(Channing&Olivia) We ain't gettin' any younger

We ain't gettin' any younger

Paul au lycée et les jumeaux au primaire, Olivia n'avait plus qu'à profiter des prochaines heures de tranquillité pour gérer tout ce qu'elle n'avait pas le temps de faire habituellement. Notamment du ménage et de l'administratif, tout ce qu'elle repoussait le plus possible, surtout avec les jumeaux dans les parages. Du haut de leurs six ans, ils ne restaient pas encore seuls dans leur coin très longtemps, et leurs jeux à deux finissaient souvent en disputes.

Mais d'abord, elle voulait prendre le temps de promener sa chienne, qui n'avait eu droit qu'à un tour dans le jardin au réveil. C'était l'occasion de voir le quartier au calme, une fois que tout le monde était parti travailler, et de pouvoir traîner dans les rues au rythme de Reid, qui s'arrêtait à chaque poteau et chaque entrée de garage pour renifler les odeurs qu'elle pouvait y trouver.

« Reid, on rentre à la maison ? »

Elle vit les oreilles de la chienne se dresser, mais visiblement pas assez pour la motiver à retourner au chaud. Olivia commençait pourtant à avoir froid à marcher si lentement, et elle pensait à la liste des choses à faire, et au peu de temps qu'elle avait pour tout faire.

Elle essaya donc de ramener Reid vers le bon chemin, malgré l'insistance de la chienne à vouloir suivre une odeur - sans doute celle d'un autre chien. Elle arriva quand même à se faire arrêter par une voisine qui lui mit plusieurs avocats de son jardin dans les mains, et elle se retrouva à les fourrer comme elle pouvait dans les poches de sa veste pour ne pas risquer de perdre la laisse.

Elle allait tourner dans sa rue quand elle manqua de se prendre quelqu'un venant en sens inverse. Elle en lâcha même deux des avocats, qu'elle s'empressa de ramasser avant qu'ils ne roulent sous la voiture garée là.

« Pardon, je suis désolée de... Channing ? »

La surprise la coupa dans ses excuses. Après presque huit ans dans ce quartier, elle savait qu'il ne faisait pas partie de ses voisins - à moins qu'il ne vienne d'acheter ici, mais on était loin du standing que pouvait s'offrir l'hériter d'une firme tel que Walker Group. Elle était donc étonnée de le croiser là.

« Comment tu vas depuis le temps ? »

Elle resta volontairement vague dans son utilisation du temps, justement. Ils avaient beau s'être croisé quand il avait été hospitalisé après son accident, leurs liens étaient coupés depuis leur rupture, bien des années plus tôt. Depuis le décès du père de Channing même, puisque même s'ils n'avaient pas rompu à ce moment-là, il avait déjà commencé à s'éloigner d'elle. Elle pouvait sans doute le considérer comme un inconnu, finalement, après dix ans sans contact ou presque - même si elle gardait une certaine tendresse pour lui après ce qu'ils avaient partagé ensemble.

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@Olivia Welch et Channing

Les matinées ensoleillées d’été ont laissé place à celles fraîches et nuageuses d’hiver. Le soleil ne l’aveugle plus au réveil, les mouettes sont moins capricieuses et le quartier plus calme encore qu’il ne l’est d’ordinaire. Channing, il préfère l’été - il aime se réveiller en déjeunant en terrasse, aller courir sur la plage avant de commencer sa journée, prendre sa moto pour aller au travail et s’imprégner des rayons sur sa peau à la moindre occasion. L’hiver, il l’aime un jour ou deux mais pas davantage, et avec suffisamment de neige dehors pour le faire sourire et compenser le froid glacial qui l’accompagne - autant dire qu’il ne l’aime que très rarement. Mais ce matin, loin du confort de son bureau qu’il savait apprécier dans ces circonstances, le brun était sur le terrain et il n’y avait ni de neige ni de soleil à l’horizon. Il avait fait un bond au central business district pour récupérer divers rapports déposés à son bureau la veille et avait ensuite pris la direction de Logan City, ayant en tête de rejoindre des collaborateurs sur le terrain et prendre des notes quant aux avancements des projets en cours. Le Walker Group investissait dans la banlieue sud, la Gold Coast dans son collimateur, et s’était récemment saisi de plusieurs terrains à bâtir dont un sur lequel Channing veillait tout particulièrement. Son emplacement idéal et sa superficie avaient attiré les regards, et l’entreprise se l’était approprié pour mieux le présenter à ceux voulant y investir. Des projets de centres commerciaux, un pour une salle de concert et un autre pour un parc d'attractions avaient fleuri, et les petites mains s’affairaient sur place pour déterminer lequel des dossiers proposés serait celui retenu pour être floqué du logo du groupe.

