'est pas aussi blanc que la neige. Mais il ne répond rien à cela. Non. Il lui pose une question. Amu accepte. Elle le laisse faire. Alors, il pose sa main sur son ventre. Amy lui indique qu'elle va avoir une fille. "J'verrais bien quand elle sera là." Elle a un hochement de la tête. "Si ça se trouve, avec un peu de chance, elle sera calme." Ou pas. C'est vrai qu'elle a constaté qu'elle remuait un peu. Beaucoup. D'ailleurs, elle fait sentir à Keith qu'elle est bien là puisqu'elle n'hésite pas à remuer quelque peu. "Tu sais que je suis pas vraiment seule à décider." Elle secoue la tête. "Mais j'ai quelques prénoms en tête." Oui. Ambre, c'est mignon. C'est Ash qui a proposé. Mais ça veut pas dire pour autant que ça restera sur Ambre. "J'verrai bien un prénom qui commence par la lettre A." Et un prénom court. Ava ? Abby ? Bon, comme elle le dit, elle doit en discuter avec Ash. Pour sûr. Elle peut pas choisir sans lui. "J'pensais pas que j'aurais à devenir maman aussi ... vite." Oui. Mais sa princesse est là. Elle est bien au chaud. Et elle peut pas y faire grand chose. Non. "Tu veux un truc à boire ?" lui demande-t-elle.

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« Je ne jouais pas au mort, c’est que je déteste l’utilisation de la technologie… Regarde, je suis bien plus réactif en direct que par SMS non ? » lui fis-je remarquer en soupirant. « Et puis tu sais qu’un coup de fil n’a jamais tué personne… Mais nous avons déjà eu cette conversation la dernière fois, il n’est pas nécessaire de la reproduire n’est-ce pas ? » Parce qu’il avait été compliqué de lui faire entendre mon point de vue sur la chose lorsqu’elle s’était déplacée. Son inquiétude était justifiée mais de là à venir directement me voir à l’Université ? J’avais accepté de mettre de l’eau dans mon vin et je savais pertinemment qu’elle ne manquerait pas de me le rappeler le moment opportun. Comme elle le faisait à chaque fois qu’elle me répétait que je pouvais être son père. Elle aimait ça, la redondance quand elle le voulait. Je roulais des yeux, soupirant un peu plus. « En même temps, tu aimes tout faire pour m’embêter n’est-ce pas ? Donc si je te dis que j’adore quand tu le fais, est-ce que tu arrêteras ? » lui demandais-je peu confiant sur la réussite de cette tentative de psychologie inversée. Mais qui ne tente rien n’a rien. C’était ce que j’avais envie de marquer en dessous de mon dessin sur son plâtre. Parce que ce n’était pas un tableau des beaux-arts que je venais de lui faire. Mais c’était tout aussi abstrait qu’une tâche rouge sur un fond blanc. Je fronçais les sourcils, refermant le feutre avant de souffler fortement. « C’est surtout que tu ne comprends rien à l’art… Je suis un artiste incompris… » lui dis-je en venant tapoter son nez pour appuyer chacun de mes mots. « Je ne demande qu’à voir cela… Car je suis incrédule comme Saint-Thomas, je ne crois que ce que je vois. » conclus-je fier de moi. C’est que je n’avais pas perdu de ma répartie.

A priori ma petite histoire lui avait plu. Bien plus que son jeu de mot eut de l’effet sur moi-même. J’haussais les épaules tandis qu’elle tentait de me ramener à mes vieilles années passées au commissariat. Bien sur que ce n’était pas évident. Mais j’avais appris à compartimenter les choses. Et fort heureusement. « Tu sais, c’était mon métier… Alors que ce soit marrant, ce n’était pas le mot, mais aussi surprenant que cela puisse paraître, on finit par s’y habituer. Ce n’est pas que je n’ai pas de cœur. C’est simplement que je réussissais à ne pas me laisser atteindre par tant de barbarie » admis-je en souriant. « Tu devrais essayer de compartimenter… C’est peut être une bonne méthode pour gérer ta rupture » lui proposais-je avant de lever les yeux au ciel. « Tu crois qu’en plus d’être vieux, d’être ton père, je suis un sain ? Je t’expliquerais pas comment l’on fait des bébés, mais je sais de quoi je parle quand même… » Mauvaise idée. Je m’en rendis compte bien trop tard, une fois que les mots étaient sortis. « Désolé… » murmurais-je voulant effacer ma maladresse. « Et où te transporte le moment que tu passes avec moi ? » lui demandais-je comme si changer de sujet pouvait lui faire oublier mes mots. La aussi, la tentative était maladroite, mais bon, je tentais, et comme le dit le célèbre adage : qui ne tente rien n’a rien.

