« we past away »    amy castle & adèle shephard

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Elle n’en veut pas de ce monde, de cette vie, ça ne lui convient pas. Mais sa maladie qui l’a emportée, s’en fichait bien. Peut-être aurait-elle voulu une mort plus direct, moins dans l’attente. Elle savait qu’elle finirait par mourir de ce cancer, de ce poison dans son sang, le jour où on lui a diagnostiqué, et il n’y a encore aucun traitement pour en guérir. Juste attendre que la mort vienne, et tentait tant bien que mal avec la fatigue et les douleurs, de profiter du peu de temps qui nous reste. Elle n’aura pas eu le temps de se voir diminuer, il n’a suffi que de quelques jours, elle ne mangeait plus Adèle, la douleur à la gorge l’en empêchait. « C'est difficile de dire. » Elle hausse les épaules. « Si nous les croisons ... comme je t'ai croisé, nous pourrons parler avec eux. Mais j'ai bien peur de tomber sur des fous. Ceux qui sont ... vraiment jetés ... » Vraiment jetés ? Ca existe aussi dans leur monde ? « Et on deviendra comme eux alors ou c’est depuis toujours qu’ils sont comme ça ? » Elle se pose des questions Adèle sur ce monde, qu’elle n’aurait jamais pensé rejoindre un jour. « En tout cas, si je ne peux rien faire pour rendre sa vie médiocre, j'espère qu'il va enchaîner les merdes. J'espère qu'il va payer. » Elle lui jette un regard, pourquoi ne pourraient-elles pas se venger ? « Pourquoi on peut pas se venger ? Il le faut… Et je t’aiderais. » Qu’elle avoue, avant de finalement arriver vers la grange familiale. « Tu n'as pas eu le temps ... de réellement la connaître. » Adèle fait signe à Amy de venir avec elle, pour la voir. Elles passent à travers la porte et elles vont dans une pièce au fond fermée par un rideau. Et là, sa fille qui dort paisiblement. Si elle pouvait pleurer c’est ce qu’elle ferait… « Mais si tu arrives ... à rester toi ... et à ne pas te laisser emporter par la folie, peut-être ... que tu pourrais rester ... pour veiller sur elle. » Et elle ne comprenait pas pourquoi elle devait rester là, dans ce monde si leur vie est terminée. Qu’ont elle fait pour mériter ce sort et ne pas pouvoir retrouver la paix. Est-ce qu’elles pourraient rester éternellement entre deux mondes, à ne rien comprendre ? « Tu crois que c’est possible ? » Elle demande, en osant même pas reporter son regard sur elle. Sa famille lui manque déjà et elle vient à peine de mourir, qu’est-ce que ça sera dans quelques mois ? Dans quelques années ? Est-ce pour les attendre ? « Je veux dire ma place n’est pas là… La tienne non plus… » Son regard n’est même pas triste, elle a même l’impression que son cœur est léger, qu’elle a accepté la sentence sans l’accepter vraiment. Elle est entre deux eaux, et elle ignore combien de temps ça durera encore. Elle cherche à caresser de sa main la joue de sa fille, mais rien ne se passe, elle passe à travers. Cette sensation est horrible. Si elle était préparée à mourir, elle n’était pas préparée à cette douleur qu’elle aimerait ressentir de ne pouvoir plus toucher son enfant. La prendre dans ses bras quand elle viendrait à pleurer…

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Elle n’a plus peur de ce qui l’attend Adèle, elle ne sait pas si il peut lui arriver bien pire qu’actuellement. Alors elle ne s’en soucie pas, elle préfère continuer à ne pas y penser. Elle parvient étrangement à faire connaissance avec une femme qui semble être autant morte qu’elle. Qui semble d’ailleurs en être depuis plus longtemps qu’elle, Adèle ne se gêne pas pour en apprendre davantage sur son avenir, sur ce qu’elle risque de devenir. Rien de plus mauvais que son passé, quand on est déjà mort… Il y a-t-il de pire ? « Honnêtement ? Je ne sais pas.. » Qu’elle rétorque, grimaçant. Adèle fronce les sourcils, elle n’imaginait pas qu’ils puissent vouloir lui mettre des bâtons dans les roues, dans quel but ? Elle se pose beaucoup trop de questions la jeune femme comme toujours. Ca fuse … « Je ne suis pas morte depuis assez longtemps pour avoir une vision globale de tout ça. » Très certainement que Adèle voulait savoir les choses bien trop rapidement, et que la jeune