Elle hâte le pas, Itziar. Elle est en retard. Ce n’est pas son habitude. Elle qui accorde une importance bien particulière à la ponctualité. Elle a donné rendez-vous au dernier des Coventry. Il a finalement accepté de travailler pour elle. Malgré ses doutes. Malgré la méfiance dont il avait d’abord fait preuve. Sans doute, était-il appâté par la récompense, le paiement qu’elle lui proposait. Ils l’étaient tous et elle, elle était généreuse. Elle avait de l’argent et n’était pas le genre de personne qui comptait ses dépenses. Ça lui donnait donc de fait, un argument des plus intéressant dès qu’il était question de négocier. Cela lui donnait un avantage non-négligeable. Cependant, elle savait qu’elle devait tout de même faire ses preuves. Elle savait qu’il la trouvait probablement plus que loufoque et attendait le moment où elle retournerait sa veste ou lui planterait un couteau dans le dos. Elle n’avait aucune raison de le faire. N’avait aucune intention de le faire. Elle était honnête depuis le début, et même si sa requête pouvait paraître étrange, elle était on ne peut plus sérieuse. Elle accélère, jetant un œil à la montre qu’elle replace dans sa poche presque aussitôt. Cependant, son attention est attirée par deux jeunes femmes, en bas de ce vieux moulin à vent transformé en observatoire. Elles semblaient en pleine discussion. Une certaine tension semblait émaner de leur échange et quelque chose laissait penser qu’elles n’étaient pas les meilleures amies du monde. Qu’elles ne se retrouvaient pas là toutes les deux par plaisir. Elle observe un instant la scène, discrètement. Elle essaye de tendre l’oreille pour écouter ce qui se dit. Par curiosité. Parce qu’elle ne peut pas s’en empêcher. Une histoire de vampire ou peut-être de loup. Cela ne semble pas clair, cependant, une petite voix dans sa tête lui dit qu’il ne vaut mieux pas se faire repérer, alors, elle continue son chemin dans la pénombre, comme une petite souris, rapide, discrète, presque invisible.

Encore et toujours, Siham attendait une chose : que le canon explose à nouveau à 13h, chaque jour qui passe. Mais il était toujours silencieux. Et en même temps, plus le temps passait, plus elle se découvrait en tant que sorcière, plus elle se demandait si elle ne préférait pas cette vie là. La vie dans la prénombre, dans l’obscurité, la vie où les siens n’étaient pas stigmatisés. Elle avait ce sentiment d’être qui elle était vraiment, de ne pas avoir à se cacher. Seule ombre au tableau : les autres, les monstres. Les vampires et les loups, ceux qui étaient sanguinaires, ceux qui tuaient uniquement pour assouvir leurs propres besoins. Ils n’étaient pas là pour le bien, non, ils n’incarnaient que le mal.
« Un chasseur chachant sacher chans son chien… » encore raté ! et quelle ironie. C’était une phrase que Olive lui avait dit de répéter régulièrement, tout ça pour s’entrainer à la diction. Parce que c’était important de savoir dire les sorts parfaitement. Les incantations ne laissaient aucune place à l’approximation. « Un chasseur sachant cha… » elle fu arrêtée dans son élan, bien que cette fois, elle avait le sentiment qu’elle allait y arriver. Son regard fu attiré par deux femmes qui se trouvaient un peu plus loin et ses oreilles de chats ne la trahissaient pas, c’est la voix de Marley qu’elle reconnu. Bien que trop loin pour vraiment voir son visage, son audition affinée ne lui jouait aucun tour. « Je t'en prie... » elle semblait suppliait cette autre personne mais de quoi ? Siham, savait qu’elle lui serait redevable pour la vie, elle lui avait sauvé la mise une fois, face à un vampire à présent, c’était à elle de lui rendre la pareille. « Marley ! » elle se mis à courir vers les deux femmes – ou du moins, ce à quoi elles ressemblaient – Siham sortant sa baguette magique et se concentra plus que jamais pour prononcer son sort d’immobilisation. «Immobilo Statuere! » Une étincelle sortie de sa baguette en direction de l’inconnu. Le sort fonctionna à la perfection, immobilisant totalement la brune, Marley était à présent saine et sauve, elle pourrait en faire ce qu’elle voulait. La tuer ou lui laisser la vie sauve, mais elle était hors de danger… Siham disparu aussitôt, ne voulait pas s’en mêler davantage.

«  Un chasseur sachant chasser sans son chien est un bon chasseur… » elle n'avait pas vu qu'il était sans doute trop tard ...