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pay attention to what's right in the wrong.

@GABRIELLE STRANGE & BLAKE

Des empires aux méthodes douteuses, Blake en avait croisé plus d'un depuis le début de sa carrière, et il n'était pas exagéré d'en dire de même pour les dirigeants peu scrupuleux et prêts à tout pour brasser un maximum d'argent, quitte à parfois se retrouver avec un peu de sang sur les mains. Une description plutôt fidèle des individus à qui le blond comptait consacrer sa prochaine grosse enquête et à qui il s'intéressait depuis plusieurs semaines. Des pionniers de l'industrie pharmaceutique qui avaient fait fortune en commercialisant plusieurs gammes de médicaments que leur réputation avait fini par précéder et qui s'étaient inscrits comme la référence indétrônable en la matière. Une ascension qui forcerait le respect si elle ne cachait pas en vérité des manœuvres douteuses et un scandale sanitaire à grande échelle, aussi dangereux que la crise des opioïdes survenue aux États-Unis. Plusieurs de leurs produits seraient en effet officieusement connus pour créer une dépendance particulièrement vicieuse chez leurs utilisateurs et auraient même déjà provoqué de terribles effets secondaires, parfois fatals, chez certains d'entre eux. Des informations que Blake tenait d'une consommatrice justement victime de graves ennuis de santé suite à l'utilisation de ces médicaments et qui l'avait contacté avec le souhait de porter toute cette affaire sur la place publique, pour informer la population autant que pour placer l'empire pharmaceutique face à ses responsabilités. Missionné de faire toute la lumière sur cette histoire, Blake prenait ainsi son rôle très au sérieux et se sentait même investi d'un devoir nouveau, plus noble peut être, maintenant qu'il avait l'occasion d'agir dans l'intérêt d'une personne qui lui faisait confiance. Ça donnait comme un nouveau sens à son travail, et ça lui procurait une certaine satisfaction aussi, sans que ce soit pour une fois uniquement motivé par la perspective de mettre à mal la toute puissance d'individus rongés par une cupidité écœurante et ce foutu capitalisme consumériste.

Patientant à l'extérieur du siège de l'entreprise depuis maintenant près d'une heure, Blake avait guetté les allées et venues comme tout bon journaliste qui s'était posé ici avait la ferme intention de brosser un premier portrait de ces lieux aux nombreux secrets. Il ne repartirait pas dès aujourd'hui avec toutes ses réponses, et ça ne risquait pas d'arriver tant qu'il ne se serait pas introduit à l'intérieur, mais il avait toujours procédé par étapes et cette première approche était destinée à se familiariser avec les environs et toute personne qui franchirait ces grilles, qu'elle y travaille ou non. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est qu'une silhouette familière quitte justement l'enceinte du bâtiment au moment où il redressa la tête pour dévisager Gabrielle Strange, sur qui il ne s'attendait pas à tomber lorsqu'il s'était posté en observateur, c'était le moins qu'on puisse dire. « Gabrielle ? » Qu'elle l'ait déjà repéré ou non, lui ne comptait pas faire comme s'il ne l'avait pas vu, ne serait-ce que parce qu'il ne savait pas résister à l'envie de se rappeler au bon souvenir de ceux à qui il n'avait pas fait une excellente impression. Il était probable qu'elle soit tout sauf ravie de tomber sur lui, surtout si la raison de sa présence avait un rapport avec le travail comme le journaliste ne pouvait s'empêcher de le pressentir. Après tout, leur dernière rencontre en la matière avait fait quelques étincelles et elle en gardait certainement un souvenir plus désagréable que lui – c'était le cas chaque fois qu'il mettait plus ou moins consciemment des bâtons dans les roues d'autrui, animé par une soif insatiable de réponses bien plus que par l'envie de se faire apprécier. « Je serais curieux de savoir ce qui t'amène, mais je te connais assez pour savoir que tu risquerais de me retourner la question. » La curiosité allait de paire avec le boulot de journaliste, tout comme une certaine tendance à sauter à pieds joints dans les emmerdes pour débusquer une affaire plus corsée que les autres, mais il croyait avoir suffisamment cerné Gabrielle pour savoir qu'elle n'était pas en reste et qu'elle aussi, elle avait sans doute été interpellée par sa présence dès qu'elle l'avait vu fouiner dans le coin. Justement parce qu'elle savait déjà que les individus comme lui ne se retrouvaient pas dans ce genre d'endroits par hasard, qu'il y avait forcément une bonne raison pour que le blond s'intéresse à ces lieux et que dans l'hypothèse où elle s'y intéresserait elle aussi, la présence de Blake pourrait potentiellement venir lui compliquer à nouveau les choses selon ce qu'ils étaient respectivement venus faire ici.