where there is a flame, someone's bound to get burned
Maxine Bloom &  @Olive Sterling

Maxine est fatiguée. Exténuée. Elle ne trouve pas quel est le meilleur mot pour décrire son état mental et physique, en ce moment. Le trek l’a vidé de toute son énergie, a mis fin aux jours de ses mollets, cuisses et poumons. Le café et le bar, eux, la privent de son sommeil : l’un l’a fait partir tôt de chez elle, l’autre la fait rentrer bien trop tard. Les grasses matinées ne sont plus qu’un lointain souvenir et les longues nuits de minimum huit heures de sommeil, pour le loir qu’elle est, ne lui sont plus accessibles pour le moment. Elle donnerait tout pour rejoindre les effectifs de la maternelle du coin – celui des élèves – et faire une sieste de deux heures. Malheureusement, ce n’est pas aujourd’hui que ça arrivera. Accoudée au comptoir, elle regarde un fin trait noir couler dans une jolie tasse. L’une des bonnes choses de ce café, c’est que la vaisselle est agréable à regarder et que le lieu en lui-même est plutôt bien décoré. Elle aurait eu bien plus de mal à venir travailler tous les matins si cet endroit ressemblait à ceux de New York, avec le sol qui colle, des chaises différentes à chaque table, des tables toutes griffées et une clientèle malpolie. Ici, elle a bien de la chance : les hommes et femmes qui passent sont souriants, souvent généreux en pourboire et ont de la discussion lorsqu’ils s’installent au comptoir. Ce ne sont pas que des gros lourds qui veulent savoir à quelle heure elle termine, qui ont un avis sur le pantalon qu’elle porte ou qui pensent que la consommation sera gratuite juste parce qu’elle rigole à une blague ou deux. Maxine est le meilleur public que n’importe qui peut avoir alors si ce petit jeu marchait vraiment avec elle, elle aurait été renvoyée depuis belle lurette. Elle attrape la tasse remplit du liquide brûlant et y ajoute la crème petit à petit, pour former un cœur avec la mousse. Jour après jour, elle s’améliore en latte art. C’est un peu comme le chant : plus elle pratique, plus elle se bonifie. La différence entre les deux c’est que l’un l’aide à payer son loyer, l’autre est sa véritable passion. Elle en tire malgré tout une petite fierté, tout le monde n’est pas capable de dessiner dans des tasses et que ça ressemble réellement à quelque chose. Elle attrape la hanse du bout de ses doigts et commence à parcourir la salle pour l’apporter à une jeune femme, assise un peu plus loin, qui est arrivée il y a seulement quelques minutes. Son visage n’est pas inconnu à Maxine, ce n’est sûrement pas sa première fois. Il ne lui est pas familier non plus, elle ne peut donc pas la considérer comme une habituée. Elle avance d’un pas sûr et rapide, mais le sac de la jeune femme semble vouloir jouer un rôle dans cette histoire : il passe de debout à coucher et entraîne Maxine avec lui. Ses pieds se prennent dans la lanière et elle fait un vol plané en avant. Elle ne lâche pas la tasse – elle a sauvé beaucoup de bières en soirées, comme ça – mais le liquide s’envole malgré tout pour finir sur le chemisier de la jeune femme. « Oh mon dieu. » Elle se relève en un bond et attrape des serviettes pour les tendre à la brune, attablée, qui vient presque d’être ébouillantées. « Vous allez bien ? Je suis sincèrement désolée. » Elle regarde rapidement autour d’elle pour être sûre que personne d’autre n’a été touché, puis reporte son attention sur elle. « J’ai des glaçons, si vous voulez... » Pour estomper une brûlure, si vraiment c’était trop chaud. La crème a le don de refroidir les cafés – qui finalement ne sont rien de plus que de l’eau bouillante aromatisée – mais est-ce suffisant pour ne pas finir grande brûlée ?

