L'heure de son téléphone passe de 15:59 à 16:00 lorsqu'Eve toque chez Leslie en ce dimanche après-midi. C'est fou, ça va bientôt faire deux ans qu'elles ont mis en place cette garde partagée et pourtant elle a toujours un pincement au cœur lorsqu'elle se trouve face à cette porte. Face à cette maison – leur maison, fût un temps. Mais lorsqu'elle est partie, la Daxson a laissé à son ex la maison qu'elles avaient choisie ensemble et tous les souvenirs qui s'y trouvaient, le prix à payer pour en finir avec une situation qu'elle ne pouvait plus supporter. Mais ce pincement au cœur qui ne cesse pas porte à croire qu'elle n'a pas totalement pu se détacher de ces moments malgré les années écoulées depuis leur rupture. Peut-être que revoir son ex s'y souvent n'aide pas, il faut dire.

La porte s'ouvre et aussitôt Ella lui bondit dessus pour lui raconter tout ce qu'elle a fait de chouette ce week-end – beaucoup de choses, apparemment. Tellement qu'elle ne fait pas vraiment de pause au milieu de son récit, son débit de paroles forçant l'admiration pour une enfant de sept ans. Pendant une seconde, Eve se demande si quelque chose la presse, ou si elle a simplement oublié qu'elle aura tout le temps de lui raconter ses aventures ce soir lorsqu'elles seront rentrées. Mais tout de même, l'entrain et la joie de l'enfant lui font chaud au cœur, lui rappelant qu'elle a pris la bonne décision en acceptant que Leslie ait une place dans la vie de sa fille malgré tous ses défauts. « Tu peux aller jouer dehors avec Abby. Je dois parler à Maman deux petites minutes d'accord ? » Ella ne proteste pas, filant dans le jardin aussitôt, profitant sans râler de ce temps bonus qui lui est accordé en présence de sa demi-sœur. Eve se tourne vers son ex, à la fois curieuse et intriguée. Une part d'elle se demande s'il s'est passé quelque chose avec Ella, car après tout leur fille est leur principal sujet de conversation lorsqu'elles se voient – leur principal sujet de dispute, aussi, mais elle ne veut pas penser si négativement. « J'te sers quelque chose ? » La brune hoche la tête. « Je veux bien du jus de fruit si t'en as. Sinon de l'eau ça m'ira très bien, » assure-t-elle, pas difficile. « Tu devrais peut-être t'asseoir. » « Qu'est-ce qui se passe ? » demande-t-elle aussitôt, trouvant que cette suggestion sonne comme une mauvaise nouvelle à annoncer. Est-ce qu'il s'est passé quelque chose avec Ella ? Une dispute avec sa mère ? Une bagarre avec Abby ? Cependant la Daxson s'exécute, prenant place sur la chaise la plus proche, son regard ne lâchant pas son ex. « J'ai accepté un nouveau poste. » Cool. Un sourire naît même sur le visage d'Eve qui n'a pas de mal à se réjouir pour les autres et s'apprête à féliciter l'urgentiste, sauf que... « Au Costa Rica.  » HEIN ?! Le visage de la Daxson vient de palir d'un seul coup et ses yeux se sont arrondis. « Pardon ? » qu'elle dit, un peu – beaucoup – perdue, en écho à son cerveau qui ne parvient pas à intégrer les mots qui viennent d'être prononcé. Elle a du mal entendre. Elle a tendance à s'attendre au pire, pourtant, venant de Leslie, mais les choses semblaient aller mieux depuis l'anniversaire un peu catastrophique d'Ella alors... Non, elle ne s'attendait pas à ça – rien n'aurait pu l'y préparer convenablement, de toute façon. « T-Tu peux répéter ? » Une fois, deux fois, trois fois s'il le faut. « Au Costa Rica ? » Mais qu'est-ce qu'elle veut aller faire au Costa Rica ? Ça, Eve le sait déjà en réalité : son ex va y exercer son métier, comme elle l'a fait partout avant qu'elles se connaissent et même lorsqu'elles étaient en couple. Pourtant, la Daxson a bien du mal à accepter cette information, ou même à y croire. Elle préférerait que ce soit une blague, une très mauvaise blague de Leslie mais... Elle-même a du mal à y croire.

