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Josephine profitait rarement de ses matinées. Elle avait beau suivre le rythme de croisière de sa grand-mère, elle ne les passait pas à pioncer pour éponger sa dette de sommeil. Au contraire, elle ne rechignait pas à la tache, s’occupant de remettre en ordre la maison, de solliciter le peu de patience qu’elle avait en réserve pour classer les papiers d'Ava, et s’assurer que celle-ci ne mette pas le feu à la baraque. Et ça passait pas quelques heures à stimuler son cerveau malade avec des exercices ludiques, imposés par ses médecins, et à partager les quelques bribes de lucidité qui lui restaient gaiement parce qu’autrement, elle ne supporterait pas d’avoir cette charge sur les épaules. On ne pouvait pas dire que c’était de tout repos, et qu’après ses nuits écourtées par ses services à l’Electric Playground, elle voyait passer ses matinées. C’était une bonne chose au final, ça lui évitait de s’attarder sur trop de choses à la fois, et de comprendre que depuis quelques temps, sa vie était devenue un cliché d’ennui qu’elle avait du mal à rendre digne d’intérêt autrement qu’en cherchant les problèmes, ou en s’intéressant à ceux des autres.
Un bruit de slurp de cartoon s’échappa du perron du numéro 421, et alors qu’elle reposait déjà sa tasse de thé fumant sur la table basse, Jo baissa la tête sur le synthétiseur qu’elle avait sur les genoux. Il était plus grand et imposant qu’elle ne l’était, même si elle bombait la poitrine, et il était vieux, d’un rose aussi vif que l’était la couleur de son vernis à ongle. Il était en état de marche cependant et ça lui allait très bien comme ça ; des stickers qu’elle refuserait d’admettre avoir collés un jour décorait l’ensemble dans une cacophonie de paillettes et de petits coeurs qui illustraient qu’elle avait été innocente. Il n’avait pas le même acoustique que le piano de Nana, installé dans le salon, mais il faisait l’affaire quand il lui prenait des élans créatifs comme ce matin. D’où l’idée que, pour la première fois depuis qu’elle avait foutu les pieds dans cette ville de malheur, elle pouvait en profiter un peu.
Ce n’était pas grand-chose, une mélodie qui ne la quittait pas depuis quelques jours, et qu’elle avait eu envie de matérialiser par la force de ses doigts entraînés sur le clavier. Le temps était clément, la rue était calme en dehors des miaulements de Tosser qu’elle entendait ronronner de l’endroit où il s’était posé et sa grand-mère avait presque toute sa tête ce matin-là. Elle ignorait par quelle sorcellerie avait été atteinte pour mériter un peu de répit, mais en bonne opportuniste qu’elle était, elle ne se risqua pas à méditer trop longtemps sur ses effets et pour de bon, elle se laissa aller. La son de son synthé s’éleva dans l’espace qui la séparait du trottoir devant la maison et la rue eut tout le loisir de profiter de ses talents de pianiste — et de son talent de chanteuse quand, par des hum, hum qui suivaient une rythmique précise sur laquelle elle ne tarderait pas à poser des vrais mots, elle laissa se déverser l’or qu’elle avait dans la gorge.

Elle n’avait pas besoin de garder un oeil sur ses doigts pour trouver les touches, aussi dans une exaltation qu’elle mettait sur le compte du plaisir qu’elle prenait à faire de la musique, elle ferma les yeux. Et c’était naturel pour elle, de se complaire dans ce monde dans lequel elle s’enferma un instant avant se risquer à reprendre pieds dans la réalité. Ses paupières se soulevèrent, sa tête se tourna mécaniquement, et ses pupilles s’accrochèrent au panorama ; lorsqu’elle le vit passer.
Sa mélodie se stoppa brutalement, et son nez se leva dans une imitation brillante de suricate. Par-delà la barrière du perron, sa tête apparut, montée sur ressort "Hey !" qu’elle lança à Edge quand il passa devant chez Ava en courant à bonne allure. Dans la foulée, son nez se fronça, et un sourire en biais se dessina sur son visage dépourvu de tout artifice. Pas de maquillage, pas de faux-cils, juste sa jeunesse et les bienfaits d’une skincare efficace, à rendre jaloux "Il fait pas assez chaud pour courir à poil, mais tu peux pas t’en empêcher hein." Et elle non plus d’ailleurs. Il fallait bien qu’elle se paye la tête de ses travers d’exhib’ et qu’elle tourne en ridicule sa propension à répondre au stéréotype du trentenaire qui s’entretient à outrance. Elle ne lui dirait pas que, si elle avait des poumons développés à l’extrême à cause de son talent pour le chant, et que tenir une note lui demandait un effort moindre, elle serait bien incapable de suivre son exemple et crèverait la bouche ouverte si on lui demandait de faire un effort sportif. Non, elle, elle prendrait volontiers la place du coach qui gueule sur tout le monde en balançant des vérités insultantes. YOU THINK THIS IS HARD?!

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Tous ceux qui connaissent bien Edgerton Samuel Price savent que tu es tout sauf matinal.
Si tu le pouvais, dans un monde sans responsabilité et sans factures à payer, tu resterais dans ton lit jusqu’aux premières heures de l’après-midi. Très content dans les bras de Morphée, à rattraper des heures de sommeil qui ne te manquent pas dans le fond, mais tout simplement content de dormir et de te détendre, tout simplement. Cependant, quand ton réveil vient t’extirper de tes songes, tu as beau pousser quelques grognements, cela ne veut pas dire que tu n’as pas une routine bien établie. C’est tout le contraire même et après avoir appuyé sur le bouton snooze à deux reprises, tu finis bien par t’extirper de tes couvertures, une main se perdant dans tes cheveux, l’autre sur ta barbe, tentant de chasser la fatigue et le sommeil bien loin. Yasmine est bien plus douée que toi pour l’exercice mais la brune n’est pas là ce matin, elle est dans son propre appartement ou alors, vu l’heure, elle doit déjà être réveillée et soit en train de partager le petit-déjeuner avec Molly, soit en train de s’apprêter pour rendre visite à ses parents. Et garder un œil sur Amjad à sa manière, chose que personne ne pourra vraiment lui reprocher et ce même si l’hospitalisation de son père commence à n’être qu’un mauvais souvenir.
Tu as un rituel bien différent toi et si le premier arrêt est dans la cuisine, pour allumer la machine à café qui va te fournir de quoi fonctionner pour les prochains heures, tu prends quand même un grand verre d’eau avant de commencer ta série de pompes dans la cuisine. C’est l’un des gros avantages à vivre seul, c’est certain que personne ne va t’accuser de frimer ou d’en faire trop, c’est tes habitudes à toi, trop bien huilée pour que t’en débarasses et la suite est toujours la même. Tu sirotes ton café avant de vérifier si tu as eu du courrier, il y en a aujourd’hui, rien d’important que tu constates d’un simple coup d'œil et une fois ton café avalé, le prochain arrêt est dans la salle de bain. Pour avoir un léger sourire face à ton propre reflet et te laver le visage mais également te brosser les dents et de considérer le début de cette journée. Peut-être que tu pourrais rejoindre les Khadji pour le déjeuner, tu serais le bienvenu mais chaque chose en son temps, ton jogging quotidien t’attend. Tu te changes rapidement, simplement vêtu d’un short de sport que Molly a déjà jugé de trop court (c’est plus pratique, que tu lui as répondu, also quit staring at my ass) et écouteurs dans les oreilles, téléphone rangé dans ton brassard de sport bien sécurisé sur ton bras droit et baskets aux pieds, tu t’élances hors de chez toi.
Tes foulées sont rapides et ta playlist ainsi que la voix de Beyoncé l'accompagnent pendant des kilomètres, tandis que tes muscles travaillent et qu’une légère couche de sueur vient recouvrir ton torse. Il y a un an en arrière, tu n’aurais jamais pensé que mettre un pas après l’autre puisse être aussi salvateur, mais maintenant, tu n’en doutes plus et tu te sens toujours mieux après avoir couru quelques kilomètres. Tu retournes dans ton quartier, dans Toowong et tu n’es pas loin de chez toi quand tu te fais accoster. "Hey..." Tu ralentis l’allure, toujours en train de courir sur place au moment où tes yeux se posent sur place sur Josephine. Oui, vous habitez dans le même quartier, impossible de l’oublier, pourtant tu as l’impression de ne pas avoir vu la jeune femme depuis une décennie. Assez pour qu’elle t’envoie une piques et tu finis par avoir un rire, arrêtant ta musique pour de bon et enlevant tes écouteurs l’instant suivant. "Alors premièrement, bonjour, c’est comme ça que les gens civilisés commencent une conversation, dans la vie de tous les jours." Décidément pas Jo, et elle ne fait décidément pas partie de la moyenne, un compliment pour toi, cependant, hors de question de lui dire ou même de lui faire savoir qu’elle marque un point. Tu courres depuis des kilomètres, la température ne t’affecte pas vraiment et tu dois admettre qu’elle est la dernière personne que tu pensais croiser ce matin. Surtout sans aucun maquillage et avec un instrument sur les genoux elle a l’air.... normale ? Un peu plus tranquille que d’habitude ? Un peu de tout ça à la fois, aussi tu hausses les épaules pour répondre à sa remarque.
"Et, regarde-moi droit dans les yeux avant de te plaindre et ensuite on en reparlera, okay ?" Tu pourrais faire un petit tour sur toi-même, histoire de, mais déjà, tu t’es vu dans un miroir et ensuite, tu sais qu’elle n’est pas aveugle. "Et je n’ai pas eu de plaintes. Pour le moment." Ou du tout, mais cela tu te retiens bien de l’ajouter, le sous-entendu est là, de ton sourire à ta posture, tu en es certain et tu jettes un léger coup d'œil à la maison devant laquelle elle est assise, persuadé que c’est chez elle. Autant, elle s’est déjà permis d’envahir ta maison, tu ne te permettrais pas de rentrer sans être invité, elle a ses secrets et quelque chose te dit qu'elle ferait tout pour les garder. "Mais que veux-tu Joséphine, on n’est pas tous comme toi, on ne se réveille pas tous avec l’air impeccable, certains d’entre nous doivent faire des efforts."