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@Maxine Bloom  ☆ crédit/hannahcommissions

Doucement, les habitudes commencent à revenir dans la vie d'Olive. Doucement, elle commence à repointer le bout de son nez à l'extérieur pour tout et rien. Bien sûr, ça n'a pas été une démarche facile, parce qu'il y avait trop longtemps maintenant qu'elle n'avait plus eu la tradition de se retrouver dans un autre lieu que sa chambre. Doucement, elle reprenait simplement plaisir à sortir, à croiser de nouveaux visages et surtout à savourer un moment de solitude dans le brouhaha de la vie d'autrui. Elle a commencé par venir chaque jour prendre son fameux café latté au DBD. A prendre place à ce même endroit, un livre à la main pour débuter la journée. Ce n'était pas grand chose, un brin d'air frais dans sa vie morose, mais ça lui faisait vraiment du bien. Elle avait compris que ça ne servait à rien de précipiter les choses non-plus, et que chaque nouvelle chose dans son quotidien était une petite victoire après avoir fait exactement la même chose pendant un peu moins de trois ans. Elle acceptait cela, acceptait cette nouvelle routine qu'elle s'imposait chaque jour. C'était important de garde ce rythme, de garder cette envie. Alors cette matinée ne fut pas différente. Olive pénétra dans le café ce sourire léger aux lèvres. Un sourire sincère, bien différent de ceux qu'elle forçait à mettre sur son visage il y a peu. Elle prit une grande inspiration avant de prendre place à ce même endroit quotidien. Oui, le changement n'était pas tout à fait pour tous les jours. Les mots se succèdent devant ses yeux, trop obnubilée par ce qui se passe dans ce roman pour faire attention à ce qui l'entoure. La lecture, c'est ce qui lui permet d'être avec les autres, tout en restant dans cette bulle qu'elle aime tant. C'est son petit plaisir à elle en quelque sorte. Celui de se perdre dans les pages sans avoir à se soucier du temps qui passe.

Olive n'a pas eu le temps de voir venir le liquide qui s'étale brulant sur son chemisier blanc. Une belle journée pour mettre autre chose que ses vêtements ternes. Une grimace de douleur se dessine lentement sur son visage alors que les éléments du présent s'installent dans sa tête. Ses yeux se posent sur la tâche qui lui brûle la peau, tirant sur le tissu pour limiter les dégâts alors que l'autrice de ce crime se précipite vers elle. « Oh mon dieu. » La brune accepta les serviettes tendus qu'elle appliqua d'un geste rapide entre sa peau et le chemisier. « Vous allez bien ? Je suis sincèrement désolée. » Olive reposa son attention sur la serveuse. « Ne vous en faites pas, ce n'est rien. » La brûlure du liquide s'estompait peu à peu. Cela avait été plus impressionnant que ce que la jeune femme pouvait penser. « J’ai des glaçons, si vous voulez... » Olive fit un sourire, espérant réconfortant. Il n'y avait rien à craindre, le café avait eu le temps de refroidir sur la route. Plus de peur, que de mal finalement. « Sincèrement, ça ira. » C'était plus son chemisier qui était maintenant dans un mauvais état qu'autre chose. « Et vous, ça va ? » Parce que la blonde avait l'air un poil sous le choc de ce qui venait de se produire. Cela aurait pu être pire, Olive en est consciente. Par chance, rien n'est grave. Au pire, elle aurait une petite marque rouge sur le haut de la poitrine pendant quelques jours à peine. L'avantage, c'est qu'en tant qu'ancienne médecin, Olive saurait quoi faire pour atténuer la marque. En outre, il n'y avait vraiment pas de quoi s'inquiéter.