femme en face d’elle n’était pas en mesure de lui apporter des réponses concrètes. Et c’était sans doute normal. « je m’en doute, j’avais juste besoin d’en être sûre. » Elle sourit légèrement avant de tourner le visage vers sa nouvelle amie, qui l’intrigue. « C'est peut-être ... la vengeance qui nous rendra dingue. » N’y a t’il pas de demi-mesure dans leur monde ? Adèle voulait croire qu’elles n’étaient pas si mauvaises, et qu’importe si elles allaient vouloir mettre en place un plan pour venger le mari d’Amy et son comportement envers les femmes. Adèle voyait là, une histoire de justice, plus qu’une histoire d’une vengeance, même si finalement comme toujours, elle jouera, jonglera avec les mots. « Il n’y a pas de raison… On te rend justice et on s’arrête là… » C’était ça le deal non ? Juste assez pour qu’elles retrouvent la paix toute les deux, bien que demeurait encore le pourquoi Adèle n’avait pas pu rejoindre son monde, si pour son cas la vengeance ne fait pas partie de ses attentes. « Peut-être ? Si on décide ... de ne pas être comme les autres. » Elle aimerait pouvoir se satisferait de se tenir à quelques mètres de son propre enfant, de sa propre fille. Mais elle ne fait plus partie de ce monde, de son univers, cet enfant ne connaîtra jamais sa mère. « Je doute qu’on puisse réellement choisir… » Choisir d’être fou ? Faudrait vraiment être étrange pour cela, non ? « On est là pour une raison ... ou alors ... C'est qu'il n'y a pas ... d'autre endroit. » Qu’elle avoue, se tenant face à l’enfant d’Adèle qui dort paisiblement. Adèle hausse les épaules, c’est en tout cas la seule explication qui serait judicieux. « T’as ptètre pas tort… Mais j’en serai déçue… » S’était telle déjà faite à l’idée d’un nouveau monde à conquérir ? Probablement oui… « On va descendre en bas, et il faudrait que tu m’en dises plus sur lui, sur l’endroit où vous avez habité… » Tout et n’importe quoi, un point sensible, Adèle a fini par apprendre que tout le monde en avait un…

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Adèle n’aime pas l’inconnue, elle a même peur de l’inconnue. Sa mort lui donne un sentiment d’insécurité, sans qu’elle ne puisse résoudre quoi que ce soit, et ça l’effraie plus que de raison. Elle cherche alors à comprendre, à avoir des réponses concrètes sur ses diverses questions. Mais elle ne trouve rien. Rien de bon. Alors elle préfère secouer la tête, ne plus y penser, tout oublier. Si elle pourrait aussi oublier sa vie, sa maladie. Sa mort. Si elle pourrait oublier sa fille, cela l’aiderait peut-être. Mais c’est ancré dans chaque parcelle de sa peau sans vie, de ses organes mort à la seconde même où son âme erre dans la ville, comme une âme en peine. Ce corps n’est plus vraiment le sien et elle le rejette en bloc… « On finira par avoir des réponses. Faut juste ... qu'on attende. » Attendre quoi au juste ? Elle regarde Amy, un peu perdue, elle ne comprend pas ce qu’elle lui dit. « J’ai passé ma vie à attendre… Je n’attendrais pas que le destin choisisse pour moi… » Elle peut paraître dure avec elle-même, et avec les autres, mais attendre ça signifie combien de temps ? Elle n’a pas envie que le destin choisisse pour elle, c’est déjà assez difficile comme ça, d’accepter de partir alors que sa môme est devant elle, et qu’elle ne pourra plus jamais l’épauler. Qu’elle ne sera plus jamais là pour lui donner des conseils. Adèle s’imaginait toute les potins à l’adolescence qu’elle aurait pu lui dire, les questions existentielles dans le choix de deux hommes différents pour son futur. La douleur parfois intacte dans l’amour qu’on porte pour l’autre. C’est difficile encore pour elle, d’admettre qu’elle ne sera jamais là, qu’elle ne pourra la conseiller comme elle l’avait rêvé. « J'espère que tu dis vrai. » Elle sourit légèrement, elle se voulait réconfortante pour la jeune femme, même si au fond d’elle, elle ne l’était pas du tout. Elles ne pourront rien faire de toute façon, même si Adèle cherche à maîtriser le destin, le futur, elle le sait, c’est une perte de temps. « Faut garder espoir… ». C’est une chose qu’elle parvient facilement, à garder espoir… « J'vois croire qu'on a