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"Qu’est-ce que t’as ? Bobonne est pas passée à la casserole ce matin, alors t’as besoin de déverser ta frustration sur quelqu’un d’autre ? Tu me fais pitié, mais je te dirais pas bonjour." Comme s’il n’était pas au courant qu’elle ne faisait pas partie de la population civilisée de cette putain de planète. Il s’attendait à ce qu’elle lui déroule une révérence et qu’elle lui déclame un poème pour lui souhaiter la bonne journée ? Ta gueule, Denzel, que lui cracha le regard qu’elle lui renvoya sans ciller. Elle préférait cent fois le gratifier d’autre chose, et ce n’était sûrement pas de risettes qui alimenteraient l’ego disproportionné qu’il avait. Ils ne s’étaient pas parlés depuis un sacré bout de temps, pour autant il avait toujours la manie de croire qu’un halo lumineux le précédait partout où il se rendait et qu’il transpirait de l’or par tous les pores de sa peau brune. A se balader à poil, il ne s’imaginait pas que c’était lui qui imposait sa carrure aux autres, qui vivaient leur vie sans le voir passer. Enfin pas tout le monde, parce qu’il y avait quelques faibles dans le coin, c’était une certitude, comme en témoignait le regard que lança sa voisine d’à côté au trottoir sur lequel Edge s’était arrêté.
Elle roula des yeux en s’approchant de la barrière du perron, y posa ses mains qu’elle cramponna quand elle lui répondit, de bonne guerre "Quand t’auras fini de croire que t’es mon type, tu prendras le temps de te rendre compte que tu te fais des films tout seul, Denzel-chou." Et elle fronça le nez en remuant la tête de là où elle était, lui accordant une grimace puérile qui laissait clairement apparaître que, si elle devait mettre un mot sur la relation qu’elle entretenait avec le jeune homme, ça se rapprocherait davantage de ce qu’elle avait à l’époque, avec ses frères, qu’elle aimait autant asticoter sur leurs travers que lui. Est-ce que c’était un moyen pour elle d’éponger un certain manque qu’elle éprouvait à leur égard ? Sûrement pas, elle avait autre chose à faire que de penser à ces petits connards qui l’avaient traitée comme une princesse quand elle était là, à leur permettre de prendre sa lumière, puis soudainement comme une traîtresse quand elle avait fini par se barrer pour faire sa vie. Nan, c’était juste marrant d’avoir quelqu’un d’assez sûr de lui pour répondre à ses conneries "Sois pas jaloux. Je penserais à te faire la liste des astuces pour être aussi frais que moi dès le réveil." qu’elle lui lança alors, se décalant de la barrière pour venir descendre les quelques marches du perron et le rejoindre sur le bout de trottoir sur lequel il était flanqué.

Elle refoula sa provocation de lui tâter les pecs quand elle arriva à sa hauteur, et lui demanda plutôt "Je te vois pas souvent passer dans le quartier. Avoue que t’évites de te perdre ici parce que t’as peur de tomber sur moi." Elle fit danser ses sourcils sur son front avec une provocation certaine, reconnaissable par la lueur qui brillait dans ses yeux, puis croisa les bras sur sa poitrine en se mettant devant lui. Sa position, elle laissait ouvertement penser qu’elle allait lui faire la conversation. Elle avait le temps après tout, et Ava… Ava fit son apparition sur le perron.
Elle n’était pas hagarde, elle était même étonnamment normale ; dans sa robe cintrée, qui laissait entrevoir la silhouette enrobée d’une femme de son âge, aussi pulpeuse que sa petite-fille qui tourna la tête dans sa direction pour se rendre compte qu’elle avait appliqué un peu de rouge à lèvres sur sa bouche qui se fendit d’un sourire quand elle croisa son regard "Tu es là, je te cherchais partout pour te demander de continuer de jouer. C’était quoi cette mélodie, je crois que je ne l’ai jamais entendue avant — bonjour." qu’elle fit en faisant dériver son regard sur Edge pendant que la bouche entrouverte, Jo mettait du temps à enregistrer la fluidité avec laquelle sa grand-mère semblait ancrée dans la réalité. Ava porta sa main en visière sur son front quand, s’approchant des marches du perron qu’elle ne dévala pas, elle posa sur le duo que formait Jo et le jeune homme un regard plein de malice "Peut-être que tu pourrais me présenter à ton ami, Josephine." Aussi vite, Jo jeta un regard à Edge — de bas en haut, une grimace accompagnant son oeillade et son menton se rentrant dans le décolleté fermé qu’elle portait ce matin-là ; pas de tenue moulante pour elle cette fois, elle était emmitouflée dans un vieux pull que Nicholas lui aurait sans doute envié s’il avait été là "C’est pas mon ami, Nana. Il vit à quelques numéros d’ici." qu’elle finit par lui répondre avec une répulsion surjouée lorsqu’Ava pencha la tête sur le côté "Peu importe, j’ai fait du café frais, et il reste de la pâte à pancakes de ce matin. A bon entendeur." Et Josephine jura l’avoir vu adresser un clin d’oeil à Edge qu’elle poussa aussitôt, le tapant droit contre son épaule nue, qui fit craquer ses jointures "Arrête de draguer ma grand-mère ! Je vois la Jeep de ta copine quand elle part de chez toi, je suis à ça de l’attraper pour lui balancer ton petit numéro la prochaine fois que je la croise !" Une ultime menace, à en juger par le ton critique sur lequel elle la prononça. Et elle ne laissa pas le temps au jeune homme de se remettre du coup qu’elle venait de lui asséner qu’elle lui en remit un deuxième dans l’autre épaule.