Je caressais le chiot, observant la jeune femme par la même occasion. Elle était bornée, et je saisis bien rapidement que la reprise du boulot était primordiale pour elle, quoi que je puisse lui dire. Je ne voulais la contredire et finissait par admettre d’un haussement d’épaule que j’acceptais sa justification. Le but n’était pas de la rendre pire qu’elle ne l’était déjà, c’était sûr. Mais bon, à un moment donné, nous allions bien finir par aborder le sujet qu’elle semblait vouloir éviter à tout prix. Ash. Mais elle semblait sur la défensive. Comme si admettre que j’avais raison à son sujet était impossible pour elle. C’était une façon à elle de nier l’évidence, mais je ne pouvais lui faire admettre de force, ce n’était pas le but. « Et bien, écoute, j’en suis désolé, mais je ne ferais pas l’éloge de ce type d’accord ? » rajoutais-je fermement. Heureusement que l’arrivée d’un enfant est censée apaiser les mœurs. « Calme ? Connaissant la mère, il y a peu de chance, sans vouloir te désespérer… » je riais légèrement en réfléchissant longuement aux possibles prénoms. « Qui va décider avec toi ? Ne me dit pas qu’Ash à son mot à dire ? » lui demandais-je oubliant presque qu’il pouvait jouir de ses droits de paternité. « Par la lettre A ? Désolé, mais Keith c’est avec un K… » dis-je pour détendre l’atmosphère. « Tu me le diras ? Ou je devrais attendre qu’elle pointe le bout de son nez pour le découvrir ? Parce que tu sais que je vais passer mon temps à chercher sinon ? » lui fis-je remarquer avant d’acquiescer. « Un café, mais je vais aller me le faire ne t’inquiètes pas… Tu veux que je t’apporte quelque chose au passage ? Un gateau, des fraises, une glace, un thé ? » lui demandais-je pour la taquiner. « Quoi que ce n’est pas bon le thé et le café pour toi si ? Il faut faire attention, je vais te surveiller maintenant ! » riais-je en me levant pour me rendre dans la cuisine. « Et sinon tu as déjà acheté le berceau, des vêtements ? » lui demandais-je curieux. Parce que l’arrivée d’un bébé ça se prépare. Et vu son état, elle pourrait peut-être avoir besoin d’aide.

Amy & Keith.

Elle hausse légèrement les épaules. "Joue pas sur les mots. T'as joué au mort." Autant qu'elle a pu le faire. Oui. Mais il marque un point. Sur le fait qu'ils ont déjà parlé de tout ça. Sauf que la dernière fois, hein, c'était elle qui lui faisait des reproches. Et pas l'inverse. A chacun son tour si on peut dire ça ainsi. Oui. A chacun son tour. Mais elle ne lui en veut pas. Elle ne peut pas lui en vouloir. Jamais. Non. Même s'il joue au mort, ou bien que c'est également le cas pour Amy, ils restent proches. Elle l'apprécie. Oui. Il est gentil. Il a toujours été là pour elle. En fait, elle a l'impression qu'elle s'en sort mieux qu'en amitié ... qu'en amour. Peut-être qu'elle n'est pas faite pour être en couple. Peut-être que ça ne sert à rien de vouloir se mettre avec quelqu'un. Et que ça lui attire plus d'ennuis qu'autre chose. C'est quelque chose ... une idée à laquelle elle va devoir réfléchir. Se contenter d'avoir des amis. Et pas plus. Peut-être bien. Amy a un léger sourire coquin quand Keith lui fait une remarque. "Non, j'crois pas que je vais arrêter." Elle secoue la tête. "Je crois même que je vais continuer à le faire." Oui, oui, elle se fout de sa gueule. Mais au moins, ça a le mérite de lui faire penser un peu à autre chose en ce moment. Quant à l'art, elle secoue légèrement la tête à l'entente de Keith. Non, c'est pas un artiste incompris. Il sait juste pas dessiner. D'ailleurs, il lui tapote le nez et elle recule la tête aussitôt. "Mais bien sûr. C'est surtout toi qui comprends rien à l'art." Elle penche la tête légèrement sur le côté. "J'sais dessiner, moi." Est-ce qu'un jour elle pourrait considérer d'en faire son travail ? C'est quelque chose dont elle avait parlé, une fois. Avec Frederique. Mais comme elle venait tout juste d'arriver dans son boulot actuel, elle n'envisageait pas sérieusement les choses. Mais peut-être que ça pourrait le faire. Dessiner pour ... des sociétés. Ou faire des portraits robots. Ou que sais-je encore. Ca pourrait être bien. Ou faire encore des livres pour les enfants. Oui. Peut-être qu'elle devrait penser ... à tout ça. Qu'elle devrait y penser un peu plus sérieusement d'ailleurs. Pas qu'elle n'aime pas le boulot qu'elle fait. Mais elle aura sans doute l'occasion d'en changer. C'est un premier boulot. Et on reste pas forcément dans un premier boulot. A ce qu'elle en pense. "Mais j'te ferais voir oh combien ton niveau est éloigné du mien !" Pas pour lui foutre la honte. Mais pour lui faire comprendre que ... Et bien, qu'il a encore du travail à faire. Beaucoup de travail.

