Juliana avait toujours respecté les morts. Elle estimait que c’était quelque chose d’importants et c’était pourquoi, au moins une fois par mois, elle se rendait au cimetière pour rendre hommage à sa famille. Elle apportait des fleurs ou des choses qui auraient pu leur faire plaisir. Rien de bien extravagant, juste assez pour qu’ils reposent en paix. C’est pourquoi, elle ne pensait jamais au lendemain de ses actions. Les journées suivantes suivaient toujours normalement. Le 31 Octobre, elle en rajoutait toujours plus, décorant les tombes de ses alleux. Elle aimait à penser que c’était une nuit où elle se retrouvait connectés avec eux. Cependant, une fois sortie du cimetière, elle préférait ne pas trop penser à tout ça. Elle n’était pas une grande fan des esprits et du fait que quelqu’un pouvait être auprès d’elle à n’importe quel moment.

Ce 1er Novembre 1900, le lendemain de la fête des morts, elle se réveilla comme à l’ordinaire. Elle ne sentait pas de changement dans son corps. Cependant, quelque chose la chiffonnait et elle n’arrivait pas à savoir quoi. Après plusieurs minutes, elle réalisa ce qui venait de se passer. Elle s’était réveillée dans le noir. Elle se leva pour tenter de comprendre comment cela se faisait, allumant une bougie. Elle ouvrit la fenêtre et trouva avec surprise de nombreuses personnes dans la rue. Elles parlaient fort, étaient inquiètes. Que se passait-il ? Le soleil ne s’était définitivement pas lever sur Brisbane. Etait-ce la fin de la vie qu’ils connaissaient si bien ? C’était fort probable. Son mari étant absent pour le travail depuis plus d’une semaine, Juliana allait devoir se débrouiller toute seule et ne compter que sur elle-même. Elle avait à manger pour au moins deux jours, ce qui était une bonne chose mais elle devrait probablement aller chercher de nouveaux aliments. Il valait mieux qu’elle se prépare si jamais, la nuit ne disparaissait pas. Elle ne savait pas si les magasins avaient décidés d’ouvrir suite à cette étrange situation. En sortant de chez elle, elle pensa à un sort. C’était la seule explication possible.

Alors qu’elle était dehors depuis seulement quelques instants, Juliana avait la sensation étrange qu’on l’espionnait. Il semblait qu’on la regardait et elle ignorait qui c’était. Elle se tourna plusieurs fois mais elle ne vit rien qui semblait changer de l’ordinaire. Elle semblait seulement trouver des gens qu’elle connaissaient. C’est alors qu’elle se rendit compte que sa sœur était seule avec son neveu. Son mari était probablement au bar comme à son habitude. Il ne serait probablement pas dérangé qu’il fasse encore nuit noire dans la ville. Tant qu’il pouvait boire et jouer aux cartes, ça semblait lui suffire.

Juliana marchait rapidement vers la maison de sa soeur. Elle voulait rester le moins possible dans la rue et se faire remarquer. Ses pas résonnaient dans sa tête. C’était comme si le silence environnant ne faisait qu’intensifier les sons les plus anodins de la vie. Elle serra un peu plus son manteau autour d’elle ainsi que les provisions qu’elle avait réussi à trouver avant se pousser un cri strident. Elle venait de heurter quelqu’un qui semblait sorti de nulle part.

