Elle court à en perdre haleine. Le souffle est court. Elle a un point de côté et ça la lance terriblement mais elle ne peut pas s’arrêter. La peur lui procure l’adrénaline nécessaire pour ne pas s’arrêter, pour ne pas abandonner et se sacrifier dans les bras de ceux qui rêvent de la dévorer. Qui sont derrière elle, qui marchant à la vitesse de ceux qui courent. Et Anna peine à les semer, n’ayant même pas eu le temps de pleurer sur les évènements qui se sont produits. Et du fait de ne pas trouver ni Malone, ni Oscar. Ils ont été séparés. Et pourtant, elle continue de fuir les morts, elle continue de faire en sorte de les éloigner suffisamment pour être en sécurité. Mais ils sont infatigables. Ils ne s’arrêtent pas quand tous ses membres sont en feu. Qu’ils hurlent « stop » parce que la souffrance est aussi forte que celle du coeur qui pleure la perte de ses deux amours. Elle court vers les lieux où ils habitaient avec leur communauté décimée. Ils ont été pris par surprise dans la nuit, les remparts n’ayant pas tenu face à l’affluence des rôdeurs. Les murs se sont effondrés, entraînant le chaos, des cris, des gens de partout. Au départ, Anna était avec Malone et Oscar. Mais leurs routes se sont séparées et si au départ, elle a cru les retrouver au premier point de ralliement. La désillusion a été cruelle. Ils n’étaient pas là.
Et pendant que le reste de son groupe a continué leur route vers une autre communauté se trouvant au sud de Brisbane, l’ancienne pianiste a préféré rebrousser chemin et espère tomber sur son fils et Malone. Ils ont peut être eu du retard. Ils sont peut être blessés. Anna n’en sait rien mais l’espoir lui permet de ne pas s’arrêter dans cette course contre la mort. Elle veut et elle va les retrouver. Il en tient de sa propre survie car sans eux, elle ne peut vivre plus longtemps. Elle sait qu’elle va bientôt arriver sur leur ancien campement mais la route est longue. Parsemée d’embûche. Cinq kilomètres qui, autrefois, se couraient en une demi heure, se retrouvent à être l’avancée d’une randonnée où les détours sont monnaie courante. Où les obstacles sont bien trop nombreux. Et là, elle sent qu’il y a trop de morts vivants. « Merde !! » Qu’elle gémit alors en étant obligée de devoir changer de cap pour sa propre survie. Elle a quelques vivres dans son sac à dos, elle a son poignard mais pour le reste, Anna n’a pas d’armes. C’est Malone qui les avaient.
Elle arrive dans un quartier résidentiel de la vie. Enfin, autrefois. Car aujourd’hui, il n’y a que des maisons délabrées mais elle se dit que l’une d’elle pourra lui permettre de reprendre son souffle et de fuir les morts. Elle pense même à trouver une charogne pour se couvrir de ses chairs puantes et avoir une chance de fondre dans la marée putréfiée. Elle n’a pas le choix de toute manière. Aussi, c’est une maison tout à fait ordinaire qui attire son regard. Celle dont la porte d’entrée est la moins abîmée, ouverte. Et Anna n’y réfléchit pas plus. Elle s’y engouffre et referme la porte dans un bruit assez doux pour ne pas attirer les morts à elle. Et puis, elle reprend son souffle, la sueur perlant sur son front d’avoir autant couru. Elle entend autour les gémissements des rôdeurs. Et sinon, le silence. Néanmoins, elle sort son poignard au cas où. Car avec le temps, et depuis des années que l’épidémie a commencé : les morts sont des ennemis mais les humains ne faisant pas partie de sa communauté, aussi.

@Ishtar Brown