Décembre 2023.

Spencer semble fatiguée, vêtue des gants de boxe de Saddie. La plupart des frappes qu’elle se prend auraient pu être évitées d’un simple mouvement de la hanche que l’apprentie connait bien tant ils l’ont répété elle et son coach. Cela fait plusieurs semaines que tous les deux se voient, parfois en salle publique, parfois dans le gym privé qu’Archie a fait emménager au sous-sol de son palace. Aujourd’hui, ils ont choisi la seconde option car elle leur prodigue l’intimité dont la future participante du tournois a besoin. Dans trois jours, elle s’opposera à d’autres boxeuses dans le cadre du championnat de boxe féminin intermédiaire qui a lieu tous les ans. Ce sera sa première tentative dans le vrai monde de la compétition, sans que plus jamais son adversaire ne réduise la portée de ses coups par précaution. Parce que c’est bien ce que Archie a toujours fait depuis le début. Ex-champion du collège, il n’a pas perdu de son talent et il pourrait facilement mettre Spencer K.O. Ce n’est hélas pas son but ; il n’a plus de médailles de ce genre-là à collectionner. Il a tourné la page et il doit admettre qu’il se découvre une appréciation étonnante pour l’enseignement. Partager son savoir plutôt que de le garder égoïstement pour gagner seul les batailles. Ce doit être de la maturité, dont il commence à faire preuve. Il en aurait eu besoin un peu plus tôt pour s’éviter les centaines d’erreurs commises dans le passé. Certes, il n’est pas encore parfait – et il ne le sera jamais, vue sa nature – mais il peut s’améliorer avec quelques efforts.

Tout comme Spencer, qui se prend encore un poing ganté dans l’estomac. « Tu sais comment éviter ce coup-là, Spence. » Qu’Archie soupire en reculant un peu pour la laisser reprendre son souffle. Ces coups-là, même quand ils ne sont pas pleine puissante, privent d’air. Ce sont les meilleurs pour déboussoler et préparer le coup fatal. Faisant quelques pas sur lui-même et soulevant à nouveau ses gants devant son visage, Archie insiste : « Allez, reprend ta position de défense. On recommence, cette fois ne te laisse pas toucher. » Voyant la fatigue dans son regard, le dédain aussi, il s’immobilise et laisse ses deux mains tomber le long de ses hanches pour mieux l’interroger du regard. « Qu’est-ce qui se passe ? T’as bu du lait caillé ce matin ? Si tu dois utiliser les toilettes, vas-y tout de suite, je t’interdis de tacher mon tapis. » Il aimerait aussi ajouter qu’elle doit se reprendre en main parce que la compétition pointe le bout de son nez, mais il s’en empêche pour l’instant. Elle semble nerveuse, l’élève, et lui ajouter une couche de pression n’est probablement pas la solution.    