Eve s'installe sur une chaise comme le lui suggère son ex, s'inquiétant aussitôt d'une telle demande. On ne demande cela aux gens que pour annoncer des nouvelles soit très bonnes soit très mauvaises, et Leslie est loin d'être coutumière des premières. C'est donc vers la seconde option que penche l'imagination de la Daxson qui a pourtant pour habitude d'être optimiste. Difficile de l'être alors que leur relation est en dents de scie et que les creux les plus bas sont généralement du fait de Leslie et de son incroyable propension à ne pas tenir sa parole. Pourtant, elle s'accroche à cet espoir que ce ne soit pas si grave. Une illusion qui vole en éclats lorsque l'annonce tombe : elle s'en va. Leslie s'en va. Et pas à Sydney, à Melbourne ou à Perth, ce qui aurait au moins le mérite d'être en Australie, mais au Costa Rica. Autrement dit dans un autre pays, littéralement à l'autre bout du monde. C'est pas vrai. Les mains crispés sur son verre de jus de fruit dont elle n'a pas bu une seule gorgée, la brune peine à assimiler l'information qui lui semble tout bonnement invraisemblable. Elle demande à son ex de répéter mais la vérité c'est qu'elle a très bien entendu. Elle n'arrive simplement pas y croire. C'est pas possible. Une part d'elle, c'est vrai, ne veut pas y croire.

Eve ne veut pas s'imaginer que son ex parte à l'autre bout du monde alors qu'elles essayaient de construire quelque chose de stable pour leur fille. C'est en tout cas ce que s'efforce de faire la Daxson depuis presque deux ans, et ce malgré leur nombreux désaccords. Mais ça n'a pas l'air d'avoir la moindre importance pour Leslie qui affiche un air si sérieux qu'il ne peut s'agir d'une blague : elle va partir, sa décision est prise. Et sa destination, c'est bien le Costa Rica. « Ça fait plusieurs fois qu'on me le propose. J'y ai bien réfléchi et… j'ai accepté. » La brune reste sans voix, ne sachant même pas quoi répondre à ça. Rien qu'imaginer Ella apprendre la nouvelle lui brise le cœur. « J'en ai marre de ne pas avancer ici. J'ai besoin d'un nouveau défi. » Eve ne saurait pas dire quelle émotion prédomine en ce moment même dans son esprit : la tristesse de perdre à nouveau Leslie quand bien même elles n'étaient plus ensemble – elle reste la mère d'Ella elle aussi, malgré toutes ses erreurs –, la culpabilité de n'avoir pas suffisamment intégré son ex à la vie de leur fille pour qu'elle ait envie de rester en Australie, mais aussi la colère face à ce qu'elle vit comme un abandon et une trahison. Une part d'elle a envie de rétorquer que la maternité devrait être un défi suffisant pour la blonde qui est loin d'exceller dans ce rôle – l'anniversaire d'Ella a prouvé qu'elle avait encore beaucoup de progrès à faire à ce sujet, en tout cas. Mais l'autre est trop abasourdie pour dire quoi que ce soit, si bien que la Daxson reste silencieuse, assimilant encore ce qu'elle vient de lui annoncer. D'une main légèrement tremblante, elle finit par porter son verre de jus de fruits à ses lèvres pour en boire une première gorgée, comme si ça pouvait l'aider. « C'est juste pour quelques semaines. J'reviens toujours, tu sais bien. » Eve le sait, dans le fond, qu'elle revient effectivement toujours. Mais ce n'était pas ça le problème lorsqu'elles étaient ensemble. Le problème c'était les absences. Le problème c'était le manque de celle qu'elle aimait. Le problème c'était qu'à peine revenue elle pensait déjà à repartir plus qu'à n'importe quoi d'autre. « J'pourrais appeler Ella tous les jours. » La mention de sa princesse sort finalement Eve de son mutisme. Elle inspire et repose son verre sur la table, relevant les yeux vers Leslie. « Tu pourras l'appeler ou tu vas l'appeler ? » Sa voix est sans doute légèrement accusatrice car leurs antécédents entrent indéniablement en jeu dans cette histoire. Leslie peut avoir toutes les bonnes intentions du monde, souvent elle les fout en l'air avec un talent qui force l'admiration. La brune prend une nouvelle gorgée de jus de fruit puis elle ancre son regard dans celui de son ex. « Tu lui as dit ? » qu'elle demande d'une voix blanche. Est-ce qu'elle l'a dit à leur fille ? Est-ce qu'elle a brisé le cœur d'Ella ? Est-ce qu'elle a affronté son regard tout triste, ses grands yeux larmoyants, ses « Pourquoi tu t'en vas maman ? » qu'elle ne manquera pas de répéter ?