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Maxine Bloom &  @Olive Sterling

« Ne vous en faites pas, ce n’est rien. » La réaction de la jeune femme est inespérée, même si Maxine s’en veut énormément. Si quelqu’un lui avait fait tomber une boisson chaude dessus, elle n’aurait probablement pas eu cette réaction. Enfin, si. Mais intérieurement, elle aurait sûrement maudit le serveur et tous ses ancêtres – avant de s’excuser intérieurement, évidemment. Elle lui propose des glaçons pour l’aider à faire passer la brûlure, n’ayant aucune idée de la douleur qu’elle a pu ressentir. Si le café était brûlant, s’il avait eu le temps de tiédir, s’il était même devenu froid au contact de la tasse. « Sincèrement, ça ira. Et vous, ça va ? » Le fait qu’elle lui pose une question sur son état à elle l’étonne. C’est vrai que l’américaine fait peine à voir en ce moment, entre les cernes qu’elle tente de camoufler sous son maquillage – léger malgré tout – et les courbatures qui la suivent, entre le travail, les scènes et le trek effectué il y a de cela quelques jours. « Oui, oui… Enfin, je suis fatiguée, mais je ne suis pas supposée vous parler de ça. » Elle s’autorise un léger rire en posant son regard sur le chemisier de la jeune femme, non sans gêne : elle détourne rapidement ses yeux. « Je ne vous apporte pas de glaçons, ça d’accord, mais je ne peux pas vous laisser dans cet état-là. » Elle désigne le vêtement d’Olive à l’aide de son index. « J’ai un t-shirt dans mon casier, je pense qu’on doit faire plus ou moins la même taille. » Elle n’acceptera pas un refus, qu’on se le dise. « J’ai l’uniforme du travail et un tablier, je vais pouvoir rentrer chez moi sans lui. Vous ne pouvez pas me dire non. » Elle se surprend elle-même à lui donner un ordre, sur le ton le plus doux qu’il puisse exister. Maxine ne lève jamais la voix et n’utilise que très rarement des tons secs. Même agacée, énervée, elle arrive à se contenir pour ne pas froisser les autres. Là, il n’y a que de la gêne et de la culpabilité : elle veut l’aider, et la jeune femme en face d’elle à l’air de lui ressembler énormément. Quand d’autres auraient crié au scandale, demandé un remboursement et une compensation, Olive, elle, reste étrangement calme, comme si toute cette situation était de sa faute. « Et puis… Je peux bien prendre ma pause maintenant, ça vous dit que je vous offre quelque chose sans vous le faire tomber dessus, cette fois-ci ? » Elle aime l’humour de répétition mais non, elle ne recommencera pas ses pirouettes à côté d’elle. « Je ne veux pas que vous ayez une mauvaise image de cet endroit, ou même de moi. » Non pas qu’elle ait besoin de la reconnaissance des autres – comble pour une artiste – mais elle ne veut vraiment pas avoir marqué sa journée négativement. Elle essaye de s’offrir une chance de modifier ce mauvais souvenir – et cette odeur de café qui la suivra toute la journée – en quelque chose de bien plus agréable. Une discussion avec une parfaite inconnue ; n’est-ce finalement pas pour cela que Maxine est partie à l’autre bout du monde, il y a de cela quelques mois ? Oh, si. Elle coche des cases dans son loto personnel, même si l’introduction n’était pas idéale.

encore une fois, tellement désolé pour ce délai catastrophique

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@Maxine Bloom  ☆ crédit/hannahcommissions