Keith lui raconte une petite histoire. Qui la fait sourire. Qui la fait rire. Et honnêtement, ça lui fait du bien. Ca lui fait beaucoup de bien à dire vrai. Oui. Et ça fait plaisir. Keith lui avoue qu'avec son métier, oui, il a vu pas mal de choses qui étaient loin ... d'être marrantes. Elle peut l'entendre. "Avec un boulot comme le tien, vaut mieux ... Essayer de se fermer." Elle a un hochement de la tête. "C'est un peu comme moi. Avec le boulot que j'faisais avant que je sois en arrêt ... Y'a des moments où j'dois appuyer sur le bouton off pour pas me laisser transporter par toute la misère du monde." Elle a pas trop le choix de toute manière. Elle y arrivait bien. Et une fois qu'elle aura repris le travail, ele espère que ça se passera toujours aussi bien. C'est tout ce qu'elle demande d'ailleurs. Keith lui donne un conseil. Essayer de compartimenter. C'est pas ce qu'elle fait ? Elle essaie de voir le bon côté des choses. Elle essaie de ... et bien, de faire comme si tout va bien. Même si elle sait très bien que ce n'est pas le cas. Elle essaie de se dire que ça ira. Oui. Que ça ira. Seulement, c'est pas la joie. Non. Elle ne peut pas. Elle n'y arrive pas. Elle pense à Ash. Trop souvent. Si elle n'était pas enceinte ? Sans doute que ... et bien ... sans doute qu'elle ne penserait pas aussi souvent. Peut-être qu'elle aurait réussi à ... oublier. Ou plutôt, à passer à autre chose. Plus facilement. Mais elle est enceinte. Et elle ne peut pas effacer ce bébé. Non. Il est là. Il est présent. Et elle ne peut pas faire autrement. En tout cas, ils se disputent, un peu. Amy n'aime clairement pas la tournure de la discussion et elle le lui fait comprendre. Donc, qu'il la lâche un peu. Et surtout, qu'il soit compréhensible. Sans quoi, ça va pas être possible. Du tout. Il finit par s'excuser. "Je sais pas trop." répond-elle à la question qu'il vient de lui poser. Elle hausse légèrement les épaules. "Peut-être pas aussi loin que je le voudrais." Peut-être qu'elle aimerait vraiment arrêter de penser à tout cela. Mais Amy sait que ce n'est pas possible, malheureusement. Non. Ca ne va pas s'effacer. Jamais. Elle ne peut qu'essayer de surmonter tout ça. Sans forcément y arriver. Mais bon.