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"Han, je te fais pitié... vraiment ? Je ne suis pas le seul à ne pas être du matin, parce que tu m'as déjà dit mieux comme insulte." Que tu lances automatiquement, un sourire sur les lèvres quand tu t'adresses à Jo, un minimum déçu car elle semble presque sur la touche ce matin. Elle ne s'attendait certainement pas à te voir, la réciproque est vraie, ce n'est pas parce que vous habitez dans le même quartier que tu passes ton temps à la chercher du regard dans les rues de Toowong ou craindre une de ses légendaires apparitions. Tu vis dans ce quartier depuis pas mal d'années maintenant que tu y songes bien et si tu as fait un effort pour t'entendre avec la plupart de tes voisins directs, à savoir ceux qui ont l'esprit le plus ouvert et qui n'ont pas un des orifices bloqués par quelque chose de long et qui devrait normalement servir à faire le ménage... c'est les limites de ta politesse et de l'éducation que tu as reçues après tout, et tu n'as pas jeté ton dévolu sur le quartier il y a des années de cela à cause du voisinage. Non, tu as eu un véritable coup de cœur pour la maison dans laquelle tu vis et c'est tout, ici ou dans une autre partie de Brisbane, cela ne change pas grand-chose à dire vrai, l'endroit importe peu et tu es capable de faire ton nid n'importe où au final. Donc que la demeure de Jo ne soit qu'à quelques mètres de la tienne c'est une pure coïncidence, un de ces hasards de la vie bien fait et c'est tout.
Elle a au moins le mérite de t'arracher un autre rire et tu hoches la tête, tentant de dire les mots suivants avec le plus de sérieux possible. "Ouais. J'avoue en fait, tu me fais super peur, genre vraiment, j'évite même de dire ton prénom complet devant mon miroir le matin, histoire de." Tu aimerais dire que les semaines qui viennent de passer ont été légères et vides au point que tu penses à la serveuse, mais ce n'est pas le cas, tu as eu l'esprit occupé, trop occupé, par des choses toutes aussi compliquées, et la raison pour laquelle tu cours (en dehors d'entretenir ton physique et, il faut bien l'avouer, ton ego surdimensionné), c'est justement pour sortir de ta propre tête et te rappeler que simplement prendre une inspiration, mettre un pied devant l'autre et avancer, ce n'est pas rien. Cependant, tu n'es pas sur le point de faire l'éloge de l'exercice physique devant Jo, déjà parce que tu sais où irait son esprit à elle et ensuite, tu es très mal placé pour donner des leçons de morale à qui que ce soit, et ce, malgré la différence d'âge apparente entre vous deux.
Enfin, vous êtes interrompus dans votre échange de piques par une troisième partie et tu adresses automatiquement un sourire à la nouvelle venue, suivi d'un léger hochement de tête. Parce qu'encore une fois, tu es très bien élevé, et quand il semble plus qu'apparent que c'est une parente de Jo, tu sais que tu ne vas nul part. Est-ce un aperçu de la vie super glamour de Josephine ? Oh, c'est une occasion parfaite, surtout quand on t'invite à l'intérieur, surtout quand Jo reprend rapidement sa grand-mère, histoire de ne pas s'associer avec quelqu'un comme toi (dude, your loss, que tu penses automatiquement) et cette dernière, s'est à peine éloignée que Jo s'en prend déjà à toi. "Ouch !" Que tu laisses fuiter bruyamment, histoire de jouer les martyrs alors qu'en réalité, tu n'as absolument rien ressenti et que la brune va devoir y mettre un peu plus du sien pour te faire mal, elle répète le coup, dans l'autre épaule, et cette fois-ci, tu ris vraiment, ton sourire bien en place sur ton visage quand tu t'adresses à elle. "Ah, tu vis avec ta grand-mère adorable, moi qui commençais vraiment à me demander ce qui clochait chez toi... Genre tu sais que ma copine conduit une Jeep, mais en fait tu t'occupes de ta mamie, c'est adorable." Tu pourrais lui pincer les deux jours et fuir, vraiment, elle aurait beaucoup de mal pour te rattraper mais à la place tes deux mains se lèvent dans une posture pas du tout agressive, tandis que tu cherches à te défendre.  
"Et je n'ai absolument rien fait. Je suis innocent dans toute cette histoire, je me contente juste de faire mon jogging quotidien." Mais, tu es là, les menaces de Jo n'ont définitivement pas l'effet escompté, vu que tu fais un pas, plus qu'appuyé vers sa demeure et la porte entrouverte. "Mais ce serait dommage de laisser le café refroidir, et qui dit non à la promesse de pancakes... franchement, Josephine." Tu ponctues ta remarque par un haussement de tes sourcils, appuyant sur toutes les syllabes de son prénom, et elle va t’en coller une autre, tu le sais, tu peux le sentir venir, à sa place, tu ferais la même chose, c'est bien pour cela que cette fois-là tu lui donnes un conseil, car il s'agit de son domaine d'expertise après tout. "Si tu veux vraiment m'arrêter c'est le moment, et essaye de fermer un peu plus ton poing avant de me frapper." Tu joins le geste à la parole, lui montrant comment donner un coup de poing droit, histoire que toute cette matinée ne soit pas perdue. Pas perdue du tout, vu qu'on t'offre le café, tu as un autre sourire pour Jo avant de faire un pas supplémentaire vers la demeure, déjà prêt à manger ton poids en pancakes, déjà.

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"Je sais que ta copine conduit une Jeep parce qu’elle enfume tout le quartier avec et qu’on l’entend débarquer à des kilomètres." qu’elle rétorqua, le nez froncé en se remémorant l’effluve d’essence qui accompagnait tous les déplacements de la principale concernée "La conscience écologique, ça lui dit rien ? Je sais pas, pensez à vos gosses un peu, dis-lui de changer pour un truc moins polluant si t’en as quelque chose à foutre." S’il voulait commencer à lui taper sur les nerfs, elle riposterait en dégainant la carte sujet sensible. Elle savait bien qu’il aimait parler de sa copine avec elle autant que si elle le torturait pour le faire, un peu comme si elle n’existait pas et qu’il fallait préserver le secret de sa fausse existence pour qu’il ne passe pas pour un con aux yeux des autres. Malheureusement, elle l’avait vu déambuler jusqu’à chez lui, elle savait très bien qu’elle n’était pas un fantasme, et même si elle mourrait d’envie de se foutre un peu plus de sa gueule — parce que, et bien, pour sortir avec un type pareil, qui levait des nanas dans les bars sous le prétexte que la serveuse de l’établissement lui dictait de le faire, il fallait en tenir un sacré, de pète au casque —, elle se garda de le faire.
Uniquement à cause d’Ava qui débarqua sur le perron de chez elle, et de la manière dont elle s’adressa à Edge. C’était rare, ce genre de moments de lucidité. Jo avait tendance à les répertorier dans sa propre mémoire, simplement pour en référer à ses médecins qui en faisaient ce qu’ils voulaient, les accueillant avec des sourires tristes tant tous savaient qu’au fond, ça ne signifiait absolument rien. Sa pathologie était incurable, c’était une dégénérescence longue et fatale, douloureuse pour les proches, et personne ne pouvait rien y faire… si ce n’était savourer les moments où elle était elle-même, il n’y avait pas de bouton à pousser pour qu’elle reste indéfiniment aussi lucide qu’aujourd’hui. Alors, c’était vrai, que ça l’emmerdait bien comme il fallait qu’elle soit lucide juste parce qu’elle avait la bave au bord des lèvres à cause de la musculature du Rock du pauvre, mais en même temps… elle n’avait pas envie de bouder son plaisir de voir sa grand-mère de bonne humeur.

"Je n’ai absolument rien fait, qu’il dit en se baladant les tétons à l’air, comme si c’était la chose la plus normale du monde. C’est quoi ton problème, t’as pas les fonds pour t’acheter un t-shirt ? Crée un profil OnlyFans, ça paiera tes factures." Elle s’était fait mal à la main en le frappant, c’était peut-être pour ça qu’elle paraissait encore plus de mauvaise humeur que d’habitude. En fait non, c’était juste de l’exagération "Oh, ferme ta gueule, Denzel." qu’elle lui répondit quand il se lança dans un cours de boxe improvisé, comme si elle en avait quelque chose à foutre de bien le frapper ; s’il savait combien de fois elle en avait collé une à ses frères, il éviterait de la sous-estimer pour mieux faire son intéressant. Il avait beau être musclé, il était bien petit comparé à la tribu qui avait formé le groupe dans lequel elle avait évolué une bonne partie de sa vie, de quoi lui filer des complexes, à monsieur je suis mieux que tout le monde, parce que même quand je flex pas, j’ai des tablettes de chocolat. Mais ce n’était pas le jour pour parler de ses frères — encore eux, apparemment elle était condamnée à penser à eux chaque fois que le jeune homme était dans les parages.
A ce moment-là, elle se demanda si c’était une bonne idée de le faire entrer, mais il ne semblait pas dans l’optique d’attendre sa permission puisque cette dernière lui avait été fournie par la propriétaire des lieux. Putain, qu’elle se dit en fonçant sur lui pour l’arrêter dans sa course, se flanquant devant lui pour qu’il se stoppe, une main posée sur son buste dégoulinant de sueur — eww, elle retira sa main, la cachant dans sa manche pour l’essuyer "Elle est malade, d’accord ? Du genre sénile, du genre à oublier ce qu’elle vient de dire et à te demander dix fois comment tu t’appelles… je te jure que si tu dis le moindre truc qui l’angoisse, je te fais bouffer ça, là." qu’elle désigna, pointant du doigt, caché son sa manche, les pendentifs qu’il portait autour du cou. Elle ne lui précisa pas quel genre de choses pourraient la bouleverser vu qu’en vérité, elle ne le savait pas elle-même… mais l’info était lâchée, et il en ferait ce qu’il voudrait pour ne pas la bousculer et enfourner ses pancakes comme le bon petit soldat qu’il devait être. Finalement, elle se décala après avoir longtemps affronté son regard, faisant un pas de côté et désignant les trois marches du perrons d’un geste ouvert, mais manifestement contraint "Essuie tes pieds en entrant. La cuisine est sur la gauche, t’as qu’à suivre l’odeur." Elle faillit ajouter t’as l’habitude, vu le chien que t’es, mais elle garda sa rhétorique pour plus tard, fermant la marche dans un soupir très lourd et brassant son synthétiseur pour enfin s’engouffrer dans la maison.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Jo Carter

