(c) annasophiaws & harley

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@CARL FLANAGAN & BLAKE

Il n'avait pas directement vu la scène, Blake, mais partout dans le lycée courait le bruit qu'une cheerleader avait été tuée dans un horrible bain de sang, suscitant depuis la psychose et la panique parmi les élèves. Autant dire que le bal de promo avait tourné court et que tout le monde avait rapidement eu bien mieux à faire que danser un slow avec sa partenaire du soir. Blake, lui, avait été séparé de sa petite-amie lorsque tout le monde s'était mis à courir dans tous les sens et que Jennie s'était probablement retrouvée entraînée par un petit groupe d'élèves qu'elle avait alors suivi. Il faut dire que la jeune fille était parmi les figures les plus populaires du lycée, faisant partie d'autant de clubs qu'il était possible de le faire tout en cumulant d'excellentes notes dans toutes les matières. Le seul à la talonner la plupart du temps, c'était justement Blake, qui ne se satisfaisait d'une deuxième place que lorsque la première revenait à la petite brune, le couple s'affrontant non seulement dans cette course à l'excellence mais aussi au gré des concours organisés par l'établissement. Ils n'étaient peut être pas parmi les sportifs acclamés au fil des matchs et qui défendaient les couleurs de leur lycée sur le terrain de football, mais leurs prestations remarquées dans la course à la présidence du conseil des élèves leur avait valu de se faire rapidement adouber par le reste de leurs camarades, valant à Blake de devoir s'habituer à ce que son visage se retrouve imprimé sur des flyers. Il ne visait pas nécessairement une carrière en politique, contrairement à Jennie, mais c'était comme si l'idée de se mesurer à elle était ce qui l'amusait le plus, au bout du compte. Il aurait tout le temps de se rediriger ensuite vers la voie qui l'intéressait vraiment, ne délaissant pas pour autant le club journal du lycée. Ce soir, tout ça était pourtant bien loin de ses préoccupations et la seule chose à laquelle le blond pensait depuis plusieurs minutes, c'était à fuir à son tour.

« Hey, tu cherches quelqu'un toi aussi ? » Une voix peu familière le tira de ses pensées et valut à Blake de secouer la tête, encore quelques peu déboussolé par les derniers événements, incertain quant à l'identité précise du jeune homme en face de lui – il n'était pas dans sa classe, c'était à peu près la seule certitude qu'il avait. « Hey, ouais, j'ai perdu la trace de ma copine dans toute cette cohue. Jennie Moreno, tu l'as peut être croisée ? » Il était prêt à lui en faire une description physique ultra précise, Blake, nourrissant l'espoir que ce garçon l'aurait vu pendant qu'elle partait se mettre à l'abri et qu'ensuite sa petite-amie et lui n'auraient pas à s'éterniser trop longtemps dans les parages. « Toi, qui est-ce que tu cherches ? » Il avait dit être à la recherche de quelqu'un, lui aussi, alors ils étaient vraisemblablement dans la même situation. Peut être avait-il lui aussi été séparé de sa copine, la plupart des garçons étaient accompagnés pendant le bal et celui-ci étant vêtu comme quelqu'un qui y aurait pris part. « C'est vrai cette histoire de fou en liberté dans le lycée ? J'ai entendu des cris et certains élèves dire que c'était un carnage. » Un mot qui faisait froid dans le dos et qui valut même à Blake de se raidir une seconde. « Écoute, je l'ai pas vu de mes propres yeux, mais on dit qu'il est complètement fou et qu'il compte pas s'arrêter à quelques victimes. » Lui-même n'avait aucune idée de qui était ce type qui s'en prenait à des lycéens mais il savait une chose : il fallait être sacrément malade et sadique pour choisir un bal de promo pour entamer son épopée meurtrière. A croire qu'il voulait vraiment gâcher la fête.

