Aujourd’hui, c’est ma journée de repos. Je vais donc enfin pouvoir profiter pour faire ce que je veux et non pas devoir satisfaire des clientes toutes la journée. J’ai confiance en mes sœurs, elles vont savoir gérer le salon de coiffure sans que j’aie besoin d’être présente. Après tout, elles ont été à la bonne école, tout comme moi, avec ma mère qui nous a appris à gérer très jeune lorsqu’elle n’était pas là. Je me souviens avoir surveillé la caisse tout une après-midi, car ma mère devait conduire ma grand-mère à l’hôpital et elle ne pouvait pas se permettre de fermer le salon. C’est pourquoi, je décidé pour ma journée de repos de me faire plaisir et j’ai une envie folle de faire du shopping. J’en fais très souvent, mon énorme dressing ne pourra pas prouver le contraire. Je me demande d’ailleurs parfois si mon dressing est plus grand que ma chambre ou bien l’inverse. Ceci étant dit, je n’en ai jamais assez. Je me rends donc au centre commercial, où je croise certaines clientes que je salue poliment d’un mouvement de tête. On ne vit pourtant pas dans une petite ville, mais il faut toujours croiser quelqu’un que je connais. Je m’arrête dans un petit magasin où les robes sont à tombés, bien qu’un peu chère. Je me dis que pour une fois, je peux me faire plaisir et acheter une ou deux robes qui me coûteront un peu plus, je le regretterais plus tard, tant pis. Je fouille alors un peu partout, à la recherche de la perle rare, j’essaye même une magnifique robe blanche qui me scie parfaitement et je sais que je la veux dans mon dressing. La tenant à bout de bras, je continue de chercher après une autre merveille. Ne trouvant pas mon bonheur, je me contente donc de cette simple robe qui va quand même me coûter un bras. Je passe à la caisse, offrant un sourire de satisfaction à la caissière à qui je tends la robe ainsi que ma carte bancaire. Elle me la passe sans le moindre problème et je récupère mon achat. La saluant poliment, je prends la sortie du magasin, sauf que les détecteurs de vol m’arrêtent dans mon élan. Je m’arrête, penaude, comprenant pas trop comment ça a pu arriver. L’agent de sécurité du centre commercial s’avance vers moi, tout comme la vendeuse. Je me sens un peu honteuse, puisque beaucoup de personnes dans le magasin se retourne vers moi. Autant j’aime me faire remarquer, pour le coup c’est pas du tout ce que j’attendais. Lorsque l’agent est à ma hauteur, je ne perds pas mon sourire. « C’est sûrement la robe que je viens d’acheter, l’antivol a dû être mal retiré. » Il prend donc mon sachet et le passe à côté des détecteurs, mais rien ne sonne. Il me demande alors de passer à mon tour, c’est donc les sourcils froncés que je m’exécute et là, ça sonne. « Madame, présentez-moi votre sac s’il vous plaît. » Je le regarde, incrédule. Comment est-ce possible ? Je ne suis absolument pas une voleuse, si j’en aurais été une, je n’aurais pas acheté cette robe. Un peu excédée par tout ça, je lui lance mon sac à main déjà un peu entrouvert et le laisse fouiller. « Vous n’allez rien trouver, je ne suis pas une vol… » Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’il ressort une robe pliée grossièrement en boule de mon sac. Je reste la bouche ouverte, choquée par ce que je vois. « Je vous assure que ce n’est pas à moi, je ne comprends pas. » Mais il ne me laisse pas le temps de m’expliquer, il me saisit assez fortement le bras, visiblement contrarié. « Vous allez me suivre, je vais devoir appeler la police. » Quoi ? Mais je ne suis absolument pas coupable, qu’est ce qui a bien pu se passer. J’essaye de me débattre, mais rien à faire, il a beaucoup de force par rapport à moi. Je pourrais bien lui faire une prise que j’ai appris en self-défense, mais je risquerais de passer encore plus pour la coupable idéale.

