« Une dizaine d’années, ce n’est pas rien ! » Ezra eut un petit rire suite au petit sifflement qu’elle émit. Il était vrai que dit comme ça, ça paraissait beaucoup, surtout que ce n’était pas comme si il avait soixante-dix ans et qu’il avait beaucoup vécu. Il en avait trente et un et connaissait et côtoyait une personne en dehors de sa famille depuis plus de dix ans. C’était vrai que ça avait de quoi être un peu admiratif. « Ce n’est pas rien surtout quand il faut la supporter. » Même si cette petite phrase était là pour la taquiner de nouveau alors qu’Amelia n’était même pas avec eux, Ezra y allait un peu fort car Amelia était une femme avec qui il était très facile de se laisser vivre. « J’ai hâte de la rencontrer dans ce cas. » « Tu vas la voir quand on va monter, les clefs de ta voiture de prêt sont dans son bureau. » « Oh, je n’ai jamais eu de problèmes avec cette voiture jusqu’à aujourd’hui. Avant je conduisais un modèle hybride que j’avais acheté ici, donc j’avais moins de soucis pour trouver un garagiste compétent. » « Je me disais aussi, c’était bizarre qu’on se soit pas rencontré plus tôt sinon. » Ezra n’en eut pas pour longtemps à en finir de mettre la voiture en place, avant de faire signe à Bryan de venir le voir. Il lui expliqua en gros que c’était le cas prioritaire sur les autres et qu’il fallait qu’il en prenne soin. Il acquiesça avant d’aller voir le moteur de la voiture. « En tout cas maintenant je saurais où venir quand j’ai un problème. Ça fait longtemps que tu travailles dans ce garage ? » « Si je te réponds une dizaine d’années aussi ? » Il eut un petit rire avant de faire un signe de tête à Jameson pour qu’elle le suive. « Bryan est mon bras droit. Enfin, plutôt mon bras gauche maintenant. Bref, il va s’occuper de ta voiture, il fera un boulot de chef et c’est pas improbable qu’elle soit prête pour quand tu rentres de weekend. »

le coup de la panne

Ezra & Jameson

J’ai hoché la tête. En effet, si j’avais eu ma Tesla depuis plus longtemps, j’aurais probablement fait la rencontre d’Ezra bien avant notre aventure sur l’île. Je l’ai regardé faire signe à un mécanicien et je l’ai suivi des yeux alors qu’il s’en rapprochait. Et là, mon cœur eut un raté. Parce que le blondinet d’une trentaine d’années là-bas, qui bossait sur une moto, ce n’était pas… ? Phoenix ! J’avais pas pensé à ce mec depuis des années, mais l’image du biker de 21 ans s’imposa à mon esprit avec une force de clarté insoupçonnée. Je me suis un peu approchée, l’air de rien. Sauf que non, en fait. La ressemblance avait beau être frappante, il y avait un petit quelque chose de différent dans ses traits. Un truc pas seulement dû aux treize années qui s’étaient écoulées depuis le jour où nos chemins s’étaient brièvement croisés pour se séparer à jamais. Il n’empêche que j’étais sacrément troublée. Un état que j’ai essayé de cacher alors qu’Ezra revenait vers moi pour m’expliquer qu’il bossait dans ce garage depuis dix ans aussi. Ça l’a fait rire, mais j’étais un peu déconnectée, alors je l’ai imité en souriant, sans trop savoir pourquoi. Il reprit la parole pour me dire que « Bryan » - qui n’était donc définitivement pas Phoenix – lui était d’une aide précieuse et allait s’occuper de ma voiture.

- J’apprécie énormément ton aide, merci. J’ai répondu avec un sourire, plus ancré dans la réalité celui-là. Mais si tu as d’autres voitures à réparer, ne te sens pas obligé de t’occuper de la mienne en priorité ! Après tout, grâce à la voiture que tu vas me prêter, je pourrai partir en weekend et n’aurai pas besoin de la récupérer avant lundi après-midi. J’ai incliné la tête, un sourire malicieux au coin des lèvres. C’est un long weekend en fait.

Puis je l’ai suivi vers le bureau, où il allait me faire signer plusieurs papiers, je supposais. En marchant, je n’ai pas pu m’empêcher de jeter un coup d’œil par-dessus mon épaule, en direction du dit Bryan qui s’activait autour de ma voiture. C’était assez déroutant.    

