Humanité, cette période de vie qu’elle a connu jadis. Il y a parfois des notes de regret qui restent dans son esprit. Des moments où Anna se rappelle de ces moments où elle n’était qu’une jeune fille, encore pleine de rêve et de désir d’une vie posée. Elle se voyait mariée à un illustre gentleman, pouvoir fonder une famille.
Accueillir ses enfants, fruit d’un mariage d’amour.
Résignée à devenir immortelle sans avoir eu le choix.
Révoltée parce qu’elle n’a jamais voulu ce qu’elle est devenue bien qu’elle ait pris le parti de s’en accommoder, de transformer sa colère, sa rage en un leitmotiv suffisamment puissant pour se venger sur quiconque. Tuer son créateur n’a pas suffi à étancher sa soif de détruire.
« Y a-t-il un jour où je serai en paix ? » Se murmure Anna, alors qu’elle marche le long du fleuve où elle se trouve. Depuis des jours que Brisbane se trouve plongée au coeur d’une éclipse perpétuelle, Anna savoure de pouvoir aller à sa guise sans craindre le moindre éclat de soleil.
Pour les humains, c’est l’heure de se cacher. Pour les vampires et toutes les créatures de la nuit, c’est le moment pour laisse libre cours aux désirs de morts. De laisser libre cours à ce droit d’exister en ne se sachant pas accepter. De toute façon, les humains n’ont pas le choix et le temps n’est plus une contrainte pour les vampires.
Ou plutôt, c’est la porte ouverte pour commettre tous les méfaits du monde. Ce dont Anna s’adonne à la tâche avec un amusement plus que certains. Il faut dire que c’est la guerre entre le camp du bien qui s’affronte contre le camp du mal.
Traquée tout en traquant elle-même, c’est ce qui la motive à rester encore à Brisbane plutôt que de laisser libre cours à ses envies d’évasion. Elle entend, pourtant, beaucoup de bien sur différents endroits du monde. Aux Etats-Unis où il ferait bon vivre pour les créatures de la nuit. Elle hésite aussi avec le Pays de Galles ou même la Transylvanie. C’est aussi ce jeu du chat et de la souris qui l’excite au plus haut point et la pousse à ne se comporter comme ces sorcières de pacotille toujours affublées de leurs balais. Aux yeux d’Anna, la meilleure des espèces est celle dont la vie d’immortelle permet tant de possibilités. A condition de vivre dans la nuit bien entendu. Ce petit détail devient vite habitude et Anna y a pris gout, appréciant sa peau de porcelaine, ce visage figé dans sa jeunesse éternelle.

Tout à coup, un bruit se fait entendre, un bruissement léger qui se fait entendre et laisse apparaître une silhouette lui faisant face. Et malgré l’obscurité des lieux, Anna n’a aucun mal à le reconnaître, esquissant déjà un sourire amusé. Il lui en faut peu pour perdre cet éclat de bonne humeur dont elle fait preuve en toute circonstance.
« Et bien… Et bien …Quelle surprise… Abraham… » Elle rit légèrement, se souvenant très bien de ce visage. Comment avoir pu l’oublier ? Tout bonnement impossible. Des jours et des jours à se faire traquer. Et finalement, elle a su l’emporter. Comme à chaque fois. Gonflant son égo et son orgueil.
« Regardez-moi ça… » Elle applaudit, si fière d’elle, ignorant tout ce qui pourrait traverser dans la tête du vampire. « Quel magnifiques tu fais. l’immortalité te va si bien. »

@Abraham Taylor

Abraham Taylor & @Anna Constantine

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(UA gothique) Où allait-on, lorsque l’on n’avait plus envie de vivre, mais pas envie de mourir ? Combien de temps une âme était-elle capable de errer sans but, avant que cette existence de désolation ne lui devienne intolérable ? Voyant certains de ses souvenirs lui échapper depuis son douloureux réveil dans la mangrove, l’esprit embrumé d’Abraham en dépoussiérait d’autres et le faisait parfois douter qu’ils aient un jour été véritablement les siens. La voix rauque d’un grand-père assénant « La joie est une convulsion, mais la douleur est une habitude. » comme une vérité générale aussi sinistre que morose, l’odeur humide d’une incursion en forêt noire et d’un retour au soleil couchant sur les rives du lac de Constance, le regard injecté de sang d’un vampire rendant son dernier souffle par le pieu enfoncé dans son coeur … Ou était-ce son propre regard ? Mais comment le saurait-il, lui dont le reflet n’était plus qu’un mirage, et qui devrait désormais se contenter d’exister dans celui des autres ? Abe se sentait glisser vers une folie dont aucune potion, aucun maléfice ni aucun remède ne saurait plus le tirer, priant un instant pour que le retour du jour vienne abréger ses souffrances et le réduire en cendres, et l’instant d’après pour que la nuit demeure éternellement et le garde loin de la seule terreur qu’il n’était pas certain de pouvoir dompter : celle de la mort.