encore le choix même si on est mortes. » Elle hausse les épaules c’est tellement dérisoire. « Je sais pas… La manœuvre est serrée je pense… » Sans aucun doute même. Elles ne pourront jamais vraiment faire ce qu’elles voudraient… Si elles parviennent déjà à venger Amy, ce sera un exploit, tant est si bien qu’elle ne sait pas par où commencer Adèle, alors elle en demande plus, même si c’est pas évident pour Amy, d’en parler. « Il vient d'une bonne famille. Même si on peut pas réellement dire qu'il est si bien élevé que ça. Elle l’écoute alors qu’elles quittent la chambre de l’enfant pour se rendre à l’isolement un petit moment. Pas que les humains pourraient les voir, mais sait-on jamais si les enfants ne pourraient pas… Ou alors, en devenant le chef de famille, il a mis à la corbeille toutes les bonnes manières qu'il a pu apprendre. » Elle souffle, en inspirant parfois, tant la difficulté est palpable. Elle pose sa main sur celle d’Amy, mais il n’y a aucun contact et ça l’effraie Adèle, elle retire aussitôt sa main comme si elle se l’était brûlée. « Il avait ... Enfin, il a une maison sur Gold Coast. Pas très loin des mines. » Elle réfléchit un court instant avant d’annoncer sans hésiter : « il faut qu’on aille le voir… » Et elle ignorait l’effort qu’elle demandait à présent à Amy que de s’y rendre. « C’est important, tu crois que ça ira ? » Elles pourraient réfléchir à une autre alternative, mais ça semblait compliqué sans s’y rendre.

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Dans la matière, Adèle manque d’expérience, elle ne sait donc pas vraiment ce qui peut lui arriver ou non, si elle venait à jamais trouver la paix. Il y a-t-il une chance pour qu’elle ne devienne jamais folle ? Elle l’ignore, et elle est effrayée par ce sentiment d’insécurité qui la submerge. Elle aurait pensé qu’une fois partie de ce monde, elle trouverait la paix, et qu’aucun autre sentiment ne saurait s’emparer d’elle, mais visiblement la folie pourrait venir s’y loger, à force d’échec, suppose t’elle. Après tout leur âme reste intact, inchangé, et tout ce qui s’y tramait autrefois, peut surgir de nouveau, sans attendre. C’est une sensation d’échec, épuisante situation dans laquelle elle aimerait réellement se sortir hors de l’eau, si encore cela lui est possible. Et elle en doute… « Je crois ... que le destin a déjà choisi pour nous. » Elle fronce les sourcils, elle n’a pas vraiment envie d’entendre ça, si bien que même si elle considère que c’est acquis, peut-être qu’elle peut y croire, espérer une bonne augure pour la suite ? « Et on peut rien faire contre ça ? » Serait-elle trop naïve pour espérer une autre fatalité ? Elle ne veut pas songer à autre chose pourtant. Elle est effrayée par l’image que pourrait avoir cette vérité. « C'est loin d'ici. » Qu’elle avoue, même si Adèle s’en doutait. Que ce serait pas forcément à côté sinon elle ne serait certainement pas là… « Ca ira ... Enfin, je pense. » Elle lui sourit, le regard apaisé, cherchant à la réconfortant de ce qu’elle peut voir de son regard. « On peut tenter, et si ça te fait trop mal, on s’abritera ailleurs ? » Il faudrait connaître ses habitudes, Adèle voulait devenir cette guerrière qu’elle a toujours désirée être… C’était une opportunité en or, mais à quel prix ? « Tu veux te mettre en route ... dès aujourd'hui ? » Elle acquiesce d’un signe de tête… « Plus vite on y va, plus vite on finira… » Les choses ne sont pas toujours aussi simples mais qu’importe. « Quand tout ceci sera terminé, si on est encore là, on reviendra ici… » Avait-elle espoir de s’envoler pour de vrai une fois que sa mission sera achevée, elle en fait une mission personnelle. Et ça pouvait s’entendre à sa voix, et se voir à son regard. Finalement les deux femmes quittent la grange, s’offrant un dernier passage rapide auprès de son bébé qui dort à point fermer. C’était assez ironique de vouloir se venger d’une personne, et d’être autant attachée à l’idée d’être une mère parfaite, qu’elle ne pourra jamais être. Ses regrets bien loin derrière elle, quand son dos se retourne et fait face de la meilleure des manières à cette grange, parce qu’elles s’en éloignent.

