Quelques messages échangés, un petit casse-tête pour Meryl alors qu’Eli n’était pas peu fier de lui ficher la trouille en évitant de lui dévoiler son identité et voilà que le rendez-vous était fixé : les deux jeunes vont pouvoir se revoir après de nombreux mois sans avoir pu échanger quelques mots de vive voix ; ce n’est pas la même chose par téléphone. Leur rencontre remonte à quelques mois et ne peut que surprendre quiconque l’entend : Eli en prison, Meryl la gentille infirmière, quelques blagues un peu lourdes, beaucoup de mensonges pour se retrouver en sa présence et une amitié naissante - qui sait, peut-être plus d’un côté ? Il a bien pu sentir le regard de la jeune femme sur lui - il n’est pas aveugle, ou peut-être qu’il aime s’imaginer des choses ? Convaincu que non, une idée a vite germé dans son esprit en même temps qu’une attirance pour une tierce personne qu’il tente - encore aujourd’hui - de refourguer au fond de ses pensées sans grand succès.

Eli a toujours été égoïste, la prison ne l’a pas changé sur ce point - il faut dire que la prison ne l’a pas beaucoup changé. Si une situation peut lui profiter, il n’hésitera pas à user de son charme - il sait parfois y faire et face à Meryl, il lui semble qu’il y arrive à coup d’yeux doux et de mots gentils lors de coups de téléphone ; maintenant qu’il est sorti, il ne pourra que redoubler d’efforts. Alors qu’un certain conseille n’a de cesse d’apparaître dans sa tête, Eli sait que la jeune femme - au delà de lui apporter une compagnie, peut lui apporter bien plus. Une couverture, une réassurance, une cachette. Tout ce qui lui permet de ne pas penser à sa réalité. Après tout, s’il peut l’attirer auprès de lui, il n’est pas complètement cassé, n’est-ce pas ?

Alors qu’ils se sont donné rendez-vous dans un endroit neutre - un parc, il la voit dès qu’il pénètre dans le lieu. Il aurait bien aimé l’inviter dans un restaurant, malheureusement, il n’en a tout simplement pas les moyens. Un parc classique se devra de faire l’affaire. Il s’approche de Meryl et vient passer ses mains sur ses yeux. « Devine qui c’est ! » qu’il demande, se moquant bien de savoir si c’est approprié de la saluer de cette façon ; après tout ils n’ont pas eu l’occasion de développer une quelconque relation et elle pourrait mal prendre cette proximité inattendue. Mais tout ça, Eli n’y pense évidemment pas.

@Meryl Strange

La jeune femme a peut-être été un peu folle d’accepter une telle proposition sans savoir qui se cachait derrière la demande ; il est certain que beaucoup de jeunes femmes lui feraient remarquer et ne se lanceraient jamais dans la même situation mais pour Eli, rien de choquant là-dedans. Le monde dans lequel il a évolué est fait de surprises - pas toujours très agréables - et il ne peut que trouver la situation classique. Il fait une surprise à une amie - peuvent-ils se considérer ainsi ? Est-ce le terme ? - et il est bien normal qu’elle accepte de se laisser surprendre, il sait que ça ne pourra que lui faire plaisir. Ou du moins… il l’espère. Il n’est pas stressé à l’approche de la rencontre, ce n’est tout simplement pas un mot qui fait partie de son vocabulaire.