Comme elles lui faisaient peur, ces formes et ces ombres qui surgissaient sur son chemin parmi les lueurs sinistres d'une nuit de neige. De neige ? Un moment il lui semblait n’avoir jamais quitté les limites maritimes de leur île-continent, et le suivant les reflets de la lune sur les berges du fleuve lui donnaient l’impression familière d’un manteau neigeux dans lequel le bruit de ses pas se serait étouffé confortablement. Là, loin du tumulte du centre-ville, la douloureuse tentation que représentait chaque nuque dégagée s’estompait un peu, et à chaque seconde qui passait l’esprit d’Abraham lui paraissait devenir plus clair, capable d’une raison que l’instinct de chasse lui ôtait dès qu’une chair blanche et fraîche passait à portée de narine. Devrait-il se résoudre à une éternelle vie de solitude, pour espérer se prémunir des pulsions meurtrières qui termineraient de changer en monstre l’homme qu’il était ? « Et bien … Et bien … » Tout à la contemplation de ses nouveaux tourments, Abe avait senti tous ses muscles se raidir, et accueilli d’une grimace encore non rompue à l’exercice le tiraillement instinctif de ses canines sous ses gencives. « Quelle surprise … Abraham … » Pour chacune des rencontres faites depuis son réveil, le chasseur n’avait ressenti que le tiraillement de la faim et de la soif, mêlé à douleur de voir dans le regard de son frère l’horreur que l’on réservait aux monstres. La même horreur qu’inspirait à Abe la vision face à lui de celle par qui sa damnation était arrivée. « Toi … » Au rire cristallin ayant d’abord échappé à la vénéneuse créature avait succédé un enthousiasme presque juvénile, lui faisant taper des mains en ajoutant « Regardez-moi ça … Quel magnifique tu fais. l’immortalité te va si bien. » telle une enfant admirant le résultat de sa création.

Sentant se glacer le sang qui ne circulait pourtant plus dans ses veines, Abraham avait senti son champ de vision se réduire, occulter les arbres, le fleuve, la route, le paysage tout entier pour ne plus voir que la silhouette gracile de celle passée de proie à bourreau. C'est un grand mal que d'envisager les hommes d'un œil trop clairvoyant ; on croit vivre avec des bêtes féroces et on le devient soi-même. Anna Constantine avait fait de lui une bête, et rendu sourd par sa haine le Taylor avait vociféré « J’aurais dû t’achever quand j’en ai eu l’occasion. » en réponse, le souvenir de sa dernière entrevue avec la Constantine ne lui revenant que par bribes et ne lui permettant pas (encore) de se rappeler comme ‘eut été vain, et comme la vampire ne lui avait pas laissé la moindre chance d’y parvenir. « Pourquoi ? » La maîtrise de ses émotions aussi difficile à tenir que son envie de planter ses crocs dans la première âme innocente qui passerait à sa portée, sa colère s’était muée en supplication la seconde suivante, et la voix telle une plainte il s’était entendu répéter à nouveau « Pourquoi tu ne m’as pas tué ? » d’un ton suppliant, réclamant presque qu’elle s’en charge maintenant que l’occasion se présentait de nouveau à elle, pour ne pas avoir à s’infliger la honte de ne pas posséder le courage de mettre fin à ses jours lui-même.