Ses pas l’éloignent distraitement du terrain alors que son nez est plongé dans les différents rapports qu’il feuillette en regagnant sa voiture, son trench-coat suivant mollement le rythme de ses pas et ses doigts raidis par la température à laquelle ils sont exposés depuis trop longtemps commençant à rendre leur utilisation douloureuse. Son téléphone vibre dans sa poche, Channing referme à contre-coeur ses documents pour s’en saisir et n’en a malheureusement pas le temps - arraché à ses réflexions, il se heurte à une silhouette sans l’avoir vue, et sa main libre abandonne sa quête pour son cellulaire afin de se poser par réflexe sur l’épaule qu’elle vient de percuter allégrement, s’assurant aussi bien de son équilibre que celui de l’inconnue. « Eh - vous allez bien ? » - « Pardon, je suis désolée de... Channing ? » Son regard trouve celui de la jeune femme, et ses pensées se taisent brusquement sous la surprise. Olivia, celle qu’il avait fréquenté il y a des années et qu’il avait brièvement revue l’année passée après son accident, se tient devant elle avec une laisse dans une main et un avocat dans l’autre. « Olivia » articule-t-il avant de se baisser machinalement pour récupérer les avocats tombés au sol dans la collision, fronçant les sourcils d’un drôle d’air en les rendant à leur propriétaire - l’amusement l’emportant sur un quelconque jugement. Sa main tenant ses documents les coince sous son aisselle afin de se rendre libre pour caresser la tête de l’animal ayant tendu le museau dans sa direction, et il accorde un regard à la chienne avant de se reporter sur l’infirmière. « Tu balades ton chien avec des avocats ? » plaisante-t-il facilement en esquissant un sourire, un peu incertain quant au comportement à adopter. Ils n’ont pas interagi ainsi depuis ce qui lui semble être une autre vie, et s’il n’est pas amer quant à leur histoire la brune a davantage de raisons de l’être - et il ne lui en voudrait pas. « Comment tu vas depuis le temps ? » Ses lèvres s’entrouvrent pour laisser s’évaporer un panache, et le Walker hausse prudemment les épaules, un sourire de façade omniprésent sur ses traits. Il va mieux depuis l’accident si c’est ce à quoi elle pense, a des douleurs par des journées aussi humides que celle-ci mais apprend à vivre avec, et n’est pas des plus à plaindre compte tenu de bien des choses. Il a eu énormément de chance de s’en sortir aussi bien, et n’est pas ingrat quant à ce privilège qu’il n’est pas certain de mériter. « Je vais bien, merci. Et toi, qu’est-ce que tu fais ici ? » l’interroge-t-il en parcourant son regard, ajustant les documents sous son bras. Que devient-elle, qui est-elle devenue ? « Comment elle s'appelle ? » demande-t-il en jetant un regard en direction de la chienne.

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feat. @Channing Walker ☾

Olivia rougit en voyant Channing ramasser les avocats qu'elle avait oublié quand elle l'avait reconnu. Elle ne s'attendait tellement pas à le revoir, surtout là, à Logan City, dans son quartier à elle, si loin de celui où lui vivait et travaillait... La surprise l'avait fait se figer, oubliant Reid qui tirait sur sa laisse sans comprendre pourquoi la balade s'arrêtait sans être à la maison.

« Oh, je m'en sers comme balle quand il veut jouer. Tu en veux un ? »

Elle en avait suffisamment pour faire une petite salade d'avocats ou un guacamole en accompagnement d'elle ne savait pas encore quoi. Elle pouvait facilement lui en passer un ou deux, même si elle était incapable de se souvenir s'il appréciait ou non les avocats. Elle se souvenait de ces fois où il l'avait encouragée à poursuivre ses rêves même si ça signifiait quitter le pays et sa famille, ou de ces semaines terribles où il s'était éloigné d'elle dans un mot, mais les détails de leur relation avaient fini par s'effacer.

