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crédit/(blondewhoregifs/tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

mars/ Tu ne devrais pas être ici. Cela, tu le sais, plus que tout, tu le ressens, tes pas sont un peu trop lourds dans les locaux de la production X-Factor Australia, et tu as déjà surpris plusieurs personnes te pointer du doigt près de la machine à café ou arrêter leur conversation dès ton apparition dans une pièce. Et quand on fait ta taille, qu'on est blonde à souhait, qu'on aime enfiler des tenues légères et qu'on est en plus transgenre, ce n'est pas une instance rare. Mais ici ? L'atmosphère aurait dû être plus légère, ouais, elle l'aurait été si tu avais obtenu ta place de manière correcte, vu que ce n'est pas le cas, tu as constamment l'impression d'avoir un étau autour de ta gorge. Qui se desserre uniquement dès que tu peux remettre les pieds à Brisbane, ce qui est bien ironique, mais qui indique bien que Sydney ? Ce n'est plus la maison. Enfin pour l'heure, tu es toute seule, personne n'est assis dans la chaise en face de toi, personne n'a besoin d'un petit glow up et on ne t'a pas demandé quoi que ce soit. Tu es libre de pianoter sur ton téléphone, d'être rassurée par les commentaires qui viennent agrémenter ton dernier poste. Ce jugement-là, tu peux le gérer, c'est ce qui te motive plus que tout, ce nombre d'abonnés qui gonfle et qui gonfle et...
"Laurie, c'est ça ? Tu es occupée, j'aurais besoin d'aide..." Tu n'es plus seule dans la pièce, tu as attiré l'attention d'une des nombreuses assistantes, qui fonctionne aux cafés apportés aux autres et en essayant de rendre la vie de tout le monde plus facile. Elle parle beaucoup trop vite mais tu comprends que tu dois te rendre à la réception pour récupérer une livraison de tu ne sais pas quoi pour l'aider à faire quelque chose. "Okay ?" Tu verras sur place, voilà ce que tu décides, et téléphone en main, plateformes aux pieds, tu vas vers la réception justement, espérant que la personne concernée pourra t'aiguiller sur ta nouvelle mission. Tu ne croises que des gens occupés sur ton chemin, personne ne fait attention à toi et aux plis de ta robe et c'est tant mieux. Peut-être qu'elle a confié la mission à la bonne personne et que cela va te distraire. Tu le penses sincèrement mais toute pensée cohérente disparait de ton esprit quand ton regard bleuté se pose sur Isaiah Carter en pleine conversation avec la personne à la réception, justement. C'est lui, le père de Jo, tu ne te trompes pas, les années sont passées par là, vous n'êtes peut-être pas à Dalby et tu n'es pas en train de parlementer pour que Jo passe la nuit chez toi mais c'est bien lui. L'envie de faire demi-tour avant qu'il ne te repère se fait ressentir mais plus que ça, tu sais, sans te tromper, que Jo ne peut pas l'avoir convié. La brune est bien des choses, mais elle n'est pas maso et certaines choses ne s'oublient pas : l'éducation qu'elle a reçue, les choses qu'on lui a mise dans la tête.
Tu bouges avant même de t'en rendre compte, un sourire automatique sur ton visage, celui pour tes abonnés, mais qui va le savoir dans la présente ?"Eh bah ça alors... depuis quand vous vous prenez la tête avec des assistants ?" Le ton est léger alors que tu apparais dans le champ de vision de l'homme plus âgé, s'il fronce les sourcils à l'interruption, il semble plus serein quand il te reconnait. "Laurie ? Ah tu vas pouvoir m'aider, je pense que tu sais déjà qui je cherche." Oui, je sais, et je peux vous dire que ce n'est pas réciproque, sauf si c'est pour lui présenter des excuses. Tu ne le dis pas, le sourire ne faiblit pas et comme si tu avais été préparée toute ta vie, tu enchaines facilement. "Ouais je sais, et votre fille est très demandée vous savez ? La production l'a envoyée ailleurs aujourd'hui, pour une séance photos avec quelques fans, et vu la queue qu'il va y avoir, elle va être retenue pendant un petit moment. Je peux vous filer l'adresse vous aurez plus de chance là-bas." Tu mens, bien sûr que tu mens, tu mens comme tu respires et tu lui donnes une adresse dans Sydney sans ciller. Il te remercie, tu as même le droit à une étreinte en souvenir du bon vieux temps et d'un point de vue extérieur ça a l'air d'être une bonne interaction. C'est seulement quand il ne peut plus te voir que tu fais deux doigts d'honneur dans l'air, roulant des yeux, sachant que tu viens de l'envoyer dans un entrepôt abandonné à au moins deux bonnes heures d'ici.... Il le mérite.
Tu fais déjà demi-tour, déjà à la recherche de la loge de Jo, tu sais où elle se trouve et il y a quelqu'un devant qui tient des tas de cintres, probablement des tenues de scènes."C'est pour Miss Carter ? Je m'en occupe." Tu lui chipes tout ça des mains avec ton naturel habituel et sans taper, tu rentres dans la loge. Tant pis en fait, qu'est-ce que tu as à perdre ? Jo te déteste déjà, mais soudainement, tu es de nouveau la gamine qui veut la protéger de tout ça et qui a soufflé ses bougies d'anniversaire en souhaitant que toutes les deux, vous ayez des meilleurs pères. Le tien présent et le sien moins... lui. "Je sais, on ne se parle pas et je suis une personne horrible mais..." Newsflash, I hate me too, la pensée est là, elle n'est pas prononcée et avant que Jo ne te montre à la porte, tu annonces la raison de ta venue. "Je viens de voir ton père à la réception, il te cherchait, je me suis dit que tu voudrais être prévenue avant."

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Pour cultiver sa légende, Jo prétendrait que ça commençait à devenir routinier — les essayages, les répétitions, les interviews, les photoshoots, les soirées et les éloges. Mais la vérité, c’était qu’elle ne s’en lasserait probablement jamais. Pas forcément de l’attention qu’on lui portait, encore que c’était un extra qu’elle ne boudait pas, ayant toujours aimé être le centre d’attention, mais bel et bien de cette sensation qu’elle avait de mériter ce qui lui arrivait, d’en être digne. Elle savait quelle irait en Enfer parce qu’elle avait commis le péché d’orgueil plus souvent qu’à son tour — pas que celui-là, mais passons sur le reste —, pour autant elle se félicitait de toucher du doigt la notion d’un Paradis qui lui était propre, et ça passait par l’expansion d’une notoriété qu’elle ne bouderait pas malgré les critiques, les scandales et les secrets.
Elle restait la favorite, celle sur qui on misait sans qu’elle n’eut vraiment besoin de lever le petit doigt — encore qu’elle ne lésinait pas sur les efforts pour faire entendre sa voix, et ça fonctionnait à chaque fois parce qu’elle avait du talent, et qu’on pouvait lui trouver tous les défauts du monde, on ne pourrait jamais lui retirer ça. Le reste, ce n’était que de l’esbroufe qu’elle pouvait se permettre à cause de sa plastique, quant à son tempérament, il ne changerait pas sous le prétexte que, dans un monde où la modestie était vu comme une qualité adorable et abordable, être sûr de soi était au contraire considéré comme une tare qui vous place immanquablement dans la catégorie des bêcheurs. Elle était peut-être bêcheuse — elle l’était, indéniablement — mais elle faisait des efforts, et elle les faisait pour elle, de fait c’était plus simple de prendre sur elle lorsqu’elle avait l’impression qu’on se jouait d’elle, ou qu’on manquait de considération à son sujet.