« Bordel. Les issues sont condamnées, on est faits comme des rats si on reste là. » Et ça ne lui disait rien qui vaille, ça non plus, alors qu'à tout moment un type armé d'un couteau et de dieu sait quoi encore pouvait débouler et faire d'eux ses prochaines victimes. Ils n'avaient aucun moyen de regagner l'extérieur en empruntant ces portes, ce qui voulait dire arpenter toute une partie du lycée en espérant débusquer une autre issue, au risque de croiser le meurtrier au détour d'un couloir. Su-per. « Okay, il faut pas traîner. On sera des cibles faciles si le type débarque d'un seul coup et qu'il nous trouve là. Viens. » Le plus important dans l'immédiat, à défaut de savoir où ils feraient mieux d'aller pour retrouver Jennie et se mettre à l'abri, c'était de ne pas faire du sur-place. S'il y avait le moindre risque pour que le meurtrier soit déjà à leurs trousses, ils avaient tout intérêt à ne pas s'éterniser trop longtemps au même endroit. Ils continuèrent ainsi leur route jusqu'à atterrir dans le couloir des casiers, là où bon nombre d'étudiants se croisaient habituellement tout au long de la journée. Ce soir, sans surprise, les lieux étaient étrangement déserts et inquiétants. « T'as quelque chose qui pourrait nous aider à nous défendre, dans ton casier ? » Il était bien forcé d'envisager toutes les éventualités, préférant nettement l'idée de ne pas croiser ce type mais ne pouvant faire comme si le risque n'existait pas. Et si ça devait arriver, il voulait être capable de lui faire face. « Dans le mien, je dois avoir quelques bouquins bien lourds pour l'assommer mais je suis pas sûr qu'il nous en laisse le temps. » Alors tout bien réfléchi ça n'était sûrement pas un plan particulièrement judicieux, surtout s'ils voulaient éviter un contact trop étroit avec ce fou furieux. Blake n'était pas trop d'humeur à jouer les héros, ça tombe bien, à moins de devoir sauver Jennie des griffes de ce malade lui-même.

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« Je l’ai pas croisée ce soir mais je vois à quoi elle ressemble. » Tout le monde voyait probablement à quoi ressemblait Jennie, son visage s'étant plus d'une fois retrouvé sur des flyers distribués pendant la campagne pour la présidence du conseil des élèves. Du point de vue de Blake, il était surtout impossible d'oublier son joli minois et ses longs cheveux d'un brun intense. « On va la retrouver, t’inquiète pas. » - « Elle doit pas être partie bien loin. Et le lycée est pas immense, les autres se sont sûrement juste mis à l'abri. » Il en était convaincu, que plusieurs groupes d'élèves avaient du fuir le gymnase quand la nouvelle de la mort de la cheerleader s'était répandue. Il ne pouvait pas blâmer Jennie d'avoir suivi les autres si c'était pour se mettre en sûreté quelque part. « Ma meilleure amie, Dafne Pearce. C’est elle qui a trouvé le corps de l’autre fille, on devait se retrouver ici mais.. » L'effroi se lut un instant sur le visage du blond, qui comprit que pour elle tout ne s'était peut être joué qu'à quelques minutes près. « C'est dingue, elle a eu de la chance que le tueur attende pas dans les parages de faire une autre victime. » Parce que l'issue aurait pu être bien différente et son camarade n'aurait peut être eu plus personne à chercher. Une chance que ce ne soit pas le cas et qu'ils aient ensemble une double motivation pour sortir de là et retrouver les autres. « T'inquiète, elles sont peut être ensemble à l'heure qu'il est. On va les retrouver. » Et bientôt, il osait croire que tout ça ne serait plus qu'un cauchemar qu'ils pourraient tenter d'oublier. Si le tueur qui œuvrait au sein du lycée n'en décidait pas autrement, du moins. « Encore un qu’on ferait mieux d’enfermer. Et dire qu’il est sûrement toujours dans le bahut. » Et s'ils avançaient aussi prudemment, c'est bien parce que le danger pouvait venir de n'importe où. Qui sait où ce type avait bien pu aller. « Pour frapper au bal de promo, il avait sûrement prévu son coup à l'avance. Je l'imagine mal faire preuve d'autant d'organisation pour s'arrêter à une seule victime. » Pour lui, ça ne faisait aucun doute non plus : il était forcément toujours dans le coin.

