@Spencer Blackwell

Il n’aurait jamais dû choisir ce foutu bout de pays pour s’y installer, bon sang. Ou tout du moins, ses parents n’auraient jamais dû le faire, puisque Swann s’est contenté de subir les conséquences de leur attitude coloniale depuis sa naissance. Il rêve encore de l’Europe, de sa Majesté, de ses vastes horizons verdoyants, montagneux, sablés. Il rêve de la richesse culturelle de l’endroit, il rêve tout particulièrement de l’Allemagne et de l’ouverture d’esprit qui y règne, certaine que dans un pays tel que celui-ci il n’aurait pas à cacher ses pouvoirs. Sous le règne du Roi de Prusse, tout serait bien différent, et il pourrait lui vouer allégeance en le pensant sincèrement, contrairement à la vieille Victoria qu’il n’a jamais appris à apprécier, ou même respecter. Il partira avec le premier bateau, dès qu’il en aura l’occasion. Il trouvera cette terre dont il rêve, il y élèvera ses bêtes et, surtout, il y sera heureux.

Pour l’heure, il se contente des tâches ingrates, à pister une jeune femme comme si elle était un animal sauvage. Il se fait discret, il attend de connaître jusqu’où elle ira. Ils jouent au jeu du chat et de la souris, jeu dans lequel il n’est pas certain d’être réellement le chat. Il l’espère, parce que de cette façon au moins il pourrait dire qu’il est un chat inoffensif et qu’il ne lui veut pas du mal. Du moins, qu’il ne lui fera pas de mal si elle fait à son tour des efforts. Avant qu’elle n’entre dans l’observatoire et qu’elle s’y engouffre sans qu’il ne sache ce qui se trouve à l’intérieur (une victime ou bien ses compères ? les deux ?), Swann se gratte la gorge et sort de sa cachette. « Blackwell. Arrête toi. » Il ordonne, d’une voix posée mais non moins sérieuse.  « Qu’est-ce qui se trouve à l’intérieur ? » Cela ne peut plus durer. Elle ne peut plus continuer à faire ça et à vivre un tel train de vie de façon totalement impunie. Il doit y mettre un terme.

win - Elle ne cache rien
so close - Elle cache un humain, déjà décédé.
fail - Elle cache un humain, encore en vie.

La nuit est belle, selon tes critères en tout cas. Contrairement à tous ces trouillards qui n’osent plus sortir, tu fais partie de ceux qui s’en accommodent plutôt bien, et pour cause. Plus aucune raison de devoir te planquer pendant que le soleil est de sortie, tu es libre de tes mouvements pour la première fois depuis quatre ans, et c’est une aubaine que tu ne comptes pas gâcher. Comme le reste des créatures de la nuit, tu profites des circonstances pour faire comme bon te semble, à commencer par des repas équilibrés à toute heure de la journée. Comme celui que tu as laissé mourant dans l’observatoire il y a de ça quelques heures et que tu reviens achever avant de nettoyer. Encore que, peut-être que tu n’auras qu’à faire le ménage, en fait.
A moins que.
L’injonction sort des ombres et te fait soupirer avant de jeter un oeil dans la direction du concerné. Tu le détailles de haut en bas, t’assures qu’il soit bel et bien seul et que tu ne risques pas de tomber dans un fichu traquenard. Un soupir sonore t’échappe, visiblement agacée d’avoir une fois de plus été interrompue dans tes projets. Tu ne déranges pourtant personne, alors que veut-il ? «  Tu ne t’arrêtes donc jamais ? » Le revoilà encore sur tes talons, le casse-pieds. N’a-t-il donc rien de mieux à faire ou personne d’autre à harceler ? « Rien qui te concerne. » Plus maintenant en tout cas. S’il était arrivé plus tôt qui sait, mais maintenant ce n’est rien de plus qu’un bout de viande froide, le genre que même un clébard refuserait de renifler. Encore que, ils font des manières en société mais dès que tous ont le dos tourné, ils se jettent sur les restes pour avoir ne serait-ce qu’un bout d’os à ronger. « A moins que ça ne soit une de tes connaissances ? Un ami, peut-être ? » Un pauvre hère à qui tu as joué le coup classique de la veuve éplorée trop peureuse à l’idée d’aller seule au cimetière et qui t’a suivi sans même se méfier un seul instant. Tu en doutes, mais pour le spectacle, tu entrouvres légèrement la porte, pas assez pour dévoiler ce qui se cache à l’intérieur mais suffisamment pour que l’invitation à entrer soit claire. Viens donc si tu l’oses, tandis que le petit sourire narquois qui étire tes lèvres laisse place au doute ; s’il veut s’assurer qu’il y a bel et bien quelque chose (ou quelqu’un) de l’autre côté, il n’a qu’à vérifier par lui-même. « Tu ferais mieux de rentrer chez toi, Craine, tu as sans doute mieux à faire que d’être ici, hm ? » N’est-il pas de ceux qui souhaitent mettre un terme à cette nuit éternelle ? Ca serait probablement bien son genre, et pourtant il est là, en train de perdre du temps avec toi.