Est-ce que j’aurais pensé qu’une telle chose puisse se produire alors que je fais simplement des achats ? J’ai déjà dû voler une ou deux fois lorsque j’étais adolescente, mais jamais rien de très sérieux, car après tout j’étais assez rebelle plus jeune, aujourd’hui avec les responsabilités que me donne le salon, ainsi que mes deux petites sœurs, je ne peux pas me permettre de faire n’importe quoi. C’est pourquoi je n’aurais jamais volé dans ce magasin, surtout pas un article d’aussi mauvais goût. L’agent de sécurité ne semble vouloir rien entendre, du coup il m’attrape par le bras pour m’emporter je ne sais où avant de contacter la police. Pour le coup, je suis assez effrayé parce que je ne sais pas comment ça va se dérouler et comment prouver que je suis innocente. Et alors que je continue de lui dire que ce n’est pas à moi, une jeune brune intervient en disant qu’elle a vu une nana louche déposer quelques choses dans mon sac. « Quoi ? » dis-je à l’unisson de l’agent de sécurité. Une femme qui a mis quelques choses dans mon sac ? C’est tout à fait plausible, puisque je n’ai rien pris de moi-même et je n’ai pas encore l’Alzheimer. L’agent de sécurité n’a pas l’air trop pour, mais je me demande bien pourquoi, après tout si ça peut prouver mon innocence, pourquoi est-ce que ça le rend aussi dubitatif ? Sûrement parce qu’il n’aime pas se faire dicter sa conduite par une femme. Sauf que la petite brune qui avait l’air si inoffensif se montre plus persuasif, en disant qu’il doit visionner les vidéos de surveillance. Vu son ton, je dirais qu’elle est avocate ou travaille dans le domaine du droit. L’agent de sécurité soupire et regarde une fois dans ma direction, puis dans celle de la jeune femme. « Très bien, suivez-moi toutes les deux. » Je n’ai pas trop le choix de le suivre, il tient toujours mon bras comme s’il avait peur que je parte en courant, ce que je ne compte pas faire, préférant prouver mon innocence. On pénètre dans une petite salle où se trouve plein d’écran qui diffuse les caméras qui filme chaque petite parcelle du centre commercial. L’agent de sécurité s’avance vers un écran et appuie sur un bouton pour remonter les bandes. Ça me fait d’ailleurs bizarre, car je me vois ainsi que la jeune femme à mes côtés. Et en effet, on voit une femme que je ne reconnais pas sur la vidéo qui glisse l’article dans mon sac et qui sort ensuite du magasin comme si de rien n’était. « Mais elle est cinglée celle-là ? » que je dis tout haut sans le vouloir. Je commence à légèrement en avoir marre de toutes ses histoires et je fixe le type que je trouve de plus en plus idiot. « C’est bon ? Vous l’avez votre preuve que je n’ai rien avoir. » Il a vraiment l’air idiot maintenant, il me donne des excuses maladroites et pas du tout sincère. Je ne fais pas attention et sort très rapidement de là pour retrouver de nouveau en face de la jeune femme. « Je ne sais pas comment vous remercier, sans vous je serais certainement à l’arrière d’une voiture de flic à cet instant. » Je regarde un peu autour de moi avant de plonger mon regard de nouveau dans celui de la jeune femme. « Je peux peut-être vous offrir un verre ? Je vous aurais bien proposer de vous offrir la robe que je viens de m’acheter, mais elle est tellement belle, que je vais me montrer égoïste pour le coup. » Je souris, soulagée un peu que tout ceci se soit arrangé.