Il pourrait la reconnaître en mille, ils ne se sont pas vus depuis un petit moment - leur relation s’étalant désormais presque exclusivement via le téléphone de la prison, avec ses coupures, ses déformations, ses empêchements et autres cris pour aller plus vite et laisser la place aux autres. Aujourd’hui, rien de tout ça : bien sûr, il a des règles à respecter et ne peut pas rester à l’extérieur jusqu’au bout de la nuit mais il peut profiter d’une certaine liberté retrouvée qu’il n’était plus vraiment certain de pouvoir connaître un jour. Quand on passe trop de temps enfermé, on finit par penser que ça durera toujours. Heureusement, il est aujourd’hui la preuve que ce n’est pas le cas et, alors qu’il n’est sorti que depuis très peu de temps, il profite de chaque instant qu’il ne connaissait plus. Pourvu que ça dure et qu’il ne se retrouve pas de nouveau enfermé pour x ou y raison, il sait que la limite est fine et il fait très attention à ne pas la franchir ; mais il sait aussi que des tas de facteurs peuvent entrer en compte. Mais ce n’est pas le moment pour y penser, aujourd’hui il retrouve une amie et il ne doit pas penser à ce qui peut venir le parasiter, même si cette amie lui rappelle forcément la prison puisque c’est là précisément que les deux se sont rencontrés. « Eli ?! » Sourire de coin en coin, le fameux Eli ouvre les bras comme pour se montrer sous toute sa forme. « Lui-même ! » Qu’il assure, pas peu fier de l’effet de surprise qu’il a pu créer chez Meryl. « Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu ne m’avais pas dit que tu devais sortir. » En effet, il a bien gardé le secret pour pouvoir faire cette surprise aujourd’hui ; ça n’aurait pas été aussi marrant autrement aux yeux de l’ancien détenu ; il n’a jamais eu l’occasion de contrôler leur rencontre, il n’est pas peu fier d’avoir pu tout organiser aujourd’hui. Et le sourire que lui rend la jeune femme vient confirmer qu’il a pris la bonne décision, c’est mieux ainsi, la surprise fait son petit effet. « Bah non sinon t’aurais pas eu la surprise ! Alors, alors t’es contente ? » Lui est excité comme une puce et difficile à contenir ; il faut dire qu’il n’a jamais été le plus calme de la bande et Meryl n’a pu que s’en rendre compte dès leurs premiers échanges. « Tu sais que tu m’as fichu la trouille, j’ai cru qu’on allait me kidnapper ! » Eli secoue la tête avant de regarder tout autour d’eux, le lieu grouille de monde et le soleil est à son zénith, ce serait un drôle de lieu pour orchestrer un kidnapping - mais bon, il ne peut pas savoir car ça ne fait pas partie de son champ de compétences, pas sûr qu’il soit déjà dehors si ça avait été le cas. « Je serais le pire kidnappeur si je t’avais donné rendez-vous ici pour t’enlever, et toi la pire kidnappée pour avoir accepté sans broncher. » Il pourrait presque la gronder d’avoir été aussi imprudente ; après tout, elle a raison, on ne sait jamais sur qui on peut tomber et alors qu’elle n’avait pas réalisé qu’il s’agissait de lui au bout du fil, sûrement qu’elle n’aurait pas dû accepter et le retrouver en ces lieux - mais bon, tout va bien qui finit bien et il n’a pas spécialement envie de se lancer dans ces boutades. « Depuis combien de temps tu es sorti ? » Il réfléchit quelques secondes avant de lui apporter sa réponse. « 2 semaines, le temps de me refaire un peu à cette vie et me voilà ! » 2 semaines, ça peut sembler long comme court et même pour Eli, c’est un mix des deux. Il n’a pas eu le temps de faire beaucoup de choses - il faut dire qu’il a énormément végété sur le canapé de son ami en profitant d’un bon sachet de chips - mais il estime avoir profité des quelques jours le séparant de la prison, et il continue de le faire, à son rythme. « T’as vu, je suis encore plus beau qu’à l’intérieur non ? » Il fait le fier et tourne la tête des deux côtés. « C’est leur uniforme là, ça donne le teint blafard alors que regarde-moi, pas du tout le teint blafard au contraire ! » Pour le moment, sa peau n’a pas encore retrouvé le teint hâlé qu’il réussit à avoir à la fin de l’été, mais il n’a pas l’intention de rester ainsi et il sait que bien vite, il reprendra de ses couleurs et oubliera sa tête de prisonnier ; en tous cas, il l’espère. « On fait un tour ? » qu’il demande pour prendre les devants, par peur qu’elle ne vienne proposer d’aller boire un verre alors qu’il n’a pas vraiment le sou ; il a quelques billets en poche qui lui ont été donnés (prêtés ?) par Dorian mais il n’ose pas tout dépenser d’un coup de peur de se retrouver vite à sec - autrefois, il aurait tout cramé d’un coup et volé quelques billets supplémentaires à son ami, c’est d’ailleurs ce qu’il a déjà fait mais aujourd’hui, il décide d’être un homme nouveau. De toute façon, il n’a pas trop le choix ; il sait qu’un certain conseiller ne le ratera pas s’il s’écarte du droit chemin.