«  Tu ne t’arrêtes donc jamais ? » Pas avant d’avoir obtenu justice, le genre de phrase que Batman lui volera dans quelques décennies mais qu’il se retient lui-même de prononcer en cet instant, sans doute parce que Swann est le premier à se rendre compte de l’aspect risible d’une telle annonce. Cela n’en reste pas moins un reflet de la réalité: il veut la justice et, surtout, il veut la paix. Autant de choses qui ne peuvent arriver si les vampires continuent de tuer impunément, sans jamais que quiconque s’oppose à leur massacre sans fin. Non, il a décidé que tout devait prendre fin, et cela commence en cet instant même puisqu’il est inimaginable qu’elle ose faire une seule victime de plus. Inspirant calmement, il relève le menton pour faire face à la jeune femme ; elle qui semble pourtant si pure, si innocente. Ce n’est pas la première fois qu’il fait face à des apparences trompeuses: lui aussi semble tout à fait normal, si personne ne s’attarde sur les détails de son existence. Heureusement, peu ont eu l’idée de s’y frotter pour l’heure encore, et il peut se concentrer sur sa tâche première. Elle rajoute pourtant quelques mots qui lui font aussitôt froncer les sourcils. « Rien qui te concerne. » - « Je n’en suis pas si sûr. » Quand il s’agit de tuer des innocents, il jure que cela a tout pour le concerner, au contraire. « A moins que ça ne soit une de tes connaissances ? Un ami, peut-être ? » Elle joue le pur jeu de la provocation et il ne rentrera pas dedans, bien conscient qu’il ne fait pas le poids dans un duel de force simple.

« Tu ferais mieux de rentrer chez toi, Craine, tu as sans doute mieux à faire que d’être ici, hm ? » - « J’ai une proposition à te soumettre. »

En d’autres termes: non, il ne rentrera pas chez lui. Pas de suite, du moins. « J’ai mis au point un sortilège pour faire s’étouffer dans leur propre salive tous ceux avalant du sang humain. » Et il le bluffe pas, elle peut le voir à son regard. « Contente toi d’animaux, Blackwell. De chevaux, si ça te fait plaisir. Mais ne me force pas à utiliser cette magie sur toi. » Il pourrait se contenter d’une promesse, lui qui a tellement foi en l’humanité. Mais à ce jeu là il n’existe pas de seconde chance: si elle le trahit, il lui imposera une éternité sans plaisir, sans humains dont elle pourrait profiter.

win - le sortilège existe bel et bien.
so close - le sortilège existe bel et bien mais il est instable: parfois, il tue la personne qui boit du sang. n'importe quel sang. même animal.
fail - LOL. il mytho complètement et prend ses rêves pour la réalité.

C’est plus fort que toi, il faut que tu roules des yeux de façon tout à fait dramatique lorsque le sorcier insiste sur le fait que si, ça le regarde. Qu’il est ennuyant, à se mêler de tes affaires alors qu’il n’a rien à faire ici.
Heureusement pour lui, ce soir tu es disposée à discuter et à ne pas faire de scène pour rien. Il n’y a pas de public à impressionner, de toute façon, rien à y gagner. Et puis, ce n’est pas parce que tous te voient comme un monstre assoiffé de sang que tu ne sais pas être courtoise et polie lorsque la situation s’y prête. Le tout maintenant, c’est qu’il ne joue pas avec ta patience parce qu’elle a tendance à vite s’éclipser, celle-là. « À me soumettre ? » Le choix des mots te fait tiquer. La proposition n’en est pas une, tu vois venir gros comme une maison le genre d'offre qu’on ne refuse pas sous peine de conséquences plus ou moins graves. S’il ne se montre pas agressif pour le moment, tu restes tout de même sur tes gardes par principe ; difficile à dire ce qui passe par la tête de ces maudits sorciers lorsqu’ils s’aventurent sur ce genre de terrain. Tes sourcils se froncent à ses mots, à sa menace à peine dissimulée et tu cherches la moindre trace d’hésitation sur son visage, n’importe quoi qui trahirait un mensonge éhonté. « Tu mens, » tu souffles en cherchant à déjouer sa malheureuse tentative de bluff. Le problème, c’est qu’il a l’air tout à fait sérieux et que rien chez lui ne laisse présager une quelconque tromperie. « Et quand bien même, je n’ai aucunement l’intention de me contenter de rats puants pour te faire plaisir. » Et puis quoi encore ? L’idée même te rebute et te dégoûte, tu as déjà en mémoire le goût amer du sang animal, bien moins nourrissant que celui des êtres humains. Et puis, le plaisir de la chasse est sans pareil. « Pourquoi tu tiens tant à les protéger ? Ce sont les mêmes qui préparent de grands bûchers pour les gens de ton espèce. » Rien de nouveau, quoi. Partout et à toute époque, ce sont les humains qui ont traqué chaque créature différente d’eux dans le simple but de les exterminer. Sous couvert de procès aux allures de mascarades ou de fausses croisades sur des terres jugées impies, ils tuent sans aucune hésitation. Aujourd’hui, le vent a tourné et il est temps d’arrêter de se cacher au profit d’une sous-espèce trop fragile pour continuer à régner en maître sur ce monde.