En toute logique, tu devrais rentrer chez toi. Les derniers mètres de ton petit jogging sont ruinés, tu n'as plus le bon rythme et tu devrais retrouver ta demeure pour prendre une longue douche chaude et te remplir l'estomac comme il se doit. En toute logique... mais embêter et titiller Jo est beaucoup plus marrant et puis il faut te le dire, la jeune femme te le rend bien. Très bien d'ailleurs... Cela te rappelle tes interactions avec Camile par bien des égards, sauf que ta cousine connait tout de ta vie et pour Jo, tu es encore un parfait étranger. Un étranger qui ne vit qu'à quelques rues d'ici et qui peut et qui va lui servir de chauffeur de temps en temps, un étranger visiblement allergique aux vêtements ou juste l'idée d'envisager mettre un t-shirt, mais juste un étranger et l'image qu'elle a de ta personne est tellement drôle et bien fausse par certains aspects, que cela te force à camper sur tes positions. Entre ça et ce qu'elle semble imaginer de Yasmine, on t'excusera, mais c'est hilarant et avec tout ce que tu as dû enchainer et encaisser ces dernières semaines et voire même ces derniers mois, tu mérites de rire, si si, et tant pis si cela irrite un peu la jeune femme. Elle trouvera le moyen de te le faire payer, tu le sais, tu comptes bien là-dessus et tu dois véritablement te retenir de rire quand elle se plaint de ton apparence, encore une fois.
"Laisse mes tétons tranquille, Josephine, ils ne t'ont rien fait, rien fait du tout." Que tu articules, le sourire aux lèvres, tu te demandes un instant si tu devrais les couvrir, justement, mais non, à la place, tu bombes le torse quand elle te dit de te taire, lui donnant des conseils sur où et comment frapper. Tu lui donneras un vrai cours à un autre moment, où alors elle n'en a pas du tout besoin, quelque chose te dit que personne ne marche sur les pieds de cette femme-là et que tes conseils seraient très mal pris. Jo semble plus que réticente à ce que tu entres chez elle, mais par pour les raisons que tu croies, tu fronces les sourcils quand elle explicite sa pensée et tu te retrouves à hocher la tête, la regardant avec tout le sérieux du monde. Sa grand-mère est malade et Jo ne veut pas perturber la routine et l'environnement de cette dernière, c'est normal, tu n'y connais rien en matière de grands-parents, les tiens préfèrent t'éviter et prétendent que tu n'existes pas, un accord tacite qui te convient très bien dans le fond, mais les inquiétudes de Jo sont réelles et tu es peut-être idiot sur quelques bords, tu n'es pas sur le point d'aller contre une mise en garde aussi explicite. C'est tout à son honneur de s'occuper de sa grand-mère et c'est bien quelque chose que tu n'aurais jamais deviné rien qu’en le regardant, comme quoi, il ne faut jamais se fier aux apparences.
Aussi, lorsque tu t'exprimes cette fois-ci, c'est de façon un peu plus mesurée. "D’accord, d'accord, je sais me tenir, promis, et je vais faire attention à ce que je dis, et si ça dérape tu as le droit de m'en coller une... genre, et vraiment où tu veux." Pendant quelques secondes, parce qu'elle captera le sous-entendu comme une grande et que ton regard aussi, dérive vers ton entre-jambe. Oui c'était facile à souhait et avec une moue sur le visage, tu relèves les yeux vers Jo. "... Pour me frapper hein, n’en profite pas pour tâter la marchandise." Tu lui lances un clin d'œil, parce que tu es toi, et tu rentres sans te faire prier davantage, suivant la direction qu'elle te donne.
Tu t'essuies les pieds, bien décidé à être un invité parfait, ponctuant ton geste d'un :  "Oui Madame." et ce, même si tu es beaucoup (beaucoup) plus vieux qu'elle. Sa maison, ses règles, que tu te dis, et tu suis l'odeur plus qu'alléchante des pancakes et de la nourriture préparée avec une attention toute particulière, rentrant enfin dans la cuisine. Tu résistes à la tentation de porter ton regard partout, et de tout mémoriser et de demander à Jo si elle et sa grand-mère sont ici depuis longtemps et si Jo a même grandi ici, une photo sur un des murs pourrait te donner un indice ou deux... Oui, ta curiosité est piquée, mais tu retiens toute ta myriade de questions pour un autre moment et à la place, tu adresses un sourire bienveillant à l'ainée de Jo. Et là encore, aucun moyen de savoir ce que Jo vient de t'avouer à demi-mot, elle a juste l'air d'une grand-mère bienveillante, s'activant dans sa cuisine, ni plus, ni moins. "Merci de m'inviter à l'intérieur, j'espère que vous allez bien... Je ne dis jamais non à du café, surtout pas quand il est offert aussi gentiment..." Et oui, tu tires déjà une chaise, comme si tu étais venu ici des dizaines de fois, ce n'est pas le cas, mais ce n'est qu'un léger détail, juste léger.

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"T’es mignon, mais je préfère laisser ça à Amina." qu’elle lui balança au passage, le regardant entrer chez elle avec une aisance commune aux habitués. Elle, elle était sans gêne, mais alors lui, il avait le toupet d’être à l’aise partout, et ça lui tapait déjà sur le système de se dire qu’il saurait gérer le small talk avec Ava d’une main de maître. Jo ne connaissait pas beaucoup Edge, il collait davantage à l’étiquette de simple connaissance que d’ami, mais il était aussi transparent qu’il était imposant ; vu la carcasse qu’il se traînait, personne n’avait du mal à s’imaginer que, pour rouler des mécaniques ou pas, il était le champion. Il aimait l’attention, c’était probablement pour cette raison qu’il paraissait si sociable, si avenant… il ne manquait pas de répartie, c’était nécessaire quand on avait quelqu’un comme Jo en face de soi, mais il ne dépassait pas souvent les limites au contraire de la jeune femme. C’était presque un saint, si on y regardait bien — avec sa petite vie rangée, ses gros muscles, et son sourire ultra-bright ; le genre de type qui faisait un bon personnage principal dans un téléfilm de l’après-midi quoi.
Ah, qu’il l’énervait, qu’elle se dit en entrant à son tour, son synthé sous le bras. Pas besoin de lui montrer le chemin, l’odeur était assez alléchante pour lui indiquer le sentier à fendre de son pas conquérant. Elle sentit son cœur battre trop fort dans sa poitrine, comme si elle s’apprêtait à entrer sur scène. Dans ces moments-là, elle aimait feindre la nonchalance. Elle était trop douée pour craindre de décevoir ceux qui avaient payé pour la voir, elle savait qu’ils en auraient pour leur argent, et qu’elle leur laisserait un souvenir mémorable… mais la vérité, c’était qu’à chaque fois, elle était tétanisée à l’intérieur. Ses mains devenaient moites, sa gorge devenait sèche, et son cœur… son cœur, il devenait douloureux. C’était le trac, un trac qu’elle avait dû gérer seule très souvent, sauf quand elle avait fait la rencontre de Roman et que leur rituel d’avant-scène s’était imposé comme un moyen habile d’être un peu plus proches encore. Elle n’avait pas Roman pour se détendre à ce moment-là, pourtant elle ressentait tous les effets d’un stress certain affluer dans tout son être quand Edge s’installa à la table du petit-déjeuner. Mine de rien, elle craignait l’impair, le truc gênant qui la forcerait à ne plus jamais lui adresser la parole. Et c’est en ça qu’elle était encore jeune dans sa tête Josephine, parce qu’elle pensait toujours qu’on pouvait la tenir responsable de quelque chose d’aussi arbitraire que la maladie.