Eli n’est pas peu fier de sa surprise, il voit sur le visage de la jeune femme qu’elle ne s’attendait réellement pas à le retrouver ici et forcément, puisqu’il n’avait pas du tout prévenu de sa sortie imminente - peut-être parce qu’il n’était pas certain d’y croire jusqu’à ce qu’il franchisse enfin la grille et se retrouve à l’air libre. Impossible pour lui de prévenir qui que ce soit sans être certain que la chose allait se produire ; il était plus simple de faire mine de rien et d’attendre le jour-j. Il a ensuite passé quelques jours à redécouvrir l’extérieur dans l’espoir que personne ne vienne le chercher et l’arracher à cette nouvelle vie qu’il attendait avec tant d’impatience, pour le moment, il est toujours dehors seulement observé par un bracelet électronique qui contrôle chacun de ses faits et gestes. « Et comment, je suis ravie de savoir que tu es libre ! » Sourire affiché sur ses lèvres, Eli est ravi également d’être enfin libre et de revoir Meryl dans un contexte bien différent, elle qui l’a vu dans ses pires moments et qui ne peut donc que voir l’évolution - il n’est pas métamorphosé non plus mais le grand air lui fait le plus grand bien. « Et moi donc. » C’est sincère, il est heureux d’être sorti et compte bien mettre tout en œuvre pour ne pas retourner en prison.

« Et qui te dit que je ne me serais pas débattue ?! » Petit rire qu’il veut moqueur, Eli lui donne un petit coup d’épaule au passage. Elle aurait pu essayer mais sûrement qu’il aurait pu avoir le dessus bien vite - il ose l’espérer en tout cas. « Tu peux essayer mais je te colle au sol, en deux-deux, c’est sûr ! » Elle peut voir le double-sens dans ce qu’il dit si elle le souhaite, lui n’épiloguera pas sur le sujet bien qu’il laisse planer le doute. « Super ! Tu as trouvé un point de chute sans trop de difficultés ?! » Eli hoche la tête à cette question et confirme rapidement par des mots. « En fait ça faisait partie des conditions alors j’ai appelé un ami et il me loge pour le moment. » Eli devra bien vite trouver un travail puis un logement, il sait que ça fait partie de ses missions et qu’il ne peut pas vivre aux crochets de Dorian toute sa vie mais pour le moment, il est bien content de ne pas avoir à trop se prendre la tête. « Pour l’instant y’a sa meuf avec nous, elle est insupportable mais bon j’vais faire avec. » Il hausse les épaules ; Cami est tout ce qu’il déteste : fille à papa qui n’a jamais su ce qu’était la valeur de l’argent ou du travail, certainement - pas que lui soit bien plus au courant -, elle regarde le monde comme si ce dernier lui appartenait et ce sont des choses qu’il ne supporte tout simplement pas chez qui que ce soit. Un seul regard envers Cami lors de leur première rencontre et les destins étaient scellés : les deux seraient bien incapables de s’entendre.

La jeune femme vient poser ses doigts sur son visage et Eli ne peut s’empêcher de se raidir légèrement face au geste - il n’a jamais trop eu l’habitude des marques d’affection et il lui faut toujours quelques secondes pour s’y faire. Il ne se recule pas et laisse Meryl parcourir sa mâchoire, gardant ses yeux dans les siens et jouant fortement de ce qu’il semble déceler au fond d’elle - ce regard qui s’arrête un peu trop sur le sien, le rose qui peut facilement lui monter aux joues en sa présence, il n’est pas dupe, il sait qu’il ne la laisse pas indifférente et même si lui ne ressent pas toutes ces maladresses et autres sentiments qu’on peut imaginer, il laisse faire - pourquoi pas, après tout. « Hmm... laisse-moi regarder ça de plus près ! » Si ça peut lui faire plaisir, lui n’est pas dérangé par la chose. « C’est vrai que la couleur ne mettait pas en valeur ton regard ! Le soleil te fait du bien visiblement ! » Ah ça, il veut bien l’entendre ; ses yeux gris lorsqu’il était enfermé ont retrouvé leur couleur bleue éclatante maintenant qu’il est enfin sorti. « T’es passé chez le coiffeur ?! » Eli ferme les yeux et secoue la tête à gauche et à droite comme pour se montrer sous tout son jour. « Putain mais t’as l’oeil sérieux ! » Il est surpris que qui que ce soit ait pu remarquer, il n’a pas fait un grand changement capillaire mais il voulait être frais à sa sortie ; heureusement, il est facile en prison de s’improviser coiffeur et Eli a pu bénéficier des talents d’un camarade de cellule. « J’avais envie d’être beau pour ma sortie alors j’ai demandé à Johnny, tu te souviens de lui ? » Qui sait, elle a peut-être croisé le fameux Johnny lors de ses allers et venues à la prison. « Bref, il m’a fait une petite coupe pour que je sois tout beau. T’aimes ? » qu’il demande, souhaitant évidemment être beau aux yeux de la jeune femme, comme aux yeux de tous.