« Tu mens, »
« Je n’oserais pas. »

Du moins, il est bien heureux d’avoir réussi à préparer un tel sortilège, parce qu’il n’existait aucun plan B face à l’idée aussi stupide que saugrenue résumant à se planter devant un vampire et espérer que la malédiction de leur sang ne le pousse pas à dévorer Swann. « Et quand bien même, je n’ai aucunement l’intention de me contenter de rats puants pour te faire plaisir. » Il balance sa tête de droite à gauche. Ce n’est pas comme s’il lui demandait son avis, et ce n’est pas non plus comme s’il lui demandait de se contenter de rats jusqu’au restant de ses jours et de les dévorer jusqu’au dernier bout de poil, rêche et sûrement immonde. « Pourquoi tu tiens tant à les protéger ? Ce sont les mêmes qui préparent de grands bûchers pour les gens de ton espèce. » Il relève le menton, le souvenir omniprésent à cause des histoire qui sont transmises de générations en générations ; et les événements vécus encore trop récemment, parce que les humains continuent leur chasse aux sorcières sans savoir qu’elles constituent l’un des derniers remparts contre les forces du mal. « Il y a aussi beaucoup d’innocents. » L’immense majorité le sont, à dire vrai, et c’est eux en particulier que Swann cherche à protéger. Ils méritent de vivre leur vie simplement, sans avoir peur de ce qui se trouve tapi dans le noir.

« Tu es déjà entrée dans le cercle magique. » Il ne lui aurait pas dit si elle avait promis de se tenir à carreaux mais puisqu’elle ne semble pas en avoir envie, il doit avouer mon plan sur un spectre plus large: elle est déjà ensorcelée. Du bout de l’index, Swann montre ledit cercle, fait d’un mélange d’ingrédients en tout genre dont elle se moque sûrement. Il est entré à l’intérieur, lui aussi, mais il ne sera pas celui à pâtir au moment où il boira du sang humain: cela n’arrivera de toute façon pas, il n’a rien à craindre. « Il n’y a rien que tu puisses faire contre, alors n’importune pas mes collègues. Tu vas devoir te contenter des rats puants à partir de maintenant, Blackwell. » Il annonce le tout d’un air grave, sans avoir envie d’en rire ni même d’en jouer. Les faits sont ce qu’ils sont et, à partir de maintenant, le sortilège lui-même est ce qu’il est: puissant, immuable.

Il est trop sensible, Craine. Les êtres humains sont aussi abjects et répugnants que les rats qui te débectent tant, la seule différence c’est que leur sang a meilleur goût et une meilleure valeur nutritionnelle, ce qui est non négligeable pour rester en bonne forme. Les rares vampires que tu as vu adopter un régime qualifié de végétarien dans le milieu, ont bien triste mine par rapport aux autres. Alors merci mais non merci, il peut garder sa proposition pour lui, toi tu passes ton tour. « Ils te chasseront, eux aussi. Et sans la moindre hésitation. » Innocents ou pas, les humains sont tous les mêmes. Aucun ne vaut la peine de se donner tant de mal ou d’être protégé au péril de sa vie. Craine joue avec tes nerfs, et il n’aura aucun mal à discerner la surprise qui passe dans tes yeux au moment où il annonce la duplicité dont il a fait preuve. Un coup d’oeil balaye le fameux cercle, le piège se refermant sur toi sans que tu aies eu le temps de comprendre ce qui t’arrive. Traître. « Qu’as-tu fait ? »  Il n’a tout de même pas osé ? Et pourtant au fond de toi tu sais, tu sens déjà que quelque chose cloche. Alors que tu réalises la gravité de la situation, ton masque de calme jusque là olympien se désagrège subitement, laissant place à une colère sourde. « Tu n’aurais jamais dû ! » La menace dans ta voix est claire et il ne faut pas être devin pour voir la suite arriver. Si tu es maudite au point de ne plus pouvoir profiter des humains, ces pauvres êtres fragiles et pathétiques qu’il tient tant à sauver, son sang à lui ou celui des autres créatures qui arpentent les rues ne t’es pas interdit. Tu ne te contenteras pas de rats immondes, non, à partir de maintenant ce sont les gens comme lui que tu vas prendre un malin plaisir à piéger. Sans crier gare, tu te rues sur le sorcier toutes griffes dehors, véritable furie déchaînée prête à faire payer l’affront qui t’a été fait.

win Swann se retrouve totalement pris au dépourvu par l’attaque éclair et servira de goûter à la place des humains qu’il aime tant, ça lui apprendra à faire le malin.
so close Bien évidemment, il avait préparé sa fuite et ne se fait pas prier pour prendre congé. Spencer reste là comme une godiche avant de se mettre à tout casser.
fail Pas fou le type, il avait anticipé et préparé de quoi contrer l’attaque. C’est un combat jusqu’à la mort qui s’engage et Spencer n’en ressortira probablement pas en vie, tout ça pour ça.