Si elle avait pu avoir des pouvoirs magiques, Anna aurait goûté à une vie différente de l’immortelle qu’elle est. Ou alors mieux, elle aurait pu avoir été immortelle et avec des pouvoirs. C’est là une chose qui aurait lui plaire grandement. Quoi de mieux que d’imaginer, une vie qui irradie sous l’apparition d’une boule de lumières, lumineuse et éblouissante. Quoi de mieux que de pouvoir imaginer toute une pièce inondée par la lumière d’un faux soleil qu’elle aurait créé pour se rappeler la sensation des rayons se posant sur sa joue. Avec des pouvoirs magiques, elle aurait alors pu tuer n’importe qui en un seul rayon meurtrier. Toujours sortant de ses mains. Même si les sorciers ont souvent montré qu’ils avaient une baguette. Mais ça, Anna n’en veut pas. Dans son imaginaire, les baguettes sont pour les faibles. Dans son imaginaire, Anna est entouré d’un halo lumineux et elle se sent belle et forte. Puissante avec ses pouvoirs. Elle pourrait même stopper sa soif et voir, se transformer en une créature encore plus forte. Invincible, tel est le mot. Ainsi, ce qu’elle souhaite, c’est le pouvoir de faire ce qu’elle veut. Que ce soit mort ou vie. Amusement ou ennui. Dégainer ses souhaits par le simple geste de la main. Anna en rêve souvent bien qu’elle ne puisse plus dormir. Et devant Abraham, elle se dit que des pouvoirs aussi puissants auraient été une aubaine pour pouvoir l’achever plus vite. La traque aurait duré moins longtemps. Mais ses pouvoirs lui auraient permis de le transformer en quelque chose de repoussant comme une grenouille. Ou bien un chien fidèle qui l’aurait suivi tout au long de sa route. Oui, il y a tant de pouvoirs qu’elle aimerait avoir et devant l’ancien chasseur, Anna imagine diverses possibilités.

« J’aurais dû t’achever quand j’en ai eu l’occasion. » Anna ne peut s’empêcher de sourire, victorieuse et fière d’elle. Il n’y a rien de plus exaltant que d’observer le fruit d’un combat acharné qui s’est conclu sur sa propre victoire. « Ou plutôt, tu aurais dû admettre que tu ne faisais pas le poids en tant que chasseur… Mais maintenant… » La chasse a été de longue haleine et Anna reconnaît qu’il a été un adversaire plus qu’à la hauteur. Mais ce qui aura fait défaut à l’homme, c’est déjà d’être un homme. Et ensuite, de faire face à une vampire ayant connu des années de vie vampirique à son actif, des cavales et tant de tueries. Il ne pouvait pas faire le poids.
« Pourquoi ? » Bien évidemment. LA question. Et Anna ne peut s’empêcher de soupirer d’ennui. C’est que l’ennui fait souvent partie de ses journées. C’est long d’être immortelle. Les nuits sont attendues avec impatience et les journées, interminables. « Pourquoi tu ne m’as pas tué ? » Le ton est suppliant et l’intrigue un peu. C’est comme s’il avait perdu sa superbe, son assurance qu’il avait en tant qu’humain, croyant pouvoir l’achever.
« Tu vouais une telle haine pour ce que je suis. Je trouvais ça bien plus amusant que tu sois ce que tu as toujours voulu éradiquer, Abraham. » Elle s’avance en sachant qu’il pourrait lui rompre le cou ou s’attaquer à elle. Mais Anna sait ce qu’elle fait. L’expérience, encore une fois. « L’immortalité a du bon. Nous sommes pareils à ce lion qui se nourrit des antilopes pour survivre. Nous sommes comme ces humains qui mangent les bœufs. Pourquoi vouloir chasser une vie à être fort et immortel. » Elle penche la tête, sourit de plus belle. Un brin moqueuse et un peu trop enjôleuse, marquée par la candeur de son visage éternellement jeune. « La mort n’aurait été qu’un cadeau pour toi. J’ai préféré t’offrir mieux. » Le punir un peu, le voir se perdre dans ses remords. Et finalement se rendre compte que c’est un cadeau qu’elle lui a fait