Clairement pas là. La production ne s’était jamais moquée d’elle sur les tenues qu’on lui proposait pour les primes, et ça se vérifiait encore aujourd’hui. Elle n’avait pas regardé l’heure lorsque ses essayages avaient commencés, mais elle savait pourtant que ça faisait un long moment qu’ils y étaient, à enchaîner les tenues et à envisager des retouches parce qu’au-delà de son charisme, Jo restait un petit modèle dont il fallait ajuster à peu près tout ce qu’elle décidait de porter, tant par la hauteur que par la largeur ; et comme, au contraire de ses tenues de ville, ses tenues de scène étaient souvent longues, ça demandait concentration et travail. L’important, c’était qu’elle soit satisfaite à la fin, et si elle l’était vraiment une fois  seulement que sa tenue était complétée par le combo maquillage-coiffure, lorsqu’elle essayait ses tenues de scène, elle s’imaginait sans mal et son ego s’en retrouvait autant flatté que lorsqu’on l’applaudissait à tout rompre. Elle était difficile certes, sa vision restait unique et pointue, assez pour que les styliste de l’émission apprécient d’échanger avec elle sur ses points de vue bien qu’ils n’étaient pas toujours donnés avec délicatesse. Elle savait ce qu’elle voulait, c’était ce qui comptait, et personne ne remettait en question son sens du style : c’était déjà ça, elle qui se retrouvait à devoir obéir aux règles d’une production épuisée par son manque de discipline.
Elle s’était calmée, tout le monde l’avait remarqué, et chacun entendait à ce que ça reste ainsi. Alors pourquoi cette garce de Laurie venait de faire irruption dans sa loge ? Jo haussa les sourcils, ayant posé son regard sur elle uniquement parce qu’elle faisait face à la porte au moment où elle était entrée. Sans démontrer autre chose qu’une volonté ostentatoire de lui faire entendre qu’elle n’était pas la bienvenue, elle lui tourna immédiatement le dos, la dentelle rose de la robe qu’elle était en train d’essayer se mouvant avec grâce autour d’elle lorsqu’elle pivota sur ses pieds nus qu’elle avait de pointés dans l’attente des chaussures qu’on n’allait pas tarder à lui apporter ; et elle l’agaçait déjà, à palabrer seule sur des certitudes que Jo n’eut pas à coeur de confirmer, occupée à descendre de son perchoir de fortune pour tendre la main et attraper la bouteille d’eau qu’il y avait de posé sur la coiffeuse. Un léger rire lui échappa lorsqu’elle entendit Laurie lui parler de son père, et alors qu’elle tirait une longue gorgée de son eau sur la paille qu’on lui avait apportée quelques longues minutes plus tôt, elle s’astreignit à l’ironie lorsqu’elle lui balança sans crier gare "C’est le seul truc original que t’as trouvé pour m’approcher et attirer mon attention, hm ?" Levant les yeux vers le miroir de la coiffeuse pour les poser très brièvement sur la silhouette maigrichonne de Laurie, Jo ajouta en reprenant une gorgée de sa bouteille, se détournant de ce tableau pour aller s’asseoir sur la causeuse de sa loge avec l’élégance des divas "C’est vraiment tragique que t’en sois réduite à ça." À jouer avec les traumatismes de Jo pour qu’elle daigne lui adresser la parole. L’amie de l’année vraiment — dans ces moments-là, elle ne regrettait tellement pas de l’avoir rayée de son histoire "Mais bon, je devrais plus être étonnée à ce stade." ajouta-t-elle seulement, posant sa bouteille d’eau sur la table-basse dans la foulée.

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Ton cœur bat encore la chamade face à Jo et c'est lui que tu entends plus qu'autre chose pendant quelques secondes. Dans une autre vie, tu aurais piqué la bouteille de Jo sans vraiment lui demander, avant de balancer la nouvelle. Pas ici, pas maintenant, à la place, tu prends une profonde inspiration, parce que la situation n'est aussi critique que cela et que ton corps réagit comme si un prédateur était tapi dans l'ombre et qu'il allait bondir sur la brune à tout moment. Mais... c'est le cas, non ? Tu as envie de rire de l'ironie, et aussi de rire du fait que même dans ce cas-là, tu t'interposerais et te mettrait entre Jo et son potentiel agresseur, malgré tout ce qui vous est arrivé, malgré toutes tes conneries et ce que tu lui as fait. C'est triste, il y a des habitudes qui ne changent pas et dont tu n'as pas envie de te débarrasser. Surtout quand Jo est concernée en fait. Ton regard bleuté rencontre le sien pendant quelques secondes et tu clignes des yeux à sa question de rhétorique pure. Tu manques de regarder par-dessus ton épaule, parce que tu ne sais pas vraiment si elle s'adresse à toi. Mais si, tu es la seule personne dans la pièce autre qu'elle et quand elle s'assoit comme si elle avait tout le temps et la patience du monde, tu roules des yeux, vraiment.
Tu n'es pas là pour ça en fait, tu n'es pas là pour demander pardon, pour te racheter, pour qu'elle t'enfonce encore plus ou te dise à quel point tu es horrible. Tu le sais déjà tout ça, la liste de tous tes défauts a été dressée et faite par tes propres soins, ce n'est pas le moment d'en rajouter en fait. "Jo, regarde-moi..." Tu ne sais pas pourquoi le timbre de ta voix est aussi dramatique, tu prends une autre profonde inspiration, pour suivre le cheminement de pensée de la brune. Il y a des années de cela, tu n'avais aucun mal à la suivre Jo, aucun mal vraiment, mais ça, c'était avant, pour l'heure, il te faut littéralement plaider ton cas, tu détestes cela autant que son paternel que tu as envoyé à l'autre bout de la ville, mais tu le fais quand même. "Je t'ai laissée tranquille depuis que tu me l'as demandé et je fais comme si on était sur deux planètes différentes au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, mais pourquoi je mentirais sur ça ?" Pourquoi ? Quel serait ton intérêt en fait ? Ce serait nul et stupide comme tactique pour recoller les morceaux entre Jo et toi… Alors quoi ? Tu lui fais peur, elle se tourne vers toi comme au bon vieux temps et tout repart ? Sauf que non, même toi, tu n'es pas naïve à ce point-là et tu n'as jamais eu ce genre d'intentions.
Il y en a des femmes qui sont capables de tout prévoir, quelques tours et même quelques coups en avance, qui peuvent mentir, jurer, blesser en gardant le sourire aux lèvres, sans verser la moindre larme et sans ruiner leur maquillage. Décidément pas Laurie Wright, non, tu en as versé des larmes depuis cette fameuse réunion, sur l'épaule de Catherine qui n'a pas été réconfortante, dans l'intimité d'une chambre empruntée, sur ton téléphone portable en allant chercher un peu de réconfort dans les mots de pseudos complètement inconnus et anonymes...  Tu n'as rien d'une manipulatrice, ça elle devrait le savoir, ça n'a pas changé. "Ouais, tu n'as aucune raison de me croire et je suis une connasse finie, mais réfléchis deux secondes, s'il te plait, je ne t'ai jamais menti." Jamais, tu portes tes émotions fièrement sur ton visage comme le plus solide des masques et tu n'es pas si difficile que cela à lire quand il n'y a pas de caméra ou de projecteur braqué sur toi. Quand tu veux quelque chose, tu le dis, tu le prends, tu ne partages pas parce que tu es une égoïste finie, le genre qui pense que tout va s'arrêter un jour. Tu n'as pas bougé dans la loge de Jo, toujours plantée devant cette porte, sauf que tes poings se serrent d'eux-mêmes, tes ongles s'enfoncent dans les paumes de tes mains, te ramenant à la réalité pressante et à cette situation. "Je t'ai dit direct pourquoi j'étais à Brisbane et je n'ai jamais caché mes intentions... même toi tu devrais le savoir, je ne fais pas mes coups en douce." Donc qu'elle te croit quand tu lui soutiens qu'Isaiah Carter est là et qu'il cherche sa seule et unique fille. "Va demander à la réception au pire, on te dira qui te chercher, je peux t'assurer que la description qu'on te donnera ressemble à ton paternel..." Ce n'est pas comme s'il passait inaperçu et ça, même Jo le sait.

