Aux côtés de Blake, elle veille sur lui d’une façon parfaitement inattendue. Ce matin encore, elle aurait été incapable d’anticiper le retrouver, et elle l’aurait été plus encore d’anticiper venir à son secours d’une quelconque façon. « T'aurais pu me laisser me débrouiller tout seul, tout à l'heure, mais tu l'as pas fait. Et je sais que t'aurais eu de bonnes raisons de pas te soucier de mon sort, alors... merci. » Elle l’observe un instant sans rien dire, d’un air bien plus sérieux qu’elle n’avait jusque là jamais arboré. Après ce silence, Charlie finit par hocher la tête avec un certain sérieux, consciente qu’il n’est pas le genre de personne à distribuer ses remerciements à tout va. “T’aurais sûrement fait la même.” Elle l’espère, du moins, parce que de son côté elle n’a pas hésité un seul instant avant de faire son possible pour lui venir en aide. Sans doute apprécierait-elle que le contraire soit tout aussi vrai, ou un minimum du moins. « Ça va me coûter combien d'acheter ton silence, après ça ? » Elle s’amuse un peu plus facilement de cette répartie, son sourire grandissant instantanément après ces quelques mots. “Oh, t’as pas idée.” Autant dire ‘rien du tout’ tant elle n’a aucune intention de rapporter les événements de cette journée à quiconque, pas même Stella. Elle serait en droit de savoir, mais Charlie pense surtout qu’elle se porte mieux sans la moindre nouvelle de Blake.

Leur discussion est entrecoupée par la visite d’un instructeur qui leur annonce que l’épreuve est allongée pour eux, pour laisser à Blake le temps de reprendre des forces mais aussi pour leur laisser leur chance. Soulagée, elle le remercie de sa précision, avant de reposer son attention sur le garçon lorsqu’ils se retrouvent à nouveau seuls. “Je te déteste par principe, tu sais.” Et il n’y a pas besoin de préciser pourquoi: tout ce qu’il a pu faire et qui a blessé Stella est une raison supplémentaire de le détester. Absolument tout. “Mais je pense que dans une autre vie, on aurait pu s’entendre.” Leurs caractères ne sont peut-être pas particulièrement semblables mais ils sont animés par les mêmes convictions, autant que l’indécrottable envie d’avoir le dernier mot, peu importe la situation. Puisqu’ils sont voués à rester plusieurs heures dans cette pièce, elle souhaitait au moins le lui dire. “T’as pas mal, au moins ? Je peux toujours appeler un médecin pour qu’il te donne un médicament si c’est le cas.” Il est le blessé dont elle prend soin malgré elle, mais elle refuse de faillir à la tâche. Ils termineront cette épreuve ensemble, qu’il le veuille ou non.

you're nothing but gasoline.

@CHARLIE FAWCETT & BLAKE

Les choses revenaient lentement à la normale et les médecins semblaient tous d'accord pour dire qu'il ne craignait plus rien, et ça grâce à Charlie. Charlie qui n'avait pas hésité une seconde à intervenir et à le conduire auprès de l'équipe médicale, elle qui aurait pu saisir l'occasion pour se débarrasser de lui en toute discrétion. “T’aurais sûrement fait la même.” Et même s'il aurait fermement défendu l'idée inverse quelques minutes plus tôt cette fois Blake fut forcé d'acquiescer. « J'aurais peut être hésité trois millisecondes, mais ouais, j'aurais sûrement fait la même. » Parce que quoi qu'il en dise, lui n'avait toujours montré les crocs que pour riposter face à son mépris, n'ayant rien contre elle au départ. Charlie l'avait aidé malgré toute l'animosité qu'il lui inspirait, il y avait fort à parier pour qu'il ait été capable de mettre leurs différends de coté lui aussi. “Oh, t’as pas idée.” Au moins l'atmosphère se voulait un peu plus légère maintenant que la menace de cette morsure vénéneuse ne planait plus au-dessus de leurs têtes.

“Je te déteste par principe, tu sais.” Il savait, oui, et il comprenait. Charlie avait de bonnes raisons de lui tenir rigueur de ce qui s'était passé avec Stella, après que son article ait non seulement brisé sa cousine mais aussi éclaboussé leur famille. Il l'oubliait parfois, mais la jeune femme aussi était un dommage collatéral des décisions qu'il avait pu prendre. “Mais je pense que dans une autre vie, on aurait pu s’entendre.” - « Dans une autre vie, je pense que je t'aurais trouvé plutôt cool. » Il acquiesça, ses lèvres prenant la peine d'étirer un fin sourire amusé, parce que Charlie était sacrément badass dans son genre et que ça l'aurait fasciné si les circonstances avaient été différentes. En fait, il l'appréciait assez du temps où son plus gros problème consistait à se faire accepter de cette famille d'un milieu très différent du sien, à trouver sa place dans un tableau où les types comme lui étaient rarement les bienvenus. « J'essaie de rattraper mes conneries, tu sais. » Il souffla finalement, décidant de jouer cartes sur table à son tour. « Je sais que je ferai pas de miracle parce que le mal est fait et que j'en suis conscient, mais j'essaie. » Il essayait de ne pas faire davantage de dégâts et de ne pas faire souffrir Stella plus qu'il ne l'avait déjà fait. Il avait toujours respecté son besoin de prendre du recul et de le chasser de sa vie, mais il avait toujours su qu'ils ne pourraient pas éternellement s'éviter.