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Les brebis avaient leur berger, les croyants avaient leur confesseur, et même les sorciers avaient probablement leurs mages et leurs chefs de file. Mais où trouver de la guidance lorsque l’on s’éveillait vampire après quarante années d’une vie pieuse et ordinairement humaine ? Devrait-il se résoudre à ne choisir qu’entre la solitude ou la mort, ou bien faudrait-il qu’il s’évade vers les Carpates pour se nourrir de paysages, et trouver sur les terres natales des monstres comme lui quelques sortilèges pour s’éviter une vie éternelle de damnation ? Combien de temps avant que la folie ne le gagne, et que ce qu’il possédait d’humanité ne s’évapore pour ne plus laisser qu’une coquille remplie de cruauté et de désinvolture ? Car elle était cruelle, la lueur carnassière qui brûlait dans le regard de la Constantine, et l’observait se débattre avec les affres de sa nouvelle condition. « Ou plutôt, tu aurais dû admettre que tu ne faisais pas le poids en tant que chasseur … Mais maintenant … » Maintenant quoi ? Quel poids avait-il, bébé monstre de quelques jours, incapable de maitriser ses émotions, à peine mieux de maitriser ses pulsions, l’épée de Damoclès que représentait le premier innocent auquel il ne résisterait pas dansant au-dessus de sa tête et menaçant de s’abattre sur lui à chaque seconde ? « Tu vouais une telle haine pour ce que je suis. Je trouvais ça bien plus amusant que tu sois ce que tu as toujours voulu éradiquer, Abraham. » Amusant. Elle semait la mort et la damnation partout où elle passait, et loin d’en être couverte d’horreur et de remords qui auraient pu sauver une infime partie de son âme, elle se délectait de la souffrance d’autrui tel le chat jouant avec sa proie. « L’immortalité a du bon. Nous sommes pareils à ce lion qui se nourrit des antilopes pour survivre. Nous sommes comme ces humains qui mangent les bœufs. Pourquoi vouloir chasser une vie à être fort et immortel. »

D’entendre à nouveau tinter son rire avec désinvolture, Abe avait levé une main menaçante mais frappé l’air où se trouvait la vampire la seconde précédente, incapable de rivaliser avec des réflexes probablement apprivoisés depuis des décennies. « Une vie de damné, abandonné de Dieu, à craindre la lumière bénie du jour ? » Une vie de punition, de misère et de deuil perpétuel des êtres soumis à l’équilibre de la vie et de la mort. Une vie sans enjeux, sans saveur, et sans même le plaisir simple de sentir la chaleur du soleil réchauffer timidement sa peau au petit matin. « La mort n’aurait été qu’un cadeau pour toi. J’ai préféré t’offrir mieux. » Avait-elle finalement asséné, fière de lui offrir un cadeau qu’elle savait empoisonné, et probablement divertie de le voir se débattre entre ses premiers instincts, pieux et chevaleresques du chasseur, et ceux qui l’envahissaient peu à peu tentant de changer l’homme en bête. « Et maintenant c’est une éternité de traque que je promets de mener après toi. J’en fais le serment. » Mais un serment auprès de qui ? Quel Dieu prier lorsque celui des mortels n’était plus voué à vous écouter ? « Si l’Enfer doit m’attendre ensuite alors je m’assurerai que ta place y soit scellée avant la mienne. » Des menaces, des menaces, et la démarche qui tournait lentement autour d’Anna comme le prédateur encerclait sa proie, l’immortalité nouvelle n’ayant pas éteint le feu de son imprudence ni de son arrogance.

Citation :

WIN – Abe bondit sur Anna et parvient à empoigner son cou entre ses mains. Il n’aura probablement pas l’avantage longtemps, mais prouve au moins à sa congénère qu’il reste une menace.

SO CLOSE – il fend à nouveau l’air, incapable de poser ne serait-ce qu’un doigt sur la silhouette agile et extrêmement rapide de la vampire.

FAIL – un humain imprudent a le malheur de passer par là, et c’est le drame : affamé, irrésistiblement attiré par cette odeur à laquelle il résiste tant bien que mal depuis des jours, Abe se détourne d’Anna et se jette sur le malheureux, enfonçant ses canines dans sa gorge, et terminant de faire de lui le monstre en lequel la Constantine a souhaité le changer.