« J'habite à quelques rues, je promène juste la chienne après... »

Après avoir emmené ses enfants à l'école. Le vertige de se rendre compte de tout ce qui lui était arrivé depuis leur rupture, de combien elle était devenue une personne différente de celle qu'il avait connue quinze ans plus tôt. De combien lui devait être devenu différent, aussi.

« Et toi, qu'est-ce que tu fais dans le coin ? »

Il n'avait jamais vécu vers Logan City, de ce qu'elle en savait. Les Walker avaient les moyens de vivre dans de plus jolis quartiers, aux maisons ayant des façades bien entretenues et des jardins plus soignés. Mais peut-être s'était-il éloigné un peu de sa famille, et avait-il opté pour un choix si inattendu.

« Elle s'appelle Reid. Elle a environ cinq ans, même si c'est pas vraiment sûr. Je l'ai adoptée dans une association. »

Une petite chienne roulée en boule dans un coin de sa cage dans le chenil, refusant de regarder les humains qui circulaient autour d'elle. Elle s'était pourtant révélée être une véritable boule d'amour une fois qu'elle s'était acclimatée à sa nouvelle famille. Elle passait son temps à dormir aux pieds des enfants, ou à tenter de les suivre quand ils courraient dans le jardin.

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@Olivia Welch et Channing

« Oh, je m'en sers comme balle quand il veut jouer. Tu en veux un ? » Spontanément, ses sourcils se froncent sous la surprise autant que l'amusement. Il avait d'autres projets pour sa matinée que celui de se mettre aux fourneaux avec un avocat encore légèrement luisant sous la bave de l'animal, et ce avec tout le respect que l'héritier pouvait bien avoir à l'égard de la chienne et de sa propriétaire. Sa tête se secoue prudemment par la négative sans que son sourire ne retombe, et Channing décline poliment l'offre en rendant le fruit à celle à qui il appartient. « Non merci, je ne voudrais pas lui voler son jouet. » précise-t-il en posant un regard sur la jeune femme. Il ignorait depuis combien de temps leurs chemins ne s'étaient pas croisés, mais cela avait été suffisant pour oublier la sonorité de sa voix autant que les nuances exactes de ses yeux, et Channing avait l'impression de redécouvrir celle qu'il avait côtoyé si étroitement à une époque bien différente. « J'habite à quelques rues, je promène juste la chienne après... » Sa phrase reste en suspens et il n'insiste pas pour en savoir davantage. L'information quant à ce qu'elle habite à proximité et sorte par conséquent sa chienne dans son quartier est amplement suffisant pour satisfaire sa curiosité, et il acquiesce avec un air légèrement taquin. « Après avoir trouvé des avocats sur ton chemin ? » suggère-t-il avec une once de malice. Channing n'est pas très connaisseur lorsqu'il s'agit d'animaux - mais aux dernières nouvelles, tous les propriétaires de chiens qu'il connait n'ont jamais baladé leurs fidèles compagnons les bras chargés d'avocats. « Et toi, qu'est-ce que tu fais dans le coin ? » Reprenant un semblant de sérieux sans jamais en devenir rigide, l'héritier hausse mollement les épaules après un regard circulaire autour d'eux. « Je suis venu sur le terrain pour le WG. » explique-t-il sans entrer dans le détail jugé impertinent dans leur échange. Il était ici pour le travail, ne faisait que passer, et serait bientôt à nouveau de l'autre côté de la ville dans sa tour immense ou sur un énième site de construction. Il aimait se balader en ville le grand brun, mais était comme tout australien plutôt frileux dès lors que les températures chutaient sous les vingt degrés. « Elle s'appelle Reid. Elle a environ cinq ans, même si c'est pas vraiment sûr. Je l'ai adoptée dans une association. » Son attention à nouveau toute dédiée à son interlocutrice, Channing sourit aux informations qu'elle lui partage au sujet de la dénommée Reid. Se baissant prudemment, s'accroupissant pour être à hauteur de l'animal, le brun propose sa main à la chienne et se voit octroyer le droit de la flatter par la suite, son sourire s'élargissant un peu davantage à la vue de sa main qui disparaissait dans les poils et de celle qui semble se satisfaire de ses caresses. « Coucou toi. » Sa main passe sur sa tête et il se redresse ensuite, conservant un regard appréciateur sur la chienne. « Elle est adorable. Tu l'as depuis longtemps ? » demande-t-il en la regardant à nouveau.