Leslie et ses promesses, c'est un classique auquel Eve a de plus en plus de mal à croire quand bien même sa naïveté et sa faculté à aisément pardonner ne soient plus à prouver. Et si lorsque leurs chemins se sont croisés il y a deux ans elle avait espoir que ce soit de l'histoire ancienne, que son ex ait changé, aujourd'hui elle doit bien reconnaître que lui faire confiance n'est pas aisée lorsqu'elle emploie le conditionnel. L'anniversaire de leur fille serait sans doute le premier exemple qu'elle citerait si on lui demandait pourquoi, mais il y en a tellement d'autres. « J'appellerai à chaque fois qu'elle le demandera. » Promesse, encore. « Et si elle demande à ce que tu l'appelles tous les jours, tu le feras ? » Eve déteste être mauvaise langue mais elle a persuadée que la réponse sera négative. Elle, elle le ferait si elle devait partir – elle appellerait chaque soir sa princesse et compterait les jours avant de la revoir. Mais Leslie n'est pas comme elle. Leslie fait passer son travail avant tout le reste, ça a toujours été comme ça – pourtant ça dévaste toujours autant Eve d'en faire les frais. « De toute façon, c'est pas comme si on se voyait si souvent que ça. » Et là la remarque fait mal. Pas autant que le fait que Leslie compte partir malgré elles, mais bien assez pour qu'elle se braque et se mette sur la défensive, rétorquant aussitôt. « C'est sûr que partir au Costa Rica c'est un bon moyen d'arranger les choses. » Elle est sèche, sarcastique, piquante – chose incroyablement rare chez Eve mais qui témoigne bien du fait que la remarque de Leslie l'a touchée en plein cœur. Parce qu'elle renvoie à la Daxson ses propres incertitudes et sa propre culpabilité. Celles qui lui font se demander si elle ne devrait pas laisser son ex passer plus de temps avec leur fille. Celles qui la frappent à chaque fois qu'Ella ne veut pas partir de chez Leslie, à chaque fois qu'elle demande pourquoi elle n'y va pas plus souvent, à chaque fois qu'elle lui raconte les week-ends merveilleux qu'elles semblent passer – à chaque fois qu'Eve se dit qu'elle est peut-être une mauvaise mère parce qu'elle prive Ella de son autre maman. Et parfois le fait de se répéter qu'elle la protège, qu'elle fait ça pour son bien, qu'elle agit pour l'intérêt de sa fille qui ne sait pas à quel point Leslie n'est pas fiable, ne suffit pas à endiguer toute la culpabilité d'une mère qui s'inquiète toujours de ne pas faire assez bien.