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Laurie lui demanda de la regarder. Avec toute l’insolence du monde, couverte de la dentelle de cette robe sublime qu’elle portait sur elle, elle daigna tourner son regard vers elle pour affronter le bleu foncé de ses iris sans se démonter une seconde, sans démontrer non plus que ça la troublait de s’y contraindre quand la dernière fois qu’elles s’étaient vues, elle lui avait fait tellement de mal qu’elle s’en était rendu malade.
Ses paupières papillonnèrent presque lorsqu’elle échangea ce regard avec elle, pas le moins du monde indisposée par l’idée que, qu’importe la nouvelle qu’elle voulait lui annoncer, elle déciderait de ne pas la croire et de faire preuve de la mauvaise foi patentée qui était la sienne lorsqu’elle avait le sentiment d’avoir été trahie, flouée, humiliée. Laurie avait été la responsable de ces trois états à la fois, profitant de sa déroute pour tirer son épingle du jeu et récolter les lauriers d’une situation injuste dont Jo n’avait fait que se défendre. Avait-elle était contrainte aux excuses, cette radasse ? Sans doute pas, mais Jo n’avait pas pris le temps de suivre son actualité ou de s’inquiéter de son sort, ayant fait ce qu’elle avait dit qu’elle ferait à Midas : la rayer de sa mémoire pour mieux avancer et ne pas camper sur une histoire d’amitié qui avait compté si fort pendant des années, que jamais elle n’avait été apte à anticiper l’idée qu’elle s’était peut-être faite avoir, qu’elle avait été trop naïve, charmée par l’éventualité d’avoir trouvé quelqu’un qui pourrait comprendre ses difficultés, ses problèmes, ses mécanismes de défense parce qu’elles venaient du même moule, ou presque. Elle la regarda oui, pour se rendre compte de la détresse qu’il y avait dans ses yeux, et de la véracité de ses paroles précédentes qu’elle choisit pourtant de ne pas vouloir comprendre, préférant d’abord lui dire en lui riant au nez "Pourquoi tu me mentirais sur ça ? T’oses vraiment me poser la question ? T’es prête à tout, fais pas semblant avec moi." lui rétorqua-t-elle plutôt calmement si on considérait que, d’habitude, elle n’était capable que de cracher au visage de ceux qui lui faisaient offense.

S’inclinant de nouveau pour attraper sa bouteille d’eau, Jo en tira une gorgée par sa paille qu’elle laissa dans sa bouche un moment, détournant ses yeux de ceux de Laurie pour ne plus être forcée d’y lire l’exactitude de la nouvelle qu’elle était venue lui donner : son père était dans les parages. Immédiatement, sans même qu’elle ne puisse véritablement s’en rendre compte, son corps se tendit, son rythme cardiaque s’accéléra. Toujours assise sur la causeuse de sa loge, elle se laissa brièvement aller à ses pensées, s’y enfonçant trop loin au point que c’est la bascule de sa bouteille d’eau qui se déversa sur sa robe qui la fit sortir de ses songes, et se lever d’un bond en marmonnant un "Putain." assez paniqué, qui aurait pu passer pour une angoisse relative au fait qu’elle venait de souiller la robe qu’on lui prêtait pour des essayages, quand en vérité c’était simplement l'évocation de la présence du père Carter qui rendaient ses mouvements moins sûrs, désordonnés.
Elle posa de nouveau la bouteille sur la table basse, et écarta les bras pour observer les dégâts sur la robe qu’elle portait ; ce n’était que de l’eau, ce n’était pas grand-chose — pas comme l’assurance prononcée par Laurie qui savait particulièrement bien vendre ses défauts pour que Jo sache au plus profond d’elle qu’elle n’était pas là pour s’amuser, non ; et ça la terrifia, d’imaginer Isaiah à quelques pas d’ici, à la recherche de sa fille qu’il avait refusé d’aider plus souvent qu’à son tour, sans parler de ses mains lestes qui, si elles n’avaient laissées aucune marque visible sur son visage, sur son corps, avaient été assez dissuasives à certaines occasions pour laisser des cicatrices sur son âme.

Elle prit une profonde inspiration, sa tête se relevant en même temps, et ses yeux croisant immédiatement ceux de Laurie de nouveau "Qu’est-ce qu’il t’a dit ?" lui demanda-t-elle, et elle s’en voulait Jo, qu’à la simple évocation d’une visite de son père, elle redevienne une enfant qui craint la punition parce qu’elle savait de quoi elle serait composée, et ce que ça voudrait dire sur la durée. Tachant de faire le point sur tout ce qui s’était passé ces dernières années pour rendre plus logique l’apparition-surprise de son père à Sydney, elle finit par penser tout haut, et demander à personne en particulier "Il me veut quoi, putain." Et comme un vieux réflexe, un de eux qu’elle avait trop souvent fait avant de quitter la maison, elle se dirigea soudainement vers la porte de sa loge pour la fermer à clefs, sa respiration devenant difficile à réguler et l’humidité de sa robe lui collant à la peau si soudainement, qu’elle se sentit engoncée dedans, mal à l’aise, au point qu’elle demanda brusquement à Laurie "Aide-moi à l’enlever."