Puisqu'ils ne pouvaient pas quitter l'enceinte du lycée et qu'il était hors de question qu'ils soient faits comme des rats sans tenter au moins de se défendre, leur meilleure option était sans doute de chercher dans leurs casiers de quoi s'armer face au tueur. « Je suis très branché maths alors ouais, sûrement des compas ou d’autres trucs dans le genre. » - « Des compas ? Ouais, ça ce serait idéal. » Et toujours mieux que lui qui ne comptait pas vraiment sur le contenu de son casier pour les aider. Les bouquins seraient une option en tout dernier lieu, mais il osait croire qu'ils n'auraient pas à en arriver là. « On a pas le choix de toute façon, faut qu’on ait de quoi se défendre contre ce taré. » Un taré sans doute bien décidé à allonger la liste de ses victimes et contre qui ils n'auraient pas la moindre chance s'ils ne trouvaient pas de quoi faire combat égale avec lui. « Ouais, on aurait aucune chance dans un combat à mains nues s'il est toujours armé. On doit mettre toutes les chances de notre coté. » Et parce qu'il ne voyait aucune raison pour que le tueur se soit débarrassé de son couteau pour déambuler dans ces couloirs sans aucune arme, c'était définitivement la meilleure de leurs options. Encore fallait-il arriver jusqu'aux casiers en un seul morceau, ce qui n'était pas garanti. « C’est hyper glauque ces couloirs vides, je reste clairement pas ici désarmé. » Sur ce point ils étaient donc d'accord et l'idée n'était donc pas de s'attarder trop longtemps. Ainsi Blake se laissa guider par le brun jusqu'à son casier, relevant la tête pour balayer le couloir du regard histoire d'assurer leurs arrières pendant que son camarade déverrouillait son cadenas. Une fois le casier ouvert, par chance, le butin fut bel et bien au rendez-vous. « La vache, je suis bien content d'être tombé sur un matheux. Si ton truc ça avait été le théâtre, on aurait sûrement eu moins de chance. » Une manière de dire que ces compas, ils allaient définitivement leur être utiles. « On en prend un chacun et on se tient prêts à les utiliser si on voit arriver un mec louche. » Avec ça, ils auraient au moins une chance de se défendre et d'atteindre et blesser le tueur. « Attends, on sait s'il a un signe distinctif ce type ? On peut pas risquer de s'en prendre à un élève. » Ils n'étaient pas dans un film, ce genre de retournements de situations tenaient peut être les spectateurs en haleine mais ici, ils ne pouvaient pas se permettre de se planter. « Déjà, il doit forcément avoir un paquet de sang sur lui. Et un couteau. Mais ça, on le verra peut être pas du premier coup s'il essaie de nous surprendre. » Et tout à coup, Blake songeait au fait que le tueur pourrait très bien vouloir cacher son jeu s'ils lui tombaient dessus. Après tout, ils étaient en supériorité numérique, non ? « Si j'essayais de faire des victimes dans un lycée rempli d'élèves, j'essaierais sûrement de me fondre dans la masse pour mieux les prendre par surprise. » Et pour ça, rien de mieux que de dissimuler son couteau et de se faire passer pour un élève innocent. Car il en était probablement un, après tout. « Ton amie, elle a pas eu le temps de te dire quoi que ce soit ? » Sur ce type, sur son apparence ou sur quoi que ce soit qui leur faciliterait la tâche s'ils se retrouvaient face à un individu qui pourrait aussi bien être le tueur qu'un autre élève effrayé.

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Que la meilleure amie de Carlyle soit celle qui avait découvert le corps de cette pauvre cheerleader avait de quoi surprendre quand on savait que le tueur aurait très bien pu s'en prendre à elle aussi. « C’est clair, j’aurais pas donné cher de sa peau sinon. » Elle avait eu de la chance et ce ne serait peut être pas leur cas s'ils se laissaient surprendre par le meurtrier, qui sans doute déambulait dans ces couloirs à la recherche de nouvelles victimes à l'heure qu'il est. « Je le pense aussi, et raison de plus pour qu’on les retrouve avant lui. Je supporterais pas qu’il leur arrive quelque chose. » Ils avaient tous les deux de bonnes raisons de vouloir retrouver les autres et ça rassurait Blake : Carl avait autant intérêt que lui à ce que leurs recherches soient fructueuses et il savait déjà qu'il ne saisirait pas la première occasion pour filer hors de l'enceinte du lycée en le laissant tout seul comme un idiot face à une potentielle attaque. A deux, ils seraient toujours plus forts que seuls. « On lui en laissera pas le temps, t'inquiète pas. Si on lui tombe dessus avant qu'il ait eu le temps de s'en prendre à quelqu'un d'autre, ce sera pas pour le laisser repartir gentiment. » Et c'est pour ça qu'il était si important qu'ils ne restent pas plantés au même endroit en attendant que le tueur les trouve mais fassent au contraire en sorte de le débusquer en premier.