Après une gorgée de jus de fruits pour se donner un semblant de courage, le verre demeurant dans ses mains pour les tenir occupées, Eve lui demande si elle en a déjà parlé à Ella, bien qu'elle suppose que ce n'est pas le cas. Elle doute que leur fille aurait été si joyeuse si elle avait appris pour le départ si loin de Brisbane de l'une de ses mamans. « Je voulais t'en parler d'abord. » La Daxson devrait sans doute s'en réjouir, mais son visage reste neutre et son regard ne lâche pas celui de son ex. Peut-être qu'au fond, elle espère encore que ce ne soit pas vrai, que Leslie ne compte pas vraiment le faire – elle se berce d'illusions parce qu'affronter la réalité lui semble absolument atroce depuis quelques minutes. « Et je voulais aussi savoir si tu accepterais que je prenne Ella toute la semaine avant de partir. » Le cœur d'Eve semble manquer un battement alors que ses doigts se crispent sur son verre. Si c'était un gobelet en plastique, elle l'aurait sans nul doute éclaté dans sa main sans même le faire exprès. « Je vais prendre toutes les journées que tu vas m'autoriser en fait. » Encore une fois la Daxson reste muette, impassible – elle digère les informations, ses mains serrées autour d'un pauvre verre de jus. « J'comprendrais si tu ne veux pas. » Elle ne sait même plus ce qu'elle veut, Eve. La gorgée serrée, le cœur battant bien trop vite et douloureusement dans sa poitrine, elle a envie de pleurer, de hurler, de protester, mais rien ne se passe et elle semble simplement attendre le coup de grâce. « Mais j'aimerais beaucoup. » Ça ce n'était pas difficile à deviner. « Et Ella aussi. » Et ça, ça serre affreusement le cœur d'Eve qui se dit qu'accepter rendra leur fille aussi heureuse qu'elle sera triste lorsque tout sera fini. Lorsque Leslie sera partie. Parce qu'elle va partir, pas vrai ? Oui, cette fois c'est sûr. Elle ne demanderai pas à la voir si longtemps si ce n'était pas sérieux – le Costa Rica l'attend, qu'importe que ça dévaste toutes les personnes qu'elle abandonne à Brisbane. « Je... » La phrase s'arrête là parce qu'elle n'en connaît même pas la suite elle-même. Alors Eve porte le verre à ses lèvres pour se donner une constance, pour revenir à la réalité alors qu'elle engloutit l'intégralité de ce qui lui restait de jus de fruits. « Tu pars dans combien de temps exactement ? » Et lorsque le délai de deux semaines est donné, Eve baisse les yeux vers son verre vide, s'accordant le temps de réfléchir. Deux semaines, ça lui semble à la fois affreusement court pour digérer la nouvelle et terriblement long pour Ella qui se mettrait à croire qu'une garde plus équitable pourrait être instaurée pour toujours si elle passait tout ce temps chez Leslie. Pourtant, la Daxson n'a pas à cœur de refuser à sa fille de passer du temps avec son autre maman. Elle sait combien elle aime ça, combien elle est déçue de devoir rentrer le dimanche soir après un super week-end avec l'urgentiste, comment elle réclame Leslie et même Abby parfois lorsque le week-end de son ex approche. Une part d'elle voudrait refuser : cette part se dit que c'est le mieux à faire pour protéger Ella, pour ne pas lui faire miroiter de faux espoirs, pour la préserver des déceptions dont son autre mère est la reine incontestée. Mais l'autre part d'elle ne veut pas priver sa fille de ses dernières occasions de voir son autre maman avant longtemps. Elle ne veut pas avoir à réconforter Ella à qui son autre maman manquera en se disant qu'elle aurait pu leur permettre de se voir plus souvent avant son départ. Elle ne veut pas que sa propre colère, sa propre rancœur et son propre sentiment d'abandon fassent souffrir sa princesse en plus d'elle. Alors, après de longues secondes de silence, peut-être une minute ou même deux, Eve relève finalement les yeux vers son ex. « Je suis d'accord. » Une part d'elle l'est, en tout cas, et c'est celle qu'elle décide d'écouter. « On peut inverser dès maintenant. » Et, à la fois parce qu'elle craint de ne pas être suffisamment claire mais aussi parce qu'elle a besoin de mettre des mots dessus, elle détaille. « Elle reste avec toi toute la semaine, et moi je la récupère le week-end prochain. » Elle ne saurait se priver de sa fille deux semaines malgré les circonstances. « Et ensuite elle peut retourner chez toi pour la semaine qui suit... Et tu peux la garder le week-end avant ton départ. » Le week-end où elle lui annoncera, où ses deux semaines d'illusions se briseront. Mais au moins Ella aura pu passer du temps avec son autre maman avant qu'elle parte. Eve ne demande même pas à son ex si ça lui convient, elle se doute que oui – et ça convient à une partie d'elle-même, alors elle ose espérer que ce sera suffisant.