Peut-être que oui, Olive a tendance à tout relativiser, même quand elle se retrouve avec le chemisier imbibé de liquide brûlant. Cela même quand elle devrait sûrement se mettre en colère contre la pauvre serveuse. Sauf que ce n'est tout simplement pas son style. Olive, elle est du genre à ne pas aimer faire des esclandres pour un rien, surtout quand cela aurait pu lui arriver à elle-même finalement. Un accident ça arrive, et il n'y a vraiment aucun mal à cela. Alors non, ce n'est vraiment pas grande chose et elle le pense sincèrement. Ce n'était qu'une tâche de plus sur son chemisier. Une tâche qu'elle aurait sûrement fini par faire elle-même à être dans ses pensées. Bien sûr, elle ressent le picotement sur la peau causé par la brûlure, mais elle sait que ce n'est que superficiel, et que par chance, le tissu à freiner le plus gros dans sa chute. Alors oui, elle pourra mettre son linge à la machine en rentrant, mais ce n'est pas dramatique. Il vaut mieux relativiser et passer à autre chose. Elle va bien, et c'est ce qui compte plus que le reste. Olive, si elle devait choisir une appartenance, ce serait sûrement celui des altruistes, ça ce n'est un secret pour personne, alors oui, ça lui semble plus que naturel de retourner la question à la jeune femme. Le sourire sur son visage est rassurant et aucune colère n'émane d'elle, ce qui elle l'espère, sera le bienvenu. « Oui, oui… Enfin, je suis fatiguée, mais je ne suis pas supposée vous parler de ça. » Olive froisse les sourcils à cette réponse. Enfin, surtout à la dernière partie. « Pourtant, c'est humain. » La vie n'était pas toujours toute rose, alors forcément il y avait des jours plus difficiles que d'autres. Elle était bien placée pour le savoir l'Australienne. Alors pourquoi fallait-il trop souvent se cacher derrière un faux mood simplement pour faire plaisir aux autres ? « Je ne vous apporte pas de glaçons, ça d’accord, mais je ne peux pas vous laisser dans cet état-là. »  Olive suivit des yeux le doigt de la blonde avant de grimacer. « Ce n'est vraiment pas grand chose vous savez. » - « J’ai un t-shirt dans mon casier, je pense qu’on doit faire plus ou moins la même taille. » Une deuxième grimace à cette évocation. Il était claire qu'elle ne pouvait accepter cela de la part de la jeune femme, mais elle comprenait rapidement qu'elle n'aurait pas trop le choix et que c'était plus ou moins une façon de se faire pardonner pour la serveuse. « J’ai l’uniforme du travail et un tablier, je vais pouvoir rentrer chez moi sans lui. Vous ne pouvez pas me dire non. » La brune soupire, se rendant compte qu'accepter est la meilleure des choses à faire, même si ça ne la gêne pas le moins du monde de se balader avec une tâche de café. Il y a longtemps qu'elle est trop transparente pour que quiconque ne la remarque, ce n'est pas une tâche qui changerait ça. « Et bien oui, c'est d'accord, je vous remercie. » Pour l'aide qu'elle lui apporte en retour. Pour cacher un peu la misère par autre chose finalement. « Et puis… Je peux bien prendre ma pause maintenant, ça vous dit que je vous offre quelque chose sans vous le faire tomber dessus, cette fois-ci ? » Un rire léger passa les lèvres de l'Australienne à cette évocation. « Oui, ok c'est d'accord. » Voilà qu'elle se surprenait elle-même. Quelques mois avant et elle aurait simplement hoche la tête pour refuser, prenant ses jambes à son cou. Sauf qu'Olive ne voulait plus être cette jeune femme que le monde effraie, non bien au contraire. Alors forcément, cela passait par ce genre de petite chose. Accepter sans se poser trop de question de partager un moment avec une inconnue. « Je ne veux pas que vous ayez une mauvaise image de cet endroit, ou même de moi. » Même si elle le voulait, Olive n'arriverait pas à avoir une mauvaise image de quoi que ce soit. Trouvant toujours quelque chose de positif dans tout. Elle fait partie de ces personnes qui trouvent tout beau, même quand ce n'est pas le cas. « Malheureusement, cette tactique ne marchera pas. Vous me reverrez sans le moindre problème. » Après tout, elle aimait cet endroit avant même que la café ne s'étale sur sa chemise. Ce n'était pas une mauvaise expérience qui définirait le reste de ses visites quotidiennes ici. « Mais peut-être que je me mettrais à bonne distance de vous la prochaine fois. » Un rire franchit ses lèvres, tentant un brin d'humour sans certitude de son efficacité. C'était pas son truc d'être drôle. Heureusement, elle avait d'autres talents. « Je suis Olive au fait. » Autant commencer par le plus simple non?