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Adèle se sentait impuissante, comme si elle avait envie de se débattre mais que son corps l’en empêchait. Et c’était frustrant pour elle, elle avait espéré une vie meilleure mais n’avait jamais été vraiment à plaindre. Elle avait eu son cancer, mais à part cela, rien ne laissait présager à une mauvaise vie. Elle avait envie de se battre mais à ses yeux, une perte de temps, elle préférait se battre dans le vide, se démener ne servirait à rien, tout semble lui dire de se laisser couler un peu. « Aucune idée. » Qu’elle répond, Adèle hausse les épaules, elle n’en savait rien Amy, et même si elle avait espéré au fond une réponse, elle la connaissait cette réponse. Il fallait laisser faire le temps mais le temps, elle n’en a plus… Le temps est inutile. Le temps est une perte de temps, et ça la rend triste. « J’ai pas appris à patienter… » Qu’elle avoue presque penaude, avant de faire demi-tour pour quitter l’endroit. S’éloignant de lu bébé qui dort encore, précieusement. « J'pense ... j'pense qu'on aura l'occasion de découvrir ce que le destin veut de nous. Et si on peut briser ces chaînes. » Elle lui jette un regard furtif, c’est tous ce qu’elle pouvait espérer pour elle, et pour sa nouvelle connaissance. Qu’elles s’en sortent indemnes mais le danger est là, plus présent que jamais. « Il y a ... la maison de mes parents. Qui n'est pas très loin. » Elle fronce les sourcils, c’était étrange de rien pouvoir toucher, de rien pouvoir faire. Son corps sans l’être, sa vie sans l’être. Comme prisonnière de son propre corps. « D’accord tu veux qu’on y aller là-bas ? » Qu’elle demande avant de voir qu’Amy est prête pour partir, elle aussi. Faudra qu’elle s’arme de courage, de force et de patience. « Bien. Allons-y alors. » Et elle était prête, d’ailleurs elle quitte la grange sans même se retourner. Elle serait capable de faire demi-tour, alors elle se promet de revenir un jour. Mais elle sait que sa place n’est plus ici désormais et qu’elle doit les laisser. « Ils doivent arriver à combattre par la force des sentiments qui les traversent. » Elle imagine que si quelqu’un s’en prend à sa fille sous ses yeux, qu’elle parviendrait à faire quelque chose, alerter, faire fuir, la défendre coûte que coûte. Mais Adèle cherchait le facteur. Ce petit truc qui se déclenchait. « Il y a ... un peu plus d'animation la nuit. » Qu’elle avoue alors qu’elles sont déjà au coin de la rue, elle regarde autour d’elle, c’est vrai qu’elle ressent ses âmes. Leurs états d’âmes aussi, c’est épuisant. Elle a envie de leur hurler de partir. « A croire que c'est le moment propice pour que les âmes sortent. » Elle a sans doute raison et ça leur laisse une opportunité. « C’est très bien, on apprendra peut-être des choses… » Plus il y a du monde, plus il y a des chances n’est-ce pas ? « Va falloir s’armer de courage… » Pour survivre dans ce monde.