Croire son ex et ses belles promesses devient plus difficile pour Eve à chaque déception qu'elle essuie. Le fiasco du septième anniversaire d'Ella était la dernière en date jusqu'à aujourd'hui. Sans surprise, parmi toutes celles qui se sont succédées depuis leur rencontre il y a plus de dix ans, ce départ précipité à l'autre bout du monde se fait aisément une place sur le podium. Et il rend la Daxson d'autant plus amère qu'elle sait que c'est Ella qui pâtira le plus de cette décision et que ça lui brise le cœur. Malgré son optimiste habituel, elle n'arrive pas à se défaire de l'idée que ce que Leslie lui raconte ne durera pas. Elle parle d'appeler, mais à quelle fréquence ? Est-ce qu'elle répondra dès qu'Ella aura besoin d'entendre la voix de son autre maman ? « Je ferai mon possible. C'est pas toujours évident avec le décalage. » Est-ce le décalage horaire qui empêchera Leslie d'être présente pour leur fille ou est-ce qu'elle oubliera les appels comme elle oubliait les rendez-vous médicaux lorsqu'elle n'était encore qu'un projet ? Si cette fois l'argument n'est pas idiot – bien qu'Eve n'ait pas la moindre idée du décalage horaire entre le Costa Rica et l'Australie –, la confiance de l'enseignante est difficile à obtenir lorsqu'il s'agit du bien-être d'Ella.

Parce qu'il n'y a rien de plus important dans le cœur d'Eve que cela : le bien-être de sa fille, leur fille malgré tout. Et si pour ça elle doit réfléchir au fait de la laisser auprès de Leslie plus longtemps que d'habitude avant son départ, alors elle le fait. Pas parce que ça lui fait plaisir, mais parce que son amertume à l'égard de son ex ne devrait pas pénaliser Ella. « Deux semaines. » C'est le temps qui leur reste avant que Leslie ne s'envole à l'autre bout du monde, à savoir presque rien. Deux minuscules semaines qui ne donnent absolument pas à Eve le temps qu'elle voudrait pour réfléchir. Pourtant elle accepte de changer les règles du jeu pour cette fois, parce que si son ex doit partir pendant des mois alors Ella mérite de passer autant de temps que possible avec elle d'ici là. Même si ça la rendra d'autant plus triste quand viendra l'heure du départ, Eve le sait déjà. « Merci Eve. J'apprécie vraiment. » Pourtant Leslie doit se douter que si son ex agit de la sorte c'est pour Ella plus que pour lui faire plaisir à elle. Elle ne demande qu'à la récupérer le week-end au milieu de ces deux dernières semaines, car ne pas voir sa fille pendant si longtemps lui semble inconcevable. « Je vais lui dire cette semaine. » Les yeux d'Eve s'écarquillent un peu puis elle prend quelques secondes pour réfléchir à ce que cela signifierait – non seulement qu'Ella risque de pleurer ou de bouder tout le week-end qu'elles vont passer ensemble, mais aussi toute la semaine qui va suivre. Et finalement, c'est plus sur un ton de conseil que de reproche que la Daxson répond. « Tu devrais peut-être le faire un peu plus tard, sinon j'ai peur que ça vous gâche la deuxième semaine si elle décide de te faire la tête. » C'est le risque avec une enfant de sept ans : exprimer ses émotions ce n'est pas facile alors le boudin est souvent sa réponse à ce qui ne lui plaît pas. Et sans aucun doute, le départ d'une de ses mères si loin de la maison ne va pas lui plaire du tout. « Enfin, tu fais comme tu veux. » Elle ne veut pas la forcer à rien, après tout Leslie gère comme elle le souhaite sa relation avec Ella. Mais elle devrait peut-être écouter l'instinct maternel de celle qui a élevé leur enfant seule pendant six ans plutôt que lui sien qui lui a soufflé de partir à des milliers de kilomètres d'elle. « Et on pourrait peut-être passer chez toi demain après l'école pour aller récupérer plus de vêtements ? » La Daxson hoche la tête. « Oui, pas de souci. Je devrais être rentrée pour 16h30, tu peux passer quand tu veux à partir de là. » Et puis elles n'auront plus qu'à regarder Ella choisir avec excitation les vêtements qu'elle portera durant sa semaine avec Leslie tout en sachant pertinemment que cette joie se fanera dès qu'elle aura appris la raison de ce changement de programme – Eve en a déjà le cœur serré.

HRP :