Elle déposa son synthé entre l’arche de l’entrée et le réfrigérateur, tandis qu’Ava se pavanait dans sa jolie robe avec, sur le visage, une expression qu’elle ne lui avait pas vu depuis un certain temps. Elle avait peu connu son grand-père, mais les rares fois où elle les avait vus ensemble, il lui semblait qu’elle arborait cet air-là. Heureuse, elle souriait à pleine dents, sa peau bronzée contrastant avec la nuance de rouge dont ses lèvres étaient peintes et qui la rendait plus belle que jamais. Jo se sentit bouleversée, de la voir comme ça, et c’est ce qui la força à se détendre un peu quand, enfin, elle s’assit en face d’Edge à qui elle donna un coup de pied dans les tibias pour lui rappeler de ne pas trop faire le malin non plus, du naze "Un grand jeune-homme comme toi doit prendre un bon petit-déjeuner, c’est le repas le plus important de la journée. Du café ?" Elle lui servit une bonne pile de pancakes cuits à la perfection, lui laissa le choix de les accompagner de ce qu’il voulait, et suivit ses directives en lui servant un mug de café fumant. La cafetière dans les mains, elle se tourna vers sa petite-fille "Ma chérie ?" Cette dernière secoua la tête "Je vais me faire un thé, merci." Elle amorça un geste pour se lever, seulement Ava reposa la cafetière sur le feu, puis leva les mains devant elle pour la faire se rassoir "Non, je m’en occupe. Tu en fais assez, j’en suis consciente." Depuis quand, sembla dire le sourcil que Jo arqua sans le vouloir "Alors profite de ton ami, et laisse-moi te dorloter un peu." Si elle n’était pas déjà assise, elle serait tombée le cul par terre, la Josephine. Au lieu de quoi, elle se réinstalla, un peu confuse ceci dit, sur sa chaise, et entama le bol de fruits qui était posé sur le table.
Une framboise s’écrasa entre ses doigts, et après un instant à se remettre la tête à l’endroit, elle finit par dire avec taquinerie, le regard d’abord fixé sur sa framboise, puis qu’elle fit dévier sur Edge avec le genre d’expression qu’elle revêtait quand elle s’apprêtait à être insultante "T’as du succès auprès des petites mamies dis-moi…" Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase que la sienne, de mamie, se tourna vers la table, les mains sur ses hanches de femme d’un certain âge — bien en chair, pas moins bien faites "Il doit avoir du succès auprès de tout le monde, regarde-moi un peu cette musculature de rêve. Je suis à deux doigts de sortir mon mètre pour prendre ses mensurations." Gênant. Elle posa un doigt sur le centre de sa bouche, la moue pensive alors que ses yeux furetèrent la silhouette assise du jeune homme "Ça doit être un challenge à habiller, tous ces nerfs tendus et ses courbes fermes, mais rien n’a jamais été impossible pour moi. Je suis Ava Carter." Elle était vraiment elle, elle reflétait même un peu l’image de sa petite-fille sous cet angle, c’était époustouflant. Un sourire presque émerveillé se dessina sur le visage de Jo quand elle informa Edge de ce que ça voulait dire vraiment, peut-être même qu’elle voulait le rassurer quant à l’éventualité que sa grand-mère ne soit une fétichiste du mètre ruban, et pendant ce temps, Ava se flanqua derrière lui pour poser ses deux mains sur ses épaules robustes "Nana était costumière à Broadway. Elle a pas dû souvent en rencontrer des comme toi, ils sont tout freluquets là-bas." Cette phrase en particulier eu le don de faire rire Ava qui lâcha les épaules d’Edge seulement pour cesser le sifflement de la bouilloire sur le feu.

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Oui, on en en apprend beaucoup sur une personne en rentrant chez eux, ou, dans le cas de Josephine, en s'invitant chez eux, cependant, tu sais que tu vas devoir garder tes questions pour plus tard. Ou alors un autre jour. Un exercice difficile à faire car tu as toujours été de nature curieuse, toujours, c'est bien pour cela que tu es rentré dans les forces de l'ordre après tout et même la photographie, tu as toujours été encouragé par Tamara à poser tes propres questions, prendre tes propres clichés et les analyser sur ton temps libre histoire d'avoir des réponses. Ou dans ton cas : encore plus de questions. Cependant, tu ne prends pas les mises en gardes de Jo à la légère et tu gardes un œil sur la grand-mère de Josephine quand tu finis par t'installer, jetant un regard insistant à Jo quand elle te frappe sous la table, comme pour te rappeler à l'ordre. Tu sais te tenir même si la jeune fille en doute... okay, tu ne lui as pas encore donné des preuves de cette affirmation-là, mais ce n'est qu'une question de temps, tu le sais. Aussi, tu as un autre sourire quand sa grand-mère te propose du café, répondant un : "Oui, s'il vous plaît." et dans une autre situation, tu aurais proposé ton aide, mais tu fréquentes suffisamment de mères, la tienne d'abord, celle de Yasmine ensuite, pour savoir que la cuisine n'est pas vraiment ton territoire et que tu devrais juste t'asseoir et demander poliment ce que tu veux.
Et non, ce n'est pas une observation sexiste, tu as été élevée par une femme célibataire et si quelqu'un essaye de faire ce genre de remarques devant toi, il se prend bien plus qu'un coup dans le tibia, c'est juste quelque chose propre aux mères, tu le sais. Non, tu parles d'autre chose... de cette énergie pour s'occuper de tout le monde, peu importe le reste, et cela commence généralement par un estomac bien rempli, tu ne vas pas t'en plaindre, ni refuser une telle offre. Elle insiste, tellement que même Jo doit aussi rester assise et ton regard croise celui de Jo, qui a sûrement une remarque déplacée pour toi, tu le sais, tu peux le lire dans son regard. Ce n'est pas le cas, et ne perdant pas du tout le nord, tu répliques aussitôt un : "Correction, j'ai du succès avec t..." Tu n'as pas le temps de finir ta phrase, on le fait pour toi. Et autant dire que tu as un sourire rayonnant sur le visage l'instant suivant, parce qu'Ava finit le reste de ta phrase, et si Jo croit que tu es sur le point d'oublier ce moment et de ne pas le lui rappeler quotidiennement... elle se trompe. Elle va même regretter de t'avoir donné son numéro de téléphone, maintenant que tu y songes.
"Hmm, je n'essaye pas vraiment de m'habiller, ma mère aime bien dire pendant les repas de famille que je suis allergique aux vêtements, et visiblement ça ne date pas d'hier, elle a des albums photos entiers pour le prouver." Certainement pas quelque chose à dire en présence de Jo, mais tu connais suffisamment ta mère pour savoir qu'elle est capable de partager ce genre de photos avec n'importe qui. Oui vraiment, n'importe qui, Tamara est aussi fière qu'Ava parfois, souvent même, et étant enfant unique, tu as eu le droit à toutes les marques d'affection possibles et toute l'attention de ta mère. Ce qui explique certainement beaucoup de choses sur ta propre personnalité, toi, tu préfères ne pas te pencher sur tout ça et dire que tu as eu et que tu as la meilleure mère du monde. Qui serait ravie de rencontrer Ava comme Jo d'ailleurs, peut-être un jour, pour le moment tu écoutes Jo te donner quelques précisions sur la vie de sa grand-mère et si ta curiosité était piquée avant, c'est encore plus le cas maintenant. "Oh costumière à Broadway, vous devez avoir des tas d'histoires à raconter, du genre à faire de très bon films ... qui gagnent des oscars." Tu serais bien incapable de devinver l'âge d'Ava mais une chose est certaine : elle a eu une vie bien remplie, et c'est un récit que tu adorerais entendre. Oui, pas vraiment une surprise quand on sait que tu es bien incapable de lire de la fiction, cela t'ennuie au plus au point et tu trouves toujours beaucoup de défauts aux personnages, et tu es bien souvent incapable de comprendre leurs motivations, non en général tes lectures se composent d'épaisses d'auto ou de simples biographies. Parce que tu trouves cela fascinant, pouvoir lire toute la vie de quelqu'un, toutes les erreurs, tous les moments de doutes et bien entendu, tous les succès pour pouvoir en dresser un bilan à la fin et voir qui réussit à mieux laisser sa marque que les autres.
"Mon métier n'est malheureusement pas aussi intéressant que le vôtre, je suis photographe, si vous lisez le Brisbane Times vous avez déjà dû voir certains de mes clichés." Tu en livres un peu plus sur toi, pas certain d'avoir déjà dit quoi que ce soit de personnel à Jo... en dehors de Yasmine bien entendu. "C'est sympa et posé comme métier, ça m'évite de faire des bêtises, et tout le monde est content."

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Une grimace plus tard, et puis Jo murmura plus pour elle-même que pour la cantonade "Ew, je veux pas voir ça." Les photos d’Edge en tenue d’Adam, trop peu pour elle. C’était déjà une épreuve de le voir se pavaner avec les muscles bandés à s’en faire péter les vaisseaux, elle refusait d’être confrontée à la vue de son petit oiseau libéré de sa cage, et puis quoi encore. Nana, en revanche, paraissait intéressée par l’éventualité de voir ce genre de clichés, encore qu’elle ne donna pas son avis sur le sujet, elle lui souriait cependant avec beaucoup trop d’entrain pour que sa petite-fille ne sache pas qu’ici, elle était en train de vivre sa meilleure vie. Les mains qu’elle avait posées sur les épaules massives du jeune homme paraissait lisses sous cet éclairage, dépourvues des taches et des veines saillantes qu’elle voyait se dessiner habituellement, et quand elle les récupéra pour retourner devant les fourneaux, Jo cligna des yeux avec béatitude.
Elle en avait eu plusieurs, Ava, des vies. Son parcours était incroyable, et Edge n’avait pas tort quand il disait qu’entendre des récits de sa bouche, ça reviendrait à faire une plongée dans un film en temps réel. C’était probablement pour ça que c’était aussi difficile pour la chanteuse de voir sa mémoire se détériorer au fur et à mesure que les jours filaient. Elle avait toujours adoré l’entendre raconter des histoires, au point qu’elles avaient tenues une correspondance pendant des années, à défaut de pouvoir se voir souvent quand Ava vivait encore aux Etats-Unis. La précision de ses récits, c’était sa force, et le bagout qu’elle y mettait, ça permettait à quiconque de se projeter dans l’univers qui l’avait vu évoluer durant bien des années, et qui avait tant fait rêver Josephine. Elle était devenue américaine avec le temps, Ava. Pas dans le sens où elle était devenue puritaine, c’était même le contraire, et ça paraissait surprenant de la part d’une femme de cet âge ; plutôt dans le sens où elle avait le sens du spectacle, et qu’elle savait intéresser un auditoire rien qu’en se lançant dans l’exposé de ses grandes aventures avec des vedettes dont elle connaissait tout — jusqu’à leur taille de sous-vêtements.