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“Je ne fais jamais semblant avec toi.” Tu l’as murmuré face aux accusations de Jo, presque l’ombre d’un sourire sur le visage, parce qu’elle pourra t’accuser de tout, te rejeter tous les torts à la figure mais... cela reste vrai. C’est le genre de vérité qui est gravée dans le marbre et que rien ne peut effacer, quand Josephine Carter est concernée, tu ne fais pas semblant. Tu ne peux pas jouer et surjouer devant elle comme tu le fais avec beaucoup, comme quand on attire ton attention en soirée pour te demander ton numéro de téléphone, ou quand on essaye de te vanter les mérites de tel ou tel produit, ou n’importe quelle connerie du moment. Pas de ça avec Jo, elle t’a toujours vu pour ce que tu étais vraiment, elle a vu les mauvais jours de Lawrence, elle a suivi les déboires de Laurie, alors pourquoi tu lui mentirais ou est-ce que tu te jouerais d’elle ? Tu ne sais pas faire ça, tout est dit entre vous et c’est très certainement la chose qui te rend le plus malade en fait, tu as eu l’audace de la blesser, la lâcheté de t’excuser, mais tu n’as pas le courage de tout simplement lui avouer qu’elle t’a manqué. Et que c’est bien pour ça que tu as parcouru tous les kilomètres entre Brisbane et Sydney... mais ça n’arrivera pas maintenant, maintenant, vous avez des choses plus pressentes à régler et tu bats des cils, un peu hébétée alors qu’elle renverse de l’eau sur sa robe.
Un geste totalement involontaire, tu le vois et quand la voix paniquée de Jo te parvient, tu sais qu’elle te croit sur parole. Tu ne joues pas, elle non plus quand son paternel est le sujet de la conversation et tu ne peux pas la blâmer. Tu n’es pas surprise du tout et comme à chaque fois, tu attends les prochains ordres de Jo, pour savoir ce que vous allez faire, où vous allez fuir, où vous allez vous cacher pendant quelques heures. Au moins, Sydney c’est plus grand que Dalby, au moins. La porte est fermée à clef, aucune surprise là non plus et tu reviens enfin à toi quand l’ordre de la brune arrive. “Okay.” Tu fais un signe à Jo pour qu’elle se tourne et sans absolument aucune hésitation, tes doigts trouvent la fermeture éclaire de la si jolie robe pour la baisser d’un geste rapide. Tu laisses la brune sortir du vêtement, c’est un geste que tu as déjà effectué, vous avez vécu ensemble après tout, mais il n’y a rien de joyeux dans tout ça. Il n’y a pas de musique à fond, ton verre rempli d’un alcool trop fort que Jo ne préfère pas consommer, pas de destination précise, personne à rejoindre et il ne va pas s’agir de capter l’attention pendant quelques instants alors que Jo est sur scène, non. Oh comme tu voudrais retourner à cette époque-là, tout était tellement plus simple, avant cette putain de finale, avant cette défaite, plus simple oui, c’est comme ça que tu vois les choses.
La pensée est là, elle reste dans ton esprit alors que tu t’empares de la robe pour voir les dégâts et essayer de réparer ça. “Okay, okay, laisse-moi voir... j’ai déjà fait pire hein, si t’as un sèche-cheveux dans ta loge, je m’en occupe et personne ne saura ce qui s’est passé. Au pire, tu diras que c’est moi qui n’ai pas fait gaffe.” Ce n’est que de l’eau, mais on ne sait jamais, le tissu est très certainement coûteux, après tout, tu doutes que la production lésine sur les moyens pour une de leurs stars fétiches, et il ne faudrait pas que toute cette histoire cause encore plus de tort à Jo, pas du tout. Tu pars à la recherche du fameux sèche-cheveux, parce que tu as besoin de bouger, tu as besoin de faire quelque chose et que tu n’aimes pas particulièrement répondre à la question de Jo, mais tu le fais tout de même. Il ne t’a pas dit quoi que ce soit d’important ou de crucial l’autre Carter. “Pas grand-chose, il te cherchait, il était sur le point de demander où tu étais, je lui ai raconté un joli mensonge et je l’ai envoyé dans un endroit désert de Sydney.” Sans aucune hésitation, sans consulter qui que ce soit, sans te dire qu’il avait le droit de voir sa seule et unique fille, sans demander à Jo ce qu’elle en pensait. Peut-être que tu n’aurais pas dû et que tu devrais vraiment la laisser tranquille mais... mais maintenant que ce n’est plus que vous deux, tu n’as absolument aucun regret, aucun.
“Il va juste trouver de la ferraille et des pneus.” Tu annonces cela avec un haussement de tes sourcils, pas franchement fière, mais encore une fois, tu ne te sens pas désolée. Tu jettes un coup d’œil à Jo et tu décides d’abandonner la robe sur la chaise pour le moment, parce que ce n’est vraiment pas le plus important. “... Qu’est-ce que tu veux faire ?” La question que tu lui poses est sincère, et elle est là pour qu’elle pense un peu plus clairement au reste. “On peut se tirer pour quelques heures, il y a bien des gens dans Sydney qui me doivent encore des faveurs et qui savent se la boucler.” 

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crédit/(ungiffed/tumblr) ✰ w/ @Laurie Wright

Les gestes de Laurie étaient synchronisés à ceux de Jo parce que ce genre de choses, elles l’avaient fait des centaines de fois avant là. Jo n’était pas pudique, elle l’était encore moins avec Laurie, quand bien même les années étaient passées, que leurs corps avaient changé, qu’elles étaient devenues des femmes chacune de leur côté, elle se fichait bien que sa nudité puisse indisposer qui que ce soit, partant du principe qu’elle n’avait pas avoir honte de son corps dans tous les cas, plus occupée à creuser dans son esprit pour remettre le doigt sur les façons de faire de son père qui avait une logique toute particulière. Ça aussi, ça lui revenait facilement, de tenter de se protéger des potentielles actions de cet homme qu’elle n’avait plus revu depuis des années, et la masse de souvenirs qu’elle avait laissé de côté pour ne pas trop se laisser atteindre par l’idée d’avoir été une victime de quelque chose dont elle ne voulait pas parler, jamais, à personne, ils refirent irruption dans son espace qu’elle sentit se rétrécir autant que le tissu de sa robe soumis à l’action de l’eau s’insinuant au coeur de ses fibres. Débarrassée d’elle, elle ne se laissa pas tétaniser par ses pensées immédiates cependant, prenant une profonde inspiration lorsqu’elle se retrouva en sous-vêtements, allant pêcher son peignoir en soie dans une succession de gestes qui ne trompaient pas sur l’urgence de la situation, l’enfilant sans plus de cérémonie.