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Adèle doit se ressaisir, elle doit être plus forte que tout cela, et ne pas se laisser sombrer, c’est la raison pour laquelle, elle voudrait lui rendre le change, et un sourire parcoure ses lèvres. Un soupire aussi parce qu’elle ne sait pas de quoi son avenir est réellement fait, enfin si ce n’est une errance soudaine et dont elle n’a guère le choix. Pourrait-elle venir à disparaître totalement si elle ne fait pas le bon choix ? Ou est-ce justement cette errance sa punition ? Elle a toujours penser être une personne bien, avec des valeurs, peut-être un peu trop rebelle pour son époque, et un tantinet féministe, et dans leur monde, on aime guère ça. Elle en a vu se faire traîner dans la boue pour bien moins que ça, et se faire punir. Adèle a toujours eu de la chance d’être tombée sur quelqu’un de bien, qui avait lui aussi ses folies, mais elle n’a jamais été bien longtemps malheureuse, puis la naissance de leur fille n’a fait qu’une chose dans sa vie. Peut-être que sans elle, elle aurait moins bien tenue le coup. Sa maladie et même tout ce qui entoure sa vie. « J'suis pas ... des plus patientes non plus. » Elle hausse les épaules, elle la prendra comme elle est, pas d’inquiétude. De toute évidence, elles n’avaient guère le choix désormais, puis elle est sympa Amy. Même si c’était pas réellement de cette façon qu’elle aurait voulu rencontrer quelqu’un. « T’en fais pas, on fera comme on peut… » Elles marchent un petit moment et quand Amy reprend la parole, elle tourne son visage. « En fait, la maison de mes parents n'est pas très loin de la sienne. Elle acquiesce d’un signe de tête, et sent bien que quelque chose coince. Ils étaient donc voisins, mais Adèle ne veut pas trop poser de questions, ça ne la regarde pas vraiment, puis si Amy a besoin de parler, elle le fera d’elle-même, sans que Adèle ne l’y force. Donc, si on part, et qu'on veut pas rester chez ... lui ... On aura une solution de repli. » Elle tend son bras vers sa nouvelle amie, voulant prendre sa main, mais ses doigts ne sont que du vent, et elle ne parviendra jamais à la toucher, à la réconforter par le touché. « On fera comme tu voudras… » Si elle ne se sent pas d’affronter l’homme même si il ne pourra pas la voir, si elle ne se sent pas d’être si proche de lui, elles resteront à l’écart. « Beaucoup de courage. De la patience aussi peut-être bien. Et surtout... ne pas baisser les bras. » Le monde de dehors est un signe apocalyptique, elle ne sait pas Adèle si elle parviendra à maintenir la tête haute plusieurs heures. Si elle parviendra à assurer dans ce monde de brute. « Tu rêvais de quoi avant ? » Elle a besoin d’emmener cette douceur dans cette vie bien triste, de la paix dans cette guerre.

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Est-ce qu’en devenant morte les humeurs changent, et Adèle saura t’elle trouver la paix avec le temps ? Elle n’en sait rien, parce que c’est soudain et que d’une façon comme d’une autre, elle n’est pas parvenue à trouver refuge, ou de réponses concrètes à ses questions. Elle demeure toujours dans un monde qui n’est plus le sien, et elle ne comprend pas ce qu’elle a bien pu faire pour ne pas mériter du repos et de la paix. Elle ignore alors si elle a accomplie toute ses missions, et c’est sûrement la raison pour laquelle, elle trouve sur son chemin cette femme, qu’elle n’avait encore jamais vu jusque-là. Et de toute façon, Adèle ne vivait que pour son ranch familial, et ses chevaux. Que ça d’important dans la vie. « On n'a pas vraiment le choix de toute façon. » Elle hausse les épaules, c’était si différent de ce qu’elle a toujours appris. On lui a toujours dit que le choix, elle l’aurait, un jour. Que le choix n’appartient qu’à chaque personne de le prendre, ou non, mais qu’il est toujours là, dans un coin de la tête, et qu’on finit par l’avoir. Amy remettait en cause ce pourquoi, elle s’était battue toute sa vie, en une poignée de secondes, et elle ne comprenait plus rien Adèle. Parce qu’elle le constatait amèrement qu’il n’y avait aucun choix à