Amy tourne la tête vers le brun. "J'te demande pas de faire l'éloge de Ash. Juste ... de respecter ce qu'on a vécu." C'était quelque chose de beau. De bien. Quoi qu'il en dise. Elle a perdu tout ça. Ash également. Et d'ici à quelques jours, il lui apprendra que tout est fini avec Claire. Et ça fera d'autant plus mal à Amy mais passons. C'est une autre histoire. "On verra." Peut-être qu'elle aura une petite fille calme. Peut-être pas. L'avenir le lui dira. Keith fait un peu la tête par rapport au prénom. Sur le fait que Amy lui indique qu'elle n'aura pas vraiment le dernier mot. "Bah si. Il va avoir son mot à dire. C'est autant ma fille que la sienne." Donc, elle ne peut pas vraiment décider d'un prénom toute seule. Même si ... même si ça serait bien plus simple pour elle. Ca serait facile de zapper totalement Ash. Mais elle a décidé, au final, qu'elle n'en ferait rien. Non. Parce qu'elle n'a pas envie que sa fille grandisse de la même manière qu'elle. C'est à dire sans père. Oh, elle ne manquera pas d'amour. Parce que Amy sera là pour sa fille, quoi qu'il arrive. Mais c'est quand même mieux que ... si elle peut avoir son père dans les parages. Même si elle ne sait pas véritablement comment ça va se passer. "Ah ah, très drôle." Elle secoue légèrement la tête. Non. Elle l'appelera pas Keith. Même pas en rêve à dire vrai. "Tu peux toujours rêver que je l'appelle comme toi." Et ce même si c'était un petit gars. Il rêve. Carrément. "Oui, j'te dirai. Quand je serai fixée sur un prénom." Et c'est pas pour tout de suite comme elle doit décider avec Ash. Amy propose à Keith de boire quelque chose. Il va aller se chercher un café. Du moins, il va s'en charger. Et il propose, d'ailleurs, de ramener des trucs pour la future maman. "J'veux bien que tu me fasses un chocolat chaud. Tout est à côté de la cafetière." Donc, ça devrait être assez facile pour lui. Totalement même. "Avec mon plâtre, c'est pas facile pour me déplacer. Donc, j'vais attendre de me débarrasser de ce truc pour pouvoir commencer à acheter. Même si j'ai fait du repérage sur internet." Après, Internet, c'est pas comme ... c'est pas pareil qu'en vrai. Mais c'est déjà ça.

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« C’est ma passion première et tu le sais… » lui fis-je remarquer en roulant des yeux. Je secouais la main comme pour réfuter sa remarque. J’avais tendance à ne pas forcément assumer quand j’estimais que je n’étais pas dans mes torts. Et c’était le cas à mon sens, même si j’avais compris qu’Amy ne l’avait pas pris de cette façon. Mais après tout, nous en avions déjà discutés auparavant, je ne voulais pas de nouveau m’étendre sur le sujet. « Continuer à le faire ? Tu sais que tu prends le risque que je continue moi aussi à te sermonner comme tel ? A priori, tu aimes bien ça… » lui dis-je dans un léger rire, secouant la tête, faussement dépité par la réaction de la jeune femme. Quoi que je fusse un très mauvais acteur et je ne pouvais rester concentré très longtemps. « Rien comprendre à l’art ? Ok, je l’avoue, le dessin pour moi ce n’est pas ma réussite première… Mais si tu sais dessiner, comment tu expliques que je n’en ai pas vu encore la moindre couleur ? Tu sais que je suis comme Saint Thomas, je ne crois que ce que je vois… » ironisais-je en croisant les bras contre mon torse. « Et en attendant ce moment, ton niveau reste équivalent au mien, ok ? » continuais-je avant de me mettre à bouder tel un enfant de deux ans, contrarié.