Ça faisait du bien de la voir interagir normalement avec quelqu’un, et bien qu’elle ne disait trop rien sur le moment, jetant des regards à Edge qui semblait se complaire dans l’ambiance de la cuisine dans laquelle il avait été invité de bon grés, petit prince accueillit chaleureusement par au moins l’une de ses hôtes, elle se demanda en secret ce qu’il pouvait bien avoir pour avoir le privilège de faire la rencontre de la Ava qu’elle, elle avait toujours connue. Ça ne pouvait pas être qu’à cause de ses mensurations, il devait avoir quelque chose en lui qui stimulait cette chose défaillante avec laquelle elle bataillait depuis trop longtemps maintenant. Et dans un sens, ça la rendait un peu jalouse, qu’il soit capable de provoquer quelque chose en elle rien qu’en lui disant bonjour, alors qu’elle, elle passait son temps à vouloir essayer sans jamais y parvenir vraiment.
Mais elle décida de ne pas lui en tenir rigueur, et de profiter de l’instant, au lieu de se braquer en lui crachant sa framboise à la gueule "T’es photographe pour de vrai ?" s’intéressa-t-elle un moment, ne se souvenant pas qu’ils avaient déjà échangé sur sa vie personnelle en dehors du béguin qu’il avait pour sa copine du moment "Je te vois pas photographe. Je te vois plus… je sais pas, membre d’un boys-band, ou strip-teaseur à Vegas." Sinon, vivre dans les stéréotypes, c’est agréable, Josephine ? Elle croisa ses avant-bras sur le bord de la table, affaissant ses épaules quand elle continua sur sa lancée, l’observant avec un jugement visible sur son visage démaquillé "T’es bon au point d’être publié dans le journal de la ville ? Tu m’en bouches un coin, moi qui pensais que t’étais bon qu’à soulever des trucs et qu’à flexer." Elle lui renvoya une grimace taquine au moment où Ava intervenait "J’aimerais voir votre travail, jeune homme. Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas été prise en photos par un professionnel…" Elle laissa traîner la fin de sa phrase, soupirant avec dramaturgie en sachant très bien qu’à un moment où un autre, surtout après qu’elle se soit mise à battre des cils, s’installant avec le duo à la table du petit-déjeuner, que le jeune homme finirait par se proposer pour vaquer à cette tache en particulier. Josephine la regarda, et explosa de rire, la bousculant d’une main qu’elle avait tendue pour lui caresser le visage "Regarde-là, la diva est de retour. Et après on se demande comment j’ai pu devenir celle que je suis aujourd’hui, mais il suffit de s’arrêter sur mes modèles pour comprendre." Elle aussi, elle paraissait un peu différente sur le coup — comme soulagée, le visage tellement détendue qu’elle faisait son âge pour une fois. Elle retourna ses yeux brillants vers Edge "Je crois que t’es sur le point de recruter un nouveau modèle." Ava leva un doigt dans l’espace qui la séparait de sa petite-fille et la corrigea avec aplomb "De recruter LE modèle, ma chérie." Le meilleur qu’il aurait jamais, c’était une certitude. Jo fit changer l’expression qu’elle avait sur le visage, une expression qui disait oh, bien sûr, bien sûr qu’elle finit par partager avec Edge, la tête penchée sur le côté, témoin privilégié de la dynamique entre la grand-mère et sa petite-fille.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Jo Carter

Le sourire que tu as sur le visage ne risque pas de partir, et pour cause, Ava et Jo sont de très bonne compagnie, et si en plus elles lancent des compliments dans ta direction... tu risques de ne plus jamais partir, c'est certain. Mais ce n'est pas que les compliments qui font pencher la balance en faveur des deux Carter, pas que, si tu n'es pas très doué pour les grands discours, tu as un talent assez particulier pour lire les gens. Ou du moins déterminer si tu vas t'entendre avec eux ou pas et si tu dois perdre ton temps à te justifier et expliquer chacune de tes actions. Et Jo a beau t'envoyer des piques toutes les cinq secondes, tu l'as compris dès votre première rencontre, vous êtes similaires sur bien des points et vous êtes faites pour bien vous entendre, ou faire semblant de vous chamailler comme si... eh bien comme si vous faisiez partie de la même famille en réalité. C'est sûrement à cause de vos ego surdimensionnés, ou la vérité que vous n'hésitez pas à dire et ce même si cela risque d'en blesser ou vexer plus que d'un, on t'a déjà qualifié d'un peu trop brusque par le passé... Donc oui, Jo et toi, vous étiez fait pour vous entendre, et cela, il ne t'a suffi que d'une simple conversation pour le comprendre. Vous êtes bien loin de la salle bondée de l'Electric Playground, très loin, et pourtant, il émane plus de chaleur dans cette cuisine que dans le club, et un seul coup d'œil et tu peux très bien imaginer les deux femmes ici, souvent: Jo qui essaye de persuader Ava de la laisser aider et Ava derrière les fourneaux. Ou Jo qui s'occupe de sa grand-mère, au quotidien, ou Ava en train de conseiller la jeune fille...
Une maison où on en a envie de revenir et ce pour toutes les bonnes raisons. Tu interromps sûrement un rituel mais tu es accueilli et très bien et tu laisses échapper un léger rire quand tu entends Jo te demande si tu es vraiment photographe. Est-ce que cela parait si inconcevable que cela ? Elle t'imaginait quoi... coach dans une salle de sport ?
"Oui, j'ai un métier, un vrai métier de grand, ça aide à payer les factures." que tu marmonnes simplement et tu rigoles vraiment l'instant d'après, quand Jo explicite encore plus sa pensée. Tu n'ajoutes pas que tu aurais fait un très bon strip-teaseur, si si, le meilleur de tout le lot, pas devant sa grand-mère en tout cas et tu te contentes d'hocher la tête."Déjà, l'un n'empêche pas l'autre Josephine et ensuite..." Et ensuite, depuis le temps, Jo devrait bien savoir que tu es plein de surprises. Et qu'elle ne devrait pas juste se fier à ton physique, quoi que, elle n'est pas la première à se laisser avoir par tes larges épaules et pas la dernière. Et oui, tu risques bien de la taquiner, plus tard, parce qu'elle t'a imaginé strip-teaseur. (Did you think about me semi-naked? Tsss... oui, ce sera une très bonne réplique pour plus tard, quand Jo sera de nouveau en train de de t'embêter, comme elle si bien le faire.) Tu te tournes vers Ava l'instant d'après, plus que prêt à partager tes clichés avec un nouveau public, tu ne pourrais pas faire ton métier si ce n'était pas le cas ou que tu craignais les critiques. Oui, la transition entre la technique judiciaire et un des journaux populaires de la ville a été des plus étranges, mais tu t'es très vite adapté et tu dois avouer que tu aimes beaucoup la nouvelle liberté acquise au sein du Brisbane Times.
"Je n'habite pas très loin, à quelques rues d'ici d'ailleurs, pas sûr que Jo l'ai mentionné mais oui, je repasserais définitivement avec un album photo ou deux. Okay... trois ou quatre, mais je suis doué." C'est quelque chose que tu peux dire fièrement oui, car il t'a fallu bosser dur pour transformer ce simple hobby en un métier solide et une véritable carrière, hors de question de retourner en arrière maintenant, et si tu étais un peu incertain en quittant les rangs de la police, tu es très bien là où tu te trouves et plus que jamais oui, tu as trouvé ta voie. "Les gens attendent souvent une occasion spéciale pour prendre des photos, définitivement pas chez moi et pas dans ma famille, donc... je vais être obligé de vous recruter comme modèle." Que tu assures à Ava, ton sourire s'agrandissant de secondes en secondes, tu peux te déplacer avec tout ton matériel, il ne te faudra qu'un seul aller-retour pour t'installer ici, dans la cuisine ou dans le salon si elle préfère, oui l'idée te plait assez pour le noter dans un coin de ta tête. "Oui, obligé, et toi aussi, si tu es partante bien entendu."
Tu te tournes de nouveau vers Josephine, tu te doutes qu'elle voudrait te superviser et s'assurer du bien-être de son ainée, chose que tu peux tout à fait comprendre. "Faut bien que tu constates à quel point je suis doué dans tous les domaines...  Et je viendrais avec un t-shirt, définitivement un t-shirt." Tu ponctues ta phrase par un léger clin d'œil. "Il faut bien profiter du fait que nous soyons voisins après tout..."