Anna est fière d’elle, ne se cache pas de le montrer. Abraham est, à ses yeux, l’une de ses plus grandes fiertés. Il a été un adversaire des plus honorables. Et elle a pris goût à ce jeu, goût à être pourchassée tout en le chassant. C’est presque ennuyant de le voir se plaindre. Encore et encore…« Une vie de damné, abandonné de Dieu, à craindre la lumière bénie du jour ? » Elle ne peut s’empêcher de sourire, se disant que le condamner à l’éternité aura été le plus beau des cadeaux: Anna en est plus que satisfaite.
« Et maintenant c’est une éternité de traque que je promets de mener après toi. J’en fais le serment. » Elle se met à rire, d’un éclat presque enfantin, qui fait froid dans le dos. Aussi froid que la température corporelle de l’immortelle. « Si l’Enfer doit m’attendre ensuite alors je m’assurerai que ta place y soit scellée avant la mienne. » Mais l’Enfer… Anna y est déjà. Abraham n’a pas encore compris la leçon, ni ce qui l’attend vraiment.
« Dans la maison, un grand cerf… Regardait par la fenêtre… Un lapin venu au loin et frapper à lui… » Chantonne l’immortelle avec un plaisir des plus grandissants pendant qu’Abraham lui tourne autour, prêt à lui sauter à la gorge pendant qu’elle continue de chanter : « Cerf ! Cerf ! Ouvre-moi … ou le chasseur me tuera… » Le voyant s’échapper presque, probablement qu’il voulait l’atteindre pour lui briser le cou. Mais ça suffit à faire rire Anna. Et elle s’élance à sa poursuite, parce qu’il est hors de question de laisser partir le fruit d’une chasse des plus exaltantes. C’est qu’elle en a tué pas mal, beaucoup de baculum ont été brisés. Mais Abraham… C’est particulier. Elle arrive néanmoins à le coincer très vite. Ou peut-être parce qu’il a abandonné, sentant qu’il était poursuivi. De toute façon, elle l’aurait suivi sans s’arrêter. Infatiguable pour l’éternité. « Lapin… Lapin entre et viens me serrer la main… » Termine Anna avant de s’approcher de lui. « Tu peux voir les choses différemment Abraham. Tu as voulu m’éteindre et tu as échoué. J’aurais pu te tuer et je t’ai offert l’immortalité… La possibilité d’être encore plus fort, plus rapide, et hume l’air… Respire l’odeur du sang. N’est-ce pas la plus belle odeur du monde. Planter les crocs dans la chair humaine, n’est-ce pas la plus belle des sensations désormais ? »

@Abraham Taylor

Abraham Taylor & @Anna Constantine

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Outre une volonté morbide de jouer avec sa proie comme le chat qui jouait avec l’oiseau coincé entre ses griffes, on pouvait raisonnablement penser que la motivation première de la Constantine à changer le chasseur en proie résidait dans un désir de tranquillité. Plus de chasseur, cela voulait dire plus de chassée, ou au moins n’aurait-on pas pu jeter la pierre à la vampire d’en arriver à de telles conclusions … Mais loin d’avoir retiré l’épine que représentait Abraham dans son joli pied, la ghoule venait de s’assurer une éternité de traque qui ne pourrait plus se terminer que d’une seule manière : la mort. La sienne ou celle d’Abraham, qui n’avait pour ainsi dire plus rien à perdre maintenant qu’elle l’avait privé de l’humanité lui servant jusque-là de ligne blanche et de garde-fou. Mais d’un chasseur aguerri, le Taylor s’était mué en un piètre vampire, une bête encore incapable de maitriser ses pulsions, ses émotions, et incapable surtout d’exploiter le plein potentiels de nouveaux pouvoirs qui le dépassaient, voire dont il ne soupçonnait même pas encore l’existence. Il était comme un jeune lionceau lâché sans préambule à la poursuite d’une antilope, mais sans qu’aucun de ses aînés n’ait d’abord pris le temps de lui enseigner l’art du timing et de l’effet de surprise. « Dans la maison, un grand cerf … Regardait par la fenêtre … Un lapin venu au loin et frapper à lui … » La comptine égrainée avec légèreté tranchait avec la maladresse avec laquelle il avait tenté d’alpaguer la vénéneuse créature. Bondissant à nouveau, tentant de faire mieux, il n’avait une nouvelle fois attrapé que le vide, Anna continuant de chantonner « Cerf ! Cerf ! Ouvre-moi … ou le chasseur me tuera … » d’un ton moqueur, et exacerbant la frustration qui le faisait déjà bouillir de l’intérieur. « Approche, sorcière ! » avait-il sifflé d’un ton mauvais, n’ayant que faire de lui prêter le nom d’une autre espèce pour laquelle il avait pourtant (un peu) plus d’estime.