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feat. @Channing Walker ☾

Visiblement, Olivia n'était pas douée pour les plaisanteries. Ou son ton était devenu trop sérieux sous la surprise de revoir Channing. Evidemment qu'elle ne se servait pas des avocats comme d'une balle - surtout que ceux-là étaient parfaitement mûrs et auraient certainement éclatés au sol si elle avait tenté de les lancer. Quoi que Reid n'aurait pas été mécontente qu'ils finissent dans son ventre...

« Les avocats viennent d'un voisin. Il en avait trop, et il a pensé qu'on en voudrait. Et comment refuser ? »

Elle avait toujours apprécié l'avocat, en salade ou sur une tartine, mais ceux tout frais du jardin étaient bien meilleurs que ceux qu'elle pouvait acheter au supermarché. Elle manquait de temps pour se faire son propre potager dans le jardin, mais après avoir grandi dans une ferme, ça lui manquait un peu de ne pas avoir sa petite récolte de produits frais. Et ça aurait alléger la facture des courses, un point non négligeable pour une mère célibataire.

« Tu cherches des terrains par ici ? » ne put-elle s'empêcher de demander.

Le Walker Group ne faisait pas de charmantes constructions individuelles. Ils étaient plus sur de gros bâtiments genre centres commerciaux, et Olivia n'avait pas trop envie de voir quelque chose du genre pousser dans son quartier résidentiel. Elle était venue vivre là justement parce que c'était calme et sans trop de passage, pour que les enfants puissent jouer dans le jardin sans qu'elle n'ait à s'inquiéter en permanence. Et s'ils avaient besoin d'aller récupérer une balle passée de l'autre côté de la barrière, ils pouvaient y aller seuls, sans adulte pour tout superviser. Un quartier tranquille, parfait pour une famille en somme.

Et pour avoir des animaux à emmener en balade. La petite chienne semblait d'ailleurs charmer Channing, même s'il avait eu l'air dégoûté par le fait qu'elle ait pu potentiellement baver sur les avocats. Elle se laissa même caresser, secouant doucement la queue pour montrer son contentement.

« Ça fait trois ans ! Et elle fait toujours autant de bêtises, mais je suppose que c'est dans son caractère... Elle en fait toujours moins que les enfants ! »

Sans doute encore moins que ce que Olivia pouvait en penser, parce que les jumeaux lui remettaient sans doute sur le dos quelques unes de leurs bêtises. Elle ne jugeait pas vraiment, elle avait fait la même chose quand elle avait leur âge. Le chien de la ferme prenait pour beaucoup de choses, mais était généreusement récompensé en restes du repas glissés discrètement sous la table.

« J'aurai bien aimé avoir un cheval, comme quand j'étais enfant, mais je ne pense pas qu'il aurait été confortable à Brisbane » rajouta-t-elle.

Elle avait assez parlé à Channing de son enfance à Longreach, et de tous les animaux qu'avaient ses parents. Il savait combien elle avait aimé parcourir la campagne à cheval, et combien elle regrettait que Brisbane soit aussi éloigné de toute nature que la ville de son enfance.