Pause. Jo s’arrêta soudain de gesticuler, se recentrant en même temps qu’elle serrait très fort la ceinture de son peignoir au-dessus de son nombril, marquant sa toute petite taille, pour reposer son regard sur Laurie et lui répondre, sa tête se secouant à la négative lorsqu’elle parla de sèche-cheveux pour réparer les dégâts causés par l’eau qu’elle avait renversée sur sa robe. Dans la foulée, elle vint resserrer l’élastique lâche de sa queue de cheval brouillonne "C’est pas le genre de tissu qui supporte les hautes températures." Au pire, elle se ferait taper sur les doigts par les stylistes qui s’occupaient d’elle. Ce n’était pas son souci prioritaire sur l’instant, elle devait bien l’avouer.
Remplissant ses poumons d’un air puisé dans une nouvelle et très profonde inspiration, Jo attendit la réponse de Laurie à sa question, et ajouta presque abruptement "Ma mère était avec lui ?" Sûrement que non, elle l’aurait mentionnée autrement. Mais bizarrement, ça l’aurait presque rassurée qu’elle le soit. Non pas que Michelle était une mère parfaite, loin de là, plutôt passive dans sa façon d’envisager l’éducation de ses enfants, mais elle avait eu le privilège d’être relativement épargnée par les coups de sang de son époux, laissant penser à Jo qu’elle avait tout de même toujours eu assez de poigne sur lui pour qu’il l’épargne, ce qui n’avait pas été le cas de ses six enfants. Peut-être avait-elle essayé, peut-être pas, Jo elle, elle n’avait jamais essayé de comprendre le fonctionnement du couple que formait ses parents, seulement imaginer qu’elle avait fait le déplacement elle aussi, ça aurait été une caution sur laquelle elle aurait aimé compter pour ne pas craindre le pire — le pire reflétant les souvenirs qu’elle avait de moments passés à croiser les doigts pour ne pas être le numéro qui tombait dans la loterie personnelle d’Isaiah Carter.
"J’aurais dû me douter qu’il se pointerait à un moment où un autre. Je passe toutes les semaines à la télé depuis des semaines." Le temps d’un court instant, elle se demanda si la production de l’émission n’avait pas fait appel à lui pour le faire venir le temps d’un prime, dans le genre de séquence-émotion qui tire des larmes aux téléspectateurs friands de ce genre de retrouvailles sans connaître véritablement l’histoire derrière des années sans se voir, sans se parler. Elle avait eu Leroy au téléphone de temps en temps Jo, mais ils ne parlaient pas de leurs parents ; et puis s’il avait su quoi quoi que ce soit, il lui aurait parlé de quelque chose parce qu’il savait ce que ça laissait planer comme stress de ressentir la présence de leur père non loin de là, non loin d’eux. Encaissant les mots de Laurie sans rien ajouter de plus sur le moment, elle tendit les mains devant elle comme pour retenir quelque chose d’invisible et qui n’était autre que son calme qu’elle tacha de garder farouchement contenu au plus profond d’elle-même, mais tout le monde savait que ce n’était pas son point fort, elle la première. Pourtant, d’une voix où la neutralité était relativement revenue, elle dit à Laurie qu’elle regarda de nouveau en même temps "Je sais pas ce que je veux faire. Et ça sert à rien d’aller me planquer ailleurs qu’ici. Je vais devoir revenir, il finira par me mettre la main dessus, et tu sais comment il est —" Quand il veut un truc, il l’obtient se retint-elle de dire puisqu’en effet, Laurie savait très bien où elle voulait en venir.
Jo secoua la tête, la relevant en même temps pour finir par dire, n’osant pas avouer que dans le fond, malgré ce qu’elle ressentait sur le moment, et l’impression de déjà-vu désagréable qui faisait s’affoler ses signes vitaux, elle était intriguée par ce qu’il avait à lui dire "Il t’a parlé directement, il était comment ?" Pas physiquement, elle s’en cognait de ça ; son père avait toujours était beau, son charisme ne souffrant pas de ses qualités physiques qui étaient déjà là, ne faisant qu’accentuer le respect instinctif qu’on avait pour lui lorsqu’il se présentait aux autres, ses cheveux éternellement poivre et sel finissant de lui donner des allures de notable quand il n’était rien d’autre qu’un promoteur de rêves et d’espoirs brisés — il savait soigner les apparences cependant,  elle savait de qui elle tenait. Non, elle voulait savoir comment il était : s’il était calme, s’il était en rogne, s'il reniflait toutes les ruelles de la ville dans l’espoir de lui faire payer quelque chose, comme l’idée de ne pas avoir daigné le convier au retour de l'attention autour d’elle, et ce succès que lui promettait le parcours brillant, mais pas sans anicroches, qu’elle menait depuis le mois de novembre dernier.

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crédit/(blondewhoregifs/tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