Je suis encore un peu sous le choc de ce qui vient de m’arriver. Me faire traiter de voleuse, alors que je n’ai strictement rien fait et qu’en plus je viens de dépenser des sous dans ce même magasin, c’est complètement absurde. Heureusement, une jeune femme a tout vu et me défend face à l’agent de sécurité qui semble vraiment limité, je comprends d’ailleurs pourquoi il a hérité de cet emploi, on lui demande pas forcément d’être futé, mais plutôt de savoir user de la force lorsqu’il en a besoin. D’ailleurs, la manière dont il a saisi mon bras quelques minutes auparavant me conforte dans cette idée. On se retrouve très vite dans la salle où se trouvent toutes les vidéos de surveillance et je regarde d’abord silencieusement, avant de m’interloquer en voyant la scène. C’est surréaliste, qu’est ce qui a pris à cette femme de mettre ça dans mon sac ? Peut-être est-ce une vengeance, mais je ne la reconnais pas ou alors est-ce qu’elle s’attendait à ce que l’article passe et me le reprendre une fois dehors ? Je ne sais pas, je me fais des dizaines de films dans ma tête, mais en attendant, cette vidéo me rend innocente et j’en profite donc pour très vite partir, avant que l’agent de sécurité trouve encore quelques choses à redire. Une fois à l’extérieur, j’exprime ma gratitude à la jeune femme et lui propose de lui payer un verre. Elle accepte en se présentant. Eireen. « Enchanté, je suis Berlioz. » On avance alors jusqu’à une terrasse où on s’installe assez rapidement et je me remets à peine de mes émotions. « Non, mais tu te rends compte … Qu’est-ce qui s’est passé dans la tête de cette femme pour glisser quelques choses dans mon sac ? » Elle ne doit pas avoir la réponse, mais c’est plus une question rhétorique pour moi-même. Je soupire un instant alors que le serveur s’avance vers nous, je fixe alors la brune. « Commande ce qui te fait plaisir ! » Une fois que c’est fait pour elle, le serveur se tourne dans ma direction et je ne réfléchis pas très longtemps. « Un double martini. » Il me fixe, visiblement surpris par mon choix. C’est vrai que de l’alcool en début de journée, ce n’est pas un choix anodin. Je me justifie alors. « J’ai besoin de me remettre de mes émotions. » Il abdique et prend la direction de l’intérieur. Nouveau soupir, je tourne la tête vers mon héroïne du jour. « Dis-moi, tu ne serais pas avocate ou un truc du genre par hasard ? T’as manière de me défendre et la façon dont t’as tenu tête à l’autre idiot de la sécurité, je suis sûr de ne pas me tromper. » C’est obligé qu’elle bosse dans le droit, jamais personne ne se serait exprimé comme elle et n’aurait eu l’idée de regarder les caméras de surveillance. Je remercie le destin de m’avoir fait croisé sa route.

La pression et l’adrénaline commence doucement à descendre et j’oublie peu à peu qu’à l’instant, j’étais coupable d’un vol aux yeux du vendeuse d’un agent de sécurité de ce centre commercial. Ayant été jugé innocente au final par les caméras de surveillance, j’essaye de vite passer à autre chose, pour ne pas non plus en faire tout un drame. Heureusement, mon héroïne accepte de passer un moment avec moi, puisque je lui propose de lui payer à boire pour la remercier. Elle se présente, Eireen. J’en fais de même en lui donnant le mien de prénom et elle se dit enchanté. « De même. » lui dis-je, gigantesque sourire sincère aux lèvres. On en revient quand même à cette histoire qui n’a quand même ni queue ni tête, puisque je ne connais pas la personne qui a décidé de mettre cet article dans mon sac, donc ça ne peut pas être une vengeance ou alors, une très mauvaise blague pense Eireen. « Ouais, bah pour le coup, elle est vraiment très très mauvaise. Vous imaginez si vous n’auriez pas été là, je n’aurais jamais pensé aux caméras de surveillance et je me serais fait embarquer par la police. » Je m’imagine sûrement le pire, mais ça aurait pu