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@Olivia Welch et Channing

« Les avocats viennent d'un voisin. Il en avait trop, et il a pensé qu'on en voudrait. Et comment refuser ? » Son expression amusée s’accentue un peu davantage face au caractère improbable et comique de la situation. Olivia ne lui précise pas si elle connaît le voisin en question, et Channing ne l’interroge pas davantage - l’idée que l’inconnu en soit un est particulièrement amusante, et il adopte volontiers cette version. L’homme ne l’avait probablement pas accosté avec ses récoltes sans la connaître, mais la possibilité qu’il l’ait fait n’en demeure pas moins divertissante. « Et maintenant, tu fais faire le tour du quartier à ta chienne et à ces avocats. » conclut-il avec une expression guillerette sans être moqueuse. C’est insolite, mais Liv n’a jamais été une jeune femme ordinaire. « Tu cherches des terrains par ici ? » Son regard parcourt le sien et Channing fait une petite moue avant de jeter un oeil aux alentours, se reportant sur son interlocutrice par la suite. Il ne cherche pas à proprement parler, ne se déplace pas en personne lorsque c’est le cas. L’héritier, il s’assure que tout se passe bien et garde un oeil sur ses projets les plus prometteurs. « Pas vraiment, non. Je suis passé suivre l’avancement d’un projet. » nuance-t-il sans entrer dans le détail. Ce n’est rien qui puisse vraiment l’intéresser, du moins c’est ce qu’il pense. Tout est encore très nouveau sur le terrain récemment acquisitionné, et les idées ne sont pas encore fixes. Pour le moment, ils en sont au stade des prises de données et des rapports d’analyses. « Ça fait trois ans ! Et elle fait toujours autant de bêtises, mais je suppose que c'est dans son caractère... Elle en fait toujours moins que les enfants ! » Son sourire s'attendrit en direction de la chienne dont le bout de la queue balaye joyeusement le sol, puis se redresse vers la rousse à la mention d’enfants. Ils ne sont pas vus depuis un moment, mais est-ce que cela fait si longtemps ? Curieux, une rangée de frissons balayant ses bras, Channing lui sourit. « Tu es devenue mère ? Alors ça fait vraiment un moment qu’on ne s’est pas vu. Félicitations, Olivia. » Il en oublie parfois qu’il s’agit du schéma le plus fréquent lorsque le cap de la trentaine est franchi. Un partenaire de vie, des enfants, un chien et une maison : il ne cumule que la villa et trois chatons, et manque encore à cocher certaines cases même s’il prétend ne pas s’en préoccuper. « J'aurai bien aimé avoir un cheval, comme quand j'étais enfant, mais je ne pense pas qu'il aurait été confortable à Brisbane » Ses lèvres s’étirent à cela alors que sa main le long de son corps gratifie de quelques caresses distraites la tête de la chienne qui le renifle. « Rien n’est impossible quand on s’appelle Olivia Welch. Je suis certain que si tu es prête à t’excentrer un peu, tu pourrais avoir un poney dans ta pelouse. Tu y as déjà pensé ? » Si c’était son rêve, Olivia savait que Channing l’encouragerait à se donner les moyens de le concrétiser. Il l’avait fait par le passé pour son expérience dans un dispensaire à l’étranger, et peu importe à quel point les choses avaient changé depuis, son soutienlui était indéfectible.

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feat. @Channing Walker ☾

Résumée comme le faisait Channing, la situation était effectivement étrange. C'était presque à dire qu'elle avait mis une laisse à ses avocats pour les balader - et l'image était amusante. Elle regrettait presque que les jumeaux ne soient pas là, l'idée aurait sans doute fait rire Lenny - et il aurait été capable de trouver de quoi attacher les avocats pour suivre la blague jusqu'au bout.

Elle l'oublia pourtant bien vite quand Channing évoqua un projet dans le quartier. Elle n'aimait pas tellement ça, pas prête à voir ce quartier qu'elle appréciait beaucoup et dans lequel elle avait des tas de souvenirs, changer de visage. Surtout que Walker Group faisait plutôt de gros projets que de petits lotissements familiaux, à sa connaissance.

« Rien qui ne change trop la dynamique du coin ? » osa-t-elle demander, un peu inquiète.

Parce qu'elle aimait cet endroit un peu familial, dans lequel elle pouvait laisser ses enfants jouer dans la rue avec ceux des voisins, certaine qu'il y avait toujours au moins un adulte gardant un œil sur eux. Elle aimait pouvoir aller à pied à l'école ou l'épicerie et ne pas avoir à sortir la voiture pour tout et pour rien. Le coin était tranquille - trop agitée encore pour elle qui avait grandi dans une ferme à la campagne, mais bien mieux que le centre-ville qui semblait ne jamais s'endormir.

« Les jumeaux ont six ans » préféra-t-elle ensuite répondre, plutôt que de souligner depuis combien de temps exactement ils ne s'étaient pas vus.

Ils s'étaient certes croiser quand Channing avait été amené en urgences à l'hôpital, dans un état critique. Elle était allée le voir et avait pris de ses nouvelles, mais ne s'était pas vraiment épanchée sur sa vie à elle. Parce qu'ils ne s'étaient pas revus depuis leur rupture, quand il avait préféré juste disparaître de sa vie sans qu'elle ne comprenne vraiment pourquoi.