Bien rapidement, le sujet du boulot me fit reprendre toute ma contenance et j’haussais les épaules à sa remarque. « Tu sais, c’était un rêve de gamin d’entrer dans ce service. Donc forcément, je savais à quoi m’en tenir quand j’y ai mis les pieds. Puis tu sais aussi bien que moi, que je ne suis pas la personne la plus expressive de Brisbane… » rajoutais-je en me réinstallant confortablement dans le fauteuil. « Tu le trouves le bouton off ? » demandais-je soucieux de savoir si elle réussissait à s’en sortir malgré tous les appels difficiles qu’elle avait dû rencontrer. Mais je savais que ce ne serait pas en parlant de boulot que ses pensées s’allègeraient. Et elle vint rapidement me le confirmer, me rendant presque impuissant face à la situation qu’elle traversait. « Et qu’est ce que je pourrais faire pour toi, pour que tu arrêtes de penser à cela le temps de quelques heures au moins ? » lui demandais-je calmement. Car après tout, il ne fallait jamais contrarier une femme enceinte car l’on ne prévoyait jamais l’impact des hormones sur ses humeurs. Tout comme les miennes quand j’entendais parler d’Ash. « Je respecte votre histoire ok. Mais ne me demande pas de respecter l’homme qu’il est. » rajoutais-je catégorique, un index levé en l’air comme signe d’avertissement. Je ne pris même pas la peine de relever le fait que le père aurait son mot à dire dans l’histoire, ne voulant pas la braquer. Je préférais partir sur une touche d’humour en évoquant les possibles ressemblances entre la fille et la mère dans l’espoir de voir un léger sourire s’esquisser sur les lèvres de la jeune femme. Me dirigeant vers la cuisine pour lui faire son fameux chocolat, j’observais les alentours, haussant la voix pour qu’elle m’entende dans la pièce où elle se trouvait. « Tu n’as pas des chamallows ni même un truc à grignoter ? Mais les envies de femme enceinte alors ! » demandais-je en ouvrant le frigo. « Les fraises elles sont où ? » riais-je avant de revenir avec les deux boissons chaudes, lui tendant son mug de chocolat chaud. « Tenez mesdames ! » lui dis-je dans un clin d’œil avant de m’asseoir de nouveau. « Tu voudras que je t’accompagne ? J’ai un peu plus de temps libre en ce moment… Ca ne me dérange pas de venir avec toi… Puis je pourrais lui acheter une peluche comme ça ! » ironisais-je, un large sourire sincère sur les lèvres. C’était peut-être paradoxal chez moi, mais j’adorais les enfants et ils me le rendaient plutôt bien. « Qu’est ce que tu as vu sur internet ? Un berceau Wonder-Woman ? » Je voulais la taquiner avec toujours cette envie de la voir esquisser un sourire. Car c’était indéniable, elle était bien plus lumineuse avec ce sourire sur ses lèvres. Et je n’aimais pas vraiment la voir se morfondre, défaut d’être son ami.

Amy & Keith.

Elle se met à ricaner, quelque peu. Oui, il a joué au mort. Elle vient de faire plus ou moins pareil d'ailleurs. Dans le sens où elle avait besoin de se couper du monde. Elle respirait le bonheur, c'est un fait. Oui. Elle était heureuse avec Ash. Ils avaient tout pour eux. Et du jour au lendemain, tout s'est envolé. Tout s'est cassé la figure. Et ça, ça fait mal. Elle sait qu'elle ne peut pas continuer à ... à faire la gueule. Elle sait qu'elle doit passer à autre chose. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire, c'est certain. Oui. En tout cas, elle va continuer à embêter Keith, et pas qu'un peu. Oui. Parce que ça lui change les idées. Parce que ça lui permet de ... De penser à autre chose. Et puis parce que Keith est bon public. Vraiment. Il la cherche, lui aussi. Et ça fait du bien. "Non, j'aime pas trop me faire sermonner, et ce même si tu peux avoir raison." Amy ne dira pas qu'il a tout le temps raison. Mais le contredire, c'est ... C'est top quand même. "Donc, moi, ce que je propose, c'est de continuer à le faire. A t'embêter. Et toi, en contrepartie, tu ne me sermonnes pas. D'accord ?" Oui, oui, Amy sait très bien que ce n'est pas ... que ça ne va pas plaire à Keith. Et qu'il va même réfuter tout ça. Mais bon. Qui ne tente rien n'a rien, non ?