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Spoiler:

« J’apprécie énormément ton aide, merci. Mais si tu as d’autres voitures à réparer, ne te sens pas obligé de t’occuper de la mienne en priorité ! Après tout, grâce à la voiture que tu vas me prêter, je pourrai partir en weekend et n’aurai pas besoin de la récupérer avant lundi après-midi. C’est un long weekend en fait. » Ezra lui fit un sourire tendre. « C’est le moindre que je puisse faire. Et puis, techniquement, c’est pas moi qui vait travailler alors bon. » Il continua alors d’avancer vers les escaliers pour monter au bureau d’Amelia, mais il avait l’impression que Jameson ne le suivait pas complètement. Et en s’arrêtant à mi-chemin dans les escaliers, il put s’apercevoir qu’elle regardait en arrière en marchant. Il fronça les sourcils. « Un soucis ? » Il descendit le peu de marches qu’il avait monté pour se retrouver de nouveau aux côtés de la jeune femme. » Promis il en prendra soin. » Il avait dit ça en parlant de Bryan, vu qu’il voyait que c’était lui vers qui le regard de Jameson allait. Il comprenait qu’elle puisse être inquiète pour sa voiture, nombreux de ses clients l’étaient lorsqu’ils y tenaient beaucoup. Mais il espérait surtout qu’elle ne remettait pas en questions ses capacités à déléguer le travail et surtout le le travail qui était réalisé dans son garage.

Spoiler:

Jameson semblait surprise qu’Ezra l’interpelle de la sorte, et elle mit quelques instants avant de réagir à sa question. « Oh ! Ce n’est vraiment pas ce qui m’inquiétait, j’ai une confiance totale en ton jugement et celui de ton associé. » Elle se tourna légèrement de nouveau pour pouvoir observer Bryan. Ezra ne comprenait pas réellement ce qu’il se passait sous son nez. « Qu’est-ce qu’il se passe alors ? Enfin, ce n’est sûrement pas mes affaires. » Ezra avait parlé d’une voix calme et douce. Il était un peu trop curieux parfois sur les bords, et Jameson et Bryan avaient peut-être une histoire dont ni l’un ni l’autre avant envie de lui parler. Il était sur le point de repartir en direction du bureau lorsque Jameson reprit la parole. « Il me fait juste beaucoup penser à quelqu’un que j’ai connu, il y a longtemps. » « Oh, d’accord… » Ses supposition s’étaient révélées très fausses. « Enfin ! Tu veux que je signe une décharge ou quelque chose pour la voiture ? » Ezra sourit et reprit le chemin du bureau - en espérant que Jameson le suivrait cette fois ci. « Quelque-chose comme ça en effet. Il y a aussi quelques papiers pour ta voiture. » Arrivé en haut des escaliers, il toqua à la porte du bureau d’Amelia avant d’entrer, et personne ne s’y trouvait. Il fronça les sourcils. « Etrange… » Il vit un petit post-it sur son bureau avec marqué « Lily est malade, je suis partie la chercher au centre aéré et je rentre chez toi ensuite. A ce soir - A. » « Ah, bah tu as failli rencontrer Amelia, mais Lily-Rose est malade elle est partie la chercher au centre aéré. » Il fit une petite moue, il n’aimait pas trop quand la petite était malade. Il alla ensuite chercher les papiers correspondant à un dépôt de voiture, faisant signe à Jameson de s’installer dans la chaise en face du bureau. « Tiens, il faut que tu remplisses et que tu signes en bas de pages s’il te pait. »