tout à fait arriver. « Après de ce que j’ai vu sur la vidéo, elle ne me dit vraiment rien cette femme. Enfin bon, le mieux c’est de passer à autre chose, je n’aurais jamais la réponse à mes questions. » C’est vrai, je ne pense pas que cette femme va venir jusqu’à moi pour me demander si j’ai réussi à sortir avec l’article ou simplement me demander si ça va, alors le mystère ne sera jamais résolu, certes, mais au moins il n’est rien arrivé de grave. Je m’intéresse un peu plus à ma mystérieuse sauveuse, face à moi, qui a tout l’air d’avoir une profession dans le droit. Et je ne me trompe pas, car elle me confirme bien qu’elle est avocate. Je tape dans mes mains, comme pour dire bingo et je me mets à rire. « Tu dois être une excellente avocate dans ce cas, j’espère que tu fais payer chère tes clients parce que t’es une avocate d’enfer. » C’est un compliment, à ma façon, car je suis sûr qu’elle doit réellement se battre pour ses clients et que les magistrats face à elle ne doivent pas faire les fiers. C’est une avocate de cette envergure que j’aurais dû avoir pour mon père. Je suis sûr qu’il n’aurait pas eu une peine de plus de trois décennies. Je sors vite de mes pensées lorsqu’elle me demande ce que moi, je fais dans la vie. « Je suis coiffeuse, on tient un salon avec mes deux petites sœurs. » Je fouille d’ailleurs un instant dans mon sac pour sortir l’une de nos cartes de visites, j’en ai toujours avec moi et j’adore les sortir pour en offrir. « Tiens, si un jour tu veux une nouvelle coiffure, n’hésite pas. Je m’occuperais de toi personnellement. » Et lui tend la carte tout en lui faisant un clin d’œil. Le serveur nous ramène nos boissons, je le remercie d’un signe de tête et me mets à siroter mon cocktail. « Y a rien de mieux qu’un verre d’alcool pour vous faire oublier tous vos soucis. » Je me sens d’ailleurs déjà mieux, oubliant totalement cette histoire invraisemblable.

Je trouve ça quand même comique que ce soit une personne extérieure au magasin qui soit venue à mon aide et non pas l’agent de sécurité qui n’a même pas pris la peine de regarder les caméras de surveillance avant que ma sauveuse lui dise de le faire. Eireen défend le vigile en me disant qu’il n’y a sûrement pas penser. Je préfère ne rien rajouter, car ça risquerait de m’énerver, mais je trouve qu’il a mal fait son boulot et je ne peux pas l’excuser. Lorsque je vais me rendre dans ce magasin plus tard, je vais sûrement toiser le vigile avec beaucoup de rancœur. On en vient à parler également de la vraie coupable, puisque même après avoir longuement réfléchie, je suis sûr de ne pas connaître cette femme et je ne vois pas pourquoi elle aurait essayé de me faire un sale coup, puisque je n’ai rien à me reprocher à son propos. Comme le souligne Eireen, on n’aura jamais le fin mot de cette histoire. « Ouais, je ferais mieux de passer à autre chose où cette histoire va me perturber toute la journée. » Je ne vais pas non plus me ronger pendant des semaines pour cet histoire, se sera un souvenir que je trouverais plus tard drôle et que je raconterais sûrement à d’autres personnes pour les faire rire également. Je complimente tout de même Eireen sur ses vrais talents d’avocat. Faut dire qu’elle est vraiment douée, elle n’a pas démordu face à l’agent de sécurité beaucoup trop laxiste. « Moins d’un an ? » que je répète surprise par cette information. En effet, Eireen n’a pas l’air trop vieille, c’est plausible, mais je n’aurais jamais pensé qu’elle soit sortie des études seulement depuis un an. Elle est vraiment douée alors. Elle me remercie pour le compliment et me dit qu’elle donne tout pour son métier. Je dépose mon coude sur la table, ma tête coincée entre mes mains. « Ça se voit vraiment que tu te donnes du mal. » Elle a vraiment l’air passionné par son métier et c’est ça qui est cool. Je suis sûr que ses clients ne seront jamais déçus.