D’ordinaire, t’es toujours volontaire à l’idée de venir te défouler en compagnie du Kwanteen. T’es même prête à dire qu’avoir accepté la proposition du type était une des meilleures décisions de ces dernières années, parce que ça te fait un bien fou et même ton psy pense que c’est une bonne chose. Tu donnes tout pendant les séances d'entraînement et la fatigue que ça procure après coup, tu l’accueilles comme s’il s’agissait d’un putain de messie. Forcément tu repars toujours avec quelques bleus ici et là, mais rien d’insurmontable ou même d’étonnant.
D’ordinaire, t’es même carrément une élève assidue, prenant en compte les remarques tant qu’elles sont constructives et t’as pu constater un net progrès par rapport aux toutes premières séances. T’attends pas après les louanges du coach, mais t’as appris à repérer quand il est satisfait de tes résultats ou quand il ne l’est pas.
Sauf que là, y a quelque chose qui cloche. Chez toi, chez lui, peut-être les deux, qui sait. Le beau-père squatte chez toi depuis quelques temps déjà et tu sais pas comment aborder le sujet sans froisser qui que ce soit. Le boulot te fatigue plus que ce que tu veux laisser paraître, mais c’est pas grave parce que tu gères. Les réunions aux groupes de parole te prennent le peu d’énergie qu’il te reste, mais ça non plus, c’est pas grave. Toujours est-il que t’es particulièrement crevée, que t’es distraite et pas franchement dans le mood pour te faire houspiller à la moindre opportunité. Pire même, tu prends des coups facilement évitables et t’as presque l’impression qu’il fait exprès d’appuyer ses coups plus que de raison. Au cours de la séance, t’as pris dans le visage, dans les épaules et un peu partout ailleurs, mais le coup de grâce c’est sans doute celui dans l’estomac. Le souffle coupé, t’es presque à deux doigts de dégobiller sur le ring personnel du coach. T’as envie de lui gueuler dessus, de lui dire qu’il l’a fait exprès et que d’habitude, il frappe moins fort. D’habitude, t’es surtout plus disposée à esquiver ou à parer. Lorsque tu sais de nouveau à peu près respirer, Archie relève tes poings gantés, réhaussant ta garde, prêt à continuer à s'enchaîner jusqu’à ce que tu tombes de fatigue et que mort s’en suive. (Ou pas loin, quoi.) Le regard mauvais, tu renifles en essayant de te concentrer, de te mettre dans le bon mindset histoire de remonter la pente. Y a une compétition qui approche bientôt et, si au début t’étais pas spécialement chaude à l’idée d’y participer, tu dois bien avouer qu’il a fini par réussir à te faire marcher dans la combine ; il a su te galvaniser, il a su trouver les bons arguments pour te convaincre et t’y as même cru.
C’est proche, trop proche, et dans l’immédiat tu vois ton niveau qui semble être redescendu en flèche et qui ne sera clairement pas à la hauteur des autres participants et t’es déjà presque prête à baisser les bras et à déclarer forfait. T’avais oublié à quel point la compétition c’était pas fait pour toi.
Finalement, Archie s’arrête, se place face à toi avec son air réprobateur et son ton que tu trouves trop condescendant à ton goût. « Y a rien, » obviously, « j’suis juste fatiguée, j’ai mal dormi. » C’est même pas faux, en plus, mais ça fait chier de constater à quel point ça plus tout le reste joue sur ton moral et sur tes performances. « On reprend. » Prête à en découdre, tu remontes ta garde mais clairement, le placement de jambe est désastreux et il est facile de voir toutes les ouvertures possibles, surtout pour un type aussi expérimenté que lui. C’est à peine si tu attends que lui relève sa garde que déjà, tu passes à l’assaut, et malgré la surprise de l’attaque c’est à peine si tu réussis à le toucher. T’as beau essayer très fort de te concentrer et te mettre dans le bain, c’est peine perdue. Le prochain coup que tu prends, c’est sûr qu’il te fout à terre.

@Archie Kwanteen

Spencer n’a jamais été une élève exemplaire, mais Archie a su à quoi s’en tenir dès l’instant où il lui a proposé de venir s’entraîner avec lui. Après tout, leur rencontre s’était ficelée autour d’un service à la clientèle merdique (où les deux camps étaient fautifs, certes…). Quand ils se sont serrés la main (métaphoriquement) pour conclure ce deal, ils se lorgnaient encore avec malice, l’un par amusement et l’autre par agacement. Alors non, les séances de boxe n’étaient jamais des plus harmonieuses et l’élève avait beaucoup de mal à accepter les critiques, mais Archie s’était reconnu en elle. Ils avaient ça en commun, de croire qu’ils ne doivent rien au monde. Autant cette ressemblance les assemblait, autant elle faisait monter la tension parfois. Heureusement, quand ils se voyaient, c’était pour frapper dans un truc afin de la libérer.