Quant à l'art, Amy ne supporte pas l'idée qu'il compare les brouillons qu'il fait aux dessins, de petits chef-d'oeuvres, qu'elle peut faire. Et il lui rappelle, bien volontiers, qu'il n'a pas encore vu ses oeuvres et que donc, il ne croit que ce qu'il voit. "Si tu veux vraiment voir tout ça, tu sais, tu peux toujours monter dans ma chambre et aller récupérer un de mes cahiers. Tu verras oh combien je suis supérieure dans ce domaine." Et c'est pas pour se vanter. Oui, elle est douée. Elle aime prendre le crayon. Et peut-être que si Keith lui lançait un petit défi, celui de lui dessiner quelque chose, peut-etre que ... peut-être que ça lui permettrait de reprendre confiance en ses dessins. Parce qu'en ce moment, c'est pas la joie. Non. Elle trouve qu'elle fait que des choses horribles. Mais ça reviendra. Ca reviendra à un moment ou à un autre. Elle ne s'inquiète pas plus que ça à dire vrai. "Compare pas notre niveau." Est-ce qu'un jour elle pourrait en faire son métier ? Faire des livres pour enfants ? Ou pour tout public ? Elle aimerait bien. Même si ... même si elle faudrait, sans doute, qu'elle prenne un peu plus confiance en elle. En ses capacités.

Ils en profitent également pour parler du travail de Keith. C'était un rêve. Un rêve d'enfant. Un rêve qu'il voulait atteindre. Et qu'il a réalisé. Même si ... même s'il a dû lâcher tout ça dans l'immédiat. Est-ce qu'un jour, il va retourner sur le terrain ? Est-ce qu'un jour, il va reprendre le boulot ? "T'as tiré un trait définitif sur cette vie ou tu penses qu'un jour, tu pourras y revenir ?" lui demande-t-elle, un peu curieuse. Elle pense connaître la réponse mais bon, elle lui pose quand même la question. Il lui demande si elle arrive à trouver le bouton off. En ce qui concerne son travail. "Oui, j'arrive à l'activer. Même si des fois, c'est super dur." Mais elle n'a pas le choix. "J'peux pas me permettre de me laisser submerger. Parce que si c'est le cas ... j'vais en arriver à détester ce job. Et c'est pas ce que je veux." Non. Parce qu'elle aime, quand même, ce qu'elle fait. Même si elle ne se verra pas sans doute faire ... faire ce boulot toute sa vie. Un jour ou l'autre, elle changera. Elle est en quasi certaine. Mais elle a envie de croire que ce boulot, ça peut lui apprendre des choses. Sur elle. Mais également faire en sorte qu'elle soit un peu plus calme. Parce que de base, c'est pas une calme. Du tout. Keith comprend qu'elle est pas ... Très en forme. Et qu'elle n'a pas le moral. D'ailleurs, il lui demande ce qu'il pourrait faire pour elle. Elle hausse les épaules. "Si j'avais pas mon plâtre, on aurait pu aller faire un tour." Sauf que même si elle a un plâtre de marche, c'est assez chiant pour se déplacer. C'es assez pénible même. mais elle sait que la délivrance est pour bientôt. Elle sait qu'elle va pouvoir s'en débarrasser et qu'elle va retrouver un semblant de liberté. Et elle n'attend que ça à dire vrai !

Ils se prennent un peu la tête. En ce qui concerne Ash. En ce qui concerne leur relation. Peut-être qu'il n'apprécie guère le jeune homme. Elle peut comprendre. Seulement, ils se sont aimés. Même si elle pensait qu'il s'est foutu de sa gueule et qu'il n'a eu de cesse de lui mentir, elle a envie de croire que ce qu'ils ont vécu, c'était réel. Mais peut-être que ce n'était qu'une illusion. Peut-être qu'entre eux, c'était ... c'était rien. Elle ne sait pas. Et Amy n'a pas envie d'y penser. Pas trop en tout cas. Parce que quand elle y pense, ça lui fait mal. Une blague sur la petite princesse que Amy attend et il se lève afin d'aller faire un chocolat donc. Tandis qu'il est dans la cuisine, il lui demande ce dont elle aurait envie. "Y'a des biscuits dans le meuble haut du milieu." Keith se moque un peu d'elle. Avec les envies de femme enceinte. Ca lui a un peu passé. Les premiers temps, oui. Elle pouvait en abuser un peu. Parce qu'elle était avec Ash. Et puis, comme ils ne sont plus ensemble, embêter ses parents avec des envies de femme enceinte, non. Elle ne leur fera pas la misère. Du tout. Keith finit par revenir avec les chocolats. Un pour elle. Un pour lui. "Merci." Le brun est prêt à l'accompagner. A faire les boutique. Si elle le veut bien. "Peut-être qu'une fois que j'aurais retrouvé ma liberté, pourquoi pas ?" Elle souffle un peu sur le chocolat fumant. Elle n'a pas envie de se brûler les lèvres. Encore et toujours, Keith se moque un peu d'elle. "Non, j'vais rester plutôt sur des choses simples." Elle a un hochement de la tête. "C'est mieux pour les revendre ensuite." Parce qu'elle n'envisage pas de retomber enceinte de sitôt et d'avoir un autre enfant ! Elle sait qu'un accident est si vite arrivé, pour preuve d'ailleurs. Mais ... Mais elle va faire attention. Bien plus attention même. Disons que ça l'a vacciné, si on peut dire ça ainsi. Et elle va faire en sorte que ça n'arrive pas à nouveau. Non. Et puis, elle n'arrête pas de se dire qu'elle va se concentrer sur sa fille, et sur son boulot. Donc, elle aura moins de temps pour sortir et courir après les garçons. "J'voulais faire une chambre et une déco à la style Roi Lion." Si elle était restée chez Ash. C'est ce qu'ils avaient prévu. Maintenant, elle ne sait pas vraiment si elle va le faire. Ou si elle va partir sur autre chose. Advienne que verra.