Je lui parle de moi et plus précisément du salon de coiffure que je bosse. C’est un peu comme Eireen avec son boulot, je me donne beaucoup de mal pour satisfaire les clientes et que le salon ouvert par ma mère ait toujours une très bonne réputation. Je ne veux pas la décevoir, même si elle ne pourra plus jamais me complimenter de là où elle est. Eireen m’explique qu’elle recherche le salon de ses rêves depuis pas mal de temps, car la dernière fois qu’elle a été dans un salon de coiffure, sa coiffure était complètement ratée. Et qu’on ne plaisante pas avec les cheveux. Je rigole quelques secondes. « Je suis tout à fait d’accord avec toi, les cheveux sont hyper importants chez les femmes. » Je sais de quoi je parle, je suis toujours en train de changer de coiffure moi-même et j’entretiens mes cheveux comme si c’était la troisième merveille du monde. « Mais promis, tu n’auras aucun problème avec moi. Je n’ai jamais eu une seule cliente déçue. » Faut dire qu’au temps où ma mère me formait, elle ne laissait pas place à la médiocrité et j’avais intérêt de vite apprendre. Mon verre arrive enfin et je peux me détendre grâce à l’alcool se trouvant dans mon cocktail. Je ne peux m’empêcher de faire remarquer à Eireen que mes problèmes vont disparaître grâce à l’alcool et Eireen précise que ça peut également en rajouter. Je sirote mon verre, tout en lui faisant un clin d’œil. « T’inquiète pas, j’ai pas besoin de ça pour avoir des problèmes. » Suffit de voir ce qui m’est arrivé y a moins de quinze minutes.

Je suis surprise que Eireen soit avocate depuis moins d’un an, j’ai l’impression qu’elle a toujours fait ça tellement elle était convaincante face à la vendeuse et à l’agent de sécurité. Elle m’explique alors que les études sont très longues et que c’est beaucoup long lorsqu’on se spécialise. Je l’écoute attentivement avant de rire. « C’est pas un métier que j’aurais pu exercer. Je ne suis pas faite pour le système scolaire. » Faut dire que j’ai très vite arrêté l’école sous la mauvaise influence de Derek et ses potes, mais surtout parce que je détestais ça. J’ai même dû me battre pour avoir mon diplôme de coiffure sans retourner à l’école, heureusement que ma mère m’a correctement formé et que quand j’ai dû passer l’épreuve finale en candidat libre, j’ai eu la seule bonne note de toute ma vie. Ça aurait été compliqué de reprendre le salon de ma mère à sa mort si je n’avais pas eu de diplôme, personne ne m’aurait fait confiance et j’aurais pu mettre la clé sur la porte. Bien sûr, je parle du salon et de la profession que j’exerce à Eireen, pas que ça me passionne, je fais ça surtout pour ma mère, mais si je peux toujours faire de la pub pour le salon, je ne me retiens pas ; d’ailleurs ça a l’air de fonctionner sur Eireen qui n’a visiblement pas son coiffeur fidèle. J’avais souvent le droit de récupérer les clients d’autres salons, des personnes déçues qui étaient d’abord septique à l’idée de confier leurs cheveux à des gamines mêmes pas trentenaire et puis finalement, je revoie ses mêmes clientes deux à trois fois par mois. « Oh, c’est quand même dans le top trois des choses des plus importantes chez une femme. Après ses ongles et son téléphone. » Je ris à ce que je viens de dire. « Ça fait tellement superficielle ce que je viens de dire. » Je ris encore, mais faut dire que je le pense vraiment. J’adore être féminine et je ne suis pas du genre à sortir sans maquillage et si ça déplaît à certaines personnes, j’adore prendre soin de moi. Ce qui ne m’empêche pas d’être parfois assez directe et de donner des coups quand je dois le faire. Eireen me confirme alors qu’elle passera au salon pour que je m’occupe de ses cheveux. « Avec grand plaisir, si tu veux un changement de tête complet et passer au blond, je suis la reine des colorations. » J’imagine déjà la coupe que je pourrais lui faire, mais je sais que ce n’est pas le kiffe de tout le monde de se transformer complètement. « Tu peux aussi venir pour un simple brushing, ne panique pas, je ne transforme pas tous mes clients. » Ce serait le rêve, mais chacun ses goûts. Faut dire que je m’en voudrais aussi quelquefois de couper dans des cheveux somptueux. Je bois une nouvelle gorgée de mon cocktail et Eireen me dit que l’alcool apporte parfois des problèmes. La chance ou plutôt malchance d’être une Dunham, c’est qu’on n’a pas besoin de boire ou de se droguer, les problèmes viennent directement à nous, une vraie malédiction. « Ça va, sans problème on ne vit pas vraiment, n’est-ce pas ? » Bah oui, après tout ce n’est pas possible de vivre une vie sans embuche, la vie sans problème n’est pas vraiment la vie.