Spencer n’est pas prudente aujourd’hui. Ses mouvements ne sont pas calculés et Archie a l’impression qu’ils ont fait un pas en arrière, qu’ils sont de retour aux débuts de leur parcours de coach et d’élève. En temps normal, le garçon aurait laissé le moment passer sans trop commenter, puisqu’il a conscience que certaines journées sont plus difficiles que d’autres, mais dans l’état actuel des choses il ne peut pas se taire. En effet, leur tout premier match compétitif arrive à grands pas, et Archie compte bien sortir de là le nez haut et fier. « Y a rien, » Pour ne pas perdre le rythme, il continue de sautiller sur place en haussant un sourcil, tête penchée, regard interrogatif. Il n’y a pas rien, ça se voit bien. Croit-elle qu’il ne voit pas ses grimaces, sa fatigue prématurée et ses soupirs entre deux exercices ? « j’suis juste fatiguée, j’ai mal dormi. » Ce doit être la nouvelle situation amoureuse d’Archie qui le motive à être un peu plus à l’écoute. Il se sent heureux en ce moment et il capte les ondes négatives maintenant qu’il ne s’y noie plus. Il a du temps à consacrer pour les autres alors il ne néglige pas cette opportunité qui s’offre à lui. C’est donc ça, d’être amoureux ? De mieux intercepter les émotions des autres et de se faire plus affecter par celles-ci ? Pour une fois dans sa vie, il ne pense pas qu’à son nombril. « On reprend. » Lui laissant une chance, il se redresse à son tour, poings devant son visage, prêt à relancer une partie. Avec une simplicité déconcertante, il évite le coup qu’elle lui envoie. Il l’avait vu venir de loin parce que sa pose désastreuse l’avait trahie. « Stop. Stop stop stop. » Il insiste en se redressant le dos, déliant son corps de sa position défensive. « Ça ne va pas. Regarde tes pieds. Ça faisait des semaines que ton placement n’était plus un problème. C’est la base de la base. » Il la laisse constater les dégâts (ou pas, si elle n’en a pas envie…). « Tu ne peux pas monter sur le ring comme ça samedi. On rira de toi. Et mon petit doigt me dit que t’aimerais pas trop ça. » Il fredonne ensuite sur un ton amusé, cherchant à le faire rire un peu, pour ne pas briser l’atmosphère. Ce n’est pas le moment de tout briser. « Tu ne pourras pas jeter un verre de gin tonique à la gueule de tes adversaire si tu n’aimes pas le déroulement… »

Le peu d’effort qu’il met dans l’esquive de ton coup est presque aussi humiliant que le niveau de l’attaque en elle-même. Avant même que tu ne puisses reconsidérer l’idée de te lancer à nouveau dans la mêlée, il met un terme au combat, pointe les imperfections flagrantes dans ton positionnement et ça ne fait qu’ajouter à ton agacement général. Tu lâches un soupir impatient en baissant les poings, retirant les gants pour aller t’installer en tailleur à côté de tes affaires. Forcément, ses remarques te font grincer des dents, t’as conscience que tu ne risques pas d’aller loin en continuant sur cette lancée, tout comme tu sais que tu n’auras pas de verres à balancer à la tronche des opposants un peu trop casse-pieds à ton goût. « Dommage, » tu grommelles pourtant en attrapant ta bouteille d’eau histoire de te désaltérer un coup. Promis, lui ne risque rien pour l’instant, il peut s’approcher sans craindre de recevoir la moindre goutte.
Archie vise juste, cependant. Il est suffisamment observateur pour avoir remarqué que t’es pas le genre de fille à bien prendre les critiques ou les moqueries gratuites (peut-être à ses dépends, d’ailleurs), alors là… « Ca mène à rien, » tu lâches avec un soupir sonore. Franchement, c’est inutile à ce point-là, y a aucun espoir que t’arrives même à porter un simple coup à un adversaire, tu vas te faire enchaîner et ça sera drôle pour tout le monde sauf pour toi. Victoire par KO assurée en moins d’une minute, ça sera on ne peut plus simple pour les autres. « Je suis clairement pas prête pour samedi et je le serai pas, » autant se rendre à l’évidence et arrêter les frais tant qu’il est encore temps.
Le constat est amer, t’auras pas le niveau attendu pour la compétition, le mieux à faire est encore de déclarer forfait tout de suite, ça épargnera les déceptions pour le coach comme pour toi. « Je vais me faire laver la tronche et tout ça n’aura servi à rien, » et t’auras rien gagné d’autre que des nouveaux bleus sur le visage, à croire que t’attends que ça. C’est pas sa faute, à Archie. C’est toi, le coup classique de la meuf qui baisse les bras bien trop vite et qui abandonne à la première difficulté, qui considère qu’elle n’a pas les épaules et qu’il n’y a rien à faire. Tu gères mal la pression, le stress, l'anxiété, les échecs, bref, à peu près tout. Rien de nouveau, mais d’ordinaire, tu ne déçois que toi. Là, tu t’étais engagée à aller jusqu’au bout, bêtement, t’as cru qu’une activité sportive comme la boxe te ferait du bien et te permettrait de mieux gérer toutes tes frustrations et tes envies subites de remettre le nez là où il faut pas. Peut-être que sans toutes ces choses au boulot ou à la maison pour t’accabler et te distraire, t’aurais pu, mais là, y a rien de moins sûr. « Tu ferais sans doute mieux de mettre une perruque pour te faire passer pour moi, » ou de se teindre les cheveux, vu que les tiens sont en vérité à peine plus longs que les siens. La touche d’humour est grinçante, mais dans l’immédiat, te faire remplacer est la seule solution viable que tu puisses proposer ; toi, t’y arriveras pas.