« Un cheval, ça coûte cher en entretien » rappela-t-elle - elle était mère célibataire de deux enfants, et si son salaire lui permettait d'avoir un train de vie confortable, avoir un si gros animal allait bouleverser les choses. « Et puis un poney ne serait pas heureux dans de si petits terrains, sans copains et sans vrai terrain de balade. »

Certes, Channing avait raison, rien n'était impossible. Mais elle avait grandi en apprenant à respecter les animaux qui vivaient avec eux, et elle ne voulait pas être responsable de la souffrance d'un animal. Elle en profitait quand elle rentrait chez ses parents pour un week-end ou quelques jours de vacances.

« Et puis, j'aime bien cet endroit. Tout est facile d'accès, y a une bonne école pas loin, je connais mes voisins » expliqua-t-elle, pointant ses avocats en guise de preuve.

Dans un terrain excentré, elle n'aurait personne pour lui refiler des fruits et légumes quand elle passait juste balader le chien - et l'hypothétique poney, donc.

« Et toi ? Tu te plais où tu vis ? »

Elle l'imaginait plus dans le centre-ville et le quartier des affaires, vu qu'il travaillait là-bas. Dans un de ces grands immeubles dans lesquels on ne faisait que croiser ses voisins ou au contraire dans quelque chose de plus à taille humaine, avec quelqu'un pour venir prendre soin de ses plantes quand il partait en voyage ? Olivia avait un peu de mal à imaginer ce qu'il était devenu, le genre de personne qu'il était, presque quinze après leur dernière vraie conversation.

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@Olivia Welch et Channing

« Rien qui ne change trop la dynamique du coin ? » Sa tête se secoue par la négative. Les intentions du Walker Group sont bonnes, et jamais l’entreprise ne porterait préjudice à l’image d’un quartier sous un prétexte ou un autre. L’équipe au grand complet avait à coeur d’embellir Brisbane, pas d’en remodeler les paysages selon leurs caprices - ils n’étaient pas leurs à avoir, et Channing avait tout à gagner à satisfaire les australiens plutôt que l’inverse. « Non, sois tranquille. C’est autant dans l’intérêt du quartier et de ses habitants que dans le nôtre. » précise-t-il posément, un sourire sincère sur les lèvres. Pas d'inquiétude à avoir, pas de projet contre lequel manifester ou s’opposer - la presse en parlerait bientôt et l’héritier était plus serein quant à l’accueil qui lui serait réservé. « Les jumeaux ont six ans » Six ans. S’il n’avait pas déjà l’impression d’être plus vieux qu’il ne le devrait, Channing venait de l’avoir. Olivia a eu des enfants et ces derniers parlent et gambadent d’eux-mêmes, et une seconde durant le brun s’interroge quant à ce que la demoiselle ait influencé l’une de ses précédentes vies plutôt que celle-ci. Un sourire approbateur pour toute réponse, peu désireux de demander à la maman davantage de détails, le Walker préfère changer de sujet. « Un cheval, ça coûte cher en entretien » Elle marquait un point. Un peu déconnecté de la réalité dès lors que cela touchait à l’argent, l’entretien de l’animal n’avait pas été un détail auquel il avait pensé - mais oui, les chevaux avaient réputation d’engendrer davantage de frais que les chiens et chats, et ces derniers n’étaient peut-être pas de ceux dont Olivia avait besoin. « Et puis un poney ne serait pas heureux dans de si petits terrains, sans copains et sans vrai terrain de balade. » D’un air aussi léger qu’il est amusé, toujours bienveillant sans jamais être moqueur, l’héritier sourit. « Je crois qu’il existe des modèles disons… miniatures de chevaux. Peut-être qu’ils mangent moins que leurs amis plus grands, et coûtent moins cher. » suggère-t-il sans envisager de l’influencer, plus plaisantin qu’il n’est sérieux. Il serait bien incapable de l’assurer, mais ne serait pas surpris qu’il existe des races de poneys plus petites que certaines géantes de chiens. « Et puis, j'aime bien cet endroit. Tout est facile d'accès, y a une bonne école pas loin, je connais mes voisins » Il la comprend. Avant de quitter Spring Hill et le centre-ville d’une manière plus générale, lui aussi appréciait grandement l'accessibilité des commerces et établissements du quotidien. Un regard amusé vers les avocats, il échappe un rire doux. « Et les avocats ne sont pas chers. » - « Et toi ? Tu te plais où tu vis ? » Il n’aurait jamais pensé répondre par la positive à cette question lorsqu’il faisait ses cartons il y a de ça deux ans dans son appartement du centre. Les mouettes, l’air marin, la distance et le calme l’avaient rebuté au premier abord - pour celui qui avait toujours vécu dans la frénésie du coeur de la ville, le bruit des vagues lui avait paru inquiétant au premier abord. « Je vis à Bayside maintenant. » l’informe-t-il en la regardant. « Je suis le premier surpris par la réponse que je vais te donner mais, oui, je m’y plais beaucoup. » et même s’il avait déménagé à contre-coeur à l’époque, Channing n’envisageait à présent plus vraiment de retourner à Spring Hill. Sauf s’il venait à y être contraint ou à avoir un coup de foudre pour un appartement, l’héritier était très bien là où il était. Cela la surprendrait-elle autant que lui ? « Je ne me lasse pas de la vue et ça me permet de couper avec le travail. Lorsque j’entends l’océan plutôt que le trafic, je sais que ma journée est terminée. » avoue-t-il avec un nouveau sourire avant de marquer une pause. Il ignorait s'il devait être surpris ou non des chemins différents qu'avaient pris leurs vies - mais était heureux d'avoir pu prendre des nouvelles de celle qui avait eu une place toute particulière dans son coeur plusieurs années en arrière. « Ca me fait plaisir de t'avoir revue, Olivia. J'espère que tu continueras de te plaire ici - mais promis, je ne réserve aucune mauvaise surprise sur cette parcelle. »