Juliana aurait préféré ne pas devoir sortir maintenant. Tout était encore noir et si elle ne croyait pas aux créatures de la nuit, excepté les esprits, cela ne l’empêchait pas de ne pas être rassurée. Ce n’était pas comme si c’était tous les jours que le soleil ne se levait pas. Elle était persuadée que quelque chose de plus sinistre allait se passer. C’était clairement évident mais elle préférait éviter de trop y penser à cet instant. Le plus important était qu’elle puisse rejoindre sa joindre qui avait besoin d’elle. Rien ne la laisserait changer ça. Tout du moins elle l’espérait. Il fallait vraiment qu’elle puisse l’aider. Certes, sa sœur n’était pas invalide ou quoi que ce soit mais avec le jeune âge de son neveu, Juliana savait que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire malgré son envie de rester chez elle. Alors qu’elle marchait rapidement pour aller retrouver la demeure sûre de sa cadette, elle manqua de tomber. Elle venait de rentrer dans quelqu’un sans être aperçu de quoi que ce soit. Pendant de long moments, elle se demanderait comment elle ne l’avait pu vu. Il fallait dire que la noirceur de la journée n’aidait pas vraiment.
Son cri semblait être le seul son poussé dans cet étrange silence. Ce n’était pas vraiment rassurant et il était clair que cela l’angoissait encore plus. Cependant, trouver quelqu’un de vivant n’était pas une chose si décevante. Elle était au contraire bien contente de rencontrer quelqu’un, sans s’apercevoir qu’Eli n’était pas le moins du monde une créature du jour. Il fallait dire que ce n’était pas tous les jours qu’elle rencontrait un vampire et surtout, elle ne savait pas qu’ils existaient. Si on lui avait dit, elle l’aurait probablement pas cru. Elle avait beau sentir des choses inexplicables ; pour elle, les vampires étaient seulement présents dans des contes ou histoires pour faire peur. De ce qu’elle avait pu lire, elle n’aurait jamais voulu en rencontrer un. Il semblait que tous étaient méchants et voulait juste tuer ou boire du sang frais sans s’inquiéter de laisser leurs victimes en vie. C’est pourquoi, Juliana aurait pu prendre ses jambes à son cou mais préféra éviter, respectant les indications de cet inconnu. Allez savoir pourquoi, elle l’écoutait quand bien même elle ne se souvenait pas de l’avoir déjà rencontré. En même temps, avec plus de cent vingt milles personnes habitant Brisbane et sa banlieue, il n’était pas étonnant que Juliana ne connaisse pas tout le monde et n’est donc pas rencontré le jeune homme.
« Je vais bien oui. Vous m’avez juste surprise. Je ne vous ai pas vu. » Elle le regarda un peu plus intensément. « Et vous ? Comment allez-vous ? » Elle le regarda avant sa montre avant de répondre de nouveau. « Je dois aller rendre visite à quelqu’un. C’est urgent. Ils savent que je vais venir. » Juliana ne voulait pas donner trop d’information. On lui avait toujours appris à faire attention aux personnes qu’elle ne connaissait pas. Si en temps ordinaire, elle aurait probablement partagé ce qu’elle allait faire, aujourd’hui était différent. Elle savait que la journée n’allait ressembler à rien de ce qu’elle connaissait et elle devait alors protéger ses proches. Si quelque chose de mal lui arrivait, ça serait tragique pour sa famille mais si elle protégeait sa sœur et son neveu d’un quelconque danger, c’était tout ce qui comptait pour elle. « Et vous ? Pourquoi êtes vous de sortie ? » La jeune femme trouvait sa question suspicieuse alors il n’y avait pas de raison pour qu’elle-même la pose. La réponse de l’inconnu ne pourrait lui donner que des indices sur si elle devait se méfier ou non.

La journée commençait très mal. Juliana ne savait pas quoi penser. La noirceur du jour était nouvelle. Ce n’était pas comme s’il allait pleuvoir et qu’elle avait l’impression que les nuages étaient très noir et que le déluge allait apparaître. Non, c’était quelque chose de différent, quelque chose d’inconnu. Elle aurait souhaité que son mari soit là pour l’aider mais ce n’était pas le cas. Elle savait cependant que sa sœur avait besoin d’elle. C’est pourquoi, malgré ses réticences, elle sortie de chez elle , espérant se retrouver le plus rapidement possible dans la demeure sûre de sa cadette. Malheureusement, il semblait que le destin voulait changer un peu les choses. Elle percuta quelqu’un sorti de nulle part. Cela ne semblait pas déranger le jeune homme. « On me le dit souvent. » Etait-il si silencieux que personne ne le remarquait ? Elle ne l’avait pas fait alors sa théorie pouvait fonctionner. Elle se demandait si lui aussi allait bien ? Malgré le choc initial, la blonde n’avait pas l’air d’avoir de séquelles. « Je vais bien, ne vous inquiétez pas pour moi, ne vous souciez-vous que de vous. » Juliana ne comprenait pas vraiment d’où ça venait. Eli venait de lui demander comment elle allait mais elle, elle ne pouvait pas poser la même question ? « Hmmm, vous êtes sûre que vous allez bien ? Il fait noir et vous me demandez de ne pas m’inquiéter pour vous ? Je crois qu’on est censé s’inquiéter pour tout le monde en ce moment. » Elle trouvait le jeune homme bizarre. Bien sûr qu’elle allait s’inquiéter pour lui ou pour n’importe qui d’autres d’ailleurs. Ce n’était pas comme si c’était une situation normale. Elle supposait que chaque personne sortant aujourd’hui avait leur propre raison mais ne le ferrait pas si ils avaient le choix.

Elle avoua à Eli qu’elle devait retrouver quelqu’un et que la personne savait qu’elle venait. C’était sa manière de lui dire que s’il tentait quelque chose, quelqu’un la chercherait. Bien sûr, avec le jour qui ne semblait pas vouloir se lever, c’était bien difficile d’assumer qu’on viendrait la chercher si elle disparaissait. « Je vous accompagne. » Il commençait à marcher quelques pas sans qu’elle ne le suive. « Je ne veux pas paraitre désobligeante mais je n’ai pas pour habitude de marcher avec un étranger qu’importe l’étrange situation. » Ce n’était pas parce qu’il faisait nuit qu’elle allait marcher comme ça. Après tout, il faisait nuit mais ce n’était pas pour autant que les monstres existaient. Elle devait juste faire autant attention que d’habitude sans plus. Il répondu néanmoins à sa question. Sortir maintenant signifiait que l’on avait pas vraiment le choix. Tout du moins, c’était ce qu’elle se disait. « J’essaie de comprendre ce qui se passe. » Juliana pensa que c’était assez raisonnable comme réponse bien que si elle voulait simplement comprendre ce qui se passait, elle serait restée chez elle à attendre que les choses reviennent à la normale. « Est-ce que vous avez vu quelque chose ? Est-ce que vous avez une idée de ce qui peut bien se passer ? » Elle secoua négativement la tête. « Non, je n’ai rien vu. Je suis juste allée me coucher et ce matin en me réveillant, tout est aussi noir que la nuit. » Elle se demandait cependant si Eli n’en savait pas plus qu’il ne voulait bien le faire paraître. Elle ne s’était pas aperçu qu’il était près d’elle avant de le bousculer. « Avez-vous une théorie ? » Elle espérait qu’il ne lui lancerait pas trop de fabulations. Cependant, n’ayant jamais connu le phénomène, tout était probablement possible.

