Quand Russell devait s’éloigner de Tony pendant plusieurs jours, ce n’était jamais de gaieté de cœur. Le pompier était extrêmement attaché au petit félin, il était même devenu un des piliers de sa vie, sa seule famille depuis son départ de Brisbane. La solitude était un fardeau que Tony parvenait à rendre plus supportable à coup de ronronthérapie et de bêtises attendrissantes par moments. Même quand Russell s’absentait pour aller faire un roadtrip à bord de sa bécane, il avait toujours un pincement au cœur en pensant à cette petite boule de poils. Toutefois, s’il avait fait appel au service de Stella, sa catsitter attitrée aujourd’hui c’était à cause de son travail. Face à la recrudescence d’incendies et d’accidents en tout genre, Russell était énormément sollicité. Non pas sur le terrain, comme ce n’était plus le cas depuis plusieurs années, mais à la caserne. La pression est élevée puisqu’il venait en appui pour la planification des épreuves de secours, c’était épuisant. Cette période chargée avait entrainé une recrudescence de ses cauchemars et de flashes à certains moments. Le sommeil n’était donc pas au rendez-vous et avoir Stella pour prendre le relais en prenant soin de Tony lui évitait bien des tracas. “Tada, voilà ton fauve. Tu m'excuseras pour le retard, on va dire que c'est encore la faute du bus.” Malgré ses cernes et ses traits fatigués, un large sourire fit son apparition sur le visage du pompier. “Tonyyyy” Il se penchait, tendant sa main pour que le félin s’approche, ce qu’il fit instantanément. Après quelques caresses Russell se redressa, il fallait quand même remercier Stella pour son travail. “Non mais ne t’en fais pas, je suis rentré plus tard que prévu, je rentre à peine.” Ce qui était vrai, il avait juste eu le temps de prendre une douche et il n’avait même pas eu le temps de faire une sieste qui était bien méritée. “Il a été sage au moins?” Même si Tony commençait à prendre un peu d’âge, il n’était pas le dernier pour faire des bêtises, les pots de fleurs de son appartement s’en souviennent encore. Il avait parfois la vitalité -et la bêtise- d’un chaton, ce qui le rendait encore plus attachant du point de vue de Russell mais qui pouvait parfois être difficile à gérer quand il était pire qu’une pile électrique.“Tout s'est globalement bien passé, comme d'habitude. Te laisse pas avoir s'il fait semblant de mourir de faim par contre, il a mangé ce matin.” Voilà une nouvelle qui faisait plaisir au pompier. La remarque de Stella le fit sourire, ce chat était un vrai filou qui savait très bien comment manipuler ses humains pour un peu de nourriture. “C’est un grand comédien oui, je commence à le connaître.” Comprenant qu’on parlait de lui, Tony avait relevé la tête vers Russell qui s’était à nouveau baissé pour le caresser. “Et oui c’est de toi que je parle, tu vas pas manger tout le temps quand même ?” S’il était complètement gaga de son chat ? C’était évident et plus le temps passait et plus il assumait d’être un papa chat comblé. “Comment ça va toi sinon ?” C’était une question difficile. Russell n’aimait pas vraiment parler de lui ou rentrer dans des détails personnels. D’une part parce que c’était souvent trop intime ou parce que ça finissait bien trop souvent par se retourner contre lui. Il restait donc assez vague et sur des banalités pour protéger sa vie privée, même s’il appréciait beaucoup Stella. “Je suis épuisé, y a un boulot monstre en ce moment donc on a pas beaucoup de répit. Mais bon on le fait aller, et toi ?”