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feat. @Channing Walker ☾

Olivia laissa un rire lui échapper en imaginant des poneys dans son petit jardinet. L'endroit était toujours trop petit pour ça, et avec son travail au sein des urgences, elle n'aurait pas assez de temps à lui consacrer. Mais l'image était amusante - tant que ça ne restait qu'un rêve.

« Je vais éviter de parler de tout ça aux enfants, ils seraient capables de me faire craquer ! »

Le chat et le chien leur suffisaient amplement. Elle se battait déjà bien assez avec une litière pour ne pas avoir en plus à gérer celle d'un cheval - les voisins risquaient de ne pas apprécier l'odeur du crottin séchant au soleil. Même si ça ferait un bon engrais pour ceux qui faisaient pousser des fruits ou des légumes, et que ça signifierait peut-être plus d'avocats gratuits.

« J'imagine que Bayside doit être sympa à vivre ! Rienq que l'idée de pouvoir aller à la mer en quelques minutes les journées de grande chaleur... »

Pas étonnant que Channing ait l'impression d'avoir une vraie coupure d'avec le travail quand il rentrait chez lui. Bayside regorgeait de petites plages peu touristiques, donnant des airs de cité balnéaire à ce quartier. Olivia avait toujours apprécié s'y promener, même si elle n'avait pas les moyens d'y vivre.

« Je vais surveiller ce projet de près » promit-elle, en souriant - un peu détendue par les affirmations de Channing. « Et la prochaine fois, viens boire un café ! »

Peut-être même qu'elle lui garderait quelques avocats, vu comme il avait l'air d'être amusé de ceux qu'on lui avait offert. Peut-être que ses voisins de Bayside ne lui donnaient pas des légumes au hasard de ses promenades ? Olivia en avait toujours eu l'habitude, depuis qu'elle vivait à Logan City. Et même enfant, à Longreach, les trocs de nourriture entre voisins étaient monnaie courante - elle se souvenait avoir échanger les dernières portions des légumes qu'elle détestait aux voisins juste pour être tranquille.

« C'était un plaisir de te revoir. Et je suis contente que tout aille bien pour toi. »

C'était un net contraste avec la dernière image qu'elle avait eu de lui, trop pâle dans son lit d'hôpital, juste après l'accident. Le revoir debout et souriant la soulageait un peu, alors qu'elle ne s'était même pas aperçue combien ça l'avait stressée de voir Channing si blessé. Elle s'était inquiétée pour lui, même si elle avait semble-t-il enfoui l'idée dans un coin de son cerveau, enseveli sous toutes les autres choses qu'elle avait à gérer dans son quotidien.

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