Puis soudain, sans qu’il n’ait le temps ni de réagir ni même de le voir venir, et se payant le luxe de continuer à susurrer « Lapin … Lapin entre et viens me serrer la main … » comme si cela ne lui demandait pas le moindre effort, la Constantine l’avait pris au mot et fondu sur lui toutes canines dehors, le rouge de ses yeux brillant malgré la seule lueur du clair de lune. « Tu peux voir les choses différemment Abraham. Tu as voulu m’éteindre et tu as échoué. » Menaçante, et si proche qu’un simple murmure lui suffisait désormais à se faire entendre du chasseur déchu, elle avait continué « J’aurais pu te tuer et je t’ai offert l’immortalité … La possibilité d’être encore plus fort, plus rapide, et hume l’air … Respire l’odeur du sang. » Un bref instant, il l’avait oubliée. Durant quelques secondes, ce qui était devenu une obsession avait été chassé dans son esprit par la rancoeur et la haine dirigée vers sa nouvelle némésis, et quelques mots de cette dernière venaient de brutalement réveiller ses sens. « N’est-ce pas la plus belle odeur du monde. Planter les crocs dans la chair humaine, n’est-ce pas la plus belle des sensations désormais ? » – « Non. » C’était un murmure plus qu’une réponse, une supplication plus qu’une certitude, et véritable victime de ses instincts le Taylor avait senti ses canines s’étirer douloureusement sous ses gencives. De soif ? Ou de peur.

Citation :

WIN – Dans un fugace instant de lucidité, et sans doute aidé par cette incapacité encore sienne à contrôler la force et la vitesse dont il était désormais doté, Abe avait saisi d’une main le cou délicat de la jeune femme, et resserré ses doigts d’un air mauvais « Et si je plantais plutôt mes crocs dans la tienne ? » Il bluffait, néanmoins, incapable de certitude quant au fait que cela soit sans risque – et s’il s’empoisonnait ? Si les vampires n’étaient pas faits pour se repaître de la chair de leurs semblables ? « Et si plutôt que de te traquer pour l’éternité à venir, je mettais un point final à tout cela maintenant, là ? » Et le voilà qui continuait de serrer, de serrer, d’autant plus fort que le risque de la voir s’étouffer n’existait pas ; Ne subsistait que celui de serrer suffisamment fort pour espérer entendre craquer ses os, si elle ne parvenait pas à reprendre rapidement le dessus sur lui.

SO CLOSE – D’abord incapable de réagir face à la jeune femme, et le regard semblable à celui du lapin pris dans les phares d’une voiture, Abe avait utilisé ce qui lui restait d’instinct de survie pour repousser de toute ses forces la silhouette menaçante de sa désormais congénère, la propulsant contre le sol rugueux des berges du fleuve. Tremblant de tous ses membres, sans savoir s’il devait pour cela blâmer la peur, la soif ou la colère, l’ancien chasseur avait fait un pas en arrière. « Tu as fait de moi un monstre, mais tu ne feras pas de moi un tueur. » Ou avait-il au moins besoin de s’en persuader, de croire que sa volonté seule lui suffirait à ne pas céder aux pulsions qu’il sentait l’envahir de plus en plus ardemment. « Quel poison a bien pu te corrompre pour perdre à ce point ton humanité ? » N’avait-elle pas été brebis innocente, un jour ? N’y avait-il plus rien à tirer de ce passé révolu ? Et pourquoi avait-il fallu attendre qu’il soit rongé par le même mal pour considérer l’humaine qu’elle avait un jour été, plutôt que la bête pour laquelle il la traquait depuis des mois ?

FAIL – De peur. C’était assurément un réflexe de terreur, et bien que doté d’une nouvelle force et de nouveaux réflexes qu’il aurait pu tenter de mettre à profit, Abe se sentait comme pris au piège par le regard et l’aura de son bourreau, incapable de s’en défaire ou de faire fonctionner un instinct de survie totalement détraqué par cet entre-deux qui ne faisait plus de lui quelqu’un d’entièrement vivant. « Vas-y. » soufflait-il à sa congénère, amer et résigné, leurs regards accrochés l’un à l’autre. « Termine ce que tu as commencé. Qu’on en finisse. » Il n’aurait pas le courage de le faire lui-même, pour sûr. Abe avait peur de la mort, autant qu’il avait peur de l’existence qui l’attendait désormais, et vivait le dilemme consistant à se laisser achever autant qu’Anna devait vivre celui de lui accorder repos ou tourment éternel. « T’auras toute une armée de chasseurs à tes trousses, dans les deux cas. » avait-il finalement sifflé entre ses dents, certain que la tête de celle qui avait transformé l’un des leurs en monstres vaudrait bientôt un certain prestige.