Il y a des choses que tu ne peux tout simplement pas oublier. Et ce, même si tu es à des kilomètres de Dalby, même si tu n'es pas une gamine et surtout quand Jo est le sujet de conversation. À chaque fois que tu fermes les yeux et que tu repenses à toutes ces années-là, à la vie d'avant, à la confusion, la brune est toujours là, dans ton champ de vision ou quelque part dans ton esprit et les regrets finissent par se mêler aux souvenirs et les choses que vous ne pourrez jamais effacer. Tu adorerais dire que l'une comme l'autre, Jo comme toi, vous avez eue une enfance facile et putain d'ennuyeuse, mais ce n'est pas le cas. Cela ne rend pas le quotidien facile justement et rend le moment présent et ce que tu as fait subir à la brune encore plus horrible maintenant que tu y penses bien. Tu dois prendre une profonde inspiration quand la voix de Jo te parvient et tu abandonnes finalement la robe, parce que tu perds ton temps. "Okay..." La robe est délaissée sur le dressing alors que Jo te demande si son géniteur était accompagné ou non. L'incident a beau s'être déroulé il n'y a que quelques minutes, tu dois tout de même te concentrer et fouiller dans ta mémoire avant de hocher négativement la tête. Aucun signe de sa mère de ce que tu rappelles, juste Isaiah à la recherche de sa fille, comme le ferait n'importe quel père qui s'inquiète pour cette dernière ou qui serait venu l'encourage.
Ou pas, tu ne penses pas que ce soit l'une de ces deux raisons et maintenant, tu te trouves bien idiote de ne pas lui avoir juste demandé ce que lui fabriquait là. Comme ça, de but en blanc, lui demander si lui aussi, comme toi il y a quelques semaines, il a pensé qu'il pourrait se raccrocher au succès de Jo et progresser. Oui, tu y as pensé, tu l'as dit à la brune à Brisbane et tu en as profité ici, tu es malhonnête et le fait qu'on, enfin que Jo, puisse te ranger dans la même catégorie que son père... cela fait mouche et te donne presque envie de vomir. Presque, tu te reprends, avec une profonde inspiration, du genre qui soulève ta poitrine et tes épaules et tu te concentres sur Jo. C'est pour elle que tu es là, pour ce petit aparté entre vous deux. Elle ne sait pas et tu ne peux pas la blâmer, le problème est complexe et la décision lourde de conséquences. Et tu sais comment il est... Tu hoches vigoureusement la tête, de façon négative, aux mots de la chanteuse. Parce que ce n'est pas une excuse, parce que tu n'as jamais trouvé ça correct, parce que personne ne devrait s'attendre à ce type de traitements de la part de ses parents. Personne.
Même une personne que tu détesterais de tout cœur, et tu ne détestes pas Jo. Du tout. "Oui, je sais, c'est pour ça que je l'ai envoyé loin d'ici, peu importe, tu lui diras que c'est moi et mes neurones qui fonctionnent à deux à l'heure qui ont tout fait merdé... Il doit avoir l'habitude." Ou pas, tu t'en fiches, Jo est assez intelligente pour retourner la situation à son avantage quand sa route croisera finalement celle de l'autre Carter et tu ne veux pas penser à cela maintenant. À ce qu'il pourrait lui dire, ce qu'il pourrait faire, tu as une autre grimace avant de hausser les épaules. Tu as peu d'informations à lui donner au final, à part qu'il est à Sydney et qu'il la cherche activement. "Assuré, il te cherchait et il avait l'air certain qu'il te trouverait et qu'il devait te trouver." Les mots t'échappent avant que tu ne puisses vraiment les arrêter, parce que tu comprends la question de Jo, tu sais ce qu'elle ne dit pas et que c'est sa façon à elle de jauger l'humeur d'Isaiah avant une potentielle confrontation et... c'est putain de triste, pas vrai ? Tu es presque sur le point de poser la question à Jo, avant de réaliser que ça ne fait pas de sens non plus, et que ça ne va rien changer à la situation, du tout. "Je n'ai pas vu ta mère non, mais elle pourrait être dans un hôtel quelque part et lui en train de te chercher." Tu n'en sais rien, tu n'as pas demandé, tu aurais sûrement dû poser la question, histoire de pouvoir lui venir en aide et ne pas juste être là...
Tu soupires encore, soudainement remplie d'énergie et le désir de faire quelque chose, quoi ? Tu n'en sais rien du tout maintenant que tu y penses bien. "Et tu l'as dit toi-même, tu passes à la télé depuis des semaines..." La pensée est dite à voix haute, mais c'est la vérité, Jo est à la télé, chaque semaine, à ravir le public et à gagner de plus en plus en popularité chaque semaine. "Pourquoi maintenant ?" Cela ne fait pas de sens et tu n'imagines pas Isaiah comme un homme désespéré ou qui le devient facilement. "Tu crois que c'est à cause la finale que se rapproche ?" Et le fait que Jo soit encore là, clairement en très bonne position pour tout gagner et repartir avec les bras chargés. Tu lui as fait le coup après tout, tu ne devrais pas être surprise. Ouais, sauf que tu es, enfin, tu étais une amie, pas son père. "Désolée, t'es pas obligée de répondre, tu veux… que j'aille te chercher une autre robe ? Que je vérifie si la voie est libre ?" Histoire de te rendre un peu plus utile.

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crédit/(ungiffed/tumblr) ✰ w/ @Laurie Wright

"Pardon de briser ton petit coeur, mais il en a rien à foutre de toi." Comme ton père d’ailleurs, aurait-elle pu ajouter, mais elle ne le fit pas. Si Jo était paniquée, elle n’en restait pas moins elle-même. Elle n’avait pas envie que Laurie fasse tourner cette situation autour de sa petite personne, elle n’avait pas besoin de l’entendre s’apitoyer sur son sort parce que le sien avait plus d’importance sur le moment. Isaiah ne s’en prenait pas aux autres, il s’en prenait à ceux sur qui il savait qu'il avait de la poigne. Laurie, elle lui était indifférente, il s’en était sûrement remis à elle parce qu’elle se trouvait sur son chemin. S’était-il rappelé de qui elle était maintenant que son identité avait été affirmée par ses opérations de réassignation, est-ce qu’il avait été charmant avec elle ? Jo ne pouvait pas prétendre que ça l’intéressait de le savoir, pour l’heure elle n’avait envie que d’une seule chose, et ce n’était sûrement pas de réconforter Laurie à propos de l’image que son père avait d’elle. Elle était mauvaise dans tous les cas, fin du débat.
Bien sûr qu’il avait été certain de la trouver. Il n’était pas idiot son père, c’était bien là tout le problème. Il aurait pu se pointer à Brisbane pour tâter le terrain, se rapprocher d’Ava pour tenter d’atteindre sa fille avec la précision d’un joueur d’escrime, le fleuret pointé directement sur le coeur, mais il avait préféré venir à la source pour se figurer de l’influence qu’elle prenait, de la réputation qu’elle laissait filtrer dans l’espoir de pouvoir en profiter ; elle n’était pas mauvaise, sa réputation, mais elle n’était pas parfaite non plus, et ça devait le faire kiffer, de se dire qu’elle n’avait pas réussi à temporiser son caractère, lui donnant une raison supplémentaire de la voir comme une extension de la personne qu'il était, et qu'il avait à coeur de contrôler pour se donner l’impression d'avoir réussi quelque chose de bien de sa vie. Soudain, Jo prit une profonde inspiration, se détournant de Laurie pour réfléchir à toute vitesse, et se demander quelles étaient vraiment ses options en la matière.

Elle n’avait pas envie d’affronter son père, c’était trop tôt. Elle avait encore le souvenir de la dernière fois qu’ils s’étaient vus, et ce n’était pas un souvenir heureux. La manière qu'il avait eu de la mettre à la porte après qu’elle se soit manquée avec son premier opus, livrée à elle-même, en lui conseillant d’aller faire la pute pour vivre, c’était à peu près tout ce qui l’avait contrainte à se rendre à Brisbane pour s'occuper d’Ava comme pour lui prouver qu’elle n’avait pas besoin de pencher vers les extrêmes pour faire quelque chose de sa vie, et surtout qu’elle n’avait pas besoin de lui. Mais c’était quoi sa vie, jusqu’à il y avait trois mois ? Une succession de déception, d’actes manqués, et de jours à vivoter pour continuer d’ancrer sa grand-mère dans une réalité à laquelle, elle, elle tenait tant à échapper.
Elle ferma les yeux fort, ses lèvres suivant la cadence lorsqu’elle entendit la voix de Laurie s’élever de nouveau. Sa question la fit rire, amère, puis se retourner en même temps pour poser son regard sur elle "Pourquoi maintenant ? T’oses vraiment me poser la question ?" lui demanda-t-elle, n’attendant pas de sa part qu’elle fasse preuve d'un tantinet d’introspection pour souligner l’idée que, si elle faisait mine de, elle n’était en rien meilleure que son père : ils étaient là pour les mêmes raisons, qu’elle ne se fourvoie pas sur sa bonté uniquement parce qu'elle avait daigné venir la prévenir du danger qu’elle encourait. Jo la toisa, de bas en haut, son joli petit minois s’animant en même temps, sa tête serpentant avec volonté "J’en sais rien Laurie, pourquoi t’es venue me trouver toi, il y a six mois ?" Elles savaient toutes les deux pourquoi, inutile de palabrer sur ça. Pourtant, Jo ajouta, lucide "J’attire les opportunistes. Ça a toujours été le cas, ça le sera toujours." Et une fois sur deux, elle se laissait avoir parce qu’au fond elle n’était pas si revêche qu’elle semblait l’être, à essayer de se protéger à la hauteur de ses moyens, quand il se trouvait qu’elle n’était qu’une pauvre gamine perdue dans la somme de ses rêves brisés.