faire, que tout se dessinait devant elles, sans pouvoir rien changé de cette destinée. C’était une sensation horrible, l’impression de perdre pied alors qu’elles ne sont mêmes plus de ce monde, réellement. « Avant d'être morte ? Je sais plus trop. J'ai l'impression que y'a des choses ... qui disparaissent. » Qu’elle avoue, tout en poursuivant leur route et Adèle fronce les sourcils, comment ça des choses qui disparaissent ? « Tu veux dire que la mémoire flanche ? » Et ça veut donc dire qu’un jour, elle aura oublié sa vie d’avant ? Ses rêves, ses peurs ? Son mari ? Son enfant ? Ses chevaux ? Tout ce qui a fait d’elle, un jour, d’Adèle Shephard ? « Je sais que ... Enfin, je crois que j'rêvais d'avoir une belle vie de famille. Avec un homme qui serait gentil. Qui serait aimant. Amoureux. On aurait eu des champs. Un jardin. Et on aurait vécu de ça. » Elle croise à peine son regard, hésitante, sentant toute l’émotion dans sa voix, alors qu’elle n’est plus capable de percevoir ce genre de chose. Elle n’est plus qu’une ombre parmi tant d’autre, il n’y a plus vraiment de cœur sous cette carapace, plus rien sur lequel elle peut se raccrocher. Et ça lui fait mal… « C’est peut-être pas trop tard … » Et elle se veut rassurante, remplie de douceur, parce que c’est ce qui la définit bien, à Adèle. « Je veux dire, quelque chose d’après nous attend… » En bien ? En mal, Adèle n’était pas en mesure d’y répondre mais pour autant elle se doutait bien que quelque chose l’attend quand même…

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Adèle avance sans même savoir ce qui l’attend de l’autre côté. Elle ne s’en soucie guère à vrai dire, elle a un peu peur de l’inconnu, mais n’est-ce pas un moteur réconfortant finalement ? « Je crois. Y'a des choses ... dont j'arrive difficilement à me souvenir. » Elle hausse les épaules, elle n’espère pas perdre le doux visage de sa fille et de son mari. Elle voudrait les garder à jamais dans sa mémoire, mais également dans son cœur. « Mais ta famille, tu t’en souviens ? » Obsession soudaine depuis que la jeune femme lui a dit perdre la mémoire, elle devrait se calmer Adèle, chaque personne est différente non ? « Toutefois, j'dois t'avouer que de mon vivant, hein, j'avais pas non plus la mémoire la plus formidable ! » Est-ce sensé la rassurer ? Sans doute… « Tu l’as pas travaillé ? » Son mari répétait sans cesse qu’il fallait la travailler, Adèle levait les yeux au ciel, considérant cela d’absurde parce qu’elle était bien trop jeune pour s’en soucier selon elle. « C'est ... trop tard. Peut-être ... Je sais pas. » Elle réfléchit un instant avant de prendre la parole alors que la route défile sous ses yeux, « enfin… Je veux dire, le bonheur réside forcément ailleurs… » Que dans du matériel et si Adèle a du mal à y croire, il va bien falloir, parce qu’elle ne retrouvera jamais sa vie d’avant, jamais son confort, et la présence de sa fille lui manque déjà terriblement. Elle chasse ses idées noirs, parce qu’elle doit regarder devant elle. Elle doit croire, espérer… « Et toi alors ? A quoi rêvais-tu avais ? Qu’elle demande finalement, tu avais des projets ? » Adèle a toujours eu beaucoup de projets, qu’elle ne pourra pas faire aboutir, mais soit, elle évite d’y penser de trop. Parce qu’elle est triste dans le fond, ce cancer est survenu et l’a emporté. Bien trop rapidement pour qu’elle se fasse une raison, d’autant plus qu’elle est coincée dans ce monde qu’elle ne reconnaît plus, qu’elle ne comprend plus. « De vivre des chevaux, on en a trois mais je ne sais pas ce qu’ils vont devenir… » C’est elle qui s’en occupait, très peu pour son mari, lui préférait travailler son bois. « Et avoir d’autres enfants… » Son projet n’était pas de partir de cette ville, de sa maison qu’ils venaient d’avoir, mais bien de construire quelque chose de durable dans le temps. « Je n’ai jamais voyagé et toi ? » Jamais elle n’a quitté son île, son Australie. Son Brisbane, pas les moyens, jamais le temps, elle détourne son visage en direction d’Amy attendant sa réponse tout en continuant de marcher dans cette rue sombre.