Spencer se démotive elle-même. Archie commence à comprendre comment elle fonctionne. Ce n’est pas le manque d’entraînement qui la mène à ce niveau aujourd’hui, ce sont ses pensées défaitistes. Ils se sont vus trois fois par semaine pendant des mois et le progrès était flagrant. Durant cette session, elle retourne au premier niveau parce que la compétition prévue le week end la rend nerveuse. Il était comme ça, lui aussi, avant de remporter sa toute première médaille : il doutait, se disait qu’il ne pouvait pas se battre sans Lola dans les estrades pour l’applaudir, ne s’était jamais mesuré à un autre que son coach et ne réalisait pas le progrès qu’il avait fait tellement rapidement. Dès la première bataille, qu’il a gagnée haut la main, Archie a compris qu’il n’avait rien à prouver et que ce ne serait que les autres qui trembleraient sur le ring. Il ose penser que ça se passera de la même façon pour Spencer. Elle en a les capacités (elle se fait entraîner par le meilleur, après tout !!), elle sait s’adapter, apprend vite. Il ne lui suffit plus qu’à se mesurer contre une véritable adversaire pour réaliser son niveau. « Je suis clairement pas prête pour samedi et je le serai pas, » Baissant les mains seulement parce que son élève l’a fait la première, Archie l’observe avec un œil sévère. Il se donne des airs austères mais, au fond, il se retient de sourire à la voir ainsi se lamenter. Il se reconnait, juste avant sa première compétition. Il avait dit la même chose. Il manquait de confiance, puis le soir-même il n’a plus jamais douté de lui. Il est devenu le roi du monde. C’est tout ce qu’il lui avait fallu pour gonfler le torse et ne jamais laisser rien ni personne lui marcher sur les orteils. Mais, pour en arriver-là, il a dû plonger dans le bassin du réel et regarder d’autres boxeurs dans le blanc des yeux. « Je vais me faire laver la tronche et tout ça n’aura servi à rien, » Il a un peu de mal à se rappeler cette scène qu’il a vécue avec son propre coach. Il peut ressentir la douleur dans ses poings fermés, sa gorge asséchée par l’effort, ses joues et son front chauds recouvert d’une couche de sueur mais… La réaction de son coach, ainsi que les mots qu’il lui a dits, il n’arrive plus à les replacer dans l’ordre et à les réutiliser tels qu’ils étaient. Il devra faire autrement. La technique Archie. « Tu ferais sans doute mieux de mettre une perruque pour te faire passer pour moi, » « Yep, y’a aucune chance que tu gagnes. » Il lâche dans un soupir, pour imiter l’attitude de Spencer. Il entame même de retirer ses gants ainsi que les rubans fermement serrés autour de ses mains. Si son élève veut abandonner, alors soit, ce sera son choix. Par le biais de cette technique, il ose espérer qu’il arrivera à titiller son égo et à gonfler sa fierté. Ils se ressemblent un peu, pas vrai ? Si Archie se faisait traiter de perdant, il riposterait, prouverait le contraire.