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crédits gif/ (ssoveia) ✰ w/ @Edge Price

Il s’imaginait sans doute que ça, là, c’était leur routine. Que tous les matins, la grand-mère et la petite-fille se retrouvaient autour de la table du petit-déjeuner à se raconter les derniers potins du quartier et à bavasser sur des banalités en sirotant du bon café. Qu’Ava prenait le temps de se répandre en conseils et en mises en garde que Jo gardait dans un coin de sa tête pour mieux avancer dans la vie sans se vautrer lamentablement comme elle l’avait déjà fait, en bon électron libre irraisonné qu’elle était. Que le lien qu’elles avaient, il prenait racine dans ce rituel en particulier, et que c’était leur moment à elles. Il se plantait. Et pas qu’un peu.
Lorsqu’elle le voyait sourire, assit à leur table, arborant toute l’aisance qu’ils avaient en commun pour mieux faire bonne impression sur la vieille femme, elle avait envie de le lui faire ravaler violemment en lui hurlant qu’il devrait avoir plus d’égard pour l’éclair de lucidité de sa grand-mère. C’était ce qui se passait à ce moment-là, il ne s’agissait que d’un hasard opportun, un bug dans la matrice de la maladie à la con de laquelle elle avait été frappée sans crier gare. D’habitude, tout ne se passait pas comme maintenant. Bien souvent, Nana mettait plusieurs longues minutes à s’habiller avant de se demander Diable où pouvait bien se trouver la cuisine et encore, quand elle se rappelait qu’il fallait qu’elle grignote quelque chose avant de vaquer à sa constante échappée vers le monde abstrait qui la rendait trop silencieuse, égarée dans ses propres songes désordonnés, à se demander comment faire. Josephine n’y allait pas de mains mortes quand il s’agissait de se lancer des fleurs, mais bizarrement, quand il s’agissait de mettre en exergue le rôle essentiel qu’elle avait dans le quotidien de sa grand-mère, elle devenait modeste. Ava ne faisait rien seule. C’était sa petite-fille qui l’aidait à faire tout ça ; à trouver l’ouverture du col de sa robe pour qu’elle y passe la tête sans finir débraillée à la fin parce qu’elle ne savait plus comment on faisait vraiment, se perdant entre l’avant et l’arrière, et tous ces boutons qu’il fallait associer ; c’était aussi elle qui lui montrait dans quelle direction il fallait aller pour trouver la cuisine, elle qui se mettait aux fourneaux pour lui préparer ce qui lui paraissait le plus appétissant à avaler… entre toute autre chose, moins évidentes à déclamer tant ça paraissait gênant de s’imaginer tout ce qu’elle acceptait de faire pour faciliter la vie de sa grand-mère.
Edge ne le savait pas, comme la plupart des membres de leur entourage réduit par la volonté de Jo à ne pas briser l’image que sa grand-mère avait toujours renvoyé, et tandis qu’il s’épanchait sur son boulot et sur son talent pour ce dernier, elle avait envie d’évacuer tout le dégoût que lui inspirait la certitude qu’il semblait avoir que, si elle avait dit à sa grand-mère qui il était, où il vivait, elle s’en souviendrait. Dans tes putains de rêves, Denzel, qu’elle songea avec amertume, baissant le regard sur sa tasse de thé dans laquelle elle se noya un instant juste pour y trouver un peu d’objectivité et comprendre que ça ne la soulagerait pas de se montrer injuste avec lui sous le prétexte qu’il avait l’honneur de côtoyer une Nana pleine de lucidité.

"J’avais l’habitude de poser nue pour mon époux. Il n’était pas un grand photographe, mais c’était un merveilleux amateur qui m’a  redonnée confiance en moi et qui m’a rendue jolie, surtout après mes grossesses." Les yeux de Josephine remontèrent brusquement à la surface, grossissant à vue d’œil quand, les traits froissés par cette révélation en particulier, et la main se levant devant son nez comme si elle s’apprêtait à écraser le bouton d’arrêt d’urgence, elle lança à personne en particulier, et avec un léger décalage entre son expression et le son qui sortit enfin de sa bouche après quelques secondes "Quoi ?" Ava se mit à rire avant de se pencher vers Edge et de lui dire, la bouche cachée derrière sa main pour partager un secret de polichinelle avec lui "Elle pense sans doute que j’ai eu trois enfants par l’opération du Saint-Esprit. Les jeunes, ça se prétend ouverts d’esprit, mais ça frissonne à l’éventualité que leurs aînés aient pu avoir une vie sexuelle. J’en ai eu une, belle et épanouie." What. The. Fucking. Fuck. "OK." que claironna Jo en se levant d’une poussée bruyante de sa chaise. Raclant le sol dans son mouvement précipité, elle faillit tomber  avant qu’elle ne la retienne en la contournant "Nana, tu veux bien nous laisser un instant ? Je crois que c’est l’heure d’aller te rafraîchir un peu de toute façon." Elle ne donna pas la raison de cette incitation à aller voir ailleurs, mais elles avaient un rendez-vous important à l’hôpital dans l’après-midi. Ava échangea un nouveau regard avec Edge, et se leva avec une nonchalance que Jo savait surjouée — et qui termina par un baiser que la vieille femme déposa sur la joue du jeune homme, puis par un petit signe de la main qui lui donnait des airs de jeune effarouchée. Tu. Parles.
Josephine attendit qu’elle disparaisse de la cuisine, flanquée derrière sa propre chaise qu’elle tenait par le dossier. La bouche tordue dans une grimace, elle reposa son regard sur Edge "Arrête de draguer ma grand-mère." qu’elle lui redit une nouvelle fois "J’en reviens pas de ta technique à la con, oui j’ai besoin de modèle, oui je suis un grand photographe, oui mes pecs sont assez gros pour appuyer sur un bouton et faire des photos, puisse fonctionner avec elle. C’est comme ça que t’as levé ta meuf ? Elle a des standards à revoir parce que c’est pathétique." Son index se leva brusquement dans l’espace qui la séparait quand, s’approchant de nouveau de la table, elle le lui planta à distance entre les deux yeux  — pas besoin de le toucher pour paraître menaçante, elle n’avait qu’à proférer des fulminations en javanais pour qu’il fasse dans son froc, elle en était persuadée "Pense même pas une seule seconde que tu vas prendre des photos d’elle à poil, t’as entendu ? Même pour un putain de projet artistique et woke sur l’effet du temps sur le corps des vieux, j’en ai rien à foutre." Ses yeux se levèrent pour marquer son point, mais son visage se radoucit quand, en penchant la tête sur le côté, elle ajouta avec un calme curieux venant d’elle ; son doigt resta dressé entre eux cependant "Mais ça a l’air de lui faire plaisir de se faire prendre en photos par quelqu’un qui sait y faire, alors pourquoi pas…" Son doigt reprit de l’aplomb, au garde à vous, pendant qu’elle chuchotait avec une agressivité relative dans le ton, et le corps courbé au-dessus de la table du petit-déjeuner "Mais je supervise de A à Z, je te préviens !"

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crédit/(ssoveia) ✰ w/@Jo Carter