“T’as pas mal, au moins ? Je peux toujours appeler un médecin pour qu’il te donne un médicament si c’est le cas.” - « Ça va un peu mieux, je me sens juste un peu faible. D'habitude j'aurais pas tenu compte des consignes des médecins mais là je crois que j'ai intérêt à pas me relever trop vite si tu veux récupérer ton coéquipier indemne. » Et c'était le but, ici, de se remettre d’aplomb pour ne pas avoir à déclarer forfait. Il était hors de question d'abandonner, aussi bien par fierté personnelle que parce qu'il ne comptait pas la laisser se débrouiller toute seule. Ils étaient un binôme, et il comptait lui rendre la loyauté dont elle avait fait preuve envers lui. « Tu sais ce qui me donnerait un coup de boost ? Que tu nous trouves quelque chose à manger. Ici ils ont sûrement des trucs. » Peut être qu'en théorie c'était contraire aux règles mais ils voulaient autant l'un que l'autre qu'il se remette sur pied et qu'ils puissent terminer l'atelier, alors c'était un cas d'extrême nécessité. « Me regarde pas comme ça, je sais que t'es flic alors tu dois maîtriser les fouilles non ? » Un raccourci un peu facile, c'est vrai, mais tout ce qu'il disait c'est qu'elle devrait pouvoir faire preuve de discrétion.

WIN: C'était pas l'idée du siècle, mais l'endroit où on les avait installé avait l'avantage d'être quasiment désert maintenant que les médecins étaient affairés ailleurs. Une aubaine pour Charlie qui n'aurait pas de mal à jeter un coup d’œil sans se faire repérer.

SO CLOSE: C'était pas l'idée du siècle, et il faudrait choisir le bon moment pour éviter de se retrouver nez à nez avec un médecin en fouillant un placard. La plupart étaient occupés, mais certains revenaient de temps à autres à leur rencontre pour prendre des nouvelles.

FAIL: C'était pas l'idée du siècle, et Charlie devait se dire qu'il était complètement fou de proposer un tel plan alors que l'endroit grouillait de médecins et qu'il y avait toujours quelqu'un dans les parages pour surveiller son état. Une preuve de plus qu'il aimait vivre dangereusement.

« Dans une autre vie, je pense que je t'aurais trouvé plutôt cool. » Blake esquisse un sourire amusé et Charlie l’enjoint, avec une facilité qu’elle n’aurait pas cru possible il y a de ça quelques heures encore. Il y a des choses qu’elle ne pardonnera pas, c’est bien vrai, mais ce n’est pas parce qu’elle continue de lui tenir rigueur de certains sujets qu’elle est obligée de le détester à ce point. « J'essaie de rattraper mes conneries, tu sais. Je sais que je ferai pas de miracle parce que le mal est fait et que j'en suis conscient, mais j'essaie. » Elle hoche la tête. Oui, elle comprend ce qu’il veut dire, tout comme elle comprend que ce soit difficile pour lui de le faire comprendre au plus grand nombre tant son histoire et celle qui le lie à Stella est loin d’être simple. « Je disais à Stella qu’elle avait touché le jackpot au début de votre relation. Et j’aime pas avoir tort, tu le sais. » Elle ne pense plus vraiment qu’il est le jackpot, mais elle pense au moins toujours qu’il est une très bonne personne qui a fait une très grosse connerie, peu importe pourquoi il l’a faite. Il n’avait pas le droit de trahir Stella, peu importe pour quelles pseudo bonnes raisons derrière: elle aurait dû passer avant le reste. Cela n’a pas été le cas.

Pour l’heure, ils ne peuvent pas refaire le monde mais elle peut au moins s’assurer que Blake se remette de la morsure de cette fichue araignée, raison pour laquelle elle continue de veiller sur lui. Le stage de survie est le cadet de ses soucis et elle veut qu’il le sache à son tour, pour qu’il ne se sente pas coupable de quoi que ce soit: elle n’aurait rien fait de ce fichu certificat, de toute façon. « T’as intérêt à rester couché parce que t’as pas envie que je m’en assure par moi-même. » Elle ajoute, ses recommandations suivant scrupuleusement celles des médecins: hors de question qu’il se relève, et encore moins question qu’il ne reprenne l’aventure comme si de rien n’était. Ainsi, lorsqu’il émet l’idée de manger un bout, elle ne prend même pas la peine de se plaindre de la façon par laquelle il souhaite obtenir quelques barres. Un petit vol n’est pas grave. Et puis, elle le fait pour son bien et pour sa santé, rappelons le. « J’ai été une enfant difficilement gérable avant d’être flic, je peux te trouver quelques barres. » Son honneur n’en sortira pas écorché et elle ne devrait pas perdre son insigne pour autant, alors tout va bien.