Entre ses lippes, la comptine est plus qu’effrayante. S’associant à la noirceur des ténèbres, elle apporte une atmosphère lugubre. Capable de faire frissonner au point d’en entendre rompre les os les plus fragiles. Anna s’en abreuve, admet que la soirée est des plus vivifiantes. Elle ne regrette rien de ce qui a pu se produire. Ni même de l’avoir transformé plutôt que de l’avoir tué. Cela dit sa conscience l’alerte sur les conséquences de son acte. Abraham a toujours été connu pour être un chasseurs émérite au tableau de chasse des plus impressionnants. Et bien qu’elle ait pu avoir l’honneur de le voir devenir sien, elle n’en oublie pas moins qu’il ait un monstre sanguinaire et que la vengeant nourrit son cœur mort. Qu’il doit avoir envie de la tuer. De la mettre en pièces pour avoir osé le transformer en ce qu’il a pourchassé toute sa vie.
Quelle délicieuse façon de mourir. Cela en est encore plus savoureux. Le monstre sourit, dévoilant un peu plus ses canines. La chanson a laissé placé à la prise de conscience chez Abraham. Qu’il réalise sa chance d’être encore là. Qu’elle lui a fait un si beau cadeau que de lui offrir un tel présent que celui d’être voué à la nuit éternelle.
Mais son œuvre n’est pas de cet avis. Et le seul mot suffit à faire rire la vampire. « Ton « non » manque de conviction. Je t’ai connu bien plus convaincant que ça. » Ce serait si simple que de lui ôter la vie à ce moment même. Il aurait simplement fallu qu’Anna ait encore une once de bonté. Mais le cœur d’ange est devenu démon. La moindre trace de gentillesse ne se traduit que par un intérêt poussé. Et avec Abraham, elle ne change pas cette ligne de conduite. Elle se contente de pousser un petit cri amusé quand il finit par la repousser, lui laissant la vie sauve alors qu’il aurait pu riposter avec violence. « Tu as fait de moi un monstre, mais tu ne feras pas de moi un tueur. » Elle lève les yeux au ciel en se redressant pendant qu’il recule d’un pas. Elle fronce un peu les sourcils durant un court instant. Surtout quand il finit par reprendre de nouveau la parole : « Quel poison a bien pu te corrompre pour perdre à ce point ton humanité ? » Et là, elle se met à rire Anna. Parce que c’est bien trop amusant. Parce qu’il était grand temps de lui ôter ces œillères de cheval.
« Le pire poison c’est l’humanité elle-même, Abraham. Et il n’y a rien de pire que l’humain. » Elle s’approche afin de rompre la distance qu’il a voulu mettre. « J’en ai tellement vu des corrompus dans ces ténèbres. Tu pourchassais des monstres sans te poser la question de qui l’était vraiment ici. L’humain est noir… Son cœur est gangréné. Tu fondrais en larmes tant la désillusion serait forte et tu accepterais d’être ce que tu es. » Elle n’a jamais oublié, à quel point elle se trompait sur l’humain. À quel point sa soif était dévorante. Et surtout qu’elle n’avait pas à culpabiliser. « Tu verras que tu finiras par l’accepter. » Par accepter son sort. Oh s’il pouvait l’accepter, il serait un parfait petit soldat. Il serait aussi impitoyable qu’il l’avait été durant leur affrontement. C’est que seule sa force vampirique et son agilité avait pu venir à bout du chasseur.
« Ou alors… Qu’attends-tu pour me tuer Abraham ? La soif peut être ? » Elle s’approche de nouveau, tourne autour de lui, joueuse en sachant qu’il pourrait très bien lui saisir le cou et la tuer. Le lien qui les unit est encore bien trop fragile. « Ta gorge est en feu n’est ce pas ? Ton ventre te soumet aux pires élancements ? Tu as l’impression de n’avoir jamais bu une seule goutte depuis… toujours ? » Les lippes s’approchent de l’oreille du jeune vampire. « Il y a tant de monstrueux vivants qui n’attendent que toi… »

@Abraham Taylor