Ava est fascinante, pas de doute là-dessus, et tu sais déjà que tu pourrais passer tout un après-midi ici, à boire du café, ou même du thé (une habitude que Yasmine a commencé à partager avec toi) et à lui poser des questions sur tel ou tel événement. Tu ne t'ennuierais pas non, ce sont souvent les films ou les conversations futiles qui t'ennuient en réalité ou quand les gens tentent de se rendre intéressant alors qu'ils ne le sont pas. C'est souvent très facile à identifier, entre les récits grandiloquents qui ne font aucun sens ou même les dates qui ne s'alignent pas, tu ne fréquentes plus ce type de personne depuis longtemps, n'ayant pas la patience pour le faire dans le fond et les trouvant bien ridicules. Il n'y a pas de cela avec Ava, tu le sais, tu peux le sentir, non seulement elle a la prestance, mais elle a les bonnes anecdotes et tu sais qu'elle aurait de quoi te surprendre, te faire rire et même t'émouvoir. Ou, de quoi passer une bonne après-midi en somme, et ce malgré la mise en garde de sa petite fille, non, elle est pleine de vie Ava, c'est assez admirable même et tu espères avoir la même force qu'elle quand tu auras atteint un aussi grand âge, et que tu seras toujours en mesure d'accueillir des nouvelles personnes dans ta vie. Parce que c'est comme cela que devraient être les grands-parents, non ? Bienveillants et pleins de conseils ? C'est ce que tu supposes, tu n'as absolument aucune expérience en la matière, tu ne fréquentes pas tes grands-parents, ceux de ton père n'ont jamais fait partie de ta vie, comme cette dernière, et les parents de Tamara... tu as eu le droit à quelques sourires polis dans ton enfance et ton adolescence, avant que ces rencontres-là ne deviennent que des souvenirs et même des mauvais souvenirs.
Tamara a beau t'avoir assuré que tu n'étais pas la cause de cette séparation brutale, avec le recul, tu sais que ta mère t'a menti, sciemment, pour t'épargner les déceptions dans un sens et pour t'enlever un poids de tes épaules de l'autre... Donc ce genre de moment t'ont manqué et tu te dis que Jo a de la chance d'être aussi proche de sa grand-mère. "Oh." Que tu lâches quand Ava reprend la parole, en révélant un peu plus. Peut-être un peu trop franche, cependant, tu ris bien avec ta tasse de café à quelques centimètres de tes lèvres, tu es même obligé de la poser pour ne pas renverser du café sur le comptoir, tandis que Jo semble toute aussi surprise que toi. Ava marque un point cependant, les enfants cela vient bien de quelque part et vu son âge, et celui de Josephine, elle doit avoir plus d'expérience en la matière que la jeune femme. Tu le penses, okay, tu le penses très fort, tu ne le dis pas à voix haute, te contentant juste d'hocher la tête et de te dire que l'époux d'Ava a eu la bonne idée. Après tout, ce n'est pas comme si Yasmine et toi vous ne vous étiez pas retrouvés dans une situation similaire plusieurs fois, car tu as beau dire et répéter à la brune qu'elle est la plus belle femme du monde à tes yeux, elle a beaucoup du mal à te croire. Chose que tu prends personnellement et parfois, souvent même, c'est ta mission de rappeler et de montrer à l'infirmière ce qu'elle vaut, et les photos aident, beaucoup. Même si officiellement, ces photos-là de Yasmine n'existent pas... Tu es tiré de tes pensées par la sortie plus que remarquée d'Ava, à qui tu adresses un sourire ainsi qu'un petit signe de la main, parce que oui vraiment, c'est Josephine la plus rabat-joie... Et tu comptes les secondes, dans ta tête, jusqu'à ce que Ava disparaisse vraiment, pas vraiment surpris quand Jo t'attaque une nouvelle fois, tu t'y attendais à dire vrai et tu lances un clin d'œil à la brune avant de répondre.  
"Hmm ...  Tu as des yeux ? Non parce que je crois que tu devrais dire à ta grand-mère d'arrêter de me draguer, je suis pris quand même..." Ta phrase est ponctuée d'un soupir dramatique, parce que tu n'es pas connu pour aimer l'attention, bien sûr que non et tu roules des yeux aux prochains mots de Jo, pas du tout impressionné par son ton autoritaire. Cela doit bien marcher avec certaines personnes, décidément pas avec toi et tu as plus envie de lui suggérer de descendre de son piédestal et de finir sa tasse de thé, histoire de se détendre. "Les standards de Yasmine sont absolument impeccables, déjà, ensuite..." Tu lèves ton index devant toi, signe plus que clair que tu ne l'écoutes déjà plus et tu vides ta tasse d'une traite, plus que content de la qualité du café. Tu reposes la tasse vide, enfin prêt à faire face à toute l'énergie de la jeune femme, cette dernière clairement prête à déplacer des montagnes pour sa grand-mère. "Je ne vais pas te dire tous mes secrets quand même, surtout pas après juste UN café." Cependant, même toi, tu conçois que la situation est bizarre, on est loin de toi en train de jouer les chauffeurs pour la diva en face de toi ou Jo ouvertement en train de se moquer de Yasmine ou de ta voiture de frimeur. "Jo, détends-toi, sérieusement, tu crois que je vais revenir ici sans ta permission explicite ? Et ce même si je n'habite qu'à quelques rues ? Non, tu seras là, bien entendu que tu seras là." Si elle veut te claquer la porte au nez, grand bien lui fasse, elle ne sera pas la première à le faire... Il parait que ça aide.
"Je suppose qu'elle ne fait rien sans toi ?" Tu parles d'Ava, tu réalises l'instant suivant que tu viens de dépasser une limite et qu'elle ne te doit pas de réponses, elle ne te doit rien, aussi, tu te relèves, toujours un sourire sur le visage. "Tu n'es pas obligée de répondre mais ... l'idée a eu l'air de lui faire plaisir, donc je repasserais... avec tout ce qu'il faut pour satisfaire ta grand-mère." Et non, tu es incapable de résister à l'idée de faire une blague pareille, tu restes toi après tout. "J'ai des trucs à soulever donc, je ne vous embête pas plus..."

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{let's get physical}
crédits gif/ (ssoveia) ✰ w/ @Edge Price

Peut-être que voir Edge aussi sûr de lui et de l’effet qu’il provoquait chez sa grand-mère, ça la forcerait à descendre d’un étage et à se montrer moins présomptueuse dans le futur. Qu’est-ce que c’était énervant de se retrouver face à quelqu’un qui ne doutait de rien. Dans vos rêves, sans doute, elle ne comptait pas devenir affable sous le prétexte que ça lui faisait mal au cul de voir l’autre bodybuildé de service faire du gringue à sa grand-mère. Mais franchement, elle le détestait à ce moment-là. C’était de la jalousie pure, absolument pas dirigée vers les qualités physiques qu’il avait puisqu’elle n’aspirait pas à devenir un stéréotype de beau mec qui passe son temps à la salle, trop peu pour elle, merci bien. C’était plutôt ce qu’il avait en lui, et qui avait déclenché cet éclair de lucidité chez Nana, qui la mettait en rogne de façon assez irrationnelle. Ce n’était même pas quelqu’un de bien, merde. Il sifflait des verres comme les agents de gare sifflaient l’arrivée des trains, et il se la racontait autant qu’il pouvait se le permettre en croyant que ça faisait de lui un gravure de mode de se balader la chemise trop petite et ouverte sur des falzars destroy qui dataient d’il y avait quinze saisons déjà ; sans parler de ses mœurs et de sa propension à arrêter son attention sur des nanas à la limite du stéréotype elles aussi, et qui étaient trop connes pour croire que c’était une bonne idée d’attendre quelque chose d’autre qu’un coup de reins de la part de quelqu’un comme lui. Elle se foutait ds standards de sa copine une fois sur deux, mais elle refusait de mettre Ava dans le même panier que cette cruche incapable de toute dignité envers elle-même. Pourtant, sa grand-mère ne semblait définitivement pas insensible à son charme, et ça lui en bouchait un coin tel qu’elle sentit ses joues se colorer quand elle lui fit son petit laïus, un doigt pointé dans sa direction.

"Je m’en fous de tes petits secrets, et t’espères quoi d’autres à part un café ? J’écarte pas les jambes à la seconde où tu passes une porte du naze, j’ai de l’amour-propre, moi." Ah ça, elle en avait à revendre, et ce n’était sûrement pas à lui qu’elle ferait la leçon sur l’importance de s’accorder autant de valeur. Elle fronça les sourcils, paraissant toujours aussi énervée par la manière dont il lui répondait, et devenant presque l’illustration parfaite des petits-sœurs ronchonnes des sitcoms des années 80. Une Lisa Bonet du pauvre, avec un langage châtier et un caractère de merde, elle ferait fureur si seulement elle se donnait la peine de ne pas croire qu’on viendrait la chercher un jour où l’autre. Elle se redressa, glissant sa chaise sous la table de la cuisine en ne quittant pas du regard le visage d’Edge qui terminait son café comme un on termine un shot de tequila ; la tête en arrière, le coude levé, la manche essuyant les saloperies faites avec la satisfaction de sentir les effets immédiats du breuvage. Connard, connard, connard qu’elle pensa quand il affirma ce qu’il avait compris en lui demandant si Ava ne faisait rien sans elle et se rattrapant tout de suite en lui disant qu’elle n’était pas obligée de répondre. Elle ne lui ferait pas ce plaisir, et puis à quoi bon, de toute façon ? Il avait l’air moins con qu’il en avait l’air et s’il en était venu à cette conclusion, c’était que dans le fond, il avait saisi les tenants de la dynamique entre elle et sa grand-mère ; il était loin de s’imaginer les aboutissants du truc, mais c’était tant mieux, elle n’avait pas besoin de voir la pitié dans ses yeux.
Elle croisa les bras sur sa poitrine, serpentant de la tête en s’arrêtant sur la suite de sa phrase avec une minutie surjouée "Tu repasseras quand je te dirais de repasser. T’es pas chez ta mère ici, tu peux pas te pointer à l’improviste sous le prétexte que ma grand-mère à eu le coup de foudre pour tes biscotos." Un moyen comme un autre de reprendre le contrôle de la situation. Il se plierait à ses règles, point barre, et tandis qu’elle affrontait son regard avec la détermination d’une petite brute de cours de récré, elle suivit le mouvement qu’il fit pour se lever et acquiesça à son annonce de départ qu’elle accueillit simplement en toupillant sur ses pieds et en lui tournant le dos, prenant le chemin de l’entrée de la cuisine pour aller rejoindre Ava dans la salle de bain "Je te montre pas par où est la sortie, t’es un grand garçon." qu’elle lui rétorqua sans s’émouvoir de trait d’esprit qu’il fit en s’en allant la tête haute, comme la putain de mauvaise perdante qu’elle était.

rp terminé.