« Dommage. Lily-Rose n’a rien de grave, j'espère ? » Ezra haussa les épaules, reposant le post-it dans un coin du bureau. « Amelia n’a pas précisé, mais je ne pense pas. Un peu de fièvre ou quelque-chose, elle allait bien hier soir en allant se coucher. » Il parlait d’elle comme si c’était sa fille. Il ne s’en rendait que très rarement comptes, mais le peu de fois où c’était le cas, il était choqué de son propre comportement. Pas dans le mauvais sens, soyons clairs. Mais il n’avait toujours pas compris qu’ils avaient les bonnes qualités pour être un bon père, vu qu’il les a toujours refoulé dû au fait qu’il n’ait pas pu élever son propre fils. Il finit par donner les papiers à Jameson et elle accepta de les remplir dans la foulée. Ezra trouvait que c’était la partie la plus chiante de son boulot, la paperasse. Et il devait avouer qu’avec Amelia travaillant avec lui, il n’avait pas eu à faire remplir des papiers depuis des années. « Voilà. » Il releva la tête et lui « Merci à toi. » Il attrapa les feuilles de papiers avant de venir les ranger dans le classeur spécial Ezra, celui qu’Amelia appelait je suis trop nul pour classer tout seul mais je laisse pas trainer les papiers. Ezra préférait largement les mettre dans ce classeur et se faire taquiner par Amy que de les laisser trainer et qu’elle lui fasse une remarque. En même temps, elle avait raison de lui remonter les bretelles de la sorte, elle ne venait pas mettre le bordel dans sa caisse à outils elle. « Mais j’y pense, tu travailles tous les weekends ou tu t’accordes quelques jours de congé ? » Ezra vint se rasseoir en face de Jameson - un peu trop sèchement d’ailleurs, ce qui lui arracha une petite grimace de douleur. « On ouvre tous les samedis pour que ceux qui bossent trop la semaine puissent venir, et on est fermé le dimanche par contre. Et ouais, je suis là presque tous les samedis. En fait, je pars du principe, même pour mes employés, qu’on est assez grands pour faire nos plannings tous seuls pour qu’il y ait toujours du monde. Donc du moment que c’est le cas et que les gars font bien leur boulot, tout le monde prend ses congés comme il veut. » Il haussa les épaules comme pour montrer qu’il restait détaché par rapport à la situation. Au début, Ezra avait tenté de faire respecter toutes les horaires et tout ce qui allait avec à la lettre. Cependant, des fois certains de ses employés restaient jusqu’à ultra tard le soir voire en début de nuit pour finir des réparations qu’ils n’avaient pas envie de laisser trainer ou qui leur donnait du fil à retordre - et qu’ils avaient trop de fierté pour laisser tomber. Il leur était alors impossible d’arriver en forme le lendemain alors qu’ils avaient fait un boulot de chef la veille. Ezra avait alors laissé tomber, et depuis tout se passait même mieux. Il devait être le patron le plus souple de l’histoire de Brisbane pour ça. « Et toi, tu bosses dans quoi au final ? »

« Tu as raison, je pense que plus tu donnes de liberté à tes collaborateurs, plus ils se sentent responsabilisés et motivés. » Ezra eut un petit sourire.Il semblait qu’elle avait totalement compris ce qu’il voulait dire. « Merci en tout cas, tu es bien le premier garagiste que j’entends qui semble se soucier des gens qui travaillent la semaine. Pour amener ma voiture aux deux derniers, je devais toujours prendre des congés. Encore une raison pour revenir te voir. Enfin, que ma voiture revienne te voir du moins. » « Je suis sur qu’on peut trouver plein de raisons de venir me voir. Ou que les voitures viennent me voir aussi oui. » Il eut un petit rire. Il était vrai que la phrase de la jeune femme n’était pas des plus claires mais il avait compris la base, c’était tout ce qui comptait. « Plus sérieusement, j’ai remarqué que mes clients étaient plus satisfaits quand ils pouvaient amener leurs voitures presque n’importe quel jour de la semaine, alors c’était tout bénèf’ pour eux et pour moi d’ouvrir le samedi. » Il haussa légèrement les épaules. Il interrogea ensuite Jameson sur son occupation à elle. C’était sur que la plage de l’île mystérieuse n’avait pas été le meilleur endroit pour faire réellement connaissance. « Dans le droit, je suis avocate associée dans un cabinet local. Ashburn Rose ? Si jamais tu as besoins… » Ezra attrapa la carte de visite que lui tendait Jameson. « Je ne connais pas du tout… » Il parcourut rapidement du regard la carte, avant de venir la poser plutôt bien en évidence sur le bureau d’Amelia. « … Mais je garde sous la main car ça pourrait servir. Je mentirai si je disais ne jamais avoir de soucis avec certains clients. » Il fit un petite moue. Ce n’était pas souvent, mais ça arrivait qu’un lien soit mécontent et qu’il abuse et qu’il tente de coller un procès au cul du garage. Ils perdaient à chaque fois. Ezra finit par se lever pour aller fouiller dans un petit pot dans l’armoire du bureau d’Amelia, en sortit une clef qu’il tendit à Jameson. « J’vais pas te faire signer de papier pour cette voiture là, je pense que le fait qu’on ait ta voiture en otage suffira. Et puis, j’ai remis plus qu’une voiture entre tes mains il y a peu, comme ma vie, et tu t’en es bien sortie. J’pense que je peux te faire confiance pour ce coup là. » Avec un petit sourire, Ezra tendit le trousseau à Jameson.