« Peut-être qu’il veut mieux retirer ton nom de la compétition, après tout. » Il continue en attrapant sa bouteille de Gatorade bleu, le classique Kwanteen. Pas le rouge ! Surtout pas ! Le bleu, seulement le bleu. Il en boit de longues gorgées sans détacher ses yeux perçants de sa cible. « Après, ça aura été dommage de faire tout cet entrainement pour rien du tout. J’aurais l’impression d’avoir perdu mon temps mais… Mais toi ! » Il la désigne de ses deux bras grands ouverts, ses mimiques se faisant exagérées, dramatiques. « Tu n’aurais pas seulement perdu ton temps, tu l’aurais perdu avec le pire des idiots ! » Un vrai gâchis, ça ! Elle n’avait pas envie de lui prouver qu’elle valait plus que lui et ses mauvaises manières, qui avaient fait de leur rencontre un événement atypique et fort frustrant ?    

Aucune idée de si Archie se met à ton niveau uniquement pour rentrer dans ton jeu ou s’il pense vraiment qu’il n’y a aucune chance de remporter quoi que ce soit. Il faut être réaliste cinq minutes, impossible d’envisager une quelconque victoire dans des conditions pareilles, t’es clairement pas dans le mood et tu sais pas si tu le seras le moment venu. Y a trop de choses, trop de variantes qui accaparent ton esprit ces derniers temps et t’es clairement dans une de ces périodes où rien ne te convient et où la moindre contrariété prend des proportions abusées. Parfois, t’as l’impression que c’est un pas en avant et cinq en arrière tant t’as l’impression de régresser. C’est dans ta tête, tout ça, tu le sais mais c’est difficile de passer outre et de rester à flot, t’as la crainte perpétuelle de la vague de trop qui te coulerait à coup sûr. « Au moins on est d’accord sur quelque chose, » que tu grommelles en terminant ta bouteille d’une traite.
Soupir.
Sans même lui adresser un regard, tu hausses les épaules lorsqu’il propose de retirer ton nom de la compétition, l’air de dire “j’m’en fiche”. Qu’il le fasse donc, t’auras le temps de regretter la décision hâtive lorsque tu seras suffisamment lucide et en meilleure forme pour te rendre compte que t’as encore laissé Spencer l’insidieuse gagner comme elle l’a fait tant de fois auparavant ; tu t’étais pourtant jurée de ne plus l’écouter, sa petite voix sournoise. « C’était trop tôt, Archie. » C’est lui le coach, il a bien dû le voir non ? « J’aurai clairement pas dû dire oui aussi tôt pour aller en compétition. » Et pourtant, toi aussi t’as cru pouvoir y arriver, t’as cru que ça serait plus facile que ça de faire parler ses poings dans un cadre défini et en suivant des règles. « Parce que là, si je m’y pointe, c’est pas seulement de moi qu’ils vont se moquer, c’est aussi de ton coaching. » Pire, même, peut-être que vous vous verrez accusé de triche, d’avoir voulu laisser gagner un adversaire partant clairement favori dans les sondages et les paris, peut-être qu’il y aura une enquête et que ça nuira à sa réputation d'entraîneur ou peu importe. Tu pars sans doute loin, mais c’est le genre de pensée qu’il est si facile d’avoir lorsque les choses ne vont pas comme il faudrait. « J’ai besoin d’une pause. » A comprendre : de t’aérer l’esprit en allant t’en griller une dehors. « Promis je jetterai pas mon mégot dans ta pelouse. » Tu taquines exprès parce que tu sais qu’il est tatillon sur ce point, à raison vu qu’il a un chien et que ce dernier est susceptible d’ingérer ce qui traine si l’occasion se présente. Déjà, ne plus être dans la chaleur de la salle d'entraînement te fera le plus grand bien. Pas qu’il fasse beaucoup plus froid dehors, mais le grand air a au moins cet avantage de ne pas venir des bouches d’air conditionné et d’assécher le nez.
Comme une ado un peu rebelle, tu t’installes en tailleur dans son jardin, non loin de la porte menant à son gymnase privatif. La flamme du briquet jailli, t’allumes ta clope en soupirant de nouveau, jetant un oeil derrière toi pour tendre le paquet à Kwanteen si jamais il décide de s’octroyer un moment de repos, lui aussi.