Ensemble, ils se lancent dans une petite balade autour du parc, Eli profitant de ce qu’il peut retrouver tout autour de lui : les sons, les sensations, les cris des enfants ne lui sont pas si étrangers et le bruit ne le dérange pas le moins du monde. C’est même l’inverse, il ne supporte plus quand le silence vient lui envahir les sens, et il a pu découvrir sur le téléphone des sons reproduisant le bruit de la foule ; il ne s’endort désormais qu’avec le téléphone collé à l’oreille. « Tu n’as pas trop de difficultés à te réadapter dans le monde réel ?! Si jamais tu as besoin de quelque chose, n’hésite pas. » Il n’imaginait pas quelques mois auparavant avoir tant de mains tendues, et il n’est pas certain de comprendre comment c’est possible ou d’être certain que ces personnes tiendront parole. « J’sais pas. J’ai pas l’impression de galérer tant que ça mais j’ai l’impression d’avoir été dans une bulle tu sais. » Chaque moment qu’il passe dans la ville lui semble être une découverte - peut-être aussi car le monde qui s’ouvre désormais à lui n’est même pas le même que celui qu’il a pu connaître avant de se faire enfermer pour quelques années. « J’ai un appart’ avec un vrai lit, une douche chaude, à manger. J’ai même des extras, un tel, des vêtements cools. C’est bizarre. Chouette mais bizarre. » Qu’il avoue alors sans gêne. Meryl ne connaît pas la vie qu’il menait avant mais il n’hésite pas à lui en dévoiler un peu par ces mots, il n’a pas honte de son parcours, ce n’est pas un mot qui fait partie de son vocabulaire. « J’imagine que tu as des restrictions ? » On ne peut que remercier Samuel pour ça et si son nom vient quelques secondes s’inscrire au fond de sa tête, il fait de son mieux pour le repousser au plus loin et ne plus penser à lui. Il ne mérite pas son attention. « Des tas ! » qu’il concède alors avant de poursuivre, notant chaque fait sur son doigt. « Je peux pas boire, et bien sûr, pas de drogues. » ça semble évident. « Je peux avoir des tests à tout moment alors je dois me tenir à carreaux. » Une bonne bière ne lui ferait pourtant pas de mal, à son humble avis. « Je dois pas partir trop loin de mon appart’, j’ai des limites. Si je sors des limites, le truc il bipe. » Pour parler du fameux truc, il soulève son pantalon et montre le bracelet installé juste-là. Pour ça non plus, il n’a pas honte. « Je dois accepter les missions que mon conseiller m’envoie aussi, du coup y’a quelques jours j’ai dû aller peindre chez une meuf. » ça n’a finalement pas été aussi désagréable que ce qu’il aurait pu imaginer mais il aurait largement préféré rester tranquillement au fond du canapé à mater les séries qu’il n’a pas eu l’occasion de découvrir. « Bref, c'est la prison hors de la prison quoi ! » Il rigole mais c’est la vérité ; de toute façon, il n’est pas libre mais en liberté conditionnelle, c’est complètement différent. « Bon et toi alors ? Tu fais quoi maintenant ? » qu’il demande alors, il l’a vue un petit moment à l’infirmerie de la prison mais elle n’est pas restée définitivement. Dommage.