L’avantage qu’elle avait actuellement, c’était de briller tellement fort que c’était une possibilité de laisser ses adversaire aveuglés par son rayonnement. Peut-être que c’était ce qu’elle devait faire avec son père, lui rendre sa monnaie de sa pièce en lui faisant réaliser qu’à son contraire, elle avait une image publique maintenant, et que si elle n’était pas polie comme on aurait voulu qu’elle soit, elle avait au moins le mérite d’exister, tout comme le talent qu’elle avait travaillé toute sa vie pour qu’il soit remarqué, jalousé.
Reprenant un peu sur elle à cette idée, Jo se redressa et se souvint qu’elle était supposée en vouloir assez à Laurie pour ne pas vouloir qu’elle soit là "Non, ça va aller." lui fit-elle lorsqu’elle lui proposa d’aller chercher une nouvelle robe, et dans la foulée, elle se ranima pour se diriger vers la porte qu’elle déverrouilla dans l’idée de l’ouvrir tout en disant "J’en reviens pas que tu profites de la situation pour faire comme si rien ne s’était jamais passé. C’est bon, t’as fait ta bonne action de la décennie, tu peux t’en aller." Et elle s’apprêtait à l’ouvrir cette porte, mais elle sentit une résistance de l’autre côté qui la força à battre en retraite pour la laisser s’ouvrir d’elle-même, poussée par son père qu’elle vit dans l’entrebâillement, et qui écarta les bras en posant son regard sur la silhouette de sa fille qu’il se précipita de prendre dans ses bras en lui disant, pas aussi bas que ça, provoquant un grossissement du regard de Jo qui resta tétanisée le temps d’une seconde "T’es aussi belle qu’à travers le petit écran, ma puce." Et bien sûr que par-dessus son épaule, il lança un regard noir en direction de Laurie.

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Le rire que Jo a la seconde suivante, tu le connais déjà, oui, tu l’as déjà entendu des dizaines de fois, dirigé contre quelqu’un d’autre. Avant que la brune ne relève les défauts de la personne concernée et la fasse se sentir comme un moins que rien. Le souci, c’est que les gens détestent entendre la vérité, tu seras la première à le confirmer, et c’est tout ce que Jo dit la plupart du temps, juste la vérité. La triste et affreuse vérité : tu n’es qu’une sangsue et tu en as profité. Tu en as profité il y a des années de cela, quand tout ça, c'était nouveau pour elle et qu’elle tentait de se faire une place grâce à sa voin et son talent, et tu en profites une fois de plus, maintenant que le projecteur est de nouveau braqué sur la brune. Tes intentions ont toujours été claires, une partie du moins et Jo te trouve le bon nom, tu es une opportuniste, tu lui as dit sur le pas de sa porte avec un demi-sourire, en espérant que ça te sortirait d’un mauvais pas et d’une mauvaise situation. Ce n’est pas le cas, ça n’a pas été le cas et tu n’as fait qu’enfoncer le clou au lieu de faire des aveux. "Ce n’était pas une vraie question, tu sais..." Jo le sait, tu t’en doutes et tu laisses filtrer un long soupir parce qu’il n’y a rien à ajouter à cela. Encore une fois, c’est la vérité qui fait plus de mal qu’autre chose et si tu pouvais retourner en arrière, tu le ferais, sans aucune hésitation.
Tu fermerais ta grande gueule pendant cette réunion et tu partirais après avoir promis de ne pas parler de Jo et de ne pas faire plus de vagues, et peut-être que de l’eau serait coulée sous ce pont-là, sans doute pas. Mais au moins, tu ne serais pas la personne qui lui a fait du mal. Même si ça n’a pas son importance dans le monde de Jo dans la présente, même si elle s’en fiche et qu’elle est déjà passée à autre chose, ça pourrait t’enlever un peu de la culpabilité que tu ressens en permanence depuis cet incident. Et ça ne ferait pas de toi la pire des amies. C’est bien beau de rêver, vous n’en êtes pas là, tu te retrouves juste à froncer les sourcils alors qu’encore une fois, Jo t’accuse. De quoi ? De vouloir aller lui chercher une nouvelle robe ? De l’avoir prévenue ? Tu n’es pas venue demander tes quinze minutes supplémentaire, pas vrai ? "Et comment je profite de la situation au juste ? C’est genre tu te tapes un petit traumatisme et je..." Si la porte ne s’ouvrait pas déjà, tu en aurais rajouté.
Bien sûr que oui, tu aurais répliqué et fait remarquer à Jo que tu n’espérais pas une opportunité pour récupérer ta place. Tu es une idiote et une égoïste finie, oui, certes. Sauf que tu sais quel genre de fossé tu as creusé entre vous deux. Et ça ne va pas s’effacer comme ça, et ce n’est même pas une faveur que tu es en train de lui faire. Putain que non, lui annoncer l’arrivée de ce Carter-là ce n’est pas un moyen de te racheter, c’est pour mieux la ménager elle, qu’elle se prépare un minimum et qu’elle ne soit pas prise au dépourvu, ni plus ni moins. Ou alors elle aurait préféré apprendre la nouvelle d’un des assistants ? Tu n’auras jamais la réponse à toutes tes questions, tout comme Jo ne sera pas tout ce qui te noue la gorge en ce moment. Non, elle n’en saura jamais rien, car vous n’êtes plus seules dans la pièce, son père fait son entrée et tu roules des yeux alors qu'Isaiah prend Jo dans ses bras. Comme s’il était un père aimant et qui dispensait de l’affection de manière régulière. Il est bon comédien, tu ne peux pas lui enlever cela et il a la bonne expression sur le visage, celle du père plus que fier.
Il a pour toi un regard noir et tu hausses les épaules, lui renvoyant un sourire qui a plus sa place dans un poste Instagram que dans la réalité. "Oops, elle était déjà là, j’ai dû me tromper de jour." Une simple erreur, plus pour meubler la conversation, autre chose, tu n’es pas importante là tout de suite. Du tout, ton regard bleuté retombe sur Jo, et la prochaine question que tu lui poses est lourde de sens. "Tu veux que je parte ?" Tu te moques de ce qui s’est passé entre vous et même si elle pense que tu essayes de te racheter une conscience ou quoi que ce soit de cette nature, qu’elle prenne sa décision pour savoir si elle veut rester seule avec son père ou non. La question n’est pas anodine et si tu dois les laisser en tête-à-tête, tu le feras avec le cœur beaucoup plus lourd que d’ordinaire.