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Je riais. C’est que c’était bon de ne pas se prendre la tête à chacune des discussions que je pouvais avoir avec autrui. Amy était un peu mon moment de relâchement, de fraicheur et de légèreté, même si ce qu’elle traversait n’était pas évident pour elle. J’étais là pour l’épauler, la pour la guider et je n’hésitais pas à la sermonner même si ce dernier point n’était pas du tout à son goût. Je me contentais d’hausser les épaules à sa remarque, ne pouvant lui donner un accord complet. Je me devais en tant qu’ami de l’aider à reprendre conscience de certains points quand j’estimais cela nécessaire. Comment profiter des bons moments si je n’étais pas là pour la soutenir dans les mauvais ? J’en serais bien incapable. Alors oui, je refusais silencieusement ses attentes et j’osais espérer qu’un jour elle serait à même de comprendre pourquoi. En attendant j’acceptais qu’elle tire à balles réelles sur mes capacités artistiques. Je ne pouvais pas être parfait partout et le dessin n’était pas un domaine de prédilection. « Je te nomme gagnante, ne t’embête pas, j’admets ma défaite. » riais-je dans un demi sourire avant de fuir lorsque le sujet devenait bien plus sérieux, comme à mon habitude. Prendre mes jambes à mon cou quand on me mettait devant l’une de mes chimères. Cette vie que je n’aurais plu et sur laquelle je n’avais pas encore totalement tirer un trait. Alors je préférais partir, prétexter m’occuper d’elle, en espérant que cela ne lui mette pas la puce à l’oreille. Je profitais de ce moment de répit avant de revenir, les biscuits et les chocolats avec moi. « De rien. » lui répondis-je dans un sourire. « C’est normal tu sais. » admettais-je avant d’acquiescer à sa demande. « Vas-y, que je joue au tonton gâteux… » ironisais-je en portant ma boisson chaude aux lèvres. « Roi Lion ? Vraiment ? Tu es sûre qu’elle ne fera pas de cauchemars ? » riais-je un peu plus pour la taquiner. Je m’apprêtais même à en rajouter une couche, quand mon téléphone se mit à sonner. Je le sortais, lisant rapidement en diagonale ce dernier avant de soupirer, le rangeant rapidement. « Je vais devoir y aller… Je suis parti avec les clés, Dani est enfermée dehors… » lui expliquais-je avant de venir embrasser sa tempe. « Je suis désolé… Je t’expliquerais tout ça quand on ira faire les courses ensemble… Promis ! » dis-je avant de poser ma main sur son ventre légèrement rond, un large sourire aux lèvres. « Repose toi, et prends soin de cette petite d’accord ! Je t’appelle ! Je sais où est la sortie, ne t’inquiètes pas ! » ironisais-je d’un clin d’œil, partant en la saluant d’un signe de main avant de disparaitre de la maison, grimpant dans la voiture, me surprenant de soupirer longuement. J’étais encore sous le choc de cette annonce qu’elle venait de me faire, et de ces changements que cela occasionnerait dans sa vie. Mais en qualité d’ami, je me devais de l’épauler. Et c’est ce que je ferais. C’était une promesse muette. Mais loyale.