Lorsque Eireen m’explique qu’elle a dû faire des longues études pour arriver là où elle en est, j’exprime le fait que l’école n’est pas fait pour moi. J’ai toujours eu du mal avec l’autorité et faut dire que ma mère avait tendance à recevoir des appels pour l’informer que j’étais absente ou que je manquais de respect à mes professeurs. Eireen m’explique que beaucoup de personnes qu’elle connait, on dit la même chose et que maintenant ils sont encore en train de suivre des études. « Ils ont du courage, car c’est clair que ce n’est pas fait pour moi. » Et puis faut dire que les études ne m’auraient pas servi à grand-chose, j’avais décidé bien assez tôt de travailler au salon avec ma mère. La coiffure était ma seule ambition. On parle alors d’un sujet plus léger avec Eireen et je lui expose les trois choses qui sont le plus important pour moi. Je lui dis donc qu’il s’agit de mes cheveux, de mes ongles et mon téléphone. Elle pense la même chose, sauf les ongles qui ne sont pas une priorité pour elle. Je fixe un court instant mes ongles qui sont hyper long et je souris à la jeune avocate. « Crois-moi, quand tu fais un massage crânien à une cliente, elles adorent le fait que j’ai les ongles aussi long. » Eireen sera de quoi je parle quand elle viendra faire un tour au salon. D’ailleurs histoire de l’effrayer, je lui propose de la changer complètement et de la faire passer au blond. Je suis sûr qu’elle serait jolie en blonde, mais je remarque bien que le changement de tête complète n’est pas une chose appréciée chez la jeune femme. Elle refuse bien évidemment le blond que je lui propose et m’exprime son envie de lui faire quelques anglaises. Je la regarde droit dans les yeux, avec un sourire sincère. « Se sera avec grand plaisir dans ce cas. » Après tout, c’est à elle de choisir ce qu’elle veut et je suis sûr que les boucles lui iront parfaitement. Eireen me demande alors si certains acceptent de changer complètement de look. J’hoche donc la tête pour confirmer ses propos. « J’ai quelques clientes qui sont des grandes malades. Tous les mois, elles ont une nouvelle coupe de cheveux. Elle passe du blond au roux, pour ensuite les avoir gris. Je peux te dire qu’elles passent leur temps à faire des soins, parce que leurs cheveux seraient dans un état épouvantable sans ça. » Avec tous les produits chimiques que contiennent les colorations, elles ont pas trop le choix si elles ne veulent pas que leurs cheveux ressemblent à de la paille. Et alors que je termine mon verre, Eireen m’explique qu’elle doit y aller. Elle me dit également qu’elle n’hésitera pas à passer au salon tôt ou tard. Je me lève également, toujours le sourire jusqu’aux oreilles. « Avec grand plaisir, tu es la bienvenue. Bonne journée ma belle. » Et alors qu’elle s’éloigne, je me dirige vers l’entrée du bar afin de régler la note. Une fois que s’est effectué, je prends la route du retour afin de m’éloigner du centre commercial, je ne suis pas prête de me refaire une journée shopping ici avant un petit moment. Afin que l’histoire se tasse un peu et que j’oublie surtout ce qui vient de m’arriver.