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crédit/(ungiffed/tumblr) ✰ w/ @Laurie Wright

Laurie ne l’aiderait pas vraiment parce que pour elle tout était une histoire drôle dans laquelle elle voulait obtenir le premier rôle, rien de moins. Ça ne l’était pas, drôle. Jo ne voulait même pas se rappeler des fois où la blonde avait eu assez de jugeote pour considérer que la situation était sérieuse, c’était une autre époque, où elle n’avait pas encore le cerveau bouffé par les réseaux sociaux et par son besoin constant d’être en représentation pour attirer l’attention d’un auditoire qui l’oublierait à sa première connerie. A dire vrai, elle n’existait même plus à ce moment-là. Plus rien n’existait, alors qu’elle sentait les bras de son père autour d’elle et la pression de sa main qu’il posa entre ses omoplates pour qu’elle se rapproche de lui un peu plus dans un geste protecteur. Quelle ironie, qu’elle se dit, cédant à son bon-vouloir parce que le choc était rude, et que la succession de choses ne l’aidant pas à prendre de la hauteur pour le repousser comme il se devait, elle se laissa un instant aller à l’idée que peut-être, il était là pour les bonnes raisons.

La voix de Laurie la rappela un instant à la réalité tandis qu’Isaiah rompait l’étreinte avec sa fille pour prendre son visage dans ses mains et l’observer sous toutes les coutures ; il verrait que sa mâchoire s’était affinée, que son regard s’était agrandit, que ses traits s’étaient affirmés et que son hygiène de vie impeccable lui permettait de garder cette beauté qu’elle ne tenait pas que de lui, c’était une évidence "C’est notre jeu avec ta mère, de savoir à qui de nous deux tu ressembles le plus." Il fit tourner le visage de Jo de droite et de gauche, sûrement pour faire une analyse rapide de la femme qu’elle était devenue pour, avec un rire qui se transforma en sourire en coin, reprendre tout de suite après, presque dans un murmure inquiétant "Ça m’ennuie de l’admettre, mais c’est elle qui gagne. Tu lui as tout pris, c’est incroyable." Première salve de paroles qu’elle recevait de sa part depuis moins de six ans, et c’était pour s’attirer les mérites de quelque chose la concernant et pour remettre son physique en question. À un, deux, trois, il lui dirait qu’elle avait en revanche hérité de son caractère compte tenu des rumeurs qui circulaient, et ça elle ne voulait pas l’entendre, alors se dégageant de ses grosses mains menaçantes qui avaient pris en coupe son visage nu de tout maquillage, Jo fit en pas en arrière et cligna des paupières en ne sachant pas quoi dire pour désamorcer le malaise, sentant grouiller l’empreinte des doigts de son père sur la peau de son visage sur lequel elle passa une main pour les chasser aussitôt, une profonde inspiration lui échappant pour statuer sur le fait que ce n’était pas un drame, que ce n’était qu’une visite, qu’elle pouvait le gérer.

Son père n’était pas un homme qui hésitait, et il n’hésita pas là encore à s’enfoncer dans la pièce comme s’il en était l’hôte, s’avançant vers la coiffeuse illuminée en jetant un regard de travers à Laurie qui, évidemment, s’amusait de son apparition en le provoquant à moitié. Jo s’entendit lui dire "C’est bon, Laurie." C’est bon, Laurie. Ferme ta gueule, n’envenime pas la situation, si tant était que la situation était critique. Jo n’en savait rien, elle restait là à suivre les mouvements de ce père qui avait eu la main légère bien trop souvent à son goût, qui avait jugé bon remettre en doute ses capacités en tant qu’individu dans le sens large du terme, la rendant tributaire de son autorité sous le prétexte qu’elle avait son sang, qu’elle portait son nom, qu’elle vivait sous son toit, lui rappelant comme elle n’arrivait à rien sans lui quand elle se défendait du contraire. T’es bonne qu’à faire la pute sur les plateaux télé, alors retournes-y, puisque t’as besoin de personne, cette réplique résonnait encore à ses oreilles, la bruit de la porte qui lui claque au visage encore plus, alors qu’elle avait mis sa fierté de côté après sa foirade avec son premier projet post-défaite quand elle n’avait quasiment plus personne sur qui compter, devenant aussi obsolète qu’un jouet qu’on s’accapare pour faire comme les copains et briller à la récré : son père l’avait rejetée, sa mère l’avait rejetée, ses frères n’en parlons même pas — et celle qui lui demanda maintenant si elle voulait qu’elle parte alors ? Elle n’avait pas été mieux que les autres, et ce n’était pas une prise de conscience soudaine de sa part qui la ferait changer d’avis sur ce qu’elle avait dit à Midas lorsqu’il était venu la retrouver après avoir été cloué au piloris par la production de l’émission : elle ne voulait plus d’elle dans son sillage, et ça comptait pour aujourd’hui.
Détachant son regard de son père, Jo le posa brièvement sur Laurie pour lui dire "Je t’ai dit que c’était bon, Laurie." répéta-t-elle sans pouvoir ajouter quoique ce soit d’autre puisque son père reprenait, se retournant vers elles pour mieux appuyer ses reins sur le bord de la coiffeuse, ses bras robustes se croisant sur sa poitrine comme il annonçait avec l’intransigeance de l’ordre donné , n’ayant aucun autre mode de communication de valable dans son système bien huilé "Ta mère nous attend à la réception. On t’invite pour déjeuner." "J’ai des choses à faire. J’ai un emploi du temps s…" "Passe une tenue décente, et retrouve-nous en bas. On a du temps à rattraper, autant le faire dans les meilleurs délais — et on doit parler de ta grand-mère." Et voilà comment rendre Jo docile sans même essayer : mentionner Ava. C’était radicale comme méthode, c’était sans doute aussi un peu surprenant de ne pas la voir moufter, seulement elle avait longtemps payé ses moments de fulgurances en la matière et elle était une adulte maintenant. On lui reprochait souvent de ne pas se comporter comme telle quand il s’agissait de gérer des situations ce genre, il était temps d’en être une au moins pour cette fois — une adulte qui sentait son coeur battre à tout rompre dans sa poitrine et le poids du monde s’échapper d’elle à l’instant où son père quitta la pièce aussi vite qu’il l’avait rempli de sa présence pesante pendant qu’en simultanée, elle défaisait la ceinture de son peignoir pour passer une tenue décente, qu’importe ce que décente voulait dire.

rp terminé.