Elle n’a besoin que de quelques minutes pour mettre la main sur un trésor de pacotille mais qui aura au moins pour mérite de redonner des forces au brun. Ça sort pas d’ici, compris ? Sinon je te chasse et je te tue de mes propres mains. » Elle le lui annonce avec sérieux, les yeux dans les yeux, avant d’enfin concéder de lui laisser la barre en question. Tout est une question de mesure. De juste mesure.

you're nothing but gasoline.

@CHARLIE FAWCETT & BLAKE

« Je disais à Stella qu’elle avait touché le jackpot au début de votre relation. Et j’aime pas avoir tort, tu le sais. » Ces mots, Blake ne s'attendait pas franchement à les entendre de sa bouche et dans ce contexte, encore moins après tout ce qui s'était passé et qui aurait pu suffire à ce qu'elle estime qu'il n'était plus en droit d'entendre un jour une telle chose. Forcément, ça remuait quelque chose en lui de repenser à l'époque où tout se voulait bien plus simple et où leur famille avait su lui insuffler un sentiment d'appartenance qu'il n'aurait jamais cru trouver auprès des proches de Stella, qu'à bien des égards une part de lui avait toujours considéré comme étant trop bien pour lui. La suite de l'histoire lui avait donné raison, et sans doute Charlie l'avait-elle souvent pensé elle aussi. « Je crois que je me contenterais de vous apparaître à tous comme une personne un peu moins détestable. » Il ne cocherait sans doute plus jamais la case du gendre idéal à leurs yeux, et ce ne serait déjà pas une mince affaire que de rattraper ses conneries en apaisant rien qu'un peu la situation. « Y'a du boulot, je sais. » Et peut être était-il vain d'espérer que quelque chose valait encore la peine d'être sauvé, de cette relation de confiance qui les avait longtemps uni sa famille et lui. Mais à défaut de pouvoir réécrire le passé ou changer les décisions qu'il avait prises, il pouvait au moins essayer de leur prouver que rien de tout ça n'avait jamais été contre eux.

« T’as intérêt à rester couché parce que t’as pas envie que je m’en assure par moi-même. » Elle était autoritaire, Charlie, et ça tira à Blake un rictus inévitable. « Je suis sûr que tu regrettes de pas avoir ta plaque sur toi, là tout de suite. » C'était plus fort que lui, il ne pouvait retenir ce bref élan de provocation, encore un peu trop casse-cou même dans son état et même alors que Charlie n'aurait qu'à attendre d'avoir le champ libre pour profiter de sa position pour l'éliminer en bonne et due forme, sans le moindre témoin. Le ferait-elle pour autant ? S'il en aurait peut être douté il y a encore une heure, à présent sa compagnie le rassurait bien plus qu'elle n'irait l'inquiéter. « J’ai été une enfant difficilement gérable avant d’être flic, je peux te trouver quelques barres. » Une idée qui ne le surprenait pas outre mesure, s'étant toujours imaginé qu'elle avait été une adolescente rebelle avec un fort tempérament et à qui il était presque impossible de céder. Une chance pour lui, qui craignait d'avoir droit à un sermon en lançant ce genre d'idée et qui constatait au contraire que Charlie avait autant de ressource qu'il l'avait espéré. Pas étonnant que sa toute première impression à son sujet, des années en arrière, ait été si positive. La suite avait simplement compliqué les choses, par sa seule faute.

Quelques secondes, c'est ce dont la blonde eut besoin pour mettre la main sur un en-cas et le lui rapporter. Impressionnant, même pour une flic entraînée. Ça sort pas d’ici, compris ? Sinon je te chasse et je te tue de mes propres mains. » Un air quelques peu amusé se peignit sur les traits du blond, qui se redressa légèrement avant de saisir la barre que lui tendit Charlie. « T'en fais pas, j'aurais aucun intérêt à balancer ma co-équipière. Et je vais avoir besoin que tu fasses pire que voler une barre de céréales pour faire de toi la vedette d'un de mes articles, désolé. » Too soon, peut être, mais elle mettrait dans le pire des cas ce genre de remarques sur le compte de son état de confusion d'il y a quelques minutes. Tout ce qu'il se contentait de faire, c'était plaisanter et faire en sorte de garder les choses au beau fixe entre l'inspectrice et lui, rien que parce que Charlie avait mérité qu'il fasse à son tour des efforts. « T'es aussi badass que j'imaginais, y'a pas de doute. » Il conclut finalement, un sourire narquois au coin des lèvres, plutôt soulagé qu'à défaut de s'en être sorti indemne ce stage ait au moins permis d'alléger l'atmosphère entre Charlie et lui. Suffisamment en tout cas pour qu'il sache maintenant qu'elle était loin d'être le plus grand danger qu'il doive craindre, dans cette forêt, et qu'elle était même une coéquipière qu'il était soulagé d'avoir eu à ses cotés.