« Pour une fois que ça me sert à quelque chose d’être une tête d’ampoule. » La remarque lui aurait sûrement tiré un rire dans d'autres circonstances, en attendant ces compas risquaient de leur être utiles. Pas sûr qu'ils auraient mis la main sur des trouvailles aussi intéressantes si son camarade n'avait pas eu un penchant pour les mathématiques. « Tu deviendras l'un des élèves les plus populaires du bahut si tu mets ce malade hors d'état de nuire, crois-moi. » Parce qu'il apparaîtrait aux yeux des autres comme un héros. Et même si ça n'était peut être pas une chose qu'il recherchait spécialement, ça faisait toujours du bien à l'ego. Blake non plus ne cherchait pas à se faire bien voir, mais il ne se plaindrait pas de voir sa popularité grimper et ses chances de remporter la course à la présidence des élèves augmenter avec elle. « Va nous falloir plus que ça je crois car des mecs louches, j’en connais plein moi. » - « Okay, on essaiera de trouver autre chose sur le chemin. » Les casiers n'étaient que la première étape, ils pourraient tenter de trouver une arme dans une salle de cours et s'assurer d'être plus qu'en mesure d'assurer un affrontement avec le tueur s'ils croisaient sa route. Et à ce propos d'ailleurs, mieux leur valait rester sur leurs gardes : ce type pouvait se balader n'importe où, ils avaient tout intérêt à être en mesure de le repérer. « Bien vu pour le sang, c’est le premier truc qu’on devra repérer parce qu’il a pas pu se nettoyer entièrement. » Encore moins dans la précipitation et alors qu'il n'avait sûrement pas eu l'occasion de s'enfermer un moment aux toilettes. « C'est clair, surtout s'il a eu le temps de faire d'autres victimes. » Une idée qui lui fit froid dans le dos. « C'est pas ce que j'espère, mais on doit garder en tête que c'est une possibilité. » Après tout, ils ignoraient ce qu'ils allaient trouver en s'aventurant dans ces couloirs.

Heureusement qu'il leur restait une piste : la meilleure amie de Carlyle avait eu le temps d'apercevoir le tueur et, visiblement, de lui communiquer de précieuses informations. « Si. Je crois qu’il a des cheveux bruns et bouclés, et qu’il porte des lunettes aussi. Pas très grand mais plutôt épais, d’après elle. » Autant de détails qui leur seraient extrêmement précieux une fois face au tueur. « La vache, elle a eu le temps de te faire une description vachement précise. C'est cool, ça va bien nous servir. » Et sur le moment, il ne s'étonna même pas d'à quel point cette description était précise, justement, tout ce qui lui importait c'était qu'ils aient une chance d'interpeller ce type. « Non mais.. tu crois vraiment qu’il serait capable de se faire passer pour un élève aussi apeuré que nous ? » - « J'en sais rien, mais c'est sûrement possible. Il a l'avantage de pouvoir à peu près se fondre dans la masse au milieu des élèves, sauf qu'il ignore que certains ont eu le temps de voir à quoi il ressemble. » Et puisqu'il devait forcément faire partie du lycée pour avoir pu agir sans alerter personne en premier lieu, tout ce qui permettrait de l'identifier était bon à prendre. « Il est peut-être moins soupçonnable qu’on le croit du coup. Heureusement qu’il est pas blond d’ailleurs, sinon j’aurais pu croire que c’est toi. » Une idée qui eut au moins le mérite de lui tirer un bref rictus, tant elle était forcément saugrenue à ses yeux. « Si tu dis ça parce que je postule à la présidence du conseil des élèves, je te rassure tout de suite : j'aurais aucun intérêt à éliminer les élèves qui voteront pour moi. Et c'est pas mon truc la violence, entre nous. » Il ne pensa même pas à faire remarquer que sur le papier, le tueur semblait partager davantage de traits physiques avec son camarade qu'avec lui, tout chez Carlyle semblant indiquer qu'il était parfaitement inoffensif en retour. Et puis, même sans ça, Blake ne pensait pas à se méfier. « Note à moi-même : garder mes blagues pour plus tard, idéalement quand on risquera plus notre peau. » - « Ça détend l'atmosphère, et on en a besoin. » Une façon comme une autre de lui dire qu'il n'y avait pas de mal et que si quelqu'un était capable d'apprécier un semblant de légèreté au milieu de tout ce bordel, c'était bien lui. Finalement, tous deux munis de leurs compas, il ne leur restait plus qu'à se lancer aux trousses du tueur. « Si on a tout ce qu'il faut et que tu te sens prêt, je propose qu'on avance. Mais on reste sur nos gardes et on fait le moins de bruit possible pour pas l'alerter. » L'idée était de le prendre par surprise et d'en finir avec cette histoire.