Juliana ne savait pas vraiment quoi penser de cet individu. Elle ne l’avait jamais vu de sa vie et donc ne le connaissait pas le moins du monde. Il tentait de la suivre, ou de la protéger, elle ne savait pas très bien. Les choses étaient bizarres. Elle ne le connaissait n’y d’Eve, ni d’Adam et pourtant, il semblait de préoccuper d’elle et ne pas vouloir qu’elle se retrouve seule. C’était un concept étrange dans les circonstances actuelles. « C’est gentil de vous en préoccuper mais je vais bien, je vous assure. La nuit ne me fait pas peur. » Elle le regarda étrangement. [color=crimson]« Mais cette nuit est une nuit différente. Nous ne semblez pas mal à l’aise sur ce fait. » Il semblait même presque être bien comme si tout était normal, comme si c’était un cadre de vie pour lui. Elle trouvait cela vraiment étrange. Si elle ne montrait pas vraiment qu’elle avait peur, cela était pourtant le cas. Elle ne se laisserait juste pas faire avec cet inconnu qui semblait vouloir la suivre à tout prix alors qu’elle refusait son offre. « Je comprends, on peut rester là alors si vous préférez mais j’insiste pour rester avec vous, je ne m’imagine pas vous laisser là toute seule. » Juliana le regarda, ne comprenant pas comment il faisait. Eli n’acceptait pas non comme réponse. En temps normal, elle serait restée là à attendre qu’il se fatigue mais aujourd’hui, c’est différent. Le soleil ne s’était pas montré et elle ne savait pas quoi en penser. Tout ce qui la tracassait est sa sœur et son neveu. Ils étaient probablement à l’abri à l’intérieur de la maison mais elle préférait s’en assurer. « Rester là avec vous ou marcher, je crois que je préfère marcher plutôt que d’attendre que quelque chose se passe. » Elle ne sait pas si c’est une bonne chose que de l’emmener chez sa sœur mais elle n’a pas vraiment le choix. Il ne semble pas qu’il soit prêt à la laisser seule mais il ne semble pas non plus être bien méchant. Enfin n’est-ce pas ce que les gens pensent en général avant de se faire tuer ? Elle suppose qu’elle le serait bien assez vite.

La conversation glissa sur l’étrange phénomène qui était en train de se produite. Juliana ne savait pas quoi en penser et n’avait pas vraiment de théorie. Elle supposait que beaucoup de choses étaient possibles mais rien ne lui venait à ce moment là. Elle se demanda si son compagnon de marche avait une idée. Ca pourrait leur être bénéfique. « Vous allez me prendre pour un fou. » Elle lui fit un signe de tête pour continuer. Des fous ? Il y en avait partout, alors c’était tout à fait possible qu’il en soit un. Enfin c’était rare qu’un fou sache lui-même qu’il l’était. Elle resta sur ses gardes. « Le monde est peut-être attaqué par des démons d’une autre dimension ? » Eli avait raison. Juliana le prenait pour un fou. Des démons d’une autre dimension ? Il avait lu trop de romans ou entendu trop de comptes pour qu’elle puisse le prendre sérieusement. « Je sais pas… un sorcier dont le sort aurait mal tourné ? » Elle faillit lui dire que franchement, il était tombé sur la tête et que non, cette nuit étrange n’avait rien de surnaturelle. Elle croyait en les chamanes de la réserves mais des sorciers ? Ca jamais. Non, elle pouvait encore croire que tout ne pouvait pas avoir une explication mais là, c’était trop absurde. Elle était sur le point de parler lorsqu’il continua avec une théorie plus plausible. « Ou peut-être juste une éclipse. » Elle ne pensait pas qu’une éclipse si longue soit possible mais au fond, c’était l’explication la plus censée. « Je ne pense pas qu’un chaman puisse faire disparaitre le jour et des démons, encore moins. Voyons, il y a des choses bizarres dans le monde mais les loup-garou et les vampires sont seulement fait pour faire peur. Ca n’existe pas réellement et ça n’existera jamais. Comment pouvez-vous-même y croire ? » Elle était formelle là-dessus. Elle ne pouvait pas accepter que les créatures surnaturelle puissent exister. Elle se doutait encore moins qu’elle était en présence d’une. Si elle regardait de plus près Eli au lieu de regarder devant elle, s’apercevrait-elle qu’il n’est pas tout à fait humain ?